D "" "l�J �ml'�illl"l 1 , � QUESTION SUR LE CODE SWITCHING CONVERSATIONNEL (CSC) 'Robert NICOLAi". '\�J;" :;\:� Urli versi t If! de N ceo "c': -: Mars 1987 .,-.1',-:, ,'; . :'! � .. � . Resume Ce texte propose une r�flexion sur Ie code switching conversationriel (CSC) et sur sa construction. ';." , En s'appuyant au depart sur l'analyse de Gumperz, on se demande si ce type d'alternance traduit autre chose que ,Ie fonction�ement �nonciatif normal des If!changes discursifs et si on peut envisager sa description par un mod�le "d'enonciation" dont celui propos� par O.Ducrot (1984) pourrait �tre un exemple. On l'identifie A un phenomene communicationnel et semantique et non pas a un phenomene sociolinguistique. L'accent est mis ensuite sur la dynamique de construction des effets de sens dont temoignent les strategies des interlocuteurs pratiquant Ie CSC et sur l'incidence du materiau linguistique dans cette construction, lorsque l'attribution des formes actualisees A l'un ou a I'autre des codes de l'alternance est ambigue. La typologie des fonctions du CSC de Gumperz, cas d'alternances frangais-moore (Burkina-faso) et la sociolinguistique de l'arriere pays ni90is (France) fournissent 1 es ex ernp I es. quelques situation Mats cles: sociolinguistique enanciation semantique communication linguistique de contact plurilinguisme. BIBLIOTHEQUE DE l'UNIVERSITE SECTION lETTRES 100, Bd Herriot 06200 NICE � . 'I'" QUESTION SUR LE CODE SWITCHING CONVERSATIONNEL (CSC) Robert NICOLAI-{?-,:'­ Universit� de Nice Document de travail Version provisoire .1. Strat�qies �nonciatives et CSC. La forme particulitre d�alternance des codes usit�e en milieu plurilingue que Gumperz appelle "Conversationnal Code Switching" (1) est int�ressante au plan s�mantique car bien que Ies d�terminismes sociolinguistiques ·soient n�cessaires pour rendre compte des conditions empiriquEs de sa construction et des effets de sens de sa production, ils ne suffisent pas a l'expliquer. On d�veloppera un point de vue visant a montrer que son actualisation ne traduit rien de plus que Ie fonctionnement �nonciatif normal des �changes discursifs en gen�ral, ce qui peut s'autoriser de plusieurs conclusions de Gumperz d�nt l'une des plus impcrtantes est que "l'effet s�mantique final du message derive d'un proc�s interpr�tatif complexe dans lequel Ia juxtaposition des codes est �valu�e en relation avec Ie contenu propositionnel des phrases et la connaissance pr�alable que Ie locuteur a des pr�suppositions sociales et des contraintes contextuelles" (1982-84). Ce point de vue s'autorise encore d'une autre hypoth�se, pratiquement et th�oriquement importante, posant que les strat�gies discursives utilis�es par Ies interlocuteurs au niveau �nonciatif ne s'appuient jamais sur un code unique mais toujours sur l'ensemble de leur r�pertoire, quel qu'il soit. La sp�cificit� de l'�change langagier avec CSC r�sulte du fait, pos� comme contingent, que les interlocuteurs utilisent des discontinuites de leur r�pertoire decrites comme linguistiques et non pas comme stylistiques. On traitera donc de la m8me _ fa�on aussi bien des alternances de code que des alternances stylistiques d'un m@me code; des choix de registre contenant des discontinuites ling�istiques que des choix de registre contenant des discontinuit�s stylistiquEs, car ils sont tous susceptibles d'induire les m@mes types d'effets de sens en situation. (1) On utilisera la terminologie Code Switching Conversationnel (CSC) pour y ref�rer. , . f 2 3 / i • . . Parall�lement, on s'attendra l ce q�c soi�nt r�connues des r�gles qui sp�ci-fieraient par e:�:::mpIE Gu'en tE:i.l� situation discursive, on doit s'en tenir ! l'utilisatio� d� t�lle portion du r�pertoire, pill'S 01..1 Ir.ci�!: �t2i-:c:!uc, j::!us all ii;clll::i variablE; qu'en telle autre situatic� di�=�rsiv�, la C:!is�oGtinuit� linguistique, pCH..(r pe'J ql�'ellc soit �os:;;.ibl=, est licite, etc... I1 est prDb�ble �ue ces r�g!E3 se r�clarneront d2s n�rmes pr�sum�es stables et extralinguistiquem�nt d�finiE5 que les interlocuteurs part.?gc:nt :d.?ns ,une sitl!ation d'�change donn�e;:, normes ·��:;.�,·:qui .. i renvoi ent t! 1 a connai ssance pr�al abl e des val eurs cuI turell es .:-'ief des -fac:t�urs sociaux a-f-fect�s aux usages linguistiques ':cornme: celles des contraintes conversationnelles "situ�es" .susceptlbles t; •• j de determiner l'interpr�tation de l·�nonc�. " .. ;> En-fin, cette approche a une consequence : si Ie ese doit �tre analyse comme un mode d�actualisation des . strat�gies �nonciatives, alors II devient Interessant de Ie con-fronter a des m6d�les de description de ce niveau: l'inter�t risque d'�tre aussi grand pour Ie mod�le que pour Ie pretendant �objet". '�On argumentera donc que Ie CSC, oU du moins, Ie type particulier de ese que nous etudions, ne fait que souligner de -fagon �oncr�te les strategies des interlocuteurs dans la gestion "semantique" de I'enonce : ils utilis�nt au mieux de' leurs besoins communicationnels les possibilit�s de leur repertoire et les r�gles, situees, de sor. actualisation. 2. Fonctions conversationnelles, esc et mod�lisation. Quelques remarques sur la typologie du esc proposee par Gumperz (1982-75) (I) nous saront tout d'abord necessaires avant de placer la question sur Ie plan des strategies d'enonciation "en general". On proposera ensuite un essai d'interpr�tation portant sur trois exemples et l'or. s'attachera enfin a quelques probl�mes de cat.g9risation qui concernant l'alternance entre des varietes lar.gagi�res linguistiquement apparentees. 2.1. Las -fonctions de Gumperz. Gumperz presente des exemples de six -fonctions qui sont souvent marquees par des e-ffets de esc, on se demandera quel est Ie r6le de l'alternance dans leur actualisation. A. La fonction de citation: Un enonc� peut �tre rapport� au style direct ou non. S'il l'est au style direct alors on a affaire • une "mise en sc�ne" 00 l"auteur choisit (cf. Ducrot, 1984 : 199) de faire entendre une parole, c'est a dire une suite de mots, imputee a un locuteur (L2), profer�e et prise en charge par un autre locuteur (Ll). ------------------------------------------------------------------ (1) Gumperz, avec raison, ne consid�re cette typologie que comme un premier pas et souligne la disparite de son inventaire (de la quotation a la personnalisation/objectivation); cela n'enl�ve rien a notre propos qui n'est pas une "critique" de cette typologie. Lor�que L2 utilise un code diff�rent de celui de L1, L1 peut d�cider ou ne pas d�cider d'en tenir compte. Le fait de rapporter dans la langue de L2 peut �ventuellement �tre interpr�t� comme un parti-pris de litt�ralit�, un effet de mise en sc�ne, Ie pointage volontairement indiqu� a fin d'interpr�tation du choix de code, ou autre chose ••• Mais tous ces effets de sens se retrouvent �galement dans Ie discours rapport� sans CSC apparent: on .. �peut jouer sur Ie style du rapport aussi bien que sur Ia discontlriult� linguistique •.. LPutilisation du code de L2 dans Ie rapport ;J,"est qu= urie pOssibilit� offerte a L1 pour pr�s'enter ce rapport,�:':e'ile rel�ve de son choix et renvoie a un effet de sens sp�cifique ';au m€'me titre que n�importe quel proc�de stylistique car Ie dis.c:ciurs' rapport� (avec OLl sans CSC) est toujours un discours "interpr�t�1I et n�implique pas la conformit� des·paroles origiriales a celies que prononce Ie rapporteur (cf. Ducrot, 1984: 199), ce qui rend douteLlse la validit� d' une r�gle telle que "un message est cit� dans Ie code dans lequel il a �t� prononc�". I j . I , .• .' " .1 .. • j • B. La fonction de sp�cifieation du destinataire : lei l'alternance n�a de relation direete ni avec Ie contenu du message ni avec I'engagement du locuteur envers Ia parole prof�r�e: elle n'intrcduit aucune variation ,signi_fieative sur ces plans, elle ne sert qU'a s�lecticnner l'interlocuteur et A distribuer Ie tour de parole ; c�est une modalit� externe de Ia structuration de l��change mais il va de soi que cette s�lection du destinataire se fait tout aussi bien par un changement de style ou par tout autre proc�de qui permette I'attribution� L'utilisation du changement de code n'a iei aucun caractere particulier. C. La fonction d"interjection: On peut prof�rer une interjection dans n'importe quelle langue mais sa fonction est toujours de montrer, plutSt que d'affirmer, les sentiments du locuteur. D'une fagon convenue, I'utilisation du code de la langue maternell� dans ce proces est/fait plus "vrai"; aussi, en quelque sorte, l'alternance est ici une n�cessite discursive a� m@me titre que I'intonation sp�cifique qui accompagne la prof�ration, en particulier si Ie co�e cheisi pour l�exclamaticn appartient a la langue maternelle ou premiere du locuteur. Cependant cette alternance ne correspend pas a autre chose qu'� l'exploitation normale de la fonction d"interjection, compte tenu de la nature du repertoire des interlocuteurs Et de leL!rs "positionnements" face aux contraintes normatives impos�es au ehoix de code. D. La fonction de reiteration : L'utilisation de l'alternance dans cette fonction ne se differencie pas d'un cha_ngement styl i sti que ordi nai reo Dans 1 a conversati on, un message n'est jamais r�it�r� sous une forme identique: la transformation introduite peut renvoy�r a une reformulation du contenu mais s'accompagne toujours, mime en 1 'absence de reformulation, d'un changement qui informe sur l'�tat d'esprit du locuteur contraint de r�it�rer son message ainsi que sur son appr�ciation de la contrainte qui lui est imposee. 4 ." - ',.1",,\":' 2.2. Commentaire. ". ,.",,��<,;. >: . . ":-{.,,:.!'i": • w " c, . . , • E. La �onction de qualification du messaqe : Elle poss�de une caract�ristique importante: celIe de traduire une prise de position du locuteur sur l'importance relative des informations qu7il transmet dans son message. En l'absence de discontinuit� linguistique, cette �onction est peu IItranscrite" puisqu'il n'existe gu�re de proc�d� discursif qui la signale, mais l'on ne s'y trompe jamais en situation; aussi bien des variations prosodiques que d7autres variations A ef�et stylistique indiquent avec pr�cis�on ce qu'il en est. Le changement de code n�esf�J�uri proc�d� de pI us pour i ndi quer I a val eur reI ati ve du 'message. ::t�fC?: '.' '�''-:�.:' J' • F. Foncti on de personnal i sati on / objecti vati on : j��i.;. : .' j L7alternance' marque la diff�rence·d7implication du 10cute�-F\:,��par' 1 rapport A son message. Bien sur, il n'y a pas non plus de pr-oc�dl! discursif qui ait pour unique fonction de l'ind��uer conventionnellement, mais comme pour la �onction pr�c�dente;Tc:ela est �Vident quand 1'�nonc� est actualis� en situation. ., . :i.\.;'� '::_ Toutes ces �onctions, sauf B qui est c onc er n ae p'�r-".'la structuration conversationnelle des tours de parole et n7implique­ pas Line prise de position �vidante du 10cuteur par rappor,f ,au. discours qu'il tient, ont pour trait commun de d�velopper des choix discursifs introduits par les locuteurs dans 'leurs strat�gies �nonciatives. Les fonctions A, C et D renvoient A des choix codifi�s tandis que les fonctions E et F, aussi importantes par la mise en sc�ne qu'elles impliquent, ne renvoyent pas A'de tels choix; de ce �ait, elles paraissent �tre produites du CSC lui-m�me alors qLl'elles ne �ont qu'utiliser, adroitement, l'alternance. On concluera que toutes ces �onctions parcourent continuement la discursivit�, mettent en jeu Ie r�pertoire et que Ie CSC ne �ait que souligner leurs effets, de �a90n �vidente, a travers les discontinuit�s _ linguistiques qu7il actualise. On introduira un principe hypoth�tique, �non9ant que, dans les limites admises, les interlocuteurs ont tendance (sinon obligation) a utiliser selon la situation l'ensemble des 'styles qu'ils ont en commun au maximun de leurs possibilit{!s ; principe ,qui peut �tre rapportl! a des comportements conversationnels g�n{!raux, �tant entendu que, pour un 'espace communicationnel donn�, les limites du r�pertoire en jeu entre les interlocuteurs sont objet de conventions consensuellement �tablies a partir d'inf�rences issues de pertinences diverses. Ces conventions renvoient a des "repr�sentations" des �ormes de c� r{!pertoire qui 6 .... L • . . prennent sens par la convention en question et n'ont �videmment pas d'autres fonctions que de signifier les strat�gies d'interlocution. En cons�quence, les facteurs socioculturels ou autres interviennent dans Ie choix des formes mais'pas en ta�t que d�terminismes directs, seulement en tant que repr�sentations d�pendantes de ces determinismes. C'est pourquoi Ie CSC que .nous d�crivons n'est rien d'�utre qu'un jeu s�mantique" '��,;::de I ' �nonci ati on. 11 d�vel oppe dans Ie di scours un pr-oc e s de 'sen'�--:qiJi se g�n�re, comme tout proc�s de sens, de sa mi se en oeu:Y�e":,t�et gr3ce A l'utilisation strat�gique de sbk�otypes plus ou }inoins stables portant, en particulier, sur la pertinence d� son���6�re '1 niveau de pertinence. Le formalisme de la "polyphonie", ,prcipo's� par' Ducrot, ou Ie locuteur est la source d'un discours mais ,'ou "les attitudes exprim�es dans ce discours peuvent �tre a�trib��es a des �nonciateurs dont il se distancie" (1984 : 208) -(1) pourrait �tre un mod�le possible de la description du CSC. cCette notion d'�nonciateur sert a faire apparaitre dans .l'�nonc� .,un sujet rion seulement diff�rent de celui qui parle (sujei 'pa�i�rit) mais aussi de celui qui est dit parler (locuteur). Dans cette perspective, produire un discours contenant un effet de ,·CSC revient, pour un locuteur, a pr�senter I' �nonciation a travers - Ie point de vue de dew: �nonciate_urs. L'effet de sens est .inf�r� de la fagon dont les �nonciateurs se partagent la responsabilite de l'�nonciation, et celIe de l'emploi des codes; il est inf�r� encore de la nature des st�reotypes affectes a ces codes et au jeu de l'alternance' et du rapport a la situation d'echange : les �nonciateurs sont responsables des points de vue exprimes mais Ie locuteur est responsable de l'�nonciation. . Comme dans tout discours, Ie choix d'une v.�iete langagi�re particuli�re peut assurer l'identite entre un locuteur actualisant Ie discours et une repr�sentation d'un individu (�nonciateur) en vertu d'une r�gle qui voudrait que l'actualisation, l'appropriation et la s�lection d'une norme soit authentique, ce qui n'est pas sans rapport �vec certaines maximes ��iceennes (2) sur la conversation (1979). Enfin, d'un point de vue semantique, l'utilisation du CSC devien�rait un moyen rhetorique particulier pour exhiber un "auteur stereotypiquement defini" de la parole. 2.3. Enonciateurs discursifs et conversationnels. De fai�, certaines des fonctions decrites par Gumperz sont si bien identifiables en termes d'�nonciateurs qu'elles ont servi d'exemple pour illustrer la theorie de la polyphonie ; c'est Ie cas de la citation et de I'interjection qui mettent en �vidence la double enonciation actualisee par Ie jeu de deux locuteurs differents dans un m�me �nonce: distinguant les enonciateurs au (1) Comme on Ie verra, Ie rappro�hement a�ec la theorie de la polyphonie va bien au dela de cette simple citation. (2) Cf. L'utilisation suggeree par Gumperz des maximes griceennes pour l'analyse du CSC (1982: 94) et aussi la fonction de la signature chez Ducrot (1984 : 194). ..• ·1.·. "'r:;'"_"'-:- • . .... ' 7 .1 � t.., 1 .... ' • niveau du code l'effet de CSC qui utilise la discontinuit� linguistique souligne leur articulation discursive. II en va de m�me, avec la fonction de r�it�ration o� Ie locuteur donne A tour de rale, et th��tralement, Ia parole A plusieurs �nonciateurs pour assurer l'effet de son message que Ie CSC garantit ; quant aux deux derni�res fonctions, de qualification �u messaoe et d'objectivation/personnalisation, Ie probl�me qu'elles posent est un peu diff�rent car Ie CSC ·ne renforce plus un point ":/�C:le'''���vue �nonc� dans Ie texte mais un point de vue introduit A travkr'�':'"i;le texte : cel ui -ci est uni quement Umontr� ". -I I 'Y .a ·.'c/deux �nonciateurs, l'un 'qui prend en charge ce qui est jug� important . .":' . (soit pour Ie locuteur, soit en g�n�ral) et I 'autre qui assume Ie reste et ils renvoient tous les deux A un m�me locuteur qui �prend la respons�bilit� de l'�nonc� dans la g16balit� de son c6ritenu. Mais il y a d'autres fonctions qui sont perceptibles A travers Ie CSC -et qui renvoient A la structuration conversationnelle plut6t qu'a des prises de positions directes des locuteurs .. sur. ,<-les contenus �non��s. -Appelons �honciateurs conversationn�l���eux qui articulent-ces fonctions. Ce sont des articulateurs importants du discours. Ainsi, Ie fait Ud'argumenter" dans une langue ou sur un registre sp�cifiq�e, Ie fait de "ponctuerU dans un(e) autre, celui de "choisir" un registre etc ••• introduisent des vis�es sur la pr�sentation du contenu. Ces vis�es sont coh�rentes avec cette notion d'�nonciateur conversationnel qui sort du cadre permettant d'attribuer les points de vue a des locuteurs n�s du texte pour s'inscrire d�ns Ie plan de l'organisation de la te:".:;�;:L"'es 1 interlocuteurs sont cens�s avoir Ie m�me r�pertoire linguistique et, en plus du moor e , leur langue maternelle, . ils ont une �it,r,�s' bonne ma1'trise du 'frangais ; ils connaissent �galement les' v'aleurs sociologiques attribu�es � 1 'emploi de ces codes et de -",leurs vari �t�s. n, 3.1. Les exemples ..', -, .... Nous les traiterons done comme des situations discursives normales. Exemple (1) , t'; " ,. s(ngra N r ,. ,. finfr tv rawatoe y! ye yaa slda, 1IIt, par sl n n' , , madmazl.l t� ,. t.{wtaw y�s � - - , t� yaa a n yl n ye d gnyelH a, bo mt. ,... fit krw� k& ". normal .•. a mWel 3a sF. "Le d�but peut .tre sinc�re mais pour finir tu sais, l'homme peut trouver une autre demoiselle dehors et se pr�cipiter pour oublier ce qu'il avait promis a l'autre; bon moi je crois que c'est normal". L'articulation discursive sous jacente a cet �nonc� peut �tre rapport�e a deux �nonciatetirs: l'un qui d�veloppe Ie propos et Ie second qui Ie commente. Si l'on symbolise Ie propos par des lettres �apitales, cela dcnnera Ie sch�m� : "X, mais pour finir, tu sais, V, bor., mei, je crois que c'est normal". L'enonc� ainsi transforme, il est clair que Ie propos est en moore et que Ie commentaire est en frangais les deux enonciateurs se sont repartis a la fois les points de vue discursifs ... et les codes. Mais cette repartition "globale" peut �tre affin�e: il y a encore un �lement frangais dans Ie propos, madmaztl, dont la fonction ne para1't pas liee a ce jeu d'enonciation j de plus, Ie commentaire est susceptible de precisions suppl�mentaires. a) Tout d'abord, madmaztl. Ce terme renvoie � une signification contextualisee particuli�re car ce n'est ni Ie mot moor� ni Ie mot frangais "demoiselle" qui est employ� : la formule utilisee est delocutive. madmaz�l est quelque chose qu�on dit en situation et qui indique les conditions de l'enonciation ce qui ne peut pas ne pas avoir sa signification dans l'analyse. Tout depend b) Ensuite, "Ie commentateur francophone" : il pri!sente la position du Iocuteur, articule les connecteurs argument�tif� et pourrait �tre ainsi paraphrasi! : "Oui, ma,i. s. •• , moi, je ••• ". i I ! .. • de la valeur conventionnelle accord�e a cette forme par Ies membres du groupe d�interlocution .•• Y-a-t-il la un type de discours rapport� qui peut �ventuellement se figer dans Ie code ? Est-ce un terme d�ja fig�? Nous n'avons pas les moyens d'en d�cider et laisserons provisoirement la question en suspenso II assure aussi une transition avec des marqueurs de fonction phatique: tu sais et de decrochement conversationnel : bon. Enfin au plan de l'interpr�tation,·· il faut evidemment tenir compte du choix des Iangues actualise par les enonciateurs, lequel n'est pas neutre puisqu'il renvoie a l'analyse 'des stereotypes affectes a leur emploi et �u'il doit signifier au mgme titre que l'utilisation d'une vari�te stylistique non-marquee :par la discontinuite linguistique. En conclusion, il y a bien la, a travers Ie jeu du �ode switching, une illustration des fonctions enonciatives generales actualisees par Ies intel�locuteurs de I'echange qui. les manient semble-t-il avec dexterite. Exemple (2) ./ \.' I f � t\ y�mb m{i n kot ye bilf b{lf, ti s�ngd ye b\l .... � '''' t' ,.... '- � ...... m t..t yenda; rapa bal n na namse e pVy sa n yaa pogsadba n tudd r�p wus ga ba ya� ne regn mfka menga, yelbund a ye n be ti b ye tf pogs�d yaa "wobog" n6wg,suug s� nooma ,. .. "" "". ".,.,,._ ,-<_. sab n waadnsmd�� "da sort k�" wobg newgo n1 ytmg pa t� n w�b n sa ye, rind n1b wusg b�la n "que vous lui donniez un peu pour qu'elle puisse s'enrichir, ce sont les hommes seulement qui vont souffrir, et puis quand au fait que les jeunes filles vont avec plusieurs hommes, il oe faut pas oublisr que m�me dans la tradition un proverbe dit que "la jeune fille est c:omme la viande d'el�phant, c:elui dont Ie couteau est tranchant peut la decouper". De sorte que une seule personne ne peut finir de manger la viande d'elephant, il faut plusieurs personnes" . L'articulation discursive A la forme c que vous fassiez X, a c Ce sera Y c et puis a propos de Z (! c il ne faut pas oublier W � { de sorte que T o� les s�quences soulignees caract�res grec:s isolent, conversationnel1es. sont en "fran9ais" et peut-�tre, des OCI les unites 9 10 .. \ .. . .. L'alternance est minimale, seuls les deux marqueurs et puis et de sorte que sont en fran9ais mais ils sont importants car ils articulent un discours moor� ou Ie proc�s argumentatif est caract�ristique de la "tradition", dans lequel Ie proverbe, et son interpr�tation, ont force de loi. Tout se passe comme s'il yavait une "mise en sc�ne" et un renforcement de I'argumentation par i�ce .cadrage Cintr6ductif et conclusif) en fran9ais, valoris� au ��ian . de I 'argumentation "logique". . '.;"i.��··�. . - . � .r:·�'t�'::-: . II Y a ·bien deux �nonciateurs qui coop�rent pour argumenter dans un mgme sens et se r�partissent fonctionneIl�ment' Ie proc�s d'argumentation selon deux points de vue qui renvoient aUK valeurs conventionnelles et st�r�otyp�es, attribu�es Aces I angues. "tradition" proverbes Une argumentation interne en moor�, centr�e sur la Ie jeu de Putilisation et de l'interpr�tation ·:des Une argumentation externe, en fran9ais, qui n'a besoin pour gtre valid�e que de montrer ce qu'elle prend en charge en signalant IA OU elle va s'appliquer : et puis P ... et de sorte qu� Le Iqcuteur unique assume finalement la responsabilit� des paroles des deux �nonciateurs. En conclusion, si Ie code switching est ici minimal dans sa forme, il ne I'est pas dans la structure glcbale de la conversation puisque, en contrepoint, les points de vue des deux �nonciateurs se partagent, l'int�gralit� du discoLlrs. Exemple (3) t "�,, .� 50 s!'i n naa n koseje f tl.iud'en taaga ta ri k a resposabilite r�mba, e pw� be, sokype da Ia iij • 1 a s � b c' I a � t � k a p 6"::g=-a-=':"';y�e'---'m=-=_'p-a--=t .... '==e:o..;�7d.L-C'-=t=-1-· """"'y'-a-:-'�=-. =-y .... �O::=--r_,i .... ye sl se !'"ma "si tu conseilles a ton copain de prendre ses respol1sabilites, et puis bon de s'cccLlper de la fille, lA c'est bon. 'mais en tout cas je ne crois pas que la grossesS2 soit de lui, sinc�rement". Ici, l'analyse est mains evidente et Ie fran9ais plus present (1). L'articulation discursive pourrait avoir la forme: (1) Ce n'est cependant pas par rapport a des criteres quantitatifs que la dominante OLI I'attribution gen�rale de I'enonc� A un code donn� peut �tre faite. II est plus. probable que cette attribution, ou la mise en evidence de cetta attribution - qui n'est nullem8nt n�c8ssaire - pLlisse se faire par rapp�rt au theme, au propos OLI a I'argumentation de I'�nonce. 11 .. ' ' .. • { si tu fais X et Quis� bon� Y a { la c�est bon (point de vue du locuteur) { mais en tout cas � { je ne crois pas que Z (point de vue du locuteur) � { j�atteste � �de l'�nonciateur du "point de vue du locuteur" ne permet - a�cune interpr�tation particuli�re. • On supposera donc que c:e dernier �nonciateur actualise tout simplement Ie registre �SC en tant que - repr�sentation symbolique du style CSC, sans plus; Ie choix des codes ne sera determine que par la seule expression rythmique et contrastive," des soucis d'�quilibrage et l'action de facteurs partic:ulier� tels Ie "d�clenchage�. Par c�ntre il est possible que l'�nonciat�ur du "propos "introduise une struc:turation sp�cifique de son �nonc:� �ar son actualisation du CSC car dans Ie fragment a, et de �a90n constante aut ant que c:ela puisse se remarquer sur un exemple aussi cou�t - il semble que Ie fran9ais soit attribue aux mots cl�s. Cette analyse plut3t �vidente pour l'�nonc� X, i'est cependant beaucoup moins pour l'�nonc�-Y car d'une part, il est tr�s court: s'occ:uper de la fille et d'autre part, il est pr�c�d� d'une assez longue articulation conversationnelle en fran9ais qui peut tr�s bien avoir produit un effet de dec:lenchage. Si toutefois l'on admettait cette structuration du "propos", ne serait-ce que comme une tendanc�, on devrait admettre aussi que l'"�nonciateur" se cOlOporte comme un "locuteur" et articule l' �nonc� pour son propre compte gr�ce � deux "�nonciateurs seconds". On aurait alors affaire A un niveau ench�ss� de CSC qui aurait sa propre fonctionnalit� ind�pendante de celIe actualisee par Ie fragment conversationnel plus vaste qui Ie contient - Penser aussi au formalisme du discours rapporte. Une telle configuration contribuerait A montrer comment dans un m�me fragment, des fonc:tions multiples, ac:tualisees par des changements de code et de registre, peuvent �tre reconnues, articulees et hierarchis�es; autrement dit, elle montrerait comment les effets d'alternance peuvent renvoyer � des determinismes explicatifs diff�rents. L'exemple (3), comme les pr�cedents, souligne l'utilisation strategique du changement de code dans l'articulation de la discursivite. La plus grande difficult� d'interpretation qu'il offre ne joue pas c�ntre lui car il n'y a auc:une raison que l'analyse soit toujours simple, �vidente, ni (1) La composition, terme neutrei relation qui peut tout aussi d'opposition, de jugement, etc ••• indique bien €'tre l'existence d'une de coop�ration, ,I . " ... m@me ..• possible. Le mod�le n'est locuteurs peuvent @tre ambigues ou elle-mgme, ou l'ind�termination, strat�gies • pas parfait, les strategies des contradictoires et l'ambiguit� peut @tre un element de ces .. En concl usi on : . " ,1) L'alternance peut @tre actualis�e afin de produire des effets de sens A travers des strategies qui developpent �:des "enonciateurs conver·sationnels" dans Ie discours. _,'- I .. , " . de locuteurs �g.s. lIs connaissent Ie fran9ais, Ie dialecte proven9al bas�alpin local et constituent un groupe "fonctionneI" du lieu bien que l'ensemble de la communaut. villageoise ne s'identifie pas A eux seuls. Ind�pendamment des �trangers et touristes de ·passage, la proximit. de l'agglom.ration ni90ise et quelques structures industrielles fait qU'urie partie importante d� ... la population la plus jeune du village n'est pas d�termin.e par les m@mes syst�mes de va1eurs (culture1les, �conomiques, etc ••• ) que ces vi1lageois de souche. Cela ne veut cependant pas dire qu'i1 n'y a pas de rapports entre 1es deux groupes car une partie importante de la nouvelle population tourn�e �conomiquement �ers l'agglom.ration ni90ise conserve des liens �troits et stables (souvent familiaux) avec 1a population mi-montagnarde mi-paysanne traditionnel1e. _ Dans ce contexte, on entend beaucoup plus fr.quemment cfes conversations "en fran9ais" mais Ie dia1ecte n'est jamais tr�s loin et i1 ressurgit souvent. Les codes disponib1es : Au premier abord, et compte tenu· des reserves precedentes sur la categorisation des codes, il para1t possible d'inventorier les formes linguistiques actua1isees, sous quatre titres : 1) �ran9ais non m�ridiona1, 2) frar.gais merdional, 3) frangais vernaculaire indig�n2, 4) di a l ecte, .tablis en se basant sur l'actualisation des ster.otypes sociolingujstiques affectes A ces codes et sur la reconnaissance de qLlelques discontinuites formelles pos�es comme pertinente au plan de Nl pour la communauta en question au sens large. Le franGais non meridional. II est renvoye, differentiellement, A toutes les formes qui ne sont pas meridionales et peuvent, eventuellement, �tre marquees par les sten�otypes de l'e:{tran�ite en general ("il parle pas comme chez nou s " i , ou en particL!lier ("il a l'accent pointu"). - Le francais m�ridional. II est Ie terme non marqu. : un frar.gais qui n'est pas etranger et qui ne porte pas A commentaire est donc du frangais meridional. II en existe toutefois plusieurs varietes et l'on sait qu'il y a des st.reotypes· de la m.ridionalite, te1s que "accent", lex�mes et formes langagi�res particulieres. De plus il est admis que ce frangais poss�de un syst�me vocalique reduit (absence d'opposition entre les voyelles moyennes et entre A anterieur et � posterieur) et une tendance A refuser les consonnes finales par la conservation ou l'adjonction d'un sc�wa, ce qui entra�ne, contrastivement, une 16g�r� accentuation et l'allongement de la syllabe penulti�me de certai�cs categories de mots. _._.. -�-- - . � ...... -..---="'--- - �._ ....... 'a • �_ _ __ ...",. ... " . - Le francais vernaculaire (FVI). Dans un premier temps, on peut dire que Ie FVI est la variante locale du fran9ais m�ridional parl� par la population qui nous int�resse. C'est une production "approch�e" de ce fran9ais m�ridional, consid�r�e comme normale par les locuteurs m�me si elle comprend des. �l�ments dialectaux �vidents. Mais ce n'est pas si simple car cette variante lA est loin de constituer un registre homog�ne renvoyant � une norme uniform�ment val able et reproduite 1 en toutes situations. Dans les faits, ce FVI comprend, selon les I , contextes et les situations, -plus ou mains de traits dialectaux lexicaux et morphosyntaxiques et il se transforme en discour� altErn� avec Ie dialects quand les conditions s'y pr�tent. Les locuteurs du FVI, tous bilingues, . poss�dent ainsi plusieurs registres langagiers dans un continuum dont une limite est une �orme du fran9ais m�ridional (plut8t peu marqu�e de traits ster�otypes) et I.'autre est Ie dialecte. Le FVI actualise entre ces deux limites est donc une vari�te de discours melange (en principe � dominante fran9aise) o� alternent fran9ais local et dialecte dans des proportions qui -varient en fonction des locuteurs, des situations, des rituels d'interaction etc ••• On disting�e donc Ie FVI, production variable, interpretable et cat�gori�able contextuellement, des formes limites, generalement nen utilis�es, qui fonctionnent comme ref�rentiels pour la cat�gorisation des productions actualisees en situation. Le dialecte. Les villageois utilisent aussi Ie dialecte dans les situations appropriees, bien qu'un discours suivi produit enti�rement dans ce code soit plut8t rare; c'est plus gdn�rale�ent une forme langagi�re o� alternent Ie dialecte et Ie frangais me�idional qui est utilisee, laquelle se trouve done en tant qu'elle actualis� l'alternance �tre formellement voisine et parfois �quivalente de certaines productions FVI. 4.4. L'ambiq�lt� formelle. Etant donn� la parente des codes, cet usage du esc dans les productions categorisees comme "dialectales" et les productions cat�goris�es comme fran9aises, quelle difference y-a­ t-il entre une production altern�e interpretee comme dialectale et Line production alternee interpretee comme IIfran9aise" ? La diff�rence n'est pas tcujours evidente en raison de I'ambivalence de certaines formes, elle n'est pas non plus toujours pertinente en raison de la possibilite offerte aux locuteurs de d�velopper des strategies d'ind�termination ou de conserver des situations d'ind�termination. En effet� I'existence de l'ambiguite formelle est un moyen supplementaire pour mettre en place des strategie� qui Lltilisent l'indetermination qu'elle induit dans la production d'effets de sens; ce n'est donc pas gr�ce aux crit�res formels mais a l'aide des crit�res categoriels qu'en dernier ressort, l'attribution des �nonces au code dialectal ou fran9ais est obtenue et que l'ambiguite peut �tre, eventuellement, levee. (6) La b�rn� des�di ja pa I d I presjo I e tro p�ti I i d i z a k i lam�ta pa I pask;: .•• 1 lIS d j arn �tra de kanal i ::::asjo aktyO� I . " , , . L��nonc� ambigu pourra €tre rapport� A telle ou telle langue, tel ou tel code, suivant que son contexte d'actualisation (les conditions sociolinguistiques et les repr�sentations qui les prennent en charge, -Ie contexte g�n�ral de l'interlocution : norme 1 et norme 2, etc ••• fournit .des �l�ments pour la s�lection: non seulement la forme mat�rielle ne 9arantit pas �a cat�qorisation mais encore elle oeut montrer ou signifier l�ind�termination des choix-cat�goriels et "mettre en ·jeu" dans l��change l��valuation ··des �iscontinuit�s linguistigues elles­ mgmes. Ce qui est dit pour ·les �nonc�s est aussi valable pour les formes simples car, .de .. part son origine et son contact continu avec Ie frangais, Ie dialecte poss�de de tres nombreuses formes lexicales qui sont - voisines des unit�s frangaises correspondantes ; il possede aussi des caract�ristiques morphologiques �t syntaxiques qui renvoient • des r�gularit�s bien di str i bu�es au pI an du systeme. En o_utre, -de part sa_ si tuati on sociolinguistique d� code A fonction vernaculaire, Ie dialecte fait constamment et n�cessairement des emprunts non-stigmatisables au frangais pour d.nommer les r.alit�s actuelles. La question de l'�valuation de la discontinuit� linguistique et de l�identification des formes S2 pose donc A tous Ies niveaux maIgr�. I'existence de narmes ext�rieures stables attribu�es au frangais et au dialecte, elle rend nEcessaire de s'int�resser A ce qui peut €tre interpr�table comme "fait d'emprunt". Soit done, par exemple, l'�nonc� (4) "La borne d'incendie, ils disent qu'ils ne la mettent pas parce que •.• il n'y a pas de pression. Le diametre des canalisations actuelles est trop petit". II peut conna�tre de tr�s nambreuses variations entre la forme (5) La borna des�di I di ke 1 i m�:upa I p�d�e ja pa de presjLI I Ie djam�':re de ka,-,ali:::asju akty�.la I es trow pi tj l' donn�e pour du dialecte et racueillie aupres d'un locuteur en �tat de vigilance m�talinguistique, et la forme qui appartient, elle, au niveau Ie plus courant du frangais local. Aussi bien (5) que (6), et� a fortiori� les formulations interm�diaires pourraient, en situation, �tre rapport�es A un discours FVI ou A un discours dialectal ; to�t d�pend de pour quoi il se donne, de qui Ie prof�re et dans quel contexte discursif et situationnel, ce qui r eri vc i e sa d�t.:rmil1atil.Jn catt?lJL:wielle aLI --�----��---- ......... . 't '. � t " contexte de l'interlocution, au plan de la norme 2, l� ou les st�reotypes sociolinguistiques sont interpretables et n�gociables. Mais cette determination categorielle de l'enonce passe aussi par un questionnement sur la d�termination categorielle des formes qu'il contient, soit donc sur la signification et sur la fonction de l'emprunt dans Ie cadre des situations dependantes de ce type de repertoire. �ar l'emprunt est aussi l'objet �e strategies. En tant qu'enonce dialectal, l'exemple (5) pose un probleme : la plupart des lexemes qu'il contient (b rnade sadi, �sju, djamJtr&, kanalizasjLr, - aktye.la, 1\ mj t.up a ) sont soit des formes frangaises plus ou moins dialectalisees -mais pas necessairement plus que dans une discours FVI- soit, comme (Ii m� tu pa >, -des formes reellement dialectales mais suffisamment voisines du fran9ais pour €tre comprises de la plupart des locuteurs fran9ais monolingues du lieu. Comment interpreter les formes frangaises dialectalis�es? S'agit-il de code switching (formes "fran9aises" inserees dans Ie discours dialectal> ou d'emprunts (formes "fran9aises" int�gr�es dans Ie code dialectal) ? Incependamment des difficult�s techniques (declenchage, droit a l'erreur, accommodation) dues a l'interference d'autres determinismes (1), 1a reponse � cette question est liee aux crit�res d'analyse: l'emprunt fait appel au code, Ie esc fait appel au repertoire et a l'evaluation des fonctions enonciatives et sociolinguistiques en jeu dans l'interlocution. Dans Ie contexte da I'enqu@te qui avait permis I'enregistrement du corpus (Nicolai, 1973) dont l'exemple est issu (2), une consigne avait ete donnee de ne s'exprimer qu'en dialecte. L'identification comme emprunt int�gre des formes fran9aises dialectalisees allait donc de soi puisque Ie repertoire etait limite a un seul code mais, en l'absence de cette consigne, la reconnaissance da cas formes en tant qU'emprunt integre n'aurait pas et� possible parce que, justement, l'alternance est une possibilit� discursive normale de la communication pour cette communaut� qui connait les deux codes dans son repertoire. En cons�que�ce la pro�uction d'un forme issue du fran9ais dans ce discours a do�inante dialecta!e ne peut �tre identifiee que par rapport au prcc�s d'interpr�tation qu'en font les interlocuteurs eu egard a leurs strategies discursives particulieres qui n'interdisent ni de laisser la question indeterminee, ni de categoriser comme strategie significative Ie fait de laisser la question indaterminee. On distinguera donc (en plus du CSC) entre deux possibilit�s : l'emprunt linguistique et l'emprunt discursif. (1) Eux-m�mes s�miotisables, et donc utilisables strategiquement, ce qui complique Ie probl�me. (2) Ce m�me exemple nous a aus5i servi dans Nicolai (sous pressel . . . ',. .. . • L'emprunt linquistique renvoie a traditionnelle de l'emprunt considere comme une etrang�re integree: c'est un enrichissement du repertoire. la definition forme d'origine code et non pas du L'emprunt discursif renvoie, dans un discours A dominante discursive Cl, A l'actualisation de �ormes d'un autre code C2 quand C2 est aussi l'un des codes du repertoire commun que sont censes conna1tre les interlocuteurs. Cet emprunt discursif n'est ni du" CSC (car il n'introduit pas un effet de sens et n'en resulte pas non plus) ni un emprunt linguistique (puisqu'il ne correspond pas A l'integration d'une forme dans Ie syst�me) ; il renvoie tout simplement a l'exploitation normale du repertoire des interlocuteurs A des fi�s informationnelles independamment de toute reflexivite discursive sur son emploi (1). La distinction entre emprunt et effet du CSC dans un tel contexte fait donc appel aux choix classificatoires, semiotiques et semantiques que font les interlocutsl..lr"s puisque d'une part, Ie CSC renvoie a la mise en oeuvre d�un effet de sens en tant que presentatio� particuli�re de l'enonciation et, d�autre part, l'emprunt renvoie a 1a transmission la plus ad�quate possible de I'information vehiculee par Ie. contenu du message qui, de toute fagon, est pris en charge par l'enonciation. En l�absence de categorisation particuli�re, �n a un emprunt discursif pour lequel l'attribution d'une appartenance cat�gorielle a l'un ou l'autre code en presence n'est pas pertinente et peut rester indeterminee. En conclusion, l'identification d"une forme donnee en tant qu'emprunt linguistique, emprunt discursif ou fait de CSC dans les types de situation que nous decrivons ne peut �tre faite que par les locuteurs qui Ia categorisent ainsi et ne peut �tre inferee qu"a travers une interpretation qui prend en charge l'etat des cheses affdrant a sa production. II n'existe pas de crit�res formels pour cette attribution, seulement des "pretextes formels". Teutefois, si les interlocuteurs utilisent l'emprunt de discours afin de creer une effet de sens (c'est-a-dire s'ils introduisent une reflexion discursive sur l'emploi et la categorisation de l'emprunt de discours) alors celui-ci se transforms en code switchi�g et ,son attribution categorielle n'est plus ind�termin�e : Ie registre de son emploi est alors thematise. 5. Questions. Ces reflexions nous auront aide a mieux situer Ie CSC, ou un type de CSC, parmi les phenom�nes d'alternance en tant qu'il actualise des strategies stylistiques; il devient possible, en (1) Cela n'interdit evidemment pas de faire du CSC sur des enonces qui contiennent des emprunts linguistiques ou discursifs ou comme sur des enonc�s qui n'en contiennent pas. s'appuyant sur quelques crit�res qui portent sur la gestion du r�pertoire, sur I'approche des strat�gies enonciatives et sur Ia th�matisation potentielle des registres, de I"isoler et de distinguer entre les faits qui entrent dans sa cat�gorie et les autres, tels l'accommodation qui, parfois, se manifeste aussi par une strat�gie d'alternance. Elles nous auront egalement permis de developper quelques consid�rations s�r la construction des effets de sens en gen�ral, sur la variabilite des categorisations introduites par Ies locuteurs, sur Ie traitement de l'ambiguit� des formes et sur l'ind�termination des interpretations. La construction des effets de sens s'appuie sur Ie proc�s de thematisation lequel concerne autant les descripteurs que les protagonistes des �changes decrits. Qui que ce soit qui thematise, il thematise sar Ie discours produit et se produisant : on ne peut pas �arler de production langagi�re sans thematiser Ia production langagi�re. En consequence, on ne peut pas etudier une situation langagi�re sans construire �n me-me temps ce qu'on veut etablir, est-ce g@nant ? Tout depend de ce qui est recherche. C"est g@nant si on veut prouver/montrer I'existence de f�its positivement identifiables ; ce ne I'est pas si on veut tout simplement reconna�tre I'existence de processus de construction de faits, donnes comme positivement identifiables et desquels nous sommes partie prenante. Dans ce cas on ne projette plus d'objectiver des structures mais de mocelis2r des comportements a partir de quelques point stables et il est m@me possible que des procedures experimentales puissent @tre utiles pour �valuer la validite de mod�les descriptifs: l'Experimentation porterait alors sur I'appropriete du modAle. En contrepoint, ces reflexions conduisent a souligner I'importance du proc�s d"enonciation dans Is transformation des codes. Ainsi, ON, fait dL.: discours avec de la langue et ON. fait de la langue avec du discours face aux presupposes saussuriens du premier membre d2 cet aphorisme Ie second op�re une transformation, car, quelle que soit la nature du ON. il est situable, et produit non pas un discours dont la saisie echappe au cadre epistemique de l'analyse ..a=g""'e::..._--=e-=t::...__S=o-=c;..;;i'--'e"-t ........... e , 35, pp. 33-66, 1986. Sens commun, Bulletin du CEP, 9, 1987. 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