D IIIIII ��J �m�i�llllill .. BIBLIOTHEoue DE L'UNIVERSITE SECTION LETIRES 100, Bd Herriot 06200 NICE LE LEXIQUE, LE SUJET ET SA LANGUE ( Des morphosemant i srse s et de l' i nterdi sc i p 1 i nari te C.I.R.B. Colloque international: ' L' inter­ disciplinarite dans les Sciences Sociales pour 1 'etude des langues en contact' . r .' Universite de Laval, Quebec Octobre 1984 R. NICOLAI LE LEXIQUE, LE SUJET ET SA LANGUE (Des morphosemantismes et de l'interdisciplinarite) R. NICOLAI ... Safls qu'il soit utile de s'attarder sur la notion d'interdisci­ plinarite, on conviendra qu'elle met 1 laccent sur u�e ap�roche interactive dans 1 aqt.e l l e devi ent i r?,,�rt i nent, voi re, i nopportun, 1 e prob 1 erne de 11 i n­ tegrite/unite disciplinaire, lequel se legitime parfois du non-dit de son desir de perennite plut6t que de�l 'analyse d'un passe dont l'histoire sait souligner les discontinuites. Ainsi,l I emergence de ces champs de re· cherche qui ne se peuvent plus nommer quia l'aide d'un trait d'union invi­ te t'elle, a son tour, d'introduire en objet de reflexion la derive qu'ils constituent. Clest la que cet expose vient s'inscri�e, proposan4 par un developpement propre,une reflexion sur une thematique proche par certains de ses aspects de celle abordee par Maranda. Les interpel lations: Jlen reconnais p1usieurs, tout d'abord 1e concept de reseau so­ ciosemantique(1) qui debouche sur un double prob1eme: ce1ui de la construc­ tion/reconnaissance/analyse -p1ut6t paradigmatique-- du "capital lexical" ainsi pose et, celui de sa "gestion" (2), ou plut6t de la dynamique de sa gestion en termes de strategies d'expression et de communication (quantita­ tivement mesurables et d'ordre plut6t syntagmatique, d'apres l'auteur). Puis la saisie d'un tel complexe dynamique qui implique l'approche de la relation entre 1 'objet et le sujet, laquelle ne saurait ignorer l'ineluc­ table necessite de s'introduire dans la chaine explicative, sauf a s'eriger transcendantalement a la problematique. Je rappelle brievement le propos de Maranda(1982}: Les reeaux sociosemantiques sont une application de la theorie des reseaux a la semiogenese (cf. Kristeva), clest a dire a la construction du sens. Pour l'auteur, "tout locuteur possede un'capital lexical I; ce capital cons­ titue ses ressources semantiques (ensembles paradigmatiques) et il est Igerel selon des strategies d'expression et de communication d�nt la structure est mesurable" (en termes probabi1istes). Partant de la, Maranda se propose de verifier 1 'hypothese que les variations du comportement langagier bi1ingue sont reliees aces reseaux semantiquesl BIBLIOTHEQUE De L'UNIVERSITE SI=CTION LETTRES 100, Bd Herriot 06200 NICE 2 qui, agissant comme matrices semiogenetiques, fournissent a :�u� locuteur non seulement le capital mais aussi les strategies qui lui p:�ttent de se comporter plus ou moins librement dans une �ituation bilj�gue. Le probleme de la construction/production du sens est donc a� ::ntre du debat ainsi que le rapport du sujet (ou du groupe) au systene :e represen­ tation linguistique/langagier qu'il investit et qui 1 "invest it ; c'est ce , que, partant des marges du domaine lexical, j'entend pouvoir �=joindre ici. En effet, ce sera avec"une recherche excentrique sur les dorr.ai .. ..;s lexicaux a connotation impressive que j'aborderai la question, laquel�e :1 me faut maintenant presenter. La notion de morphosemantisme:. On sait que l'on a nomme 'champs morphosemantiques' des struc­ turations lexicales partlculieres, constituees de telle fa�o� cJ'elles pa­ raissent presenter une correspondance entre signifie et sign:fi�nt. Un exem­ p1e peut etre fourni en fran�ais avec la reconnaissance du c�amp lexical caracterise par une correlation entre le protosemantisme de fr:pper" et la structure phonique TK (cf. Guiraud, 1967). La notion se justifie de trois considerations: - on ne nomm� pas au hasard et de nombreux champs lexicosema�t��ues sont determines par des'grilles' formelles de denomlnation (cf. les :axonomies populaires de la flore et de la faune) - on peut reconnaitre, correlativement a la mise en structuratiJn lexicale, 1 'ex�stence d'une motivation secondaire issue du signifiant pour determiner le signifie, ce qui conduit au concept .de retromotivation (Guinud, 1972) - enfin, on croit pouvoir reconnaitre aussi dans le cadre de certaines structurations une motivation onomatopeique directe ou indirecte. Guiraud avait entrepriS une recherche allant dans ce sens, cependant sa description ne semble pas pouvoir etre retenue telle quelle, tout simplement parce qu'il avait cru pouvoir traiter en termes taxonomiques et strictemen� structuralistes de ces phenomenes qu'il interpretait tout �'abord en tant que faits de langue alors qu'il s'agit certainement de quelque chose de plus complexe ou intervient effectivement, et constamment, le sujet (3). En ef­ fet, on rappellera que .PJUr cet auteur qui travaillait sur corpus, les struc­ tures morphosemant i ques etai ent achroni ques et que 1e lexiqt£ �sail 1 ar- 3 gement les limite� d'un dictionnaire d'usage; toutefois il etait reste fi­ dele a la conception saussurienne du'tresor'. 11 recusait les criteres de l'espace et du temps, faisant la collation de toutes les formes dialectales, modernes ou anciennes, qui lui paraissaient susceptibles de satisfaire a son schema, mais cette quete coneuisait au gonflement du.corpus qui lui per­ mettait de justifier la pertinence et la realite des structures qu'il d�� gageait alorsrque, dans sa perspective, une descomposantes de la preuve restait cette evidence quantitative: il est diffici1e de la(construire et de 1a trouver a la fois. Toutefois, d'etre marque au sceau de 1a subjectivite, le phenomene morpho­ �emantique n'en est pas moins reel; sa marginalite dans le champ linguisti­ que serait elle analysable autrement que comme une consequence d2 la precel­ lence assumee d'autres problematiques theoriques dont les logiques internes 1 'excluaient? Conceptualisation et description: On avancera tout d'abord 1 �hypothese qu'aucune structuration morphosemantique n'existe en langue(4) bien qu'elles s'inscrivent a travers el1e en y laissant des traces: elles resultent de 1 'actualisation d'une ca­ pacite classificatoire propre du sujet, consideree independarnment de la fa­ culte de langage , mais qui s'applique necessairement sur le medi urn de la langue en tant qu'option cognitive� On supposera encore que ces structurations se constituent en potentialites de sens mais que leur quantification est idiosyncrasique; elles ont valeur de 'performance' dans une acception voisine de ce1le que connait ce terme dans 1 'art contemporain. En consequence, l'analyse sur donnees de corpus n'explique que peu de choses puisqu'aucune operation ne permet de degager les criteres propres a legitimer le choix d'une organisation particuliere au plan des donnees materielles; elle decrit mal ces faits qu'il est ne­ cessaire de situer dynamiquement dans 1 'interaction du sujet et de la lan­ gue. Enfin, prealable a 1 'etablissement d'un statut, une reflexion analyti­ que et une manipulation sur le phenomene morphosemantique semble necessaire. Q�_1�_r�S2���i�§��f�_���_�r�s��_�_s�11�_��_erQS�����: tout d'abord i1 faut, si 1 'on admet que 1e sujet 'agit' sur et dans 1a langue, reconnaitre quel­ ques moyens de cette action (hors 1 'enonciation): ana10gie, etymo10gie po­ pulaire, contravention a 1a regu}arite des lois phonetiques etc •.• en sont quelques uns, forme11ement descriptib1es et aisement observab1es. 11 faut ensuite etab1ir 1� moda1ite de cette action, ce qui peut se faire avec la notion de processus de morphosemantisation, intuitivement assimi­ lee au proces qui permet 1a mise en oeuvre, 1a crista11isation et 1a recon­ naissance de 1a description 'reifiee' et idiosyncrasique d'un champ morpho­ semantique que1conque. Meme si, dans cette premiere etape, 1a presentation du proces­ sus est du meme niveau exp1icatif que 1a reconnaissance de 1a'vertu dormi­ tive' de 1 'opium, e11e est impcrtante car e11e change 1a nature de 1a per­ tinence descriptive et de1imite un autre champ d'ana1yse: d'etre nomme; 1e processus de morphosemantisation devient objet de description possible autant que concept descriptif, ce qui permet de 1e particu1ariser. Le processus 1aisse des traces, i1 agit independamment de 1 'enonciation,ne s'etab1it pas directement dans l'intel'action 1angagiere et ne se definit pas par une situation. 11 est lie a une visee reflexive et ana1ytique sur 1a langue: sa force c1assificatrice est dependante du degre de structura­ tion pot�ntiel1e du champ de1imite; plus 1e degre de structuration est e1e­ ve, plus i1 y a de chances qu'un consensus social permette 1e deve10ppement d'un fa�onnage du donne 1inauistique (5) a11ant dans 1e sens du deve1op­ pement de traces morphosemantiques. Des etudes extensives port ant sur ces structurations (cf. Nico­ lai, 1983) permettent de penser qu'i1 est probab1ement toujours possible de construire dans que1que langue que ce soit des formes morphosemantiques comparab1es qui ont une remarquab1e homogeneite et possedent de tres gran­ des ressemb1ances forme11es et phonetiques; 1e facteur qui conduit a ce resu1tat semble etre 1 'utilisation preferentie11e d'an materiau phonesthe­ sique (cf. Nico1ai,1984a). Ce1ui ci est donc particu1ierement important car i1 determine certaines variations semantiques a 1 'interieur d'un champ morphosemantique mais, contrairement a ce que pensait Guiraud, i1 ne de­ termine pas necessairement 1e phonetisme fondamenta1 des protosemantismes, bien qu'i1 puisse 1e determiner. 4 Le materiau phone£thesique fonctionne a un double niveau: arbitraire dans le champ de pertinencetinformationnelt mais motive dans le champ de perti- nence "s i gni fi cat i onne 1." ; il permet 1 e jeu de 1 a percept ion autonymi que entre la transparence du message informationnel et 1 topacite du message significationnel, ce qui ne veut pas du tout dire qutil soit le seul a permettre ce passage; la mise en structuration elle m�me declanche-ce dou­ ble jeu. Les_oi�eaux_de_mQti�atiQo_des_prQcessus� Puisque les structurations morpho­ semantiques sont reputees reposer sur une relation de motivation entre si­ gnifiant et signifie, son analyse devient necessaire. On peut degager trois niveaux. Tout d'abordle niveau synesthesique (identification centripete ou la focalisation motivante se porte sur le sujet) qui correspond a une re-' cherche de tresonnance' ou de 'mise en phase' entre une production donnee et certai�es constantes psychobiologiques:de l'�tre humain, ce qui ne veut pas dire qu'il s'agisse de rBoporter la mise en signification a un quelcon­ que determinisme biologique mais plut6t que certains caracteres du pbone­ tisme, apprehendes intrinsequcment. sans egard a la perception eistinctive, sont utilisables, mais pas necessairement utilises, pour la mise en signi­ fication. Ensuite, le niveau �emtotique (identification interne a la langue) corres­ pondan� a la ,motivation relative qui s'introduit a�ec la reconnaissance d'un terme par rapport aux aut res termes de ce m�me ensemble structure au plan:de la forme phonique oomme a celui du concept. Enfin, le niveau pragmabique (identificationscentrifuge ou la focalisation motivante se porte sur l'objet) qui se deve Ioppe aussi :blen:au niveau phone­ tique (ideophones), semantique: homologies entre certaines structurations des realia et des decoupages semiotiques elabores par metonymie au par me­ taphore (cf. Ie deve 1 oppement de ,�coup' a 'morceau t : .boui- bouter etc ... ) 00 encGr� au plan culturel ou des identifications se fon) aussi par ces memes procedes (metaphore et metonymie) sans �tre gener.alisables ou bien en res­ tant limites a une situation particuliere. Ces caracteres de motivation paraissent constituer 1 'une des variables susceptibles de participer,en amont, a la dynamique du changement lexical et a sa comprehension, mais une analyse pl�s approfondie de cette idee de processus est souhaitable. 6 ���_li���_��_!�_��!�gQri��!iQ�! Tout d'abord, dans cette··relation particu­ liere qui relie le sujet et sa langue il s'agit d'une operation de catego­ risation et donc de delimitation de types de representations: d'insertion d'une cloture, mais cette operation de categorisation a deux niveaux d'exis­ tence: celui des representations individuelles (6) et celui des represeRta­ tt�ns collectives. Le premier, qui ne s'inscrit pas de fa�on significati- ve dans les donnees, imtroduit une cloture variable sur le champ significa­ tionnel morphosemantique, tandis que ]e second, qui s'inscrit dans les don­ nees par des traces ayant fonction de marqueurs, introduit une cloture figee ( et donc utilisable en tant qu'objet) du champ. Cette distinction permet d'envisagerle processus selon deux modes paralleles et coexistants: en tant que processus interpretatif de 'semantisation' relevant d'une pertinence interactionnelle, puis en tant que processus indicatif de 'morphologisation' relevant d'une pertinence linguistique. Le rapport s'instituant:entre les deux s'etablit en espace de signification, constamment utilise et demultipliant en effet de miroir les potentialites de sense Le processus de semantisation prend son sens au niveau de systematisations � analysables dans une perspective psycholinguistique . ��!Q�Y�i�_�!_�!Q!�r�: Dans son principe, le processus de semantisation peut etre interprete comme le point de rencontre de deux activitees correlees: 1 a vi see ou 1 a perception autonymi que et 1 a mi se en cloture. [a perception autonymique est la reconnaissance en tant qu'objet d'un medium dont la fonction avouee est celle de la transparence, la distinction trans­ parencelopacite lui est ainsi liee. C'est elle, par exemple,qui caracterise les choix de lecture du sens faits 'au second d�gre�, quant a la visee, elle correspond a une 'dotation' et non plus a une reconnaissance d'opacite. L'unite apprehendee autonymiquement ne cesse pas de transmettre son infor­ mation initiale, mais celle ci est voilee au profit d'un autre sens qui n'a pas de rapport necessaire avec la denotation du terme; le.· devoilement d'un autre sens devient, quand il est reconnu et partage, le clin d'oeil, le pr�suppose essentiel qui determine la cohesion �u groupe a l'interieur duquel le message/terme circule. C'est probablement aussi 1 'une des pierres d'angle du phenomebe de cristallisation lexicale et donc, de la creation neologique: 'e terme est recon�u non pas par ce qu'il dit mais par ce qu'il peut dire. La mise en clottJre, elle, est dependante de cette prehension au­ tonymique. L'accent mis sur ces deux caracteres, qui focalise la recherche plutot sur le sujet que sur 1 'objet dans 1 'interaction qu'i1s entretiennent, est peut etre un de ces points au la problematique de Maranda rejoint mes preoccupations ce que sou1igne par exemple le_rap�roc�.eDtre le concept d'isosemie (Maranda,1982) et celui d'isotopie morphos�mantique (Nicolai,1984a) qui constituent tous les deux un outil pour la description de 1 'action d'une visee autonymique et dian fait de cloture dans un donne qui reste indepen­ dant de toute attribution categorielle fi�e, et done, relativement indeter­ mine. A titre d'hypothese de travail, je reconnaitrai trois determinants des pro­ cessus et le premier n'a pas encore ete presente car son omnipresence est evidente dans toute activite categorisante: il s'agit de 1 lacte genesique, oo�ration cognitive qui s'applique sur le langage sans lui etre specifique et que j'identifie au resultat de 1a combinaison d�deux actes supposes elementaires -apprehendes au niveau linguistique par leurs effets- que sont la paradigmatisation (instauration de l t a l ter i te ) et l e marquage (ins- tauration de la hierarchie) . Les deux aut res determinants sont cette mise 9n cloture et eette visc� autonymique qui viennent d'etre presente·s. A eux trois ils caracterisent le processus independamment de son organisa­ tion propre. Organisation du processus. 11 est souhaitable de faire apparaitre une structuration possi­ ble dans le candidat concept qulest cette notion de processus car la chai­ ne: champ morphosemantique --- processus de morphosemantisation --- {pn)Cessus de semantisatiOn} fade genesique· } -- processus de morphologisation . visee autonymique mise en cloture qui nlest nullement tautologique, nlest pas operatoire. Son organisation pourrait etre approchee pap l'indexation de quelques poles referentiels qui souligneraient son domaine de pertinence et ses points d'ancrage. A titre provisoire, une premiere approximation est possible avec le quintuplet Isujet, relation, trace, domaine et fonction' que je developpe ainsi: Le sujet, apprehendant, decrivant participant et toujours cloturant et se cloturant dans son domaine, il est constitue en tant que pole referentiel par definition et il est specifie par rapport au:champ:de pertinence par­ ticulier qu'il cerne, en tant que sujet social, psycho-social etc .•• Clest la place vide et necessaire, qui permet la circulation du Isens'. La relation, elle se definit par les moyens mis en oeuvre par le sujet pour developper son action; ainsi, dans la morphosemantisation, la relation est constituee par l'�application des trois determinants presentes ci-dessus sur des universaux positifs, apprehendes par le biais de relations synesthe­ siques, independamment de l'enonciation. La trace est constituee par cette marque inscrite dans les donnees ou par des effets cloturants specifiques qui justifient/illustrent 1 'existence du processus: ainsi la multiplicite des variations phonetiques sur un theme donne est caracteristique d'une morphosemantisation. La trace a valeur d'indice au sens piercien de 1 'existence du processus. Le domaine, clest le point d'application du processus; le niveau lexical, mais plus particulierement certains sous ensembles lexicaux, constitue le domaine du processus de morphosemantisation. 11 se definit par la limite: a 1 'interieur de laquel1e les traces sont reconnues. La fonction est en quelque sorte une image derivee du champ de pertinence du processus: clest la creation d'affinites semantiques independantes du niveau denote ( et donc agissantes au niveau de la construction opaque) , qui apparaitra comme la fonction du processus de morphosemantisation. Le 'champ de pertinence'du processus'est defini par le rapport du sujet a sa relation. Questions m�thodologiques� 11 faut s'attacher aux poles referentiels qui vont permettre l'analyse. La relation: clest probablement par une approche de psychologie experimen­ tale en Ce qui concerne son rapport a des universaux positifs qui permettra de la decrire, mais c'est certainement une autre approche qui rendrait compte des possibilites et des modalites de la categorisation en general; la il 8 9 ". s'agit evidernment "de traiter des s tructur at i ons psychos emi.o l oqtques et -. sociosemiologiques. C'est un champ d'analyse important car il devrait fournir la validation des hypoth�ses avancees pour expliquer 1a presence" des 'traces' du sujet �ans 1a langue et expliciter 1es modes d'action et de structuration du processus. Le domaine 'de la morphosemantisation est lexical, ce qui releve du constat mais aussi de 1a cloture theorique imposee aux donnees; ainsi, selon quej 1 'on aborde une perspective monobinguistique ou p1uri1inguistique, 1a si­ tuation va changer. Dans 1e premier cas, que doit on entendre par 'lexique'? Ce n'est plus le "tresor" des dictionnaires, resultat de la quete lexicographique qui conduit justement a cette production specifique des langues a tradition ecrite, : laquelle entraine une distorsion certaine dans 1a structure 1exicale: reinjection continue des donnees sorties de 1 'usage, elargissement du phe­ nom�ne cOrTlllunicationnel par la mise entre parenthese du contexte situation­ nel de 1 'echange�oral. C'est probablement la s�ructuration d'une langue a tradition orale ·qui permet le mieux de reconnaitre la place que les struc­ turations morphosemantiques occupent dans 1 'economie lexicale car ce type de langue s'en tient a la limite de la memoire et se definit dans la situ­ ation interactionnelle normale de 1 'echange verbal. , Le deux ieme-cas est celui de la situation plurilingue ou les l ocuteur s possedent plus ou moins bien plusieurs codes, tout au moins au niveau de la ,connaissance . passive, et quelle que soit l a relation qui lie les codes et les relient a ces codes. " 11 y a lieu de penser qu'une telle situation est eminemment favorable au developpement de structurations morphosemantiques utilisant le potentiel multilingual car la multiplicite des structures signifiantes conduit cer� tainement a une perception dans laquelle les unites sont carecterisables autonymiquement par rapport a leur signification, permettant ainsi une possibilite de choix, de selection, et favorisant des regroupements en fonc­ tion de criteres dont quelques uns relevent necessairement de relations synesthesiques. La fortune de certaines unites 1exica1es pourrait peut �tre s'exp1iquer par 1a et les descriptions d'ordre 'socios�mio1ogique' me paraissent s'appuyer sur des considerations de ce type. Le cnoix fait (syst�me lexical homogene ou champ designationnel ouvert) a son importance pour 1 'elaboration des concepts operatoires mais i1 semble 10 '. bien que 1a methodologie descriptive du structuralisme puisse conserver sa valeur en tant qu'operateur technique: elle permet tout aussi bien de decrire dans ses rapports formels une structurqtion de la langue qu'une systematisation propre d'un sujet, seulement, on ne considere plus qu'el1e s'applique sur le meme objet. Sa'valeur de verite' projetee sur un monde re l at i vt se et non plus absolu, est elle ausst re l at t vt see . La trace est a decrire en rapport avec 1a relation et la structure 1in­ guistique; i1 est possible qu'�ne premiere etape descriptive puisse etre� tentee avec un formalisme adequat (7, et c'est le niveau qui peut etre aborde avec le moins de reticences par une methodologie faisant apper�a une analyse de corpus. En conclusion, cette typologie des determinants et des poles referentiels pourrait conduire a mieux cerner des situations dynamiqGes incluant, en tant que facteur interactif, 1e sujet; elle pourrait egalement rendre possible la comparai� avec d'autres conceptualisations en termes de processus qui se font jour dans d'autres domaines du dynamisme langagier. Les lieux du sujet. L'approche en termes de processus vise a mieux preciser 1 'une des modalites de la relation entre le sujet 'interpretant/recon�aissant'et 1 'objet langue qu'il reconstruit continuement; elle interpelle aussi en d'autres lieux qu'en celui du dynamisme lexical. Tout d'abord la ou des questionnements font renaitre l'interet pour des problematiques comme celles de 1 'ambiguite, de la paraphrase et de la relation qui les lie 1 'une a 1 'autre; ensuite la ou se developpe des conceptualisations voisines mais apparemment destinees a decrire un d.onne _ sociolinguistique et non plus psycholinguistique. �����_�QrQbQ�����!19��_�!_��r�g�r���: La notion de champ paraphrastique, travaillee par Culioli, a ete recemment �eprise par Cat�erine Fuchs et Le Goffic en ce qui concerne la relation s��cifique qui lie 1 'am�1guflte tt 1a. paraphrase. D�:tels essais participent dJun recentrement aut�ur de la question du sujet car, faut il_ le dire? Une problematique s'interessant a 11 la signification n'est guere concevable sans lui. La morphosemantisation s'insere dans ce meme espace ou s'apprehende cette relation ambiguite/para­ phrase; c'est, me semble t'il, la meme perspective pheori�ue et epistemolo­ gique qui preside a la recherche d'un statut de� operations et a 1 'elabora­ tion des analyses. Le rapprochement porte evidemment sur la construction (intuitive ou analy­ tique) du champ morphosemantique. Reconnaitre 1 'existence d'un champ morpho­ semantique c'est admettre 1 'existence d'une relation particuliere entre' les unites du champ telle que chacune des formes qui le composent soit,a un certain niveau de perception, en relation d'equiva�ence (8) avec les autres formes. 11 y a donc une image globale, le protosemantisme de Guiraud, qui permet la construction et chaque forme est une sorte d'epiphanie de cette image. La relation ainsi introduite au niveau du systeme ne me parait pas eloignee de la relation de paraphrase. Parallelement, il va de soi que le protosemantisme est eminemment polysemique dans la mesure ou il constitue la matrice meme du 'sens'. La l iaism avec l t amb i qu i t e est ainsi etablie mais la comparaison va plus loin car Le Goffic (1982) entreprend un aller­ retour du sujet a 1 'objet en introduisant la d�stinction entre la notion d'ambivalence pro pre au sujet et qui n'implique pas de choix alternatif _ puisqu'il y a une certaine coexistence des termes a choisir chez le sujet, et la notion d'ambiguite qui caracterise, elle, le donne proprement dit. Cette distinction est proche de celle qui oppose. 1 e' processus de se­ mantisation du niveau subjectif des representations individuelles (focali­ sation sur le sujet) au processus de morphologisation relevant d'un niveau objectivable (focalisation sur 1 'objet). Il va de soi que la prise en compte de 1 'ambivalence releve de ce niveau subjectif tandis que 1 'ambiguite s'ap­ prehende au niveau objectivable. Cette relation du subjectif a l'objectivable qui se retrouve aussi bien: dans le rapport ambivalence/ambiguite que dans la distinction semantisationl morphologisation se pose en quelque sorte comme un nouveau paradigme de conceptualisation qui brise les frontieres disciplinaires, toutefois un paradigme de conceptualisation n'est pas un paradigme de description, et. si le champ d'application d'un tel paradigme peut inclure la problematique de Maranda, celles des auteurs qui travail lent sur-les notions de processus et au moins une partie de cel1e de ceux qui Qeuvrent :dans le 'champ pragma­ tico-enonciatif', il est evident qu'aucune liaison n'est actuellement dis­ cernable; la theorisation et la methodologie me paraissent pour 1 'instant constituer encore un point aveugle. 12 �b��p_�QrpbQ����Q!i9��_�!_�pprQPri�!iQQ_l�Qg�gi�r�: Tandis que la mise en structuration morpnosemantique est determinee par une motivation synesthe- sique, les phenomenes d'appropriation langagiere et de positionnement de norme, qui se definissent dans une interaction psychosociale et socio- linguistique, sont determines par une motivation'enonciative' ou la langue est utilisee pour introduire a des significations sans rapport avec sa fonction denotative, a travers les strategies enonciatives des loccteurs qui s'appuient a la fois sur le donne macrosociolinguistique et sur des evaluations complexes portant sur la situation d'interlocution et le rapport, reel ou suppose, que 1 'ensemble des interlocuteurs entretient avec la lan­ gue comme avec 1 'image de cette langue dans le jeu de miroir ainsi cree. Les memes determinants (acte genesique, vi see/perception autonymique et mise en cloture) qui ont ete mis en evidence dans le processus de semanti­ sation et de morphologisation sont actualisables et leurs fonctions sont­ constantes. Une partie des reflexions port ant sur les pFocessus de vernacularisation� et de creolisation releve de ce schema (cf. Manessy): par teur-:fonction identificationnelle ces processus se definissent dans une structuration opacifiante� il en va de me me des recherches psychosociales definies au niveau enonciatif portant sur les representations normatives et les strategies enonciatives des locuteurs (Wald 1982). Pour conclure'sur 1 'interdisciplinarite. En rapport avec une conceptualisation piercienne du signe que j'ai deja utili� a plusieurs reprises, je dirai que le signe se definit par la chaine de ses interpretants, laquelle se clot sur son interpretant 'ultime'. Or, si dans une visee representationnelle ou le sujet n'a pas sa place, 1 'interpretant piercien ne peut etre qu'une forme qui consacre la cloture objective de 1 'univers significationnel, ou bien la loi d' "habi­ tude" elle meme, il en va autrement dans une perspective incluant une in­ teraction avec le sujet et une solution est de concevoir que le sujet, dans � rapport a la langue comme dans son enonciation,est 1 'interpretant ultime et logique de la chaine significationnelle en tant que support et gar ant des structurations etablies comme de la validite d'emploi des regies conversationnelles de 1 'enonciation. C'est ainsi le sujet qui defi­ nit la coherence et la cloture du discours potentiel comme necessite de sens de son propre proces enonciatif, qu'il soit actualise ou virtuel. C'est ainsi qu'il definit la pertinence et la valeur des termes du jeu 13 langagier, tout simplement paree qu'il est.logiquement, lui, sujet �non�ant, le r�pondant des 'mots' des autres, objectalement pos�; le centre d�ictique de l'univers signifieationnel dans son rapport aux differents niveaux de motivation� �'est alors que la question se pose de savoir quel est done ee sujet dont on parle et dont on assure qu'il parle. Ce sera avant tout une place vide, eonstruite en fonction des differents champs de pertinence en­ visag�s: ainsi, le sujet de la morphosemantisation, se situant dans 1 'inter­ action avec la langue et n'�tant pas necessairement marque par un proc�s de socialisation ne saurait etre le meme que celui de la vernacularisation puisque celle ci se situe dans une interaction au le proc�s de socialisation constitue la donn�e essentiel1e; De meme, le sujet du domaine psycholinguis- tique n'est pas eelui du domaine sociolinguistique, mais les interdependances entre les deux n�eA sont pas moins evidentes au point que la metaphore d'une diff�rence de niveau d'integration est peut etre plausible; une identite des caracteres analytiques (acte genesique, autonymie, cloture) mais aussi des strat�gies permettant la circulation du sens parait envisageable. Enfin, au dela de 1 'interaction des pertinences psycho et sociolinguisti- que, la coherence des perceptions du signe et des processus langagiers s'e­ claire dans ces domaines voisins que sont la psychanalyse et 1a poetique. Du point de vue psychanalytique, une theorisation representationnelle con­ duit probab1ement vers une prehension du sens de type archetypal et jungien et c'est ce genre d'approche que Guiraud visait dans ses derniers essais; par c�ntre, �ne theorisation de type �nonciatif conduit a une vision conver­ sationnelle et laeanienne ou le sujet se met 'en jeu'. 11 ne semble pas qu'il y ait contradiction, les deux visees relevent tout simplement de per­ ti� differentes tout en contribuant a 1 'explicitation de 1 'ensemble du domaine (le terme explicitation est plus adequat que eelui d'explication). URe problematique similaire se developpe au niveau poetique QU 1 'on reconnait a la fois la prise en compte du signe dans un acte auto-re­ ferentiel et l'insertion du ssjet dans son texte par un:' acte ego-ref�ren­ tiel. C'est 1 'accent mis sur�l 'institutionnalisation de ce double detour­ nement qui donne au poetiqije��a legitimite, et done son niveau d'existence socialise et de norme. 14 .' On en�vient a reconnaitre comme seule stabilite de tout proces faisant Isensl (indiquant par la une direction!) une serie d'operations a domaines d'application variables, dont la generalite est trop grande pour 1es rendre operatoires mais dont la non-reconnaissance conduit a ces clo­ tures descriptives prises comme 1imites de 1 'univers explicitable. Ces operations r�levent de cette problematique ou la generation du sens s I dnscr i t et pour 1 aque 11 e 1 e hngage reste evi.demment ur, nEcilllTl pri vil egi e ou l'ensemble des sciences humaines et soc i al e , parait avoir vocation a se placer. Y. a t'il une frontiere entre semiolog�� et anthropologie? 11 est probable quune enthropo lcqte linguistique reste a faire pour eppr ehender le langage en tant que jeu de societe dans la pleinitude des sens de ce I jeu I. R.N. Notes: �� Que Maranda rapporte aussi a la notion de 'bassin semantique', ce qui ne va pas sans connoter l'utilisation de ce terme par R. Thorn. 2. Maranda se refere a Bourdieu pour cette terminologie. 3. Le questionnement sur le 'sujet' n'implique pas necessairement une derive vers la speculation psychologisante do 1a delire',ifltrospectif, a: juste!tt�re 'stigmatise, on 9spfire que ce travail le montrera. 4. Ainsi leur description strictement linguistique n'est pas possible. 5. Je renvois le lectecm a l'essai de formalisation du champ en termes de morphosemantismes fondamentaux, potentiels, partiels et laches que j'ai propose ai1leurs (Nicola; 1984a). 6. On peut se rapporter a cette distinction entre sens et representation proposee par Frege (1971-106); c'est elle evidemment, qui soutend 1 'arti­ culation ici presentee. 7. Cf. 1 a note 5. 8. Evidemment, le terme est utilise metaphoriquement: la nature et la for­ me de 1 'equivalence est en question. 15 G. MANESSY Pidginisation, creolisation, evolution des langues, Sprache und Geschichte in Afrika 1, K61n , 1979; pp 55-74. References: A. CULIOLI Sur quelques contradictions en linguistique, Communications 20, 1973., pp 83-91. G. FREGE Ecrits logiques et philosophiques, Le Seuil, 1971 Catherine FUCHS La signification linguistique apprehendee a travers 1 'ambiguite et la paraphrase (RCP 665 du CNRS), Modeles linguistiques V2, 1983, pp 3-11. Cath. FUCHS- P. LE GOFFIC Ambiguite, paraphrase et interpretation, Modeles linguistiques V2, 1983, pp J.A. GREIMAS Semantique structurale, Larousse, 1966. P. GUIRAUD Structures etymologiques du lexique fran�ais, Larousse, 1967. 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RECANATI La transparence et 1 '§nonciation, Le Seui1, 1979.