exclu du prêt Université de Nice INSTITUT D'ETUDES ET DE RECHERCHES INTERETHNIQUES ET INTERCULTURELLES I D E R I C L'ETUDE DES EFFETS DE LA FORMATION SUR LES TRAVAILLEURS IMMIGRES (REINTERPRETATIONS DIALECTIQUES D'UN PROCESSUS D'ACCULTURATION) G.Ztiy- 3.-4 - 1 - AVANT-PROJET DETAILLE DE CONVENTION DE RECHERCHE Objet de la convention demandée : Enquête sur l'étude des effets de la formation sur les travailleurs immigrés. Maître d'oeuvre : 1.- Organisme de recherche : Institut d'Etudes et de Recherches Interethniques et Interculturelles 31, Rue Verdi -06- Nice Tél : 87 00 93 2.- Centre ou laboratoire exécutant la recherche : Institut d'Etudes et de Recherches Interethniques et Interculturelles (Groupe de Psycho-sociologie de la formation et d'Anthropologie co- gnitive et Centre Associé de Formation aux Relations Interethniques) 34, Rue Verdi -06- Nice Tél : 87 01 75 Responsable : Monsieur Michel ORIOL, Maître-Assistant à l'U.E.R. Lettres et Sciences Humaines de Nice. Directeur du Centre Associé de Formation aux Relations Interethni¬ ques (C.A.F.R.I.) Durée de la Convention : 30 mois Dépense à la charge du C.O.R.D.E.S. 310942, 59 (trois cent dix mille neuf cent quarante deux francs, cinquante neuf centimes)• Dépense totale : 310942, 59 , sauf contribution éventuelle de la Direction de la Formation Permanente. -o-o-o-o-o-o- ft. h%î% - 2 - I.- JUSTIFICATION DU PROGRAMME DE RECHERCHE PROPOSE. 1.- Objectif général de la recherche. 1.1. L'étude socio-économique de l'immigration est généralement conduite d'un point de vue unilatéral, celui de la société d'accueil (ou plutôt de sa classe dominante). Motivée par l'acuité, l'étendue et l'urgence des "pro¬ blèmes sociaux" que pose ce phénomène, elle se concentre sur l'analyse des conditions d'un ajustement à la société industrielle, à l'environnement ur¬ bain, à la "modernité". Les traits induits par la culture d'origine sont considérés comme obstacles, freins, ou, parfois, signes de la vocation pri¬ vilégiée d'un groupe à l'assimilation : ils ne sont pas considérés comme les bases originales de restructurations mentales et sociales dans le cadre d'une interaction entre populations hétérogènes (1). Un tel ethnocentrisme nous semble particulièrement susceptible d'être mis en évidence dans la façon dont sont conçus, organisés et mesurés les programmes de formation des travailleurs immigrés. 1.2. Pour le comprendre, et, éventuellement, le modifier, il ne s'agit pas, néanmoins, de verser dans le "psychologisme" ni dans le "pédagogisme". Il est possible de transposer la notion d'échange inégal de l'analyse écono¬ mique à l'étude des conditions d'acculturation. L'ethnocentrisme des mé¬ thodes et des critères utilisés dans la formation n'est, de ce point de vue, qu'une intériorisation, soit en termes de normes organisationnelles, soit en termes de valeurs émotionnellement ressenties dans la dynamique concrète des échanges interindividuels, de la structure du marché international de l'emploi (2). (1) On peut considérer, de ce point de vue, que la recherche de "seuils de tolérance", c'est-à-dire du taux d'immigrés d'une origine donnée rece- vable sans conflits aigus dans un contexte social défini, relève d'une de¬ mande sociale hâtive, et hantée par l'imminence de "désordres", plutôt que d'une problématique énoncée en termes sociologiquement rigoureux. (2) Nous renvoyons ici aux analyses qui ouvrent le rapport présenté par Michel Marie et José Rodriguez Dos Santos : "Société française et travail¬ leurs immigrés" - (Paris, Août 1971).Notamment le déplacement y est défini comme "la forme spécifique de l'adaptation de la force de travail aux be¬ soins concrets, particuliers, changeants du capital". • • • /.. - 3 - 1.3. Or, précisément parce qu'il ne remet pas en question le caractère "normal" de la structure socio-économique de domination au sein de laquelle il exerce son activité, le formateur "moderne" s'interdit de comprendre et de rectifier sa propre pratique. Il demeure enfermé dans une logique du "dedans" et du "dehors", de l'acceptable et de 1'inassimilable, qui ne lui permet pas d'introduire, à titre régulateur, la notion d'une réciprocité de perspectives. Bien entendu, cet ethnocentrisme peut prendre des expressions "vul¬ gaires", déjà largement étudiées (bien que difficiles à combattre, puisqu'¬ elles dépendent d'inégalités et d'exploitations situées à un niveau macro¬ économique) : c'est l'expression de stéréotypes négatifs à l'égard des immi¬ grés (paresse, incapacité d'abstraction, etc...). Mais nous pensons qu'il importe de le mettre en évidence dans les procédures plus subtiles et appa¬ remment rationnelles d'évaluation (3) des effets de formation. Nous pensons montrer, entre autres, que l'emploi des instruments psychométriques communément tenus pour rigoureux, peut aboutir à des cons¬ tats (mauvaise sélection des formés, caractère trop difficile du programme, etc...) qui sont tout à fait inadéquats par rapport au facteur fonfamental de dysfonctionnalité î absence de prise en considération de la spécificité des besoins, des attentes, des perceptions, des conceptions que le migrant a élaborés en fonction de son origine culturelle d'une part, et, d'autre part, de son parcours et de son environnement communautaire dans la société d'accueil. C'est seulement en ces termes qu'il nous semble d'ailleurs possible de définir la "fonctionnalité" d'une formation : non pas seulement par la production d'une qualification faible et immédiatement utilisable dans le cadre de tel type d'entreprises, mais aussi par le développement de compé¬ tences techniques et scientifiques élémentaires qui soient retransmissibles au sein de la communauté d'origine (4). 1.4. De nombreux économistes ont montré que les sociétés développées tendent à résoudre leurs contradictions internes en développant des contra¬ dictions accrues entre le "centre" et la "périphérie" de l'économie mondiale. (3) Nous utilisons ce terme au sens où le prennent les spécialistes d'économie de l'éducation. C'est, selon la définition proposée par des ex¬ perts de 1'UNESCO "la mesure des résultats d'un programme ou d'une activité de formation en fonction des objectifs qui lui avaient été assignés". (4) La plupart des immigrés seront amenés à retourner dans leur pays d'origine. Une formation adaptée à cette situation doit donc être transpo- sable d'une culture à l'autre. Cela n'implique pas simplement, pensons-nous, une adaptation des thèmes ou du matériel pédagogique, mais exige une véri¬ table redéfinition de ses objectifs et de son organisation, notamment les "évidences" propres au rationalisme analytique qui est à la base de notre conception de la division du travail, doivent être remises en question, à partir de l'image qu'en ont les immigrés. - 4 - Notamment, la migration tend à résoudre la contradiction entre les besoins du développement technologique (multiplication des tâches exigeant peu de qualification, facilement substituables) et le type de force de tra¬ vail produite par le développement (production d'une force de travail hau¬ tement qualifiée). Nous proposons d'analyser la formation institutionnalisée du tra¬ vailleur immigré comme le champ où cette contradiction se trouve déplacée, sans s'abolir, vers le terrain des relations entre culture dominante et cul¬ tures dominées. ... /.. - 5 - 2.- Situation actuelle du projet de recherche 2.1. Par rapport aux travaux antérieurs du centre de recherches Une équipe de l'IDERIC (Raymond ECHES, Michel ORIOL, Paul WALD) a conduit pour le compte de l'UNESCO, de fin Novembre 1969 à Avril 1971 (plusieurs missions d'un total de 7 mois) une enquête relative à une opération d'alphabétisation fonctionnelle dans une coopéra¬ tive de Tunisie. L'objet général traitait des conditions de la récep¬ tion du message technico-scientifique dans une population analpha¬ bète. Quatre thèmes principaux ont été exploités : - méthodologie des études de milieu, nécessaires à l'adéquation des méthodes et des programmes de formation en milieu dits "tradi¬ tionnels" (Rapport remis mais actuellement non diffusé) - la formation et les structures sociales, notamment les structures de parenté - inventaire du stock cognitif des adultes analphabètes, par le biais de l'étude des opérations relatives à la classification botanique et aux relations de parenté Ces deux derniers thèmes feront l'objet de publications ultérieures. Michel ORIOL a organisé, pour le compte du CAFRI, une session multidis- ciplinaire tenue en Décembre 1970 à Paris, consacrée aux rapports entre recherche fondamentale et alphabétisation fonctionnelle (à paraître en 1973). Il a présenté et rédigé le rapport général du Colloque sur la Forma¬ tion des coopérants tenu en Avril 1972, organisé par la Commission Nationale pour la Recherche Interethnique (à paraître en 1973). En outre, le CAFRI est intervenu au titre d'activités de consultation ou de formation, pour de multiples organismes spécialisés dans la for¬ mation des adultes issus de nombreux "traditionnels" (B L A C T et Bureau de Formation des adultes au sein de la Coopération, C L A P - Comité de Liaison pour l'Alphabétisation et la Promotion -, Maison de la Promotion Sociale de Grenoble, etc...) 2.2. Par rapport aux travaux existants et à l'état de la connaissance en France et à l'étranger La situation actuelle est caractérisée par un défaut de coordination entre disciplines différentes, d'une part, et, d'autre part, entre re¬ cherche fondamentale et recherche appliquée. 2.2.1. On assiste depuis quelques années : 2.2.1.1. à un développement de l'ethnologie cognitive, c'est-à- dire à la comparaison interculturelle des processus de perception, de catégorisation, de conception, d'acti¬ vité opératoire, etc... (5) (5) ECHES (Raymond) et "WALD (Paul) . Les Mécanismes socio-psychologiques sous- jacents à l'alphabétisation fonctionnelle en TUNISIE. Rapport intérimaire à l'UNESCO . Septembre 1971 . - 6 - Ceci va dans le sens d'une remise en cause plus générale, par l'importance accordée aux facteurs cognitifs.,de l'extension abusive des interprétations à base d'analyse de motivations. 2.2.1.2. D'autre part, se développe un intérêt croissant pour l'analyse économique des transferts et des migrations de population dans le cadre d'un examen de la "mondia¬ lisation" de l'économie. 2.2.1.3. Mais ces deux types de recherche ne s'articulent nulle part parce que, sans doute, les unes remettent en cause le caractère universel du modèle "occidental" du savoir, alors que les autres constatent l'accroissement des ef¬ fets de dépendance des pays dits "sous-développés" à l'égard des états industriels qui connaissent un rythme accéléré de progrès technologique. Aussi, les unes sont elles en général de caractère monographique, les autres conçues dans une perspective macro-sociale et macro¬ historique, de telle sorte que les méthodes utilisées impliquent une ignorance mutuelle des résultats obtenus et des convergences possibles. Seule une situation de recherche appliquée à un niveau institutionnel semble devoir poser le défi de rendre ces approches complémentaires. 2.2.1.4. Mais les recherches pédagogiques relatives à la formation des adultes issus de milieux "traditionnels" demeurent le plus souvent limitées aux programmes organisés dans le "tiers-monde", et, même en ce cas, elles demeurent le plus souvent dans les limites d'un empirisme utilitaire (soit dans la tradition anglo-saxonne de la recherche des "felt needs" dans le cadre des "community studies" (6) soit au sein des organisations internationales, dans le sens d'évaluations privilégiant des critères économiques à court terme). 2.2.1.5. Il est à remarquer que les études critiques relatives aux effets de la scolarisation en France ne prennent guère en considération le phénomène de reproduction de la domination culturelle. Il y a donc beaucoup de matériaux disponibles dans divers champs scientifiques, mais la problématique capable de poser les questions relatives à leur systématisation est encore embryonnaire. (6) Pour la critique de ces conceptions de la formation, voir Albert MEISTER : Développement Communautaire et Animation rurale en Afrique "l'Homme et la Société" - 1970-1971 - n°18. 19. 20 - 7 - 3.- Programme de la recherche. 3.1. Formulation des problèmes. 3.1.1. Nous nous proposons de prendre, comme thème initial la détermi¬ nation des effets de la formation institutionnalisée sur un certain nombre de populations de travailleurs immigrés. Partant ainsi d'une pratique sociale bien définie, accomplie dans un cadre institutionnel limité, nous serons amenés à prendre en considération des facteurs macro-économiques et macro-sociaux, dont l'effet est difficile à déterminer directement par l'étude de populations re¬ lativement mal définies en termes statistiques. 3.1.2. En ce qui concerne la formation institutionnalisée, nous for¬ mulons trois hypothèses directrices. 3.1.2.1. 1ère hypothèse ï la régulation de la formation institution¬ nalisée est inadéquate, donc inefficace, parce que les instruments qu'elle uti¬ lise sont intérieurs à la société d'accueil (examen critique des procédés et des effets des procédures d'"évaluation" accomplies, soit par l'équipe chargée de la formation, soit par des organismes de tutelle). 3.1.2.2. 2ème hypothèse : le message technico-scientifique ne peut être reçu que dans des conditions telles qu'il soit reformulé par rapport à une structure cognitive (7) qui est culturellement déterminée. 3.1.2.3. 3ème hypothèse : la situation de formation induit des ef¬ fets qui peuvent être largement indépendants du contenu des programmes et dépen¬ dent de la nature des relations sociales entre le formateur et le formé. Ce ty¬ pe d'effets concerne plus spécifiquement la perception de la hiérarchie dans le cadre des entreprises, que le migrant élabore à partir des modèles sociaux de référence, empruntés à sa propre culture, et qu'il doit interpréter à partir des justifications "fonctionnelles" que la société d'accueil élabore. 3.1.3. L'interprétation des données recueillies pour la vérification de nos hypothèses, nous conduira à prendre en considération un champ d'inves¬ tigation plus large, par rapport auquel la formation institutionnalisée est sus¬ ceptible de trouver l'intelligibilité et, donc, la régulation de ses effets. Il s'agit, notamment, pour autant qu'on puisse le déterminer a priori - de l'analyse des caractéristiques des travailleurs immigrés anté¬ rieure à leur arrivée : traités culturels généraux, et cognitifs en particu¬ lier, initiation antérieure à la "modernité" par le fait de la vie en milieu ur¬ bain, projets relatifs à la migration. - de la nature des interactions entre formation institutionnalisée et socialisation globale, au sein de la "sphère de la production" (formation "sur le tas") et de la "sphère de la reproduction" (conflits entre le maintien de l'identité culturelle, au sein de communautés plus ou moins culturellement homo¬ gènes, et l'apprentissage progressif des rôles et des statuts caractéristiques de la société d'accueil.) (7) Nous rappelons que nous entendons par là, en un sens dérivé des travaux ex¬ périmentaux de Piaget et Bruner, le système relativement transposable des schèmes organisateurs de la perception, de l'imagination, de la conception, de la symbolisation. - 8 - 3.2. Méthodes d'investigation. Il conviendra de distinguer deux types généraux de méthodes à uti¬ liser, correspondant aux deux domaines d'investigation précédemment définis : * une combinaison d'étude socio-organisationnelle et d'analyse expérimentale (notamment socio-linguistique) pour la mise à l'épreuve, au sein des institutions, des trois hypothèses précédemment formulées. * une approche ethnographique pour atteindre un champ de vérifica¬ tion élargi et approfondi. 3.2.1. Les premières procédures font référence à la méthodologie générale de l'étude des processus de communication. Cari Hovland montrait, il y a quelques années, que les recherches relatives aux attitudes consécutives à la réception d'un message aboutissait à des résultats dont le caractère con¬ tradictoire provenait essentiellement du type de méthode employée : soit l'analyse expérimentale, soit l'enquête de terrain (5). Il proposait, pour réduire ces écarts, un usage alterné de ces deux types d'approche, alliant à la "portée conceptuelle des modèles utilisés dans l'enquête", la "rigueur" des analyses de laboratoire. C'est ce type de préoccupation qui orientera l'ensemble de notre démarche, dans l'analyse des champs sémantiques, des structures de communica¬ tion et des pratiques sociales induits par les uns et les autres. Pour évaluer l'impact de la formation sur les sujets qui y sont soumis, on prend comme variable les caractéristiques relatives a la réémis¬ sion du message par les sujets. Deux possibilités sont alors concevables : * ou bien comparer le message émis au message réémis. Le critère d'optimalité est alors mesuré par des indices de proximité et de compatibilité, c'est-à-dire des critères internes à l'institu¬ tion de formation. L'usage que les formateurs sont susceptibles de faire de telles épreuves doit nous conduire à vérifier notre première hypothèse : nous supposons qu'en tout état de cause, ils les interpréteront dans le sens favorable aux modalités de contrôle socio-pédagogique déjà en vigueur dans l'établissement (tests, examens, etc...) sans remettre en question la matière de leur activité de formation. * ou bien trouver des critères d'optimalité extérieurs à l'ins¬ titution (capacité de réémission du message en langue mater¬ nelle en situation où il est socialement motivé). Nous analyserons alors l'effet différentiel des contenus et l'ef¬ fet des conditions d'émission des messages technico-scientifiques sur les compétences qui en dérivent. (5) Cari HOVLAND : "Essai d'intégration des résultats contradictoires obtenus dans les expériences de laboratoire et les enquêtes sur les chan¬ gements d'attitudes". F. Chazel, R. Boudon, P. Lazarsfeld "L'Analyse des Processus Sociaux" .../.. Paris. Mouton.1970 : 297-311 - 9 - Enfin, nous pouvons, pour mettre en évidence les effets de La formation sur les attitudes relationnelles (nécessairement modulés par des traits culturels différents de groupe à groupe) comparer aussi systématique¬ ment que possible les modalités de perception des relations d'autorité et les pratiques concomittantes, selon que les sujets ont été ou non scumis à des actions de formation. Nous pouvons donc, sans entrer dans le détail des techniques socio et psycho-linguistiques requises pour l'analyse des messages émis et reçus, résumer nos procédures de vérification des hypothèses fondamentales dans le tableau suivant : Type de ^s^ariable Nature de l'hypothèseX^ Variables Indépendantes Variables Test Variables Dépendantes Vérification de la 1ère hypothèse Variables struc¬ turelles (émis¬ sion des messa¬ ges) Variables analy- tyques (réception des messages) Variables structu¬ relles (modes de r< gulation de l'ins¬ titution) Vérification de la 2ème hypothèse Variables glo¬ bales (traits cul¬ turels spécifiques Variables struc¬ turelles (nature des programmes) Variables analy¬ tiques (réémission des messages par les récepteurs) Vérification de la 3ème hypothèse Variables struc¬ turelles (parti¬ cipation des su¬ jets aux institu¬ tions de formation' Variables globales (moiÊLes culturels spécifiques) Variables analy¬ tiques (perception de la hiérarchie et pratiques concomi¬ tantes) 3.2.2. Pour resituer les constats et les mesures effectués dans la première phase dans un contexte social global, seules les méthodes ethnogra¬ phiques nous semblent essentiellement réalisables. En effet, toute procédure d'échantillonnage serait fallacieux au regard de la limitation des ressour¬ ces statistiques, et les instruments d'investigation traditionnels dans l'en¬ quête liée à la culture "occidentale" (notamment le questionnaire) comportent des présupposés relatifs à l'autonomie des sujets individuels, à la dissymé¬ trie de l'échange dans la relation enquêteur-enquête qui n'ont généralement aucun sens par rapport aux caractéristiques sociales des communautés étudiées. Nous utiliserons donc l'observation participante (au sein des grou¬ pes naturels) le recueil d'histoires de vie, éventuellement des panels si les conditions de recueil de l'information le rendent possible (suivre un groupe pendant une partie de son parcours en France). .../.. - 10 - 3.2.3. Il convient de préciser que, dans la mesure où à nos yeux, ces deux types de méthode sont complémentaires, le recours à l'expérimenta¬ tion sur le terrain n'est pas exclu (en utilisant des épreuves à base socio- linguistique) . De même, pour vérifier les interprétations obtenues par l'étude ethnographique, le recours à des procédures expérimentales est envisagé (variations contrôlées de la formulation des messages, de la nature de la relation formateur-formé, etc...)^ 3.3. Champ d'observation. La région d'Aix-Marseille nous a semblé constituer un champ d'obser vation privilégié pour notre étude. En effet : * d'une part, la concentration de la population immigrég déjà im¬ portante, est appelée à s'accentuer du fait du développement de la vocation industrielle de cette zone, dans le cadre de l'aménagement du territoire. * d'autre part, il y existe de multiples institutions de formation, fcentre de préformation de Marseille, centres de F.P.A., etc...) dont la con¬ joncture va accentuer le rôle et le nombre. Les observations conduites dans la région d'Aix-Marseille, pourront néanmoins être complétées et mises à l'épreuve par les leçons tirées des actions expérimentales de formations permanentes en milieu immigré, actuelle ment en cours d'organisation à Nice avec la participation du CAFRI. Enfin, les nécessités de l'enquête ethnographiques portant sur les communautés et leurs spécificité s culturelles, pourront amener les chercheurs à élargir occasionnellement l'aire où se situeront les immigrés observés. 3.4. Echelonnement des opérations dans le temps. Les opérations peuvent s'étaler sur une période de trente mois, décomposés de la façon suivante : * dans une première tranche de neuf mois, analyse et évaluation des actions de formation institutionnalisée dans la zone d'Aix-Mar¬ seille et dans la région niçoise * dans une deuxième tranche de neuf mois, analyse des communautés, histoires de vie, éventuellement panels nécessaires à l'interpré¬ tation des données recueillies dans la première phase * dans une troisième tranche de neuf mois, les matériaux traités dans le cadre de l'analyse des structures cognitives et les cons¬ tats ethnographiques et cliniques feront l'objet d'une mise en relation faisant directement et expérimentalement référence aux pratiques socio-pédagogiques. * trois derniers mois, mise au point et travail de rédaction du rap port final. -o-o-o-o-oo- 4.- Conséquences attendues de la recherche. 4.1. Pour le progrès des connaissances scientifiques. Nous considérons qu'actuellement, les phénomènes d'impérialisme sont fort bien étudiés au point de vue économique et fort mal au point de vue des idéologies. Et notamment, les grandes théories qui ont été formulées sont ou bien celles, d'inspiration positiviste, d'un progrès linéaire de la con¬ naissance dont les travaux de Lévy-Bruhl ont été la dernière expression, ou bien les analyses de type structuraliste. Les premières sont largement dé¬ criées du point de vue scientifique, mais se toruvent en réalité conformes à l'idéologie implicite qui gouverne les pratiques de formation où l'on con¬ sidère toujours que le passage de la tradition à la modernité implique une hiérarchie verticale et unilatérale. Quant aux analyses structuralistes, elles portent sur des aires culturelles extrêmement étendues et comportent un système d'hypothèses dont la généralité tend davantage vers des élaborations philosophiques que vers des vérifications rigoureuses. Nous pensons que c'est l'étude des interactions à la fois des mo¬ dèles cognitifs et des modèles d'organisation sociale, qui peut permettre sur ce point de relativiser les modèles occidentaux de "rationnalité", et par conséquent, l'enjeu profond de cette recherche est de situer dans une pers¬ pective relativiste la connaissance scientifique occidentale elle-même. 4.2. Pour la politique économique et sociale. Il s'agit de mettre en évidence la nécessité d'une réciprocité de perspective dans l'examen des situations de formation et d'apprentissage, ce qui implique une décentration dans les programmes de formation de formateurs. Ceci risque non seulement de concerner les outils d'évaluation (tests psy¬ chologiques) dont l'étalonnage est largement ethnocentrique, mais aussi bien la formation des personnels de F.P.A., etc.., et même la formation générale des personnels enseignants. Tout se passe comme si la tâche d'intégration na¬ tionale qui fut celle de l'école au XIXème siècle, continuait d'être l'objec¬ tif unique et fondamental j dans une situation où l'école, ainsi que tous les autres lieux de formation, deviennent de plus en plus communément, au contraire, des occasions privilégiées d'apprentissage de la relation inter¬ culturelle. Il s'agit donc de voir dans quelle mesure la formation des immigrés peut être aussi, d'autre part, formation de la population d'accueil et auto¬ formation, en liaison avec l'impossibilité de concevoir une politique d'as¬ similation massive telle que celle qui fut à la base de l'identité natio¬ nale à partir du XVIIème siècle en France ou du XIXème siècle aux Etats- Unis. - 12 - 5.- Moyens scientifiques à mettre en oeuvre. 5.1. Moyens du laboratoire. Equipe de chercheurs constituant le groupe de psycho-sociologie de la formation et d'anthropologie cognitive (GPSFAC) travaillant au sein du Centre associé de formation aux relations interethniques (CAFRl) dans le cadre de l'Institut d'Etudes et de Recherches Interethniques et Intercultu¬ relles (IDERIC), 34 Rue Verdi -06000- Nice. Le Directeur du CAFRI : Monsieur Michel ORIOL (Maître-Assistant en Sociologie). Les collaborateurs de 1'IDERIC travaillant dans le GPSFAC : * M. Raymond ECHES (Assistant de Sociologie) * M. Paul WALD (CNRS) * M. Jean-Pierre ZIROTTI (Assistant de Sociologie) Une secrétaire à mi-temps : Melle Marie-Josée BABONNEAU. Travaux en cours : 1) M. Oriol.*La représentation de la nation dans les groupements (Thèse de Doctorat d'Etat). *Est-il encore concevable que l'Education soit natio¬ nale ? (A paraître dans les publications du Centre d'Etudes de la Civilisation Contemporaine). 2) M. Eches : Contribution des méthodes de l'anthropologie sociale à l'étude du milieu comme préalable au lancement de toute opération d'alphabétisation et d'éducation en vue d'un projet spécifique de développement économique (Thèse de HI° cycle) 3) M. Wald : Recherches sur la conceptualisation, et, notamment, sur la réalité psychologique de l'organisation des lexiques (Projet CNRS). 4) M. Zirotti : Acculturation à l'Ecole des enfants des groupes mi¬ noritaires et d'immigrés. 5) Travail du groupe : a) Concept de modernité dans la recherche sociologique sur le Tiers-Monde : Problèmes d'enquête b) Ecole et acculturation. Problèmes de l'intégration scolaire des immigrés et des minorités. c) Etude des classifications (Parenté - Ethnoscience). 5.2. Moyens scientifiques à mettre en oeuvre. 5.2.1. Moyens matériel de recueil et de traitement de l'information. Documents ; photocopies ; fongible J magnétophones ; bandes magnétiques j pellicules photographiques. - 13 - 5.2.2. Moyens en personnels de recherche. 5.2.2.1. Responsable de la coordination des recherches : M. Michel ORIOL, Maître-Assistant à 1'U.E.R. Lettres et Sciences Humaines de Nice : trois heures complémentaires. 5.2.2.2. Enquêteurs à plein temps : ✓ * Gilbert BEAUGE : Maîtrise de Sociologie Mémoire : "Comportement de prise de risque et niveau de déculturation. Etude expérimentale sur une population d'enfants tziganes scolarisés". * Monique EHRLICH : Maîtrise de Sociologie Mémoire : "Projet de vie et déculturation chez les en¬ fants tziganes". * Jocelyne STREIFF : Maîtrise de Sociologie Mémoire : "Etude génétique de 1'aperception des consignes sociales chez des enfants de Harkis (Hameau de Valbone)". 5.2.2.3. Pour une période de trois mois, deux vacataires parlant la langue des populations étudiées. 5.2.2.4. Une secrétaire à plein temps pour une période de six mois. ... /.. - 14 - MOYENS DEMANDES POUR L'EXECUTION DU PROGRAMME 1°. Frais généraux d'administration Allocation forfaitaire de gestion IDERIC (6%) 17 966 2°. Missions Evaluation globale 13 500 3°. Salaires a) personnel permanent nombre Grade, classe, niveau, qualification TOTAL 3 Enquêteurs (maîtrise de 30 Mois 252 741 sociologie) indice 277 catégorie 1D - 1er éche¬ lon 1 Secrétaire technique 6 Mois 12 966 documentaliste (indice 237) b) personnel rémunéré sur vacations (évaluation globale) 12 217 4°. Dépense d'équipement (deux magnétophones) 4 000 5°. Dépenses de publication 4 000 TOTAL GENERAL 317 390