, _ ^ . . eV:/: ■ • 1 ifl KHI - '..yW-V^ ççlf v-r" W-;- ; -■: Ï-AF'":'~L. &5jS& «Î0& ASE .-'.•■'.•JL-. 8514 -• A m 'n^WM \ ) Exposmcm -i^m^ATicr(ALE — PARIS losr ■■'■"' imocmnz FRANÇAISE iSEGÎÏOW Î)ES «CïEPrCBS L'OFFICINE SINO-AÉSMITÉ - ,- gg & ,- «s ;: ?j ismSmÊ WÈÊÊÊÊÊÊÈË ■EN au AI PAR LE DOCTEUR ALBERT SALLET ®SLT.L: ::'k^0. '^ÊÊ^:§Si ■ A'-AX HMHh i'r - t tK&tf^-^Mmréisaaix 'r-.iS.A-':ip-[ ' : aa\:''-S<-a, P? <ïç*F>-y"*- | - II - -9: . ïà/ i -.-vw'.-,^.y ' - • •, fe*». , > ' \ >nc5*S«&Î «•aBBssiSifff' -V'. - - - ' fSs® ;-*i- e»; , - *-,*-*.- ■M» ••• .. ' -r Hf »e» b!C- „ »u. ■ . « 'WÊIÊk tti *-4 ~ '£yv-i . .J ' " C s îV"-: ils __ Me fs/v Cô EXPOSITION COLONIALE INTERNATIONALE — PARIS 1931 INDOCHINE FRANÇAISE AcJU* SECTION DES SCIENCES L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM PAR LE DOCTEUR ALRERT SALLET I LE MÉDECIN ANNAMITE ET LA PRÉPARATION DES REMÈDES CENTRE DE DOCUMENTATION ET DE RECHERCHES SUR L'ASIE DU SUD-EST ET LE MONDE INDONESIEN PARIS IMPRIMERIE NATIONALE BIBLIOTHEQUE LES EDITIONS G. VAN OEST M DCCCC XXXI PRÉFACE. A la suite des réunions tenues, en 1925, par la Commission spéciale chargée d'étudier la réglementation de la pharmacopée sino-annamite, je signalais à M. le Gouverneur général que l'étude de cette pharmacopée présentait non seulement un intérêt tout particulier, mais était indispensable pour l'élabo¬ ration d'un compendium. Cependant un pareil travail, œuvre de longue haleine, ne pouvait être mené à bien qu'en faisant appel, dans chaque pays de l'Union, aux compétences spéciales qui s'y pouvaient rencontrer. La connaissance des plantes et des produits utilisés par les guérisseurs indigènes étant intimement bée à celle du pays lui-même, de sa flore, de sa langue et de ses coutumes, il paraissait nécessaire, en effet, plutôt que de constituer une commission unique, de confier l'étude de la pharmacopée indigène, dans chaque pays, aux médecins ou pharmaciens de compétence affirmée, tels que le docteur Menaut au Cambodge, le docteur Sallet en Annam et MM. Crevost et Pételot au Tonkin. Cette façon de procéder présentait, à mon avis, un double avantage : elle permettait des investigations plus minutieuses et par suite une exactitude plus rigoureuse des notions recueil¬ lies, et elle réalisait, en outre, un gain de temps appréciable, puisque les études seraient menées simultanément dans la plus grande partie de l'Indochine. Ma proposition fut acceptée et M. Pasquier, alors résident supérieur de l'Annam, voulut bien appuyer la candidature du Officine sino-annamite. — I. a II L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. docteur Sallet : « . . . botaniste distingué, possédant une pro¬ fonde connaissance des choses et des gens du pays, dont ii parie la langue, et qui pourrait s'occuper avec fruit de la phar¬ macopée sino-annamite». C'est dans ces conditions que le docteur Sallet fut chargé officiellement, et par contrat, parle Gouvernementgénéraletpar la Résidence supérieure de l'Annam de l'étude de la pharma¬ copée sino-annamite. Celle-ci, poursuivie pendant trois ans, présente une réelle valeur scientifique concernant une matière sur laquelle nous ne possédions jusqu'ici aucune documentation sérieuse. Or, nous ne pouvions pas rester plus longtemps ignorants de ces méde¬ cine et pharmacie sino-annamites par crainte de paraître vouloir, en l'étudiant, encourager le retard dans le progrès. La valeur du travail du docteur Sallet existe surtout au point de vue botanique et au point de vue pharmaceutique, par suite de la détermination de très nombreuses plantes et d'un grand nombre de produits médicinaux. Quant à son importance et à son intérêt pratique, ils sont indiscutables. M. le Gouverneur général Pasquier, lui-même, disait, lorsqu'il proposait d'utiliser la compétence du docteur Sallet : « Il y a dans cette voie une tâche fort intéressante à entre¬ prendre; les procédés empiriques qu'emploient aujourd'hui encore tant de médicastres ou d'apothicaires asiatiques pour le plus grand dommage de leurs trop nombreux clients, disparaî¬ tront au fur et à mesure que seront mieux connues la flore médicale de ce pays et les propriétés réelles des plantes qui la composent. «D'utiles conseils et des instructions précises remédieront peu à peu au charlatanisme de tous les pseudo-pharmaciens ou médecins pour qui la santé des crédules nhà quê est le dernier PREFACE. m des soucis, et dont les « consultations v s'inspirent beaucoup plus de sorcellerie que de connaissances scientifiques. Le doc¬ teur Sallet, qui a vécu au contact des populations annamites pendant de nombreuses années, qui connaît leur mentalité, pourrait rendre dans ce domaine de précieux services. » On a beaucoup écrit sur la matière médicale de la Chine. Parmi les voyageurs européens, missionnaires, explorateurs, marchands, qui atteignirent autrefois l'Extrême-Orient, plu¬ sieurs ont fait part de leur surprise et de leurs remarques au sujet de l'action et de la nouveauté de certains remèdes. L'ou¬ vrage que publièrent au siècle dernier Soubeiran et Dabry de Thiersant fut sans contredit le meilleur. Il en a été de même des matières médicales d'Annam qui ont provoqué d'assez nombreux travaux. Nous citerons plus parti¬ culièrement l'excellent inventaire de Loureiro; celui de Msr Taberd; l'étude de Dumoutier, ancien directeur de l'Ensei¬ gnement au Tonkin, sur la médecine et la pharmacie annamites dans ses Essais sur les Tonkinois, reproduite par la Revue indo¬ chinoise en 1907; l'ouvrage du docteur J. Regnault, médecin de la Marine, sur la médecine et la pharmacie chez les Chinois et chez les Annamites, suivi d'un index pharmaceutique chinois, en 1902; l'ouvrage du Père Souvignet, présenté sous le titre de Variétés tonkinoises, comprend une longue série de plantes médicinales, avec des déterminations et des indications de désignations, en 1908; et, enfin, l'important travail de Perrot et Hurrier : malgré quelques imprécisions inévitables à cause des caractères compliqués, des noms exprimés dans des langues inattendues, avec des renseignements insuffisants, cette œuvre publiée en 1907, peu après la première exposi¬ tion coloniale de Marseille, témoigne d'une haute compétence et d'un labeur considérable. Nous tenons à mentionner aussi l'étude, plus récente, de V L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Crevost et Pételot, qui est plus générale car elle est consacrée aux produits médicinaux de l'Indochine entière. Mais, tel qu'il est présenté, le travail du docteur Sallet marque un effort plus considérable, qui sera très heureusement utilisé pour des études ultérieures ayant pour but de reconnaître les principes de tous ces produits médicinaux. Il s'agit là, en effet, d'une documentation préparatoire fort importante. Les nombreuses équivalences chinoises et annamites sont définies d'après les déterminations de notre systématique bota¬ nique, les différences dialectales dans la langue populaire sont précisées comme il convient. Afin d'éviter les erreurs dans la lecture des noms, chacun de ceux qui sont représentés reste appuyé de la valeur précise de son caractère chinois ou de pho¬ nétique annamite. D'autre part, les crédits différents attribués aux espèces sont établis par des détails empruntés aux livres des matières médicales de la Chine ou de l'Annam et ils sont complétés, à l'occasion, par tout ce que le monde des cam¬ pagnes, simplement, ou le médecin de village, avec ses secrets guérisseurs, ont bien voulu livrer. Qu'il nous soit permis de rappeler ici que l'observation pri¬ mitive des hommes sut très vite découvrir, à côté des plantes alimentaires, les plantes ayant des propriétés curatives. Cette observation naturelle, base des thérapeutiques populaires, se ren¬ contre, à résultat à peu près égal, chez tous les peuples. « L'in¬ digène, dit le docteur Heckel, n'a pas dispersé ainsi que nous ses forces d'observation et les a concentrées sur un seul point. Les médecines végétales ont une action qui a été considérée par observation première et application empirique. Tous nos grands médicaments qui viennent de leurs plantes sont conséquences de cet empirisme, preuve évidente d'un génie spécial aux races primitives. » Cette observation populaire est profonde en général et elle va PRÉFACE. v souvent plus loin que la constatation du fait, car elle sait recon¬ naître, en plus, la valeur de menues particularités et les consé¬ quences que celles-ci entraîneront. Ce sont certains détails dans les récoltes, les préparations : moment, mode, etc., toutes choses qui peuvent passer pour fantaisies, n'obéissant qu'à des rites, et que cependant il faut rattacher à des remarques habiles. Par exemple, chez les Colombiens, la feuille d'un médicinier est récoltée, soit de bas en haut, soit de haut en bas, et sa valeur thérapeutique diffère dans les deux cas, parce que le pétiole, entraîné lorsque la feuille est détachée du haut, apporte un élément spécial qui change l'effet de cette médecine. En Annam, les plantes cueillies dans la fraîcheur du matin portent, en plus, la valeur des rosées dont leurs feuilles sont recouvertes. Cer¬ tains fruits, ceux du quisqualis entre autres, par exemple, doivent être débarrassés de leurs pôles : il s'agit de supprimer le hile et son germe, porteurs d'éléments pernicieux. A côtés des détails empruntés aux techniques chinoises, le travail du docteur Sallet sur les matières médicales d'Annam relève bien des choses recueillies de l'empirisme local, traduit de l'expérience de médecins des campagnes ou de vieilles gens qui travaillent à la manière de nos rehouteurs, les « rhabil¬ le ux ». «Ils savent, dit Ajalbert, de tradition, du récit des anciens et de leur observation directe sur les animaux, les vertus, les énergies de certaines plantes. » N'a-t-on pas procédé de même façon en Occident? Notre arsenal médical a bien su trouver son fond originel dans les substances des anciens droguiers que l'empirisme avait créés. Ainsi les médecines exotiques ont fourni également et peuvent fournir encore des remèdes de haute valeur à côté des quinquinas, ipécas, plantes à strychnine, plantes à caféine, cardamomes, cannelles, etc. Le mérite du docteur Sallet, est de donner, en même temps VI L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. que les qualités fondamentales des médecines chinoises, des indications motivées sur les emplois et les modes préférés de ces emplois en pays annamite. Il a tenu à indiquer l'efficacité des plantes d'Annam, que l'Annamite ignore souvent, et à décrire les formules populaires, en y joignant, pour de nom¬ breux remèdes, les croyances qui s'attachent à chacun et tiennent à des légendes. Un récent rapport officiel de l'Inde nous renseigne sur l'im¬ portance du Laboratoire des recherches pharmacologiqn.es organisé à Bombay : «La section pharmacologique (pour l'étude des médicaments indigènes) fut créée en 19 2 k, sous la direction du révérend Père Caius qui avait déjà acquis une réputation de chimiste et de bactériologiste par ses recherches sur la quinine, les antivenins et les anthelmintiques. La section fut ouverte le ierjuin et, le 1 à juin suivant, le révérend Père Caius fut secondé par le docteur Mhascar. Actuellement, les systèmes de médecine indigène qui ont été en vogue pendant de nombreux siècles suscitent un grand intérêt et de nom¬ breuses demandes sont faites pour leur rétablissement sous le patronage du Gouvernement. Quoi qu'on puisse penser de telles propositions, tous doivent faire bon accueil à un travail de recherches comme celui qui est et sera fait dans cette section sur les possibilités thérapeutiques des médicaments indigènes, de telle sorte que ce qui est bon dans le vieux système puisse être mis en relief et incorporé dans les méthodes plus connues de l'Occident ». L'organisation d'un semblable laboratoire de recherches à l'Université indochinoise serait fort utile. Complété par l'éta¬ blissement d'un jardin des plantes médicinales, réclamé par MM. Crevost et Pételot, il rendrait de réels services et permet¬ trait d'utiliser les savantes études des docteurs Sallet et Menaut sur les matières médicales annamites et cambodgiennes. PRÉFACE. vu De même pourquoi n'enseignerait-on pas, à l'École de méde¬ cine d'Hanoi, aux futurs médecins et pharmaciens indochinois, les éléments essentiels de la pharmacopée et de la matière sino- annamite? ne leur apprendrait-on pas les médicaments les plus populaires et les plus employés et ne commencerait-on pas à les instruire sur les principales plantes médicinales du pays? bref, sur tout ce qui peut être vraiment pratique et à retenir de cette médecine indigène ? Ils acquerraient du moins de cette façon la supériorité de pouvoir comparer et surveiller. Les pharmaciens indochinois, étant alors autorisés à vendre eux-mêmes quelques produits reconnus efficaces de cette phar¬ macopée, prescrits d'autre part et dans certains cas par les méde¬ cins indochinois, attireraient davantage l'indigène vers leurs pharmacies. Ils arriveraient par leurs conversations avec celui-ci à augmenter davantage sa confiance dans les produits euro¬ péens et les préparations, dont la vente au public resterait la raison d'être de leur profession. Ces mesures prises sagement, loin de risquer de causer un recul au progrès, ne feraient que le favoriser. En attendant la réalisation de ces vœux, je prie les docteurs Menaut et Sallet d'agréer tous mes remerciements pour avoir bien voulu m'apporter leur précieuse collaboration. Leur travail dépasse longuement la tâche pour laquelle j'avais sollicité leur compétence. Hanoï, octobre 1980. Dr Gaide, Inspecteur général des Services sanitaires et médicaux de l'Indochine. INTRODUCTION. Les substances médicinales qui entrent dans les droguiers d'Annam, qu'elles aient origine chinoise ou qu'elles pro¬ viennent directement du pays, sont infiniment nombreuses. Leurs préparations sont soumises à tout un système de règles qui suivent, de façon plus ou moins précise, les différents temps du traitement des produits. Certaines lois dirigent les emplois combinés, vantent certains mélanges, jettent l'in¬ terdit ou la défiance sur d'autres associations. L'étude de la matière médicale atteint immédiatement le médecin d'Annam. C'est une destination immédiate de sa pro¬ fession : il reste préparateur des drogues quil prescrit. Or, s'il doit s'efforcer de prendre qualité dans le domaine des choses cliniques suivant les méthodes enseignées, il devra ouvrir sa science sur les médecines dont il fera l'emploi, et il sera tenu en outre d'acquérir les manières sûres de les apprêter pour les clients. Ainsi donc pour nous, avant d'étudier les produits médi¬ cinaux utilisés ou dont l'emploi peut être jugé acceptable en Annam, est-il indispensable de donner un certain nombre de détails de pharmacopée, susceptibles d'éclairer curieuse¬ ment les méthodes et capables de faire comprendre à l'occa¬ sion quelques gestes qui pourraient paraître inexplicables. Je présente ici une sorte de traité <ï Officine sino-annamite, encore que ce terme d'Officine semble bien considérable pour des manœuvres, copieuses par les détails, mais qui, pour un grand nombre, ne veulent apparaître qu'exceptionnelles ou dont le service est discret. X L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. J'explique que ces méthodes sont sino-annamites parce qu'elles proviennent des enseignements tirés de l'Ecole chi¬ noise, mais, à l'occasion, le médecin d'Annam a pu modifier certaines rigueurs des codes médicinaux chinois, pour accom¬ moder ceux-ci, sur des détails légers, aux commodités locales. Du reste, il serait bien difficile de faire la part des choses et d'établir un état spécialement indépendant pour ce qui est des pharmacopées ou des matières médicales de l'Annam. De même que pour la médecine, les choses chi¬ noises confrontent les choses d'Annam, les dominent et se mêlent, formant avec les apports locaux un tout dont la valeur du fonds est diminuée. Pharmacopée et matières médicales des deux pays réalisent pour ainsi dire un bloc confondu : c'est la chose sino-annamite. Je répète que ce fonds n'est pas sans valeur. Qu'il en reporte l'estime sur le don chinois ou qu'il soit considéré sur des détails ou des modifications particuliers à l'Annam, son étude n'en demeure pas seulement curieuse : elle est éminemment instructive. Tout ceci vient à propos de la médecine régulièrement pratiquée par des médecins installés, ayant subi un entraî¬ nement éducatif dans un mélange de leçons de source chi¬ noise et de profits tirés des enseignements sur les choses locales. Mais il existe, d'autre part, l'ensemble immense et varié des vieilles recettes populaires, toutes les ressources que l'on nomme chez nous «remèdes de vieille femme », dont plusieurs peu à peu prennent pied dans la médecine enseignée et finissent par y trouver une bonne place précise. Cette médecine expressément d'Annam peut être considérée encore plus broussailleuse et plus suspecte que toute autre : elle n'est point négligeable cependant. INTRODUCTION. m Dans toute la vieille médecine traditionnelle qu'utilisent, à pleine foi et en dépit des choses, la Chine et l'Annam, il y a des gains plus certains qu'on ne le croit. Débarrassées de tout un fatras dommageable, il doit rester à la pharma¬ copée et à la matière médicale de ces pays des éléments qu'une étude raisonnablement disciplinée peut faire admettre dans le sens de nos thérapeutiques occidentales. Lorsqu'une organisation médicale vint dans notre Europe assagir les vieilles méthodes, elle sut s'adjoindre le concours des matières médicales en cours dont les règlements furent établis aussi bien pour les utilisations que pour les moda¬ lités des emplois. Et peu à peu le fond de la vieille apothi- cairerie fut dégagée. Ainsi pourra-t-il en être du fouillis des herbiers et des droguiers de Chine et d'Annam. Sans doute sera-t-on étonné de rencontrer dans leurs manipulations des procédés tels que ceux de la sublimation, ceux de la préparation des extraits, celui de la chauffe augmentée par ce cbain-marie» (si l'on peut traduire ainsi) très spécial, grâce auquel on cuit le produit enfermé en récipient déposé au milieu d'une marmite de riz. Mais que ne rencontrera-t-on pas dans certaines des médecines dont beaucoup sont considérées comme des bienfaits par les populations qui les utilisent : il serait à en souhaiter l'étude et l'essai dans nos thérapeu¬ tiques d'Europe. Ce souhait de gains à produire au profit de nos méde¬ cines d'Occident, que je formule pour ma part, a été tra¬ duit bien souvent par ceux qui ont abordé la connaissance des médecines primitives. Assurément il serait vain de vou¬ loir espérer trop, comme il serait peu sage de rejeter le bloc. On ne pourrait mieux traduire qu'en citant l'impression XII L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. de Mgr Taberd à propos du Nhân sâm (Ginseng) : Virtutes hujus panaris a sinensibus exaltantur et ab Europœis contem- nuntur. Médium fortasse amplectandum W. Le Père Loureiro qui avait su prendre l'expérience des plantes indigènes et de leurs valeurs donnait, avec une autorité prudente, ce conseil expérimenté au novice épris du monde végétal et de l'étude : Virtutes medicas non temere extuli, sed praxi diuturna probaias sœpe etiam in libris sinensibus comprobatas. Multœ quidem cum medicina europœa conveniunt : aliœ quamvis exoticœ, non ideo despiciendœ, sed amplius probandœ * * * On admettra ce qui va suivre à titre indicatif : c'est la présentation du médecin d'Annam dans sa science des (1) jy^r Taberd, Dictionarium anncv- mitico-latinum ( Hortus floridus Cocin- cinœ). (2) Joao Lodreiro , Flora cochinchinen- sis. — Ulyssipone; anno MDGGXC, p. XIV. L'opinion de Perrot et Hdrrier s'arrête avec raison sur ce juste milieu dans la valeur des choses de la pharma¬ copée et de la matière médicale si no- annamites (Matière médicale et pharma¬ copée sino-annamites. — Paris, 1907, p. 11). Ces auteurs citent à ce propos l'opinion de Debeaux : «Quel que soit l'état actuel de la pharmacopée chinoise, il y a certainement, à côté d'une théra¬ peutique exagérée par la crédulité et la superstition, une foule d'excellents moyens curatifs dont l'art de guérir tirerait le plus grand parti, s'il n'était pas, en général, exercé par des hommes qui ne possèdent souvent que fort peu d'instruction professionnelle.» (0. De- beaux, Essai sur la pharmacie et la matière médicale des Chinois. — 1863.) J'ai dit moi-même en plusieurs endroits dans les notes ou études déjà nombreuses que j'ai publiées sur ces questions de matière médicale, l'intérêt que devrait présenter pour des avenirs thérapeu¬ tiques l'élude raisonnée et raisonnable des choses mêlées des droguiers et des herbiers de Chine et d'Annam, touffus et déconcertants au premier aspect. Je pourrais prendre pour appui la phrase relevée déjà par Perrot et Hurrier dans les notes de Bouffard : « Il ne faut pas faire fi de la thérapeutique et de la pharmacopée chinoises, dans lesquelles il y a beaucoup à glaner quand on les connaîtra mieux, quand on pourra étu¬ dier cette riche flore médicale et appré¬ cier ce que l'expérience de milliers d'an¬ nées a fait connaître aux médecins INTRODUCTION. XIII drogues et dans la connaissance qu'il a de leurs préparations, justifiant de son titre habituel de Tliày thuoc «le maître des médecines n. indigènes.» (Dr Bouffard, Notes médi¬ cales recueillies à Chen Fou. — Annales de médecine, d'hygiène et de médecine colo¬ niales, 1900, t. II.) Ce but des médecines à connaître, Thorel, en 1868, en montrait le grave intérêt, mais il subordonnait le résultat de cette étude à un pro¬ gramme à l'exécution duquel je puis estimer avoir su donner une longue pré¬ paration : tfll n'est pas impossible que dans le nombre considérable des végé¬ taux qu'on trouve en Indochine, il ne s'en trouve pas qui soient doue's de pro¬ priété^ spéciales connues depuis long¬ temps des populations et qu'on parvien¬ drait à connaître en s'adressant dans différentes localités aux quelques per¬ sonnes qui s'occupent de médecine. Pour atteindre ce résultat, il faudrait séjourner longtemps chez ces peuples, connaître leur langue parfaitement, con¬ trôler l'assertion des uns par les dires des autres. . . » (Dr C. Thorel, Agricul¬ ture et horticulture : Plantes médicinales remarquables de l'Indochine. — In Voyage d'exploration en Indochine [1866-1868], Francis Garnier, t. II, p. 488 et suiv.) AVERTISSEMENT. Ainsi que j'en ai la coutume, j'ai tenu à différencier dans ce travail la présentation des appellations sino-annamites de celles qui sont du langage annamite courant. Les pre¬ mières, soit qu'elles s'appliquent à des noms propres de personnages ou de lieux, soit qu'elles intéressent directe¬ ment les détails de notre étude, sont reproduites en lettres italiques : elles sont généralement appuyées par les carac¬ tères chinois qu'elles traduisent. Les mots ayant une valeur démotique sont reproduits en caractères romains et placés entre guillemets dans la composition. Il est bon de préciser ici que les valeurs de ces deux traductions annamite et sino-annamite sont empruntées plus spécialement à celles qui ont cours dans le Gentre-Annam (régions de Quâng tri, de Hué et de Quâng nam). L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. ■S><8<= I LE MÉDECIN PRÉPARATEUR. LE MÉDECIN PRÉPARATEUR CHEZ LUI. La pratique médicale en Annam ne s'arrête pas au chevet du malade par la rédaction d'une ordonnance que le marchand de drogues du voisinage, ouvrant boutique chinoise, remplira comme il convient : ceci est la part de quelques médecins chinois de renom qui se réservent pour la clinique seule ou pour certaines consultations dans les villes. Encore, dans le premier cas, faut-il dire que les médecins chinois sont le plus souvent attachés à une maison commerçante et que, à l'occa¬ sion , ils ne se feront aucun scrupule de servir eux-mêmes leurs ordon¬ nances en l'absence des aides ordinaires. De même l'on doit rappeler que certains médecins, consultant en dehors de leur lieu habituel d'exer¬ cice , vont remplir parfois dans la boutique voisine les préparations qu'ils ont prescrites. Le praticien annamite dont le droguier est moins étendu, moins riche que celui du chinois, et pour lequel la médecine reste mieux une source d'entretien qu'une matière de large exploitation, s'emploie à préparer lui-même les prescriptions qu'il écrit pour les malades qui le consultent. Officine sino-ànnàmite. — I. t 2 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Il préparera habituellement sur place l'ordonnance qu'il aura rédigée. Cependant lorsqu'il s'agit de médecines qui doivent être prises en potions (sur décoctions, infusions, macérations, etc.), le client pourra transporter avec lui les produits inscrits par le médecin, pro¬ duits pesés, qu'il maniera chez lui suivant les indications marquées. Dans ce cas, chaque drogue est placée sous une enveloppe particulière mentionnant le nom de la substance qu'elle contient; l'ensemble de toutes ces médecines enveloppées intéressant une même préparation, est repris dans une enveloppe unique laquelle s'accompagne obliga¬ toirement de la formule écrite W. C'est parce que le médecin annamite exécute lui-même ses prescrip- tions qu'il doit être en mesure de les faire valoir habilement dans l'intérêt de ses malades et dans le souci de sa réputation. En Annam, le jeune homme qui se destine à la pratique de la médecine suit son maître dans ses enseignements; le maniement des drogues fait partie des leçons accordées à l'élève, plus encore par démonstrations que par explications doctrinales. Du reste les lectures achèveront cette éduca¬ tion, souvent heurtée, sans suite, dans laquelle la question des traite¬ ments semble prévaloir sur les observations cliniques lesquelles s'attardent aux épreuves superficielles, mais détaillées à l'envi, des pouls, des aspects changeants de la peau, des colorations diverses de la langue, des yeux, etc. Les produits que le médecin utilise, il lui arrivera de les récolter lui-même dans les lieux proches de son habitation ; mais il se confiera avec plus d'adresse au marchand dont les drogues viennent de Chine (lesquelles seront en général tenues pour plus actives que celles qui sont d'Annam). Ces médecines, au surplus, lui arriveront préparées ainsi qu'il convient, supprimant de la sorte un travail absorbant et complexe. Le praticien des campagnes annamites saurait à la rigueur préparer des exti-aits, des électuaires, des huiles composées, des onguents et des pilules : il a de tout cela chez lui, en attendant des cas à venir, il tient tout l'essentiel de ce qui peut être conservé sans perte et il n'utilise son savoir professionnel que dans certaines circonstances et plus parti¬ culièrement à l'occasion des formules dont il détient le secret. Ce sont F) Envelopper une médecine se dit bao ^ «dùmn. Réunir dans une enveloppe unique les divers produits qui sont sous enveloppes séparées, se dit tcgoin. LE MÉDECIN PRÉPARATEUR. 3 les médecines dites Gia trùyén W dont les recettes sont pieusement con¬ servées dans les familles médicales. Ici le plus habituellement le médecin fait l'éducation de ses fils ou des enfants adoptés provenant de familles amies ou de parents proches. Il confie à chacun les détails de sa science et lui révèle les secrets qu'il connaît, que d'autres lui ont confiés ou qu'il a su trouver : ainsi vont quelques réputations d'écoles ou de familles. Mais cette question des Gia trùyén conduit expressément aux spécialisations sur l'exploitation de formules créditées. Des médecins sont réputés à cause des recettes dont ils disposent vis-à-vis des plus dures maladies : il en est pour les ulcères, d'autres pour les lèpres, les toux chroniques; il en est pour la rage et pour les affections de langueur nées des «coups de vent». Ces recettes sont extrêmement difficiles à glaner, on ne peut jamais justifier qu'elles soient entières ou totalement vraies. J'en ai recueilli un certain nombre et je le dois à la complaisance habile de plusieurs mandarins; cependant je n'estime pas avoir pris le meilleur'2). Le champ d'exploitation est vaste, mais les très bonnes for¬ mules ayant fait leurs preuves (certains confrères d'Annam sauraient en approuver plusieurs) sont jalousement gardées à cause des profits qu'elles réservent à ceux qui les détiennent. MÉDECINE DES MARCHÉS. Ainsi les praticiens régulièrement établis dans les villages tiennent pour la plupart leur science d'une éducation courante et pour ainsi dire familiale. Cependant, à côté de ceux-là, dont on peut dire que U) Gia truyèn « secrets de famille». <2) J'aimerais à citer, pour le remer¬ ciement que je leur dois, ceux qui m'ont aidé dans mes recherches : S. E. Vô- Liêm, ministre des Rites, S. E. Pham- Liêu, ministre de la Guerre, alors tông-doc du Nghê-tinh, S. E. Vrno'ng- Tu'-Dai, tông-doc du Binh-dinh, actuel¬ lement ministre des T. P., S. E. Thai- Vàn-Toam, tông-doc du Thanh-hoa, ministre des Finances à l'heure actuelle, Mr Umg-Trinh, bô-chanh du Quàng- nam (phu-doan de Hué), mais surtout le vieux praticien Dinh-nho-chûn, compi¬ lateur avisé du livre des matières médi¬ cales sino-annamite Trung viêt diPQ'c tamh ho'p lien; et le médecin Trân nguyèn, du phù de Tarn Ky, que j'ai gardé plusieurs anne'es auprès de moi à cause de mes recherches. u L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. chacun a suffisamment la lecture des caractères pour pouvoir écrire et chercher les choses utiles dans les livres chinois, il est des gens fami¬ liarisés avec les drogues et qui sont ignorants des préceptes médicaux les plus ordinaires. Généralement on les rencontre dans les marchés : ils tiennent leurs éventaires installés à plein sol ou à peine soulevés, distribuant leurs médecines sur des casiers en apparence brouillés et mêlant les choses qui sont des racines, des tiges et des graines. Ces sortes d'herboristes exploitent assez bien les produits locaux qu'ils vendent, parce qu'ils les savent doués de vertus sans parfois en com¬ prendre le sens. MÉDECINS SORCIERS. A côté des gens de petit métier, apparaît une catégorie assez fré¬ quente et qui se dégrade, mêlant les pires coutumes et les sollicitations les plus hardies : les individus de ce genre se trouvent parfois dans les marchés ou font exploit en boutiques cachées, car leurs manœuvres tiennent souvent de l'exploitation chalatanesque et des agissements imprévus des sorcelleries. Car, ici, la sorcellerie seule nous place en face d'une série de types nombreux agissant sur tous les modes susceptibles d'atteindre la crédu¬ lité éperdue des foules annamites. Les sorciers délivrent parfois des remèdes : ceux-ci sont peu nom¬ breux, et leurs préparations valent par un désordre de complications, de paroles et d'incantations. Ces pratiques sont surtout conjuratoires et leur étude, infiniment mêlée, nous jetterait dans une confusion étrange, curieuse, utile cependant : car, dans les médecines popu¬ laires, il est bien souvent des points dans lesquels les magies locales ont su pénétrer et particulièrement à l'occasion des conjurations M. t1' La plupart des maladies sont cau¬ sées par des esprits malfaisants. Il est en Annam de nombreuses hantises de lieux qui pourraient correspondre à des points nosologiques et bien des affections trouvent de la sorte de faciles explica¬ tions. Chaque type d'épidémie prend à sa charge des armées de démons spé¬ ciaux qui sont en quête de victimes à frapper. (L. Cadière, Sur quelques traits religieux ou magiques observés pendant une épidémie de choléra en Annam. — Revue indochinoise. — Dr A. Sallet, Les esprits malfaisants dans les affections épidémiques du Binh Thuân. — B.A.V.H., 1926, n° 1.) a) Façade d'une pharmacie asiatique à Faifo (maison Fly thanh). b) Intérieur d'une boutique à commerces mêlés, médicaments et approvisionnements divers (maison Flành long à Tourane). LE MÉDECIN PRÉPARATEUR. 5 MÉDECINS AMBULANTS. Autrefois, on considérait une certaine catégorie de médecins nomades, allant de village en village, portant avec eux une collection de leurs drogues les plus usuelles, enfermée dans un petit meuble de voyage non encombrant. Le médecin errant pouvait avoir une réputation, mais sa nature vagabonde l'empêchait de se fixer. Il restait le praticien o>ng Vwomg |îj§ , 2879 avant J.-C. On prétend que l'herbier de Thân- Nông avait été surtout composé de plantes alimentaires et de plantes médi¬ cinales étudiées. Quant au Nôi Kinh, il serait apo¬ cryphe et, primitivement, il dut être un recueil tenant quelque chose d'ana¬ logue à un «mélange de morale et de diététique» ("Wieger). LE MÉDECIN PRÉPARATEUR. 7 par l'empereur ta II ^ Thai Hoàng Dé. Il parut un édit condamnant au feu tous les ouvrages; les détenteurs de livres, réfractaires aux ordres, pouvaient être punis de mort : la guerre était ouverte contre les lettrés. Mais l'empereur tint à protéger les ouvrages traitant des choses médicales, d'agriculture et un petit nombre d'autres livres. Un article spécial de l'édit général les exempta (213 avant J.-G.) W. J'ai dit que les Chinois ont beaucoup écrit sur les questions de la médecine et des sciences naturelles. La grande bibliothèque, qu'inau¬ gurait l'empereur Khang-Hi Jjl en 1773, avait en 1818, nous dit le Père Perny(2) un catalogue de 78.781 volumes, dans lequel on pouvait compter 1.915 livres médicaux et 363 ouvrages traitant des sciences de la nature. L'Annam, de formation plus récente, a établi son mouvement médi¬ cal sur l'évolution scientifique du monde chinois. Primitivement il avait adopté, sans faire le contrôle des produits de son sol, les catalogues et les herbiers des médecines du NorcU3). La médecine régulière admise était exclusivement chinoise et les médecins officiels furent longtemps chinois. Il fallut attendre la seconde moitié du xe siècle pour voir paraître le premier livre de Nam duyc M dont l'auteur fut le bonze Tuê-Tinh H JÉ qui mit à profit un exil en Chine pour étudier les vertus des plantes et sut adapter aux plantes d'Annam les principes des Bân thào chinois (Dumoutier). Tuê-Tinh M, originaire du pays de Hâi-Du'o'ng, est honoré comme génie de l'art de guérir et patron des médecins. Son culte relève de la pagode de Hông vân dans la province de Bâc-Nmh. (1) Che Houang Ti des Tsin, poussé par son conseiller Li se, entra en lutte avec le parti lettré et fit détruire tous les livres. «Les livres qui ne seront pas pro¬ scrits seront ceux de me'decine et de pharmacie, de divination par la tortue et fachillée, d'agriculture et d'arbori¬ culture» (H. Cordier, Histoire générale de la Chine. — Paris, 1920; t. I, p. ao3). '2' R. P. Perny, Appendice au diction¬ naire chinois-latin-français. Appendice II, p. 7 et 8; Bibliothèques. — 1872. (3) Les médecines de Chine sont dé¬ signées dans les livres sous le nom de Bâc dwo'c Ht («thuoc bac») «méde¬ cines du Nord». Les médecines d'An¬ nam tiennent l'appellation de médecines du Sud : Nam dwo'c jfj |j| (annam. : «Thuoc nam»). (4> Il était né au village de Vân thai dans le huyen de Càm-Giang province de Hài-Dwo'ng. 8 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Depuis Tuê-Tinh, les médecins ont perpétué les enseignements tracés par le maître, il les ont augmentés et les Bân thào que l'Annam peut présenter à l'heure actuelle sont pour quelques-uns très importants. La matière médicale a été particulièrement traitée par un autre méde¬ cin de Rài-Du'O'ng; celui-ci vint exercer au xvme siècle dans l'Annam du Nord, aux limites de la Cochinchine des Nguyên. Il avait pris le pseudonyme de Hài-Thu'O'ng M _t et fixa sa vaste érudition médicale dans un ouvrage très détaillé que les médecins actuels consultent et citent avec foi : c'est le Hâi Tlmyng lân âng W. Hài-Thu'O'ng s'était fixé au Hà-tinh. A notre époque, S. E. Hùynh-Côr, ministre des Rites, mort dans sa retraite au Quâng-Binh durant ces dernières années, fut chargé de l'établissement d'un recueil largement pourvu des matières médicales chinoises et annamites employées dans l'Annam. Le travail commença en la neuvième année du règne de Duy-Tàn et le directeur du Thâî-y- viên (2), le Quang lôc tu' thiéu khanh Phan-Vân-Thè, le Hàn lâm vien kiém thâo Bach-doân-Thuy entrèrent en collaboration, le Gong sinh Tu tài Binh-Nho-Clidn fut le rédacteur de l'œuvre. Ce travail, sérieusement mené, fut achevé la première année du règne de Khài-Binli. Le recueil a pour titre : Trung viét du'o'c tdnh hop biên 4* Il M '1Ê H. C'est le a véritable recueil des médecines d'Annamn. L'œuvre fournit 16 volumes (quyen) qui distribuent, sur les 0) Le titre complet de l'ouvrage est Tân hué Hâi thwomg y ton tâm lânh dwomg an toàn trach jfjf §f§ Jt iH 7J; >5 m m m & m- Ce recueil renouvelé et mis à jour comprend 62 volumes. Dans les premières années de son règne (1802), l'empereur Gia-long avait réglé les charges des médecins du pa¬ lais. Le service des fonctionnaires de ce groupe fut étendu à l'occasion d'or¬ donnances, celles de 181A et i8i5 entre autres. L'œuvre de Gia long inté¬ ressant ces médecins fut complétée et disciplinée par l'empereur Minh mang, son successeur. 11 fixa les bases d'un véritable collège de médecins royaux, augmenta le nombre des praticiens chargés du soin des santés du souverain et de la cour et il releva leurs titres et leurs privilèges. Ce collège médical fut le Thâi y viên qui a fonctionné assez dans l'ombre durant près d'un siècle et prolonge actuellement une existence bien amoindrie, à service bien diminué, presque nul. (Cf. Dr Duvigneau, Les mé¬ decins annamites à la cour d'Annam; Le Tbai y viên ou service de santé du palais. — Annales d'hygiène et de médecine colo¬ niales, 1911, n° 3, p. 591-602.) LE MÉDECIN PRÉPARATEUR. 9 méthodes de classement des Bàn thâo de l'École chinoise, les éléments utilisables en médecine. Le Trung viét emprunte aux livres chinois les plus réputés, élargissant les correspondances des noms et augmentant les formules, le tout complété par les renseignements apportés, suivant les cas, par les traités d'Annam. Ce recueil a su également emprunter aux indications populaires pour des destinations ou des emplois. J'ai rencontré le rédacteur du Trung-viél au Hà-Tinh, où il demeure dans un village du huyen de Hu'o'ng So'n; il tient une haute réputa¬ tion de lettré et de savant : on recherche ses conseils et ses formules. J'ai eu recours, pour mes travaux sur les matières médicales d'Annam, au livre de Binh-Nho-Chdn. Il m'a fourni des éléments précieux. LITTÉRATURE MÉDICALE DE CHINE ET D'ANNAM INTÉRESSANT LES MÉDECINES ET LES PHARMACOPÉES EN ANNAM. Je ne veux pas fournir les longues listes bibliographiques que je possède sur les médecines de Chine et d'Annam. Je réserve de reprendre tous ces détails dans un chapitre de la matière médicale que je prépare, chapitre dans lequel je veux traiter de l'Histoire de la médecine chinoise et de l'Histoire de la médecine d'Annam qui en dérive. Simplement, j'indique ici les traités auxquels se réfèrent le plus habituellement les médecins exerçant dans nos villages, et stricte¬ ment les ouvrages qui traitent des plantes et des produits entrant dans les préparations médicinales ainsi que ceux qui expliquent les actions des drogues et s'intéressent aux formules qui peuvent les combiner. On pourrait estimer ces livres comme étant les ouvrages classiques des bibliothèques des praticiens et des préparateurs de médecines. Quelques-uns de ces livres sont rares, leurs éditions sont épuisées; d'autres ont été l'objet de réimpressions nombreuses, portant assez souvent des modifications profondes sur les travaux originaux. J'ai consulté directement la plupart de ces ouvrages. Ouvrages chinois : f MM Lôi công bào chê. Bàn thâo kinh so' tâp y eu. 10 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. * M « 0 m ^ ® SË pI5 Y hoc ban thào. Bân thào bi yen. Ban thào cu'O'ng mue. Bàn thào tùng tan. Bàn thào câù chàn. Bân thào ihuât bô. Ouvrages annamites : 'M _fc 'III m SIP & S M M il I® 4» m m & Hâi Thu'o'ng lân ông. Nam du'o'c thân hiêu. Qui Quân-Công nom du'o'c. Bân thào chi nam. Lac sinh. Trung viêt du'o'c tânh. RENSEIGNEMENTS HISTORIQUES SUR QUELQUES-UNS DE CES LIVRES. Lâi công bào chê W & MM « Livre de Lôi cbng traitant des prépara¬ tions médicinales — Il est attribué à un médecin du nom de Gido Hfe qui avait pris le pseudonyme de Lôi công U & cr comte du tonnerre v. Il vivait à l'époque de l'empereur Hoàng-Bé à la cour duquel il appar¬ tenait. Lôi công est placé parmi les grands sages anciens de la méde¬ cine chinoise. Y hoc bàn thào S H: $ te Enseignement pratique des plantes O) Ces sages de la haute antiquité ( Thwomg cd Tlcành Hièn _p Jjf) : sont : d'abord les trois premiers empe¬ reurs : Phuc-Hy fjç H?, Tkàn-Nông |i((l Jg et Hoàng-Bê jlr parce qu'ils favorisèrent la médecine et que même ils purent s'y intéresser directement; puis les médecins Tum-Thai-Qûi )j§J ^ ifs et Ky-Bâ |I|£ dont la réputation compte parmi les meilleures, Bâ-Cao, Thiéu-Du -ff, Qui-Du-Khu % [g, auxquels est attribuée la découverte de la théorie des cinq éléments; Du-Khu et Bàng-Quân s'ajoutent à tous les noms qui précèdent et ils sont ceux des médecins qui illustrèrent la cour de Hohng-Bê à laquelle ils appartenaient. La liste des sages de la médecine com¬ prend encore les deux médecins impé¬ riaux Vu-Hàm 2E M et Y-Doân qui vivaient à l'époqne de Bê-ISghiêu, le huitième roi de Chine (2357 à 2255 avant J.-C.). Pl. III Câi hù sành, le pot à médecines (faïence décorée). LE MÉDECIN PRÉPARATEUR. 11 médicinales » a été écrit par le médecin^ chinois Ly-Hinh dans la troisième année du règne de Van-Lich (At ho'i, 1575). Bân thào cu'o'ng mue ifv j|£ @ . — Ly-Thô'i-Trân fit paraître, en la vingt-quatrième année de Van-Licli $5 M ( 15 9 7 ), le Bàn thào cu'o'ng mue qui est un cc traité général des plantes médicinales 11. Bân thào bi yêu % M fi S a pour auteur le médecin Ung-Ngang qui le publia dans la trente-troisième année du règne de Khang-Hi [Gidg tudt, 1696). En cette même année, le même auteur publia un recueil de formules habiles sous le titre de Trung da. Hâi Thu'O'ng lâi ông M JL 'M H (on dit encore lân ông). — Ce recueil des médecines du Sud a paru vers la trentième année de l'époque Cành-Hung (i77o)W. Nam du'o'c thân hiêu Fn M S1!1 tX- — Il a été écrit sous Cành-Hung par le bonze Soan-Hô $1 S§ de la pagode de Hù'o'ng Phu'ô'c H. U) Dr A. Sallet. —Un grand médecin de l'Histoire de la Médecine. — 1 g3o, cFAnnam. Hài Thwomg lân ông (1726- p. 170-178. 1792). Bulletin de la Société française 12 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. I! LES MÉDECINES DES APPROVISIONNEMENTS. DÉLIVRANCE DES MÉDICAMENTS. Il est nécessaire de préciser ce point : les médecines en Annam ne sont pas délivrées par les boutiquiers et les praticiens aussi librement que l'on serait tenté de le croire. Que le médicament soit simplement brut, servi sur sa récolte, sans intervention officinale, soit qu'il ait subi préparation (à moins qu'il ne s'agisse de quelque espèce à desti¬ nation de tisane, plante de la grosse herboristerie et banale), aucun élément ne sera cédé que sur la présentation d'une attestation médicale justifiant auprès du marchand de drogues, de l'intervention d'un méde¬ cin, lorsque ce dernier n'est pas son propre préparateur, cas le plus ordinaire. L'écrit médical qui décide de la cession valable des remèdes, auprès des préparateurs asiatiques, est l'ordonnance. ORDONNANCES. Les ordonnances médicales sont appelées crbài thuôcn (sino-annam. : Phwo'ng du'o'c jj H). Elles sont écrites régulièrement par le médecin consultant. La rédaction des ordonnances, en Annam tout au moins, est assez simplifiée puisqu'elle ne comporte que la nomenclature des produits utilisables et les quantités de leur emploi. Pour tout ce qui est à préparer en dehors de sa boutique, le médecin doit indiquer Ordonnance médicale (i) LES MÉDECINES DES APPROVISIONNEMENTS. 13 expressément les manœuvres à employer pour chacune des médecines emportées. Cependant ces indications sont réduites au strict minimum. Quant aux régimes, aux formes diverses des prises, aux interdictions, rien n'est consigné. Je n'ai pas eu connaissance que les @ Tieu hoi Graines de fenouil 1 Ù Bach chl Bacines d'iris 1 tt H Càn cu'o'ng Gingembre séché 1 H Hoâc hu'o'ng Bétoine ou Patchouly 1 (Tliùy nhi tràn hdn tiên tbn cu'u phân = Eau : 2 bols et demi; réduc¬ tion aux neuf dixièmes.) 20 Pilules à employer dans les gonflements hydropiques : rP H Thanh m(>c hu'o'ng Aplotaxis 6 phân. # >£> Que tâm Cannelle du tronc h 14 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. p. m Chi thiét Fruits du Citrus fusca séchés 7 Bai phûc Spathe d'aréquier 7 Binli lang Noix d'arec 7 « Thu'ç'c du'O'c Pivoine 7 Ba,i hoàng Rhubarbe 1 lu'o'ng. (Hii'û mât vi hoàn = On réduit le tout en une poudre que l'on mélange à du miel afin de préparer des pilules.) 3° Potion à utiliser dans le cours des phtisies pulmonaires : H & Jk Tang bach bi Écorces de racines de mûrier 2 phân 1/2. 3* M Bân ha Arum tryphyllum 2 1/2. m â Sài hb Buplèvre 3 3 ly. li # & Bia côt bl Écorces de Lyciet 3 3 KM Cam thào Réglisse. 2 1/2. A ? Biet giap Écaille de tortue i 6 ly. ± It s Sanh ctia hoàng Rehmannie 3 Il An# Tri mâu Anemarrhena 3 3 Que. chi Cannelle des branches 1 6 Tân cu'u Écorces de Justicia gendarussa 3 3 si Hoàng ki) Astragale 3 3 & il Sa sâm Adenophora verticillata 1 6 Thiên Môn ctông Ophiopogon 1 6 Phuc linh Pachyma cocos 3 3 m Kiêt cânh Platycodon à grandes fleurs 1 6 MM Tu'' uyen Racines de convolvulus. 3 3 MM Thu'ffc du'o'c Pivoine. 3 3 ( Thuy nhi uyên tien tbn bdt phân — Eau : 2 bols et demi; réduction aux huit dixièmes. ) Ainsi que l'on peut facilement s'en rendre compte, la tenue d'une ordonnance rédigée par un médecin sino-annamite se justifie parfaite¬ ment. Du point de vue de la garantie, ces documents prendraient immédiatement une valeur plus certaine s'ils portaient en dehors des formules qu'ils inscrivent des mentions précises : l'indication du lieu de la consultation, la date de la rédaction ainsi que le nom et la signature Ordonnance médicale (2). ■ . LES MÉDECINES DES APPROVISIONNEMENTS. 15 du médecin ayant traité. Ces renseignements sont naturellement omis sur les ordonnances médicales sino-annamites. (Voir pl. V VI et VII). EMPAQUETAGE DES MÉDICAMENTS DÉLIVRÉS. Dans les officines chinoises ou même dans les boutiques sino- annamites présentant une certaine importance, l'enveloppement des drogues se fait à l'aide de papiers chinois blancs marqués au tampon de caractères indiquant le nom du vendeur ou la raison sociale de la maison. Ces impressions sont habituellement très décorées et appuyées à l'encre rouge. L'empaquetage des drogues destinées à la préparation d'une for¬ mule se fait, suivant les cas, en rassemblant sous une même enveloppe toutes les médecines, mêlées, ou bien en isolant chacune d'elles dans un papier spécial qui portera inscrit le nom du produit inclus. On adoptera expi-essément ce dernier mode lorsque certains des produits devront être traités séparément, particulièrement ou lorsqu'ils devront être réservés pour mélange à opérer sur un temps donné de la pré¬ paration. Mais alors les diverses enveloppes contenant les éléments séparés sont réunies dans une enveloppe grande. Celle-ci est toujours accompagnée de l'ordonnance suivant laquelle les produits ont été délivrés. * * * Le mode de pliage des enveloppes à médecines tient d'un mode général adopté chez les Chinois et les Annamites; et on l'utilise même pour certains paquets de dimension. A l'occasion des empaquetages des médecines, j'estime qu'il est intéressant d'en présenter la manière car il apparaît que les substances ainsi renfermées sont mieux pro¬ tégées, mieux contenues, surtout s'il s'agit de poudres. (Voir détails du pliage p. 16). Une feuille de papier à peu près carrée ABC, de dimensions plus ou moins grandes, est pliée suivant EF, puis suivant GH et IJ. La sub¬ stance à envelopper est réunie dans la partie basse de la poche fermée GI-ICL. Un pli en KL rabat HJ contre GI, un autre en HJ. Alors l'angle libre D est introduit entre les lèvres que forment les bords GI et le paquet est clos. 16 L'OFFICICE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Pour les gros empaquetages, on peut encore réunir les angles opposés d'une des diagonales en les retenant par des plis successifs. On réunit semblaMement les angles de l'autre diagonale. Ces plis de contention doivent être appuyés ensuite, pour garantie plus sérieuse, par un ficelage du paquet. Sous le fil de maintien sera placée l'ordon¬ nance intéressant le contenu. Ordonnance médicale (3) . - I a . LES MÉDECINES DES APPROVISIONNEMENTS. 17 APPROVISIONNEMENTS DES MÉDECINS. J'ai fait le relevé de plusieurs approvisionnements médicaux de villages et je donne ici deux inventaires types des drogues utilisées dont le détail provient, pour la plus grande part, du commerce chinois. L'un de ces inventaires m'a été fourni par un médecin d'un village voisin de Vinh, l'autre par un praticien de la région de Tam-Ky au Quâng-Nam. Il s'agit donc de deux approvisionnements : l'un du Nord, l'autre du Centre-Annam. Les différences peuvent s'expliquer par celles des ressources locales et surtout par les disponibilités des importations chinoises variables suivant les origines. Liste des médicaments tenus en boutique -par un médecin annamite de Vinh h). M Sa sâm jljt Phuc thdn H i% Bach phu ÏE 1Ê Chtnh hoài I# Thdn khûc H Jt jKhu'o'ng thdn ÉiS Kim ngân hoa Binh lang M. # Bôi mâu /L M. M<)c qua £3 M Bach truât Adenophora polymorpha. Pachvma Hœlen. Arisoema sp. Racine de dioscorée (patate). Composé de plantes médicinales. Gingembre brûlé. Lonicera japonica Thunb. Areca Catechu L. Fritillaria Roylei Hook. Pyrus cathayensis Hemsl. Atractylis blanc. R) Je n'ai pas cru devoir inscrire pour ces listes les déterminations, sur concordances strictes, de toutes ces ma¬ tières médicales. J'ai traité, largement et d'une façon précise, les équivalences entre les appellations tenant du sino- annamite et celles qui sont de source vernaculaire avec leurs différences sui¬ vant les régions et les dialectes : tous les détails en sont notés dans mon tra¬ vail sur les matières médicales d'An- nam. Ici, je me suis contenté de re¬ produire la valeur des échantillons en¬ registrés sur le genre déterminé, le plus souvent rapporté avec les noms ordinaires de notre ancienne officine. Pour un bon nombre, il eût fallu quelques explications et ceci n'eût pas été en sa place dans ce travail traitant avant tout de pharmacologie. Officine sino-annamitb. — I. 18 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Jt II Thâng ma Astilbe ou Thalictrum. ES Jk. Trân bi Ecorces cl'oranges mandarines. ^ Ban sâm Salvia multiorrhiza Bunge. jIË Xuyên lién Coptis Teeta Wall. ?L # Nhû hii'ortg Encens. $ lî Xa lién Graines de plantain. Il FÊ Hàng hoa Carthamus linctorius L. ïdj S. Phông yhong Racines de Peucédan. Iffl ^ Té tân Asarum virginicum L. /Il Bf Xuyên qui Bu'o'ng qui de première qualité. W Tu Chi xdc Ecorces du Citrus fusca Loub. II if Tue doan Lamium. S ^ Hoàng câm Scutellaria viscidula Bunge. Mê. Que chi Cannelle des branches. M M Cdt cân Pachyrrhizus trilobus De. M M Y dî Coïx lacryma Jobi L. % IL Thiên hoa Trichosanthes multiloba. Éfc Ngâi cwû Armoise à moxas. È -$• Bachlinh Bach phuc linh (Pachyma blanc). Le 1€ M Bainguyên thuc Thuc (t[a de première qualité. M M Càng giao A giao de première qualité. "H* Cam châu Pour Cam câu khô'i : Lvciet de cl Chine. M- # Hâu phdc Magnolia. H Càn cu'o'ng Gingembre. 5 -? Su' quân lu' Quisqualis indica. Lour. 6 Bach hçt'p Lis blanc. #• M Tu' uyén Convovulus. HHoàng bd Phellodendron. K Hoàng ky Astragalus hoàng là. il ?£ Trach là Alisma Plantago L. M Lien hiêu Forsythia suspensa Vahl. è M Huyèn sâm Ginseng noir. H # Hoâc liu'o'ng Pogostemon Patchouli Pill. M Mol du'o'c Balsamodendron Myrrha Nees. $1: # Hâu Irong Eucomia (ecorces). 31 fS Khu'o'ng hoat Angelica decursiva. LES MÉDECINES DES APPROVISIONNEMENTS. 19 5$ Tft Thwo'ng truât Atractvlis ovata. «j ÙUZ Bach chi Racines d'angélique. if M Qui vl Radicelles de Bwo'ngqui ( Livèche). Êl3r Bach thu'o'c Pseonia albiflora Pall. 3S. Îu? Vien chi Polygala sibirica L. m M Sài ho Buplèvre. mm Long ctam Gentiane. IS Tliào quâ Amomum médium Lour. m# Canh gi&i Perilla. m M Bu hoàng Typha. -h- _ t». ?£ 71L Nga truât Kaempferia pandurata Roxb. Xich linh Xich phuc linh (Pachyma rouge). Thiên ma Gastrodia elata Blume. G $ Ba klch Herpestis Monniera H. B. K. ïf # Trw linh Sorte de Pachyma. $ Cdt sâm (Kiêt Ginseng du pays de Kiêl-lâm. sâm} M Cuc hoa Chrysanthème. Chi tu.' Fruits de Gardénia. Ht# Phiên hôi Biota orientalis Endl. Khocm âông Tussilago Farfara L. 11 Tlt U' truât Bach truât de première qualité. Bai hoàng Rhubarbe. Doux hi Pivoine. M Thiên thoi (Thu- Dépouilles de cigales. yên thoi) Ul S So'n tra Grataegus pinnatifida Bunge. S Bai lâo Jujubes. /fc$i Méc thông Clématite. tfc t: Bào nhân Amandes de pêches. Us M Cdt canh Platycodon grandiflorum Mert et Koch. Bik hoat Angélique. £14 Sinh Lia Rehmannia. 32 if B()c qui Racine principale de Bwo'ng qui ( Livèche ). A S Cliî thu'c ( Chi Fruit de Gitrus fusca Lour. • thiêt) && Toàn tdo Jujube soporifère. a. 22 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. JE m Ch/nili hoài Racine de dioscorée (patale). Ê Tft Bach truat Atractylis blanc. * tIè Tlni'o'ng truat Atraclylis ovata Thunb. T Ban lia Pinellia tuberifera Tenore. m Jè Trân bl Ecorce de mandarine. » # Hâu phdc Magnolia. M =f Xa can Rhizome d'Ixia. 5c M& Bai pluie bl Spathe d'aréquier. Tam lâng Racine de Cyperus Iria L. —H-» fie ;tfc Nga truât Kaempferia pandurata Roxb. Jl§ S Bien llâu Lablab vulgaris Savi. & S Ydl Goïx lacryma L. m fê So'n tra Fruits de Cratoegus. îi îf Tracli là Plantain d'eau. * ;rv Môc qua Papaye sécbée. $ Khiên ngu'u Graines d'ipomée grimpante. -ih~ X Te Nguyên lioa Daphne Genkwa Sieb. II if Chu'' thiêt Fruit de mûrier à papier. If ? Bd tu ' Fruit de cyprès. w 5c Tlianh liai Indigo. 1» a Phông ky Convolvulus sp. 5c FI Thiên môn Asparagus lucidus Lindl. F! Mach môn Ophiopogon japonicus Keb. 4t Mâu do'n bl Racines de pivoine. £n # Tri mâu Anemarrhena asphodeloides Runge. H # Bôi mâu Fritillaria Roylei Hgsk. H Ngïï vi tù' Kadsura. if Xu'o'ng bà Acore odorant. t Hanh nho'n Amandes d'abricot. t If Thvo'ng qui Livècbe. éj 3r Bach thu'o'c Pivoine blanche. & m Thu li Cassytba. & Hu ma Graines de lin. « ii Ma du Huile de sésame. S Ttc Tô m(>c Coesalpinia Sappan L. & m® Kim ngân hoa Mussendie. ? Phy, lu* Graines d'Aconitum sinense L. LES MÉDECINES DES APPROVISIONNEMENTS. ïft Thâo 6 Aconitum variegatum L. £ H Sanh cu'o'ng Gingembre non préparé. H Càn cu'o'ng Gingembre sec. bi Que chi Cannelle des branches, ift ï£ II Cao lu'o'ng Alpinia Galanga L. khu'o'ng 5 11? Ich tri Fruit de bambou. è& Tdt pliât Piper longum L. W ?L Hu'o'ng phu Cyperus rotundus L. H # //oac hu'o'ng Pogostemum Patchouli Pillet. /jv # M oc hu'o'ng Aplotaxis auriculata De. liï Ho lieu Piper nigrum L. X % Ngâi diêp Armoise à moxas. 110 Binli lang Noix d'arec de montagne. $7 LU Thu'o'ng so'n Dichroa febrifuga Lour. W û Udt kim Curcuma jaune. El 3. Ba âtâu Jatropha Curcas L. SI & Tij giài Smilax ferox Wall. H M Ô du'â'c Dapbnidium Myrrha. ffij 5ï- Kinh giô'i Origan. 5b Uc Thâng ma Astilbe. ^ Té tân Asarum Sieboldii Miq. ê j£ Bach chi Racine d'Iris. ^ H Tu' tô Perilla ocymoïdes L. M 5 "F Thu'o'ng nhi lu' Lampourde. 6 $ Tao gide Gleditschia chinensis Lamk. li Ngu'u tdt Achyranthes aspera L. # H Hà thu ô Tylophora ovata Decne. @ M 7B Mât mông hoa Buddleia. È M M Bach tât lê Tribulus terrestris L. f Thanh su'o'ng tu' Graines de célosie. tk RJ1 Thào quyétminh Sopbora Tora. 51 M & Ngu gia bl Heptapleurum. ^ M Tàn di Magnolia. M Sinh iia Rehmannia non préparée. % lifi Thuc ctia Rehmannia préparée. -? Chi tù' Gardénia (fruits). L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. & Bach bâ Stemone tuberosa Lour. é & Tang bach bi Ecorce de mûrier blanc. ? Su' quân tu' Quisqualis indica L. * M Mac lac Prêle. ■w € Carn eue Camomille. è § Bach eue Chrysanthème blanc. m tic Hy kiem Basilic. m « ? La bac Navet. â Bâu khdu Amome. il ù Thâng bach Oignon blanc. Thi Ail. a ««m» 2 Hâc su'ii Graines de Convolvulus. îl M Trach lan Vernonie. S -p- Ta hap Benjoin. ji M Liên tu Graines de lotus rs Tliach lu'u Grenadier. il HR Long nhân Euphoria longana. si fë fiii Oai linh tien Clématite. if ■t # Bo càt todi Polypodium Fortunei Kuntz. m M Quit hach Noyaux de mandarine. & •=fc- Chi xde Ecorce de Citrus fusca. I& Nam sârn Ginseng dAnnam. * NgMa sâm Ginseng de Quâng nghîa. & .s: IÏ3J Liên hiêu Valves de Forsythia suspensa Vahl. IK S Bia du Racines de Poterium. * S Bai hoàng Rhubarbe. ;n n ? Xuyên luyên tu' Graines de Melia azedarach. $ nr Xa tién Plantain. * w Quân trong Woodwardia radicans Siv. # Dû trong Ecorces d'Eucomia. Nhuc que Cannelle (écorce meilleure). t Quan que Cannelle épaisse. m ? Phu tu' Graines d'aconit. M Cdtcân Pachyrhizus trilobus. ;n Xuyên 6 Aconitum Napellus L. m £ Tang hy sinh Loranthus de mûrier. m * Phù dung Hibiscus mutabilis. Pl. VII Casier et tiroirs à médecines (maison H y thanh). ' "l *'■' - to®/£-S-"£vvV;Ï ■ • LES MÉDECINES DES APPROVISIONNEMENTS. 25 fit Hô nha JÉ JK Ho trâo ÎÈ #■ H/j côt JM Ho hlnh |Jj ^ % So'n du'O'ng gtac fiï Éj Ltfc giac Jl[ [Il f Xuyên so'n giap 4È iâ Xà thôi X: $1 Toàn yêt Xi 0JJ Thach quyêt minh f$L H Loan pliât i® |® Ban miêu Jl® jji Thuyên thôi È âl Bach lap ^ H Fd di H 1$ H* ^ tac côt $jfc K Zm'm lioàng Xi W Thach cao ïf S Hùng hoàng *if" Xi Hoat thach $|c # Châu sa 5H # Thân sa Denis de tigre (crochets). Dents machelières de tigre. Os de tigre. Pied de tigre. Corne de chèvre. Colle de corne de cerf. Écailles de pangolin. Peau de serpent. Scorpion. Coquille (Haliothis funebris). Cheveux humains. Cantharides. Dépouilles de cigales. Cire blanche d'abeilles. Nids de fourmis noires. Os de seiche. Soufre. Chaux. Orpiment. Stéatite. Cinabre. Cinabre double. Cependant le commerce des drogues et des médecines ne devient plus propriété exclusive du médecin. Il se trouve, et de plus en plus, des officines annamites bien munies et installées à la manière de celles des Chinois. J'en connais qui tiennent des réserves importantes et sont parfaitement achalandées en dépit de l'estime pour le concurrent de Chine. L'approvisionnement d'un certain nombre se fait au Tonkin sur point unique; sans doute faut-il penser de ce fait à la possibilité d'une unification plus franche dans la constitution des droguiers. 26 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. VENTE DES MÉDECINES DANS LES MARCHÉS ET AUX ÉTALAGES DES RUES. Il a été dit qu'une catégorie de gens, comparables aux herboristes, vendeurs s'en tenant exclusivement au débit des marchandises, sans s'inquiéter des destinations, tenait commerce achalandé en dehors des boutiques. Il m'a été donné de voir ces étalages à peu près sur tous les marchés réguliers, mais ils apparaissent surtout nombreux et fournis, à l'occasion de certaines foires ou marchés importants. Je puis citer Yinh, je puis citer Cam Lô en limite des terres moïs dans le Centre-Annam. On rencontre naturellement dans les marchés une prédominance des choses de la flore du pays : cependant le fonds du droguier chinois n'est pas dédaigné. J'ai recueilli à Yinh, sur le grand marché et à travers les rues, les listes des produits présentés par cette catégorie de vendeurs. J'en donne les détails avec les équivalences. Médicaments en vente sur le marché de Vinh. ÎE Thiên hoa = aquat lâu càn«, Melothria heterophylla Gogn. (Cucurbitacées). — Tubercules. M fil] Linli tiên, Glematis sp. (Renonculacées). — Racines. "ft LU Thu'frng so'n, Dichroa febrifuga Lour. (Saxifragacées). Feuilles. 115 EL Phông hy, Ipomœa Gomezii Clarke (Convolvulacées). — Racines. ^ tM Sài hà «= «ré lu'tT, Rupleurum falcatum L. (Omhellifères). — Racines. Côc tinh = anut don, Eriocaulon sexangulare L. (Eriocaulo- nacées). — Fleurs. X\ M iilf Thach xu'u'ng bb, Accrus calamus L. (Aracées). — Rhi¬ zomes. ^ Phuc linh, Pachyma Cocos Fries (Champignons). — Sorte de truffe. LES MÉDECINES DES APPROVISIONNEMENTS. 27 Tij dài = cc ty hain, Smilax lanceœfolia Roxb. (Liliacées). — Tubercules. ^ l£ Ngu'u tdt = tfdô long 15, Achyranlhes prostrata L. (Amaran- thacées). — Plante entière. è TE Bach chi = cccam thâo bot don, Abrus precatorius L. (Légu- mineuses-Papilionées). — Racines. 5c H Thiên môn = cc eu toc tien », Asparagus lucidus Lindi (Lilia- . — Racines. |!§ M, Phông phong, Peucedanum terebinthaceum Fisch (Ombelli- fères). — Racines. T1 Chi tu' = ccdành dànhn, Gardénia florida L. (Rubiacées). — Fruits. ]£ Jî T1 Su' quân tu' — cccây trun», Quisqualis indica L. (Combré- tacées). — Fruits. §! M Tue doan — cc ô rôn, Carduus japonicus Franch (Composées). — Racines. 3a ÎÊ &Vc hoat (à Yinh) = ccrau muông biênn, Ipomœa Pes caprœ (Convolvulacées). — Racines. 5e îg Khu'o'ng hoat = cc mang éch n, Angelica decursiva Miq. (Ombellifères). — Racines. Si Câudàng, Uncaria macrophylla Wall. (Rubiacées). — Plante; fleurs. 3$ Ngân hoa = cccây bu'o'm bacn, Mussaenda frondosa L. (Ru¬ biacées). — Plante entière; fleurs. If Ngâi hwo'ng [probablement Armoise récoltée sur le Trân ninh et au Laos] (Composées). — Plante entière. 3E 7 Hî fr Vwo'iig hdt lu'u hành = cc mua tép n, Melastoma decem- fidum Roxb. (Melastomacées). — Racines. W ék Udt kirn = ccnghên, Curcuma longa L. (Zingiberacées). — Rhizomes. W Ngâi xanh, Curcuma petiolata Roxb.; Amomum Zerumbet (Zinzibéracées). — Rhizomes. 28 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. H Sanh cu'o'ng = ccgù'ng'», Zingiber officinalis L. (Zingibéracées). — Rhizomes. lll H So'n cu'o'ng = « gù'ng giou, Alpinia Galanga] (Zingibéracées). — Rhizomes. H K Cu'o'ng hoàng = cr gù'ng vàngn, Curcuma sp. (Zingibéracées). — Rhizomes. itî ïî H Cao lu'O'ng khu'o'ng = w riéng u, Alpinia Galanga (Zingibé¬ racées). — Rhizomes. IpJ # Hà thù 6, Tylophora ovata Hook. (Asclépiadacées). — Racines. H ^1 Man kinh, Vitex trifolia L. (Verbénacées). — Graines. îi Moc ihông, Glematis cbinensis Retz. (Renonculacées). — Plante. $ lî Xa tiSn = et ma dén, Plantago major L. (Plantaginacées). — Plante entière; graines. # Moc hu'O'ng, Aplotaxis auriculata D.C. (Composées). — Ecorces. fit # Bê côt (côt tôai bô) = rctô rôngn, Polypodium Fortunei (Fou¬ gères). — Rhizomes. W pU Bdch b(), Stemone tuberosa (Liliacées). — Tubercules. H M Ô du'ô'c = , Leonurus cardiaca L. (Labiées). — Plante entière. ffi ^ Phi tu' = crhot ngutn (à Yinh), Gordia chinensis Lam. (Borra- ginacées). — Graines. ]$. # Hàu phdc (da hop), Magnolia pumila Andrews (Magnoliacées). — Ecorces. ® W- Nhân trân, Artemisia abrotanum L. (Composées). — Fleurs. fï 5F Kinh gio'i, Origanum heracleoticum Lour. (Labiées). — Fleurs. I® Jk Trân bi = rrvô quitn, Gitrus japonica Thunb. (Rutacées). — Ecorces de fruits. & Thanh b\ = tr vô quit nonn, Fruits récents de Gitrus (Rutacées). — Ecorces des fruits. ê t A Bach iïèng nie — 6 («bô ruotn), ce qui signifie «enlever le cœurnt1). Le même nom est donné à l'opération qui consiste à rejeter le germe de certains fruits ou graines (fruits de lotus par exemple). t1' « Enlever le cœur» pour la phrase sino-annamite, «éloigner les entrailles» dans la forme populaire. PRÉPARATIONS MÉDICINALES. 43 On tient certaines racines pour dangereuses lorsque leur collet ou leurs extrémités radiculaires n'ont pas été enlevés. Il semblerait que les principes mauvais se collectent sur ces points extrêmes. Le nettoyage par section de ces pointes dangereuses se nomme khû' lu & M. Dans plusieurs cas, on doit faire ablation de la sous-écorce, généra¬ lement blancbe, endoderme immédiatement appliqué en surface libé¬ rienne. L'opération est appelée khû' nhu'o'ng -5b fit. L'appellation khu' tiet tîî est réservée pour le dégagement des nœuds et des nodosités et l'on nomme khu' mcio -ir ^ la manœuvre par laquelle on débarrasse les diverses parties de la plante ou du fruit des poils dont elles peuvent être recouvertes. Séchage. 11 s'obtient de deux façons suivant les plantes à traiter : i° Bfi Sdi (ccphôi nangfl) : exposition au soleil; A a0 "lis Am càn (crpbôi trong innc) : exposition à l'ombre. Modes de divisions des produits médicinaux. i° fû Cat («catfl ou crxât») : couper au hachoir ou au couteau; 2° M Bâo (tcdâmn) : écraser avec un instrument lourd pour réduire en gros fragments; 3° M Bào (ccbàofl) : raboter les bois ou les racines; h° Tdn (crtânw) : broyer au pilon pour réduire en poudre les substances solides ou contuser, pour expression de leur suc, les viandes, les fruits, les tiges souterraines. PRÉPARATIONS SPÉCIALES. Préparations des sucs végétaux. 1° *f| Ap (crépu) : expression manuelle (ou, mieux encore, à l'aide d'un instrument) des fruits à traiter et plus particulièrement des fruits M L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. oléagineux. Ce mode peut atteindre des racines ou des tiges naturelle¬ ment molles ou travaillées pour être amollies. 2° Kvân» ou «vann (cette manœuvre est exclusivement annamite) : c'est la torsion à deux mains, agissant en sens contraire, d'une tige dont on veut faire écouler le suc ou les sèves. Ce procédé est en parti¬ culier admis pour obtenir le Truc lich ÉÈ 8, en opérant sur les stipes des bambous jeunes. 3° g $ij Vi tluch ( a xâm n ou «thich») : il s'agit d'un traitement particulier des racines charnues dont on veut obtenir un suc plus abondant. On transfixe avec des épingles spéciales les parties à épuiser; on les exprime ensuite. Quelquefois, l'opération précède une opération secondaire traitant la racine par ébullition. Préparations des médecines à l'aide d'un liquide froid. i° M Bào («dam nu'é'cn) : macération ou plutôt détrempe appli¬ quée à une médecine mais de courte durée. 2° M Tam (ce ngàm nu'6'c lâun) : macération proprement dite. Le produit à traiter est plongé dans l'eau froide durant un temps plus ou moins prolongé; elle peut utiliser également divers autres liquides : eau, vin, alcool, urine même. 3° Nhuân (ctnhuàn, ru'ô'in) : c'est mouiller. On arrose légère¬ ment les détails végétaux sur lesquels on doit opérer. k° Tïou tich (ccrâyiî) : c'est imbiber. On asperge avec la main les médecines et l'on use pour cela d'eau ordinaire ou d'eau médi¬ cinale. 5° ît Trîch ( Du sao (et sao daun) : cuire dans l'huile. Autres méthodes de cuisson. #t RI Chu' cdt thuy (techung câch thuya) : c'est la cuisson ordi¬ naire au bain-marie. ift _h M Phan thu'o'ng chwng (eehâp co'mn) : désigne un mode spécial de cuisson. Les médecines à traiter sont plongées au centre d'une mar¬ mite pleine de riz mis à cuire comme pour une cuisson ordinaire. On peut prolonger cette cuisson suivant les nécessités. iH® 'â' Lu'ô'ng oa hiêp (echai noi up môta) : il s'agit là d'une véri¬ table sublimation opérée par l'adaptation de deux marmites à ouver¬ tures égales et disposées gueule contre gueule. On en lute soigneuse¬ ment les bords après avoir introduit dans le récipient inférieur les médecines sur lesquelles on veut opérer. MANŒUVRES DIVERSES. On dit : crMàia : pour l'opération qui consiste à frotter un médicament sur le rebord rugueux d'un récipient en terre afin de l'user et de le faire participer de la sorte à la préparation de certaines formules. Trich (cenhem) : laisser égoutter une médecine. «Pho'i su'o'ngn : exposer à la rosée. Bào « dâm v : écraser, moudre. « Bàm y> : hacher. 46 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. «rXât bàmi> : couper en morceaux. ffXâtu : employé isolément signifie couper à gros fragments. Nhuyen : triturer, pétrir. On use assez souvent d'un procédé qui passe pour faire prendre aux médecines la qualité du principe exhalé des individus (ccho'iu). Il con¬ siste à placer les drogues, enveloppées, sous la natte du lit où la per¬ sonne intéressée doit dormir; on laisse agir durant toute une nuit. Cette opération se nomme sàng ha. DISTILLATIONS. Autrefois on distillait certaines herbes médicinales ou certains fruits : l'opération s'indiquait par les caractères H M, chu' du'o'c (en annamite : cceât thuôc»). On agissait avec des appareils primitifs se composant d'une marmite faisant cucurbite (ccnôifl) coiffée d'un cou¬ vercle (crvungn) soigneusement luté et appuyé par un détail de com¬ pression (cccây dan vungn). Un tube en métal (étain le plus souvent) était adapté au couvercle et pénétrait dans le corps d'une jarre en terre, hermét quement close et plongée dans une eau réfrigérante. Le tube se nommait ccûng tram»; quant au récipient, c'était le trthiécu. Les distillations de substances médicinales ne se font plus en Annam. Les prohibitions intéressant l'alcool de fermentation ont en¬ traîné suppression de tout traitement organique par le moyen opéra¬ toire des alambics. Les Chinois usent de ce procédé dans leur pays pour les essences qu'ils répandent sur le marché d'Annam sous les noms d'cchuiles(huiles essentielles) telles que les ccdàu bac hài> (de menthe) ou ccmâng tà 11 ; ccdàu dàu khâun (huile de Cardamone); ccdàu hông hoa» (huile de Carthame), etc. J'ai vu traiter autrefois, à l'aide d'un de ces appareils sommaires, dans la province de Thdi-Nguyên, les souches de vieux camphriers dont on libérait tranquillement, mais lentement, très lentement, des huiles chargées, très impures (1905). PRÉPARATIONS MÉDICINALES. 47 MESURE DU TEMPS DANS LES PRÉPARATIONS. Il arrive quelquefois que ies interventions officinales doivent être limitées sur un temps précisé. Actuellement la chose est établie d'une façon plus sure : chaque maison de commerce étant munie pour le moins du réveille-matin européen que l'on rencontre partout en Extrême-Orient. Cependant les appréciations sur la durée des préparations médici¬ nales sont fréquemment données, dans les formules des livres, selon les anciennes divisions de temps reconnues par les vieux auteurs et encore adoptées par nombre de gens de l'époque actuelle. Il importe donc de les indiquer dans leur ensemble et leur succession, et donner leurs concordances avec nos heures d'Occident. Ici, la journée se divise en douze parties qui occuperaient chacune deux de nos heures. Elles prennent comme désignation les lettres du cycle duodénaire : chacune correspond à l'un des douze signes célestes. Ty, 23 heures à 1 heure [Ty : rat). 3 Su'u, î heure à 3 heures (Su'u : bœuf). % Dân, 3 heures à 5 heures [Dân : tigre). •fp Mao, 5 heures à 7 heures (Mao : lièvre). Jf Thân, 7 heures à 9 heures (Tlùn : dragon). EL Ty, 9 heures à 11 heures [Ty : serpent). Ngo, 11 heures à i3 heures [Ngo : cheval). Mùi, i3 heures à i5 heures [Mùi : chèvre). Thân, i5 heures à 17 heures (Thân : singe). W Dâu, 17 heures à 19 heures [Dâu : poule). ^ Tuât, 19 heures à 21 heures [Tuât : chien). ^ Ho'i, 21 heures à 23 heures [Ho'i : porc). Pour les préparations de moindre durée, on compte en général selon le temps que peut mettre à se consumer un bâtonnet d'encens (josstick) du modèle ordinaire. Le bâtonnet d'encens est le te cây hu'o'ng» des marchés. Il brûle environ quarante-cinq minutes. 48 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. IY LES MÉDICAMENTS ET LEURS FORMES. LES MÉDICAMENTS. Le caractère qui traduit en sino-annamite notre mot médicament est M du'o'c. Il retient en correspondance d'Annam le terme ccthuôc» : ainsi sont désignées toutes les médecines en général W. Il y a deux grands courants dans les médecines exploitées en Annam. On dit Bac du'o'c '-\t H (annam. : «thuôc bac») pour les méde¬ cines du Nord et Nam du'o'c H§ pour celles du Sud (annam. : «thuôc nam»). J'explique : J'ai dit ailleurs, la difficulté qu'il y avait à se tenir sur les points spéciaux des médecines de la Chine et de l'Annam et la démarcation (1) II est peut-être bon d'attirer l'at¬ tention sur l'abus que l'on a pu faire du mot «thuoc» dans son sens de «tabac». Les Nicotiana ( tabacum , fruticosum ) portent le nom complété du pronominal des végétaux; la plante est donc : «cây thuoc». Le tabac des ventes se dit «thuoc la» ou «thuoc an» (tabac en feuilles, tabac à fumer). La confusion peut être évidemment possible. Mais il arrive que des Européens traduisent le mot «thuoc», même dans son sens très précis de «matière à médecines», par le mot «tabac»; et l'on peut entendre dire : «Il était malade, il a pris du tabac» ou encore : « Le médecin an¬ namite lui a conseillé du tabac». On tombe de la sorte dans les égare¬ ments du mot «nu'O'c» qui traduit ex¬ pressément «eau» pour nombre d'entre nous, même quand il est employé dans le sens de «pays», de «climat», d'«en¬ semble de conditions», etc. C'est ainsi que l'on arrive à juger par trop expres¬ sément de la valeur d'un lieu sur la simple qualité de son eau, et l'on com¬ prend, pour «nu'ô'C doc», l'eau mal¬ saine (empoisonnée) et, pour «nmoc tôt», l'eau bonne, alors que le sens plus étendu atteint la qualité mauvaise ou bonne du pays. LES MÉDICAMENTS ET LEURS FORMES. 49 n'est nullement établie entre ce qui est matière médicale de l'une et matière médicale de l'autre. Les éléments chinois débordent mais ils empruntent fréquemment à l'herbier de l'Annam. Ces emprunts sont remaniés en Chine, préparés, étiquetés et réexpédiés. Or, les ressources de l'herbier d'Annam sont copieuses et mal connues de l'homme du pays : elles font le profit, le plus souvent, de l'homme de la Chine qui sait faire siennes les plus demandées ou les meilleures. Celui-ci le sait : j'ai cité la phrase d'un commerçant chinois avisé et plaignant l'Annamite inattentif aux choses de son sol ou les igno¬ rant : «L'Annamite meurt sur ses plantesd. Moins ancienne que la matière médicale de la Chine, l'étude des matières médicales de l'Annam daterait de l'époque du bonze tonki¬ nois Tué Tinh (xe siècle). Il écrivit les premiers Nam dwo'c. Les médecines du Sud pouvaient dès lors avoir place dans les études locales unissant leur groupe, de plus en plus augmenté, à tout l'apport venu du Nord. Ainsi on doit entendre par Bac du'o'c '-\t M tout ce qui est médecines de provenance chinoise, sans tenir compte des origines. Le terme Nam dwo'c est réservé aux médecines locales, exploitées directement dans le pays. Généralement, les livres qui les étudient notent, à côté des carac¬ tères sino-annamites qui les fixent mieux, les appellations en langue commune à travers le pays d'Annam et celles-ci peuvent varier. Ils indiquent encore les temps des récoltes, certains procédés de leur préparation et marquent l'estime de quelques emplois à formes popu¬ laires. LES NOMS DES MÉDECINES D'APRES LEURS DESTINATIONS. Suivant leurs destinations thérapeutiques, les médicaments em¬ pruntent une série de noms dont il est bon de connaître les prin¬ cipaux : «thuôc bon, médicament tonique; «thuôc tiêu ■», médicament eupeptique; crthuôc càmn, médicament astringent; «thuôc \on, médicament purgatif; Officine sino-annahitk. —■ I. 4 50 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. ftthuôc tây», médicament purgatif; ftthuôc thon, médicament vomitif; ftthuôc mu'ân, médicament vomitif; ftthuôc xiâ», médicament dentifrice; ccthuôc tên, médicament anesthésique local; tcthuôc mêw, médicament anesthésique générait1); ftthuôc mat», collyre; ftthuôc miéng», gargarisme; ftthuôc nhai»; masticatoire; ftthuôc rétfl, médecine fébrifuge; ftthuôc trù'fl, médecine préventive. ESTIME COMPARÉE DES MÉDECINES DE CHINE ET D'ANNAM. Les médecins de Chine, semblerait-il, ne manifestent qu'un enthou¬ siasme réduit pour les médecines d'Annam comparativement au leurs. Je tiens entre les mains une liste établie par un médecin-phar¬ macien chinois, portant sur une soixantaine de produits communs aux deux pays et tenant grand usage en médecine. Je juge suivant son estime. L'empirisme chinois veut bien accorder, selon sa pratique, la pré¬ férence, sur le nombre, à quatre produits de l'Annam. JÉ Nhuc que Cannelle du tronc. È If Bach ctâu khdu Cardamome. #L # Tràrn hu'o'ng Bois d'aigle. ÎÉ. # Lw h()i Aloès. 11 a une estime plus grande encore pour le Hà ihu 6 indo- chinois; mais le Nam Hà thu 6 (celui d'Annam) est une Asclépiadacée (Tylophora ovata Hook.), tandis que celui de Chine est un Polygonum (P. multiflorum Tiiunb.). Des quatre produits précédents, trois sont expressément fournis O Exactement : « médicament qui Taberd. — Médecine qui endort stupéfie, qui s'empare de l'esprit ». par les principes qu'elle dégage, ainsi «Mê» : dedîtus, dit le dictionnaire de le chloroforme. LES MÉDICAMENTS ET LEURS FORMES. 51 par l'Annam; le Lu' hôi existe dans le Sud-Annam, mais j'ignore de quelle façon il a pu être tenu dans le droguier du Nord. Parmi les autres drogues de la liste, vingt sont appréciées à égalité d'effets. Pour la plupart ce sont des Zingibéracées (galangas, amomes, gingembres, la bétoine, le soucbet rond, le quisqualis, etc.), toutes plantes dont les récoltes d'Annam s'en vont au profit de l'exploitation chinoise. FORMES DES PRÉPARATIONS. L'arsenal thérapeutique sino-annamite est considérable par son droguier mais, surtout, par ce qu'il emprunte aux plantes. Or, le pré¬ parateur de médecines agit, vis-à-vis de chacun des détails de cet arsenal, soit en les utilisant isolément, soit en les mélangeant de manières bien diverses selon le but à atteindre et le mode d'emploi envisagé. On peut établir l'étude des préparations suivant la répartition en médecines internes et médecines externes. MÉDECINES INTERNES. NÛI PHUC DU'O'C j^j ffî. M- i° M Thavg. C'est la médecine préparée par infusion ou par dé¬ coction dans de l'eau. fir Cam lhang. Ce sont les décoctions ou infusions auxquelles ont été mêlés du sucre, du miel ou de la réglbse. la :§i Kho thang. Cette appellation désigne les préparations liquides des médecines amères. Généralement, on ne cherche pas à atténuer le goût de ces médecines, dans la crainte d'en altérer les principes. 2° M Tien. On prépare cette sorte de médecine par décoction plus poussée ou, le plus ordinairement, par décoction redoublée. 3° Tdn (ccthuoc bôtfl). Ce sont les poudres; on les obtient par écrasement au mortier et l'on en assure l'homogénéité en passant au tamis. 4. 52 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. h° % Hoàn (cfthuôc viên»). Pilules. On les prépare en mélan¬ geant aux poudres ordonnées un agglutinant qui est le plus souvent du miel, mais qui, à l'occasion, peut être soit de l'amidon mouillé, soit une eau préparée, ou du miel, du lait, etc. Les pilules sont roulées à la main en détachant successivement de la masse les quan¬ tités suffisantes pour pouvoir être maniées entre les doigts (ccviêmi). 5° dî Bo'n (ccthuoc viên ton). Ce sont des bols que l'on prépare de la même façon que les précédentes pilules qui sont de dimensions moindres. Ces iïo'n sont parfois énormes. 6° Ir Cao. Extraits mous en général.. On les obtient par la cuisson prolongée de substances généralement mucilagineuses ou pouvant faire gelée. Cependant ce terme « cao n peut indiquer, à l'occasion, des huiles médicinales, des médecines topiques (expressément on pour¬ rait traduire «électuairesn). 7° M Giao. Ce sont des extraits secs : les auteurs européens tra¬ duisent fréquemment par le mot et colle n qui est en équivalence fon¬ cière avec le terme chinois. Au surplus, la plupart des giao em¬ pruntent à l'aspect et à la consistance de nos colles dures (colle forte des menuisiers, par exemple). 8° M. Da'o'c lu'u. On nomme ainsi les médecines à l'alcool, celui-ci servant de fond pour les dissolutions ou des suspensions. Elles peuvent faire des alcoolatures M. t (1' Les vins médicinaux paraissent avoir pris place dans le nombre des spécialités chinoises. Les prospectus et les réclames les montrent avec les meilleures qualités toniques. Cepen¬ dant, il existe des préparations locales exécutées, d'après les formules de l'École chinoise, avec de l'alcool de riz. On conserve ces préparations dans les fa¬ milles riches : elles exigent un bon alcool et parfois des médecines de haut prix. Je tiens d'un médecin européen ayant passé sa vie en Annam, qu'il eut à faire usage d'une préparation de gin- seng de prix et de cornes molles (cor¬ nichons de cerf) tenus en alcool : il employa un flacon qui lui fut préparé et il en vantait les propriétés réellement toniques et stimulantes en même temps qu'il estimait la qualité gustative de la préparation. On conservait autrefois en alcool des insectes, des arachnides ou des myria¬ podes : l'alcool qui les contenait macérés passait pour être actif contre toute ma¬ ladie mais aussi pour être de conserva¬ tion meilleure. Je crois que l'alcool en préparation de ce genre ne doit plus se rencontrer. LES MÉDICAMENTS ET LEURS FORMES. 53 9° M 515 Du'o'c chûc. Potages médicinaux simplement préparés avec des substances alimentaires mais préparées dans un but thérapeutique (potages de «dau xanlm, soit potages de pois verts, par exemple, utilisés dans les cas d'empoisonnements); ou bien par emploi mêlé de certains potages, ainsi les potages au riz, pour servir de véhicules à certaines médecines. io° MM Du'o'c blnh (ctbành thuôcn). Pains médicinaux. On les emploie couramment, surtout dans la thérapeutique infantile. Les plus utilisés sont les pains anthelmintiques dont certains sont trans¬ portés et vendus sur les marchés W. Pour faire suite aux potages et aux pains servant de véhicules aux médecines, il peut paraître intéressant de citer certaines recettes domestiques intervenant au point de vue des traitements. Telles sont plusieurs salades qui mélangent, parmi des feuilles fraîches de haut goût, d'autres feuilles de plantes à saveur ayant vertus médicinales. Mais on prépare encore la cuisson de certaines herbes dans le corps de quelques poissons (le plus habituel est le «câ giécu : le carassin). On met le poisson à griller et on le consomme ainsi ou bien, sur une cuisson plus poussée, on le réduit en poudre avec ce qu'il contient, afin de le faire servir à la préparation de pilules. On pourrait encore signaler certaines coctions de drogues, drogues d'origine minérale, dans des tubercules évidés et posés à plein feu. A côte de ces médecines subissant un véritable mode culinaire que l'on fait absorber au malade à traiter avec l'intermédiaire de poissons, de viandes ou de tubercules farcis des produits utiles, je tiens à noter le mode de traitement officinal suivant. Je ne l'ai jamais vu appliquer en Annam mais j'ai conservé le souvenir très précis de cette méthode originale qui s'exerçait à la frontière chinoise (celle du Yunnam) à l'occasion de syphilis anciennes affligeant des gens fortunés. Le médecin entretenait de jeunes poulets qu'il gavait de grains ayant subi un contact prolongé avec du mercure ou du cinabre. On sacrifiait ces 'U Dr Sallet, tfBaah trung», Pain médicinal anthelmintique. — Bull. Soc. méd. chir. Indoch., 1928. 54 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. poulets lorsqu'ils étaient parvenus à un degré d'éticité estimable; alors, ils entraient dans une sorte d'alimentation médicinale appuyant, dans sa base, le traitement prescrit (Laokay, îgoS-iyok). On pourrait s'intéresser encore curieusement à une autre méthode qui consiste à faire accepter des médecines en quantités très réduites et absorbées lentement. La prise se fait par la voie inattendue des masticatoires. Un exemple du genre est particulièrement in¬ structif : les ouvriers laqueurs, et ceux qui vont en forêt pour exploi¬ ter certains arbres producteurs de la laque, connaissent les éruptions fâcheuses, eczémas et œdèmes, capables d'atteindre certaines suscepti¬ bilités organiques. Il existe un moyen de préservation : sur un geste très ancien, on dispose sous la feuille de bétel d'une chique préparée une médiocre quantité de laque vive et l'on use de ce masticatoire avant de se rendre au travail. Nos procédés s'exerçant à propos des anaphylaxies sont mieux présentés sans doute, mais ils sont plus récents. Il faudrait aborder encore la question des préparations de méde¬ cines très spéciales et le chapitre serait infiniment marqué qui traite¬ rait exclusivement des préparations d'organes ou de leurs produits tirés de la série animale. Ils entrent nombreux, isolément ou par combinaisons, dans la matière médicale sino-annamite. Cette méthode de thérapeutique dérive des enseignements de la Chine où, depuis de longs siècles, on s'en sert utilement sur le profit des résultats simplement observés. Il s'agit des emplois opothérapiques et il est évident que l'on pénètre dans un coin bien obscur de la thérapeutique sino-annamite. Je ne crois pas que l'on ait jamais cherché ici, localement, les explications possibles de ces actions. Mais on sait user, par contre, de divers organes empruntés aux espèces animales, en compensation d'insuffisances ou pour des rappels de fonctions chez l'individu humain. La Chine a su juger de l'intérêt de la méthode sans en raisonner les mérites. Ainsi, et depuis si longtemps, son École médicale appli¬ quait heureusement les ressources de cette branche puissante de notre arsenal médical : l'opothérapie, que notre science d'Occident com¬ mence maintenant à mieux déchiffrer. LES MÉDICAMENTS ET LEURS FORMES. 55 REMARQUES IMPORTANTES TOUCHANT À LA PRÉPARATION DES MÉDECINES. i° Quand on veut préparer une décoction, on doit faire emploi d'une petite bouilloire en terre, le cccéi siêu» ét d'autre part une personne sérieuse doit surveiller l'opération. 2° Les médecines toniques doivent être préparées à feu léger [van hôay 3° Les médecines des traitements doivent être bouillies à grand feu (v5 hôay lx° Habituellement, le mélange de l'eau et des médicaments doit être fait en proportions convenables : si l'eau n'est pas en quantité suffisante, les médicaments ne livreront pas leurs principes également et le feront mal; s'il y a trop d'eau, alors les valeurs des médecines disparaîtront. 5° La préparation d'une médecine tonique exige la valeur d'un lu'o'ng de drogue pour deux lu'o'ng d'eau. On fait décoction en rédui¬ sant d'un cinquième. L'opération terminée, on filtre avant de boire. (La filtration est obtenue d'une façon plus rapide et ainsi : on utilise un morceau de soie avec lequel on couvre la surface d'ouverture d'un bol; on vide le liquide sur le morceau de soie maintenu.) 6° Il y a des avantages à boire les médecines pures sans apports étrangers et, plus encore, à les absorber avec des parties résiduelles de leur préparation. 7° Certains médecins estiment que les potions toniques doivent utiliser dans leur décoction des médecines ayant subi une préparation préliminaire et que, par contre, les potions destinées à agir sur des maladies déterminées doivent employer des remèdes crus, tels qu'on se les procure avant toute intervention d'officine. 8° La préparation officinale d'une ordonnance exige dans tous les cas que l'on place en premier lieu, dans le récipient qui doit servir à la cuisson, le médicament le plus considérable de la formule. 56 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. On mélange ensuite tous les autres produits que l'on place sur le premier. De la sorte, la préparation s'opère d'une façon meilleure. MÉDECINES EXTERNES. NGOAI BO DU'Q'C J§. Nous trouverons ici tout d'abord des préparations déjà citées dans la liste des préparations destinées aux voies internes, comme les cao (électuaires) qui font topiques dans le cas présent et les tan, poudres avec lesquelles on recouvre les lésions cutanées. Les médecines qui vont suivre empruntent le plus souvent leurs noms aux destinations qui les attendent : i° Hh M Chl duyc («thuôc mô'n). Drogues généralement pulvéri¬ sées qui sont incorporées aux graisses animales. 2° M M Bû du'o'c («thuôc xoan). Préparalions constituées par des mélanges en présence des véhicules ordinairement utilisées dans les frictions, ainsi les huiles iHj 'M M Du dû du'o'c. 3° îffi M Sâi da'o'c («rac botn). Médicament dont on saupoudre les parties de la peau ulcérées ou blessées. 4° IëIS Niêm du'o'c (cethuôc dâni)). Ce terme indique les em¬ plâtres réalisés avec des médecines préparées en manière d'onguents. Ils sont destinés à des applications prolongées. 5° ^ M Khiet dwç'c («thuôc nhain). Ce sont toutes les médecines mâchées (feuilles, fleurs ou racines) appliquées sur les points à traiter : l'emploi en est surtout populaire. Le broyage est opéré directement dans la bouche par mastication. 6° fjf M Trich duye («thuôc giotn). Il s'agit de certains collyres que l'on instille goutte à goutte dans les yeux malades, ou de liquides employés à l'occasion des maux d'oreilles. 7° lir M Biern du'o'c («thuôc giot duc»). Instillation de médecines plus épaisses que les précédentes. LES MÉDICAMENTS ET LEURS FORMES. 57 8° :&t M Tdy dwo'c (ccthuôc rû'an). On marque de ce nom les lavages faits sur telles ou telles parties du corps, avec des eaux qui peuvent être médicinales. 9° M Môc dwo'c (ccthuôc tam»). Bains dont l'administration ne semble pas être d'usage bien solide en thérapeutique sino-annamite. Il existe un certain nombre de formules qui intéressent les bains des enfants et comprennent des plantes odorantes, ou apaisantes le plus fréquemment, et d'autres qui s'adressent à des bains médicinaux d'adultes, mélangeant des plantes ayant des propriétés adoucissantes ou curatives. Ce sont celles que l'on rencontre à l'occasion du traite¬ ment des gales et autres affections cutanées. io° MM Huân dwo'c (ccthuôc xông»). On a recours maintes fois aux médications fumigées, partiellement appliquées, surtout pour les affections névralgiques de la face et les douleurs dentaires. Cependant, dans un certain nombre de cas, ces fumigations peuvent être générales et s'adresser à la surface entière du corps. Le procédé reste semblable : on disperse les vapeurs des médecines chauffées à l'aide d'une marmite à large ouverture dont le liquide bouillant peut s'évaporer aisément. On a pris le soin préalable de s'entourer le corps (ou la partie du corps à traiter) d'une couverture qui, en même temps, enfermera le réci¬ pient dans son enveloppement. ii° aS M Phûn dwo'c (ccthuôc phunn). Le procédé est assez peu utilisé en pratique médicale régulière : il reste surtout d'application populaire. Il consiste à projeter avec la bouche sur le malade des médecines liquides pulvérisées entre les dents, à la façon de l'eau que savent si bien pulvériser les blanchisseurs indochinois sur les linges qu'ils ont à repasser. Pour être complet, il y aurait encore à dire des moxas, des pointes de feu, des ventouses, toutes ces révulsions actives dont les formules relèvent expressément de nos règles de petite chirurgie. Les moxas trouveront mention dans l'étude de la plante qui les fournit : l'artémise à moxas (Artemisia vulgaris), le ccngâi cu'un. Quant aux autres révul¬ sions, elles ont à prendre place dans des études particulières. 58 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. EAUX MÉDICINALES UTILES À CERTAINES PRÉPARATIONS ET À QUELQUES ARSORPTIONS DE MÉDECINES. Il est bon de donner en indication le détail des principales eaux préparées avec des substances particulières, eaux qui serviront aux détrempes, aux macérations, aux cuissons des médecines et, à l'occa¬ sion, qui aideront à l'absorption de certaines poudres et de plusieurs pilules. Ces liquides ne sont pas les seuls, on utilise bien des choses courantes à cet effet, comme le miel, l'alcool, le vinaigre; on peut citer encore l'usage que l'on fait de l'urine de jeune garçon très sain. Cam thào thuy y]<, Eau de réglisse. (Annam. : rnu'é'c cam thào».) On fait bouillir ensemble un lu'o'ng de racines de Cam thào et un lu'o'ng de haricots noirs (hâc dâu.) dans un volume d'eau égal à celui de deux bols. On fait réduction à moitié. Le liquide obtenu sert, entre autres, à la préparation du Xuyên ô et du Thào ô qui sont des racines d'aconits. Tà mnc thuy M /fc 7k, Eau de Caesalpinia Sappan. (Annam. : anu'o'c vang».) Deux lu'o'ng de bois de «vang» (sappan) que l'on fait bouillir dans l'eau de deux bols pour une réduction de moitié. L'eau de la décoction sert pour préparer le Hu'o'ng phu : Cyperus rotundus. Hong hoa thuy jfl ?£ , Eau de carthame. (Annam. : ctnu'o'c hèng boa».) Le Carthamus tinctorius subit une décoction semblable à celle du sappan. Elle est destinée également à traiter le Hwo'ngphu. Sanh cu'o'ng thày £ # ?Jc, Eau de gingembre. (Annam. : trnu'ô'c gù'ng».) LES MÉDICAMENTS ET LEURS FORMES. 59 On traite trois (long de gingembre dans un bol d'eau et l'on réduit à moitié. Avec le liquide de cuisson on traite les tubercules de Bdn ha et de Nam tinh (Arums). ttNu'é'c gao*, Eau de lavage du riz. On en prépare les Bach truât et Thwo'ng truât (atractyles); les Chdiih hoài (racines d'une dioscoréacée) et le Phuc linh (Pachyma cocos). ttNu'é'c muôi*, Eau salée. Sert à la préparation du Sont ihù ru (cornouiller) et à celle des médecines destinées à traiter les affections de l'étage inférieur du corps. Les eaux suivantes : ttNu'é'c sa nhân*, Eau de graines d'amome velue. ttNu'é'c ngâi diêp*, Eau d'armoise de Chine. ttNu'é'c* Diadu, Eau de Poterium. ttNu'é'c* Cdl cân, Eau de Pachyrhizus trilobus. rtNu'ô'c dâu*, Eau de mûrier (Tang bach bl lliuy H è & ?fc). ttNu'é'c toc lienn, Eau d'Ophiopogon (Thiên môn thuy % PI ). ttNu'é'c* Iioàng lien, Eau de Coptis. ttNu'é'c « Bach b<), Eau de Roxburgliia. ttNu'é'c* Thân khûc, Eau d'un mélange médicinal. «Nu'é'c n Bac hà, Eau deunenthe. ttNu'é'c cô ké*, Eau de lampourde (Thu'O'ng nhl thùy iïr 5 ?Jc). ttNu'é'c* Phông phong, Eau de Siler. ttNu'é'c* Ngu'u bàng, Eau de bardane. ttNu'é'c * Bffn bl, Eau de pivoine. ttNu'é'c tim bac*, Eau de scirpe à mèche (Bâng tdm thùy ')S ?K)- ttNu'é'c ruôt gà*, Eau de clématite de Chine (Mile thông thùy Ttc il 7jt). «Nu'é'c* Linh tiên, Eau de clématite (C. smilacifolia). ttNu'é'c * Hoâc hwo'ng, Eau de Patchouli ou de bétoine. ttNu'é'c* trach ta, Eau de plantain d'eau. ttNu'é'c* Bu'o'ng qui, Eau de livèche. ttNu'é'c* Ngwu tdt, Eau d'achyranthe. 60 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. kNu'6'ci? cam eue, Eau de fleurs de chrysanthème. (tNu'Ô'ctî Do trong, Eau d'Eucomia. et IN u'é'c t> Bach chi, Eau d'iris. crNu'6'Cfl Ngû gia bi, Eau d'aralie palmée. ctNu'é'cn Ô tac càt, Eau d'os de seiche. trNu'é'c phènw, Eau d'alun (Bachphàn thuy ê H 7jc). ctNu'o'Cfl Thach cao, Eau de gypse. ccNu'o'cd Hoat thach, Eau de stéatite. Toutes ces eaux se préparent semblablement et dans des propor¬ tions identiques : Produit à traiter : 5 et dong n; Eau : 2 bols. On réduit à moitié. Ces eaux sont valables surtout pour des absorp¬ tions médicamenteuses. Eaux composées : i° Tam lâng, Cyperus Iria : 3 et dong n; Hwo'hg phu, Cyperus rotundus : 2 «dong»; Eau : 1 bol. 20 Hoàng hij, Pterocarpe ou Astragale : 3 «dong»; Thângma, Astilbe : 2 «dong»; Eau : 1 bol. 3° Thu'omg Iruât, Atractyle : 3 « dong » ; Hauphdc, Magnolia : 2 «dong». h° Tam lâng, Cyperus Iria : 3 «dong»; Ngu'u tdt, Achyranthe : 2 « dong 11 ; Tu'u, Alcool : 1/2 tasse; Eau : 1/2 bol. On réduit, par décoction, à moitié du liquide. L'eau restante aide à la prise des pilules et des poudres. Divers. Suc exprimé de Gingembre : LES MÉDICAMENTS ET LEURS FORMES. 61 Cu'o'ng trdp H ff". On l'extrait suivant le procédé des aiguilles en lardant les rhizomes pour en exprimer plus facilement le liquide. On l'utilise pour préparer le Bôi mâu (bulbe de fritillaire) et le Hau phdc (écorce de Magnolia). Vinaigre : Thô Sa (annam. : et dam n). On l'utilise pour les préparations du Tarn lâng (Gyperus Iria) et du Nga truât (Kaempferia pandurata). Alcool : Twu M (annam. : «ru'o'un). Les lavages et les macérations à l'alcool sont utilisés pour un grand nombre de médecines. Il est établi que, pour les maladies qui affectent l'étage supérieur du corps, les préparations des médécines destinées à leur traitement doivent être grillées sur macération dans l'alcool. Mais, pour les méde¬ cines qui doivent atteindre les maladies de l'étage moyen, il est besoin seulement d'employer l'alcool pour les laver. L'alcool sert, entre autres préparations, à celle du Thuc <3tia (Reh- mannie médicinale). Lait : Nhù IL (annam. : ctsu'ân). Le lait est d'emploi fréquent pour les préparations officinales : ainsi dans celle du Chdnh hoài (patate dioscorée) et celle du Phuc linh. On emploie surtout le lait de vache. Certaines macérations se font dans du lait de femme. Urine de garçon : Bong tiên m. @ (annam. : etnu'é'c tiêu con train). L'urine de jeune garçon très sain est en usage dans un grand nombre de macérations et de détrempes. Souvent elle sert dans les breuvages médicinaux. Sa valeur active ne vaut que si elle a été recueillie auprès d'un garçon jeune et en bel état de santé. 62 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. HEURES DES MÉDECINES. Le temps des prises des médecines n'es! pas indifférent. Il est réglé de la façon suivante : Lorsqu'il s'agit des remèdes intervenant à l'occasion de maladies intéressant l'étage supérieur (c'est-à-dire la partie du corps allant de la tête à la hauteur des seins), ils doivent être pris immédiatement après les repas. Ceux qui interviennent à l'occasion des affections de l'étage moyen (soit de la partie intermédiaire à la ligne mamillaire et à la ligne ombilicale), on attend, pour les prendre, un intervalle de deux ou trois heures sur les repas. Les médecines à utiliser pour traiter les maladies de l'étage inférieur sont prises à jeun. On prescrit encore : Pour les affections des membres, il ne faut faire usage des remèdes que pendant la nuit. Pour les maladies des os, des moëlles, les médicaments ne doivent être administrés qu'à la suite du repas du soir. Remarque. — Pour les médecines susceptibles de provoquer des nausées ou des vomissements (ordinairement médecines liquides obtenues par décoction), on conseille de les faire absorber lentement, par petites quantités suivies, par cuillerées. SPÉCIALITÉS. A vrai dire, la spécialité pharmaceutique ne semble guère marquer dans ce qui est médecine d'Annam. Cependant, dans les boutiques médicales on rencontre des empaquetages de toutes formes, boîtes, enveloppes ou flacons; chaque détail est muni de caractères heureux qui en font l'éloge, marquent la provenance ou indiquent la destina¬ tion du produit. Tous ces éléments sont des spécialités provenant des LES MÉDICAMENTS ET LEURS FORMES. 63 fabriques chinoises de Chine ou de Saigon (on dit, cependant, qu'au Tonkin l'Annamite médecin suivrait, ici et là, la manière chinoise). Il est des marques renommées et les maisons productrices inondent le pays de leurs catalogues dans lesquels sont mentionnés des attesta¬ tions, des remerciements, toute la chaleur des reconnaissances : ceci est à l'exemple de nos réclames d'Europe. Le médecin d'Annam, en raison de son éducation, a perfectionné son art dans le milieu familial. Il a hérité, du père ou du maître, l'enseignement et le soin d'exploiter des formules transmises : ce sont certains de ces secrets, dont les formules sont gardées jalousement, qui font la renommée de plusieurs et contribuent à la prospérité de quelques familles médicales. Ces médecines secrètes prennent le nom de Gia tràyên % : ce sont des formules de famille. Les médecins qui les détiennent préparent eux-mêmes les mélanges et ne délivrent leurs produits qu'en état d'être utilisés. Cependant, ces médecines spécialisées, à formules non rendues publiques, ne peuvent pas, à proprement parler, être considérées comme des spé¬ cialités car elles sont cédées directement par ceux qui les préparent et n'admettent généralement pas d'intermédiaires, de même que jamais on ne les rencontre présentées avec leurs détails commerciaux ainsi qu'il en est fait pour les spécialités chinoises. J'ai noté que ces spécialités chinoises avaient une grosse réputation le plus souvent. Elles sont préparées à la manière des Gia trùyên d'Annam, sans formule dévoilée. La posologie doit en être large et le mode d'emploi vis-à-vis d'âges différents peut ne pas être toujours indiqué. L'intervention de ces drogues, si elle n'est pas toujours bien¬ faisante, n'est pas non plus toujours innocente et j'ai connu des acci¬ dents lamentables provoqués par des produits délibérément vendus en dépit de leurs éléments composants et dont la mise en emploi n'était pas ou était mal expliquée. Tout dépôt de médecines sino-annamites tient au moins quelques- uns de ces produits à thérapeutique spécialisée d'origine chinoise, ne serait-ce que les menues fioles de ctdaun, huiles diverses (huile de menthe, huile de cajeput) et plusieurs pains médicinaux. 64 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Y ACTIONS RÉCIPROQUES DES MÉDECINES. DIÉTÉTIQUE MÉDICINALE. INCOMPATIBILITÉS MÉDICINALES. On dit dans les matières médicales et dans les traités de pharma¬ copée d'Annam qu'il existe entre certains produits, surtout parmi ceux d'origine végétale, des prohibitions d'emploi combiné ou simultané. A vrai dire, il s'agit d'incompatibilités, non pas raisonnées comme celles que nous rencontrons dans les choses de notre officine d'Europe, mais d'intolérances dont les valeurs sont estimées généralement sur des oppositions partant de coutumes ou d'observances, sans appui d'aucun témoignage démontrant. Les livres notent ces choses, mentionnent les éléments qui s'opposent ou se contrarient mais sans plus, sans aucune explication. La pratique populaire sait, de son côté, plusieurs de ces choses. Il existe cependant, malgré tout, une échelle de gravité dans les incompatibilités des mélanges et ces diverses hostilités sont ainsi connues : i° Ky : répugner, avoir répugnance; 2° ® Uy : craindre ; 3° m ô( annam. : ccghét») : haïr; â° M Khac (annam. : «charnu) : s'opposer, dominer; 5° K Phàn (annam. : «pliân») : contrarier, troubler. ACTIONS RÉCIPROQUES DES MÉDECINES. 65 KY. — Cette répugnance se manifeste exclusivement à l'égard du feu et des métaux. On dit ky hôa d'une médecine qui tient répugnance pour le feu; ky thiet, ky ctung pour la répugnance aux deux métaux (fer et bronze), ky thièt pour la répugnance au fer uniquement. J'ai développé à part la question du ky en pratique d'officine W et j'ai discuté sur la valeur que pourraient tenir les répugnances aux métaux sur certaines particularités qui pourraient faire classer les médecines qu'elles intéressent parmi les plus anciennes médecines du monde, époques de la pierre, utilisée en même temps que le bois pour accom¬ pagner les gestes de l'homme ignorant les métaux. Une suite d'obser¬ vances maintenues rituellement a pu se porter jusqu'à nous. Les répugnances au feu s'expliquent assez nettement du fait que les produits qu'elles atteignent comportent des éléments légers que la chaleur pourrait faire disparaître (musc, girolles, etc.). Cette répugnance au feu se traduira donc par une prohibition du feu dans le traitement des médecines intéressées. Quant aux répu¬ gnances aux métaux, elles entraînent des manœuvres particulières et un matériel prévu pour les interventions dans les récoltes et les préparations. Pour ces médecines, il s'agit le plus souvent de racines : celles-ci ne pourront être atteintes, soulevées et extraites qu'à l'aide d'un pieu en bois (on utilise généralement un bambou). Les raclages, les frag¬ mentations ne pourront être pratiqués que par le moyen de couteaux à lames de bambou. Pour les substances qui répugnent au fer seul, mais qui adoptent le bronze, on prévoit l'emploi dans les préparations d'instruments à lames de bronze. Les triturations se font à l'aide de bâtonnets également en bronze que remplacent les bâtonnets de mûrier utilisés dans les répugnances totales aux métaux. On opère les écrase¬ ments dans des mortiers en pierre, dans lesquels on manœuvre avec des pilons de matière semblable. Il est des médecins, mais plus encore des préparateurs chinois, qui n'apportent qu'un crédit limité à l'importance du Ky : ils savent, à l'occasion, se dispenser de ses exigences. Cependant, dans tous les livres et dans tous les enseignements, ces particularités sont main¬ tenues. (U Voir aux notes additionnelles, p. 128. Officine sino-annamite. — T. 5 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Répugnances au feu. Ky hôa !K. Tf Binh hwomg -h 1? Moc hmo'ng ft i§ Ky nam mm Trâm hu'o'ng M m Xa hu'o'ng M Nhân trân Clou de girofle. Aplotaxis. Bois d'aigle de deux qualités. Musc. Artémise aurone. Répugnances aux métaux (bronze et fer). Ky thiêt Wt, ky étàng kk«. 3$. è & Tang bach bi 3Ë # Hùyên sâm £ HL Sinh (lia m HL Thuc dia f51 Hà thû 6 m Sài hà m Tang ky sanh ânf 7»>* Va thu'c tu' Morus alba. Scrofularia Oldhami (ginseng noir). Rehmannia chinensis. Rehmannia chin. (après traite¬ ment offîcinal). Tylophoi'a ovata. Bupleurum falcatum. Loranthus (celui du mûrier) W. Noix de galles du chêne. Piépui Ky & Thach lu'u bi Tri mâu fin m Thach xu'O'ng bu ii # & Th'a côt bi # t it Todi càt bô m m Hoàng bd Le parasite bénéficie de la mê: ; ances au fer. liét Us. Punica Granatum. Anemarrhena asphodeloïdes. Acorus Calamus. Lyciet. Polypodium Fortunei. Pterocarpus flavus; propriété que son hôte. ACTIONS RÉCIPROQUES DES MÉDECINES. 67 SIS Hoàng ky Sopbora flavescens. S. M A Ngû gia bi Aralia palmata. «M Long dam thào Gentiana scabra. n# Tria linh Pachyma sp. (champignon sou¬ terrain). M Mqc qua Pyrus cathayensis. tèi a M Nhuc dâu khdu Myristica aromatica. M Tien mao Hypoxis min or. Ift Tây cân Rubia cordifolia. mm Thu'O'ng lue Phytolaque M. Uy H (en annam. : ttso'n). C'est la crainte. Il y a désaccord entre deux produits : l'un est une gêne pour l'autre, mais l'incompatibilité est plus apparente que réelle ; dans tous les cas elle est peu ou point nocive. Médecines de crainte. Pour ^ ® il Qudt lâu nhân, Bryone : Ngu'u tâl, Achyranthes. Pour G Si Ba dâu, Croton Tiglium ou Jatropha : frai hoàng, Rhubarbe. Hoàng liên, Coptis. Là duân, bourgeons de roseau. Lê lô, Vérâtre. Thanh thûy, eau froide. Pour Bôi mâu, Fritillaria Roylei : Tdn bltng, Cyminosma (Rutacées). Pour Hanh, Prunus armeniaca : Nhu'o'ng thào, (U A titre de prohibition curieuse, on bouillir dans un récipient en fer. Cepen- peut indiquer celle des Liên ngàu jgî J§ dant, le lotus ne semble pas porter (racines de lotus) que l'on ne peut faire répugnance extérieure pour le métal. 5. 68 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE Pour Mâu tfo'n, pivoine : Béi mâu, Fritillaire. Tkô ti, Cassytha et cuscute. Bai hoàng, Rhubarbe. Pour Lê lô, Yeratrum : Thông bach, Oignon. Pour Ti/ giài, Smilax ferox : Sài ho, Buplèvre. Bai hoàng, Rhubarbe. Pour Phàng phong, Siler divaricatum : Ti) giài, Smilax ferox. Pour Je lân, Asarum virginianum : Hoatthach, stéatite. Pour Hoàng câm, Scutellaria viscosa : Bo'n sa, cinabre. Mâu (Jorn, Pivoine. Lê lô, Vérâtre. Pour Hoàng liên, Coptis : Khôan âtông, Tussilage. Ngwu tdt, Achyrante. Pour Bdn ha, Arum : Sanh cu'o'ng, Gingembre frais. Tân bl, écorce de Frêne. Qui gidp, écaille de tortue. Hùng hoàng, orpiment. Pour Tân di, Magnolia conspicua : Xwo'ng bo, Acore. Thach cao, gypse, chaux. ANNAM. i I ACTIONS RÉCIPROQUES DES MÉDECINES. 69 Bu hoàng, Typha. Hoàng lien, Goptis, Thalictre. Pour Tao giâc, Gleditschia : Nhân sâm, Ginseng. Pour Thiên nam tinh, Arum triphyllum : Phii tu', Aconitum Napellus. Phong phong, Siler. 6 (annam. : ctghétu) traduit la haine; l'action dénoncée ici marque une destination sournoise de la médecine préparée, susceptible de déterminer des dommages, parfois graves, chez les intéressés. Médecines hostiles. Lé 16, Vérâtre, pour : Bai hoàng, Rhubarbe. Bach chl, racines d'Iris, pour : Liêm hoa, fleurs d'Averrhoa. Thào quyét minh, Gassia Sophora, pour : Bai ma, chanvre. Bàn ha, Arum, pour : Bà két, Gleditschia. Tien chi, Polygala, pour : Trân châu, perles. Phi liêm, Carambolier (Averrhoa). Té cap, larves qui parasitent les tubercules des patates (on dit encore Té tào). Lé 16, Vérâtre. Khé sâm, Sophora, pour : Béi mâu, Fritillaire. 70 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Thô ti, Cuscute et Cassytha. Lâu lô, Saccharum jaculatorium. Tao gidc, Gleditschia, pour : Mach môn, Ophiopogon. Tan di, Magnolia, pour : Thach chi, halloysite. Sài hà, Buplèvre, pour : B6 két, Gleditschia. Ti) giài, Smilax épineux, pour : Trà, thé. Ddm, vinaigre. Phàng phong, Siler, pour : Càn khwo'ng, Gingembre séché. Nguyên hoa, Daphne Genkwa. Bach liem, Vitis serianaefolia. Té tân, Asarum virginianum, pour : Hoàng ky, Pterocarpus. So'n thù ru, Cornouiller. Hqnh, Prunus armeniaca, pour : Hoàng câm, Scutellaire. Cdt cân, Pachyrhizus trilohus. Man kinh tu', gatelier, pour : Ô dàu, Aconit. Thqch cao, chaux. Qudt lâu nhân, Bryone, pour : Càn khwo'ng, Gingembre sec. Sanh cwo'ng, Gingembre frais, pour ; Hoàng cdm, Scutellaire, ACTIONS RÉCIPROQUES DES MÉDECINES. 71 Hoàng lien, Goptis. Giâ minh sa, excréments de chauves-souris. Hoàng liên, Coptis, pour : Cuc hoa, Chrysanthème. Hùyên sâm, Ginseng noir. Cu'o'ng tàm, vers à soie séchés. Bach tien bi, écorces de Dictamne ou de Frêne. Hoàng câm, Scutellaire, pour : Tùng thu'c, nœuds des pins. Bâu trong, Eucomia, pour : Xà thèi, dépouille muée de serpent. Hùyên sâm, Ginseng noir. Irâc bd diêp, Biota, pour : Hoa eue, Chrysanthème. Khac M (annam. : et charnu). Le terme vaut pour dompter, domi¬ ner. Les mélanges préparés des médecines portant cette particularité n'offrent généralement aucun danger mais les actions de leurs com¬ posants sont annihilées, éteintes. Les indications du Khac sont assez rares. Il semble que cette par¬ ticularité des associations médicamenteuses soit peu ou point con¬ sidérée. Phàn S (annam. : ccphânw). Les préparations des médecines de cette sorte se dénoncent par des troubles de mélanges, troubles ayant non seulement conséquences pour le résultat des prépara¬ tions mais surtout pour le danger à courir par les malades qui auraient à les prendre. Les livres disent que la plupart des mélanges de médecines ayant la qualité phàn vis-à-vis de certaines drogues, sont mortels. Or, ces mélanges qui troublent prévoient des listes nombreuses car, dans le groupe des incompatibilités, ils ?£>nt les plus redoutés. 72 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Quelquefois, il semblerait que les oppositions du genre phân se montrent apaisées puisqu'on les rencontre en associations, mais ces associations, encore qu'audacieuses, sont considérées d'un point de vue particulier : c'est qu'alors la posologie aura établi une diffé¬ rence suffisante entre les quantités des deux produits aux mélanges dangereux pour que les réactions possibles n'entrent plus en con¬ sidération. Soit le Wickstroemia : Cam ioai dont la racine est phân pour celle du Cam thào qui est la réglisse. L'opposition est telle que l'on a jugé à propos d'en utiliser les effets à l'occasion des cas de surdité et la croyance médicale attend la guérison lorsque, une racine de Cam toai étant introduite dans un conduit auditif, on fait application dans l'autre d'une racine de Cam thào. (On dit ceci au Quâng-Nam, et je l'ai entendu également ailleurs.) Or, si l'on prend de ces produits qui ne peuvent s'entendre, dans les proportions d'un lu'o'ng pour la Thyméléacée (Wickstroemia) et d'un phân pour la réglisse, le mélange se complaît et peut être employé. Un gros déséquilibre des quantités utilisées peut donc autoriser les alliances des médecines phân. Je reproduis une liste de ces médecines dont l'antagonisme d'action fait apparaître, suivant les anciennes théories médicales sino-anna- mites, de si graves conséquences. Je citerai l'une des plus terribles : celle de l'oignon atteint par le miel en un même mélange. Médecines qui troublent. Bdn ha, Arum, avec : Ô clâu, Aconit. Xuyên â, Aconit. Lé lô, Vérâtre, avec : Tous les sâm (Ginsengs). Tivu, alcool. Té tan, Asarum. Thu'o'c dwox, Pivoine (*>. M Toutes ces associations seraient considérées comme mortelles, plus expressé» ment, ACTIONS RÉCIPROQUES DES MÉDECINES. Bôi mâu, Fritillaire, avec : Ô dâu, Aconit. Ba ctâu, Croton et Jatropha, avec : Khiên ngu'u, Ipomée des haies. Ngû vi tu', Kadsura, avec : Ô dâu, Aconit. Qudt lâu nhân, Bryone, avec : Ô dâu, Aconit. Cam thâo, Réglisse, avec : Bach cap, Bletia. Bach Hem, Vigne. Ban ha, Arum tryphyllum. Qudt lâu, Bryone. Ô dâu, Aconit. Bai hich, Euphorbia Chamecyce. Nguyên hoa, Daphne Genkwa. Hâi thdo, Algues marines. Cam toai, Wickstroemia. Lang iâc, aconit tue-loup, avec : Xà tâng, cadmie des fourneaux (mq,t ctà tâng). Binh hu'o'ng, clous de girofle, avec : Udt kim, Curcuma. Xuyên ô, Thâo 6, Aconits divers, avec : Tê gidc, corne de rhinocéros. Les Sdm, Ginsengs, avec : Ngû linh chi, fientes des pies. Quê, Cannelle, avec : Xîch thach chl, halloysite. 1U L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Phong mât, miel d'abeille, avec : Thông bach, Oignon. Lu'u hoàng, soufre, avec : Phâc tiêu, salpêtre. Dlha tiêu, salpêtre pur, avec : Kinh tam lâng, Cyperus Iria. Thûy ngân, mercure, avec : Ty su'o'ng, arsenic. Van mâu, talc, avec : Tu thach anh, quartz violet. Thach quyètminh, haliotide. MÉDECINES DE RENFORCEMENT OU DE DIMINUTION D'ACTION. MÉDECINES QUI RENFORCENT D'AUTRES ACTIONS. CÛ'C LINE DU'O'C S CHI DÀNG DU'O'C 3* S Le mot annamite est «thuoc hayn, ctthuôc càng hay» : médecine habile (pour une autre dont elle renforce les effets). Ces médecines sont, par exemple : Pour Thiic êtia, Rehmannia : Bu'o'ng qui, Livèche. Mâu (to'n, Pivoine. Pour Viên chi, Polygala : Phuc linh, Pachyma Cocos. Bông qui tu', Abutilon. Long càt, os fossiles. ACTIONS RÉCIPROQUES DES MÉDECINES. 75 Pour Thach lien tu\ graines anciennes de Lotus : Phuc linh, Pachyma Cocos. So'n du'&c, Convoivulus mammosus. Bach truât, Atractylis alba. Cu khi, graines de Lyciet. Il est certaines méthodes qui accentuent les vertus reconnues des plantes : ceci est la raison de plusieurs manipulations (macérations, détrempes, cuisson) en liquides spéciaux, etc. Il faut noter également que l'on reconnaît à quelques procédés simples dans le traitement des médecines l'avantage d'en amplfiier les vertus. La conservation prolongée de certains détails agit dans ce sens, ainsi les tubercules de plusieurs arums : Bdn ha et Nam tinh; les graines de Hu'O'ng nhu (basilic), le riz, le thé; les feuilles de Ngâi diêp (armoise à moxas), etc. MÉDECINES QUI DIMINUENT L'ACTION D'AUTRES MÉDECINES ASSOCIÉES. Les médecines d'Annam disent At che : dominer. C'est ainsi que le Khiï sâm s'emploie pour atténuer l'activité du Hùng hoàng (orpi¬ ment) et du Diêm tiêu (salpêtre). Il en est d'autres. Cependant, l'apaisement des principes trop actifs se fait en général par des artifices de préparation : ébouillantements, cuissons, ébulli- tions prolongées, lavages en alcool, etc. En annamite, on les nomme «thuoc su'» : la traduction donne «médicaments ambassadeurs». Ceci veut dire que les associations de certaines médecines apportent à d'autres une facilité de pénétration plus grande, toujours profitable, souvent nécessaire. Le jeu des «sympathies» ou des «signatures» peut se marquer quelquefois pour expliquer la chose, mais le plus ordinairement il ne MÉDECINES DIRIGEANTES. 76 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. faut chercher aucune valeur raisonnée dans ces actions et là, comme bien souvent en matière médicale sino-annamite, il faut envisager surtout le sens de la tradition. J'explique l'action par comparaison. Les Ky xà, Ô xà, Bach hoa xà (c'est-à-dire la plupart des serpents utilisés dans la pharmacopée) tiennent une bonne place comme médecines conductrices. Soubeiran et Dabry de ThiersantW, à propos du serpent qu'ils nomment Tchi- che, «chi che» (en sino-annam. : Ky xà fjf ifé), expliquent : et De son habitude de chercher un refuge dans les haies et crevasses, on conclut que, mêlé à d'autres drogues, il se faufile dans les recoins les plus secrets du corps. ■» Ainsi, de très nombreux remèdes attendent de certains autres le bénéfice de leur action pour pouvoir porter leur efficacité d'une façon plus rapide et plus profonde. Voici quelques exemples de médicaments prenant aide et de leurs « ambassadeurs n. Médecines dirigeantes. Ngû vi tir, Kadsura sinensis : Thung dung, champignon des étables (Coprin). Quât lâu nhân, graines de Bryone : Cà khi, graines de Lyciet. Bdn ha, racines d'Arum (Pinellia) : Xa can, racinps d'Iris. Sài hà, racines de Buplèvre. Tân di, Magnolia conspicua : Xuyên khung, racines de Smyrnium. Tao gide, Gleditschia chinensis : Ba thu'c, graines de Biota (Trâc bd diép). W Soubeiran et Dabry de Thiersant, La matière médicale chez les Chinois. ACTIONS RÉCIPROQUES DES MÉDECINES. Ba ctâu, Groton Tiglium et Jatropha Curcas : Nguyên hoa, Daphne Genkwa. Bach truât et Thu'O'ng truât, Atractylis : Phông phong, racines de Peucedanum. Bia du, Poterium officinale. Khâ sâm, racines de Sophora flavescens : Nguyên sâm, Scrofularia Oldhami. Trâc hâ diép, Biota : Que, Cannelle. Mâu lé, huître. Cù mach, Œillet : Bo'n sâm, Salvia multiorhiza. Le lé, Vérâtre : Hoàng liên, Goptis Sài hô, Buplèvre : Tiên ht3, Elephantopus scaber. Ban ha, Arum (Pinellia). Hà thu 6, Tylophora ovata : Phuc linh, Pachyma. Ty giài, Smilax ferox : Y dï, Goix lacryma Jobi. Hoàng câm, Scutellaria viscidula : So'n thù du, Cornouiller. Long côt, os fossiles du dragon. 78 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. DIÉTÉTIQUE MÉDICINALE. PROHIBITIONS. Il existe des interdictions qui sont imposées à l'occasion des prises médicinales, non sur les mélanges à former, mais sur l'absorption simultanée que l'on serait susceptible de faire de certaines substances, considérées surtout au point de vue alimentaire. Il est évident que nous touchons là à une question de diététique spéciale mais qui tient place ici à bon droit. J'estime nettement que l'on ne peut s'affranchir de développer cette particularité intéressante qui prohibe ou interdit certaines méde¬ cines ou certains aliments à l'occasion de l'absorption de certains produits déterminés. La chose est importante pour les médecins d'Annam, car il leur appartient de connaître expressément ces valeurs à oppositions, de façon à en éviter l'emploi ou de manière à pouvoir établir au client un régime sain et raisonnable. Ces détails pourraient nous faire entrevoir des choses assez spé¬ cieuses pour lesquelles notre entendement occidental ne devrait saisir qu'à la lueur de certains principes, très vieux et très solides, bases des philosophies et des sciences, compliquées encore par les apports des croyances de milieu, d'observances inexpliquées et de parallélisme sympathique ou antipathique des matières médicinales employées. Le mot sino - annamite fixant les interdictions, les défenses est Cdrn H. Les médecines d'Annam emploient les valeurs annamites «cu'n et cckiêng» qui, malgré des significations un peu distinctes, sont assez confondues pour ce qui est des prohibitions médicinales. Hà thu ô — le Tylophora ovata —- interdit toutes les diverses sortes de sang, les poissons sans écailles, les navets (ctcâi cun), les oignons, l'ail. Kinh giô'i — l'Origan — défend, sous peine de danger mortel, les poissons sans écailles. ACTIONS RÉCIPROQUES DES MÉDECINES. 79 Mâu So'n — la Pivoine moutan — empêche l'absorption de l'ail et celle du coriandre. Bàn hq, — les Arum — et Xu'o'ng bô — Acorus — refusent la viande de chèvre, les algues, le sucre noir (di du'è'ng). Thuc ctia — la Rehmannie préparée — ne veut ni navets, ni ail, ni oignon, ni sang d'aucune sorte. Hoàng lien — le Coptis — porte interdiction sur la viande de porc. Sfc quân tu' — Quisqualis indica — prohibe l'emploi du thé chaud (il occasionnerait des diarrhées). Les listes signalent encore : Avec Bach truât — Atractyle blanc —, on interdit les pêches {dào), les prunes (ly), la viande de moineau (tu'ô'c nhuc), le coriandre (hà tuy), le gros kaki (Jtqi thi), la sardine ( lhanh ngu' j. Avec Lé lu' — Vérâtre —, on interdit la viande de chat sauvage (luy). Avec Ma Mu — l'Aristoloche —, on interdit les potages faits avec les pousses de bambou («canh mângn), la chair du sanglier («thit heo rù'ng»). Avec Hoàng lien — le Coptis —, on interdit la viande de porc («thit heo nhà«). Avec Thuc ctia ■— la Rehmannie préparée —, on interdit les navets (ctcâin). Avec Te tân — Arum —, on interdit les salades crues (ctrau sôngn). Avec Carn thào — la Réglisse —, on interdit les algues [hài thdo). Avec Thwo'ng lue — la Phytolaque —, on interdit la viande de chien («thit chô»). Avec Thu'ô'ng so'n — le Dichroa fehrifuga —, on interdit les oignons (cchànhn) et toutes les salades crues («rau songn). 80 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Avec Pliuc linh — Pachyma Cocos —, on interdit le vinaigre (te dam d). Avec Biêt gidp — écaille de tortue —, on interdit le pourpier (ctrau sam»). Avec Thiên môn ftông — Asperge —, on interdit la perche (ttcâ 8*p)- Parmi ces prohibitions fort nombreuses (dont, cependant, je suis loin d'avoir épuisé le lot), il faut observer que celles-ci atteignent, pour la plus grande part, les sangs, les viandes grasses et lourdes (porc, gibier), les poissons sans écailles, les salades et les crudités; les tubercules ou les bulbes à saveur épaisse : navets, oignons, ails, etc. Ainsi, dans les familles averties, lorsque l'on traite par des méde¬ cines internes, on s'abstient de manger les diverses espèces de salades crues, non plus que des fruits ou des viandes; on sait qu'il ne faut pas préparer de choses grillées et que l'on doit éloigner tous les poissons douteux (etcâ dià», «câ dôi•», mulet de barbeau; recâ thiéun, les silures; cccâ ngù'w, «ca chuon«, les anguilles; «câ nue», cccâ gay«, la perche; cctôm dât», les crevettes des îizières; etc.). LES CINQ INTERDITS. NGU CAM. Les livres des médecines disent qu'il existe encore d'autres prohibi¬ tions mais celles-ci ont alors une valeur diététique plus expresse et s'adressent à des groupes déterminés d'affections. On a constitué de la sorte l'ensemble des Ngu edm H M, les a cinq interdits n, qui se distribuent en régime alimentaire, dirigés chacun par l'une des cinq saveurs (Ngu vi IL 5b). Ngu câm. i° Maladies du sang : interdiction des aliments salés (tem^nw). 2° Maladies des os : interdiction des aliments amers («dang»). ACTIONS RÉCIPROQUES DES MÉDECINES. 81 3° Maladies de débilitation et amaigrissements : interdiction des aliments à saveur piquante (cccayn). k° Maladies des nerfs : interdiction des aliments acides (crchuan). 5° Maladies des muscles : interdiction des aliments sucrés (crngotn). OPPOSITIONS MÉDICAMENTEUSES SUIVANT CERTAINS ÉTATS. Il est encore des interdictions d'état. Ainsi, dans certaines maladies on fait prohibition de médecines déterminées de même que dans certaines circonstances physiologiques. Ces prohibitions sont indiquées généralement dans l'étude des médecines intéressées. Elles sont abon¬ dantes pour certains états : ainsi dans les débilités, ainsi dans la gros¬ sesse. Celles qui atteignent ce dernier cas, en nombre plus impor¬ tant, sont notées ici : Médecines interdites dans les grossesses. « Nguyên hoa Daphne Genkwa. M Ngwu tdt Acbyrantes aspera. Bai kich Euphorbia chamecyce. m Que Cannelle. Khiên ngu'u Ipomée grimpante. M* Phu lu' \ ;nâ Xuyên 0 / Thào ô > Aconits. J} 0fC Ô ctâu i KM Thiên hùng ) M M Già cdl Manioc W. M Bdn ha Arum triphyllum. rt M Nam tinh Arisoema. t1' Ainsi fut interprété, sur cette interdiction, le décès d'une femme transportée à l'hôpital de Faifo sur une grossesse presque à terme. La femme et l'enfant succombèrent, en dépit d'une intervention rapide (Faifo, 1918). — Il s'agissait d'une intoxication par le manioc amer. (Dr A. Sallet, Intoxica¬ tion par le manioc amer. — Bull. Soc. méd. chir. Indoch., 1918, n° 1.) Officine sino-annaiiitb. — I. C 82 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. mm um E S M M. % n m t. Hfï sa? Mm si? 4Èi8 SS® 7jC È1 mm Èt È, mm M #ït Sït Thông tliào Càn cu'O'ng Hong hoa Bia dam Trâm ku'o'ng Binh hu'o'ng Ba d'au tdl Tam lâng Bo'n bi Hoè hoa Tao gidc Cù mach Bào nhân Mao cân Môc huYfng Ma tien Càn tdt Xa hu'o'ng Giài trâo giâp Xà Thuy diêp Ban miêu Mang trùng Xich thach chi Hùng hoàng Xha tiêu Phâc tiêu Mang tiêu Tho' hoàng O Ces listes sont anciennes et em¬ pruntées, pour la plupart, aux éléments du vieux formulaire Y hoc. C'est ainsi que l'on signale cette médecine presque inusitée, mais cependant figurant en¬ core dans le Trung-viêt, jljf Mang Aralia papyrifera. Gingembre. Carthamus tinctorius. Gentiane. Bois d'aigle. Clous de girofle. Croton. Coïx Lacryma. Cyperus Iria. Pivoine. Fleurs de Sophora. Gleditschia. Œillet. Amandes de pêcher. Racines d'Imperata. Aplotaxis. Noix vomique. Laque. Musc. Pinces des crabes. Dépouille de serpent. Scolopendre mordante. Sangsue. Mylabres. Mouche W. Halloysite rouge. Orpiment. Sel. Salpêtre. Salpêtre purifié. Sorte d'orpiment. trùng équivaut en annamite à rcon langn, ttcon lang xanh». C'est la mouche dorée ou verte, grasse, qui va sur les déchets animaux, se pose sur les viandes. Elle a tenu emploi médical dans les cas de ballonnement du ventre. ACTIONS RÉCIPROQUES DES MÉDECINES. 83 Dans l'alimention, au cours de la grossesse, on interdit générale¬ ment les viandes de chien, les mollusques, les gingembres, les crus¬ tacés, etc.; en principe, tout ce qui est échauffant ou excitant. * * * Il est recommandé de ne pas utiliser, pour les décoctions, les médecines préparées au feu sur exploitation récente. Après que les produits auront été retirés, sur leur préparation initiale, il faut attendre deux ou trois journées avant leur emploi. On estime que, pendant ce délai, ces médicaments contiennent encore le «ho'ifl W du feu; tant qu'ils sont imprégnés de ce ccho'i», ils ne peuvent agir efficacement sur les maladies. * * * Certaines médecines sont interdites aux gens débiles, mais à l'égard des malades de ce groupe on exige rigoureusement une préparation préliminaire des médecines. Les livres et les maîtres n'hésitent pas à enseigner que si des gens faibles veulent absorber des médecines, mises en potions en leur état cru, comme celles qui sont utilisées pour les gens de constitution forte, il peut y avoir danger, même mortel. I2) tcHo'i» est un mot annamite à signification assez imprécise. Le cchofifl, c'est le principe exhalé des personnes; c'est une vapeur, une haleine; c'est aussi quelque chose d'immatériel, te¬ nant au principe essentiel des êtres et des choses, les émanations. (Voir à ce sujet la belle dissertation sur la valeur du ccho'in, souffle vital, par le Père Ca- dière , in Anthropologie populaire anna¬ mite. — Bulletin de l'Ecole française d'Ex¬ trême-Orient, t. XV, n° 1, p. 66 et suiv.) 84 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. VI BIBLIOGRAPHIE D'EUROPE. (LIVRES CONSULTÉS.) BIBLIOGRAPHIE D'EUROPE. Dans le cours de ce travail sur la pharmacopée sino-annamite, j'ai tenu à me dégager le plus possible des documentations euro¬ péennes. J'ai agi ainsi, non pas témérairement, mais pour tenter une œuvre neuve et indépendante s'appuyant uniquement sur les données de l'enseignement de Chine et d'Annam par les livres et par la fré¬ quentation de médecins des deux pays. Du contact avec les livres, j'ai recueilli beaucoup, mais les médecins m'ont fait connaître et com¬ prendre les techniques à suivre dans les manœuvres adoptées par Y Officine d'ici, au sens le plus général que ce mot peut tenir. Dans le cas présent, si certains auteurs européens ont pu m'ap¬ porter des ressources documentaires, ils ne furent que des conseillers d'exception. Les livres d'Europe auront été pour moi d'un service plus suivi dans l'étude des matières médicales de l'emploi sino-anna¬ mite. Nous aurons donc à en tenir un très large compte dans la liste bibliographique qui sera dressée à cette occasion. Dans le cas présent, que nous marquons en tant qu'étude de la pharmacopée, nous sommes en droit de prévenir que les ouvrages s'intéressant à ces manœuvres de boutique et aux généralités des emplois des médecines sont assez rares et ils ont des degrés d'im¬ portance. Ici et là, il est loisible de rencontrer une note égarée dans des études d'ordre plus général. BIBLIOGRAPHIE D'EUBOPE (LIVRES CONSULTÉS). 85 Je réduis l'inventaire de ma liste bibliographique aux ouvrages traités par les gens d'Europe ou sur notre manière d'Europe et s'adressant un peu plus spécialement aux études sur les pharmacopées sino-annamites. Debeaux. Pharmacie et matière médicale chinoises. — Paris, 1865. Dr Etienne. La matière médicale de la Cochinchine. — Archives de médecine navale, 1869; t. XI, p. 256 et suiv. Capitaine Dabry. La médecine chez les Chinois. — Paris, 1863. (Surtout note reproduite en présentation liminaire sur Les plantes médicinales en Chine, par P. Dabry. — Bulletin de la Société d'acclimata¬ tion, 1863; t. IX, kgk. Soubeiran et Dabry de Thiersant. La matière médicale en Chine. — Paris, 1873. Dr Vialet. Médecine et chirurgie indigènes au lonkin. — Archives de médecine navale, 1892. C. Desaint. Manuel de médecine. — Hongkong, 1895 (traité de médecine indienne avec indications sino-annamites). E. Nordemann. Manuel versifié de médecine annamite. — Hanoi, 1896. Dr Regnault. Médecine et pharmacie chez les Chinois et les Annamites. — Paris, s. d. (paru en 1902). A + B (R. P. Souvignet). Variétés tonkinoises. — Hanoi, 1903. Perrot et Hurrier. Matière médicale et pharmacopée sino-annamite. — Paris, 1907. G. Dumoutier. Essais sur les Tonkinois; Médecine et pharmacie anna¬ mites. — Hanoi, Haiphong, 1908; p. 199. (Réunion de notes parues dans la Bevue indochinoise.) Dr Lê-Quang-Trinh. Croyances et pratiques médicales sino-annamites. — Bevue indochinoise, février 1912; p. 160-176; — mars 1912; p. 3o4-3i8; — a\ril 1912; p. 370-387; — mai 1912; p. 468- 48o. Trân-Dinh-Nam. Essai sur les concepts fondamentaux de la médecine sino-annamite. — Nam Phong, novembre 1922 ; supplément en français, p. 100-121. Fra Mighê (R. P. Martin). ttSéch thuoc». — Manuel de l'infirmier annamite, Hanoi, 1928. 86 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. YII NOTES ADDITIONNELLES. CONSIDÉRATIONS SPÉCIALES SUR LES ORIGINES DES MÉDECINES. RÉPARTITIONS DES QUALITÉS DES REMEDES. CODES D'INTERVENTION DES MÉDECINES. — BASES DU SYSTEME. r Etudiant les divers personnages du 5c H !im (sino-annam. : Thiên y vien) Ministère céleste de la médecine, le Père Doré W en désigne successivement les groupes ou les personnages, répartis pour le culte dans la pagode du Roi des remèdes (2) édifiée dans la ville de in $. (sino-annam. : Nhw cao), relevant de la province de if (sino- annam. : Giang-nam). Le premier groupement est constitué par la triade des dieux- ancêtres qui sont ffi, H Phuc-hi, il' M Thân-nông et JK ^ Hoàng-ctê, les trois empereurs des temps fabuleux. Il appartiendrait au lointain Thân-nông (il vécut de 2787 à 2697 avant notre ère) d'avoir coordonné le premier les richesses médicales réalisées dans le monde végétal. ccChen-nong # H, écrit le Père Doré, ne s'occupa pas seulement (G Le Père Henri Doré S. J., Re¬ cherches sur les superstitions en Chine. IP partie, Le panthéon chinois (suite), t. X. — Chang Hai, 1 g 15. Vide supra. (2) |H 3E Hl (sino-annam. : Dwo'c vwo'ng miêu). NOTES ADDITIONNELLES. 87 de favoriser l'agriculture et le commerce, mais il s'appliqua aussi à l'étude de la médecine, au discernement des plantes vénéneuses et des contre-poisons. Dans un seul jour, dit-on, il discerna soixante- dix sortes de poisons végétaux. Il parvint à classer 365 sortes de plantes médicinales et composa un herbier destiné à les transmettre à la postérité. Chen-nong S# M est considéré comme le premier her¬ boriste chinois; c'est lui qui donna les premières indications précises sur les propriétés des plantes, les poisons et contre-poisons, n Certains le nomment le Roi des remèdes M I (Dwo'c vwo'ng). Mais il appartient à l'empereur Hoàng-btê, son successeur, d'avoir codifié en quelque sorte la médecine et d'avoir apporté un complé¬ ment sérieux aux travaux opérés par Thàn-nong sur la matière médi¬ cale. Pour assurer cette tâche importante, il avait su s'entourer d'hommes de valeur qui constituèrent une sorte de groupement aca¬ démique dans lequel chacun avait sa spécialisation d'étude'1). Ces savants, pour la plupart, reçoivent encore un culte : il est assez négligé. Mais leur souvenir est conservé, surtout dans les livres des médecines. Le Cu'o'ng mwc nomme les médecins les plus célèbres et porte en tête de ses listes les compagnons de Hoàng-ctè. Le livre de Hài-thwo'ng les fait intervenir également dans une sorte d'hom¬ mage rituel. Les personnages de ce groupe qui furent chargés des matières médicales furent Lôi công If Ky bd llljc fé , Dông quân Us) lî. Or, ces premiers médecins s'inspirèrent, pour codifier les méde¬ cines et les choses des remèdes, des principes fondamentaux de la cosmogonie chinoise et des influences des éléments dérivés. J'aurais voulu m'abstraire et éviter l'esquisse qui va suivre, destinée à montrer dans le monde des thérapeutiques une intervention philo¬ sophique assez embrouillée. Déjà, plusieurs ont tenté la chose, et j'en sais l'opportunité pour faire entendre l'étiologie des affections et les nécessités invoquées à l'occasion de tel traitement choisi et de telle médecine valable sui¬ vant des règles. (1) Le Père Doré, op. cit., p. 720- 722. II y avait même un personnage attaché aux choses de la médecine des animaux. Il est devenu le patron des vétérinaires. C'est gjjj Jl (sino-anna- mite : Ma su> hoàng). 88 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. A l'origine du monde, le «Grand extrêmes W i: H (sino-annam. : Thdi cm'c) formant une sorte de chaos déjà actif se dégagea en deux principes, le du'o'ng IH et le dm fê|. Le premier, principe mâle, prin- (O A -f-B, Variétés tonkinoises, p. 3o3. TrÀn Bînh-Nam , Essai sur les concepts fon¬ damentaux de la médecine sino-annamite, p. 102. Dr J. Regnault , Médecine et phar¬ macie chez les Chirwis et les Annamites. La découverte de ces deux prin¬ cipes est attribuée au premier empereur, Phuc-hi (2852-2737). Celui-ci créa en¬ core le Bât quai A âf > les huit dia¬ grammes dont le jeu multipliait les formes infiniment. Ils sont à la base des divinations. cipe clair, fort, chaud et actif, s'opposait en quelque sorte au second, principe femelle, froid, faible, obscur et inerte. C'est de l'équilibre de ces deux principes que se résoud l'ordre universel du monde et l'ordre de ses détails'2). C'est de leur antagonisme et de leurs réactions à travers les êtres et les choses, puisque tout participe de l'un et de l'autre, que dériveront les mouvements, les générations, d'une part, les apaisements, les conservations, d'une autre, et, enfin, les destinations, les disparitions et les morts. NOTES ADDITIONNELLES. 89 Le Thâi eux est représenté par une surface que borde un cercle. Cette surface est divisée également par une ligne à deux courbes limitant deux espaces. L'un est clair : c'est le dwo'ng; l'autre est sombre, c'est le dm. Les occidentaux nomment l'ensemble la monade chinoise; elle est souvent entourée des diagrammes et c'est alors cela table de Phuc hin. Du conjointement des deux principes diwng et dm, se dévelop¬ pèrent cinq éléments 3l fr (Ngu hành) qui furent : 7jC Thùy, l'eau; iK Hôa, le feu, i Thè, la terre; Tic Mac, le bois; # Kim, le métal. Les Ngù hành, agents secondaires qui servent à la constitution universelle des êtres, entraînent d'abord par leurs manœuvres la for¬ mation idéale de deux puissances productrices : le creiel» A : Thiên, et la « terres : Bia; le ciel, à constitution pure; la terre, impure. Or, ces deux forces réunies en engendrent une troisième qui est : 1'« homme» A : Nhân. Ciel, Terre, Homme forment le groupe des « Trois agents » 3 # : les Tarn Tài. 90 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Mais les éléments ne restent pas en indifférence de situation les uns avec les autres : leurs contacts entraînent des manifestations de sym¬ pathie ou d'antipathie. Le premier sentiment se marque par le carac¬ tère M (sanh) qui signifie engendrer. Le second par le caractère M (Mac) qui tient la valeur de vaincre, de dominer. M. Nam a présenté deux tableaux de ces rapports W et je les reproduis : Rapports de sympathie. Le feu £ la terre. La terre £ le métal. Le métal £ l'eau. L'eau £ le bois. Le bois £ le feu. Le métal Le bois La terre L'eau Le feu Il explique de la manière suivante : «11 y a sympathie entre deux éléments quand, après s'être trans¬ formé, l'un d'eux donne naissance à l'autre. Il y a, par exemple, sympathie entre le métal et l'eau parce que le métal, mis à l'état de fusion, devient liquide. Il y a, au contraire, antipathie lorsque, mis en présence l'un de l'autre, l'un nuit à l'autre. Ainsi, il y a antipathie entre l'eau et le feu parce que, mis en présence de l'eau, le feu s'éteint. ■» Ces préliminaires peuvent paraître longs malgré qu'infiniment réduits, mais ils doivent indiquer déjà par ces mouvements des prin¬ cipes et des éléments et par leurs actions en harmonie ou en anta- M TrÀn-Binh-Nam, op. cit., p. io3. Rapports d'antipathie. m le bois. M la terre. m l'eau. M le feu. m le métal. NOTES ADDITIONNELLES. 91 gonisme, les directions diverses que pourront tenir les agents médi¬ camenteux vis-à-vis des maladies et des organes. Car les éléments tiennent la destinée de tous les détails de l'univers et portent un parallélisme déterminé entre les choses essentielles du monde matériel et celles du monde moral, mondes qui restent distri¬ bués l'un et l'autre sur leur plan. Lorque l'on saura que chacun des éléments tient sous sa dépen¬ dance un point d'orientation, l'une des cinq planètes, l'une des cinq couleurs, l'une des cinq saveurs, l'un des cinq grands viscères (dé¬ pendant du principe du'o'ng), les cinq organes adjoints (régis par le principe âm), les pouls différents, les humeurs, alors, on pourra faire effort pour comprendre les influences que ce système peut avoir sur les théories médicales et sur les applications des traitements. Je transcris sous forme de tableau, mettant en regard de chacun des cinq éléments les plus importants détails qui s'y raccordent. Les deux tables des sympathies et des antipathies expliqueront facilement le jeu des parallélismes et des antagonismes que l'on peut attendre de ce système dans les applications médicales et thérapeutiques (voir p. 93). * * * Si nous étudions suivant le mode sino-annamite les diverses méde¬ cines classées, nous les trouvons groupées suivant un ordre assez régu¬ lier, nous avons : le livre des eaux, le livre des feux, ceux des végé¬ taux avec les divisions : plantes-lianes, herbes, arbres, fruits, légumes, céréales, etc. Il y a le livre des insectes, celui des poissons, ceux des reptiles, des oiseaux, des mammifères. Chaque valeur médi¬ cinale est ainsi traitée dans une section précisée. Suivant une méthode d'étude qui apparaît raisonnable, souvent on indique les origines de la matière étudiée, les différents synonymes que l'on a pu relever dans les livres de médecine consultés; puis il est établi une note plus ou moins précise sur la forme du produit décrit et sur les ressemblances qu'il présente avec les détails d'autres produits. Mais le quatrième point étudié de chaque matière médicale a son importance : il détermine en effet la saveur (vi !^) de la médecine et il est complété immédiatement par la qualité du principe de ladite 92 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. médecine (idnh ft). On sera donc prévenu tout d'abord de la saveur dominante et du principe froid, tempéré, tiède ou chaud que peut présenter chaque médecine. Ainsi, en tenant compte des sympathies et des antipathies, un maître des remèdes peut fixer, estimer en toute certitude les médecines à employer et celles qui sont à rejeter, en s'appuyant sur leurs parti¬ cularités de saveur, de principe et de couleur. * * * Cette hase philosophique sur laquelle ont été édifiées par les pre¬ miers médecins W les valeurs des thérapeutiques, devait encore mieux servir à l'organisation des principes de la médecine, en appuyant par le parallélisme entre les cinq pouls essentiels, les vis¬ cères et la base élémentale. L'arbitraire doctrinal de ce système, dont on peut rencontrer les applications dans les choses de la matière médicale et de la thérapeu¬ tique, est alors autrement marqué par ses conséquences dans le monde de la médecine clinique. En tous cas, les indications fournies par les livres des médecines sur les détails des saveurs et des principes, portent pour le médecin d'ici une valeur qui dépasse la valeur d'un simple renseignement. Du reste, ces indications préludent d'une façon majeure aux instructions qui doivent guider dans les utilisations du produit dont on suit l'étude ou dans les emplois qu'il autorise. MÉDECINES DES SIGNATURES. MÉDECINES DES MAGIES SYMPATHIQUES. Médecines des signatures. — Ici, il ne s'agit pas de destinations don¬ nées aux remèdes, suivant des règles tenant à la rigueur de dogmes philo¬ sophiques, mais des destinations qui sont accordées aux remèdes simple¬ ment par suite de comparaisons, le plus souvent populaires, qui pré¬ tendent ajustables en harmonie le produit à exploiter médicinalement (1) C'est % ^ Qui cic tu> qui fut chargé par Thàn-Nông de l'étude des trans¬ formations du dwomg et du dm. Les cinq éléments. £ff Ngû Hành. Feu. !K Hoà. Métal. & Kim. Eau. 7jt Thùy. Bois. Môc. Terre. & Les cinq orientations. JE if Ngû phwomg. Midi. rS Nam. Ouest. Tdy. Nord. Bac. Est. ? Bông. Centre. 4» Trung. Les cinq grands viscères. 3ZM Ngû tang. Cœur. Tarn. Poumons. m Phè. Reins. Than. Foie. Jîf Can. Rate. m Ti Les cinq viscères annexes. Ngû phù. Petit intestin. >h m Tieu truibmg. Gros intestin. **§ Bai truàmg. Vessie. il Dàng quang. Vésicule biliaire. Bomi. Estomac. . Les cinq ouvertures extérieures. Tl t Ngû (pian. Langue. Thiét. Nez. A Ty- Oreilles. 5 Nhi. Yeux. S Mue. Bouche. P Khdu. Les cinq humeurs. JE m. Ngû khi. Sueurs. Hân. Crachats. m Dàm. Urine. >h m Tiêu tien. Larmes. M Luy. Salive. m Tan. Les cinq saveurs. Et Ngû vi. Amère. S Khi Piquante. ¥ Tan- Sa!ée. li Hàm. Acide. Thoan. Douce. -a* Cam. Les cinq planètes. JE M Ngû linh. Mars. >K M Hoà linh. Vénus. ^ M Kim linh. Mercure. 7jc M Thùy linh. Jupiter. /fcJL Mac linh. Saturne. Thô tinh. 2! S fil zn a H o a si r1 r1 fii C/3 <0 Si le jeune enfant fait une chute, on croit que c'est parce que les D) Gia trùyên du Quàng-Nam recueilli dans mes Grandes formules (en prépara¬ tion). '2) Tkwomg hhn : fièvre à allure typhique. I3' Dumoutier, Essai sur les Tonkinois (cité par L. Cadière, Anthropologie popu¬ laire annamite, p. 87). '4) Dumoutier, cité dans B.E.F.E-O., 1903, p. 675; et par L. Cadière, loc. cit., p. 87. 102 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. patronnes des accouchements l'ont abandonné. On leur offre donc un sacrifice de sept œufs et sept houlettes de riz, si c'est un garçon, neuf si c'est une fille, et on dépose ces présents par terre à l'endroit où a eu lieu la chute M. n Les feuilles du ccrau mo' longn (Pœderia tomentosa Bl. des Rubia- cées), sont utilisées dans les maux de ventre. On les traite par broyage pour mélange, mais tandis que pour un homme on se contente de quatorze feuilles, il en faut dix-huit pour composer la potion nécessaire à une femme (recueilli à Vinh). 2. Influence du côté. — Pour les interventions diverses atteignant en particulier les membres supérieurs, on admettait autrefois (on l'admet encore dans le gros peuple) une certaine importance dans le côté adopté. Le principe est celui-ci : côté gauche pour l'homme, côté droit pour la femme. Cette question d'orientation corporelle semble s'expliquer par le fait que le khi (élément vital noble) est à gauche, tandis que le huyêt (le sang) plus ou moins apparenté aux ctvfan (et aux neuf et via » de la femme) relève du côté droit. (Explication d'un médecin annamite de Quâng-Nam.) Le côté gauche est la place d'honneur en Chine et en Annam. Exemples. — Le pouls se prend à gauche pour l'homme, à droite pour la femme. — Les vaccinations ou les variolisations s'effectuaient sur le bras gauche des garçons et le bras droit des filles. — Il m'a été donné de constater en Annam, à l'occasion de prises de sang, que les malades, surtout ceux des campagnes, présentaient, les hommes le bras gauche, les femmes le bras droit. 3. Temps rituel des récoltes. — Dans les traités de médecine, on enseigne les bénéfices qui doivent être pour les plantes ou leurs détails, i1' Dumoutier, Essai sur les Tonkinois (cité par L. Cadière, Anthropologie populaire annamite, p. 87). NOTES ADDITIONNELLES. 103 suivant les époques durant lesquelles les récoltes auront été opérées. Il s'agit le plus souvent des choses explicables et raisonnablement établies sur des questions de maturité, d'imprégnation d'eau ou de siccité, de montée de sève, etc. Mais il arrive que parfois des récoltes sont effectuées sur des époques rituelles et les gestes se sont transmis pour devenir des observances régulièrement admises. Les récoltes les plus renommées sont celles qui se pratiquent le cinquième jour du cinquième mois annamite, que l'appellation popu¬ laire désigne «ngày mong nâmn (le cinquième jour) M. Le nom rituel de la fête (car il s'agit d'une fête importante du calen¬ drier sino-annamite) et celui de Boan ngo (midi juste). Or, les plantes doivent être expressément recueillies à l'heure Ngo 4F (c'est le midi juste), soit l'heure ancienne qui évolue entre la onzième et la treizième heure de nos évaluations d'Occident. L'habitude veut que l'on recueille toutes les herbes que l'on ren¬ contre sur un choix grossier qui interdit les plantes à poisons reconnues. Toutes ces plantes sont mises à sécher, on les fragmente et on les utilise ensuite en infusion. On les emploie dans les œdèmes, les cachexies, les diarrhées, les dysenteries des enfants, etc. Elles communiquent aux infusions un goût particulier toujours par¬ fumé. On les tient donc pour des herbes salubres analogues à nos vieilles herbes de la Saint-Jean. Elles ne seraient jamais dangereuses quelles que puissent être les espèces récoltées. La rosée la plus efficace doit être recueillie au premier matin, au bord des routes fréquentées avant le passage de qui que ce soit. A. Temps rituel des préparations. — Le cinquième jour du cin¬ quième mois ou le sixième jour du sixième mois sont jours de prépa¬ rations d'un produit mélangé dont le crédit est grand en médecine de Chine et d'Annam. D) Les Européens le nomment «petit Têtu. Les Annamites disent encore «têt mèng nâmn et « an mông nâmn. 104 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Le sixième jour du sixième mois est un jour sans aucune destination cultuelle. Si l'un ou l'autre de ces deux jours, on réunit les éléments du mélange, qui seront traités avec des différences dans le mode et dans les apports suivant des influences régionales ou de gré de personne. Le produit constitue le Thân khûc il1 $1 (Thân : génie; khûc : mélange); certains sont réputés, ils sont généralement de la Chine. La formule initiale est bien ancienne, on ne saurait en fixer l'origine. Les livres chinois les plus vieux en reconnaissaient la valeur, elle continue à être employée sur un même crédit; les traités de méde¬ cine la transmettent encore sans défaveur. J'ai relevé deux formules : l'une est d'Annam, c'est un gia truyèn que je tiens du Quâng-Nam. L'autre est copiée sur Nordemann; elle est d'école chinoise. Elles ont grande analogie sauf au point de vue de leur composition. t° Formule d'Annam. Tieu mach Orge perlée 5 cân. Thu'o'n gnhl thào Lampourde 5 lu'o'ng. s? m Giâ lue Renouée odorante 5 af M Thanh cao Aurone. 5 Hanli nho'n Noyaux d'abricots 5 5. Tieu (tâu Haricots rouges 5 (Le hanh nhon doit être débarrassé de son germe et de son écorce, puis séché.) On réunit ces six produits que l'on pile jusqu'à réduction en poudre. On vanne et on tamise cette poudre que l'on mêle à trois cân et demie d'eau descendant du Nord (Bac phwffng hà tliîiy Jb jj ipf 7Ï<. ). Cette pâle est déposée dans des moules tenant en capacité la valeur d'un lu'o'ng en poids de ce mélange. On les recouvre avec du papier afin que les rayons solaires ne puissent pas intervenir. Le Thân khûc ainsi préparé peut être incorporé à de nombreuses médecines. On peut aussi le prendre seul. 11 est apprécié dans les diges¬ tions difficiles, c'est un eupeptique. On lui accorde une faveur grande dans les affections intestinales : dysenteries et coliques. NOTES ADDITIONNELLES. 105 La préparation pour l'administration de ce Thân khuc est ainsi : on prend un lu'O'ng de la drogue, que l'on fait roussir au feu, puis avec de l'eau sur la valeur d'un bol à riz, on fait une décoction que l'on pousse à réduction de moitié. 2° La deuxième formule est citée par Nordemann; c'est la sui¬ vante : 5 cân. î Ivro'ng h dông. 1 h î h 2 U 2 A Le traitement préparatoire de cette médecine se rapproche presque entièrement de celui de la formule d'Annam. Gomme on le voit les deux produits sont bien voisins, mais le crédit le meilleur va au produit chinois. On cite parmi les Thân kliuc réputés celui que l'on exporte de Fou-Kien. OBSERVANCES PROHIBITIVES. Il est certaines défenses curieuses signalées et qui contraignent soit dans le temps de la préparation des médecines, soit dans le temps des prises médicinales; nous en avons parlé plus haut. Dans les locaux des préparations, dans l'appartement où un malade prend ses médecines ne doivent pénétrer les gens qui reviennent d'un cortège d'enterrement, les femmes en périodes menstruelles, celles qui ont récemment accouché, non plus que les personnes qui ont aidé à l'accomplissement de l'acte. On signale que les médecines préparées ou absorbées dans le temps de ces présences fâcheuses per¬ draient tout leur effet. On prend : É3 M Bach miên Farine chinoise # >L S Xich tiêu dâu Haricots rouges (écrasés finement) ^ t Hanh nhon Amandes d'abricots Ht Thanh hao Aurône :jr 5 Thu'o'ng nhi Lampourde W H Già lue Renouée odorante Ces substances sont égouttées. 106 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. REMÈDES ÉTRANGES. J'ai pu recueillir, au cours de mes enquêtes, certaines formules de ^ médecines ou des pratiques susceptibles d'être comptées parmi les plus extravagantes. Alors il m'a paru intéressant d'en enregistrer plusieurs d'autant plus qu'il est difficile de faire le point d'arrêt entre ce qui est matière des médecines et ce qui est matière des superstitions : Les folk-lore des divers pays tiennent dans leurs réserves une abon¬ dante série de méthodes médicales populaires qui apportent l'inat¬ tendu de méthodes extraordinaires, produits de sottise et de crédulité. Ces méthodes sont souvent la part de rebouteux, de sorciers, de guérisseurs qui les exploitent avec audace et non point toujours sans danger. J'ai gardé ce souvenir d'étudiant : une femme est enffiée dans une salle chirurgicale; elle porte au coup une plaie infectée largement. Elle raconte son histoire : sur la présence d'un gros adénome sous- maxillaire, elle est allé consulter un sorcier de Bordeaux, en plein centre de ville. La consultation du sorcier lui dénonce que son mal doit disparaître avec l'aide d'un pansement composé de crottin de cheval posé directement sur la légère entaille que l'homme a pratiquée au gros de la tumeur. Mais la plaie est devenue rapidement doulou¬ reuse, enflammée; retour vers le sorcier qui conseille une application de crapaud vivant. La femme entre le lendemain à l'hôpital : injection immédiate de sérum antitétanique, isolement : la femme meurt du tétanos (Clinique du Professeur Démons, Bordeaux, 1901). Mais dans le Maine et en Bretagne, ailleurs, le crapaud vivant était utilisé dans les cancers ouverts : sa mort indiquait la fin du mal. Puis encore : on traitait les érysipélatcux des plaines du Morvan par des applications de crapaud bouilli M. f Ainsi intervenaient, et peuvent intervenir actuellement dans les vil¬ lages, à l'occasion de coupures saignantes, les toiles d'araignées des recoins à poussières : or tout cela était cause de danger. Mais à côté de ces remèdes périlleux, dans la collection des choses 'G Cf. P. Sébillot, Le Follc-lore de France. — Paris, 1906 (particulièrement le tome III, La faune et la flore). NOTES ADDITIONNELLES. 107 inoffensives traînées par tout le passé des médecines usées, sur la crédulité encore marquée des campagnes d'Occident, que ne trouverait- on pas allant en parallèle avec ce que l'on peut découvrir dans les pra¬ tiques de la médecine populaire d'Extrême-Orient! Alors il faudrait dire des sangs animaux, des graisses des espèces diverses : celles des mammifères, celles des reptiles; des bouillons bizarres et des multiples produits venus du monde animal, de celui des plantes et de tant de choses inertes ayant pour belles propriétés les vertus imaginaires que l'on a bien voulu leur créditer sans témoignage. * * * 11 n'est guère d'étude intéressant les pharmacopées de Chine ou d'Annam qui n'ait eu le soin de développer un peu ce thème des médecines superstitieuses. Aussi simples que fussent les notes publiées, il a paru indispensable aux auteurs, généralement au simple titre curieux, de présenter certains de ces éléments extravagants des rites médicinaux conservés dans le vieux pays. Or, cette habitude de noter l'étrange est loin de m'apparaître un défaut. Si l'on veut éclairer tout le bloc des thérapeutiques, il faut le prendre avec les détails de ses coins d'ombre et de ses étrangetés : c'est-à-dire avec la complicité des traditions plus ou moins faussées, l'apport superstitieux de croyances obscures et tous les mythes con- juratoires. Je sais bien qu'il y a surcharge dans ces détails, et la liste serait longue des médecines qui opèrent par le fait de crédulités inexpli¬ cables et de celles qui font le service de sorciers sous la tenue de philtres, de charmes ou de conjurations. Je m'arrêterai expressément à celles de la phase populaire, notant d'une façon générale, celles qu'il m'a été donné personnellement de recueillir. Elles sont toutes d'Annam. — Cheveux du vertex. — Loanphdt : annam. : «toc xoày d. Traitement des épistaxis. — Les cheveux sont empruntés au niveau du tourbillon. On fait brûler au-dessus d'un cctrâch» (marmite plate), une poignée de ces cheveux dont on recueille la cendre. On prend la couverture d'une sapèque de ce hông do'n n (orpiment). On réduit 108 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. finement, on tamise et l'on souffle de cette poudre dans les narines à l'aide d'un tube de bambou «ongnÛTi. (Recueilli à Cu'a-Tùng). — Cheveux humain en général. — On les dit carminatifs, toniques, les livres des médecines les indiquent. Ils servent surtout populaire¬ ment dans les hémorrhagies des organes par l'emploi de leurs cendres W. — Denis. — Elles auraient des propriétés vulnéraires et cicatri¬ santes que l'on utilise dans les cas de gerçures des seins, dans les plaies cornéennes et dans les brûlures. On les réduit en poudre '2h — Ongles. — La raclure des ongles, mêlée à une petite quantité d'eau, intervient à l'occasion des morsures de la scolopendre (cent- pieds). On absorbe le mélange '3b — Ongles de femmes enceintes. — On les considère comme méde¬ cines sédatives. On les utilise aussi dans les difficultés d'accouchement. Ils ont encore emploi dans le traitement des taies cornéennes. Pulvérisés et délués dans l'alcool, ils seraient d'usage dans les ger¬ çures des seins M. — Peau arrachée au talon. — Dans les cas de «langue jaune» ou de langue noire, affections gênantes, on conseille d'enlever un lambeau d'épiderme du talon que l'on brûle. On mêle les cendres à du miel pour en enduire la langue complètement. Le remède serait très efficace '5). — Urines. — C'est une médecine utilisée dans bien des formules ou dans les préparations de produits : on se sert de l'urine des enfants. Les dépôts que les urines peuvent céder ont leur prix à con¬ dition qu'ils soient de provenance particulière : urines des bonzes ou urines des jeunes garçons'6). — Sédiments urinaires de l'homme. — Dans le cas où le nez est mangé par des ulcères (7), on prend des cristaux des sédiments urinaires R) Recueilli à Faifo. '2) Recueilli au Quàng-Nam (Faifo). '3) Recueilli au Quàng-Nam. I'1' Recueilli au Quàng-Nam, proba¬ blement de source chinoise. f3' Recueilli au Quàng-Nam («Nam- Os). I6' Recueilli à Faifo mais rencontré également au cours de lectures. '7) On dit mangé par le «con tris. Le «con tris est un petit insecte dont les Annamites croient à l'existence dans le cas d'ulce'rations nasales. Son nom chinois est Tau ma nha cam. NOTES ADDITIONNELLES. 109 et on les mêle à du Thanh phàn (sulfate de fer). Mais ce dernier doit être brûlé auparavant. On souffle le mélange pulvérisé dans le nez malade. On assure ainsi une guérison rapide W. — Excréments humains. — Utilisés dans le traitement de la folie délirante («Biên cuôngn). On met ces excréments dans une marmite en terre que l'on munit de son couvercle et qu'on Iule (cc trét■>■>) avec de la terre de manière qu'elle soit bien fermée t2'. On la met ainsi au feu et on la porte au rouge. On retire alors et on fait prendre aux malades le dépôt du produit adhérent au couvercle en les mêlant avec de l'eau. On affirme que la guérison intervient très vite (3>. — Os de crâne humain. — On lui donne emploi dans toutes les affec¬ tions de l'héridité (tuberculose, lèpre, syphilis, etc.). — Défense d'éléphant. — On la dit diurétique et elle trouve emploi contre les corps étrangers de l'œsophage et dans les accouchements laborieux sur une préparation qui consiste à prendre de sa poudre obtenue par frottement en la mélangeant à du lait. — Chien jaune. — Ce sont les poils de l'animal qui sont employés. Une personne est atteinte de Luy lich (on nomme ainsi une plaie placée derrière le talon (ccbàn chân») et qui a mauvaise odeur). On recueille des poils de chien jaune, et ces poils doivent être des poils de crinière («lônggâyn). On les brûle et l'on fait application avec leur cendre W. — Chat noir. — Dans le cas de gale, on recommande de manger la viande de l'animal. Celle-ci convient également pour la guérison des aphong mày dayiU5), éimptions gênantes accompagnées de grosses démangeaisons (6). Les os du chat noir, conservés dans l'alcool puis grillés, sont pulvé¬ risés et employés dans le sàn hâu huyêt bai, affection marquée dans le post partum par la rétention des lochies. (D Recueilli à «Cù'a-Tùngu. Traitement par sublimation. Recueilli à tfCû'a-Tùngw. i4' Recueilli à ttCma-Tùng». A tcCu'a-Tùngn, ondit«mayn. (6) Recueilli au Quàng-Tn 110 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. On prend une dose de poudre équivalente à cinq couvertures de sapèques et l'on boit avec une tasse d'alcool W. — Testicules de porc (a-Tùng». NOTES ADDITIONNELLES. 111 la dysenterie, les affections de l'enfance et dans quelques maladies cutanées W. — Tigre. — La poudre obtenue sur une dent de tigre est délayée dans l'eau. Cette eau sert en lavage dans les cas de morsures de chiens enragés t2'. — Coqs. — Les brûlures occasionnées par les mille-pieds (« con gio'i il) passent pour être vivement calmées par de la salive de coq que l'on transporte directement du bec de l'animal sur la partie atteinte à l'aide d'une plume. L'origine de cette confiance est établie par le fait que reconnaissent les Annamites que les «giô'i» sont dévorés par les volailles sans qu'il y ait marque d'incommodation de la part de celles-ci (3h — Paon («con công»). — Le fiel de l'oiseau est un poison. La légende donne que le paon s'accouple avec les serpents M. ■— Corbeau (et chim qua»). — Les yeux enlevés aux corbeaux cèdent leurs humeui's qui servent pour améliorer la vue de l'homme mais, mieux encore, pour apercevoir les fantômes dans la nuiL5'. — Pie (crée làn). — Les nids de pie sont utilisés dans les cas de folie agitante sur le mode suivant : on fait brûler les nids et la cendre mêlée à de l'alcool est donnée à boire au malade — Le même remède est administré à l'occasion des écoulements blennorrbagiques (7b — Hippocampe et syngnathe. — On désigne l'un et l'autre sous le nom deHâimâ : cheval marin (annam. : «câ ngu'an, poisson cheval). Ils aident aux accouchements par maintien de l'animal séché dans la main droite de la parturiente (8b Dans les régions du Nord, on place le cheval marin sur le ventre de la femme. D) Nord-Annam. P' Recueilli au Thanh-Rôa. Cf. Pou- chat également. i3' Recueilli à « Vinh» (Dr Daléas et Dr Sallet, Le haricot vert annamite contre les méfaits du mille-pattes. — Bull. Soc. méd. chir. Indoch. —■ 1980, n° 7. Recueilli au Quàng-Nam. <5' Entendu au Quàng-Nam. (G) Région de Tam-Kù. P) Ibid. Croyance générale entendue à trVinhn, à crDông-Ho'in, au Quàng-Tri, au Quàng-Nam. 112 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. — Tortue de mer (annam. : «con du»). — Sa chair mangée après cuisson guérit toutes les formes de gale, même les plus sévères et il ne serait nullement besoin de faire application de traitement externe W. — Tête de tortue — Qui ihu (annam. : wdàu rua»). — Dans les dou¬ leurs osseuses, on fait brûler une tête de tortue et l'on en recueille la cendre. On mélange cette cendre avec de l'huile de sésame et l'on enduit du produit une feuille de Ngô ctong (Sterculia platanifolia). On applique cet emplâtre sur la partie douloureuse. C'est une médecine qui fait confiance (2>. — Crocodile. — Le fiel du crocodile est utilisé en friction sur le ventre des enfants nouveau-nés afin d'empêcher la pénétration de l'air dans le ventre par l'intermédiaire du cordon ombilical sec¬ tionné (3h — Serpent boa (ce con trân»). — La graisse de boa agirait contre les poussées exagérées des poils et servirait même d'épilatoireW. — Serpent blanc. — Il s'agit ici non pas du Bach lioa xà des phar¬ macies qui est très souvent un bungare, mais d'un serpent de couleur anormale, fréquemment couleuvre sans défense venimeuse. On prend de l'eau dans laquelle il a pu séjourner. Cette eau traite les lèpres et les tuberculoses comme le feraient les détails des serpents des boutiques. Dans la croyance, les effets médicinaux de cette eau l'emporteraient, restant plus prodigieux encore que ceux qui seraient déterminés par l'application directe de ces serpents (5h —- Serpent blanc — Bach xà (annam. : «con ran mai»). — Dans les cas de lombalgie avec retentissement osseux, on prend un squelette de te ran mai» qu'on lave et que l'on grille au jaune. On plonge ensuite (L Phan-Thiét. On raconte que les œufs du « con du n mangés par ceux qui sont joueurs portent à ceux-ci une mal¬ chance qui tient durant toute une année. Recueilli au teCira-Tùng». 0) Entendu dans le Sud (Phan- Thièt). [Cf. Dr Tirant, Notes sur les rep¬ tiles ou les batraciens de la Cochinchine. — Eœc. etRec., IX, 1885.] Recueilli à Tam-Kij. '0 Recueilli à «Cû'â-Tùng». NOTES ADDITIONNELLES. 113 ces os dans de l'alcool où ils seront conservés : c'est de cet alcool que l'on boit pour traitement W. — Gecko — Cdp gid'i. — S'utilise dans les tuberculoses pulmo¬ naires, les délires oniriques légers. On emploie le corps de l'animal grillé après macération dans de l'alcool ou du vinaigre (2b Dans le Centre-Annam, il s'agit exclusivement du dragon-volant. Ce lézard à parachutes membraneux est utilisé dans l'asthme et dans les phtisies pulmonaires (3). — Crapaud (annam. : «con cocu). — Les crapauds figurent dans plusieurs des médecines étranges de l'Annam : Le foie pilé est utilisé en application sur les plaies M. Dans le cas de morsures par chien enragé, on prend un crapaud que l'on introduit vivant dans un bol rempli de vinaigre dans lequel on le retient durant l'espace d'une minute. Le crapaud retiré, on fait absorber le vinaigre à la personne mordue (3b La viande du crapaud peut être utilisée dans un but de thérapeutique semblable : l'animal dépouillé et débarrassé de ses pattes est parfois pilé avec des écha- lottes (6h Dans les cas Cam twh ^, on recommande d'utiliser une peau de crapaud jaune. Cette peau débarrassée et lavée minutieusement est découpée en menus fragments, puis préparée et cuite sur le mode qui pourra sembler le plus agréable pour la prise. On fait absorber la pré¬ paration entièrement. D) J'ai vu une autre exploitation de l'article dans le Quàng-Nam en 1919. Un annamite tenait un serpent blanc (forme d'albinisme, ici) vivant dans une jarre à demie garnie d'une eau dont il jonchait la surface de pétales de roses. L'homme faisait un commerce se'rieux de cette eau renouvelée sans cesse : la valeur de cette eau, cédée en bouteilles de dimensions cependant réduites, atteignait pour cha¬ cune o$5o et même une piastre. On venait s'approvisionner de très loin. Officine sino-annamite. — I. Nord-Annam. I3) Quàng-Nam, région de «Banan, Tam-Ky. (4) Recueilli au Quàng-Nam. (5> Ibid. Recueilli au Quàng-Nam, région du Tam-Ky. l?) Le Cam ticli est une maladie dyscrasique atteignant principalement les enfants porteurs de vers intesti¬ naux. 8 114 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Il faut dix jours de traitement, comptant un crapaud pour chaque jour, afin d'assurer une guérison parfaite W. — Crapaud — Thiêm thù'. — La chair pulvérisée après avoir été réduite en cendres, est administrée dans les séquelles des affections pa¬ rasitaires intestinales. En la pilant avec du sel, on a un topique heureux pour les furoncles et les panaris — Grenouilles. — Une méthode particulière de traitement populaire fait intervenir les raines en applications sur les yeux malades. (Grâce à ce remède, on peut constater le développement d'un parasitisme spé¬ cial : la sparganose.) — Crabe — Glai ihôat. Épiderme conjonctif d'un crabe marin (annam. : cc da cua lot ■«). — Dans les cas d'accouchement sur présenta¬ tion transverse avec procidence d'un bras (en Annam), le fait est assez peu fréquemment observé, on prend la peau d'un crabe débarrassée de sa cuirasse. On fait roussir celle-ci avec du sel, on la réduit ensuite en poudre. De cette poudre on prend une quantité égale à la couverture de de cinq sapèques. Elle est mélangée avec du «bông cèn (Ghrysopogon aciculatus) sur le contenu d'une tasse à vin, et l'on fait absorber^. — Araignée (annam. : «câi renn) W. — Il s'agit d'une araignée au segment ventral uni, légèrement duveté et d'un gris léger. La longueur totale du corps est de deux à trois centimètres. On enlève la poche à œufs que la bête promène avec elle, on brûle cette poche que l'on mélange avec de l'eau pour la faire absorber aux enfants atteints du muguet (ccdenn)i5). — Nids d'araignées. — Cette même poche ovifère est considérée comme excellent agent de l'hémostase dans les saignées par coupure. A défaut de ces poches, on emploie la toile de l'araignée i1' Recueilli à ccCù>a-Tùng v, province de Quàng- Tri. (2> Nord-Annam. i3' Recueilli à «•Cù'a-Tùngn. t4' On prononce «cai rên» dans le Quàng-tri; à Tourane, au Quàng-nam et dans le Nord-Annam, «con nhênn; au Tonkin, «con dênn. Recueilli à Cù'a-Tùng. t®) tcVinhi). NOTES ADDITIONNELLES. 115 — Araignée. — Pour empêcher les enfants d'uriner dans leur lit, on peut leur faire manger une grosse araignée grillée W. — Araignée — Tri ihù. — L'araignée est employée en application sur les panaris et les piqûres d'insectes après mélange avec du vinaigre (2h — Scolopendre mordante — Ngô công (annam. : « con tit n ). — Le mâle seul fait médicament; on l'utilise dans la méningite des enfants et comme abortifi3). — Vers à soie (excréments). — Dans l'affection nommée Han xudt vong du'o'ng (sueurs généralisées et membres glacés), on prend les excréments de bons et gros vers, on les réduit en poudre et on les mélange à du vinaigre. De la pâte liquide obtenue, on enduit les jambes depuis le genou jusqu'au pied. On fait sécher cette onction au feu (tcxông lu'a»)(4'. — Guêpes ou abeilles [nids : Phong pliông (annam. : ce tô ongn)]. — On fait griller le nid et il constitue un médicament vanté dans plusieurs affections infantiles : ganglions cervicaux, maux de gorge. On le pré¬ conise aussi dans les métrorrhagies et les hématuries®. — Criquet [nid (annam. : cc tô cào cào r>) (6)]. — C'est une sorte de chrysalide que l'on rencontre fréquemment dans les chaumes, adhé¬ rant aux tiges, en forme de cornes trapues, résistantes à stries hori¬ zontales. Quand les enfants ont des boutons dans les oreilles, on fait brûler quelques et tô cào cào 11 dont la cendre est prise pour opérer des frictions autour des parties atteintes (7h — Bousier — Cdt cu'o'ng (annam. : et con bo hung -). — Pour une plaie qui n'abcède pas, on brûle un de ces gros insectes et on en conserve la cendre. Celle-ci est mélangée avec le suc du papayer (rrmu thu du), on applique sur la plaie. Cette application favorise l'issue du pus <8'. 'D Cù'a-Tùng. Nord-Annam. Dans le Nord-Annam, au Quâng- hînh et au Nghê-an : «con rit». Cù'a-Tùng. Nord-Annam. Exactement : «nid de criquetn. (7> Cù'a-Tùng. (») Cù'a-Tùng. 8. 116 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. — Sphex [nid (annam. : «tô vô von)'1)]. — Ce nid, écrasé sur les plaies pustuleuses des enfants, amène la guérison de celles-ci. — Cancrelats — Toàn yet (annam. : Autre formule de la région de Phu- Thwo'ng ( Quàng-Nam ). NOTES ADDITIONNELLES. 119 Ces fragments de bois des vieux cercueils sont utilisés également pour opérer des fumigations sur les eczémas infantiles W. — Vieux oreillers des morts. — Les débris des chevets découverts dans les cercueils sont utilisés pour préparer des infusions que l'on emploie à l'occasion des aliénations mentales, mais sous la condition expresse que ces oreillers aient été levés directement dans les cercueils mêmes (2h — Chaume des toitures (scây tranh ra, cây ran). — Dans les cas de poussées de boutons chez les enfants, on fait absorber des décoctions de paillotes prises directement sur le toit des cases (3). Au Tonkin, la cendre de ces chaumes, en application sur les bles¬ sures, arrêterait les hémorrhagies W. — Liens des palissades. — En présence d'un tétanos ombilical, on fera des inhalations (sept pour un garçon, neuf s'il s'agit d'une fille) avec la fumée des vieux liens ayant servi à l'attache des haies, des palissades ou des barrières (5b — Sapèques anciennes — Cè van tièn. — On frotte une sapèque ancienne sur une surface rugueuse : le produit de l'usure obtenu est glissé sous les paupières dans les cas d'inflammations conjonctivales : la guérison serait rapidement assurée V). Etc. . . * * * Sur ce long aperçu des détails d'une telle thérapeutique, il devien¬ dra aisé de comprendre le fond prodigieux des crédulités populaires. Il n'est aucune particularité scabreuse, ou même répugnante, qui ne puisse être atteinte pour un traitement. 9) «Vinh». Recueilli à Faifo (d'origine chi¬ noise). (3) Recueilli à Tourane. Recette fami¬ lière au Quàng-Nam. W J. Pouchat, Superstitions relatives aux plantes et aux animaux. — Bulletin de F Ecole française d'Extrême-Orient, t. X, p. 5go. Recueilli à Hué. '6> « Cu'a-tùng". — Les sapèques an¬ ciennes sont portées par les enfants en protection contre les maladies semées par les mauvais esprits (croyance géné¬ rale). 120 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. J'ai donné quelques modes écœurants : dans ce lot inoui où jouent les naïvetés et les horreurs, je n'ai pas voulu toucher quelques détails qui sont pires. On peut en conclure : la médecine populaire, ici comme ailleurs, admet tout depuis le déraisonnable des choses jusqu'à l'étrange abusif des conjurations courantes. La zone moyenne de cette thérapeutique, qui fait confiance aux vieilles médecines observées, serait seule à valoir sur certains de ses détails scrupuleusement revus. RESPONSABILITÉ MÉDICALE EN ANNAM. «Introduite en Chine des contrées mahométanes de l'Asie centrale, la noix vomique est souvent employée pour empoisonner les chiens; sa vente n'est pas permise à des personnes non connues W. n Je n'ai pas rencontré auprès des auteurs d'Europe à propos des choses de Chine, d'autres renseignements sur les interdictions des ventes des médecines dangereuses. Il m'a semblé que, dans cette Chine, le commerce de toutes drogues devait reposer sur la plus large tolé¬ rance et sur une très grande somme de liberté. C'est sur ce mode que s'exerce le commerce sino-annamite actuel des drogues. Cependant on dit que le commerce en Annam de certains articles médicinaux sont interdits par les lois à toute personne n'ayant pas qualité professionnelle de médecin et qu'en principe aucune vente ne saurait être consentie sans présentation d'ordonnance. Il semblerait que ce soit sous le règne de Gia-Long ou sous celui de Minh-Mang que doit être reportée l'introduction de ces mesures prohi¬ bitives. Des médecins d'Annam, sans pouvoir préciser l'origine de cette limitation dans la vente des drogues dangereuses, indiquent l'opposi¬ tion nette qui était faite de délivrer des quantités quelconques, sinon sur ordonnance réglée, des produits suivants : Zi fff Thach ûn Arsenic. 7Ï<- M Thuy ngân Mercure. Soubeiran et Dabry de Thiersant, La matière médicale en Chine, p. 176. NOTES ADDITIONNELLES. 121 Il # Khinh phân Calomel. H aï Ma tién Noix vomique. ES Ba ctâu W Croton Tiglium. Ce sont les cinq drogues réputées essentiellement dangereuses (2). Ces prohibitions n'étaient pas que morales et elles s'appuyaient sui¬ des sanctions qui devaient avoir pour balance la facile interprétation des articles des lois. * t- * La responsabilité établie des médecins à l'occasion de l'exercice de leur profession remonte assez loin dans les époques chinoises. Le code des Tang n'envisage que les délits professionnels, en quelque sorte volontaires, crimes commis sciemment dans un but personnel de lucre ou de vengeance. L'article qui prévient la faute dans le code indiqué disait : «Les médecins qui soigneront les malades contrairement aux prescriptions de la médecine et d'une façon illusoire, dans le but de se procurer de l'argent ou autres choses, seront punis d'après les disposi¬ tions relatives au vol'3'.1» Il a servi de base à l'article, à peine modifié, du code annamite des Lê : trLes médecins qui auront volontairement entretenu la maladie d'un malade dans un but intéressé, seront puni d'un abaissement de trois degrés. Ceux qui, pour un motif personnel ou de l'argent, auront profité des soins qu'ils donnaient à un malade pour l'empoisonner et le faire mourir, seront punis d'après les dispositions relatives au meurtre M. i> D) Il s'agit bien du «Ba dâu tau», celui de Chine qui est le Croton à huile, éminemment drastique et dange¬ reux. (2> La vente du Lum hoàng, le soufre (qui passe pour vénéneux), ne pouvait excéder le poids de un «cân». (Recueilli auprès des médecins du Centre-Annam sans qu'il m'ait été donné d'atteindre l'origine de cette reslriccion. Sans doute faut-il voir ici une limitation possible dans la fabrication des poudres explo¬ sives. ) Raymond Deloostal, La justice dans Vancien Annam. — Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient, 1913, n° 5, Deloustae, op. cit., p. i3. 122 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Au sixième mois de la dizième année du règne de ccGia-Longn (1811), il fut présenté au trône un texte de justice pénale pour le pays d'AnnamW. Il s'inspirait des codes antérieurs de ceux de la Chine et de ceux de l'Annam. Son article cclvi juge «des médecins incapables qui tuent ou blessent quelquunv. II est donné de la façon suivante dans le livre de Philastre : « Lorsqu'un médecin incapable se sera trompé en employant des drogues et des aiguilles (2), qu'il n'aura pas procédé selon les prescrip¬ tions et les recettes convenables et qu'il aura ainsi causé la mort de quelqu'un en le soignant, il sera ordonné à un autre médecin de vérifier les drogues et les potions, ainsi que le trajet et les ouvertures des piqûres; s'il n'y a aucune espèce d'intention de nuire volon¬ tairement, le coupable sera jugé d'après les dispositions relatives à l'homicide causé par mégarde ou accident (selon la loi on rece¬ vra le prix de rachat et ce prix sera attribué à la famille de la victime), il lui sera défendu d'exercer la médecine. S'il a volontaire¬ ment agi contre les prescriptions et les recettes (ou d'ailleurs), fraudu¬ leusement (et avec intention) entretenu la maladie (de quelqu'un) et (aggravé ce qui était léger pour profiter du danger; et s'il a de la sorte) perçu des valeurs ou objets, on prononcera en tenant compte de la valeur de l'acte illicite conformément aux dispositions sur le vol furtif; si la mort en est résultée, ou bien si, à l'aide d'un motif quel¬ conque (ayant un motif privé de préméditer le mal), il a volontai¬ rement employé des drogues (contraires à la nature du mal) et tué quelqu'un, il sera puni de la décapitation (avec sursis). 11 Il fut adjoint à l'article un long commentaire officiel et des explica¬ tions coordonnées qui étudient les particularités de l'acte médical fâcheux, conséquence de l'incapacité ou de l'intention appuyée par un P' Les lois et décrets de l'empire de Eocing viêt. Le nom de son auteur est rayé, mais il s'agit du maréchal du Centre, Nguyèn-Vân-Tièng, lieutenant de Gia-Long contre les Tây-So>n. Pour¬ suivi par la suite de la haine de Minh- Mang, il fut compromis odieusement et dut se donner la mort. Ce recueil de lois a été traduit par Philastre (Le Code annamite, 2eédition, 2 vol. — Paris, 1909.) Il s'agit de l'acupuncture. NOTES ADDITIONNELLES. 123 sentiment de vengeance ou par lucre, à l'occasion d'une complicité achetée W. A ceci, il est même ajouté le texte d'un décret visant les sorciers qui, se livrant à des manoeuvres magiques destinées à guérir les gens, ont pu être la cause de leur mort '2'. Un autre article du code des Tang, remanié par les rois Lê, mais uniquement sur sa forme, traitaient des délits commis à l'occasion des pratiques abortives provoquées par l'entremise des médecins ou de marchands de drogues. Cet article intéresse aussi bien les personnes qui ont recours à ces pratiques que celles qui conseillent et celles qui vendent les médecines de l'emploi. L'article k 2 3 du code des Lê s'explique ainsi : « Ceux qui auront provoqué des avortements au moyen de drogues abortives, ainsi que ceux qui auront cherché à se procurer des drogues de cette nature seront punis d'une peine de servitude ; lorsque l'avor- tement aura eu des suites mortelles, les coupables seront condamnés pour meurtre t3'. d Mais le code de Gia-Long reproduit à peu près les mêmes lignes, seulement les peines se trouvent augmentées d'un degré. L'ensemble constitue l'article s58 du Code. Cet article dans le code des Lê reste un peu sous la dépendance de l'article h 2 2 qui intéresse les incantations magiques, les charmes écrits, lorsque meurt la personne qui fait l'objet de ces manœuvres vénéfiques. Du reste, le début même de l'article du code des Lê est com¬ plètement imprégné du fait répréhensible des interventions magiques et des drogues composées uniquement dans le but de nuire. Il prévoit que ce ceux qui auront élevé et transformé des animaux venimeux, des reptiles ou des insectes'4', ainsi que ceux qui auront commandé de fi) P.-L.-F. Philastre, Le Code anncir- mite, 2e édition. — Paris, 1909; t. II, p. 2 43 et suiv. <2' Cf. Philastre, op. cit., p. 2 44. fi) Deloustal, op. cit., B.É.F.E.-O., t. XI, p. 32 2. '4' L'explication de ces pratiques est donnée par le code des Tang. Il indique que, pour obtenir ces poisons subtils, le procédé consiste à mettre dans un vase des reptiles ou des insectes à venin : le dernier survivant serait éminemment venimeux et l'on peut se servir de lui soit vivant, soit mort, pour préparer des drogues d'une action infiniment mauvaise et puissante. — Cf. Delous¬ tal, op. cit., p. 322, n. 1. 124 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. pareilles préparation ou donné des conseils à ce sujet, seront puni de la strangulations. * * * Le souci des lois atteignait dans le Gode de Gia-Long, les méde¬ cins préparateurs et les manipulateurs des drogues dans les erreurs ou les imprudences qu'ils pouvaient commettre. Mais ce souci, impli¬ citement compris dans l'article cclvi et ses interprétations inévitables, lorsqu'il s'agissait de la masse, devenait un sujet d'article très spécial lorsqu'il s'agissait de la préparation des remèdes destinés au roi. C'est l'article clxv et il dit : « Le médecin qui en préparant un médi¬ cament pour le souverain, se sera trompé et ne l'aura pas préparé selon la formule convenable (en rapport avec l'affection) W ou bien qui (de sa main) en enveloppant un paquet, se sera trompé en écrivant l'étiquette sera puni de cent coups de et tru'O'ng». Celui qui, en choi¬ sissant et en triant une drogue, y aura (par erreur) laissé des impu¬ retés, sera puni de soixante coups de cc tru'O'ng». Si en préparant la nourriture destinée au souverain, le cuisinier contrevient par erreur à une défense relative aux aliments, il sera puni de cent coups de et tru'O'ng n . . . te Ceux qui n'auront pas goûté (les préparations médicinales ou culi¬ naires à l'usage du souverain) seront punis de cinquantes coups de rotin. Ce commentaire dit qu'il faut distinguer ce qui peut être employé pour guérir les maladies, cependant si on les emploie pour commettre un meurtre, ce meurtre est pour cela seul un meurtre prémédité et c'est pourquoi, si le meurtre est accompli, la peine est la décapitation. Il s'ensuit nécessairement que l'achat, la vente de substances toxiques dans une intention coupable, sont toujours punis des plus sévèrement. Le décret, appuyant l'article cclviii, atteint à propos de substances déterminées et qui sont arsénicales, les conditions de la vente par tous endroits. Son premier paragraphe est expressif. NOTES ADDITIONNELLES. 127 « Relativement aux divers boutiquiers marchands et autres personnes qui auront vendu des substances appelées «ty suongn ou « tin thachu W et en dehors des cas où ils en auront volontairement vendu en con¬ naissant la nature du fait, cas dans lesquels ils seront d'ailleurs, selon la loi, punis de la même peine que les coupables, s'ils en ont vendu à des personnes inconnues sans prendre de renseignements et ne connaissant que leur désir de réaliser un profit et qu'il en soit résulté un cas d'homicide, bien qu'ils n'aient pas eu connaissance de la nature du fait, ces vendeurs seront encore punis de quatre-vingts coups de truong, selon la disposition la plus sévère de la loi sur ce qui ne doit pas être fait (2b il * * * Aidé des lois locales encore reconnues, retenu par les arrêtés de notre législation attentive, l'exercice de la vieille médecine pourrait être considéré sur une estime mieux assurée s'il était garanti par une discipline réelle. Cette discipline devrait retenir en première ligne le principe de ne reconnaître le droit à l'exercice médical qu'aux personnes présentant un crédit de notoriété sociale et morale et justifiant en outre d'une instruction spéciale; il serait facile de légiférer sur cette proposition. Il y aurait à envisager en second lieu plusieurs décisions qui repren¬ draient les réglementations de certains détails : ceux qui pourraient atteindre l'introduction et la présence dans les boutiques médicales de quelques produits délicats ou dangereux, ceux qui apporteraient un crédit mieux assuré à ces boutiques par des surveillances régulières exercées par des autorités qualifiées, ceux aussi qui préciseraient la valeur des ordonnances en imposant à celles-ci la foi des dates, l'indi¬ cation des localités, le nom du médecin et l'appui de la signature de ce dernier en garantie des responsabilités éventuelles. W Arsenics naturels. La loi annamite atteint tous les délits en comblant les silences possibles de ses textes par ces deux formules ab¬ solues, desquelles doivent nécessaire¬ ment dépendre tous crimes et tous les délits, même les plus inattendus. Ceci est rédigé de cette manière : avoir fait ce qu'il ne fallait pas faire; n'avoir pas fait ce que l'on aurait dû Jaire. 128 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. LES «RÉPUGNANCES MÉDICINALES"1". En suivant l'étude des différentes préparations de ce que l'on pourrait considérer comme Y Officine sino-annamite, on rencontre à côté des détails des manipulations, à côté de ce qui est la technique, des indi¬ cations spéciales de valeurs et de prohibitions intéressant un certain nombre de drogues, et qui existent là, tels des rites, jadis impérieu¬ sement placées, par exemple : la désignation des heures particulières qui commandent la mise en train des préparations; celles qui fixent des époques d'année, soit pour les manipulations, soit pour les prises des médecines. Mais les plus curieuses, et celles qui portent un ensei¬ gnement d'origine peut-être, sont celles qui établissent des prohibitions à causes de répugnances attribuées, qui se reportent même sur les récoltes de certaines plantes. Je ne crois pas qu'il y ait lieu de songer à des incompatibilités à la manière de celles que nous comptons nom¬ breuses dans notre thérapeutique de France, et qui valent à cause de modifications dans la composition chimique des éléments employés par réaction de voisinage, ou par suite d'opposition nette dans les actions des médicaments associés : celles-ci sont connues et exposées, mais on les comprend sous d'autres termes appellatifs. Ce sont des haines (ghét), des craintes (sp'), des annihilations; et ces associations, non permises pour les premières, déconseillées pour les autres, sont établies sur de très longues listes, qui font songer à tous les arbitraires et à toutes les fantaisies, à moins que le sens définitif de ces actions contraires ne nous échappe infiniment. Dans les cas qui nous occupent, il s'agit de matières médicinales qui crrépuguent" aux éléments du groupe métal et au feu. Le carac¬ tère Ky & désigne cette particulière destinée des médecines intéressées et, à bien comprendre, sur l'analyse des détails de cet état de choses, il faut admettre que les raisons qui dirigent et commandent ici le plus souvent ne peuvent être autre que des lois mystérieuses, établies sur de très vieilles observances. Or ces vieilles observances peuvent se rat- D> Suivant une note parue dans le Bulletin de la Société médico-chirurgicale de l'Indo-Chine, mars 1980. Cf. supra, p. NOTES ADDITIONNELLES. 129 tacher ou appartiennent (faut-il y songer?) aux médecines primitives et elles se sont perpétuées jusqu'à nos âges par l'effet soutenu d'une tradition fidèle. Il y a donc des médecines qui répugnent au feu. Pour celles-ci, l'explication est facile : leur groupe se compose à peu près exclusive¬ ment d'éléments portant principes actifs mais éminemment volatils pouvant s'effacer ou simplement s'atténuer à la chaleur. Ainsi par exemple les Binh hu'o'ng T § qui sont des clous de girofle et le Xa huo'ng — # qui est le musc. Mais il est d'autres médecines qui, plus absolument, ont des antipathies, inexpliquées je crois, pour les métaux : fer et cuivre. Or certaines d'entre elles répugnent au fer, il en est qui répugnent au fer et au bronze : je n'en ai jamais rencontré dans mon enquête, non plus que dans mes recherches bibliographiques, qui m'aient été révélées pour une répugnance au cuivre seul. Je songe que cette particularité est pleine d'intérêt. J'ai donné plus haut quelques-unes de ces antipathies aux métaux, en énumérant en premier lieu celles qui semblent atteindre les deux métaux d'usage essentiel, fer et bronze, et qui obligent pour les récoltes (car le plus souvent il s'agit de plantes à racines utilisables) à ne se servir que de déplantoirs en bois. Au surplus, pour les détails des nettoyages, des écorçages et des fragmentations, on ne peut semblable- ment procéder qu'à l'aide de lames de couteau en bambou, confec¬ tionnées à cet effet. La liste que j'ai citée des plantes qui répugnent au fer seul est naturellement plus nombreuse; mon relevé est bien incomplet. Pour les diverses espèces qu'elle indique, des instruments en cuivre ou en bronze (cuivre et bronze possèdent comme représentation un caractère sino-annamite commun) sont substitués souvent aux instru¬ ments de bois, que nous avons vus seuls admis à l'occasion des prépara¬ tions végétales du groupe précédent (2). Les listes certainement sont plus longues, encore que la rigueur des vieilles observances ait pu fléchir, comme tant d'autres coutumes, à l'occasion de plusieurs de ces répugnances soit par oubli, soit par singularité rituelle suivant certaines régions, soit surtout par indiffé- Le vieux recueil Loi công bào chê indique naturellement les propriétés diverses des plantes de ces groupes. Officine sino-annamite. — 1. 9 130 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. rence. On pourrait situer parmi les médecines dont les répugnances ont totalement cédé et ne sont plus signalées dans les livres actuels, le ginseng, les champignons hypogés (Pachyma, Mylitte) W. Il faut bien le dire, le lot des répugnances est à peine considéré de nos jours dans la pharmacopée chinoise (cependant la pharmacopée pratiquée en Annam tiendrait encore actuellement à ces rites). J'ai appris de pré¬ parateurs chinois que, s'ils sont encore au courant des défenses portant sur les hy, ils ne s'en soucient aucunement dans la pratique du traite¬ ment officinal des drogues et que cette insouciance en ce point remon¬ terait à des générations. Or, ceci peut démontrer d'une manière appuyée que l'intervention d'une action chimique contraire, apportée en cours de travail par le contact de ces métaux avec les produits intéressés, n'était pas explicative de la prohibition de ceux-ci, mais elle peut bien autoriser à penser que cette prohibition pouvait mieux être une traduc¬ tion rituelle, perpétuant, suivant un rythme mystérieusement précis, des gestes très anciens. J'enquêtais à Cu'a-Tùng sur les médecines indigènes et j'étudiais' un lot de plantes dont m'avait approvisionné un médecin annamite de l'endroit qui me livrait, en même temps que les détails thérapeu¬ tiques propres à chacune des espèces présentées, les particularités de leur préparation et les mille petites choses que le populaire leur accorde dans des croyances naïves. Ces derniers points relèvent peut- être plus expressément du folk-lore, mais à mon sens, ils importent, non pas tant seulement parce qu'ils sont curieux, mais bien parce qu'ils contribuent magnifiquement à l'histoire de l'évolution humaine : aussi j'ai toujours pris le souci d'en enregistrer les détails. Successi¬ vement le médecin me montra une racine assez volumineuse et d'autres racines moindres : la première était celle d'une Asclépiadée dont Locreiro, il y a près d'un siècle et demi, avait relevé les pro¬ priétés rajeunissantes sous une désignation irrégulière : il en avait fait la plante de la jeunesse et la nommait : Apocynum juventas. (On a mis depuis cette plante en place voulue dans le classement botanique : c'est le Tylophora ovata de Hooker. En sino-annamite, il reste le Hà (1> Mylitta lapidescens Horan (sino- annamite : Loi hoàn boule du tonnerre), participe du l'ait de l'origine qu'on lui attribue, et qui tient du tonnerre, à certaines particularités mystérieuses dans le domaine des croyances et des pré¬ servations. NOTES ADDITIONNELLES. 131 thû â.) Il est de vieille réputation et entre dans de nombreuses formules des pharmacopées de Chine et d'Annam à l'effet d'atténuer les influences de l'âge; on dit en particulier qu'il peut rendre aux poils décolorés des barbes et des cheveux leurs anciens tons passés. Les autres racines qui suivirent étaient celles d'un mûrier d'Annam, le Morus alba (Tang bach bï). Or, le marier est une plante qui fournit à la médecine générale et il est assez bien considéré comme panacée ; mais ce végétal intervient encore d'une façon particulièrement heureuse contre les influences maléfiques de tout un monde mystérieux d'esprits malfaisants. Les sorciers en utilisent les branches pour fouetter l'air autour des maisons en proie à des hantises, auprès des lits des malades et, mieux encore, au voisinage des cercueils. J'ai vu bien souvent admettre le mûrier sous forme de minces baguettes que l'on interposait entre les nattes sur lesquelles reposaient des gens atteints de maladie grave ou d'affection contagieuse. Les autres racines étaient celles d'un Grenadier, celui que l'on ren¬ contre partout et qui est valable, comme partout, pour ses vertus antiparasitaires du tube digestif. Le médecin m'expliqua les répu¬ gnances de ces plantes : les deux premières absolues vis-à-vis du cuivre et du fer, et exclusive vis-à-vis du fer pour le grenadier dont les pré¬ parations s'accommodaient de l'usage du cuivre. J'avais entendu dire vaguement de ces oppositions des médecines au feu et aux métaux et je n'avais jamais ajouté une curiosité de recherche. Le P. Cadière, mon savant ami, assistait précisément à ma séance d'étude : sur ces faits qu'il connaissait, il me dit qu'il avait songé à l'hypothèse d'observances, transmises sur les récoltes des pre¬ miers âges, alors que le monde ignorait les métaux. Or, les trois exemples qui m'avaient été présentés valaient pour étayer la proposition. La plante de Loureiro, l'Apocynum Juventas, peut apparaître comme une plante de rite auprès de laquelle les hommes se sont effor¬ cés de satisfaire un espoir né dès l'aurore de l'humanité, celui de per¬ pétuer, et malgré tout, la jeunesse dans ses apparences et ses valeurs'1). Les vertus du mûrier, très générales, agissant sur les nom¬ breuses misères et rétablissant les faiblesses, tout en s'opposant aux 'D Dr A. Sallet, Le H à thu 6, plante des rajeunissements. — B.A.V.H., 19 2 8, n° 2. 9- 132 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. tendances mystérieuses de forces redoutées et inconnues, doivent aider à justifier une participation aux efforts d'une médecine très simple et très primitive. Quant aux racines de grenadier, elles entrent dans le deuxième groupe. Elles font partie des médecines non plus générales mais à action spécialisée. Les gestes qui accompagnent leur emploi indiquent que l'action du fer leur est hostile tandis qu'elles s'accommodent avec indifférence dans les préparations subies des couteaux et des outils de bronze W. Il serait facile de conclure : Des plantes font opposition à tous les métaux et il s'agit de celles qui apportent des éléments destinés à intervenir chez les individus pour appuyer leur force ou pour éloigner le bloc de leurs misères et c'était des médecines qui pouvaient être cherchées parmi les premières médecines qui ont été connues. Et parce que le deuxième groupe est plus spécial, s'adressant au corps pour des actions locales, nous attei¬ gnons une médecine déjà évoluée et l'homme de leur découverte pou¬ vait connaître le bronze et s'en servir. J'ai essayé de me documenter par comparaison dans les coutumes des différents peuples, surtout en ce qui a trait aux observances dans les récoltes. Le folk-lore de France ne relève rien de semblable et je ne connais qu'un cas de prohibition d'instrument de métal intervenant à propos de plante : il est rapporté sans commentaire par Laisnel de la salle à l'occasion de la cueillette de l'herbe du pic qui pousse en Berry et que l'on nomme encore herbe aux matagots (fantômes) : elles jouissait de mystérieuses propriétés qui la faisaient rechercher W. J'ai cité le Hoàng ky parmi les plantes qui répugnent seulement au fer et j'ai parlé du mûrier, or voici précisément qu'une autre tradition intervient assez souvent à l'occasion de sa préparation : je l'ai recueillie dans le Quâng-nam (elle est connue en pays chinois certainement). Les racines de ces deux plantes, préparées par l'écorçage qui con¬ vient, sont traitées par écrasement, mais sur broyage particulier opéré à l'aide de pierres ou dans un mortier de pierre (2). Ceci rappelle le (1) Sed prior œris erat quam ferri cogni- tus usus. . . (Lucrèce, De naturâ rerum). Cf. comte Jaubert, Glossaire du centre de la France. — Paris, i855, 1.1, p. 52 6. Il pourrait être question d'un Droséra, malgré que Bore au dans sa Flore du Centre, donne le nom d'herbe du pic à l'Ophrys mouche. NOTES ADDITIONNELLES. 133 traitement que subissait le Soma, la plante des rites védiques, en usage des plus anciens et faisant l'objet d'importantes cérémonies allant à l'occasion de sa récolte ou de la préparation du breuvage qu'il pro¬ duisait : breuvage offert aux dieux et plus spécialement à Indra. Le Soma-plante, le Soma-roi, créateur de tout et du ciel, de la terre, d'Agni et du soleil, créateur d'Indra et de Vishnu, était broyé exclu¬ sivement à l'aide de pierres pour laisser couler son suc précieux apportant à ceux qui en usaient une force et une intelligence surna¬ turelles W. C'est ainsi du reste que chez les Iraniens, on préparait le Haoma, valable pour une Asclépiadée (comme le soma hindou peut-être) et dont les mérites immenses, recherchés par les humains et s'étendant jusqu'aux dieux, en appelaient à des pratiques minutieuses et déter¬ minaient un culte spécial. J'ai donc cité le Hoàng ky et le mûrier comme étant des plantes tenant des exigences de broyage et j'ai dit le parallèle qui pouvait s'établir entre elles et les racines sacrées de vieux peuples d'Asie. Ces cas ne sont pas uniques dans les matières médicales de l'Annam et de la Chine et l'on pourrait inscrire encore dans le genre les racines du Hu'o'ng phu [ Cyperus roiondus) les diverses amandes Bào nhân [pêchers), Hanh nhân [abricotier); les graines de Man kinh [gatilier); les rhizomes de Thach xu'o'ng bt> [acore) ; les fruits des Bâu khâu [muscades et amomes); le bois d'aloès qui est le Tram hu'o'ng; les racines (YAplota- xis : M(>c hu'o'ng, etc. Je dis qu'une reprise pourrait être faite à l'occasion de toutes ces listes. Les valeurs et les significations des détails sauraient intervenir à l'occasion de justifications possibles, pleines d'intérêt pour l'étude d'un passé presque sans lumière où nous ne pouvons qu'exposer des faits et tâtonner le plus souvent sur les interprétations de ceux-ci. * * * Peut-être la question des répugnances apporterait-elle un appoint curieux à l'étude des vieilles médecines. Je sais que des travaux ont 'D C. Joret, Les plantes dans l'antiquité et au moyen âge. — Paris, 1tyolx, t. Il p. 561. 134 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. été dirigés sur les traductions de la pensée humaine dans les âges pré¬ historiques par des savants qui ont su interpréter au profit de mysti¬ cisme religieux et de magie primitive, les dessins des parois de grottes mystérieuses et le plus souvent fermées. Les notes qui précèdent appuient leurs conclusions sur un fait moins robuste que celui de la chose gravée. Mais, néanmoins, si ces conclu¬ sions devaient tomber à cause de disciplines critiques mieux armées que je ne saurais l'être, puisque je vais dans une partie, inexplorée à mon sens, du domaine préhistorique dont je puis ignorer les grandes docu¬ mentations neuves, j'avoue que la question des répugnances médici¬ nales n'en resterait pas moins étonnante et qu'il serait curieux d'établir à leur sujet une autre interprétation que celle que j'ai essayé de leur donner. PHRASES POPULAIRES. PROVERBES ET COMPARAISONS AYANT RAPPORT AVEC LES CHOSES DE LA MÉDECINE. Le bons sens populaire s'est manifesté dans toutes les races et à travers tous les temps par certaines locutions courtes, particulièrement expressives et fortement imagées, sous lesquelles il ajustait, quelque¬ fois à peine masquées par des symboles, des vérités dues à la simple observation ou à la simple bonne raison. La phrase est toujours courte, débarrassée des rhétoriques, et de cette qualité elle tient la meilleure part de son cachet pittoresque. Mais souvent elle est incisive et sa cri¬ tique, qu'elle soit directe ou qu'elle agisse par comparaison, se double presque toujours d'un vieux conseil salutaire. La phrase populaire, qu'elle soit proverbe, dicton ou moralité, est vive et, ordinairement, elle et ses préceptes savent forcer les confiances et les mémoires. Ces phrases-formules sont particulièrement estimées en pays d'Annam et bien souvent la considération grandira vite pour l'étranger parce que celui-ci aura su glisser adroitement au cours d'un entretien, une phrase comparative ou quelque proverbe choisi. NOTES ADDITIONNELLES. 135 Naturellement la phrase populaire annamite tient pour un folk-lore abondant : elle est établie dans tous les milieux, pour et contre tous : la sagesse et la malice s'éprouvent constamment. Un certain nombre de locutions devaient donc s'exercer à l'occasion des médecins, des médecines et des choses de la santé. J'ai pensé qu'il était curieux et utile de recueillir, à travers tout ce qu'il m'a été donné de lire et d'entendre, une glane de ces petites manifestations de l'esprit du peuple en Annam touchant l'émotion juste qu'il a pu traduire à l'égard des choses de la vie et de la mort, comme à l'égard de ceux qui se préoccupent de ces grandes valeurs pour le bénéfice de tous. Mon choix est un peu spécial. Cependant dans les riches récoltes, plus généralement dirigées sur cette partie de la tradition orale, j'ai pu opérer une bonne sélection. Les travaux consacrés à cette branche de l'archéologie littéraire du pays sont assez nombreuses il est vrai. Ainsi, on rencontre une foule d'éléments dispersés dans des études d'ordre plus général, celles de Dumoutier, les ouvrages de Chéon, le dictionnaire de Génibrel et d'autres. Le R. P. Barbier (h de la mission de Vinh a su opérer un recueil important des locutions d'Annam en les prenant brin par brin, jour par jour, patiemment à travers le pays. Or, ce travail, qui est énorme dans ce sens, est d'une remarquable composition. Je me suis donc adressé un peu plus spécialement à ces recherches classées, tant pour prélever quelques détails, que pour exercer un contrôle sur les pièces recueillies ailleurs et parfois assez incertaines. Du reste, j'en ai usé semblablement avec une forte étude du P. Cadièiie qui est Y Anthropologie populaire annamite (2), dans laquelle l'auteur a glissé les termes et les expressions et établi les compré¬ hensions spéciales que le peuple d'Annam peut entretenir sur les détails de l'être humain et sur les détails de l'âme humaine. (D Triêu Hoàng Hoa (R. P. Barbier), ffTuc ngû' Annam » (« dich ra tiéng tâyr>). — Hanoi, Imprimerie d'Extrême- Orient, 1909. «Tue ngû' Annam», ttQuyén thii' liai ». — Quinhom, 1920. «Tue ngû' Annam», ttQuyén thu» ba». Quinhom, 192A. V. Barbier, Les expressions compara¬ tives de la langue annamite. — Quinhom, 1925. (2) L. Cadière, Anthropologie popu¬ laire annamite. — B.L.F.E.-O., t. XV, n° 1. — Hanoi, igi5. 136 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Toutes ces phrases, proverbes, conseils et comparaisons, sont expressément d'Annam : on les connaît et on les cite. Mais pour les obtenir directement des gens de la masse, il faut être du moment pré¬ cis où saura se déclancher, dans une conversation, le jeu de la formule qui viendra décisive. Or, ce moment précis bien souvent échappe et les formules recherchées ont assez bien la particularité de ne pouvoir être entendues que par hasard. * * * Il existe encore dans la tradition orale un certain nombre de contes intéressant le personnage médical. J'en donne des exemples qui résument plusieurs des jolis contes recueilis par Landes W dans le Sud- Annam. * * * Enfin, je terminerai ce chapitre de la littérature médicale populaire par quelques proverbes chinois empruntés à des lectures ou relevés dans le centre de Faifo qui fait assez bien figure de vieille ville chi¬ noise en Annam. Nota. — La plupart des locutions citées sont exprimées en langage populaire. Elles sont précédées de la lettre (A.). Celles qui sont repro¬ duites des caractères et données avec les valeurs sino-annamites, sont naturellement peu nombreuses : celles-ci sont marquées par la lettre (C). PROVERBES D'ANNAM. (A.) (rNbiéu thây, thui ma. v Beaucoup de médecins et l'on sent le cadavre. (On dit ainsi parce que les consultations médicales se pratiquent sur¬ tout dans des cas d'extrême gravité; ou bien alors la phrase est W A. Landes, Contes et légendes annamites. — Excursions et Reconnaissances. — Saigon, i88A-i885. NOTES ADDITIONNELLES. 137 pleine d'une belle ironie à l'égard de médecins d'Annam rassemblés en consultation.) (A.) crThày thi chu'a cho minh.n Médecin, guéris-toi toi-même. (C'est la vieille phrase, avec son maximum de malice, jetée dans tous les peuples et par tous les temps au médecin dans leurs peines physiques. Medice, cura te ipsum.) (A.) crKe néi do'n, ngù'o'i noi phung. d Les uns disent que c'est un érysipèle, les autres parlent de lèpre. (Les avis sont partagés : les médecins ne s'entendent pas sur le cas examiné.) (A.) wThày giô' cûng dô' lâng giêng.n Même inhabile, le médecin rend service au voisin. (A.) «0 mi! coi déng cûng nhu mi, Cu't dê bô bi mà di khâp làng. i> 0 ! comme tu as belle mine et cependant tu vas par tout le village avec les crottes de chèvre que tiens dans ton sac. (Phrase mordante adressée aux vendeuses de médecines sur les mar¬ chés et sur les voies publiques. Elle est peu connue dans le Centre- Annam.) (A.) nThày chu'a benh, không chu'a menh.n Il y a des médecines pour traiter les maladies, il n'en est pas pour traiter le destin. (A.) crCô thân phâi khô vo'i thân. a On a un corps, on doit souffrir avec son corps. (C.) Hû'u thân, hû'u khS. Qui a corps a souffrance. 138 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. (A.) «Ke khôe thi dé yên ui ke liet. r» Il est facile aux gens bien portants de consoler les malades. (A.) «Ngu'ô'i sông hôn dông vàng. -n Un homme vivant vaut plus que tout l'or. On dit encore : (A.) «Minh sông ho'n dông vàng. •» A Etre vivant vaut mieux qu'un monceau d'or. (A.) « Thà du'o'c su'khôe manh, Thi tôt ho'n là cô nhièu tien bac. v Une santé robuste est préférable à une fortune opulente. (A.) «Om tiéc thân, lành tiéc cua. d Malade, on s'inquiète de son corps; guéri, on craint pour son argent. (Le monde reste le monde, il en est ici comme ailleurs : Cum locus est morbis, medico promittitur orbis; Moxfugit a mente medicus, morbo recedente. r [Ecole de Salerne : Ad praecavendam œgrorum ingratitudinem].) (A.) «Bau, thu'o'ng thân; lành tiéc cuà.r> Malade, aimer son corps; guéri, aimer ses richesses. (A.) «Sông ngu'ô'i môt net, chét ngu'ô'i môt tât. n L'homme vit avec un caractère, il meurt avec une maladie. (A.) «Nu'ô'c tham ngât ho'i thô' câ. ri Dans les chagrins lourds les forces s'en vont comme près du dernier soupir. (Les gros chagrins affaiblissent.) NOTES ADDITIONNELLES. 139 (A.) «Bau dé'n qua rèi thi không nhô' nu'a. n Les douleurs violentes, lorsqu'elles sont passées, ne laissent pas de souvenir. (A.) ccBoi thi rung râu, ràu thi rung toc. n La faim fait tomber la barbe, les soucis font tomber les cheveux. (A.) «Già sinh tât, dât sinh cô. v La vieillesse engendre les infirmités de même que la terre produit de l'herbe. (A.) « Ghang mây ai già hai saû mu'O'i. v Il n'y a pas beaucoup de vieillards ayant atteint la double soixantaine. (Les centenaires sont extrêmement rares.) (A.) «Bau dâu khôn dây. v La douleur est là au point du mal. (A.) ttBau chéng, dâ chày.« Le mal vient vite et disparaît lentement. (A.) ccBu't tay mo'i hay thuôc. » Pour qui vient de se couper le doigt, les médecines sont habiles. (On a toujours sous la main un traitement efficace pour une simple coupure. (A.) «Câi trây mà nây ra câi ung. n Une petite vésicule peut devenir un phlegmon. Autre formule : (A.) «Mut trây nây ra câi ung. « La petite pustule peut se transformer en phlegmon. 140 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. (A.) crChû'a benh câch khôn ngoan thi benh chéng lành. v Toute maladie traitée d'une façon prudente est une maladie qui guérit vite. (A.) «Heo lành chû'a ra qué. i> A soigner un porc valide on l'estropie. (A.) «Bau dôi doan, ngât doi hoi. v A douleurs répétées, évanouissements répétés. (A.) «Néng tay bat lô tai. * Lorsqu'on a la main chaude (brûlée), il faut saisir son oreille. (Les médecins disent que l'oreille est à principe frais. La croyance en Annam est, au surplus, d'ordre général.) (A.) «Khi nong thi bat lày tai, Khi lành không biét cài tai là gi. v Si l'on est brûlé, alors on se saisit l'oreille. Lorsque l'on est guéri, on ne sait pas ce que peut être l'oreille. (On ne comprend la valeur des choses que dans le besoin que l'on en a.) (A.) «Biét dâu mà hâ mieng cho' ho.1» Connaître son mal et ouvrir la bouche en attendant la toux. (A.) «Ho sô sô nhu' ché tien ru'ô'i.n Tousser par quintes comme un chien d'un tiên et demi. (Quinze sapèques : chien sans valeur.) (A.) «Rô dày di nhu' nam mè vâi vào. n A Etre grêlé au point qu'une poignée de graines de sésame s'y placerait. («Vain : semer à la volée. Phrase impitoyable contre les malheureux qui ont été marqués par la variole.) NOTES ADDITIONNELLES. 141 (G.) Vô Mu bât thành nho'n. Celui qui n'a pas eu la variole n'est pas un homme achevé. (Autrefois, les épidémies de variole sévissaient terriblement sur les territoires d'Annam et, la vaccine étant inconnue, on se contentait de courir sa chance et de voir courir celle de ses enfants, une variole antérieure paraissait la seule protection absolue ; les enfants étaient toujours avec la menace suspendue du fléau. Alors, on considérait comme phrase de politesse, en prenant hospitalité dans une maison, de s'inquiéter des enfants de l'hôte et l'on question¬ nait pour savoir si ces enfants étaient déjà variolés. Dans l'affir¬ mative, on complimentait les parents.) (A.) «Chû'a benh nào dùng thuôc nây. d Chaque maladie a son remède propre. (C.) N()i àm, ngoai M. A l'intérieur, les infusions; à l'extérieur, les pommades. (Chaque médecine doit être à sa place utile.) (A.) « Cô tôt là thuôc linh nghiem. n Une bonne plante est un remède merveilleux. (A.) « Thuôc dâng dâ tat, lô'i thât mât long, v Le remède amer guérit. La vérité blesse. (C.) B<)c du'o'c khô hhàu lo'i w bênh. Le médicament amer à la bouche chasse la maladie. (A.) a Thuôc linh nghiem môt dôi khi cung dâng lâm. Une médecine efficace est parfois très amère. (C.) B()c giài Me. Le poison chasse le poison. (Un poison est l'antidote d'un autre.) 142 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. (A.) «Uông thuôc du'O'c thi mau dâ bênh.7) Lorsque l'on peut boire médecine, le mal s'en va rapidement. (A.) «Khôe nbu'uông sâm. a Fortifiant comme si l'on buvait d'un «sâm». (Les crsâmn sont des amers toniques dont le type est le Nhân sâm, le ginseng, désigné parfois abréviativement : «sâm».) (A. ) « Dâng nbu' ngâi. n Amer comme l'armoise. (A.) « Giû' nbu' giû' so'n -n Se garder comme on se garde de la laque. (C'est-à-dire avec prudence : la laque entraîne une irritation érythé- mateuse (eczéma de la laque) à forme vive et pouvant évoluer sur des complications générales dans certains cas de gravité.) (A.) ccCé mieng mà không hay lo, Dâ ho sô sô, lai tru'a lây mâng. v Avoir une bouche, mais nulle précaution; alors que l'on tousse par saccades, manger, quand même et encore, des pousses de bambou. (Selon les médecins annamites et dans la croyance populaire, les pousses de bambou peuvent provoquer la toux chez les personnes atteintes d'affections spasmodiques des bronches et entretenir les accès déclarés. « Tru'a v : mot grossier que le terme «manger gloutonnementv traduirait facilement.) (A.) «Gan céc, mât công. d Foie de crapaud et fiel de paon. (Il existe de nombreuses formules comparatives dans lesquelles inter¬ viennent le fiel, le foie, la bouche, etc., pour indiquer le courage, la lâcheté, la forfanterie, la dureté, etc. Je ne relève ici que cette phrase populaire qui s'adresse en comparaison à tout être particu¬ lièrement dangereux moralement. Le foie de crapaud et le fiel du paon passent pour des poisons redoutés.) NOTES ADDITIONNELLES. 143 (A.) Avant de mâcher le bétel, il faut ouvrir la bouchée préparée pour voir : premièrement, si elle ne contiendrait pas un poison; en second lieu, s'il n'y a pas excès de chaux. (G.) Tân duc thân an, tân duc bênh. A Etre en santé ou être malade, c'est un effet de volonté constante de chacun. (A.) «An uong it thi du'o'c sông lâu. On doit boire et manger peu pour vivre longtemps. (A.) tcTham thu'c thi cu'c thân.« La gourmandise est la misère du corps. (A.) «rit an, it néi thi khôe lam. n Manger peu, parler peu, tel est le secret de la bonne santé. (C.) Phuc du'o'c bât nhu' giâtn khâu Les médicaments ne valent pas la sobriété. (A.) «tMê an uông thi nhu' dùng rang minh mà dào huyet. v Ceux qui s'adonnent aux boissons et à la bonne chère creusent leur fosse avec leurs propres dents. («Mên : c'est l'aveuglement, la passion obsédante, l'entraînement sur un vice.) (G.) Bênh tùy khâu nhâp, hoa tùng khâu xuât. Les maladies entrent par la bouche, les malheurs sortent par la bouche. (On peut renverser les deux parts de la phrase : Hoa tùng khâu xuât, bênh tùy khâu nhâp.) Uk L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. (A.) crNgu'ô'i gày là thày an. d Un homme maigre est un maître mangeur. (A.) wÀn lam mât ngon, néi lâm mât khôn.'» A manger trop, on perd le goût; à parler trop, on perd le sens. (A.) kNo, hétngon, giûn hét khôn.n Repu, on perd le goût; colère, on perd la raison. (A.) rcBoi an rau, dau uông thuôc. » Si l'on a faim, on mange les salades; si l'on est malade, on boit des médecines. (Il faut se soumettre aux nécessités.) (A.) « An mâm thi lam co'm. n Manger des salaisons fait manger beaucoup de riz. (A.) rrGé su'c an, cé sû'c chiu. i> Si l'on a la force de manger, on a la force de supporter. (A.) crÀn lây vi cho' ai lây bi mà mang. v Mange pour connaître la saveur des mets et non pour te remplir. (A.) ffÀn co'm vo'f cây thi ngây o o, Àn co'm vo'i bô thi lo ây ây Celui qui a dîné d'un crabe dort sur un ronflement tranquille. Celui qui a dîné d'un bœuf a des inquiétudes pénibles. (Proverbe qui peut s'appliquer en propre, au sobre et au gourmand et, dans le sens figuré, au pauvre et au riche.) (A.) L'enfant qui a faim réclame à têter. 145 (A.) et Vit già gà to. v Vieux canard et jeune poulet. (Conseil gastronomique : le canard se mange vieux, le poulet jeune.) (A.) ttBôi thi an rau mà, ché' an quây an quâ mà chét. d Si l'on a faim, que l'on mange du et rau mai; mais que l'on ne mange pas très vite et inconsidérément n'importe quoi de crainte de mourir. (Le et rau mân est l'hydrocotyle des Ombellifères; on l'utilise en méde¬ cine mais surtout comme salade ordinaire.) (A.) eeBa thàng mu'ô'i ngày mo'i hét trai gâi de. Trois mois et dix jours et voilà que se termine le jeûne de la fille accouchée. (Phrase empruntée à l'ancienne diététique sévère intéressant les accouchements et les grossesses.) (A.) eeChxn thàng an ru'o'i, mu'ô'i thâng an rong.n Au neuvième mois, on peut manger des annelides; au dixième mois, des chrysalides de vers à soie. (Diététique ancienne des périodes qui suivaient les accouchements.) Un médecin ignorant faisait payer fort cher. Un client, mécontent du résultat d'un traitement trop largement payé, envoya son domes¬ tique l'insulter. Celui-ci revint, longtemps après, déclarer à son maître qu'il n'avait pu accomplir la mission dont il avait été chargé, les abords de la maison du médecin étant occupés par des gens venus dans le même but. (D'après Landes.) récits. Officine sino-ànnamite. — 1. 10 m L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Un médecin consulte un devin sur le médecin auquel il doit se confier. crVa chez le médecin dont le couteau à hacher les herbes est couvert de toiles d'araignées. (D'après Landes.) Le roi des enfers tomba malade et il envoya sur la terre deux de ses soldats pour choisir le meilleur des médecins. Celui-ci devait être reconnu à ce signe que, parmi les gens de sa profession, ce serait celui que suivrait l'escorte la moins nombreuse de fantômes. (Les croyances populaires veulent que l'ombre de la victime accompagne constamment l'auteur de sa mort.) Les soldats de l'enfer rencontrèrent des médecins dont la marche était accompagnée d'importantes vagues d'ombres, enfin, ils abordèrent, l'un d'eux dont l'escorte n'était com¬ posée que de deux fantômes. Ils le prirent avec eux et, en chemin, s'étonnèrent de son habileté. Le médecin répondit qu'il n'avait ouvert boutique que depuis le matin. (D'après Landes.) (La même histoire existe en Chine pour un thème à peu près égal : les médecins, dans les centres, sont tenus de marquer leurs insuccès et le décès de leurs clients par des lanternes disposées devant leurs maisons.) Un médecin soignait le fils d'un batelier. L'enfant mourut. Le bate¬ lier jeta à l'eau le médecin maladroit qui eut les plus grandes peines à se sauver. Lorsque, sorti de là, le médecin se rendit chez lui, il vit son fils qui étudiait. Il lui retira son livre en lui recommandant de commencer par apprendre à nager, ceci étant la chose qui pouvait importer davantage dans l'exercice de la profession. (D'après Landes.) PROVERBES CHINOIS. Vivre frugalement, paisiblement, l'esprit et le cœur tranquilles, c'est le remède universel et la pierre précieuse dont les vertus sont si rares. Ceux qui achètent des drogues et des remèdes ont besoin de deux yeux, ceux qui les emploient n'ont besoin que d'un; il n'en faut point du tout à ceux qui les prennent. NOTES ADDITIONNELLES. 147 Il y a en Chine plus de maîtres que d'écoliers et plus de médecins que de malades. Le remède qui ne fait pas cligner les yeux du malade ne les guérit pas. ( Amaris pharmacis amara bilis proluit,ur W). Un homme qui n'est pas constant ne fera jamais ni bon devin, ni bon médecin. Celui qui a mal aux yeux voit clair au bout de dix jours lorsqu'il n'y touche pas. Affamez la rougeole et nourrissez la petite vérole. (Lettres édifiantes, t. XX, p. 870.) ■SW 7F£n M. . Y nhi bât tri mach ly, gio vô chue gia hành. Le médecin qui ne connaît pas les détails du pouls est comme une personne sans lumière dans la nuit. m % m m rt & & *. Hoc Dich, nhiên hâu khâ di tri y. Il faut avoir étudié le livre Dich avant de pouvoir connaître la médecine. (Le livre Dich fait partie des Ngu kinh, l'œuvre philosophique de Confucius : ici, il signifie expressément l'étude de la philosophie. Le bon médecin doit être un philosophe.) m m ia k # % m e - m 4. Dung duye nhu' dung binh. Lu'o'ng y lu'o'ng tu'o'ng Ëbng nliàt ctao da. Il faut utiliser les remèdes comme les soldats d'une armée. Le médecin et le général se trouvent à la tête d'une tâche égale. I1' Les quatre proverbes chinois qui précèdent sont empruntés au livre du Père dii Halde. to. 148 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. m. m. a. HÉ®I. Phong, lao, co, lai, lé.chéng nan y. Le rhumatisme, la phtisie, l'hydropisie, la lèpre sont les quatre maladies les plus difficiles à traiter. B SI M. Y nang vo cte. Le sac de la médecine est sans fond (inépuisable). B + >L a, YI ninh y thap nam tu', mac y nhât phu nhân. Ninh y thap phu nhân, mac y nhât tiëu nhi. Ninh y ihâp tiëu nhi, mac y nhât lâo nhân. Vraiment! il vaut mieux soigner dix hommes qu'une femme, dix femmes qu'un enfant et dix enfants qu'un vieillard. TABLE DES PLANCHES. Pages. Pl. I. a. Façade dune pharmacie asiatique à Faifo (maison Hy ihqnh). ... 4 b. Intérieur d'une boutique à commerces mêlés, médicaments et approvisionnements divers (maison Hành long à Tourane) 4 Pl. II. Coffrets à médecines usuelles (collection de l'auteur) 8 Pl. III. «Cai hû sànhn, le pot à médecines (faïence décorée) 10 Pl. IV. Ordonnance médicale (î) ta Pl. V. Ordonnance médicale ( 2 ) 14 Pl. VI. Ordonnance médicale (3) 16 Pl. VII. Casier et tiroirs à médecines (maison Hy ihanh) 24 Pl. VIII. a. «Cai noi ctèngn, la marmite en cuivre 32 b. «Cai chào gangn, la poêle à frire les médecines. 32 c. « Cai tràch dàtn, le plat à cuire les médecines 32 Pl. IX. a. «Cai siêu sac thuocn, la bouilloire aux décoctions 34 b. « Cai thap état, la jarre en terre vernissée 34 c. «Gai vimn, le pot aux extraits 34 Pl. X. a. wCai dao bon, le couteau à tendre 36 b. k Cai dao câu n, le hachoir coupe-racines 36 Pl. XI. a. «Cai coi tan thuocn, le mortier, pilon et couvercle 38 b. «Cai bào thuocn, le rabot à médecines 38 Pl. XII. «Cai bàn tanv, la machine à broyer 4o Ses composants : «Cai bàn tan thuocn, la roue écrasante 4o «Cai thuyèn tan thuocn, la table naviculaire du broyeur 4o 150 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Pl. XIII. a. « Cai cân tièu ly», la balance aux petites pesées 4a b. «Cai kéos, les ciseaux » 4 a Pl. XIV. a. «Cai chén uôngru'O'u», la tasse à vin 44 b. «Cai chén an co'm, le bol à riz» 44 Pl. XV. Outillages utilisés dans les premières préparations des médecines, nettoyages et fragmentations 46 Pl. XVI. Vitrine à spécialités (maison H y thanh) 6 a TABLE DES MATIÈRES. Pages. Préface i Introduction ix Avertissement xv L Le médecin-préparateur. Le médecin-préparateur chez lui, ses dispositions, son éducation 1 Médecins des marchés 3 Médecins sorciers 4 Médecins ambulants 5 Boutique de médecin d'Annam 5 Bibliographie médicale sino-annamite touchant aux thérapeutiques — 6 Aperçu historique 6 Littérature professionnelle 9 Renseignements sur quelques livres 10 II. Les médecines des approvisionnements. Délivrance des médicaments 1 2 Ordonnances 12 Empaquetage des médecines 15 Approvisionnements des médecins 17 Listes de médicaments tenus par des médecins de village 17 Vente des médecines dans les marchés et aux étalages des rues 26 III. Préparations médicinales. L'installation 31 Le matériel 31 Matériel des cuissons, matériel des sections, écrasements, etc 32 Pesées 38 Mesures de capacité ,. 39 152 L'OFFICINE SINO-ANNAMITE EN ANNAM. Préparations des médecines Ai Manœuvres préliminaires générales : nettoyages, séchage, divi¬ sions A a Préparations spéciales : sucs, traitements des médecines en liquides froids, en liquides chauds, dans les corps gras A3 Cuissons diverses A 5 Autres manœuvres A5 Distillations A6 Mesure du temps dans les préparations A6 IV. Les médicaments et leuiis formes. Le médicament A 8 Médecines du Nord et médecines du Sud A 8 Les médecines suivant leurs destinations A9 Estime comparative des médecines de Chine et d'Annam 5o Formes des préparations 5i Médecines internes 5i Médecines externes 56 Eaux médicinales pour les préparations et les absorptions 58 Heures des médecines 62 Spécialités 62 V. Actions réciproques des médecines. — Diététique médicinale. Incompatibilités médicinales Répugnances, craintes, haines, oppositions, troubles Médecines qui renforcent d'autres actions, qui en diminuent d'autres... Médecines dirigeantes Diététique médicinale Prohibitions alimentaires à l'occasion de certaines médecines Les cinq interdits Oppositions médicamenteuses d'états VI. Bibliographie d'Europe (ouvrages consultés). Bibliographie 8 A VIL Notes additionnelles. Considérations spéciales sur l'origine des médecines.. , Répartition des qualités des remèdes Codes d'intervention des médecines Bases du système Médecines des signatures, des magies sympathiques 6A 6A 7A 75 78 78 80 81 86 86 88 91 TABLE DES MATIÈRES. Coutumes et croyances Influence des nombres, du côté Temps rituel des récoltes, des préparations Observances prohibitives Remèdes étranges Responsabilité médicale en Annam Les krépugnances médicinales» Phrases populaires des Planches CENTRE DE DOCUMENTATION ET DE RECHERCHES SUR L'ASIE DU SUD-EST ET LE MONDE INDONÉSIEN BiBLIOTHÊQUE ACHEVÉ D'IMPRIMER L1 QUINZE NOVEMBRE MIL NEUF CENT TRENTE ET UN PAR L'IMPRIMERIE NATIONALE À PARIS POUR LES ÉDITIONS 6. VAN OEST À PARIS. PLANCHES HORS TEXTE EN HELIOTYP1E DE MM. A. FAUCHEUX ET FILS À CHELLES. ÊÊm i ■ - ï,y •: :C*-L, '* * 8 H| w^êrnm &3ih| .3