Germain, Gabriel (1903-1978)

Classe

Personne

Forme retenue

fre Germain, Gabriel (1903-1978)

Autres formes du nom

fre Gabriel Germain
fre Germain, Gabriel Louis Victor Augustin

Pseudonyme(s)

Maximilien

Identifiant de la personne dans un référentiel externe

Nom de famille

fre Germain

Prénom(s)

fre Gabriel Louis Victor Augustin

Langue

fre
ara

Nationalité

fr

Genre

masculin

Identifiant pérenne

Date de naissance

dez 28 août 1903
1903-08-28

Date de mort

fre 11 octobre 1978
1978-10-11

Lieu de naissance

Lieu de décès

Publications

Profession / Activités

fre Professeur

Reprendre la forme retenue

fre Germain, Gabriel (1903-1978)

Description

Après l’Ecole normale supérieure, où il est reçu en 1923, et son agrégation de lettres, Gabriel Germain décide de se fixer au Maroc, à Rabat en 1927. Il enseigne d’abord au Lycée Gouraud de Rabat, où il rencontre Henri Bosco. Il se marie en 1940 avec Odette Germain, professeure au lycée de filles de Rabat. Mobilisé dans le Renseignement en 1939, il est ensuite directeur du collège berbère d’Azrou d’octobre 1941 à novembre 1944 après avoir demandé à passer dans l’enseignement musulman, mais suite aux troubles nationalistes de 1944, demande sa réintégration dans les établissements française et devient proviseur du lycée de Meknès en 1944-1945. Il est ensuite attaché jusqu’en 1948 au Centre de documentation et d’orientation pédagogique à Rabat où il assure la direction de la publication du Bulletin de l’Instruction publique au Maroc. Journaliste, il publie dans Combat (Alger) et dans la Presse marocaine, deux journaux anti-vichystes entre 1943 et 1946 sous le pseudonyme de Maximilien, et de nombreux comptes-rendus de lecture dans le Bulletin de l’Instruction publique au Maroc. En 1948, il retourne enseigner sur le poste de Lettres supérieures, au lycée Gouraud de Rabat. En 1952, il soutient ses deux thèses de doctorat d’Etat : « Essai sur la genèse de l’Odyssée » et « Homère et la mystique des nombres ». Il quitte le Maroc en 1954 et est nommé à la Faculté de Lettres de Rennes jusqu’à sa retraite en 1964.
A son arrivée au Maroc, il choisit de s’installer à Salé, ville face à Rabat, jusqu’en 1937, exilé du milieu européen. Gabriel Germain rejette alors le milieu occidental établi à Rabat : « J’avais choisi en 1927 de fuir l’Occident qui m’était de plus en plus intolérable » (« Quarante ans d’amitié », dans Renaissance de Fleury, numéro 99, septembre-octobre 1976, p. 9-14). Il juge l’Occident abrutissant, « prisonnier de l’intellectualité » (La lampe de Sala, p. 31). Gabriel Germain appartient au mouvement de La Jeune république de Marc Sangnier et écrit une chronique régulière dans le journal de ce parti. Il adopte une position extrêmement progressiste, anti-colonisation, souhaitant « une émancipation progressive qui aille jusqu’à l’indépendance », exprimée dans l’opuscule Colonisation et civilisation, publié par La Jeune République en 1934, où il critique fortement le style de vie des Européens à Rabat — comme les Bosco : « Les Européens travaillent entre eux, logent dans leurs quartiers, vivent avec toutes leurs préoccupations du pays natal et arrivent à se constituer une vie sans aucun contact avec les indigènes, sinon avec les moins intéressants ou pour des relations très superficielles ». (La Lampe de Sala, p. 69). Il fait partie des rares écrivains du Protectorat en symbiose, apprenant l’arabe et le berbère, et déclare en 1958 « La découverte du Maroc m’a fait ce que je suis ».
Sa carrière universitaire était celle d’un helléniste, mais au Maroc, il a été poète, romancier, homme de théâtre et journaliste : en 1932 et 1933, il présente plusieurs pièces de théâtre à Rabat, Les aigles meurent, Ibokadem, et Madame et sa Fatma, satire des femmes de colons reflètant la réalité sociale où se mélangent arabe et français : « Un vrai théâtre marocain qui cherche à être l’image fidèle de la vie populaire, doit se faire polyglotte comme la rue ». Son premier recueil de poésie « Chants pour l’âme de l’Afrique » (1936) manifeste son amour sincère pour l’Afrique et les Africains vers lesquels va son empathie : « Tous ces mépris font des plaies à ma chair et je me rebelle pour vous ». Il publie son unique roman après son retour en France, en 1958 : La Lampe de Sala rédigé au Maroc est un récit semi-autobiographique, où le personnage principal, son double romanesque, vit comme lui dans la médina de Salé dans les années 1930. Il y intègre ses rêves et ses amis, François Bonjean, sa femme Lalla Touria, Henri et Madeleine Bosco. Il continue d’explorer les domaines du rêve et de la poésie avec ces ouvrages La poésie corps et âmes (1973) et L’aventure onirique (1986). C’est surtout son autobiographie spirituelle Le regard intérieur (1968) qui lui vaut une notoriété publique et critique. Gabriel Germain s’y peint comme humaniste, « hérétique de toutes les religions » : il y raconte son itinéraire de l’étude approfondie de l’Islam et son approche de l’Unité de Dieu et de la contemplation, du bouddhisme et ses exercices de méditation, le taoïsme du parfait détachement, l’hindouisme et sa conception de l’énergie psychique en sommeil en soi, qu’il s’agit de réveiller pour accéder à la « vision supramentale ». Il étudie également les mystiques occidentaux, Maître Eckhart, saint Thérèse d’Avila, saint Jean de la Croix, Albert Béguin et son ouvrage « L’Âme romantique et le rêve ». Ainsi déclare-t-il : « Mon XXe siècle à moi n’est pas des soixante ans que j’ai vécus ; cinq millénaires l’habitent : je les tiens tout vifs dans mon sang. »

Collections

Relation(s)

Gabriel Germain et Henri Bosco ont été tous deux enseignants de lettres françaises au Lycée Gouraud entre 1930 et 1939. « Cinq ans. Il fallut cinq ans au moins pour qu’Henri Bosco et moi cessions d’être l’un pour l’autre des collègues lointains, qui se saluaient dans la cour du lycée de Rabat […] Il fallut du temps pour que l’un sortît de son Lubéron secret, l’autre de sa Médina taciturne […] Peu à peu je découvris le vrai Bosco, qui se dérobait souvent en public : l’humaniste, le rêveur, le méditatif » (« Quarante ans d’amitiés »).
Leur collaboration nait vraiment autour de la revue Aguedal, Henri Bosco y fait dès le deuxième numéro un compte-rendu critique du recueil de Gabriel Germain qui vient de paraître « Chants pour l’âme de l’Afrique », et demande la collaboration de Gabriel Germain, qui commence alors à fréquenter la villa des Bosco et écrit à son tour le compte-rendu de « L’Âne Culotte » dans "La Jeune République", puis suit les publications d’Henri Bosco dans le "Bulletin de l’enseignement public au Maroc". L’amitié s’intensifie pendant la guerre et les couples s’échangent les maisons de Rabat et d’Azrou notamment pendant l’été 1943, chacun goûtant la bibliothèque de l’autre, échangeant leurs lectures et leurs goûts spirituels. Puis au retour des Germain à Rabat en 1945, se furent les « conversations sous le figuier » de la villa avenue Marrakech. Ils se retrouvèrent bien sûr sur leur hellénisme et leur intérêt pour les mystères, dans leur recherche spirituelle même si Bosco intéressé par l’hindouisme, le guénonisme, l’Islam restait avant tout chrétien, contrairement à Gabriel Germain. La correspondance et les rencontres se poursuivirent en France jusqu’à la mort d’Henri Bosco en 1976.

Les échanges entre Gabriel Germain et Henri Bosco, comme toute relation intellectuelle, a pu inspirer certaines œuvres d’Henri Bosco : il reconnait ainsi dans une lettre à Gabriel Germain du 16 décembre 1970 s’être inspiré dans son final de l’"Epictète" de Gabriel Germain, notamment le dernier chapitre : « La lecture de votre Epictète m'a amené à une modification finale de cette aventure. Votre dernier chapitre, qui est bien de vous, m'a donné le désir d'y prendre quelque chose. Quoi ?... une idée — ou deux — par exemple « on ne trouve de sûreté que sur les abîmes » et (textuellement « voient Dieu ceux qui ne regardent rien dans leur prière », (ce qui rappelle un peu mais dépasse ce que j'ai écrit de la prière) […] Ce que je vous demande c'est l’autorisation de m'inspirer de ce dernier chapitre, dont la substance m'est chère ». Sachant qu’ils partageaient leur hellénisme, la présence de Gabriel Germain dans ce récit grec d’Henri Bosco est peu étonnante.

Pour Jean Amrouche, Gabriel Germain, avec qui il était en relation pour « La Tunisie française littéraire » est un des rares à avoir su aimer l’Afrique et son âme, dans son recueil « Chants pour l’âme de l’Afrique » (1937) comme il lui en fera le compliment dans une conférence sur Radio-Tunis.

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