poesie. essais, jugements REVUE MAROCAINE DES LETTRES ET DES ARTS IMAGES ET DOCTRINES 7° Année N" I Janvier 1943 1 " ■ 1,1 —"— » —-———"—————— 3 O MM A IRE ORIGINES Plutarque La musique et le combat. M E S U R E S Pierre BoUTANG Mesure de l'homme. POESIE Jules Roy Chant pour un jour de vengeance. André de Richard Lawrence le Grec. P. B Pour une mémoire. !.. Justinard • Propos du Chleuh. * * * Chants berbères (traduits par M. L. Amroueh). François Bonjean Vérité d'Afrique. Henri bosco Villages et bergers de Haute Provence. E S S A I S Gabriel Germain ....... L' « Idiot » Stendhal. — JACQUES Gerbaud Le sentiment et la forme. RECONNAISSANCES Charmide Noël Vesper. J U G E M E N T S sur L. Gillet, B. d'Astorg, Luc Dietrich, R. Caillois, R. Laporte, L. Guilloux, J. Grenier, Langa del Vasto. ORIGINES LA MUSIQUE AU COMBAT ...Qui regardera de près les œuvres et compositions des poètes Laconiques, dont il se trouve encore quelques-unes, justes au temps présent, et considérera la note qu'ilz faisoyent sonner avec des flus- tes, au son et à la cadence de laquelle ilz marchoyent en bataille, quand ilz alloyent choquer l'ennemy, il trouvera que ce n'est pas sans raison, que Terpander et Pindarus conjoignent la hardiesse avec la musique... Pour ceste cause en toutes leurs guerres, quand ilz venoyent à donner une bataille, le roy sacrifiait premièrement aux Muses, pour ramentevoir aux combatans, comme il me semble, la discipline en laquelle ilz avoient été nourriz, et les jugemens, à fin- qu'au plus fort et plus dangereux de la meslée, ilz se représentassent devant les yeux des soudards, et fussent cause de les inciter à faire «ctes dignes de mémoire... Puis quand toute leur armée estoit rengée en bataille à la veuë de l'ennemy, le roy adonc sacrifioit aux dieux un. ehevre, et quand et quand commandoit aux combatans qu'ilz<* meissent tous sur leurs testes des chapeaux de fleurs, et aux joueui le flustes, qu'ilz son¬ nassent l'aubade qu'ilz appellent la chanson de Castor, au son et à la cadence de laquelle luy mesme commenceait à marcher le pre¬ mier : de sorte que c'estoit chose plaisante, et non moins effroya¬ ble, de les veoir ainsi marcher tous ensemble en si bonne ordonnan¬ ce au son des flustes, sans jamais troubler leur ordre ny confondre leurs rengs, et sans se perdre ny estonner aucunement, ains aller po- seement et joyeusement au son des instruments se hazarder au péril de la mort. ^ - f? 59 y \ Ce choix est significatif : « Quand je viens dans ce pays (il s'agit de Lour- marin en Provence), quelque chose se délie en moi, mon inquiétude intérieure prend fin... » Cherche-t-il a«ant tout l'apaisement ? Sans doute, car nous le cherchons tous; mais il en pourra naître aussi d'autres biens. << Le pays de Lourmarin donne des leçons d'attachement (écrit Jean Grenier) qui ne sont pas perdues pour celui qui le visite non pas en touriste mais en ami, et qui l'habite au lieu d'y passer. Mistral distinguait les terres de pairie et les terres de passage. Lourmarin est une terre de patrie: Quand on est attentif au silence des paysages, il est impossible de ne pas être touché par le sentiment qui s'en dégage. De Cadenet à Lourmarin par les crêtes, tout est proche de l'homme, tout lui est fraternel et consentant... s> En effet, ce,ne sont point là des paysages qui se dérobent. Ils sont présents. Us ne réservent pas en eux un nombre infini de possibles, comme les lieux battus par l'Océan; mais ils sont des actes réels, qui ont part à une raison et qui ont créé une forme, où l'esprit et le sentiment peuvent se reposer, et aussi se trouver une mesure, en accord avec l'ordre universel. Cela signifie qu'ils sont beaux, d'abord, et plus beaux qu'expressifs. Us offrent donc à la contemplation des objets d'élection très sûrs. Elle y devient assez intense pour accaparer l'âme. « Il ne faut pas croire que là-bas (dit encore Plotin), les dieux et les bien¬ heureux contemplent des propositions; il n'y a là-bas aucune formule exprimée qui ne soit une belle image... » L'homme alors se retrouve. Soutenu par le paysage, il ne laisse plus sa pensée ni son sentiment, détachés, prendre les initiatives, et errer jusqu'à s'oublier, se con¬ fondre, en abandonnant derrière eux; l'âme au dégoût d'elle-même. « Il ne s'agit pas de proscrire l'idéal, mais ici d'exalter ce qui est... Ce pays est trop bien modelé pour qu'on n'y croie pas voir l'œuvre d'un dieu artisan. » C'est vraiment le pays de l'homme, un pays fait pour lui, un pays apte à re¬ cueillir et à conserver un passé, une terre à mémoire, c'est-à-dire où spontanément tout tend à la fidélité. Là point de négations, ni de lâcheté destructrice. C'est la patrie des options nécessaires, des attachements qui délivrent (car le doute est un esclavage), et le lieu d'élection des édifices. Le monument y sort naturellement de la terre, comme l'arbre, le roc. « Tout le monde^ ici, naît architecte. L'art roman, celui de la Renaissance, conspirent avec l'antique à ramener l'esprit à son centre de gravité. Et le paysage est une construction.... J'aime maintenant les tours carrées sous un ciel compact. Et qu'il est beau cet angle droit que font les cyprès avec le sol ! A leur approche et à celle des ruines antiques et des cloîtres romans, mon désir de négation, mon dégoût des formes sociales s'.apaisent... » C'est la réconciliation de l'homme avec l'homme, le sentiment du lien qui repa¬ raît; du lien qui nous unit aux autres hommes et aussi, ce qui s'y accorde, du lien qui nous unit de nouveau à nous-même. Là on enseigne le retour sur soi. Là, et encore plus, en Grèce. Car si la Provence a plus de douceur, la Grèce a plus de force; et maintenant c'est de force qu'il faut se fournir ; « Un monde fait par l'homme et à sa taille et non pas pour Dieu ni pour un maître, ni pour une machine, ni pour une idée. Et malgré tout (ce qui manque à notre monde moderne), la présence universelle du divin. Et quelle leçon ! Ici il n'y a rien à décrire rien à raconter, rien à poétiser... Jouir est impossible, il faut comprendre... il faut choisir en soi-même... » Or que va-t-on choisir ?... « La plupart des hommes ne méritent pas plus que 60: ]e bonheur. » 'Faudra-t-il s'en tenir là ? Car la Grèce nous peut donner aussi cette leçon : « Même au milieu des maux, nous dit le dur Eschyle, accordez à vos âmes la joie que chaque jour vous offre... » Mais ici on répond : « L'important n'est pas d'être heureux. C'est d'avoir réa¬ lisé ou senti, ne serait-ce qu'une fois dans la vie, quelque chose de grand. » Cette grandeur que sera-t-elle, et ne risque-t-on pas, allant sur cette voie, de dépasser le but et de rouler à la démesure ? « L'homme doit chercher une vie à sa mesure, et, une fois qu il l'a trouvée, la rejeter, car, il n'y a pas de vie à sa mesure. » Dans ces conditions, que lui reste-t-il, sinon de disparaître ? « Enfin, plus aucun rôle à jouer ! Enfin rendu' à la terre, à l'eau, au feu et à l'air, dans cet éternel repos que la vie humaine a troublé ! Oui, cela est grand. » Aveu d'impuissance, de désespoir !... C'est alors qu'interviennent les visages. Il faut penser à la figure humaine, qui nous est douce et fraternelle, et qui couvre pourtant, ici, le visage intérieur des dieux. • « Avec, quelle force et quelle tendresse Electre n'entoure-t-elle pas de son bras l'épaule de son frère retrouvé ! L'absence n'a vraiment pas pu les séparer; une parole a suffi pour qu'ils se reconnaissent... » Se retrouver, se reconnaître, se séparer, se perdre... De la rencontre heureuse à la séparation la route est fatale. Le groupe du retour et celui du départ sont, l'un à l'autre, indispensables et l'adieu déjà se prépare dans les cœurs qui se réunis¬ sent. La vie s'inscrit toujours sur une tombe et les plus beaux visages d'homme seront toujours ceux-là qui furent tracés sur les stèles. Ils ne sont ni morts ni vivants; ils sont au delà de la mort et de la vie, et c'est pourquoi ils nous con¬ seillent d'accepter. » « Il faut vivre sans espérance : la seule victoire possible est celle que dans un espace de temps éphémère nous remportons sur le tumulte -de notre âme, et notre dernier moment doit être un de ceux-là... L'esprit et le cœur se tiennent en échec, 1 amour de la vie et la soumission au destin s'équilibrent de manière à prévenir un orgueil ou une humilité sans mesure. » 'Paroles mâles, cette fois. Nous sommes loin des aveux d'impuissance... Pour¬ tant le cœur n'est pas résigné tout à fait. Cette sérénité s'impose mais en' dit qu'elle est « déchirante » ; et sans doute l'estœlle, pour qui conserve en soi « un amour passionné de la vie éternelle. » ' Ainsi subsiste une douleur (mais peut-on l'exclure de soi, du monde-?) « A quoi bon se mentir ? On n'échappe pas au poids des choses. Un cadavre est plus lourd à porter qu'un vivant. Laissons cette pensée, mais n'espérons pas la chasser pour toujours... Ces morts tendent vers nous leurs visages comme des coupes de souffrance : en voulaîu nous apaiser ils nous désolent irrémédiable¬ ment... » Certes, ils, nous désolent, mais ils nous tendent leurs visages. Rien de plus ouvert, rien de plus fermé, ce sont les purs emblèmes de quelque chose d'éternel. « Je n'ai pas existé, j'ai existé, je n'existe plus, je ne regrette rien », dit une épitaphe anonyme. Psut-on mettre plus de grandeur dans plus d'exactitude- ? Mieux définir ? '■'épitaphe et ses exigences (la vie, la mort, l'éternité en quatre lignes) doivent évidemment convenir à celui qui a un goût secret de la pudeur, du renoncement, du sacrifice, la hantise du dénuement. Car l'épitaphe cerne le sentiment et le con¬ traint à faire corps avec une sobre pensée. Sans passer tout à fait au pur symbole, 61 elle est déjà comme la tablette magique d'une laconique commémoration/ En la lisant on n'arrive jamais à séparer la simplicité de la douleur. Quand le senti¬ ment déborde l'épure, il ne s'exprime que par le silence; mais nous l'entendons. Partout, dans ce livre si riche, le sentiment déborde l'épure qui définit exacte¬ ment l'idée. Car l'expression s'y fait concise, afin que rien de trop ne s'en puisse échapper; et cependant un chant intérieur la dépasse. La vérité y est inséparable de la souffrance (une souffrance sourde, tortueuse), comme le désir d'une méta¬ physique consolante y reste pris, et un peu étouffé, sous la mélodie douloureuse de son commentaire sentimental. Mais le désir (fatalement insatisfait) d'une telle métaphysique, n'en atteint qu'à plus de puissance et il a beau trouver des formules précises où inscrire son désespoir, ce désespoir va au delà. Il crée une cadence, sensible aux gênes de la phrase, parfois éclose difficilement à la place où elle s'élève. Car nous ne lisons pas la traduction coulante d'un discours intérieur, énonçant comme successives des réalités simultanées. Ce sont des accords sourds, complexes, émouvants qui, chacun séparément, vibrent juste au-dessus de ces réalités qui se superposent dans l'âme. La pensée n'y cherche pas l'étendue, mais la hauteur ; la profondeur aussi. Si la mélodie reste claire, d'un dessin pur, classique, la basse discrète y suggère un monde musical souterrain, où les sons ne coïncident plus avec le chant qu'on nous propose. A tout moment l'unité de la symphonie en est troublée. L'amitié architecturale de cette musique limpide et cependant insaisissable, obéit à des affections chancelantes, contradictoires; et l'on comprend à tout moment que lorsqu'un motif est fini sur le registre supérieur en bas une mélodie continue à chanter, équivoque, fuyante, sans qu'on puisse jamais savoir si les deux chants s'atteindront, se lieront et iront de concert à un même destin. Est-ce défaut d'amour, de confiance en soi? Ou plutôt n'est-ce pas cette incapacité à pousser jusqu'au bout la confidence, par une sorte de pudeur envers soi-même (bien plus qu'envers les autres) et de découragement antérieur à toute parole. Celui qui chante à haute voix entend sans doute, en lui, mais séparé, celui qui murmure en sourdine. Si l'un consent ainsi à sa propre existence, l'autre ne (se résigne pas à sortir de l'inexprimable. Et si le chant titube, ce n'est point le fait de l'ivresse, mais d'aspi¬ rations discordantes. « Quand je me promène parmi les arbres, ce que je ressens immédiatement, vois-tu, c'est qu'ils consentent à leur propre existence, et moi non. C'est qu'ils adhèrent d'un acte ineffable à leur être, et moi non... Ne pouvant ni créer, ni me rattacher à un créateur, ne faut-il pas que je me transforme au cœur des ténèbres, que je parvienne à m'oublier ? » Mais il n'y parvient pas. « Où trouver un ciment fort qui puisse tenir en¬ semble ce qui retombe naturellement en poussière ? Quelque chose qui, faute de métamorphose impossible, rattache l'homme à l'absolu ? » Désormais c'est trop poser de questions. Il s'agit de s'unir. Que chantait le grand El Halladj en dansant, alors qu'on le conduisait au supplice ? « J'ai bu le vin, avec le lion, au désert, en plein été. » Là jaillit l'ivresse du sacrifice, le chant symbolique et viril de l'Adoration qui s'élève, sans une défaillance. Mais sans toutes ses défaillances, le chant que nous offre Grenier, ne nous toucherait plus, et peut-être secrètement vise-t-if aussi, malgré tous ses refus, toutes ses feintes, à nous toucher. Il est encore humain, rien qu'humain... Henri BOSCO, 62 LANZA DEL VA3T. O Le chiffe des choses On se plaisait à saluer chacun des poèmes de Lanza del Vasto qui paraissaient dans les nombreuses revues d'après-guerre. On se passionnait pour cette personna¬ lité si riche, cette'figure si étrange de poète errant et prophétique. On attendait avec une impatience confiante le livre qui ordonnerait ses poèmes et nous présenterait plus large et plus complète sa vision du monde. Voici « Le Chiffre des Choses ». Faut-il dire qu'il nous a déçus ? Peut-être en espérions-nous trop. La personnalité de Lanza del Vasto est trop puissante et trop impérieuse pour qu'on se contente de sa part d'œuvres impar¬ faites. Elle devait nous offrir toute la beauté du monde discernée par des yeux privilégiés. Or que nous apporte cette longue contemplation des choses, cette recher¬ che de leur sens profond ? D'abord, des noms propres, amis chers, lieux où souffle l'esprit : Luc Diétrich: Laurent-Hercule Lanza; Madeleine Van Den Broek d'Obrenan; Lily, comtesse Pastré ; Biche, comtesse Celani, d'une part, et, de l'autre : Versailles, Athènes, l'alerme, Le Mont-Athos, Palmyre, Florence, etc. Lanza del Vasto prétend, je crois, descendre de Frédéric II de Sicile. Il aime également à jouer au pèlerin du monde. Et fout cela peut être parfaitement véridique, comme cela ne nous apporte rien, sauf des noms fastueux. Après les noms, les choses. Incroyable, infatigable, l'érudition de Lanza del Vasto. Ses poèmes semblent une étourdissante revue de tous les ordres étrangers aux habituelles préoccupations humaines. Les techniques artistiques oubliées voisinent avec les souvenirs de la Kabbale, l'esotérisme biblique avec les lapidaires médiévaux, les liturgies byzantines avec les bestiaires à saveur égyptienne, les allégories héral¬ diques avec les sentences chinoises. Enfoncé le bric-à-brac d'Albertus, pulvérisées les richesses lexicologiques de Hugo, ridiculisé Robert de Montesquiou. Un seul homme soutient la comparaison avec honneur, c'est Gabriel d'Annunzio. Voilà le grand mot lâché. C'est aux premiers poèmes de d'Annunzio, à la pé¬ riode précieuse et byzantine de l'« Isotteo » que nous reporte invinciblement la poésie de Lanza del Vasto. Même goût du rare, du contourné, du biscornu, même désir de manifester le génie dans chaque lettre, même orgueil déguisé sous une fausse humilité franciscaine, même besoin de chiffrer les choses pour se donner ensuite la gloire de les décrypter. Mais aussi, même dédain du mesquin et du facile, même habileté à sertir la poésie dans les anneaux les plus torturants, même coup d'aile libérateur, ravissant l'esprit vers les cimes. Une seule différence, mais importante. Le sens musical de la langue semble souvent manquer à Lanza del Vasto. Alors que ses vers italiens ont une plénitude et une harmonie dont un bon exemple serait ce tercet : Finchè vi sarà luce per i prati Ed alberi di pace coronati Lauderô questa jesta e chi m'invita, ses vers français sont généralement secs, durs, parfois totalement cacophoniques sans qu'on puisse distinguer dans ces heurts de syllabes une intention quelconque. On Se demande comment un poète de sa valeur peut laisser des erreurs telles que : 63 Joint. Joug. Clef. Croix. Espoir unique... ...Nœud de la terre à la hauteur et pacte... ...Vase où descend la musique des sphères Pour s'y perdre en parfum. De mères vie.rges nées... Certes, il est bon cle détester les flonflons d'une musique facile, encore faut-i! que le vers ne soit pas une constante blessure pour l'oreille. Il faut bien reconnaître que les premiers contacts avec « Le Chiffre des Choses » sont assez- décevants. C'est seulement lorsqu'on réussit à dominer ses répugnances qu'on s'aperçoit que le message de Lanza de! Vasto n'est ni aussi"artificiel ni aussi formel qu'on avait pu le croire. Ses poèmes nous intéressent — je dis bien nous intéressent et non paq nous touchent — par deux qualités certaines, le don indénia¬ ble de créer des images aussi significatives que hardies, la faculté de s'élever par la contemplation des objets précieux et rares jusqu'aux idées précieuses et rares, puis en raffinant sans cesse jusqu'à la plus rare et la plus précieuse, la présence divine. Nous en trouvons l'exemple le plus parfait dans le magnifique poème intitulé : « La Chapelle palatine de Païenne » dont voici le début et la fin : Sous les arches qui vont jetant leurs paraboles Avec des gestes de palmier, sur les murs d'or Sablés de splendeur sombre et semblable au désert, Jusque dans l'ombre du tabernacle où Dieu dort, S'explique, l'entrelac habité de symboles. Voici l'espace plein, sans distance et sans air, Les arbres fourmillants d'éléments d'animaux, Portant ses fruits de grâce et ses greffes de gnose, La vérité qui vit et répand ses rameaux, La clef de chaque essence et le chiffre des choses. Comme un parfum brûlé d'encens l'or monte et chante La rare éternité des gloires taciturnes. Joies terrestres rendues de plein, cœur à la terre, Tendresses extirpées et séchées à l'élude, Amours, sept fois filtrées aux sables solitaires Raniment ce ciel mort serti de certitude, 0 rêve sans réveil, vertige de raison, Et mûrissent leurs sucs dans l'ombre qui s'embrase Et suspendent leur grappe, aux treilles de l'extase Pour le Seigneur qui veille aux murs de sa maison. ■ G. P. 64 AGUEDAL Après trois ans d'absence, AGUEDAL reparaît sous un double signe, qui lui est cher : le souci de l'esprit et l'amitié. Les temps sont durs ; et ils vont l'être davantage ; mais ils montent vers l'espérance. S'ils appellent à l'effort viril, est- ce une raison pour que les bastions de l'esprit soient négligés? Nous ne le croyons pas. Et personne ne peut le croire. Car là aussi est une force ; et la seule force française qui soit restée, depuis deux ans, intacte. Ici, si le foyer fatalement est demeuré modeste, il a du moins, dans le silence, été pieusement entretenu. Le moment est venu d'en soulever les cendres, d'en atti¬ ser le feu couvert et d'y ajouter d'autres flammes : toutes celles qui ont illuminé, jusqu'à ce jour, le cercle universel des Amitiés spirituelles de la France. AIDEZ-NOUS ! Adresser toute correspondance à Henri Bosco, Directeur d'Aguedal, 14 avenue de ,Marrakech, RABAT, Maroc. BULLETIN D'ABONNEMENT Année 194 M : Adresse Date ...Abonnement simple à 6 numéros d'AGUEDAL 80 frs. Colonies' et Etranger 120 frs» Abonnemen; de soutien 200 frs. AU NOM DE Signature... S. B. - Les abonnements partent du 1" janvier. Indiquer le nombre d'abonnements souscrits. Rayer les mentions inutiles. Chèques postaux : S. A. L. A. 122.95 Rabat (Maroc) Adresse de la llevue : 14, Avenue de Marrakech, RABAT (Maroc) Imp. Réunies, Casa - 94103-48 A G U E D A L PARAIT 3 1 X F O I S PAR AN édité par « LA SOCIETE DES AMIS DES LETTRES ET DES ARTS » AU MAROC Directeur Littéraire : Henri BOSCO Maroc 15 1rs Le numéro : France 18 frs Etranger et Colonies 20 frs Maroc 80 frs Abonnement à six numéros : France 100 frs Colonies et Etranger 120 frs Abonnement de soutien 200 frs AGUEDAL, 14, Avenue de Marrakech, RABAT Chèques Postaux : SALA. 122-95 - Rabat, Maroc Le Gérant : H. BOSCO Visa N° 5391 Imprimeries Réunies, Casa « La présence est supérieure à la connaissance. » PLOTIN. A G U E D A L 74, AVENUE DE MARRAKECH - RABAT