F" Année LE BEAU NAVIRE REVUE DE LA POÉSIE 10 Novembre 1934 POÈMES DE FERNAND MAZADE - ANDRÉ SALMON PHILIPPE CHABANEIX LE BEAU NAVIRE ou BAUDELAIRE MARITIME par YVES-GÉRARD LE DANTEC Ca numéro : 2 fi». 50 LE BEAU NAVIRE REVUE DE LA POÉSIE Parait dix fois l'an Le Rédacteur en chef : MAURICE CHAPELAN et les Secrétaires de la Rédaction : ROBERT HOUDELOT et LUCIEN BASTARD reçoivent le ier et le f Samedi de 4 h. à 6 h. au Siège de la Revue : 19, Rue Bellier-Dedouvre, PARIS (XIII1 ABONNEMENT ANNUEL FRANCE : 20 francs. ÉTRANGER : 30 francs ÉDITION DE LUXE sur Japon tirée à 21 exemplaires numérotés vendus par abonnement : 80 francs. Les signataires sont seuls responsables de leurs articles. Les manuscrits ne sont pas rendus. LE BEAU NAVIRE ne publie que de l'inédit. Reproduction et traduction interdites pour tous pays. — POÈMES LE MARIN L'arbre qu'en ce moment le jardinier recèpe Avait poussé deux fois des feuillages nouveaux, Deux fois a fermenté dans le sein des cuveaux Le raisin entamé par la grive et la guêpe, Et l'automne deux fois a mordoré le cèpe Aux pentes de la sylve où juchent les corbeaux, Depuis que je n'ai plus, le soir, sous vos flambeaux, Mangé la venaison, la châtaigne et la crêpe. Vivez heureux : vivez comme si votre fils N'avait pas vers des caps lointains largué la toile; Et ne songez à moi que le jour d'Adonis. Mais lorsque, par les nuits sans lune et sans étoiles, S'élanceront sur l'eau la foudre et son tambour, A l'Amour demandez de protéger ma voile : Et vous me reverrez aux fêtes de l'Amour. LE BEAU NAVIRE — BARCAROLLE Vous me reverrez, je le crois; Mais le caprice emplit le monde ; L'énigme des mers est profonde, Et la foudre tombe parfois. Lorsque nous quittâmes Athènes, Si vermeil que fût le matin, Le temps paraissait incertain Autour des îles incertaines. Nous partîmes, ce matin-là, Sur un bateau chargé de branches. Les voiles volaient, toutes blanches : Il n'ëst de certain que cela. Toutes blanches volaient les voiles! Et, depuis ce matin vermeil, Mes jours n'ont plus eu de soleil, Et mes nuits n'ont plus eu d'étoiles. Fernand Mazade. — POÈMES FRAGMENT DE SAINT ANDRÉ André tu as échappé aux mercantis Tu as par un miracle dernier échappé au culte des abrutis Tu as échappé à la boutique et à la boîte à outils Tu as échappé aux horreurs roses de Saint-Sulpice Tu n'as jamais été un saint de Foire au Pain d'Epices Tu es un grand saint à l'abri des dévotions spéciales Et tu peux tout guérir sans te particulariser par la rage ou la gale Tant que je suis aise à me croire bien seul Pour attendre de toi ces haillons de Ciel qui seront mon linceul Tu as si peu de figures à l'église Que pour atteindre à toi Comme du plancher au toit La prière vers toi doit monter en spirales Vers ta vie éternelle au-dessus de la Croix où ton maître agonise André tu as échappé au plâtre, au badigeon Plus heureux, plus assuré en dignité, en noblesse, vrai¬ ment plus heureux LE BEAU NAVIRE — Que tant de pauvres saints pour le Tir aux Pigeons Outre qu'ils sont mangés des freux André tu es resté tout nu Et te voici tout nu resplendissant comme un Roi Mage On ne fait que rarement commerce de ton image De ton martyre, André, on tire peu de revenu Tu n'es nulle part dans les boutiques Et l'on n'a pas abusé de toi dans les basiliques Soit en peinture Soit en sculpture A cause faut-il croire De cette croix de gloire Signe rafraîchissant Et signe éblouissant De toute la nature André tu n'as pas écrit et tu n'as pas davantage combattu Tu n'as posé ni pour les peintres ni pour les sculpteurs Et tu ne favorises ni les héros ni les rhéteurs Tu n'es pas devenu avec le temps un article avantageux de sacristie Et le vent a porté ta parole partout et c'est ainsi que tu as combattu A l'exemple d'Orphée et son chant, sa vertu Ta parole semblable à une longue épée — POÈMES A ceinturé le monde Et flamboyé autour du monde Une chanson d'amour se hausse en épopée L'hiver berce le grain et le printemps arrive Tu meurs et tu renais par toute la nature Du royaume des Fées Aux clairières que hante Orphée Et tu rejoins Jésus au Jardin des Olives Lorsque tu meurs sur l'olivier Pendu noyé de ciel aux profondeurs d'un vivier En annonçant François le doux montreur d'Assise André lorsque tu meurs de tant d'obéissance François dont on célèbre Avec d'heureuses larmes l'office funèbre Exactement le quatre octobre au jour de ma naissance. O silences perdus Tumultes confondus. Le diable porte pierre Dieu confond l'imposteur. Un avare, un méchant, un farceur Dans le tronc pour les âmes du Purgatoire LE BEAU NAVIRE — Avait mis un jeton d'une boîte à musique Et les âmes alors se mirent à chanter Avait mis un jeton d'une boutique à boire Et la gueule du tronc vomit comme un ivrogne. Le cardinal couché sous sa pierre latine Sous les dalles rangées en ordre syntactique Erigea dans l'azur blanc de la basilique Un reflet améthyste. Un Chinois converti devant la Sainte Table Un va-nu-pieds dormant dans un confessionnal L'orgue tenu par un comptable Et cette chaisière ivre du Processionnal. André Salmon. — POÈMES L' «AMAZONE DES MERS» L' « Amazone des Mers » s'éloignait dans la brume; A sa poupe l'enfant que j'aime aux yeux pervers Baignait ses longues mains de pleurs dont l'amertume Avait le goût de sel des flots tristes et verts. C'était par un soir lourd d'automne et de démence, T'en souviens-tu, toi qui passais auprès de moi Et qui te préparais à reprendre la danse Où s'offrait aux marins ta jeunesse en émoi? Sous des cieux inconnus qu'un autre soleil dore L' « Amazone des Mers » a sombré quelque part, Mais l'enfant qui pleurait à sa poupe est encore La reine de plus d'un compagnon du hasard. LE BEAU NAVIRE — L'ORGUE DE BARBARIE Pour Henri Drouin. Ecoute encor pleurer l'orgue de Barbarie Dans la brume et le soir des chemins de l'automne Et retrouve ce cœur d'amoureuse attendrie Digne de ce visage aux traits purs de madone, Ce cœur et ce visage où tout n'est qu'harmonie, Ce cœur et ce visage où le rêve rayonne Qui sut emporter loin ta peine indéfinie, Tandis qu'en un soir triste et langoureux d'automne Pleurait sur les chemins l'orgue de Barbarie. — POÈMES DELPHINE O Delphine, ô palombe inquiète et perdue Que je recherche en vain à travers l'étendue, Le cimetière d'Ys avec ses trépassés A des attraits plus sûrs que ce triste domaine Où, lorsque les oiseaux d'octobre sont passés, Chaque année un amour désolé me ramène. Philippe Chabaneix. — 10 LE BEAU NAVIRE — " LE BEAU NAVIRE " ou BAUDELAIRE MARITIME Mon beau navire ô ma mémoire Avons-nous assez navigué Sur une onde mauvaise à boire... Guillaume Apollinaire. Il est assez plausible de supposer que le premier poème du monde a été conçu devant les flots. Autant dire que la première idée du rythme fut dictée à l'homme par la seule force natu¬ relle qui connaisse depuis l'origine de l'univers le mouvement continu et régulier et la musique incessamment engendrée par ce mouvement d'origine céleste et — la science nous l'a depuis révélé — planétaire. Mais il n'est pas moins étrange de savoir que le premier grand poète français qui ait profondément senti et transposé la magie de la mer, —■ sa seule maîtresse fidèle et répandue dans sa vie. Comme un air imprégné de sel descendait de paysans champenois et naquit au cœur du faubourg Saint-Germain. Tout enfant, le jeune Charles, sous la conduite de son vieux père, ne connut de la navigation que les chalands glissant sur la paisible rivière, et peut-être la nef triomphante qui sert d'emblème à la vieille cité. Est-ce son culte précoce pour un autre grand artiste, dans l'œuvre duquel l'océan natal tient tant de place, Chateaubriand, qui détermina sa vocation de poète maritime ? Celui qui Dès quinze ans, vers le gouffre entraîné, Déchiffrait couramment les soupirs de René, — BAUDELAIRE MARITIME 11 — ne prit, semble-t-il, contact avec sa future inspiratrice qu'à peine âgé de vingt ans, à la fin de mai 1841, lorsqu'il fut embarqué de force sur un bâtiment à destination de Calcutta. Or, des témoignages du temps, dont les principaux sont ceux du capi¬ taine de ce bâtiment et de Mme Aupick, semblent prouver le dégoût systématique du jeune homme pour ce voyage imposé par l'adjudant supérieur qui lui servait de parâtre; ils nous apprennent aussi que l'éphémère soupirant de la Dame créole rencontrée à l'île Maurice, s'arrangea pour se faire rapatrier au bout de sept mois et regagna Bordeaux dès février 1842. Mais comment voulez-vous qu'un général roturier et portant une épée en pal sur un blason de fantaisie avec la devise Tout par elle, que son épouse incurablement bourgeoise, et qu'un loup de mer sans culture comprennent l'état d'esprit d'un adolescent de génie, mis en pénitence pour avoir dédaigné « un brillant avenir »? Et ne préférez-vous pas croire, en songeant qu'il mettra un jour au nombre des « droits imprescriptibles le droit de se contredire et le drfoit de s'en aller », que cette apparente bouderie n'était qu'un prétexte à méditations intenses et une défense contre les indiscrétions de la foule? Peut-être, après les avoir entrevus bien suffisamment, ne découvrit-il vrai¬ ment les « pays chauds et bleus » qu'en rêve. Au reste, si l'on veut établir un classement approximatif dans l'inspiration des Fleurs du Mal, du Spleen de Paris et des Journaux intimes et y déceler la part de l'influence directe du voyage, les traces évi¬ dentes de l'exotisme, on verra combien reste limitée la trans¬ position des spectacles naturels en une âme prodigieusement réceptive et synthétique. S'il est vrai que le nombre des poèmes sans autre sujet que l'évocation des pays toujours rapidement traversés et le souvenir enrichi par le rêve et le prestige des - 12 LE BEAU NAVIRE — mots, ne dépasse guère la douzaine, si, par contre, il faut men¬ tionner parmi eux au premier chef l'extraordinaire Voyage, composé à trente-huit ans, on ne saurait nier la place prépon¬ dérante de la mer dans un bon tiers de l'œuvre proprement lyrique et surtout dans sa partie amoureuse. Après avoir retrouvé l'écho absolu de « l'infini bercement » dans L'Albatros, La Vie antérieure, L'Homme à la Mer, Moesta et Errabunda, les deux Chevelures, les deux Invitation au Voyage, Les Projets, La Belle Dorothée, Déjà!, Le Port et Any where out of the world, nous arrivons au cycle de Jeanne Du val et faisons une longue pause au Beau Navire. La médiocre figurante du Théâtre du Panthéon, où Baude¬ laire la connut à son retour pour son malheur et pour sa gloire, ne sentait pas seulement pour lui ce « monde lointain, absent, presque défunt » où il vivait sans cesse et qui vivait en lui ; elle le personnifiait, elle l'était elle-même à son insu. Nous n'avons pas besoin d'autre chose pour expliquer une passion qui s'étendit sur vingt-quatre années et que trois ou quatre tentatives d'affran¬ chissement ne réussirent point à bannir, s'il est certain que nous devions à celles-ci une bonne vingtaine de chefs-d'œuvre et qu'une Apollonie Sabatier, une Marie Daubrun, une Agathe, une Berthe aient droit au rang de passagères mais authentiques Egéries. N'oublions pas, de plus, que la couronne de Jeanne n'est pas tressée que de corolles capiteuses (pensez à l'incompa¬ rable chasteté du Balcon) et que, par contre, le premier hom¬ mage à la Présidente, A celle qui est trop gaie, confine au sadisme. Des trente poèmes environ où il est permis, sans chance d'erreur, de voir un reflet fid,èle de la mulâtresse, Le Beau Navire est, sinon le plus parfait et le plus savamment orchestré, — BAUDELAIRE MARITIME 13 - du moins assurément le plus complètement représentatif du sentiment général de cet ensemble et aussi du procédé de composition baudelairienne. Avant d'aborder ces dix strophes, éclairons-les au moyen de quelques phrases de prose : il sera bien inutile de les commenter, leur simple lecture faisant clairement apparaître la conception du poème et tout compte fait, l'exiguïté du sujet, voire des métaphores, par rapport au dessin mélodique. Ouvrons d'abord l'Art romantique vers le milieu de l'étude sur Victor Hugo :«Les navires... auront... le caractère de volonté et d'animalité qui se dégage si mystérieusement d'un appareil géométrique et mécanique de bois, de fer, de cordes et de toile; animal monstrueux créé par l'homme, auquel le vent et le flot ajoutent la beauté d'une démarche ». Puis, dans Le Port, du Spleen de Paris, cueillons cette onduleuse remarque : « Les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entre¬ tenir dans l'âme le goût du rythme et de la beauté ». Enfin, soulignons ces trois notations, les deux premières dans Fusées, l'autre dans Mon Cœur mis à nu : « Ces beaux, ces grands navires, imperceptiblement balancés (dandinés) sur les eaux tranquilles, ces robustes navires, à l'air désœuvré et nostalgique, ne nous disent-ils pas dans une langue muette : Quand partons- nous pour le bonheur? ». — « Je crois que le charme infini et mystérieux qui gît dans la contemplation d'un navire, et surtout d'un navire en mouvement, tient, dans le premier cas, à la régularité et à la symétrie, qui sont un des besoins primor¬ diaux de l'esprit humain, au même degré que la complication et l'harmonie; —■ et, dans le second cas, à la multiplication successive et à la génération de toutes les courbes et figures ima¬ ginaires opérées dans l'espace par les éléments réels de l'objet ». - 14 LE BEAU NAVIRE — — « Pourquoi le spectacle de la mer est-il si infiniment et si éternellement agréable? Parce que la mer offre à la fois l'idée de l'immensité et du mouvement. Six ou sept lieues représentent pour l'homme le rayon de l'infini. Qu'importe, s'il suffit à suggé¬ rer l'idée de l'infini total? Douze ou quatorze lieues de liquide en mouvement suffisent pour donner la plus haute idée de beauté qui soit offerte à l'homme sur son habitacle transitoire ». 11 ne faut pas perdre de vue, en effet, que, d'une part (comme l'indique d'ailleurs le titre et pour peu que le développement de l'image baudelairienne soit familière), la femme ici exaltée est le navire lui-même, qu'il y a coïncidence constante, en dépit de l'incohérente multiplicité des comparaisons successives, entre le sujet et l'objet; et, d'autre part, que le mouvement marin représente aux yeux et à l'esprit du poète la perpétuelle insta¬ bilité de la destinée humaine, de l'amour, et généralement de tout désir, satisfait ou insatisfait. Jeanne est le Beau Navire comme Rimbaud sera le Bateau ivre; elle épousera tous les caprices de la vague, elle en aura l'inconstance, l'indolence et les assauts débridés, de la même manière que l'enfant révolté suivra le méandre de son fleuve hallucinant. Reprenons maintenant cette marine voluptueuse et cérébrale. Nous y apercevons d'abord le plus habile dosage que jamais poète ait conçu de l'équilibre et de la transe, de l'impeccable et de l'ineffable; une suite de visions, ou plutôt de changements à vue, dont rien ne vient rompre le déroulement harmonieux. Ainsi, l'image du vaisseau se poursuit jusqu'à la fin : la tête qui se pavane, c'est le mât de perroquet; la moire gonflée, c'est la voile; les boucliers, c'est la figure de proue; l'armoire, ce sont les vivres de route, les jambes et les volants, les cordages et les pavillons; les bras, ce sont les amarres et les agrès. Des — BAUDELAIRE MARITIME 15 - substitutions analogues se remarquent dans Le Serpent qui danse, plus caractéristique encore, quoique dans le seul détail, par l'incorporation de l'auteur à son modèle, puisqu'il y est fait usage de la même comparaison nautique à propos de chacun d'eux : Comme un navire qui s'éveille Au vent du matin, Mon âme rêveuse appareille Pour un ciel lointain. Et ton corps se penche et s'allonge Comme un fin vaisseau Qui roule bord sur bord et plonge Ses vergues dans l'eau. Le « départ » du Beau Navire est si parfaitement puissant que le poète l'a repris en guise de refrain. Il a fait de même, en vertu d'une correspondance secrète, d'une harmonie prééta¬ blie, avec les deux strophes suivantes, jetées, elles aussi au début du poème comme des leit-motiv qui en seront les thèmes fonda¬ mentaux. C'est là le seul exemple de la strophe-refrain dans Les Fleurs du Mal, ce refrain n'existant ailleurs que sous forme d'un vers répété soit à la fin de la strophe (L'Irréparable, Le Balcon, Moesta et Errabunda), soit d'un quatrain sur l'autre pour former pantoum (Harmonie du Soir). C'est là, en outre, le type du poem per se, selon l'expression d'Edgar Poe, du morceau de musique de chambre où l'idée se ramène au strict minimum, où le chant pur s'exhale en satisfaisant tous les orga¬ nes sensoriels à la fois. Pas un vers gnomique, un de ces vers dorés, si fréquents chez Baudelaire comme chez Vigny, et qui, - 16 LE BEAU NAVIRE — d'ailleurs, puisent plus de beauté dans la pensée que dans le son. Les alexandrins majestueux débordent l'un sur l'autre sans cou¬ pure comme le flux et le reflux des lames, et dans les deux sens, longitudinal et latéral, tangage et roulis; tandis que l'octosyllabe, élément pénultième de la stance, donne alternativement à celle- ci le coup d'aviron ou le coup de barre nécessaires à sa marche. Je ne crois pas être le premier à insister sur la qualité mira¬ culeusement unique de Baudelaire en tant que poète maritime. Il y aurait une étude minutieuse à faire de tous les poèmes où il recourt à des images de navigation et particulièrement de ceux dont le paysage marin est absent. On conçoit sans peine le réconfort apporté par la découverte, puis la traduction des Aven¬ tures d'Arthur Gordom Pym à un forçat de l'art, confiné dans sa cellule d'alchimiste, ou mieux dans ce « poêle » encore hanté par l'âme de son ancêtre Pascal. On devine son ivresse le jour où, à Honfleur, dans les derniers mois de 1858, le mirage de ses visions juvéniles lui apparut soudain et se traduisit par la vaste symphonie du Voyage. S'il m'est permis, au terme de ces simples digressions en marge du Beau Navire de formuler un vœu à l'adresse de la revue naissante qui emprunte cette belle devise, comment ne songerais- je pas à reprendre celui que le maître exprimait en faveur de son œuvre? — Qu'elle Aborde heureusement aux époques lointaines! Yves-Gérard Le Dantec. Le Gérant : M. CHAPELAN Jean CHAFFIOTTE, Imprimeur - GOB. 65-58 LES EDITIONS DE LA REVUE LE BEAU NAVIRE se chargent de publier à des prix avantageux et sous une forme très soignée les ouvrages de vers qui auront été retenus par son comité de lecture.