wmmmm &M ' V/V. EXPOSITION COLONIALE INTERNATIONALE PARIS î 93 I <$78MÊm -VT--'7'- INDOCHINE FRANÇAISE v •' : ■ A ' iiilif «iilll SHL fflB $3 H/ *- |.r .'■ c- #*' œmmam m mm mm s wsm tm lÉk .0 BlÈË S» . • " -'■. ; ' •.,.•■'■'■■■%::■' ■ ':C; '■■ . ' ■ ■.-■'■ . • . ■•: - : ;:: :. ' ' ■ ■.■:■■ ;.'■>■•■•!■ -,'i;:-.■ -''V-- -V-V^ // $M§m 'M * . Im, m ; n-A 8fc! m • 'JW m*? - ■ ■ .:. ' , -y? '■' %vN « *î! EXPOSITION COLONIALE INTERNATIONALE PARIS 1 931 INDOCHINE FRANÇAISE SECTION GÉNÉRALE TROUPES DU GROUPE DE L'INDOCHINE LES SERVICES MILITAIRES EN INDOCHINE Mt ffrf (2 CENTRE DE DOCUMENTATION ET DE RECHERCHES SUR L'ASIE DU SUD-EST ET LE MONDE INDONESIEN BIBLIOTHEQUE HANOI IMPRIMERIE D EXTREME-ORIENT 193 1 Ç; A LES SERVICES MILITAIRES EN INDOCHINE Chapitre premier ORGANISATION L'Indochine est, parmi les principales possessions françaises, celle qui peut être le plus facilement menacée. Située à quinze mille kilomètres de la Métropole, elle ne pourrait, en cas de guerre être secourue qu'après de longs délais; elle ne devrait même compter que sur ses propres ressources si la France était engagée dans un conflit contre un ennemi possédant la maîtrise de la mer. Oi, on ne peut écarter entièrement toute hypothèse de conflit armé entre grandes puissances riveraines du Pacifique; d'autre part, les peuples voisins de l'Union Indochinoise ont singulièrement accru, depuis quelques années, leurs forces militaires. A l'intérieur même de la Colonie il peut arriver qu'un parti hostile à la domination française cherche à fomenter des mouvements révolutionnaires. La nécessité s'impose donc de veiller à la sécurité de notre belle colonie d'Extrême-Orient, pour que la France puisse y remplir, dans l'ordre et la paix, son rôle civilisateur. On y a pourvu en réalisant une armature militaire solide, qui se complète et se perfectionne progressivement, et qui suffirait, à elle seule, pour assurer pendant un temps appréciable la défense de l'Indochine contre un ennemi extérieur ou intérieur. I. — L'Organisation générale actuelle. L'organisation actuelle des troupes du groupe de l'Indochine date, dans ses grandes lignes, de l'année 1900. C'est à cette époque que les anciennes troupes de la Marine furent rat¬ tachées au Ministère de la Guerre, tout en conservant leur autonomie et leur budget propre (loi du 7 juillet 1900, portant organisation des troupes colo¬ niales). Les relations du Gouverneur général avec le Général commandant supé¬ rieur des troupes furent réglées par le décret du 9 novembre 1901. « Le Gouverneur général, responsable de la défense de la Colonie, dis¬ pose des forces de terre et de mer qui y sont stationnées ». Le Général commandant supérieur des troupes exerce, sous la haute auto¬ rité du Gouverneur général, le commandement de toutes les forces militaires de la Colonie. Depuis lors, l'organisation et la constitution du Corps d'occupation d'In¬ dochine ont subi diverses modifications, augmentations ou réductions, justifiées par les besoins du moment ou la nécessité de réduire les dépenses. Après Fachoda et la guerre Russo-Japonaise, on renforça le Corps d'oc¬ cupation, qui compta jusqu'à 44 bataillons (dont 19 européens) et 23 batte¬ ries; ces unités étaient réparties entre deux divisions stationnées l'une en Annam-Tonkm, l'autre en Cochmchme. L'entente cordiale (1904), puis la conclusion de l'accord franco-japonais (1907) permirent une forte réduction des effectifs, réduction imposée d'ail¬ leurs par des nécessités budgétaires. A la déclaration de la guerre de l'Allemagne à la France en 1914, l'obli¬ gation de rendre disponible le maximum de troupes pour la lutte sur le terri¬ toire de la Métropole conduisit à réduire encore les forces militaires de F In¬ dochine ; on supprima momentanément tout ce qui pouvait l'être sans danger îmméd.at mais la réduction du personnel européen créa, pendant toute la durée de la guerre, une situation fort délicate. Dès 1919, le Ministre des Colonies fixait les conditions dans lesquelles le Corps d'occupation devait être réorganisé progressivement, compte tenu des enseignements de la guerre. La réalisation des mesures envisagées fut en¬ tamée mais le résultat cherché ne fut pas atteint tout de suite, par suite de la pénurie des effectifs des troupes coloniales, de l'activité qui régnait sur les théâtres d'opérations extérieurs (Syrie et Maroc), et surtout des diffi¬ cultés financières de la Métropole. 5- ■ , D'ailleurs, tout danger extérieur paraissait écarté depuis le traité de Washington (1922) par lequel les grandes puissances navales se garantis¬ saient mutuellement leurs possessions dans le Pacifique et en Extrême- Orient. En 1926, il n'y avait en Indochine que 23 bataillons (dont 7 euro¬ péens) et 1 3 batteries. Mais l'anarchie régnait en Chine, et la situation s'aggravait sur la fron¬ tière Nord du Tonkin. Il fallut renforcer sérieusement les troupes station¬ nées en Indochine et les munir d'un matériel moderne pour les mettre en mesure de lutter, le cas échéant, contre des forces nombreuses et relative¬ ment bien armées. Le dispositif de défense fut orienté nettement vers la frontière sino-tonkinoise. Par la suite, un danger intérieur s'est révélé, nécessitant des mesures nouvelles. L'organisation militaire doit se transformer à la demande des circons¬ tances, et s'adapter sans cesse aux besoins du moment. A la suite de renforcements récents, on est arrivé, au début de 1931, à la situation exposée ci-dessous. * * * Les troupes du Groupe de l'Indochine sont placées sous les ordres d un Général de division, commandant supérieur des troupes, qui a rang de Gé¬ néral commandant de Corps d'armée. Elles comprennent au total : 1 1 bataillons européens (7 d infanterie coloniale, 4 de Légion étran¬ gère) ; 18 bataillons de tirailleurs indigènes ; 1 bataillon mixte (Infanterie coloniale, et tirailleurs) (1); 7 groupes d'artillerie; des formations d'aéronautique (2) ; (1) Au 1er avril 1931, l'Infanterie doit comprendre: 13 bataillons européens (3 régiments d infanterie coloniale a 3 bataillons, I regiment étranger à 4 bataillons). 18 bataillons indigènes (5 régiments à 3 ou 4 bataillons, et 1 bataillon formant Corps). (2) Ces formations relèvent du Ministre de 1 air, mais sont a la disposition du Générai commandant supérieur. des unités diverses (chars de combat, autos-mitrailleuses de cavalerie,, compagnie du génie, télégraphistes coloniaux, gendarmerie) ; des services chargés de l'entretien des troupes et du matériel (services de l'artillerie et de l'aéronautique, intendance, santé, recrutement, remon¬ te, justice militaire, etc...). L'effectif total est d'environ : 800 officiers, 9.000 sous-officiers et hommes de troupe européen; 18.000 indigènes. Ces troupes sont réparties en trois grands groupements : la division d'Annam-Tonkin ; la division de Cochinchine-Cambodge ; la brjgade de Tong; et en éléments non endivisionnés. * * * La division d'Annam-Tonkin, commandée par un Général de division résidant à Hanoi, comprend deux brigades : T brigade (Haiphong) : 100e bataillon de marche d'Infanterie coloniale; bataillon mixte de l'Annam formant Corps (1); 2' régiment de tirailleurs tonkinois. 2e brigade (Bac-ninh) : 9l régiment d'infanterie coloniale ; 3 régiment de tirailleurs tonkinois ; La brigade de Tong est commandée par un Général de brigade rési¬ dant actuellement à Hanoi ; elle est constituée par : le 5e régiment étranger (à 4 bataillons) ; les lei et 4e régiments de tirailleurs tonkinois. (1) Ces deux bataillons constitueront, avec un bataillon de nouvelle formation, le 10e ré¬ giment d'infanterie coloniale. 'oncay Jnanoirr.. • -s *——=Wnaiphonq ç \ f fO •--.N^m-Dinh Groupe de Subdivisions dè Saigon • Datai •Pnom Penh Cap Si Jacques ORGANISATION DU COMMANDEMENT TERRITORIAL Jt* *++*? *\ \* •tià-p l'an q *** **♦* • L ai'-Ch^u *&Lao z'Kay,'''^ i ♦ \ • Cao-Banq r-t iPhong-Saty / l •ta w-z. \ rhn • •t*Phu- Tho * •Bac-Ninh s 4* w 4iB. floue/ Sai H f IC &Sam*~Nuea 9.Luang-Prabang */+ Q,Àieng-j$houang . Yientiane ** *** + ' « V * * * 4- * V .o •59 + 4 +* Frontière. G- de Subdivisions. Subdivision Principale. - d ? — Ordinaire: Chef-lieu de Groupe de Subdivision. ©Saigon •Bac-Ninh Chef-lieu de Subdivision. Principale ou ordinaire. • Autres villes. CENTRE DE DOCUMENTATION ET DE RECHERCHES SUR L'ASIE DUs SUD-EST ET LE MONDE INDONESIEN BIBLIOTHEQUE — 9 - Les troupes non endivisionnées stationnées en Annam-Tonkin compren¬ nent : de l'artillerie : 4e régiment d'artillerie coloniale mixte (4 groupes; un escadron d'A. M. C., une compagnie de chars légers); de l'aviation (3 escadrilles) ; une compagnie de télégraphistes coloniaux ; une compagnie du génie ; une compagnie de transport automobile ; un détachement de cavaliers de remonte ; les directeurs des grands services (intendance, santé) résidant à Hanoi. * * * La division de Cochinchine-Cambodge, sous les ordres d'un Général de division résidant à Saigon, comprend : une infanterie divisionnaire ; 11e régiment d'infanterie coloniale; régiment de tirailleurs annamites (2) ; bataillon cambodgien formant corps. une artillerie divisionnaire : 5' régiment d'artillerie coloniale mixte (3 groupes, ides A. M. C., des chars) ; une compagnie de télégraphistes coloniaux ; une compagnie du (génie ; une compagnie d'ouvriers d'artillerie; un détachement de transport automobile ; des représentants des services. Les éléments d'aéronautiques stationnés en Cochinchine sont : une escadrille d'avions; une escadrille d'hydravions. (2) A ce régiment sont rattachées deux compagnies de tirailleurs du Sud-Annam (Rhadés). — 10 — Au point de vue du commandement territorial, l'Indochine constitu-e une Région sous les ordres du Général commandant supérieur. Elle est divisée en circonscriptions militaires (groupes de subdivisions, subdivisions principales, subtil visions) correspondant aux divisions administratives du pays. Le Général commandant la division d'Annam-Tonkm exerce en même temps son autorité sur le groupe de subdivisions de Hanoi (celui-ci parta¬ gé en deux subdivisions principales : Haiphong et Bac-ninh). Le Général commandant la brigade de Tong est à la tête du groupe de subdivisions de Tong. Le Général commandant la division de Cochinchine-Cambodge com¬ mande en même temps le groupe de subdivisions de Saigon et le point d'ap¬ pui de la flotte Saigon-Cap-Saint-Jacques. (Il est nommé à ces fonctions par décret). II. — Constitution des troupes. Les troupes stationnées sur le territoire de l'Indochine se composent d'en¬ viron 1/3 de militaires européens Français et Etrangers et 2/3 de militaires indigènes. Les Français et assimilés servent dans l'infanterie et l'artillerie coloniale, 1 aéronautique et les services. Les étrangers (et un certain nombre de Fran¬ çais) dans la région étrangère. Les indigènes servent dans des unités de tirailleurs, dans des unités mix¬ tes (batteries d'artillerie) et dans les services. * * * L'infanterie européenne (infanterie coloniale et légion étrangère) a la même organisation et le même armement que dans la Métropole. La plu¬ part des compagnies de mitrailleuses sont du type sur bâts (seul utilisable dans les régions montagneuses ou dépourvues de routes qui sont celles des opérations probables). L'infanterie indigène se compose de tirailleurs tonkinois, annamites, montagnards ou cambodgiens, encadrés par des officiers et des sous-officiers français (1). L'armement est analogue à celui des unités européennes; tou- (1) L encadrement des compagnies de tirailleurs comprend également des gradés indigènes. On a commencé à former quelques officiers indigènes. — II — tefois, eu égard à leur taille, les tirailleurs sont armés du fusil modèle 1902, dit indochinois. Les bataillons de tirailleurs stationnés en Annam-Tonkin, et appelés à opérer surtout en montagne, sont plus étoffés en fusiliers-voltigeurs que les bataillons européens; ils ont moins d'armes lourdes (mitrailleuses). Une telle constitution donne aux unités indigènes en opérations une grande mobilité, et permet de leur confier toutes les missions secondaires exigeant des effectifs appréciables (reconnaissances, sûreté, prise de con¬ tact, poursuite, etc...); l'infanterie européenne peut ainsi être réservée pour l'effort décisif, auquel sa puissance de feu la rend particulièrement apte. L'artillerie comprend des batteries de toutes catégories : 75 de campagne (attelé ou porté), batteries de montagne sur animaux de bât (65, et 75 ou 105 Schneider), batteries de côte de divers calibres. Les unités sont mixtes : les principaux emplois de servants sont tenus par des Européens, les autres (ainsi que ceux de conducteurs) par des indi¬ gènes. Le personnel des autos-mitrailleuses et des chars de combat est pres¬ que entièrement européen. Dans l'aéronautique, le personnel naviguant est exclusivement européen; un certain nombre de mécaniciens et d'ouvriers sont indigènes. Les services emploient une forte proportion de militaires indigènes (ou¬ vriers d'artillierie, conductieurs d'automobiles, commis et ouvriers d'ad¬ ministration, infirmiers, etc...). * Les éléments constituant les différentes unités sont eux-mêmes d'origine diverses. Les Français sont pour la plupart des engagés volontaires ou des ren¬ gagés, à terme fixe ou résiliable, pour le service général des colonies ; mais ils comprennent aussi d'autres catégories : des engagés spéciaux du contingent métropolitain, qui ont la faculté de se faire libérer en Indochine, (ils conservent, pendant deux ans après leur mise en congé libérable, le droit de se faire rapatrier aux frais de l'Etat). des appelés et engagés par devancement d'appel du contingent local ; ils accomplissent le même temps de service actif que les Français de la Métropole. Les militaires indigènes appartiennent à toutes les races de l'Union in- dochinoise. La race annamite, à laquelle appartiennent les populations des deltas et de la côte d'Annam, a constitué jusqu'à présent la source principale du recrutement. Le décret du 8 avril 1923 a fixé à trois ans la durée du servi¬ ce des appelés. Les engagements sont en principe de quatre ans. Les montagnards ne peuvent se recruter que par voie d'engagements don la durée est limitée à deux ans. Les Cambodgiens sont recrutés par appel du Roi (pour une durée de trois ans), ou engagés et rengagés dans les mêmes conditions que les anna¬ mites. Les militaires indigènes peuvent contracter des rengagements renouve¬ lables jusqu'à une durée totale de 13 ans de service. La tendance actuelle est de développer le recrutement des montagnards (notamment Thô du Haut-Tonkin et Mois du Sud-Annam) en raison de leur résistance physique, de leur bel esprit militaire, et du loyalisme dont ils ont fait preuve jusqu'à présent. * * * Les réserves européennes sont constituées, comme dans la Métropole, par les F rançais résidant en Indochine qui sont encore soumis aux obliga¬ tions militaires prévues par la loi sur le recrutement. Les réservistes indigènes sont classés en deux catégories, suivant qu'il ont fait non du service actif. Les premiers sont maintenus dans les réserves pendant un temps égal à la différence entre 1 3 ans et la durée de leur ser¬ vice actif, s'ils ne jouissent pas d'une pension proportionnelle ; ils sont maintenus jusqu'à une durée totale de 25 ans de service s'ils sont pension¬ nés. Les seconds sont susceptibles d'être appelés sous les drapeaux entre vingt et trente-cinq ans. III. — L'instruction-, la vie journalière. Les troupes mènent un genre de vie bien différent, suivant qu'elles font partie des grosses garnisons de l'intérieur, ou qu'elles occupent les postes de la haute région tonkinoise. . : .. -;& Wi ■ piSliSpp^pP — 13 — Dans les deltas du Tonkin et de la Cochinchine, les troupes sont grou¬ pées par (fractions importantes, de l'ordre du bataillon d'infanterie ou du groupe d'artillerie. Elles stationnent soit dans les grandes villes, comme Saigon, Hanoi, Haiphong, soit dans des camps comme Tong et le Cap Saint-Jacques, qui sont de véritables villes militaires. Officiers et cadres européens, pour la plupart en famille, y mènent la vie de garnison comme dans la Métropole ; la troupe y occupe des casernements confortables. En dehors d'un service de place assez chargé, tout le temps disponible est consacré à l'instruction. Les unités des deltas reçoivent les recrues, et sont chargées d'en faire des soldats aptes à combattre sur un théâtre d'opérations local ou européen. L'instruction des européens est conduite suivant les mêmes principes qu'en France; on cherche à former dans toute la mesure du possible, des gradés ou des spécialistes. L'instruction des officiers et cadres européens est complété et adaptée aux conditions particulières de la guerre en Indochine. Des exercices de cadres ont lieu régulièrement. Des cours de langues indigènes fonctionnent dans toutes les grandes gar¬ nisons. Les élèves-officiers de réserve sont formés dans des pelotons spéciaux; des écoles de perfectionnement fonctionnent pour les officiers de réserve. L'instruction des indigènes présente des difficultés particulières. La généralité des jeunes soldats ignorant la langue française, il faut faire largement appel aux cadres indigènes. La valeur de ces derniers a donc une importance essentielle. Leur formation est assurée par des pelotons organisés dans les Régiments. Une école fonctionnant à Sept-Pagodes prépare les mieux doués à l'école d'élèves-officiers indigènes de Fréjus. C est pendant la saison froide (octobre à mars) que règne la plus grande activité. Les troupes prennent part à des manœuvres importantes, font des séjours dans les camps. Les réservistes sont convoqués pour des périodes d'instruction. Dans la haute région tonkinoise, la vie militaire est bien différente de celle du delta. Les troupes sont dispersées entre une série de postes, dont la garnison se réduit souvent à une section d'infanterie. Ces petits déta¬ chements, dont la mission est de surveiller la frontière, doivent se tenir constamment prêts à intervenir contre les bandes pirates, à les combattre ou à les poursuivre — 14- Les troupes de la Haute-Région ne comportent donc (en dehors des montagnards recrutés sur place) que des soldats déjà formés. L'officier commandant un poste doit veiller à tous les besoins de l'exis¬ tence journalière ; il faut ménager son poste, ravitailler son détachement, et souvent, faute de médecin passer la visite. Vivant constamment au milieu de ses hommes, il acquiert, s'il en est digne, un prestige et une autorité qui récompensent largement ses efforts. En dehors de ses attributions militaires, l'officier exerce souvent des fonctions administratives et politiques. S'il est :à la tête d'une délégation, il lui faut acquérir la confiance des chefs indigènes, maintenir le loyalisme des habitants en défendant leurs intérêts. 11 est à la fois administrateur, juge et soldat. il doit connaître les mœurs et coutumes (et si possible parler la langue) des populations au milieu desquelles il se trouve, se tenir au courant de leur état d'esprit afin de pouvoir donner à sa politique indigène l'orientation voulue. Un tel rôle exige de l'officier une grande activité, du tact et beaucoup d'initiative, car il a fréquemment à prendre des décisions graves qui ne souffrent aucun retard. Les postes de la Haut -Région sont ordinairement très recherchés, car l existence qu'on y mène présente un attrait particulier et une variété qui contraste vivement avec la monotonie de la vie dans le delta. IV. — Forces supplétives. Outre les forces régulières, relevant directement du Général Comman¬ dant supérieur, des forces de police concourent au maintien de la sécurité intérieure : La garde indigène, dans les pays protégés; La garde civile, dans la colonie de Cochinchine ; Les partisans, dans les territoires militaires et provinces frontières du Tonkin. La garde indigène est une force de police organisée en brigades, chaque brigade correspondant approximativement à une province ou à un territoire militaire. L'effectif d'une brigade, variable avec l'importance du territoire sur lequel elle est stationnée, comprend, outre le cadre français, 150 indi- gènes en moyenne. Les cardres français se recrutent parmi les anciens officiers et sous-officiers de l'armée active, agréés et nommés par le Gou¬ verneur général ; ils ont une hiérarchie particulière. La garde civile de Cochinchine (ou milice) n'a pas de cadre français. Son instruction est faite par le cadre français de la gendarmerie. En cas de mobilisation ou d'opérations sérieuses dans une partie quel¬ conque des pays de l'Union indochinoise ces forces sont mises en totalité ou en partie à la disposition des autorités militaires pour coopérer aux opé¬ rations. Les partisans sont des auxiliaires des postes militaires du Haut-Toakin. Ils sont choisis parmi les habitants aisés, énergiques et vigoureux. L'autorité militaire confie à chacun d'eux un fusil et des cartouches; elle 1 eur alloue une solde quand ils prennent part à des opérations. Habitués au pays et au climat, sachant comme les pirates se rendre invisibles et agir par ruse, les partisans rendent de précieux services comme organes de renseignement et de sûreté, à condition d'être employés dans leur région et de participer à la défense de leurs villages et de leurs trou¬ peaux. Chapitre II LES TERRITOIRES MILITAIRES—LA POLICE FRONTIERE I. — Création des territoires militaires. Par le traité dé Tien Tsin (9 juin 1885), la Chine a reconnu définitive¬ ment le protectorat de la France sur le Tonkin. L'article premier de ce traité prévoyait les mesures à prendre par les deux Etats pour rétablir et maintenir l'ordre sur la frontière, sino-tonkinoise ; une convention spéciale devait fixer les conditions dans lesquelles s'effectuerait l'extradition des malfaiteurs. La Chine s'était engagée à rappeler les troupes régulières qu'elle avait encore au Tonkin; mais une partie des chefs chinois qui commandaient ces troupes n'obéirent pas et restèrent dans les fiefs qu'ils s'étaient créés, et qu'ils exploitaient méthodiquement. Il fallut entamer la lutte afin de chasser les bandes, formées d'anciens réguliers ou d'irré^guliers, qui pratiquaient la grande piraterie. Cette lutte fut très dure et ne prit fin que dix ans plus tard. Les provinces où l'on se battait étaient, comme les autres, administrées par des résidents civils. Les troupes n'avaient aucun contact avec la population indigène et n'en recevaient aucun renseignement. Comme elles ne devaient agir que sur réquisition de l'autorité civile, leur intervention était presque toujours trop tardive pour empêcher les pillards d'opérer sur le point qu'ils avaient choisi. Si une colonne importante était lancée à la poursuite de la bande, celle- ci se dispersait et semblait disparaître. Mais les petits détachements étaient attaqués, les convois pillés, les voies de communication coupées. Les habitants, qui ne se sentaient pas protégés, se faisaient, par crainte des représailles, complices des pirates. — 17 — Pour mettre fin à cette situation, le Gouverneur général De LâNESSAN prit le 6 août 1891 , un arrêté plaçant sous le régime militaire toute la zone montagneuse entourant le delta du Tonkin. Cette zone était partagée en territoires militaires, (quatre à l'origine) dirigés et administrés par des officiers supérieurs qui devaient exercer à la fois les pouvoirs civils et les pouvoirs militaires. Cette organisation réunissait dans la main d'un seul chef, l'administra¬ tion qui le mettait en contact direct avec la population locale et lui per¬ mettait de recevoir rapidement les renseignements dont il avait besoin, et le commandement des troupes. On réalisait ainsi dans chaque circons¬ cription l'unité de direction, d action et de responsabilité. En même temps on créa les partisans ; on remettait des armes aux habi¬ tants pour coopérer la défense du pays. Une série de postes solides furent établis sur les voies de communication importantes et aux points sensibles ; les réserves étaient échelonnées en arrière. Les pirates ne purent se maintenir/S'ils opéraient par petits groupes, les seuls partisans suffisaient pour repousser leurs tentatives de pillage. S'ils se rassemblaient en bandes importantes, ces bandes devenaient l'ob¬ jectif de fortes colonnes de troupes régulières qui, guidées et renseignées par la population, réussissaient souvent à les atteindre et les disperser; les débris de ces bandes étaient alors la proie des partisans lancés à leur pour¬ suite. Cette méthode, appliquée notamment par le colonel GALLIÉNI sur la frontière Nord-Est, eût un succès complet. Les bandes disparurent les unes après les autres, dispersées définitivement ou refoulées en Chine. II. — Institution de la police frontière. Lorsque le pays fut à peu près débarrassé des pirates, les travaux de délimitation et d'abornement de la frontière smo-annamite furent entrepris sous la direction du colonel GaLLIÉNI . La commission française s'efforça d'obtenir une frontière facile à surveiller et à défendre. C'est dans cet esprit que la frontière a été tracée : suivant presque partout des obstacles naturels, montagnes ou cours d'eau, elle présente peu de points de passage. Des bornes frontières, portant toutes un numéro d'ordre et le nom des localités voisines, ont été fixées sur le terrain en présence des délégués chinois et français; ces opérations ont fait l'objet de procès-verbaux dé¬ taillés, signés par les deux parties. Les bandes pillardes qui n'avaient pas été détruites s'étaient établies à proximité de la frontière; elles mettaient en coupe réglée les villages limitrophes et échappaient aux poursuites des forces françaises ou chinoises en se réfugiant, suivant le cas, en territoire chinois ou annamite. Les deux Etats intéressés décidèrent la création d'une police mixte sur la frontière sino-annamite (convention du 20 juin 1895). Cette police mixte fut organisée par le règlement du 7 mai 1896. Les autorités locales françaises et chinoises devaient se prêter un appui naturel en vue de l'extermination des bandes et du maintien de 1 ordre sur la frontière. L'ensemble de la frontière sino-annamite est divisé, en ce qui concerne l'exécution de la police frontière, en 3 zones : 1 0 Frontière entre le Kouang-Toung et le Tonkin; 2" Frontière entre le Kouang-Si et le Tonkin; 3° Frontière entre le Yunnan et le Tonkin. Dans chacune de ces zones, le service de la police mixte est dirigé par une ou deux commissions mixtes comprenant un commissaire français et un commissaire chinois. Les commissaires ont autorité sur la troupe et les fonctionnaires de la région correspondant à la partie de la frontière placée sous leur surveillance. Les commissaires français relèvent directement du Gouverneur général de l'Indochine, les commissaires chinois du gouverneur de la province. Les lieux de résidence des commissaires français et chinois sont les suivants : PARTIE DE LA FRONTIÈRE COMMISSAIRE FRANÇAIS COMMISSAIRE CHINOIS Tonkin — Kouang-Toung Tonkin —t Kouang-Si < Tonkin —- Yunnan Moncay. Langson. Cao-Bang. Ha-Giang. Lao-Kay. Tong-Hing. Nam-Quang. Thuy-Khau. Malipo. Hokéou. — 19 — Deux commissaires correspondants constituent une commission mixte de police frontière. Leurs résidences doivent être reliées par une ligne télé¬ graphique ou téléphonique. La police mixte est exercée sur la frontière au moyen de postes mili¬ taires doubles occupés par des troupes régulières. Chaque poste militaire double comprend un poste français et un poste chinois placés de part et d'autre de la frontière sur la même voie de pénétration. Chaque poste militaire français ou chinois doit comprendre un effectif minimum de 30 soldats réguliers armés et être commandé par un officier, qui porte le titre de délégué de la police frontière. En principe les postes conjugués doivent être reliés télégraphiquement ou téléphoniquement. Le nombre et remplacement des postes conjugués ont chargé fréquem¬ ment depuis 1896. Ils sont actuellement les suivants, (d'est en ouest): COMMISSION MIXTE Moncay — Tong-Jïing Lang-Son — Nam-Quang Cao-Bang — Thuy-Khau Hagiang — Malipo .. Lao-Kay — Hokéou . POSTES FRANÇAIS POSTES CHINOIS OBSERVATIONS ' Moncay. Tong-Hing. Commissaires à la police frontière. Lai-Chau. — La période la plus favorable à l'achat du paddy va de décembre à janvier, au moment de la récolte du riz de rizières irriguées, alors que le grain se trouve en abondance et que les indigènes se préoccupent d'avoir de l'argent, en prévision des fêtes du Têt. Le prix moyen est de 3 $ 50 le picul (60 kg.) ; en février, le paddy est vendu 4 $ 50 le picul ; ce prix est maintenu jusqu'en juillet ; de juillet à décembre, le prix atteint 7 piastres. Dès le mois de juillet, on éprouve de très grosses difficultés à avoir du grain; d'octobre à décembre, les indigènes n'en ont plus et vivent de racines et de pousses de bambous. Au IVe Territoire, il faut donc stocker le paddy nécessaire pour1 8 mois. Ve Territoire Militaire. — Le ravitaillement est très difficile dans tout le Territoire; il faut faire venir une partie du paddy, soit de Chine, soit de Luang-Prabang, aux mois de janvier et de février, seuls favorables aux achats ; il revient .à 8 $ 50 les 100 kilogrammes ; à partir de mars, il aug¬ mente considérablement de prix et devient très rare, si la récolte a été défici¬ taire, ce qui est assez fréquent. Le stock à constituer est de 40 tonnes pour Phong-Saly, 30 tonnes pour Outa., 23 tonnes pour Ouneua, 40 tonnes pour Boun-Tai, 30 tonnes pour Bouneua. La nécessité de constituer des stocks de paddy ou de riz dans les postes, où les conditions d'achat sont défavorables dans l'intervalle des. récoltes, apparaît donc incontestable, dans l'intérêt des hommes et dans l'intérêt de l'Etat; elle a du être reconnue et sanctionnée annuellement par des autorisa¬ tions d'avances de fonds accordées par le Commandement : pour la campagne d'achat 1929-1930, elles se sont élevées à 12.440 piastres dont 4.190 piastres pour le 111' Territoire, 1.830 piastres pour la province de Lao-Kay et 6.400 .piastres pour les IVe et Ve Territoires. En outre, est consentie par le Résident Supérieur du Laos au Comman¬ dant du V'J Territoire une avance de 4.300 piastres pour la constitution de stocks de riz et paddy destinés aux fonctionnaires indigènes, à la Garde indi¬ gène, aux familles des militaires indigènes. Paddy. — Les approvisionnements de paddy sont réunis à la diligence du Service de l'Intendance partout où il existe une gestion ou une gérance d'Annexe. On peut traiter avec facilité, par marché, avec des Commerçants Chinois ou Annamites pour des livraisons échelonné-s, au fur et à mesure des besoins ; les aléas de conservation sont diminués et les manipulations réduites au mi¬ nimum. — 66 — La pratique des achats directs par le Service de l'Intendance, au moment de la récolte, va de pair avec les fournitures par voie de marchés ; ce mode d'achat, repris en 1929, après avoir été quelque peu délaissé, permet d'es¬ compter d'excellents résultats en offrant l'avantage de servir de régulateur aux cours pratiqués, en raison de la fixation de prix légèrement inférieurs aux cours commerciaux. On peut s'attendre à une hausse générale des denrées de production locale, soumises à l'exportation, et libellées en piastres : le rajustement des prix intérieurs aux prix mondiaux sera, tôt ou tard, une des conséquences dé la diminution de la valeur intrinsèque de la piastre. 2° Denrées provenant de France. Vin et Conserves de viande. Le vin ne peut avoir d'autre origine que la Métropole aussi les prix sont ils offerts en francs, à la différence des denrées de production locale, dont les cours sont chiffrés en piastres. Les marchés sont annuels : on traite par ad¬ judication pour des livraisons échelonnées pendant toute l'année, en raison de la difficulté de conservation en barriques de ce liquide. Une partie des besoins est toutefois couverte par des cessions faites par le Département des Colonies : les mouvements de relève des 3 bataillons de Légion, au printemps et en Automne, impliquent entre l'Algérie et l'Indo¬ chine, la mise en ligne d'un navire, qui consent un prix de fret intéressant pour le transport des vins d'Algérie, En 1929, l'Algérie a ainsi contribué pour 1.100 hectolitres au ravitaillement du Groupe ; cette année, les quan¬ tités seront sensiblement supérieures : le prix de revient est inférieur de 0 fr. 50 à 0 fr. 75 environ, par litre, au prix des marchés par adjudication passés sur place, pour une qualité équivalente. Conserves de viande. — Elles sont demandées par voie de cession au Dé¬ partement de la Guerre, qui les prélève sur les quantités fabriquées par les usines de Madagascar pour ses besoins. Une usine de conserves vient cependant de se monter à Pnom-Penh : ses produits paraissent de bonne qualité et un essai de consommation va être tenté sur 1.200 kilogrammes cette année pour la première fois. On a d ailleurs réduit, cette année, à titre d'essai, les approvisionnements de biscuit et de conserves de viande. Si les hommes consentent à consommer, de temps à autre, de la viande de conserves d un prix élevé, ils gaspillent souvent le biscuit, qui sert à la nourriture des animaux, ou le distribuent aux indigènes; les ordinaires sup- — 67 — portent ainsi une dépense relativement élevée, qu'il importe de réduire dans toute la mesure possible. D'ailleurs, la Colonie présente par elle-même assez de ressources, pour que le biscuit et la conserve n'entrent que pour une ifaible part dans l'alimen¬ tation. La viande ifraiche que l'on se procure aisément sous forme de bœuf, porcs, volailles remplace avantageusement la conserve; ,1e riz, qui est la principale production agricole du pays, sinon la seule dans un grand nombre de provinces, peut également être substituée au biscuit. Les hommes ne s'en plaindront certainement pas, puisqu'ils ne seront pas obligés de consommer des denrées, qui leur répugnent et obèrent les ordinaires. En ce qui concerne spécialement le biscuit, point n'est besoin de garder en magasin d'importants approvisionnements, difficilement renouvelables et qui se détériorent malgré les précautions prises pour leur conservation. La fabrication du biscuit peut, le cas échéant, être reprise rapidement : le Ser¬ vice de l'Intendance possède à Haiphong et à Saigon des biscuiteries, qui lui permettraient de pourvoir très rapidement aux besoins des troupes du Groupe ; il serait même préférable de remplacer une partie des distributions de biscuit par du pain biseuîté, dont la consommation est plus agréable. Lors des déplacements de troupe consécutifs aux événements de Yên- Bay, c'est du pain biscuité, demandé par les Corps de troupe, qui a été distribué, aux lieu et place du biscuit. 3° Denrées d'origine étrangère. La farine et le sucre sont achetés sur le marché de Hong-Kong par les négociants locaux, qui traitent avec l'Administration Militaire. La farine provient d'Australie ou d'Amérique, qui ravitaillent en cette denrée tout l'Extrême-Orient : elle est très blanche, de bonne qualité mar¬ chande et donne un pain satisfaisant avec un rendement de 1 36 % environ ; elle est de moindre durée de conservation que la farine française, mais aussi d'un prix de revient inférieur. Sa faible durée de conservation oblige toutefois à constituer un stock de farine d'origine française, étuvée, pour le ravitaillement des postes éloignés, dans les IVe (Lai-Chau) et V9 (Phong-Saly) Territoires notamment. On importe ainsi annuellement 30.000 kilogrammes de farine en caisses, qui, sous le climat de l'Indochine, peut se conserver sans aléa pendant trois ans environ. Dès 1917, à la suite d'instructions du Département, (câblogramme 789 du 6 juin 1917) le Service de l'Intendance avait tenté de renoncer aux — 68 — farines d'origine Américaines et Australiennes, en recourant à l'exploita¬ tion des ressources du Yunnarn, où la culture de blé était couramment prati¬ quée, la production étant toutefois limitée à la consommation locale. Des essais de panification furent faits en 1917 à la manutention de Hanoi, ils furent satisfaisants, bien que le pain fût un peu bis d'aspect, le blé du Yunnarn étant du blé dur. Des démarches furent faites auprès des autorités Chinoises par le Consul de France à Yunnanfou, pour obtenir l'autorisation de sortir des céréales; cette autorisation fut accordée, après de laborieux pourparlers. Un moulin fut acheté au Yunnarn, transporté à Hanoi et installé à la manutention militaire. Son prix de revient est de 80.000 francs ; il peut traiter 800 kilogrammes de blé en 8 heures. Au cours des années 1919-1920-1921-1922-1923, ce moulin a fonc¬ tionné, en traitant une centaine de tonnes de blé en provenance du Yunnarn : les résultats furent médiocres, le prix de revient de la farine obtenue était supérieur à celui de la farine étrangère, achetée dans le commerce local. Au point de vue du rendement, la meilleure proportion obtenue a été de 67 % : la faiblesse du rendement provenait de ce que le blé du Yunnarn était charançonné : les Yunnanais en effet, après avoir moissonné, laissent les gerbes en meules jusqu'au moment des battages; le grain obtenu est placé dans des silos mal protégés contre les parasites et, au bout de quelques jours, les charançons ont-envahi toute la récolte; il n'existait au Yunnarn aucune installation pour purger le blé de ces insectes, lesquels sont transportés avec lui jusqu'au magasin. En 1924, le moulin ne put être alimenté : un marché pour la fourniture de 60 tonnes de blé dur, en provenance du Yunnan dut être résilié, le blé récolte après les inondations ayant été reconnu de qualité trop médiocre pour donner une farine utilisable. En 1923, la récolte déficitaire ne permit pas d'acheter du blé au Yun¬ nan. En 1926, 20 tonnes de blé dur provenant d'un marché souscrit avec M. ThâNO au prix de 1 1 $ 1 5 le quintal métrique furent mis en monture : le rendement en farine n'atteignit que 63,5 %, inférieur au taux obtenu les années précédentes, 66 à 67 %. Entre temps, devant les difficultés rencontrées pour se procurer du blé du Yunnan — grevé lourdement de droits de Douanes, de droits de likin, de frais de transport, des essais de culture de blé dur et de blé tendre furent entrepris dans la région de Trung-Khanh-Phu, ainsi qu'à Lang-Son, avec des semences de blé fournies par le Service de l'Intendance. — 6ç — Dans la région de Cao-Bang, le blé se cultive principalement sur les rives du Song-Quê-Xuan, et de son affluent le Da-Be. Le grain est semé en janvier, dans les terrains où a été faite en octobre la récolte du riz ; on coupe les blés en mai, laissant ainsi le terrain disponible pour les prochains travaux de rizière. Le rendement par hectare est de 700 kilogrammes environ ; le grain de blé est beaucoup plus petit que celui de France et les épis moins fournis. Les résultats n'ont pas été encourageants; d ailleurs de 1 avis du Chef des Services Agricoles au Tonkin, l'extension de la culture du blé dans la Haute Région, ne peut être envisagée, bien que le climat paraisse assez voisin de celui des pays tempérés : malgré son apparente saison sèche, le Tonkin possède une atmosphère trop humide pour le blé ; à la ifaveur de cette humidité, de nombreuses maladies cryptogamiques se développent, au détriment de la bonne végétation de la plante et de son rendement en grains. C'est à ces mauvaises conditions d'habitat que doit être attribuée la dégéné¬ rescence du blé cultivé sur une dizaine d'hectares dans la région de Trung- Khanh-Phu. On peut se demander même, si la culture du blé serait commercialement possible dans la Haute Région et si le coût des transports ne constituerait pas pour cette denrée une charge trop lourde, pour qu'il puisse concurrencer les farines d'importation. Le transport d'une tonne de grains de Cao-Bang à Na-Cham par char¬ rettes ou camions-auto, puis de Na-Cham à Hanoi par voie ferrée revient à 28 piastres environ. En admettant que ces blés puissent être blutés à 66 %, ce qui est un maxi¬ mum, pour des grains de qualité médiocre, et que la vente des sous-produits couvre les dépenses de la minoterie, on ne pourrait pas payer la tonne de blé, à Cao-Bang, à un prix supérieur à la valeur de 660 kilogrammes de farine à Hanoi, diminuée de 28 piastres. Or, les adjudications de farine, au mois de juin 1930, se sont ifaites à 21 piastres le quintal métrique. Le prix de la tonne de blé à Cao-Bang serait ainsi 21 x 66 — 28 = 110 $ 00. Si, de cette somme, on déduit les frais de magasinage, le trans¬ port de Trung-Kbanh-Phu à Cao-Bang, les pertes et avaries etc..., on ne peut pas prévoir un prix d'achat au producteur supérieur à 90 piastres la tonne. Il ne paraît pas que ce soit là un prix suffisamment rémunérateur pour déterminer à la culture du blé beaucoup de cultivateurs, qui ne la pratiquent pas encore et qui n'ont pas besoin d'elle pour vivre tranquilles et sans souci. — yo ~ Sucre. — Le sucre a pour origine Java et les Philippines; son état hygro¬ métrique en rend sa conservation particulièrement difficile. Des raffineries de sucre se sont organisées à Saigon, mais leur champ d'action est limité, en raison de la difficulté de s'approvisionner en cannes à sucre. Leur projet est d'acquérir et de créer des plantations de cannes à sucre : c'est une entreprise, qui offre un grand intérêt pour les approvisionne¬ ments militaires dans l'avenir. En 1929, la consommation, pour les Troupes du Groupe, a atteint: Farine 1.280.000 kgs environ. Vin 1.310.000 lit. — Café ....... 80.000 kgs — Sucre 120.000 kgs — Conserves de viande 22.000 kgs — Paddy • • . . 3.000.000 kgs — Le prix de revient, par jour, de l'alimentation d. un militaire européen est de 8 francs, celui d'un indigène de 2 francs environ. B) Ravitaillement intérieur de la colonie Les fleuves et rivières constituent en Indochine la voie principale du ravi¬ taillement, parce qu'ils sont accessibles à la navigation à vapeur assez loin dans l'intérieur, que les transports par eau sont beaucoup moins coûteux, permettant de compenser leur lenteur relative par l'importance des quantités transportés. Les bases de ravitaillement sont Haiphong, pour l'Annam-Tonkin, Sai¬ gon pour la Coohinchine-Camibodge, chacune, tête de ligne de navigation. Dans ces deux ports, sont achetés, en principe, par adjudications publi¬ ques, et, subsidiairement, par marché de gré à gré : la farine, le vin, le sucre, dont chacun de ces groupes a besoin. Par exception, en ce qui concerne le café et le tafia, les besoins sont assurés par Hanoi, en raison de la présence dans cette ville du Syndicat des Planteurs, des Services Agricoles, de la Société des. Distilleries de l'Indo¬ chine. L achat du vin, du café, du tafia est fait pour une année, l'achat de la farine et du sucre pour un semestre : les marchés comportent plusieurs lots pour des livraisons échelonnées pendant un semestre, ou pendant toute l'année. - 7i - Haiphong ravitaille chaque mois les places de son ressort direct, ses pro¬ pres annexes (Tourane et Moncay) ainsi que les deux gestions d Hanoi et de Dap-Cau. Par exception, i! prépare le ravitaillement annuel de vin des IV° et Ve Territoires, transporté directement par chaloupes, de Haiphong à Cho- Bo. Hanoi ravitaille la gestion de Tuyên-Quang ainsi que Tannexe de Lai- Chau — à l'exception du vin — et les régions de Tong, Viétri, Luc-An- Chau, Yên-Bay, Lao-Kay et Chapa.. Dap-Cau ravitaille les places de son ressort direct et les annexes de Lang-Son et Cao-Bang. Tuyên-Quang ravitaille Bac-Quang, Ha-Giang et sa région. L'importance du ressort de ravitaillement, du fait des consommations, peut s'exprimer proportionnellement entre les magasins par les chiffres sui¬ vants : Hanoi 2,7 Dap-Cau • • 1,7 Haiphong 1,4 Les trois magasins d'Hanoi, d'Haiphong et de Dap-Cau se recomplè¬ tent mensuellement par les livraisons des marchés et les envois d Haiphong, mettent ces livraisons ou ces envois à leur stock et assurent leurs distributions ou leurs envois à l'aide de leurs approvisionnements. La (gestion de Tuyên-Quang et les annexes opèrent de même. Le renouvellement constant est ainsi amorcé partout sous la responsabilité de chaque gestionnaire et de chaque intendant ayant un ou deux magasins sous sa direction. Le renouvellement se fait, de la sorte, en moyenne générale, tous les 2 ou 3 mois pour les denrées principales excepté, bien entendu, pour le bis¬ cuit, les conserves, le tafia. En principe, les ravitaillements se font chaque mois, à l'exception de Ha~Giahg et de Lai~Chau, dont les opérations s'effectuent ainsi qu'il suit. Ha-Giang. — Tous les mois d'octobre à mai inclus : D'octobre à décembre inclus, envoi mensuel du ravitaillement compre¬ nant les besoins d'un mois, plus le stock de prévoyance ; De janvier à avril inclus, envoi mensuel du ravitaillement comprenant les besoins de deux mois ; en mai, envoi du ravitaillement pour un mois. ) — 72 — C'est par la Flottille de la Haute Rivière Claire qu est transporté le ravitaillement de Tuyên-Quang à Ha-Giang. Le service des Transports, sur la Haute Rivière Claire, confié au service de l'Intendance, fonctionne conformément aux dispositions du Règlement local du 30 décembre 1914, modifié en 1918, 1924, 1923. La Flottille se compose de 1 5 sampans armés ; son personnel comprend 13 pilotes et 78 sampaniers ; la durée du trajet, à la montée, est de 30 à 35 jours aux basses eaux, de 40 à 45 jours aux hautes eaux; à la descente, le trajet est de 3 jours et demi aux basses eaux, de 2 jours aux hautes eaux. Le service des Transports assure : 1 0 En régie directe, le ravitaillement du 3e Territoire militaire, le trans¬ port du personnel et de ses bagages (à la montée, le personnel emploie surtout la voie de terre, les bagages seuls suivent en sampans), des armes, des munitions, du matériel du service de Santé. 2° A titre de cession : a) Les transports de personnel et de matériel des Administrations ci¬ viles. (Travaux publics, Postes et Télégraphes). Pour la commodité du service des Travaux publics qui dirige la cons¬ truction de la route, de nombreuses escales supplémentaires sont fai¬ tes en vue d'y décharger les matériaux sur les points les plus rap¬ prochés des Travaux. b) Les transports particuliers : ces transports sont considérés par le Règlement comme exceptionnels, en raison de ce que le service de 1 Intendance ne doit pas faire concurrence aux entreprises privées. Les chargements des particuliers sont effectués à leurs risques et pé¬ rils, et leur perte ne peut, en aucun cas, mettre en cause la respon¬ sabilité de l'Etat. Les transports sont limités à deux convois par mois pendant la période du 1 juin au 30 novembre, qui est celle de grandes crues, trois convois par mors étant maintenus pendant le reste de l'année. Les opérations, effectuées pour le compte du service des Tran ports sur la Haute Rivière Claire du 1er janvier 1929 au 31 mars 1930, se résument comme il suit ; - 73 - A. — Personnel Nombre de passagers transportés a) A la montée b) A la descente , . . B. — Matériel Tonnage transporté pour le compte des Services Militaires, Civils et des Particuliers. a) A la montée 39 tonnes dont 97 tonnes pour le service de l'Intendance; b) A la descente 44 tonnes dont 2 tonnes pour le service de l'Intendance. C. — Recettes a) Personnel 27.300 francs. b) Matériel 1 79.600 francs. 206.900 francs. D.—Dépenses: 179.800 francs. L'excédent de recettes ressort à 26.500 francs, qui se traduit en défini¬ tive par une diminution correspondante des transports au titre du Chapitre Vivres et Fourrages. Le service de Transports par la Flottille est appelé a disparaître dès l'achèvement de la route, escomptée pour 1932. Lai-Chau. — C'est dans les régions de Lai-Chau (IVe Territoire mili¬ taire) et Phong-Saly (V° Territoire militaire) que les opérations de ravitail¬ lement présentent le plus de d fficultés et sont les plus onéreuses, en raison des distances et des moyens de transport employés. De Hanoi à Cho-Bo, le transport est assuré par des chaloupes, qui des¬ servent la ligne (Compagnie Sauvage). 19 582 - 74 — 1 0 De Cho-Bo à Lai-Chau. Il existe à Lai-Chau une centaine de pirogues destinées à la navigation sur la Rivière Noire qui, en saison sèche — du Ie1 octobre au 1er juin — peuvent remonter aisément avec 1.200 kilogrammes de ifret ; on pourrait donc, avec ces moyens de transport, faire enlever, en une seule fois, de Cho-Bo, la totalité du ravitaillement de l'année. Cette solution, qui apparaît comme la plus simple, n a pas été adoptée. Le prix de location d'une pirogue est de 25 f) 00 à la descente à vide ou en charge, et de 66 $ 00 à la montée, en charge complète. Si, en octobre, on constitue, au départ de Lai-Chau, un convoi de pi¬ rogues, celles-ci devront nécessairement descendre à peu près à vide; le trafic courant du IVe Territoire n'exige, en effet, que 6 à 8 pirogues par mois, échelonnées de dix jours en dix jours, pour correspondre au service régulier des chaloupes Hanoi-Chobo ; ces pirogues sont, le plus souvent, employées, à la descente, aux transports de personnel (relève d'officiers, de sous-officiers Européens de tirailleurs, de gardes indigènes, de fonction¬ naires des IVe et Ve Territoires) ; mais le personnel, qui rejoint les IVe et Ve Territoires, n'emprunte pas la voie d'eau ; il utilise la voie ferrée jus¬ qu'à Lao-Kay, puis la route. Ainsi, les pirogues remonteraient avec un chargement partiel, les vivres du Service de l'Intendance ne permettant pas de compléter leur fret. On a donc échelonné les transports de ravitaillement de Hanoi (à Chobo, de manière à assurer du fret, d'octobre à février,# aux pirogues au départ de Chobo. 2° De Lai-Chau aux postes des IVe et Ve Territoires. Aucune difficulté ne se présente pour les postes du IVe Territoire : Dien-Bien-Phu est ravitaillé par animaux de trait (chevaux ou bœufs), Muong-Te, par chevaux ou par pirogues. Le ravitaillement du Ve Territoire était, par contre, beaucoup moins aisé, en raison de la pénurie des moyens de transport, qui se fait sentir aussi bien à Lai-Chau qu'à Phong-Saly. Le problème a pu, néanmoins, être résolu, grâce aux caravanes chinoises, qui apportent à Lai-Chau du thé et du sticklaque, en provenance du Yun- nam et rentraient autrefois à vide. SERVICE DE L'INTENDANCE A HAIPHONG COMMISSION DE RECEPTION DU VIN D'ALGERIE DANS LES DOCKS DES MESSAGERIES MARITIMES EMBARQUEMENT D'UN DÉTACHEMENT DE RELEVE A HAIPHONG - 75 — On a pu décider les chefs de caravanes à abandonner la route Muong- Nhie, Apatisé, Outai au profit de la route Phu-Den-Dinh — Phong-Saly et à charger à Lai-Chau des vivres du Service de l'Intance au prix de 0 $ 80 par jour et par cheval, à raison de 60 kilogrammes par animal. De la sorte, il n'y a pas lieu de payer le retour à vide (0 $ 40 par jour) ; en même temps que cette mesure diminue îles charges, qui pesaient sur la population, elle permet de réaliser une économie annuelle de 2.300 S 00 (43 tonnes de vivres sur les 8 étapes, qui séparent Lai-Chau de Phong- Saly; 716 animaux nécessaires, soit 5.728 journées de retour à vide à 0 ? 40). Un nouvel itinéraire, sur une distance de 45 kilomètres a été établi sur le parcours Lai-Chau — Phong-Saly ; il diminue les difficultés et la lon¬ gueur du trajet et assure le concours, pour les années à venir, des cara¬ vaniers chinois ; la route est très en arrière des postes, et offre toutes ga¬ ranties de sécurité, sans qu'il y ait lieu d'escorter les convois. Les premières caravanes chinoises arrivent à Lai-Chau fin décembre ; les dernières en partent au début de mai. Les transports de Hanoi à Lai-Chau sont réglés de telle façon que le ravitaillement destiné au Ve Territoire parvient à Lai-Chau du 15 décembre au 15 février: en principe, les en¬ vois de Hanoi sont scindés en 3 expéditions : un tiers parvenant à Cho-Bo fin septembre, un tiers fin novembre, le reliquat fin janvier. On peut considérer que le ravitaillement du Ve Territoire est assuré dans les conditions les meilleures, puisque, pendant la campagne de ravi¬ taillement 1929-1930, sur 1 1.004 litres de vin expédiés, en bouteilles, un déchet de 238 litres seulement a été constaté, soit 2 %, déchet insigni¬ fiant eu égard à la longue durée du transport et aux conditions difficiles dans lesquelles il est effectué. C) Réalisation et constitution des approvisionnements. Les modalités de réalisation des approvisionnements en Indochine présen¬ tent des caractères particuliers. L'Adjudication publique est la forme de principe des contrats ; mais l'instabilité de la situation économique en Indochine, l'absence presque générale de stocks ont cette conséquence que les fournisseurs hésitent à prendre des engagements à lonjg terme et ne peuvent présenter des offres fermes que pour une durée souvent très limitée. Les formes rigides et lentes de l'adjudication publique ne sauraient donc toujours convenir en Indochine, car elles ont souvent pour résultat une haus- - 76 — se sensible des prix au détriment des intérêts du Trésor. Il a donc paru op¬ portun d'avoir recours à des procédés contractuels plus souples, plus ex- péditifs, mieux adaptés aux mouvements économiques. Il a paru nécessaire, également, d'abréger le temps entre la présentation d une offre et son ac¬ ceptation et d'éviter, par une plus grande rapidité dans les paiements et la libération des cautionnements, des pertes d intérêts dues à 1 immobilisa¬ tion non indispensable de capitaux. On a été ainsi conduit à envisager une certaine décentralisation, en don¬ nant, sous leur responsabilité, aux Directeurs des Services Contractuels, plus de liberté, dans le choix des moyens à mettre en œuvre, un pouvoir plus grand dans l'approbation des contrats à intervenir. C'est sous la forme de marché de gré à gré que sont souscrits la plu¬ part des contrats. Le marché de gré à gré, qu'il soit précédé d'une large consultation du Commerce ou de l'industrie destinée à donn r toutes garanties à l'Adminis¬ tration ou qu'il résulte de pourparlers préalables avec un négociant, un pro¬ ducteur ou un entrepreneur en vue de débattre les conditions de qualité de livraison ou d'exécution, ainsi que les prix, constitue en effet le mode d'opérer, qui répond le mieux au but à atteindre; dans le cadre du Dé¬ cret du 18 novembre 1882, qui régit cette forme de contrat, le champ d'action délimité par l'article 18, alinéa 1-6-10, est suffisamment étendu et varié. En raison, d'ailleurs, de la diminution du pouvoir d'achat de l'argent, des Décrets en ont modifié le texte primitif et ont augmenté no¬ tamment les limites d- application en valeur des marchés de gré à gré ainsi que des achats sur conventions verbales; l'abonnement uniforme au taux de 5 francs la piastre, pratiqué sur ce point en Indochine, en élève encore la portée. Décrets des 2 avril et 23 août 1927. Marché de gré à gré : 80.000 francs, soit, après abondement Marché de gré à gré de plusieurs années : 20.000 francs, par année, soit Achats sur facture par Convention verbale : 6.000 francs, soit Décret du 17 septembre 1926. Achat de grains, fourrages : 30.000 francs soit 6.000 00 16.000 ? 00 4.000 00 1.200 00 vBattambanqj VsHuviale V Chaloupes et Sampan '"&■ Saigon-Nhatrang Voieferrée 63*55 —^ Nhatrang B.MThuotTransport automobile 60*laï amageannuel.2.T. Saigon-Oran V. F. 61*90131*^ automobile j'epi à Oalat 20* tomage annuel HT. :;ierrestre*Cam-de l'escadrille (pas degrières administratif Voie ferrée 30 kim enverofi ,Chaudoc Voie fluviale Chat Tomage 1T. Prix3®45 J "(Vinh-Long v.FI.O -fcn \Chal. Tom. 2 "H Prix.4$2 looc-Tranq V. FI. Chaloupe Tomage 1T Prix 6*40 RAVITAILLEMENTpar SAIGON des POSTES delaCOCHINCHINEetdu CAMBODGE Tomage./ Prix 11*30 Echelle: 1:2.5oo.ooo- 25 5lO 25 5 0 7,5 1 00 125 150 1 75 200 i f l i i iujjjjjjjjA | Poulo-Condore Voie maritime Afféture Indochinois Tomage 55T Prix 8* la T. Pnom-Penh V. Fluviale Chaloupes Tomage 46 T. Prix. 6*30 la T. V. FI. Chaloupe Prix:5*30laT. Tomage. 2 T. l/oieijuviale chaloupes Tomage 466 \Prix 3*20 Tra-lJ nK^~* TrilngffiâiTh-l^h u incra ✓Ban-Nam- * 'C> Coun \ /Muong \ Khuong *• Lao-tiai Phong-îho Muong^Houn" ao-Kay opaj,ha Laichau Yêrt-Bay Na-ThJdc°\ \_/ } / hoan-MOo*- Dinh-LarK. BinhXjeuo' jThaï-Nguyen Vietri ouei-Cha-Nam Nam-Dinl fc^>fWg-Saly /Montianjoi RAVITAILLEMENT des POSTES du TONKIN D°ncfVgn^r,L ^ hang-Poun f^rh&Bang \ fen-Minh \ S x Quan-Ba Coc-Paniç-~^ \ y Bao-Lac 25 5,0 2,5 5 0 7.5 1,00 125 1.50 _ 175 200 11 l I l wrruutA . \ujhnimha tornu/trA . i LEGENDE l/oie ferrée Voie fluviale Réseau Routier Voir tableau des trans ports de rives. — 77 — Les contrats portant sur plusieurs années sont, à l'heure actuelle, à peu près impraticables, si ce n'est en matière de transports où l'amortissement du capital initial exige généralement une large durée : telle est la raison pour laquelle la Société de Chalandage et de Remorquage en Indochine demande actuellement le renouvellement d'un contrat, arrivant à expiration en 1932, pour lui permettre d'amorcer, dès maintenant, un programme de construction de chaloupes de rivière. Le marché annuel demeure le contrat-type, mais dans de nombreux cas, ie marché semestriel ou même trimestriel — marché de paddy par exemple — offre plus d'avantages pour mieux suivre le mouvement des prix. Le choix de la durée du contrat est souvent déterminé par la période de production quand il s'agit de denrées ou de matières premières. Enfin, il y a intérêt, toutes les fois que cela est possible, à réduire le nombre des livraisons, en leur assignant une date fixe, après calcul judi¬ cieux des quantités à appliquer à chacune d'après la variabilité des besoins, ou de 1' emploi. En matières d'achats de grains et de fourrages, on est allé plus loin dans la voie de décentralisation, sans cesser d'observer les prescriptions régle¬ mentaires. On a recours au système des achats directs préconisé par le Décret du 17 septembre 1926 en raison soit de l'insuccès des appels d'offres, soit des résultats onéreux pour le Budget, qu'ont donnés les mar¬ chés par adjudication publique, et les marchés de gré à gré après appel à la concurrence. La pratique généralisée des achats directs, de paddy notamment, au moment de la récolte, a donné d'excellents résultats et permis de réaliser des économies importantes en 1929 sur les dépenses du Budget Colonial ; de plus les prix ainsi pratiqués ont influé heureusement sur les prix des mar¬ chés de gré à gré en leur servant de régulateur. * * * Les conditions de transport et de répartition des approvisionnements sont résumées dans le tableau des ravitaillements et le schéma des lignes de ravi¬ taillement, annexés. Annexes au Chapitre VII I. — Tableau de Transport des Denrées à l'intérieur de l'Indochine. II. — Shéma des lignes de ravitaillement. Transports de Vivres. PARCOURS De Haiphong à Kiên-An — Nui-Deo — Dong-Trieu — Sept-Pagodes Nam-Dinli — Quang-Yên . — Hongay —• Tiên-Yên ... De Pointe-Pagode à Tiên-Yên —• à Moncay . De Mui-Ngoc à Moncay Fort-Bayard —* Tourane —• (p. Dap-Cau) à Dap- Cau (p. Lang-Son et Cao- Bang) à Phu-Lang- Thuong De Tiên-Yên à Binh-Liêu .. — Hoan-Mo ... —■ Dinh-Lap De Dinh-Lap à Na-Thuoc .. De Moncay à Than-Puon .... —« Ha-Coi De Ha-Coi à Bac-Phong-Sinh De Tourane à Hué De Dap-Cau à Bac-Ninh — Thi-Cau .... —• Lam — Thai-Nguyên — Phu-Lang-Thuong DISTANCE ou durée 11 km. 7 » 4 h. 8 » 18 » 2 » 6 » 82 km. 120 » 20 h. 24 à 36 )) 24 » 18 à 20 » 12 à 15 » 37 km. 54 » 46 » 46 » 25 )> 32 » 27 » 107 » 6 km. 2 » 79 » 102 » 16 » MODE DE TRANSPORT PRIX A LA TONNE ou au mètre cube Chevaux et charrettes Chaloupe — d° — — d° — — d° — — d° — mer Sampans régie mer Sampans régie mer mer Chaloupe' d° Coolies Fleuve sampan Coolies Voie ferrée Train régimentaire Fleuve sampan 3 à » jours FleuVe sampan 5 il 8 jours Voie ferrée le m3 Au total : Au total : 0 $ 45 — 14m3 0 975 — 40 » 2 20 - 41 )> 0 67 - 20 » 0 80 - 212 » 2 05 — 97 » : 5 92 — 2 05 — 250 » 6 63 - 5 50 — 140 » 10 37 — 250 » 1 425 — (332 T.) 460 » 1 42» — (450 T.) l a ton lie 650 )) 22 S 72 — 6.000 kg. 34 — 1.800 » 22 72 — 6.000 » 34 08 — 1.300 » 22 60 — 2.100 » 23 10 — 7.000 » 44 08 — 1.500 » 12 86 — 150.000 » » 11.800 kg. » 192.000 » la tonne 7 $ 00 — 45.000 » 5 00 - 16.500 » ou m3 1 $ 92 — 3.000 » QUANTITÉS de vivres annuelles 7.000 kg. ». — 79 ~ Transports de Vivres (suite). PARCOURS DISTANCE ou durée MODE DE TRANSPORT Km. De Thai-Nguyên à Gho-Chu 60 » Train régimentaire De Phu-Lang-Thuong à Lang-Son .. 98 » Voie ferrée De Lang-Son à Dong-Dang 15 » — — Na-Cham 32 » —. De Na-Cham à That-Khê 36 » Camion auto De That-Khê à Bi-Nhi .. 36 » Sampan régie ou coolies De Lang-Son à Loc-Binh 23 » Régie charrette De Loc-Binh à Chima 15 » — Magasin 46 » Voie ferrée et auto Cao-Bang / / Troupes 2 » Train régimentaire De Cao-Bang à Dong-Khê 46 » Autos ou char¬ rettes — Nguyên-Binh 50 » — Soc-Giang 45 » Charrettes ou chevaux —• Quang-Uyên 36 » — d° — par Quang-Uyên à Ta-Lung 68 » Chevaux ou . voitures —• Ha-Lang 60 » Chevaux et coolie ensuite Cao-Bang à Trung-Khanh-Phu .. 62 » Chevaux ou voitures Bancra 100 » ' — d° — Tralinh 35 » Chevaux Autos jusqu'à Cao-Bang (par Nguyên-Binh) à Bao- 123 km. Nguyên-Binh Lac. Chevaux ou coolies — (par Bao-Lac) à Coc-Pan .. 148 » — d° — Lao-Kay — Coc-Leu 285 » Voie ferrée (1 jour) d'Hanoi — Chapa (38 km. de Lao- Kay) 323 » Voie ferrée, camion auto Yên-Bay (de Hanoi) 139 » Voie ferrée Viétri (de Hanoi 1 jour) 78 » Fleuve chaloupe Sauvage Tong (de Hanoi) 56 » — d° — PRIX A LA TONNE ou au mètre cube la tonne Sampan coolies : Voie ferrée Mao-Canh 22 22 $ +30 11 1 1 QUANTITÉS de vivres annuelles » 1.120 kg. )) 213.500 » 1 70 — 3.000 » 3 06 — 59.500 » 4 50 — 3.200 » 37 50 — 1.600 » » 2.000 » » 1.200 » 16 30 — 96.000 » » » 5 1.380 » 10 — 2.900 » 27 50 — 295 » 18 50 — 3.500 » 33 75 — 360 » 63 50 — 2.100 » 31 2.400 » 50 1.200 » 31 50 — 1.100 » $ 60 — 4.300 kg 80 — 33.800 » 52 — 21.400 » 62.400 » 40 48.000 » 59.700 » — 8o — Transports de Vivres (suite). distance prix a ea tonne quantités parcours ou mode de transport ou au de vivres durée mètre cube annuelles Km. Voie ferrée la tonne Luc-An-Chau (de Hanoi 2 jours 1/2). 175 » jusqu'à Moha 13 $ 00 — 1.600 kg. 43 » Chevaux de bât j. q. Luc-an-Chau 40 80 De Lao-Kay à Baxat — 1 jour 19 » Terre — Chevaux — Muong-Houm par Ba¬ de bat 20 40 — 3.200 » xat — 2 jours 41 » — d° — 40 80 —: 1.000 » — Pliong-Tho par Baxat et Muong-Houm — 5 jours 107 )> — d° — 102 — 3.500 » —• Ban-Nam-Coum par Ba¬ xat et Phong-Tho — 6 jours 110 »• — d° — 122 — 1.000 » — Muong-Khuong — 2 jours 53 » — d° — 40 80 —• 3.500 » — Pha-Long — 3 jours .. 74 » — d° — 61 20 — 1.400 « 1 jour d'Hanoi à 251 Phu-Lu. D'Hanoi à Pakha ~ . , m T » Voie ferrée 19 — 2 jours de Phu-Lu Terre — chevaux 4.200 » ( à Pakha. 42 » de bât 40 80 — D'Hanoi à Tuyên-Quang — 2 jours .. 168 » Fleuve — chaloupe Sauvage 3 20 — 200.000 » De Tuyên-Quang à Bac-Quang (20 à 25 jours) .... 110 kg. Flottille en régie 29 $ 00 — 4.500 kg. — Ha-Giang (de 30 à 45 jours) .. 160 » — d° — 35 — 30.000 » De Ha-Giang 7 e Gie à Than-Thuy 1 j. 22 » Terre — chevaux 20 40 — 1.800 » Quang-Ba 2 jrs. 46 » — d° — 40 80 — 1.800 » —• 4e Cie à Pho-Bang 4 jrs. 104 » _ fjo _ 81 60 — 1.800 » — Dong-Van 5 jrs. 128 » — d° — 104 00 — 4.500 » — Chang-Poung 6 jours 152 » — d° — 124 80 — 1.800 » De Bac-Quang à Hoang-Su-Phi 2 jrs. 64 )) Terre, chevaux ou 40 80 4.500 » coolies porteurs — 10e Cie à Man-Mei ^5 jours .... 115 » — d° — 104 00 — 1.800 » — Xin-Man 5 jours ... 115 « — d° — 104 — 1.800 » De Cho-Bo à Lai-Ghau —^ 20 à 30 jrs. 300 » Pirogues descente : 25 montée : 66 91 — 23.000 » De Lai-Ghau à Muong-Te —- 6 à 9 jrs. 150 » — d° — 80 50 —. 2.000 » — Muong-Ou-Tai — 13 jrs. 374 » Terre — chevaux ou coolies 265 20 — en o o o 81 — Transports de Vivres (suite). PARCOURS De Lai-Châu à Muong-Ou-Ncua — 12 Dien-Bien-Phu — 5 jrs. — Phong-Saly —^ 8 jrs De Phong-Saly à Boun-Neua — 2 jrs. Boun-Tai — 2 jrs. C Magasins Gap Saint-Jacques? ( Troupes De Saigon à Phnom-Penh — Soc-Trang — Vinh-Long — Ghau-Doc — My-Tho — (p. Phnom-Penh à Bat- tambang) De Phnom-Penh à Battambang De Saigon à Poulo-Condore — Rach-Cat — Gay-May — Glio-Lon — Bien-Hoa •— Thu-Dau-Mot DISTANCE OU durée 350 km. 102 » 150 » 37 » 61 » 7 » 7 km. du lleuve aux casernes. » » 6 km. 5 » 25 » 25 » MODE DE TRANSPORT Terre — chevaux ou coolies Terre — chevaux Caravanes chinoi¬ ses de Lai-Chau à Phong-Saly par le Phu-Dap-Dinh Terre — chevaux ou coolies —d° — Charrettes de l'annexe Fleuve de Saigon au Cap Train régimentaire Messageries flu¬ viales —d° — —d° — —d° — . —d° — —d° — Convois autos ou sampan au pos¬ te : buffles en ré¬ gie. Mer —- Affréteurs indochinois Sampan Train régimentaire Charrette et bœuf Charrette en régie Tramway Charrette et bœuf PRIX A LA TONNE ou au mètre cube M. F. T. R. la tonne i244 $ 80 — 102 — 100 40 80 40 80 28 80 0 333 15 96 1 50 6 00 - tramway : 6 30 bœuf : 11 20 QUANTITÉS de vivres annuelles 3.000 kg. 8.000 » 14.000 )> 3.000 » 4.000 « 215.700 » 68.000 » » 36.000 » Pas de Vi¬ vres admi¬ nistratifs. — d° — 46-700 kg. 14.800 )> » Pas de Vi¬ vres admi¬ nistratifs. 51.100 kg. Chapitre VIII SERVICE DE SANTE * Titre I Service de santé militaire. I. — Historique Aj) Cochinchine. Le Service de Santé militaire s'est installé en Cochinchine en 1859 lors de la prise de Saigon par les troupes Franco-Espagnoles. Ce Service était alors assuré par des médecins, des pharmaciens et des commissaires de la Marine. En 1861 un premier hôpital de 90 lits fut construit ; en 1873 cet éta¬ blissement ifut transformé pour recevoir 400 lits. Bi) Tonkin. En 1873, le Service de Santé prenait pied au Tonkin avec l'expédition Francis Garnier. A la suite du traité de 1874, la Marine créa trois postes médicaux à côté des Consulats de Hanoi — Haiphong et Quinhon. En 1883 les services médicaux devenaient plus importants en raison des besoins nouveaux du corps expéditionnaire. L année 1885 voyait naître et se développer l'organisation du Service de Santé, au milieu de difficultés de toutes sortes : personnel limité, maté¬ riel et médicaments insuffisants, voies d évacuation difficiles, énorme mor- — 83 — bidité des troupes européennes composées en majorité de jeunes soldats, épidémies continuelles, dont la plus terrible fut le choléra. Les pertes du fait de l'ennemi furent insignifiantes comparées à celles occasionnées par les maladies endémiques ou épidémiques. Pendant les années 1885 et 1886 par suite du choléra : 9 médecins, 1 pharmacien, 3 officiers d'Adminis¬ tration et 75 infirmiers européens trouvèrent la mort. De 1885 à 1888, pendant que les ambulances mobiles étaient constam¬ ment en route derrière les colonnes, le service organisait 4 Hôpitaux, 10 ambulances fixes et 28 infirmeries-ambulances. * * * Personnel. — Le Service de Santé de l'Indochine fut assuré d'abord par des Officiers de la Marine, ensuite par les Officiers de l'Armel métro¬ politaine et enfin en 1904, par des Officiers du Corps de Santé des Trou¬ pes Coloniales. Jusqu'en 1898, les Services de Santé de la Cochinchme-Cambodge et de l'Annam-Tonkin restèrent indépendants l'un de l'autre. A partir de cette date, le Directeur de l'Annam-Tonkin reçut le titre de Directeur du Service de Santé'de l'Indochine. La direction fut confiée à un Médecin général assisté de 2 Sous-Direc¬ teurs l'un pour l'Annam-Tonkin, l'autre pour la Cochinchine-Cambodge. En 1910, les Sous-Directeurs furent supprimés. Depuis 1910, l'Annam- i onkin dépend directement du Médecin général et la Cochinchine-Cam¬ bodge a son service groupé sous l'autorité d'un médecin-colonel, appelé d'abord Délégué du Directeur du Service de Santé de l'Indochine, puis Directeur du Service de Santé de la Cochmchine-Cambodge. > * -, * * De 1904 à nos jours, le service s'organise peu à peu sur les bases ac¬ tuelles, réglées par les textes suivants : Personnel. I. — Officiers du Service de Santé. — (Pharmaciens, Officiers d'Ad¬ ministration des Troupes Coloniales). Décrets du 21 juin 1906 — du 8 septembre 1916 — du 9 novembre 1922. — Décret d'août 1928 et Ins¬ truction Interministérielle de novembre 1928, créant les titres d'assistants, - 84 - de médecins et de chirurgiens des Hôpitaux coloniaux, de professeur agrégé à l'Ecole de Marseille. II. — Section d'infirmiers des Troupes Coloniales. — Décret du 1 1 juin 1901 et Instruction Ministérielle du 19 npvembre 1902, modifiés par le décret du 26 juin 1928 et l'Instruction Ministérielle du 20 février 1929. III. — Infirmières coloniales. — Décret du 27 avril 1927 et Instruc¬ tion Ministérielle de la même date. IV. — Officiers de santé indigènes. — Décret du 7 décembre 1926 et Instruction Ministérielle du 28 juillet 1927. Fonctionnement du service. Règlement du 2 août 1912 sur le Service de Santé aux Colonies, com¬ plété par les circulaires ministérielles de juin 1919, et de décembre 1928. Décret du 7 juin 1922, réglementant la police sanitaire aux colonies, modifié par décret de mars 1923. Décret du 27 juillet 1928 passant les établissements hospitaliers du ser¬ vice général en Indochine, à la charge des budgets locaux de la Colonie (application de la loi des Finances de 1923). Des instructions locales. II. — Organisation actuelle Le Service de Santé des Troupes du Groupe de l'Indochine est dirigé par un Médecin Général Inspecteur, des Troupes Coloniales, stationné à Hanoi. Le Service de Santé de l'Annam-Tonkin est administré directement par le Médecin Général Directeur. Le Service de Santé de la Cochmchme-Cambodge est groupé sous l'au¬ torité d un Medecm Colonel, portant le titre de Directeur du Service de Santé de la Cochinchine-Cambodge et relevant du Médecin Général Direc¬ teur. Ce dernier centralise, pour tout le groupe, les questions relatives au per¬ sonnel, à l'avancement, aux approvisionnements, aux statistiques médicales, à la mobilisation; il inspecte annuellement le service de tout le groupe. Le Service de Santé comprend : I. — Le Service Général ; II. — Le. Service des Troupes; III. — Le Service des hôpitaux passés aux budgets locaux. Nous étudierons spécialement chacun de ces services dans les deux grands groupements Annam-Tonkin et Cochmchine-Cambodge. A. — Annam-Tonkin I. — Service Général. — Le Service général de l'Annam-Tonkin com¬ prend : 1 0 La Direction du Service de Santé des Troupes du Groupe. — Ins¬ tallée à Hanoi, elle comprend un Médecin général Inspecteur, Directeur, un Médecin adjoint, un Officier d'Administration adjoint ; ses attributions ont été définies plus haut. 2° Détachement mixte d'infirmiers de l'Annam-Tonkin. — Stationné à Hanoi et commandé par un Officier d'Administration, ce détachement est constitué en unité administrative. Il sert de dépôt aux infirmiers européens eu indigènes répartis entre les diverses formations sanitaires, rentrant de l'extérieur, ou participant à la relève annuelle. Il sert de centre mobilisa¬ teur pour le personnel infirmier de réserve. 3 Pharmacie d'Approvisionnement de l'Annam-Tonkin à Hanoi. — Depuis la mise en vigueur du Décret de juillet 1928, mettant les hôpitaux coloniaux à la charge des budgets locaux, la Pharmacie d'approvisionne¬ ment a dû être divisée en 2 sections : La première section, à la charge du budget général de l'Indochine, ra¬ vitaille l'Hôpital de Lanessan. La deuxième section, à la charge du budget colonial, ravitaille les trou¬ pes, les infirmeries de garnison, les infirmeries-hôpitaux ; elle est chargée de la constitution et de l'entretien des stocks de mobilisation. Son personnel — 86 — officier comporte un Pharmacien (gestionnaire et un Officier d administra¬ tion adjoint; tous les deux sont administres par le budget Colonial. A cette pharmacie est annexé un laboratoire de Chimie dirige par un Pharmacien colonel portant le titre de Pharmacien Chef de 1 Annam-Ton- kin. 4° Magasin du Service de Santé, à Hanoi. — Dirigé par un Officier d'Administration gestionnaire, ce magasin est divisé en deux sections com¬ me la pharmacie d'approvisionnement. La 1 section délivre le matériel d'exploitation à l'hôpital de Lanessan ; elle est à la charge du budget gé¬ néral. La 2° section ne délivre que le matériel d exploitation des 4 infir¬ meries-hôpitaux de Lang-Son, Cao-Bang, Ha-Giang et Lao-Kay ; elle est à la charge du budget colonial. 5° Centre de réforme et d'appareillage de Hanoi. — Ce Centre est installé dans les annexes de l'hôpital de Lanessan ; il est dirigé par le méde¬ cin résident de rétablissement. Peu important avant la guerre, cet orga¬ nisme a pris une grande extension depuis 1919, avec la nouvelle législa¬ tion des pensions. Le centre d'appareillage ne possède pas d'ateliers de fabrication ou de réparation. Le Tonkin possède deux Commissions de réforme siégeant à Haiphong et à Hanoi. L'Annam a une Commission de réforme siégeant à Hué. Les séances de ces Commissions sont mensuelles. 6° Conseils de Santé. — Le Conseil de Santé du Tonkin siège à Hanoi, sous la présidence du Directeur du Service de Santé. Ses séances sont heb¬ domadaires. Le Conseil décide de tous les rapatriements pour raisons de santé et délivre les certificats n° 1 (congés de convalescence). 7° Commissions de rapatriement. — Au nombre de quatre pour l'An- nam-Tonkin, elles ont leurs sièges respectifs à Hanoi, Haiphong, Tourane et Hué. Tout le personnel militaire, rapatriable pour fin de séjour, doit leur etre présenté; elles délivrent à chaque rapatrié un certificat n° 2 (congé de fin de campagne). IL — Service des Troupes. — Ce service présente un effectif budgétaire de 6 médecins Commandant, 10 Médecins capitaines, 8 Médecins lieute¬ nants, appartenant aux Troupes coloniales et de 3 Médecins Capitaines des Troupes Métropolitaines, servant dans les bataillons de Légion. Ce personnel assure le fonctionnement des formations suivantes : 7 infirmeries-hôpitaux (Lang-Son, Cao-Bang, Ha-Giang, Lao-Kay, Lai- Chau, Tong, Moncay). Les 4 premières disposent d'un Médecin du servi¬ ce général et de 4 infirmiers de section. Les autres n'ont que du personnel régimentaire. 8 infirmeries de garnison (Hanoi — européens, Hanoi — indigènes, Hai- phong, Bac-Ninh, Dap-Cau, Yên-Bay, Hué, Chapa). 9 infirmeries rêgimentaires (Kien-An, Sept-Pagodes, Tourane, Qfuang- Fên, Thai-Nguyên, Phong-Saly, Phu-Lang-Thuong, Nam-Dinh, Tuyên- Quang). Les infirmeries de Kiên-An et de Sept-Pagodes sont en voie de suppression. 8 salles de visite. — (Hanoi — Artillerie, Hanoi — Concession, Ha¬ noi — Aviation, Viétri, Phu-Tho, Lang-Son, That-Khé, Nui-Deo). III. Etablissements hospitaliers. — Les établissements du service gé¬ néral ont été mis à la charge des budgets locaux de la Colonie conformément au décret de juillet 1928, mettant en application de la Loi des Finances de 1925. Ces établissements sont au nombre de trois : Hôpital principal de Hanoi (Budget général de l'Indochine); Hôpital secondaire de Haiphong (Budget local du Tonkin); Ambulance de Fort-Bayard (Budget de Kouang-Tchéou-Wan). Tout le personnel militaire servant dans ces formations est en position hors cadres, à la charge du budget employeur. L'exploitation de ces trois formations nécessite l'effectif budgétaire sui¬ vant : Médecin-colonel . 2 Médecin-lieutenant-colonel 1 Médecin-commandant 6 Médecin-capitaine 2 Médecin-lieutenant 1 Pharmacien-capitaine 2 Dentiste militaire I Officiers d'Administration . . . . . 3 Sous-officiers infirmiers européens. 18 Infirmiers indigènes 105 Infirmières coloniales 13 (dont deux contractuelles). — 88 — L'Annam ne possédant plus de formations hospitalières du service géné¬ ral, l'hôpital civil du Protectorat, à Hué, reçoit en traitement les militaires européens et indigènes. B. — Cochinchine-Cambodge I. — Service général. — Le service général de la Cochinchine-Cam¬ bodge comprend les mêmes éléments que celui de 1 Annam-Tonkin. 1 0 Direction du Service de Santé de la Cochinchine-Cambodge à Sai¬ gon. — Cette direction est confiée à un Médecin-colonel, assisté d un me- decin-adjoint et d'un Officier d'Administration. 2° Détachement mixte d'infirmiers de la Cochinchine-Cambodge. — Mê¬ me organisation qu'en Annam-Tonkm. 3° Pharmacie d'approvisionnement. — La pharmacie de Coohinchine est divisée en deux sections, comme celle de Hanoi. La H section ravitaille l'hôpital Grall, la 2e section ravitaille les troupes et entretient les stocks de mobilisation du service. Le personnel officier comporte un pharmacien gestionnaire et un Officier d'Administration adjoint. Le Pharmacien gestion¬ naire est entretenu par le budget local. 4° Magasin du Service de Santé. — Même organisation qu'en Annam- Tonkin. 3° Centre de réforme et d'appareillage de Saigon. — Fonctionne avec deux commissions de réforme : une à Saigon et l'autre à Phnom-Penh. 6" Conseil de Santé et Commission de rapatriement. — Installés à Sai¬ gon, fonctionnent comme les services analogues décrits pour l'Annam-Ton- kin. II. — Service des Troupes. — Le service médical des troupes comporte pour la Cochinchine-Cambodge l'effectif budgétaire suivant : 2 Médecins-commandants ; 4 Médecins-capitaines ; 4 Médecins-lieutenants, — 89 — Il a à sa disposition : 1 infirmerie hôpital (Cap Saint-Jacques) ; 2 infirmeries de garnison (Saigon — Européens, Saigon — Indigènes) ; 2 infirmeries réigimentaires (Phnom-Penh, Dalat) ; 9 salles de visite (Poulo-Condore, Mytho, Soctrang, Biên-Hoa, Ban- Me-Thuot, Battambang, Chaudoc, Saigon — Aviation. Ui. — Etablissement du service général. - L'hôpital Grall a été mis à la charge du budget de la Cochinehine lors de l'application du décret de juillet 1928. Son effectif budgétaire comporte : 1 Médecin-colonel ; 2 Médecins-commandants; 2 Médecins-capitaines ; 1 Médecin-lieutenant ; 1 Dentiste militaire ; 1 Pharmacien capitaine ; 1 Officier d'Administration ; 9 Sous-officiers Européens ; 57 Infirmiers indigènes; 6 infirmières coloniales. En dehors de l'hôpital Grall, deux formations appartenant à l'Assis¬ tance reçoivent des malades militaires ; à Saigon, 1 hôpital de Choquan soi¬ gne les indigènes, à Phnom-Penh, l'hôpital du Protectorat soigne les Eu¬ ropéens et les Indigènes. Telle est l'organisation du Service de Santé des Troupes du Groupe de l'Indochine en 1930. A partir de 1931, des modifications seront probablement apportées à cette organisation. Un Médecin Général, Directeur du Service de Santé des Trouoes, sera adjoint au Médecin Général Inspecteur, Inspecteur des Services Sanitaires et Médicaux de la Colonie. Le décret de 1928 sera modifié en ce qui concerne les sections des Phar¬ macies d'approvisionnement et les magasins du Service de Santé. Enfin, d'accord, avec le commandement, le Directeur du Service de Santé a de¬ mandé au Département la réouverture des anciennes ambulances du service général, telles qu'elles fonctionnaient avant le décret de juillet 1928. — 90 — Titre II Participation du personnel médical militaire à VAssistance médicale indigène. Le Service de Santé des Troupes coloniales met à la disposition de l'As¬ sistance Médicale un certain nombre de Médecins et de Pharmaciens mili¬ taires hors cadres, destinés à parfaire l'effectif incomplet des Médecins civils de l'Assistance. Ce personnel est placé sous l'autorité des Directeurs locaux de la Santé dans chacune des Colonies du Groupe. Il participe au Service des Hôpitaux provinciaux. Le personnel des Instituts Pasteur de l'Indochine comprend également un certain nombre de Médecins militaires détachés hors cadres dans les Ins¬ tituts de Saigon et de Hanoi, et dans les Laboratoires de Phnom-Penh, Vientiane et Hué. Enfin, les Postes Médicaux Consulaires de Chine, entretenus par le Ser¬ vice des Affaires extérieures du Gouvernement général sont confiés à des Médecins des Troupes Coloniales. Les plus importants de ces postes sont l'hôpital de Yunnanfou et celui de Canton. Le tableau suivant indique le personnel du Service de Santé employé à l'Assistance médicale : Personnel mis à la disposition de l'Assistance médicale. I. — Service de l'Assistance A. — Budget général : Inspection des Services Sanitaires et Médicaux (Hanoi). 1 Médecin Général Inspecteur ; 1 Médecin-lieutenant-colonel-adjoint. B. — Budget du Tonl^in : 1 Médecin-commandant ; 1 Médecin-capitaine ; 1 Pharmacien-colonel. C. — Budget de VArmani : 1 Médecin Général, Directeur local; 1 Médecin-commandant ; 2 Médecins-capitaines ; 1 Pharmacien lieutenant-colonel ; 1 Pharmacien-capitaine. D. — Budget du Laos : 2 Médecins-capitaines ; 1 Pharmacien-lieutenant. E. — Budget de Cochinchine : 2 Médecins-commandants. F. — Budget du Cambodge 2 Médecins-capitaines ; 1 Pharmacien-lieutenant. II. — Instituts Pasteur Hanoi : 2 Médecins-commandants ; Saigon : 3 Médecins-capitaine. III. — Postes consulaires Canton : 1 Médecin-lieutenant-colonel ; 1 Médecin-capitaine. Yunnanfou : 1 Médecin-lieutenant-colonel. Hoi-hao : 1 Médecin-lieutenant-colonel. Mongtzeu : 1 Médecin-commandant. Titre III L'aûiation sanitaire en Indochine. Considérations générales Le rôle de l'aviation sanitaire a tenté souvent l'analyse. Il n'est que les médecins d'un autre siècle pour bouder à l'emploi d'un instrument connu aujourd'hui des combattants et presque aussi employé que l'ambulance auto¬ mobile lors des dernières opérations du Maroc. Contre l'emploi de l'ambulance aérienne tout est grief pour certains pra¬ ticiens : le danger inhérent au déplacement par la voie des airs, la chute brutale, en altitude de la pression atmosphérique, le prix de revient élevé du nouveau mode de transport. De tel griefs paraissent hors de mise comparés aux grands services que peut rendre (( l'avion croix rouge » même et surtout en pays colonial. Avantages de l'évacuation sanitaire par avion Ces avantages procèdent de la lenteur et des difficultés des communica¬ tions par voie de terre en Indochine. D'importantes raisons militent en fa¬ veur de l'aviation sanitaire coloniale. En particulier, l'avion par sa « rapi¬ dité » et son « confort )) permet d'alléger les souffrances des blessés et sou¬ vent de sauver des vies humaines. I. — Lenteur et difficultés des communications par Voie de terre en Indochine. En Indochine les grands centres sanitaires sont rares et très éloignés des postes de la brousse. Les communications, surtout dans les cinq territoires militaires, sont difficiles : à de courts tronçons de routes carrossables succè¬ dent des pistes escarpées et raboteuses. Les malades évacués en cacolet, ou en litière, sur des sentiers défoncés, détrempés par les pluies, effectuent des trajets pénibles. Cahotés sur terre, ils sont ensuite embarqués sur des bach-mai — (tonkin) évacuation d'un blessé le blessé est transporté dans l'avion sanitaire bach-mai évacuation l'avion croix rouge et — (tonkin) d'un blessé l'ambulance automobile — 93 — pirogues, des sampans ou des bacs et n'arrivent à destination qu'après des étapes considérables. C'est ainsi qu'il faut 52 jours pour aller de Luang-Prabang à Saigon et 18 jours pour effectuer le trajet Saigon-Vientiane. II. — Souffrances des blessés évacués par voie de terre. Rien n'est plus pénible qu'un transport des blessés cheminant lentement sur les pistes défoncées de la Colonie et obligé de s'arrêter sans cesse. Les heurts et les cahots arrachent aux malades de lamentables gémissements. Aux douloureuses péripéties du cheminement dans la brousse s'ajoutent les conditions pénibles du climat colonial humide et chaud, et cette tempéra¬ ture d'étuve qui écrase la volonté et la réflexion arrêtant jusqu'à la pensée de l'Européen même valide. Les longues étapes sous le soleil accablant ne font qu'aggraver l'état du malade, les souillures de la route risquant par ailleurs de contaminer les plaies. III. — Rapidité de l'avion. L'avion est par excellence l'instrument d'évacuation sanitaire rapide : cet avantage ne doit pas échapper a l'étude. Aussi les allemands préconi¬ sent-ils l emploi exclusif de l'aéronef pour évacuer les blessés des postes isolés en pays colonial. Importance de la rapidité. — Même en France où les réseaux ferrés et routiers sont organisés, l'avion est préféré par le médecin en cas d'urgence. A plus forte raison, dans un pays colonial, l'avion sanitaire doit-il l'em¬ porter sur le pneu et le rail. Il y a plus de cent ans, le Chirurgien en Chef de la grande Armée, Domi¬ nique LaRREY, avait parfaitement compris l'importance de l'intervention rapide, lorsqu'il disait : « Les 24 premières heures sont les heures de cal¬ me que conserve la nature et dont il faut se hâter de profiter, pour adminis¬ trer le remède nécessaire ». Le chirurgien doit agir vite. Il faut en effet pratiquer l'acte opératoire avant l'évolution septique des plaies. Le temps qui s'écoule, entre l'accident ou la première manifestation morbide et l'intervention, vaut de l'or, per¬ met d'éviter des mutilations désastreuses et de sauver souvent des vies hu¬ maines. — 94 — Opérés entre la 2e et la 6' heure les blessés de l'intestin ont, entre des mains expertes, 80 chances sur 100 d'être sauvés. Que le traitement ait lieu au delà de la 6e heure, lorsque la péritonite est en évolution, le pourcentage des survies descend et tombe bien au-dessous de 10 pour 100 ( 1 ). En Indochine, l'éloignement des agglomérations de l'intérieur est quel¬ quefois tel qu'il ne permet pas d'emmener au port d'embarquement, avec toute la célérité désirable, les rapatriables, convalescents de maladies gra¬ ves ou atteints d'anémie profonde à la suite de maladies tropicales. On sait :La rapidité d'évolution des affections coloniales. On peut citer comme type de ces affections une maladie endémique exotique ; la fièvre bilieuse hémoglobinurique. Que de fois le médecin appelé auprès d'un Eu¬ ropéen atteint de cette maladie, dans un poste un peu éloigné de sa résidence, n'a-t-il pu arriver malgré sa diligence, qu'après la mort du malade, ou du moins au moment où tout secours médical était illusoire. Lorsqçu'il arrive à temps, où puiser les ressources nécessaires, en glace, boissons, médica¬ ments que nécessite le traitement minutieux des hémoglobinuriques? La situation est la même pour le cas de paludisme pernicieux. Il est in¬ contestable que de tels malades pourraient être sauvés, si dès les premiers symptômes du mal, dont le diagnostic est accessible à tous les coloniaux, ils pouvaient être transportés rapidement dans un milieu hospitalier. Enfin, les convalescents des maladies coloniales graves présentent souvent une anémie extrême. Arrivés à la limite de leurs forces, ils doivent être ra¬ patriés d'urgence. Leur état s'aggrave chaque jour en Indochine. Par con¬ tre dès qu'ils ont mis pied sur le paquebot, leur santé s'améliore. (I) Les cas qui nécessitent un traitement urgent forment légion; 1° Plaies pénétrantes de l'abdomen; 2° — l'intestin grêle; 3° • — du thorax avec lésion du poumon ; 4° Section de vaisseaux importants ; 3° Contusions graves et profondes ; 6° Broiement des membres ; 7° Fractures compliquées ; 8° Blessures du crâne ; 9° Attaque aiguë d'appendicite en voie de perforation ; 10° Accouchement compliqué nécessitant une opération sésarienne ; 110 Maladies des voies urinaires exigeant une intervention immédiate ; 12° Dysenterie avec réaction hépatique ; 13° Morsure nécessitant le traitement antirabbique, etc... IV. — Confort de l'avion. L'expérence a montré qu'il n'est pas de mode de transport, mieux sup¬ porté que l'avion sanitaire. La douceur du voyage aérien dans la position cou¬ chée, au centre d'un appareil stable, l'emporte sur le confort de tout autre véhicule. Une bonne gouttière et un avion permettront d'éviter, bien des souffran¬ ces à un grand blessé. N'aurait-il que l'avantage de répondre à ce but humanitaire, l'avion sani¬ taire mériterait d'être maintes fois employé. Rôle de l'avion sanitaire L'avion sanitaire peut-être utilisé indifféremment soit pour évacuer d'ur¬ gence des malades eu des blessés, soit pour transporter rapidement des mé¬ decins et des personnes valides au-dessus d'un zone épidémique. I. — Evacuation de blessés et de malades. Un militaire blessé à la suite d'opérations actives contre les insoumis (ou les pirates chinois), un colonial ou un indigène victime d'un accident, un ma¬ lade grave peuvent, grâce à l'avion, être évacués d'urgence sur un centre hospitalier. II. — Transport de médecins. Quand le malade est u intransportable », le cas n'est pas sans exemple, il faut que le médecin se déplace et gagne le poste éloigné dans la brousse où souffre le patient. De façon générale, les médecins d'Indochine, sont appelés à,se déplacer fréquemment et rapidement. Peu nombreux ils sont chargés de districts extrêmement vastes, qu'il faut parcourir par des moyens rudimentaires dans des régions cahotiques et après beaucoup d'efforts dont il faut avouer le prix. L'avion même s'il n'est pas exclusivement sanitaire, servira au médecin de moyen de locomotion.. L'avion peut donner également au Médecin, Directeur du Service de Santé de l'Indochine ou à l'un de ses délégués, la possibilité d'exercer une — 96 — surveillance médicale dans des régions étendues et lointaines. Cette éven¬ tualité se présente particulièrement en période épidémique. Par 1 avion, le médecin spécialiste se transportera rapidement à proximité des localités in¬ digènes atteintes de peste, de fièvre récurrente, de choléra, pour apporter son concours au médecin local et prendre avec lui sur place les mesures prophylactiques nécessaires. Les deux écoles de l'aviation sanitaire coloniale Deux écoles s'opposent. Vaut-il mieux : 1 0 Transporter en avion le malade au centre médico-chirurgical et ra- diographique ? 2° Amener par la voie des airs le centre opératoire près du blessé, igrâce à un appareil perfectionné aménagé en avion hôpital (Aéro- chir) ? Le médecin est mieux placé que quiconque pour faire l'estime de ces deux théories. Néanmoins 1 expérience a montré qu'il est souvent préférable d'être opéré à une certaine distance du poste d'hospitalisation que d'être soigné loin des grands centres avec des moyens défectueux. (( L'avion ambulance » et même « l'hôpital aérien » le plus perfectionné ne seront jamais que des installations improvisées. Rien ne doit être négligé pour que les blessés et les malades soient confiés à des hommes de l'art qualifiés, activement secondés et disposant de tous les moyens perfectionnés de la science moderne. Il est cependant des cas où l'évacuation par avion n'est pas à conseiller. Par exemple : Un colonial dans la brousse reçoit un coup de pied de cheval dans l'abdomen. Cet homme peut présenter une rupture soit du ifoie soit de l'intestin. Le transport de ce blessé par avion sanitaire ne va-t-il pas favoriser l'issue des gaz intestinaux dans la cavité péritonéale et compliquer singulièrement l'état du blessé ?• Il en va de même pour les blessés atteints de plaies pénétrantes du pou mon. Les feuillets de la plèvre, qui ont pu rester accolés au moment du passage du projectile ou de l'instrument vulnérant, ne vont-ils pas se séparer et un pneumothorax se produire quand les variations de pression inhérentes au vol augmenteront ? — 97 — L'évacuation par avion est également contre-indiquée pour les blessés en état de « shock ». Les « Shoc\és » ne seront pas transportés, l'homme de l'art ira au devant d'eux. En des cas semblables, de l'avis du professeur TuFFIER, le chirurgien doit opérer sur place « même dans des conditions matérielles moins par¬ faites ». IV- — Transport des personnes valides au-dessus des zones épidémiques. L'avion peut enfin être utilisé pour transporter des personnes valides au- dessus de zones épidémiques, lorsque les voies de communication ordinaires ne peuvent être empruntées par suite des mesures de police sanitaire (qua¬ rantaine, etc ) auxquelles sont assujettis les voyageurs. Principes de fonctionnement de l'avion sanitaire en Indochine I. — Limites d'emploi. L'état actuel de l'infrastructure du réseau aérien indochinois et les con¬ ditions atmosphériques locales restreignent les possibilités de l'avion sani¬ taire. Les limites en sont assez variables suivant les saisons et les conditions climatériques du moment ; elles sont appelées à s'étendre du fait du déve¬ loppement du réseau aérien de la colonie. Les terrains d'aviation existant en Indochine ont été répartis par zones de rattachement à un centre hospitalier (Hanoi, Saigon, Hué, Vientiane, Phnom- Penh) (11). Ce rattachement n'a rien d'impératif et l'autorité décidant le transport à toute latitude pour désigner le contre hospitalier sur lequel l'éva¬ cuation sera la plus aisée, compte-tenu uniquement des conditions du moment. (1) Un médecin colonial a récemment proposé d'installer des navires hôpitaux à Saigon, Haiphong et Tourane. Les hydravions sanitaires amerrissant près du navire assureraient de la sorte sur ces nouveaux centres hospitaliers, l'évacuation des malades graves, et leur éviterait le transfert en automo¬ bile du terrain à l'hôpital. - 98 — En raison du caractère montagneux et de la brousse impénétrable de certaines régions de l'Indochine on ne peut compter improviser des terrains d'atterrissage au fur et à mesure des besoins. Ces terrains doivent donc être organisés et entretenus en permanence sui¬ vant un programme défini embrassant la colonie toute entière. II. — Autorités qualifiées pour demander et accorder le transport. a) Autorité demandant le transport. Si l'intéressé est civil, le Chef d'Administration locale, saisi télégraphi- quement par le Chef de Province. Si l'intéressé est militaire, le Commandant du groupe de subdivisions, saisi télégraphiquement et sans intermédiaire par le Commandant d'armes. b) Autorité accordant le transport. Général Commandant Supérieur pour les demandes émanant du Tonkin, du Laos et du Nord-Annam (1le, 2° et 3° zones). Général Commandant la Division de Cochinchine-Cambodge pour les demandes provenant du Sud-Annam, du Cambodge et de la Cochinchine (4e et 5e zones). III. — Formes des messages télégraphiques à adresser. Le message de demande doit être adressé simultanément par l'autorité locale demanderesse (Chef de Province ou Commandant d'Armes) d'une part à l'autorité qui accorde le transport, d'autre part, à titre de rensei¬ gnement, au Commandant du groupement d'aéronautique chargé éventu l- îement d'assurer l'évacuation. Ce message doit comporter les indications suivantes : a) Désignât on de l'autorité demandant le transport; b) Nom et qualité du malade ou du blessé ; — 99 — c) Indication succincte du motif de l'évacuation (mentionner si le ma¬ lade, doit être évacué assis ou couché ; d) Terrain d'aviation désigné; e) Centre hospitalier demandé ; /) Date et heure à partir desquelles le malade pourra être enlevé ; g) Etat du terrain d'aviation; h) Conditions atmosphériques locales. Par exemple : Résident Sonia à Résuper Tonkm en communication Ct Aéronautique Hanoi. Résident Sonia demande transport par avion sanitaire malade assis agent Postes X mordu chien enragé le Peut être enlevé dès maintenant terrain Sonia évacuation sur Hanoi — Terrain sec bon état — Vent Nord-Ouest faible, visibilité bonne après dix heures jusqu'à seize heures. Nota Le message de réponse comporte, s'il est affirmatif, indication de la date et de l'heure prévues pour l'arrivée de l'avion. Par exemple : Avion sanitaire arrivera Sonia le 14 à 12 heures. Remboursement des frais d'évacuation. Le budget colonial s'il s'agit d'un militaire, les budgets locaux s'il s'agit d'un fonctionnaire, d'un militaire hors cadres ou d'un indigent, l intéressé s'il est civil non fonctionnaire, le Chef de famille s il s'agit d un membre de sa famille versent au budget de lair : a) Les frais de déplacement du personnel navigant ayant opéré l'éva¬ cuation ; b) Une indemnité de compensation égale à la somme qui aurait été dé¬ pensée pour l'évacuation par les voies normales (chemin de fer, bateaux, etc...'). CENTRE DE DOCUMENTATION ET DE RECHERCHES SUR L'ASIE PÙ SUD-EST ET LE MONDE INDONESIEN BIBLIOTHEQUE — 100 — Portée morale de l'évacuation sanitaire par avion. Il n'est de meilleure éloquence que celle qui se dégage des faits. En une heure et demie, l'Ad]udant pilote BRION tranporte de Lai- Châu à Hanoi un malade gravement atteint, le Sergent PlEPLU. Quelques temps après le même pilote spécialisé dans les évacuations satinaires trans¬ porte de Cao-Bang à Hanoi un autre malade l'Adjudant RlJDICK. Enfin en janvier 1930 le Lieutenant BoULMER très grièvement blessé est trans¬ porté toujours par l'Adjudant BRION en une heure de vol de Quang-Yên à Hanoi. Les soins prodigués d'urgence permettent de sauver l'officier. L'Adjudant pilote CAURETTE transporte également en une heure de vol de Luang-Prabang à Vientiane un blessé civil M. CLIQUET dont une lésion au crâne met les jours en danger. Les exemples ne se comptent plus tant en Indochine qu'en Syrie ou au Maroc de blessés sauvés grâce à l'avion. Avec un bon appareil soigneusement vérifié, monté par un pilote adroit et prudent ayant déjà voyagé à la colonie, la sécurité est plus grande qu'avec les fragiles sampans ou les autos qui roulent sur les routes colo¬ niales défoncées et coupées de bacs. Le risque d'aviation, a dit le professeur TuFFIER, est de l'ordre de grandeur du risque mortel que fait courir toute anesthésie générale. De l'étude des statistiques il ressort en effet que 4.000 évacuations sa¬ nitaires exécutées dans différentes colonies ont provoqué seulement deux accidents. Il faut souligner le rôle moral de l'avion sanitaire. Lorsqu'un Euro¬ péen isolé dans la brousse mdochinoise saura, qu en cas d'accident ou de maladie grave, il peut être transporté rapidement dans une formation sani¬ taire, son état moral s'en ressentira heureusement. A ce titre, la possibilité de l'évacuation sanitaire par avion est une prime à la colonisation. Dans le milieu indigène, l'avion ne pourra qu'aider la politique d'assis¬ tance médicale et les médecins de la brousse dans l'exercice si féconde leur mission civilisatrice. Le adversaires de l'aviation soulèvent, il est vrai, la question de la dépense importante que nécessite un vol d'aéronef (amortissement de ma¬ tériel, combustible, etc...). Si onéreux que paraisse l'emploi de l'avion sanitaire, il grève moins le budget que les pertes de capital humain, que les interminables journées — IOI — d'hospitalisation, que les pensions d'invalidité dont il permet de limiter le nombre. Le transport rapide par avion permet de réduire au minimum les panse¬ ments importants et interminables des plaies purulentes. D'ailleurs soulager la souffrance n'a pas de prix et les vies humaines sont assez précieuses pour que des considérations d'ordre budgétaire ne puissent être opposées à la possibilité de leur conversation. CONCLUSION Comme l'a dit le professeur LàCAZE : (( La rapidité associée à la dou¬ ceur suffit à justifier l'attribution à l'aviation d'un belle lettre de no¬ blesse ». Mais pour que l'avion ambulance puisse rendre les services attendus, il faut avoir le souci d'atteindre les esprits, et ne point professer cette théorie paresseuse que la vérité se suffit à elle-même. Le destin des meilleurs doc¬ trines en effet est lié à l'habileté de ceux qui les défendent. Seuls des efforts soutenus permettront d'organiser solidement l'aviation sanitaire colo¬ niale dont les progrès intéressent au plus vif et au plus sensible notre œuvre civilisatrice en Indochine. Chapitre IX PARTICIPATION DE L'ARMEE A LA VIE ECONOMIQUE ET POLITIQUE Titre I I. — Service géographique. I. — Historique * Résumé de l'histoire de la cartographie indochinoise de 1862 à 1886. Dès que les Français s'établirent en Cochinchine, en vertu du traité du 5 juin 1862, la cartographie indochinoise se développa rapidement. La collaboration active des Ingénieurs hydrographes et des officiers du Corps Expéditionnaire permit de publier en 1873 une carte au 125.000° de la Cochinchine, rédigée sous la direction du Capitaine de Frégate BlREL. La mission Doudard de Lagrée, continuée et terminée par FraNCIS-Gar- NIER (1866-1873!), permit d'établir une excellente carte du Mékong. Par ailleurs les explorations commerciales de JEAN DuPUIS (1870), révélaient l'importance du bassin du Fleuve-Rouge. Toutes ces acquisitions permirent au Commandant DuTREUIL de Rhins d'établir et de publier en 1881, une carte générale de l'Indochine au 180.000°. La période de la conquête qui s'étend de 1883 à 1886, marque un arrêt de la cartographie générale ; mais celle-ci s'enrichit de nombreux levés à toutes les échelles : itinéraires, reconnaissances, environs de postes, camps et garnisons, exécutés par les officiers et hommes de troupes du corps ex¬ péditionnaire. — 103 — De 1886 à 1899. Le Bureau Topographique du Corps d'Occupation. La conquête de l'Indochine étant terminée, on reconnut qu'il était néces¬ saire de mettre à la disposition des autorités (chargées de l'Administration de provinces souvent très vastes ou très peuplées, dépourvues de routes) une carte suffisamment précise des territoires dépendant de leur juridiction. L'au¬ torité militaire avait les mêmes besoins pour l'organisation et la marche des colonnes de pacification. Pour donner satisfaction à ces demandes, l'Etat-Major du Corps d'Oc¬ cupation organisa un Bureau. Topographique chargé d'étudier et d'exécuter une cartographie générale, assez précise et surtout rapide des régions nouvel¬ lement placées sous le Protectorat français. Le personnel opérateur, astro¬ nomes, igéodésiens et topographes, fut recruté parmi les officiers des Armées de terre et de mer du Corps d'Occupation. Un noyau de dessinateurs in¬ digènes, dressé et dirigé par des hommes de troupe européens, fut chargé de la rédaction des minutes. Il fallait établir, sans délai, une carte politique et administrative, d'échelle assez grande, indiquant les positions respectives des centres habi¬ tés, la place et la direction générale des cours-d'eau et des mouvements de terrain, les voies de communication, les forêts, etc... Le Bureau topo¬ graphique adopta l'échelle au 200.000°, et commença la rédaction d'une carte fondamentale d'où l'on se proposait de déduire ultérieurement, deux cartes d'ensemble au 500.000" et au 1.000.000°. (La carte au 180.000° de DuTREUIL DE RHINS forma le fond de la nouvelle carte; on y incorpora les documents recueillis par l'Etat-Major du Corps Expéditionnaire et on la compléta au moyen de levés expédiés exé¬ cutés par les Officiers du Bureau Topographique et des Corps de troupes. Les minutes des feuilles du delta tonkinois, établies à la colonie furent envoyées au Service Géographique de l'Armée qui ne livra les reproduc¬ tions qu'en 1888. Il fallait à tout prix abréger les délais de publication. Entre temps les premières idées sur la précision de la carte fondamentale avaient évolué ; il importait de réduire le plus possible les erreurs d échel¬ le et d'orientement dont la première carte fourmillait. La nécessité d'une revision de l'ancien programme s'imposait; un nouveau programme appli¬ cable dès le début de 1888 fut élaboré. — 104 — Le nouveau programme prévoyait : 1° L'établissement d'un canevas géodésique expédié; 2° La création d'un atelier de reproduction et de tirages. Le canevas géodésique devait s'appuyer sur la triangulation côtière des Ingénieurs hydrographes HÉRAUD, BouiLLET et REYNAUD, que l'Ingé¬ nieur De LA porte venait de prolonger jusqu'à la Rivière-Noire. Dans la haute région du Tonkin, un certain nombre de stations astronomiques devaient être déterminées et réunies entre elles et au réseau des hydro¬ graphes par une triangulation géodésique. Dans le même temps, un grand nombre de topographes disséminés au Tonkin et en Annam devait multiplier des levés qui, faute de canevas géo¬ désique, ne pouvaient être que semi-réguliers. En procédant ainsi on espérait marcher très rapidement ; mais pour de nombreuses raisons (telles que l'insécurité et l'insalubrité du pays, rendant précaire l'état sanitaire des opérateurs, les circonstances atmosphériques défavorables, l'instabilité du personnel, etc...) le rendement fut médiocre, tant au point de vue de la surface triangulée que de la précision du ca¬ nevas. Le rendement des topographes, plus faciles à recruter, était bien supé¬ rieur à celui des géodésiens, malgré la complication introduite par l'aban¬ don de l'échelle au 200.000° et son remplacement par l'échelle du 100.000° (1892). Surmontant toutes ces difficultés, le Bureau Topographique put éta¬ blir et publier les cartes suivantes : En 1889, la carte provisoire, en noir, des basses régions du Tonkin et de l'Annam, au 200.000° ; En 1893, la première édition en noir de la même carte au 100.000° ; En 1894, la carte général de l'Indochine au 300.000°, en noir. Ce n'est qu'à partir de 1893 que l'on fit des tirages en couleurs des différentes cartes. * * * Le Bureau Topographique n'avait pas encore eu le temps, ni les moyens de s'occuper du haut Tonkin, de la Chaîne Annamitique de la Cochin- chine, du Cambodge et du Laos, mais les circonstances avaient amené les autorités civiles à se charger de la cartographie des régions en retard. C'est — 105 — ainsi qu en Cochinchine, le service local du Cadastre et de la Topographie avait établi et publié, à partir de 1881, une carte au 100.000° de cha¬ cune des provinces. Ces documents redessinés d'après le tableau des si¬ gnes conventionnels adoptés par le Bureau Topographique, furent incor¬ porés dans la carte provisoire au 100.000° en sept couleurs, qui était des¬ tinée à remplacer la carte en noir. La cartographie des autres régions bénéficia des travaux considérables exécutés de 1886 à 1895 par les Officiers attachés à la mission Pavie. Grâce à cette énorme contribution, au moment de la suppression du Bu¬ reau Topographique, en 1899, l'Indochine était dotée des tirages en cou¬ leurs ci-après : 1 0 Carte provisoire du Tonkin, de l'Annam et de la Cochinchine au 100.000°, (100 feuilles environ!); 2° Carte générale au 500.000° de l'Indochine, qui figura à l'exposi¬ tion universelle de 1900 (19 feuilles); 3° Carte générale de l'Indochine au 1.000.000° dite carte Pavie,(en 10 feuilles). De 1899 à 1926. Le Service Géographique de l'Indochine. Ces cartes établies pour faire face aux premiers besoins de l'occupation militaire, de l'administration et de la colonisation, ne présentaient qu'une précision restreinte, rendue très vite insuffisante par les rapides progrès du développement économique de l'Indochine. Elles ne satisfaisaient pas leurs rédacteurs qui n'ignoraient pas la faible valeur géographique de la plupart des documents dont elles étaient tirées; elles n'avaient générale¬ ment pas la faveur de l'administration, ni du public qui y découvraient des erreurs inacceptables, souvent préjudiciables à leurs intérêts immédiats. Les projets de construction de routes et de chemins de fer récemment adoptées, qui demandaient des cartes précises pour leur étude, les tra¬ vaux d'irrigation qui exigeaient un nivellement préalable exact, 1 éven¬ tualité plus ou moins prochaine de la création d un cadastre fiscal, 1 évo¬ lution naturelle des idées, etc... etc... dirigèrent peu à peu les esprits — io6 — vers l'établissement d'une carte fondamentale ayant la même valeur scien¬ tifique que les cartes françaises, tant au point de vue planimétrique, qu'au point de vue altimétrique. C ' est au Commandant LuBANSKI, Chef du Bureau Topographique en 1899, que revient l'honneur de l'élaboration du programme général, ac¬ tuellement en cours d'exécution. Abandonnant l'idée de la constitution d'un réseau mixte astronomique et géodésique, qui ne pouvait aboutir qu'à un gaspillage de temps et d'argent, il décida de couvrir l'Indochine d'un réseau primordial de chaînes méridiennes et parallèles soigneusement ob¬ servées, appuyées, en leurs points de jonction, sur des bases mesurées avec toutes les précisions désirables. Sur ce réseau primordial viendrait ensuite se greffer, au fur et à mesure des besoins, les réseaux secondaires nécessaires aux opérations topographiques. L'exécution d'un tel programme exigeait des ressources qui dépassaient de beaucoup celles dont disposait le Bureau Topographique. Le Comman¬ dant LuBANSKI sut intéresser à ses travaux M. PAUL DoUMER, alors Gou¬ verneur général de l'Indochine, qui décida de mettre à la charge du Bud¬ get général la totalité des dépenses nécessitées par l'établissement des cartes régulières de l'Indochine. Pour faciliter l'exécution du programme adopté, un arrêté en date du 5 juillet 1899 supprimait le Bureau Topographique de l'Etat-Major et organisait le Service Géographique de l'Indochine dont la direction était confiée au Commandant LuBANSKI. Une équipe de techniciens expéri¬ mentés était demandée au Service Géographique de l'Armée pour ren¬ forcer le personnel existant et appliquer en Indochine les méthodes rigou¬ reuses employées dans la Métropole et dans l'Afrique du Nord. La pé¬ riode des tâtonnements et des demi-mesures était passée. L'exécution du programme LuBANSKI s'est poursuivie sans modification sensible depuis 1899 jusqu'à l'heure actuelle, et sans interruption autre qu'un arrêt de six années motivé par la guerre mondiale. Création du Service Géographique. Le Service Géographique de l'Indochine, à sa création, le 5 juillet 1899 (arrêté du Gouverneur général de la Colonie) avait reçu les attri¬ butions suivantes : 1 0 Travaux d'astronomie et de triangulation géodésique formant la base des cartes géodésiques ; — [07 — 20 Levés des cartes régulières ; 30 Continuation et amélioration des cartes provisoires ; 40 Etudes topographiques spéciales intéressant les services publics ; 5° Rédaction et publication des cartes et travaux du Service. Ce Service, quoique militaire, et rattaché à l'Etat-Major du Général Commandant supérieur des Troupes, avait ses dépenses inscrites au Bud¬ get général de la Colonie. Le Service Géographique est resté ainsi constitué jusqu'au 1er janvier 1926, date à laquelle il est devenu un organisme du Gouvernement géné¬ ral. II. — Organisation Composition du Service Géographique. Le Service Géographique est dirigé par un officier supérieur de l'Armée coloniale secondé par 3 Officiers-adjoints qui sont à la tête des sections suivantes : 1 0 Géodésie et astronomie ; 2° Topographie, cartographie, reproductions et tirages; 3° Revision. Sur le terrain, vingt-quatre officiers et vingt-et-un sous-officiers euro¬ péens ainsi que douze agents-techniques. A Hanoi, au centre du Service, cent-cinquante dessinateurs, ouvriers ou agents indigènes, sous la direction des trois officiers chefs de section, secondés par un chef civil des ateliers et des chefs de salles (dont 4 sous-officiers) sont répartis dans les salles ou ateliers suivants : 1 0 Une salle de réception des signaux radio-télégraphiques en vue de la détermination des longitudes absolues, par la comparaison des signaux horaires émis par le Bureau international de l'Heure; 2° Une station méridienne; 3° Un Bureau de calculs et des archives de la géodésie; — io8 — 4° Une salle de cartographie, chargée de préparer les cartes et travaux nouveaux, de tracer les feuilles de projection, de mettre à jour le Service des tirages, de vérifier tous les travaux cartographiques préparés par le Service, et de conserver les archives topogaphiques ; 5° Une salle de dessin, chargée de dessiner toutes les minutes des tra¬ vaux nouveaux (ou revisés) ; 6° Une salle de zincographie, chargée du dessin sur zinc à l'encre lithographique, et de la sélection des clichés photographiques; 7° Un atelier de photographie et d'héliogravure; 8° Un atelier d'imprimerie lithographique; 9° Un atelier de réparation d'instruments de précision; 10° Un atelier de reliure et d'entoilage; 1 1 0 Une salle de conservation de zincs; 12° Une école de dessin; 13° Un magasin de stockage et de vente des cartes éditées; 14° Un bureau de comptabilité finances; 15" Un bureau de comptabilité matériel {et ses magasins). * * * Un groupement du Service a son centre en Cochinchine. Sa création a été reconnue nécessaire par suite de l'éloignement de cette région du centre du Service (Hanoi) de la continuité des travaux qui sont exécutés en Cochinchine toute l'année, et de la liaison étroite nécessité avec l'esca- dille d'avions militaires qui est chargée de la prise des photos aériennes et qui se trouve également en Cochinchine. Ce groupement est chargé des levés au 1 /20.0000 avec utilisation de ces photos aériennes. III. — Travaux effectués Programme général des travaux à exécuter. Le programme que se traçait le Service Géographique nouvellement fon¬ dé, lui était imposé par des considérations d'ordre militaire et par les besoins des services publics. — 109 — Dans les deltas, une carte au 1/25.000°, à l'altimétrie basée sur un nivellement direct a été reconnue nécessaire, pour préparer les travaux de canalisation, d'irrigation, et faciliter la tâche du cadastre. Les levés étaient faits sur le terrain au 1/20.000° — et la carte éditée au 1/25.000°. Dans les régions montagneuses et boisées, une carte au 1 /100.000° était estimée suffisante ; son but était d'abréger les études de routes et de che- 'min de ifer, et aussi d'aider à la mise en valeur du pays au point de vue commercial, industriel et agricole. Ces cartes étaient en même temps d'une grande utilité aux administra¬ teurs et aux fonctionnaires des divers services. Sur la frontière chinoise si fréquemment troublée, elles étaient pour l'autorité militaire d'un intérêt capital. Les levés étaient effectués sur le terrain au 1/80.000° et la carte édi¬ tée au 1/100.000°. Au Cambodge, on avait tout d'abord préconisé, pour l'édition de la carte, l'échelle du 1/50.000°. Celle-ci a été abandonnée pour le 1/100.000°. Les levés, exécutés sur le terrain au 1/40.000° (pour le 1/50.000° primitivement envisagé) ont été continués à la même échelle pour le 1 /100.000°. L'altimétrie de cette carte est également basée sur un nivellement direct. Exécution des travaux par tranches successives. Dès le début une lutte était à craindre, entre le désir de fournir un travail régulier, et celui d'aller rapidement et de produire, au plus vite, une carte moins bonne, mais couvrant des surfaces plus grandes. Dans un pays neuf, qui aspire à un développement économique rapide il fallait résister aux sillicitations du moment qui tendaient, en effet, à obtenir de suite une image approximative du terrain, et cela souvent, dans des ré¬ gions très éloignées les unes des autres. Dans le but de réaliser à ces solliciations, et de se maintenir dans la voie des levés réguliers et homogènes, un programme des travaux est éta¬ bli périodiquement pour une durée de cinq à six ans, par le Chef de ser¬ vice, et approuvé par le Gouverneur général. Période de 1899-1905. Le delta du Tonkin est levé au 1 /20.000°. Les régions montagneuses du Tonkin (en commençant par l'Est) sont ébauchées au 1/80.000°. La délimitation de la frontière franco-siamoise est également faite. — I 10 — Période de 1905-1910 Les deltas du Nord et du Centre-Annam sont levés au 1/20.000°. Les régions montagneuses du Tonkin sont continuées au 1/80.000°. Les levés au 1 /40.0000 sont également commencés au Cambodge pour l'édition des cartes au 1/100.000°. Période de 1910-1914. Les deltas du Sud et du Centre de l'Annam sont terminés au 1/20.000°. Celui de Cochinchine est commencé à la même échelle. Le Cambodge et la région montagneuse du Tonkin sont continués et le versant oriental de la Chaîne-Annamitique est commencé au 1/80.000°. Période de 1919-1925. En 1919, les travaux sur le terrain, interrompus en 1914 par la guerre, sont repris. A cette date un programme d'attente est tracé, prévoyant le levé au 1/80.000° du centre du Laos, l'achèvement du versant oriental de la Chaîne-Annamitique, et la continuation des levés au Cambodge (40.000°!) et en Cochinchine (20.000°). Période de 1925-1928. Les levés du delta de la Cochinchine au 20.000°, du Cambodge au 40.000°, du Sud de l'Annam au 80.000" sont poursuivis ainsi que le 80.000° de la frontière chinoise et du centre du Laos. Une méthode de levés de reconnaissance au 80.000" avec aide de pho¬ tographies aériennes a été employée au Centre-Annam, dans les régions des hauts plateaux de Kon-Tum et du Dar-Lac. Elle a permis de fournir avec une très grande rapidité, et un personnel très réduit, une surface de 12.000 kilomètres carrés en deux années. Depuis 1926. Depuis le 1er janvier 1926, le Service Géographique est devenu un ser¬ vice relevant directement du Gouverneur général. Il a gardé les mêmes attributions. Le 1" octobre 1927, une section de photographie cadastrale lui a été adjointe. — [ I [ — Quoique organe du Gouvernement général, le Service Géographique a conservé, comme personnel de direction et opérateurs sur le terrain, plus de cinquante officiers et sous-officiers qui sont détachés hors cadres. Véri¬ table ossature du Service, ce personnel se retrempe, au cours de stages fréquents, au Service Géographique de l'Armée, seule pépinière des tech¬ niciens : astronomes, géodésiens, topographes et cartographes. Ce cadre militaire forme la partie la plus agissante du service ; il lui conserve la bonne traditions. Par 1 application de méthodes de travail éprouvées et d'une stricte discipline, il obtient le maximum de rendement en quantité et en qualité. Malheureusement, les travaux des opérateurs, déjà pénibles par eux- mêmes, ne sont pas effectués dans des régions toujours saines, soumises ou même de parcours faciles. Trop longue est déjà la liste des officiers, sous-officiers, caporaux et soldats ainsi que de leurs aides, miliciens et tirailleurs, qui ont payé de leur vie, leur modeste coopération à la grande œuvre qui est celle de l'établissement de la carte de l'Indochine. Titre II Construction d'un Pont Pigeaud à Lao-Kay. Depuis plusieurs années, pour des raisons économiques et stratégiques, le Gouvernement général de l'Indochine envisageait l'exécution d un pont sur le Fleuve Rouge à Lao-Kay. Les premiers projets mis à l'étude datent de 1921. En 1923 est dé¬ cidée la construction d'un pont en béton armé et un marché conclu avec une Société coloniale. En 1926, par suite de difficultés rencontrées par la société adjudica¬ taire, le marché est modifié et ne comprend plus que 1 exécution des appuis du pont projeté. En 1927, de nouvelles difficultés surgissant, le Gouvernement général décide d'abandonner le projet de pont en béton armé. C'est alors qu'on envisage pour relier les deux rives du Fleuve Rouge, un pont métallique type militaire PlGEAUD n°3, dont les matériaux seront commandés en France et la construction demandée au Génie militaire le¬ quel possède du personnel apte au montage des ponts lourds. C'est qu'en effet une autre difficulté se présente : trouver des spécialistes dans le montage de ce genre de pont tout particulier. Sur place, il n'y fallait pas songer ; faire venir des ouvriers de France pour une tâche limitée dans le temps était une solution onéreuse et peut- être hardieuse. En juin 1927, le Ministre de la Guerre sollicité donna son adhésion au projet et la construction d'un détachement fut demandée aux Régiments de Sapeurs. L'Arme du Génie se recrute presque entièrement parmi les jeunes ap¬ pelés du contmgeant métropolitain. Malgré cela, les demandes de volon¬ taires affluèrent; on n'eut que l'embarras du choix. Malheureusement, ce détachement ne parvint à la colonie que 1 1 mois après, en mai 1928, au moment de l'année le plus défavorable pour un premier acclimatement à la colonie. Mais la construction du pont, impatiemment attendue depuis de lon¬ gues années ne pouvait plus être ajournée et le détachement composé de : M. le Lieutenant DESSORT, chef de détachement, un adjudant, 6 sergents, un caporal et 10 jeunes sapeurs, fut mis en route sur Lao-Kay où il arriva le 29 mai 1928. Toutes dispositions furent prises de la part de l'autorité militaire pour une surveillance attentive de l'hygiène des hommes et des conditions de travail auxquels allaient être soumis ces jeunes sapeurs. Près de 80 coolies furent journellement à la disposition du Chef de détachement. Les travaux de mise à pied d'œuvre et de montage de la passerelle commencèrent fin juin 1928, c'est-à-dire au plus mauvais moment de l'année. Par suite des calculs erronés sur la hauteur des piles d'ailleurs primiti¬ vement non destinées à un pont de ce genre, le lancement et le montage du pont proprement dit ne furent entrepris qu'en décembre 1928. Malgré les difficultés de toutes sortes, la tâche fut rapidement menée. La partie métallique était en place le 20 janvier 1929, et le 28 mai de la, même année M. le Gouverneur général de l'Indochine procédait à son inauguration. Ainsi, en mo ns d'un an, dans des conditions climatériques difficiles, le Lieutenant DESSORT et sa jeune équipe avaient mené à bien leur rude tâche. Les caractéristiques du pont de Lao-Kay sont les suivantes : Longueur : 221 mètres ; Largeur de la chaussée faite d'un hourdis de béton armé: 3 mètres; 2 garages ont été créés et portée à 3 m. 60 de largeur; 2 trottoirs de 0 m. 60. PONT PIGEAUD DE LAOKAY — RIVE DE COC-LEU ' - . . . - ' " . I — U3 — Le pont dont ci-joint la photographie repose sur deux culées et 5 piles. La hauteur du tablier au-dessus de l'étiage du fleuve est de 11 m. 97. Longueur totale de l'ouvrage : 236 mètres. Prix total de l'ouvrage: 163.787 piastres. Ce pont a déjà subi l'assaut des crues de 1929, et s'est bien comporté. Son importance stratatégique est indéniable. Placé sur la route colo¬ niale n° 4, rocade de notre frontière du Tonkm il permet une liaison facile entre les deux rives du fleuve et en cas de besoins une intervention rapide des troupes de la Subdivision militaire sur le ou les points menacés. Du point de vue économique il relie les deux centres de Lao-Kay — rive gauche et Coc-Leu rive droite, qui depuis son inauguration ont vu leur trafic s'accroître dans des proportions remarquables. Il met en outre Lao-Kay et Hanoi en communication rap.de avec Chapa, station d'alti¬ tude du Tonlcn, sise à 38 kilomètres de Lao-Kay. Enfin, face à la Chine, il atteste la valeur du génie colonisateur fran¬ çais et la solidité de notre installation en ce pays. Titre III Les missions économiques & L'aviation militaire d'Indochine Le rôle essentiel de l'aviation d'Indochine est le même que celui de 1 aviation militaire métropolitaine. Comme cette dernière, elle doit consa¬ crer ses premiers soins à l'Instruction technique et tactique de son person¬ nel, d'abord sur les terrains de base des escadrilles, puis dans les champs de tir où s'exécutent les exercices de bombardement et de tir à la mitrail¬ leuse, enfin en liaison avec les autres armes, au cours des manoeuvres et écoles à ifeu. Mais l'aviation d'Indochine consacre également des (efforts considéh rables à une autre tâche. L'entraînement du personnel à la pratique des reconnaisances à vue et des reconnaissances photographiques a été- pour¬ suivi, en dehors des missions ayant un but militaire, par l'exécution de missions d'un intérêt civil défini. Cette manière de faire comporte d'im¬ portants avantages; elle apporte au pilote et à l'observateur l'intérêt de tâches plus variées ; elle procure au budget de 1 aviation des ressources — ii4 — non négligeables; enfin et surtout, en l'absence de toute aviation civile organisée, elle apporte à la colonie la collaboration d'un moyen précieux dans un pays encore insuffisamment outillé, peu exploité et peu connu. Dirigée dans cette voie, l'aviation d'Indochine devait vite rendre des services très appréciés aux entreprises qui l'employèrent; l'avion prit ainsi une place importante dans la vie économique du pays. Le 19 janvier 1920, une instruction ministérielle pose le principe qu'en dehors de leur utilisation militaire, les Unités de l'Aéronautique d'Indo¬ chine doivent coopérer, dans toute la mesure du possible, au développe¬ ment politique et économique de la colonie. Dès le début de 1920, les grands services de la colonie ifont appel à l'aviation. Les entreprises privées, intéressées par la modicité du prix de revient des missions aériennes, demandent la collaboration de l'aéronau¬ tique. La presse indochinoise s'emploie à faire tomber la légende que « l'avia¬ tion opère à des prix inabordables ». Le 6 juillet 1921, une note paraît un Journal Officiel de l'Indochine pour régler les conditions de travail de l'aviation au profit des entreprises privées. Organe militaire, destiné à la défense de la Colonie, l'Aéronautique coloniale est entretenue par le budget colonial qui prend à sa charge les dépenses de personne! et de matériel. Payée par ailleurs, elle n'a donc pas besoin de retrouver l'amortissement des frais de ce genre dans les recettes de mission. Donc, les dépenses que l'Aéronautique doit couvrir, dans l'exécution des missions qui lui sont confiées, ne comprennent que les frais supplémen¬ taires nécessités par les heures de vol, les déplacements et transports spé¬ ciaux, les travaux photographiques. Pour souligner l'importance de l'aviation dans le développement éco¬ nomique de la Colonie, le Gouverneur général invite, dès 1922, la Di¬ rection de l'Aéronautique militaire 'à organiser une exposition dans un pavillon de la Foire Coloniale. Le Commandant de l'Aéronautique saisit l'occasion pour faire connaî¬ tre, aux visiteurs venus de chaque province, les services que les aviateurs peuvent rendre aux entreprises privées. Cette publicité porte ses fruits et bientôt le concours de l'aviation mili¬ taire est partout demandé. De 1922 à 1930, le nombre d es missions économiques exécutées par l'aviation d'Indochine n'a fait que croître. — ii5 — Différentes missions économiques Les différents services de la Colonie, et même les simples particuliers, peuvent demander à l'Aéronautique militaire l'exécution de missions éco¬ nomiques, missions de caractère nettement défini, qu'on peut classer en plusieurs catégories. a) Missions pour le cadastre ; b) Travaux pour les grandes administrations; c) Liaison avec le Service Géographique : Etablissement des cartes ; d) Missions pour les particuliers ; e) Transport du courrier ; /) Transport de passagers; Remboursement des missions économiques Chaque- mission économique donne lieu aux remboursements suivants : 1 0 A mortissement du matériel : a) Pour un appareil de 200 à 300 CV : 800 if 1 heure de vol ; b) — de 300 CV et au-dessus : 1.000 f l'heure de vol. 2° Combustibles (Avions et autos) : suivant le cours de l'essence. 3° Installations nécessaires pour la mission et ses travaux. La prépara¬ tion d'une mission nécessite des installations de nature diverse : approvi¬ sionnement en matériel et en combustibles, abris pour les avions et le personnel, installation de laboratoire, etc... 4° Transport et frais de déplacements. — Pour une mission éloignée le personnel et le matériel doivent être transportés sur un terrain de travail (différent du terrain de base). De là des dépenses de transport et des frais de déplacement. 5° Travaux photographiques. — Les travaux sont décomptés par su¬ perficie couverte et suivant l'échelle. — 116 — On voit donc que les dépenses à couvrir par l'Aéronautique, dans l'exé¬ cution des missions qui lui sont confiées, n'envisagent que les frais sup¬ plémentaires nécessités par les heures de vol, les déplacements et transports spéciaux, les travaux photographiques. Un certain nombre d'éléments peut d'ailleurs faire varier ce prix dans des proportions importantes d'une mission à l'autre. En particulier, l'ha¬ bileté des opérateurs, la qualité du matériel, l'état de l'atmosphère, exer¬ cent une action qui est loin d'être négligeable; mais ces éléments sont difficilement évaluables par avance. 11 en est deux par contre, qui influent très fortement sur le prix de la mission et qui doivent retenir l'attention, a) L'échelle de prise du cliché ; b) L éloignement de la zone à photographier de l'une des deux aéro¬ gares (Bach-Mai et Biên-Hoa). Méthode a suivre pour obtenir la collaboration de l'aviation militaire Les grands services de la Colonie ou même les simples particuliers dé¬ sireux de ifaire travailler l'aéronautique à leur profit doivent en faive la demande au Gouverneur général, Le Gouverneur général envoie la demande au Général Commandant su¬ périeur qui la transmet au Commandant de l'Aéronautique. Cette demande fait généralement suite à une entente entre le service de¬ mandeur et l'Aéronautique militaire. Elle donne lieu à l'établissement d'un devis conformément au tarif en vigueur. En cas d'urgence, la mission peut commencer sans acceptation du devis. Quand la mission est terminée, un état définitif des dépenses est établi et la Direction des Finances en poursuit le remboursement. Emploi de l'aviation pour les différentes missions a) L'Aéronautique d'Indochine et le Cadastre. L'observateur photographe exécute en avion un levé de la surface étu¬ diée. Les photos sont ensuite livrées au Laboratoire qui les restitue, les ex- — ii7 — ploite dans la mesure du possible et les fait ensuite compléter sur le ter¬ rain par des géomètres. La précision obtenue après cette restitution est de 1 ordre du 1/200. Les frais d'un travail de ce genre comprennent : 1° Les frais propres à l'aviation; 2° Les frais de restitution et de (complément de documentation sur le terrain ; Les frais de l'aviation varient, comme pour les autres missions avec cer¬ taines conditions (éloigneraient de la base, échelle, etc ). Ils ne sau¬ raient donner lieu à une estimation moyenne, mais doivent être calculés pour chaque cas particulier. Les frais de restitution et de complément de documentation peuvent se détailler ainsi : 1 0 Frais de géomètre pour la mesure des bases sur le terrain ; 2° Frais de restitution proprement dite au laboratoire; 3° Travaux de dessin (établissement d'une minute par cliché permettant les mesures de parcelles) ; 4° Travaux de complément sur le terrain pour les parties de terrain ca¬ chées aux vues de F avion ; 5° Mise au net. Etablissement du plan du village; 6° Mesure de superficie des parcelles au planimètre. Les frais d'exécution du cadastre peuvent d'ailleurs être récupérés, par¬ tiellement tout au moins, par la évente des titres de propriétés. Ces titres, en dehors de leurs inscriptions administratives et certifiées, qui leur donnent toute leur valeur, pourraient comprendre des photographies représentant les parcelles visées. Ces photos non restituées et tirées directement d'après les clichés, n'auraient que leur valeur d'images mais pourraient en bien des contestations rendre service. Il semble que ce n'est pas retirer de la photo tout ce qu'elle peut donner que d'en extraire seulement un plan. Les dé¬ penses résultant de la reproduction de pareils éléments de photos seraient minimes ; par contre, la vente du titre pourrait en être facilitée et son prix notablement augmenté (1j). (1) Se reporter au 1or exemple. — 118— b) Liaison avec le Service Géographique établissement des cartes. Quand le Service Géographique de l'Indochine entreprend l'étude d'une région mal connue, il est presque toujours démuni des données topographi¬ ques indispensables, bases obligées de l'étude entreprise. L'Officier topo¬ graphe se contente le plus souvent de schémas trouvés dans les archives et, le mieux qu il puisse faire est d'établir lui-même un croquis par renseigne¬ ments en questionnant les habitants. Il est évident que ce croquis est plus ou moins erroné. Puisqu aussi bien, le but est d'être fixé non seulement sur des noms, mais encore sur des positions, des distances, des directions, il faut donner au travail topographique des bases sûres. La photographie aérienne sera le meilleur des guides topographiques. Le Service Géographique de l'Indochine s'entend avec l'aviation mili¬ taire pour faire relever au moyen de la photo aérienne les différentes régions afin de compléter la carte des divers pays de l'Union. Le travail se fait en liaison entre le Service Géographique et l'Aviation. La photographie aérienne permet de déterminer avec exactitude les dis¬ tances des différents points, leurs positions, et donne une idée assez juste du pays pour pouvoir établir une carte. Les noms sont portés sur le Service Géographique. Mais il est souvent nécessaire d'avoir recours une deuxième fois à l'avion pour réaliser une iden¬ tification exacte. L'Indochine englobe des régions très différentes et inexplorées. Le Centre d'Annam (région de Pleiku-Kontum), par exemple, région extrêmement montagneuse, n'était guère connu dans ses détails. Des photographies de cette région ont été prises par l'aviation et le ser¬ vice géographique a pu établir une carte qui est d'un grand secours pour la mise en valeur du pays (1). c) Travaux pour les grandes administrations. Les grands services de la Colonie ont souvent fait appel plus ou moins largement au concours de l'Aéronautique. (1) Se reporter au 2e exemple. — H9 — Les travaux publics notamment demandent souvent la collaboration des avions pour un relevé d'itinéraire ou une étude de région dans laquelle on a décidé, par exemple, d'exécuter des travaux d'irrigation ou d'installer une ligne de chemin de fer (1). d) Missions pour les particuliers. Quelques particuliers, directeurs de services, concessionnaires ou même industriels demandent souvent l'aide de l'aviation militaire. La photographie aérienne permet en effet à ces particuliers de connaître, dans les moindres détails, leur propriété. Ils peuvent de ce fait se rendre compte des aménagements nécessaires : travaux d'irrigation, etc... que nécessitent leurs domaines. Aussi bien les photographies de propriétés peuvent-elles suggérer des transformations possibles et augmenter ainsi sensiblement le rendement des terres (2). e) Transport de courrier. Appliqué au transport du courrier, l'avion militaire a rendu de grands services. En 1926, le Fleuve-Rouge menace Hanoi. Pour sauver la Ville, les Travaux publics crèvent les digues sur la rive gauche du Fleuve. Les com¬ munications sont interrompues entre Hanoi et le port d'Haiphong où font escale les bateaux de la Métropole. L'Aéronautique entre immédiatement en action. Les hydravions assurent le transfert du courrier et même de plusieurs passagers, photographient les régions inondées et renseignent l'autorité supérieure sur l'importance des secours nécessaires (3). /) Transport de passagers. Les coloniaux ayant, pour leurs affaires, à effectuer des déplacements rapides peuvent être autorisés à prendre place à bord des avions militaires. (1) Se reporter au 6e exemple. (2) Se reporter aux 3° et 4e exemples. (3) Se reporter au 5e exemple. — 120 — Ils adressent dans ce but une demande au Gouverneur général, qui seul a qualité pour accorder l'autorisation et fait donner dans ce cas au Comman¬ dant de 1 Aéronautique les ordres nécessaires. Cette demande doit exposer le but du voyage. L'intéressé doit y joindre : a) Une déclaration par laquelle il s'engage à rembourser les frais occa¬ sionnés à l'Aéronautique (Le Commandant de l'Aéronautique lui ifournit préalablement un devis approximatif). b) Une déclaration par laquelle il décharge l'Aéronautique et l'Admi¬ nistration en cas d'accident. 11 appartient aux particuliers de s'assurer personnellement, s'ils le jugent utile, contre les risques de la navigation aérienne (2). Exemple de missions économiques Premier exemple. Mission de Vinh Travail demandé : 1 " Photographier une surface totale de 1 70.000 hectares dans la région de V inh ; 2" Prendre les photos à l'échelle de 1 /7.0000 ; 3" Fournir 2 épreuves non restituées et un agrandissement au 1 /2.000" par cliché. Organisation : I 2 Sous-Officiers pilotes ; v n , 2 Observateurs ; a) rersonnel . ] Z r hotographes ; \ 2 Indigènes mécaniciens brevetés. avions Bréguet 14-A2 ; 2 appareils photo 0,30, obturateur LâBRELY, plaques Guilleminet orthochromatiques et pla¬ ques aviator; Papier Lumière contraste Crumière. (2) Se reporter au 7e exemple. — 12 1 — La mission s'installe à Vinh. Sur le te rain, les photographes dévelop¬ pent les clichés et dressent les calques des surfaces. Exécution : Durée de la mission 21 jours ; Jours ayant p~rmis la photo 3 jours. Heures de vol 27 h. 03. Rendement par cliché : 433.48 = 72 ha. 24 600 Altitude de prise 2.100m. Surface totale 43.348 ha. Frais de mission : a) Amortissement du matériel Pour mémoire b) Combustibles 2.094 $ 40 c!) Transports 61 66 Déplacements 552 85 / Achats spéciaux 14.32 j JX i „ . \ Cartes 23.26 j - . d) Installations / t-,1, , i 1 ■/e > ->4 4o ' \ Téléphone 11.65 l f Télégrammes 5.25 1 e) Travaux photos 989 20 Total 3.752 $ 59 Prix de revient à l'Hectare : 0 $ 086 Remarque. La mission a nécessité deux départs de 1 échelon roulant, le mauvais temps persistant à Vinh. De plus sur les 21 jours qu'a duré la mission 3 seulement ont ete propices aux vols. Le prix de revient aurait notablement diminue, si les conditions atmos¬ phériques avaient favorisé la mission. — 122 — Deuxième exemple. Levé planimétrique en vue de Vétablissement de la carte au 1 /200.000e de la région de Kontum. Demandeur : Service Géographique ; Frais : Supportés par le Budget général ; But: Photographier la région de Plei-Ku, Kontum en vue de l'établis¬ sement d'une carte au 1 /200.000e. Organisation : Le centre d action de la mission est au terrain de Pleiku. Le Chef de mission reçoit du Chef du Service Géographique les instruc¬ tions de détail sur la nature des photos à prendre. L'échelon lourd part par voie de mer pour Qui-Nhon, emportant le matériel photo, le matériel rechanges et réparation avion; de là il rejoint Plei-Ku par voie de terre. L'échelon volant part le 6 janvier 1926. Personnel : 1 Officier Chef de la mission observateur ; 2 Sous-Officiers pilotes ; 4 Mécaniciens ; 4 photographes. Matériel : Deux avions Bréguet. Exécution: La mission commence le 6 janvier 1926. L échelon volant rencontre du mauvais temps sur le trajet. Ensuite une panne de moteur oblige un pilote à se poser en campagne aux environs de Hué. Après changement du moteur la mission arrive le 1 7 janvier à Plei- Ku. Dix-huit vols sont nécessaires pour effectuer le travail demandé. Ces vols sont exécutés à 4.000 mètres d'altitude. 1 .500 clichés environ sont pris, ce qui représente une surface d'environ 1.000.000 hectares. La mission est terminée le 22 février. — 123 — Prix de revient : Amortissement Combustibles (avions, autos) Transports et frais de déplacements . . . Installations, achats spéciaux Indemnités spéciales de vol Travaux photos et fournitures Total Prix de revient à l'Hectare : 0 $ 010 Remarque. La région à photographier est située dans le Centre Annam, pays encore fiTHi connu, très accidenté et peuplé de villages insoumis. Pour relever à terre cette partie de l'Annam il aurait fallu un temps infini. Troisième exemple. ■ Etude du trace du chemin de fer Tanap — Thakhek Demandeur : Travaux Publics. Travail demandé: Levé par photographies aériennes à 1 échelle de 1/10.000° d'une superficie d'environ 12.600 hectares situés dans la vallée du Sông-Giang, sur le tracé du chemin de fer de Tanap-Thakhek, entre Xom-Cuc et un point situé au Sud du poste de Bai-Dinh. Organisation : Le Centre de la mission est Vinh où existe un bon terrain d'atterrissage; un laboratoire photo est installé au terrain. 1 Pilote ; 1 Observateur ; 2 mécaniciens ; 3 photographies. 1 avion Potez 25-A2 ; 1 appareil photo 0,30 LABRELY ; Plaques Guilleminet orthochromatiques. Pour mémoire 4.697 $ 13 4.357 44 75 33 626 00 531 30 10.287 $• 20 Personnel Matériel — 124 — Exécution : Durée de la mission 15 jours. Nombre de clichés pris 288 Nombre de clichés utilisables 205 Rendement moyen de chaque cliché 34 hectares. Frais de la mission : a) Amortissement Pour mémoire £>D Combustibles . . • • 1.440 $ 00 c) Transports 70 94 Frais de déplacement 271 75 d) Travaux photographiques 145 67 Total 1.928 f 34 Superficie photographiée, environ: 7.100 Hectares Prix de revient à l'hectare : 0 $ 272 Quatrième exemple. Mission des terrains inondés du casier d'Hanoi Service demandeur : Travaux publics. Travail demandé : Il consistait, au moment où les inondations particulière¬ ment violentes du Fleuve-Rouge atteignaient leur maximum, à établir un plan faisant ressortir les zones immergées et les zones non immergées du ca¬ sier d'Hanoi. A l'exécution, le casier est apparu inondé en totalité se présentant sous la forme d'un vaste lac avec îlots constitués par les routes, des voies ferrées et quelues bandes de terre de très faible importance. Photographier ces vastes étendues d'eau était inutile et la mission s'est réduite à la prise de vue du contour des îlots et de quelques vues panoramiques pour confirmer les indications fournies par les observateurs en ce qui concerne les zones inondées. QUATRIÈME EXEMPLE LE GOUVERNEMENT DU SIAM A ORGANISÉ UNE AVIATION SANITAIRE DONT LE RÉSEAU COMPLÈTE HEUREUSEMENT L'ORGANISATION DE SA VOISINE, L'AVIATION SANITAIRE D'INDOCHINE. LES SIAMOIS ONT TENTÉ DANS CETTE VOIE UN EFFORT IMPORTANT QUI VAUT D'ÊTRE SOULIGNÉ — 125 — En définitive le travail demandé se résumait ainsi : 10 Prise de renseignements par des observateurs d'avion, et report sur une carte au 1 /25.000e; 2° Photo de 42.000 hectares à une échelle de 1/10.000e; 3° Assemblage des photographies; 4° Prise de quelques photographies panoramiques. Organisation : a) Personnel. — La zone à photographier étant rcrès voisine d'Hanoi, aucun déplacement n'était nécessaire, tout le personnel de Bach-Mai con¬ courant à l'exécution. b) Matériel. — Avion Bréguet 14-A2. Appareil photographie 0,26 G. C. plaques Guilleminet orthochroma¬ tiques ; papier spécial contraste Crumière. Exécution : Un retrait rapide des eaux étant possible, il est nécessaire que le travail soit exécuté en quelques jours. Onze septembre. — Trois avions prennent 228 clichés. Douze septembre. — Deux avions prennent 108 clichés. La mission est à vrai dire terminée ; les sorties suivantes ne sont guère que des missions de contrôle pour le travail exécuté les onze et douze septembre. Durée de la mission 24 jours. Jours ayant permis la photo verticale 6 jours. Heures de vol totales . . 1 7 h. 30. Clichés pris 456 Altitude de prise . . 2.600 m. Surface totale 42.000 Ha. Frais de la mission : a) Amortissement Pour mémoire b) Combustibles 525 $ 73 c) Travaux photographiques 808 00 Total 1.333 f 73 Prix de revient à l'hectare : 0 $ 036. — 126 — Cinquième exemple. Mission exécutée pour un concessionnaire But : Relevé photographique de plusieurs étendues de terrains dans la région de Phu-Rieng (Cochinchine). Frais : Supportés par M. MaLANDIN à Saigon, demandeur. Organisation : Mission peu importante : un seul équipage y participe. Le terrain de base est Bien-Hoa. Région difficile à photographier du fait que l'on ne possède aucun renseignement météorologique, et aucune carte. Personnel et matériel: 1 équipage, un seul appareil.# Exécution : Trois vols sont nécessaires pour faire le levé de 25.000 hec¬ tares environ. 28 novembre 1927 . 96 clichés sont pris 1cr décembre 1927 44 — 17 décembre 1927 96 — au total 10 heures 05 de vol Prix de revient : Combustibles • • . 548 $ 25 Indemnités spéciales de vol 110 00 Travaux photographiques et fournitures 141 75 Total 800 $ 00 Prix de revient à l'hectare = 0 $ 032. Sixième exemple. Transport du courrier entre Hanoi et Haiphong But : L inoncdation ayant coupé toutes les communications par route et par voie ferrée entre Hanoi et Haiphong, le Service des P. T. T. fait appel aux hydravions de 1 Aéronautique pour assurer le transport de la correspondance une fois par jour entre Hanoi et Haiphong et vice versa. — 127 — Organisation : Aucun déplacement à prévoir ; le personnel et le matériel de l'escadrille de Bach-Mai sont alertés pour ce service. Hydravion Bréguet 14-A2. Exécution : 16 septembre 1924. — 1 voyage Hanoi-Haiphong et retour. 17 — — 18 — — 19 _ 20 — — 21 — — 22 — — 23 — — 24 — — 23 — — 26 — — 27 — — 28 — — La voie ferrée étant rétablie, le service par avion cesse. Poids du courrier transporté 351 kgs. Moyenne par voyage 14,623 Heures de vol totales . 24 heures. Frais. a) Amortissement Pour mémoire. b) Combustibles • 720 $ 00 c) Indemnités spéciales de vol 45 00 Total 765 f 00 Vingt-six voyages ont été exécutés. Prix d'un voyage : 765 = 29 $ 42 ~26 — 128 — Remarque. Il est à signaler que la moyenne du poids de courrier emporté par voyage était dé 14 kgs. 623 alors que l'hydravion aurait pu transporter au moins 50 kilogrammes, c'est-à-dire 3 fois plus de lettres. Septième exemple. Voyage Saigon-Hanoi du Général blondlat et Colonel debailleul Budget supportant les frais : Budget colonial. But : Transport en avion du Général blondlat, désigné pour prendre le Com¬ mandement Supérieur des Troupes de l'Indochine, et le Colonel debail- l.eul son Chef d'Etat-Major, de Saigon à Hanoi, par la côte, en prévoyant une escale à Tourane et un séjour à Hué. Organisation : Les arrêts prévus par le Général, la nécessité d'assurer le ravitaillement en combustible imposèrent la division du trajet en trois étapes qui devaient être franchies chacune en 1 jour. 1 " Saigon-Quinhon (595 kilomètres) avec escale à Phanrang ; 2° Qui-Nhon-Hué (400 kilomètres) avec escale à Tourane, arrêt de¬ mandé par le Général ; 3 " Hué-Hanoi (600 kilomètres) avec escale à Vinh. L'organisation des étapes avait été ainsi répartie entre les différents ser¬ vices de l'Aéronautique d'Indochine : Section Hué-Hanoi , Capitaine Ct l'Escadrille n" 2 à Saigon ; Section Qui-Nhon-Hué Lieutenant Ct le détachement d'A¬ viation de Qui-Nhon ; Section Saigon-Qui-Nhon Capitaine Ct 1 Escadrille n 1 à Bach-Mai. — I 29 — En principe les points d'escale sont bien approvisionnés en matériel et personnel ; un point de secours, moins bien doté, est prévu au milieu de cha¬ que section. Personnel. — Avions Bréguet 14-A2 ; Hydravions Bréguet 14-A2. soit : 1 pour le transport du Général ; 1 pour le transport du Colonel ; 1 appareil de remplacement. Exécution. Commencé le 4 avril le voyage s'achève le 8 au matin : Distance totale 1.600 kms. entre Hanoi et Saigon par la côte Temps pour un avion sur ce parcours 14 h. 35 Vitesse moyenne à l'heure . 100 kms. Ensemble des heures de vol de tous les avions 82 h. 15. Prix de revient. a) Amortissement Pour mémoire b) Combustibles 2.460 $ 00 c) Transports et déplacements 1.775 00 d) Indemnités spéciales 280 00 Total 4.515 $ 00 Nombre total de kilomètres parcourus par les avions : 9.870 kilomètres Prix de revient du kilomètre : 4.515 = 0 f 45. 9.870 — 130 — Annexe Relevé des principales missions économiques. Exécutées par l'Aviation d'Indochine. Levé cadastral par photographie aérienne. Au Cambodge (Province de Soai-Rieng) ; Au Tonkin (Provence de Humg-Yên); En Annam (Province de Vinh). Levé par photographie aérienne. De Campha-Mine pour la Société des Charbonnages du Tonkin; des concessions de la Société des Anthracites du Tonkin; des concessions de la Société des Charbonnages de Dong-Triêu; d'Usines de la Société des Distilleries de l'Indochine; d'Usine de la Société des Ciments Portland d'Indochine; d'Usine de la Société Minière et Métallurgique; des Salines de Baria ; de la région des Tombeaux des Rois Le; de la station maritime de Cau-Da ; de la Baie d'Along ; de la Rivière de Vinh, de Bênthuy à la mer; des îles de Hon-Niên et Hon-Malt ; du Trait de côte de Cao-Hon jusqu'au parallèle 20 G. 56; des plantations Elliès Mathée ; de la plantation Bec ; de la plantation Ballous ; de la plantation O. Connel ; du Massif du Kim-Hi pour la Société Minière et Métallurgique; de la Ville de Cholon ; de la Ville de Hai-Duong ; de la Ville de Haiphong ; — i3i — de la Ville de Hanoi; de la Ville de Saigon ; pour le Service Géographique ; de la région de Tây-Ninh et de Trang-Bang ; de la région de Baria, Cap Saint-Jacques ; de la région de Bông-Son, Phu-My ; de la région Nha-Trang, Ninh-Hoa ; de la région de Mytho ; de la région de Dalat ; de la région Kébang-Ouest ; du Plan Directeur de Saigon ; Levé des lais de mer de la région de Doson ; Levé des lais de mer de la région de Nam-Dinh ; Levé des lais de mer de la région de 1 hanh-Hoa ; Levé d'itinéraire Vientiane-Tourakhone ; Levé d'itinéraire vallée de la Nam-Lik; Levé d'itinéraire vallée de la Nam-Nhiêp ; Levé d'itinéraire vallée de la Sam-San ; Levé de 5 kilomètres pour projet de voie ferrée T an-Ap — Thakhek ; Levé de Saigon-Sisophon pour étude du tracé de voie ferrée (Mission Can- DELLIER) ; Levé et photos obliques pour étude du tracé du Chemin de fer Nha-Trang, Tourane — Mission CâNDELLIER ; Reconnaissance dans la vallée du Sông-Bê pour étude d'un projet d'adduc¬ tion d'eau pour les villes de Saigon et Cholon ; Reconnaissance et levé de la vallée du Sông-Ba pour étude de routes et de barrages ; Levé du Fleuve-Rouge de Viétri à la mer et du Canal des Rapides pour étude des bancs de sable ; Levé du Casier de Hanoi submergé pour étude des inondations ; Reconnaissances et prises de photographies aériennes de la région Rach- Gia, Ha-Tiên, Triton en vue de l'établissement d'un programme de dragages ; Reconnaissance et prise de photographies aériennes pour étude du tracé de la route Budop-Ban-Méthuot ; Transport du courrier entre Hanoi et Haiphong ; Levé des charbonnages de Dông-Triêu ; Levé du Fleuve Rouge entre 4 colonnes et Thanh-Tri ; Reconnaissance route de Lai-Chau à Chapa ; Photo de la Baie d'Along; Levé de la Région de Pleiku ; Liaison postale Hanoi-Haiphong ; Levé d'itinéraire de 600 kilomètres; Levé de la province d'Haiduong; Levé région de Thanh-Hoa ; Levé de la région Cat-Ba ; Levé de la région de Vinh ; De nombreuses et sites à Tourane, Quang-Tri, Dông-Hoi, Hué, Qui Nhon (Exposition coloniale 1931 ) ; Levé région de Fort-Bayard ; Levé d'une partie du Fleuve Rouge; Levé d'une partie de la province de Biên-Hoa ; Levé de la région de Rach-Gia, Ha-Tiên, Tân-Châu, Hoa-Hung ; Levé de la région de Prey-Véng. Voyages. Coyage Nha- 1 rang Darlac (Fïydravion) ; Voyage Saigon-Bangkok (3 avions) ; Mission d'Etude du Haut-Mékong — Voyage Saigon Luang-Prabang ; Voyage Hanoi-Saigon par le Mékong (Passager M. Le GalLEN) ; \/oyage Saigon-Hanoi par la cote (Passager MM. le Général Comman dant supérieur blondlat et Colonel debailleul) ; Voyage Hanoi-Xieng-Khouang ; Voyage Hanoi-Luang-Prabang — (Passagers MM. Bocs et NorÈs) ; Voyage Hanoi-Luang-Prabang-BamHouei-Sai (Mêmes passagers) ; Voyage Hanoi-Sonia (Passager M, PoULIN) ; Voyage Hanoi-Sonia, Dien-Biên-Phu ; Voyage Saigon-Phanrang ; Voyage Saigon-Battambang (Mission valude) ; Voyage Saigon-Hanoi (sans escale) ; Voyage Hanoi-Saigon et retour en hydravion; De nombreuses liaisons postales Hanoi-Saigon et retour. «JiMWNC #5St*A£>. ^*4AAt Ul CHi «S&1W : *iteJMùW&AW:; ■ *.M«5N tAWW^ •rv #AJW0i 8*K$tôâ " WAO^lKA .ARA# fHAWg* *V '"«^«WOCHHKAKB ♦ (MUT , S t'tnuwi'^- par les levés f!'>-j4";i't.tt,;i|h'ti< ye.i-'itiut»? / <» t,nihi'''À i't'i nfioai.s „'Mirc» Ilstirtpftux àfaeû* i$/m ;u;$ C|i lii..!.>rhil?>* m Y/\M>àto(t6f CARTE DES MISSIONS ÉCONOMIQUES EXECUTEES SUR LA DEMANDE DES SER¬ VICES DE LA COLONIE Titre IV La gendarmerie en Indochine. I. Historique Dès le début de l'occupation française en Cochinchine, en 1861, une force publique y fut organisée— Composés de 4 brigades à cheval et comp¬ tant une cinquantaine d'hommes elle participa à de nombreuses opérations de pacification et rendit de précieux services à tel point qu'il fallut à diver¬ ses reprises augmenter son effectif. En 1883, la gendarmerie fit son aoparition en Annam-Tonkin. Une dizaine de gendarmes appartenant au Bataillon de gendarmerie mobile de France, prirent part au combat du Pont de Papier (13 août) à la prise de Sontay (1 1 décembre) et se firent remarquer par leur belle conduite. D'abord indépendants l'un de l'autre, les détachements de Cochinchine- Cambodge et d'Annam-Tonkin, ce dernier transformé en 1884 en prévo¬ té du Corps expéditionnaire, fusionnèrent et formèrent une compagnie dont le Commandant, un Chef d'Escadron stationna à Hanoi (décret du 24 août 1899). Ce système centralisateur fut reconnu incommode, par suite de la disper¬ sion géographique des différents éléments de la Compagnie et par décret du 25 août 1913 on en revint aux détachements autonomes, de Cochinehine- Cambodge et d'Annam-Tonkin. Le Chef d'Escadron fut toutefois maintenu comme inspecteur de l'ensemble des Forces de Gendarmerie de l'Indochine. Entre temps, en 1903, fut créé dans le but de soulager le personnel euro péen et de faciliter les relations avec la population civile, un Corps d'auxi¬ liaires indigènes. Divers décrets ultérieurs augmentèrent les effectifs des détachements et modifièrent les détails de cette organisation. Enfin, un décret du 21 mars 1927, supprima l'emploi de Chef d'Esca¬ dron Inspecteur et fixa la composition actuelle des détachements. II. — Organisation générale Le décret du 21 mars 1927 fixe comme suit l'effectif des détachements de Gendarmerie : Détachement de V Annam-Tonkin. •1 Capitaine-commandant à Hanoi; 1 10 Gradés et Gendarmes Européens ; 2 Lieutenants ou Sous-lieutenants ; 60 Auxiliaires indigènes. Détachement de Cochinchine-Camboclge. 1 Capitaine-commandant à Saigon ; 3 Lieutenants ou Sous-heutenants ; 144 Gradés et Gendarmes Européens. 321 au total. Ce personnel est réparti en 119 postes ou brigades (47 en Annam- Ton- kin, 72 en Cochinchine-Cambodge) disséminés dans tout le Territoire In¬ dochinois et jusqu'à Kouang-Tchéou-Wan et au Yunnan. Le personnel Européen est recruté parmi les militaires de la Gendarme¬ rie Métropolitaine, de la Garde Républicaine et de la Garde Républicaine mobile. Il est mis à la disposition du. Ministre des Colonies par le Ministre de la Guerre. Les détachements relèvent du Ministre de la Guerre par l'intermédiaire du Gouvernement général et du Général Commandant supérieur, qui est Inspecteur Général de la Gendarmerie de l'Indochine, pour tout ce qui con¬ cerne l'instruction, la discipline et l'avancement. Ils dépendent du Minis¬ tre des Colonies, par l'intermédiaire du Gouverneur Général et des Résidents supérieurs ou Gouverneur, pour l'Administration, la comptabilité et la Di¬ rection du Service. III. — Rôle de la gendarmerie Sous l'impulsion énergique de leurs Officiers, les Gendarmes assurent, en sus de leurs fonctions normales dans la Métropole, de multiples servi- — 135 — ces de toutes sortes qu'en raison de leurs connaissances professionnelles, leur ont confiées les hautes Autorités de la Colonie. On peut grouper ces fonctions en différentes catégories suivant leur na¬ ture. A. — Police administrative. — Les diverses brigades et postes sont char¬ gés, comme en France d'assurer le maintien de 1 ordre, la police des voies de communication et le respect des lois et règlements relatifs à la sûreté et à la salubrité publique. Les Chefs de poste sont, en outre, le plus souvent, commissaires de poli¬ ce de leur résidence et ont, à ce titre, diverses attributions spéciales relati¬ ves aux abattoirs, à la voirie, à la repression de la prostitution, aux fumeries d'opium, à l'éclairage urbain,, aux vidanges et Louages, aux halles et mar¬ chés. Ils veillent au paiement de certains impôts directs (impôt personnel, pa¬ tente, etc...!) assurent la police des routes et sont, enfin, agents de la ré¬ pression des fraudes alimentaires. B. — Police judiciaire. — Tous les Chefs de postes sont Officiers de po¬ lice judiciaire (décret du 23 mars 1909). A ce titre et également comme commissaires de police, ils constatent les crimes, délits et contraventions en recherchent les auteurs, en rassemblent les preuves et livrent les coupables aux tribunaux compétents. Ils sont les auxiliaires des Procureurs de la Ré¬ publique et des Juges de Paix à compétence étendue. C. — Police militaire. — La Gendarmerie participe à l'Administration des réservistes européens de toutes armes et de tous grades dans les condi¬ tions comparables au même service dans la Métropole. Elle est en corres¬ pondance, à ce titre, avec les Bureaux de recrutement de Hanoi et Saigon. Les divers postes et brigades prêtent leur concours pour le maintien de l'ordre dans les Conseils de révision de recrutement indigène et pour l'ache¬ minement des conscrits sur leurs régiments. En cas de mobilisation, ils fournissent des pré votés aux unités en cam¬ pagne et contribuent, sous la Direction des Chefs de province à assurer l'or¬ dre public. Enfin, comme Officiers de police judiciaire, les Chefs de poste, sont les auxiliaires des commissaires du Gouvernement près des tribunaux militaires permanents de Hanoi et Saigon, pour l'exécution d'informations ou de com¬ missions rogatoires de leur compétence. — 136 — D. — Services divers. — Dans certains postes dépourvus de médecin ou de vétérinaire le gendarme est chargé de la visite des viandes à l'abat¬ toir. En d'autres il cumule ses fonctions avec celles d'agent de paiement ou de porteur de contrainte. En pays de protectorat il est huissier. Dans quelques régions éloignées notamment en pays Moï, des gendarmes sont délégués administratifs. Ils représentent directement l'administrateur auprès des Chefs indigènes et sont dotés de pouvoirs étendus. Certains remplissent les fonctions d'agents forestiers et perçoivent en cette qualité toutes les redevances sur les produits de la forêt. Ils sont encore contrôleurs du travail (plantations d'hévéas de Cochin- chine) garde meubles, etc... Enfin, en Cochinchme la gendarmerie assure l'instruction militaire et pro¬ fessionnelle de la Garde civile dont elle contrôle la régularité du Service. A ce titre, les Gendarmes participent à la surveillance des détenus, veillent à l'application des règlements pénitentiaires, à l'anthropométrie, sont gar¬ diens des dépôts des armes de chasse et dirigent les Services d'incendie des provinces. 1 UNE ENQUÊTE DANS UNE PAGODE GENDARME SECOURANT UN BLESSE m'- ' ' mm wt . :r • 1 />;•' Chapitre X CONCOURS APPORTE PAR L'INDOCHINE A LA METROPOLE PENDANT LA GUERRE 19144918 Pendant la Guerre 1914-1918, l'Indochine a contribué à la défense de la Métropole attaquée, par de nombreux envois de personnel et de ma¬ tériel. I. — Personnel. Le personnel a servi soit dans des Unités combattantes ou il s est vail¬ lamment comporté, soit dans des Unités de travailleurs où il a fourni une tâche qui pour être plus modeste n'en fut pas moins utile. L'effort global s'est élevé à plus de 90.000 hommes. Les releves nomi¬ natifs pour l'établissement du (( Livre d'Or » ont permis d'établir le to¬ tal des envois pour tous les « Pays » et, pour le Tonkin, 1 Annam et la Co- chinchine le chiffre des pertes subies. Voici le détail de ces chiffres . Environ 42.350 hommes effectivement envoyés; Pertes : 1.440. Environ 38.260 hommes effectivement envoyés; Pertes: 1.019. Environ 9.000 hommes effectivement envoyés; Pertes : 405. Environ 2.800 hommes ffectivement envoyés ; Pertes non relevées. Envoi d'environ : 92.410 hommes. Pertes d'environ : 2.864 hommes. Tonkin Annam Cochinchine .... Cambodge Soit au total . . . . II. — Matériel. A. — Artillerie. — L'état de sécurité de notre Colonie a permis de renvoyer en France une partie importante de matériel de guerre comprenant : des mortiers; des canons de tous calibres, des affûts ainsi que les obus cor¬ respondant, des armes et des munitions. Ce matériel fut renvoyé au moment où la France faisait flèche de tous bois et où la question matériel devenait primordiale. 11 se monte à : Batteries de 75 complètes (à 19 voitures par batterie) 9 Canon de 75 sous tourelle avec équipement 1 Batteries de 80 M. complètes 4 Canons de 80 M 94 Canons de 37 m/m 26 Fusils et mousquetons 32.000 Mitrailleuses de Puteaux 80 Cartouches et obus pour canons de 75 m/m et 95 m/m 49.000 Cartouches et obus de côte pour canons de 75 m/m . et 95 m/m 50.000 Cartouches pour armes portatives 1.125.000 Il faut ajouter à ce matériel de guerre : Fflarnachement divers 1.040 Mulets 280 Maquettes en bois de Goi pour confection de monture de fusils et mousquetons 60.000 Cuivre, bronze, zinc, fer 320 tonnes Acétone • • 53 — Méthylène • • . . 44 — Poudre en vrac 54 — B. — Intendance. — Pour la nourriture des troupes indigènes, des denrées alimentaires ont été expédiées en France et en Sibérie. — Le tableau ci-des¬ sous fait ressortir le détail de ces envois. DÉSIGNATION DES DENRÉES ESPÈCE DES UNITÉS 1916 1917 1918 1919 TOTAUX Paddy Kgs 2.967.987 )> » » 2.967.987 Haricots )) )> 1.396.716 1.774.480 3.012.686 6.183.882 Graines de ricin )) » 235.809 97.802 1.096.429 1.430.040 Huile de ricin . • )) » 17.136 )) » 17.136 J hé » 3.000 49.895 8.200 )> 61.095 Niioc-mam Litre )> 26.514 5.495 » 32.009 Paddy Kgs )) 7) 12.590 » Riz )) )> )) 24.852 » Haricots )) » )) 1.000 » Thé )) » J) 1.043 » Sucre )) » )) 13.090 )> Café )) )> )) 10.294 » Biscuit )) » )) 8.470 » Conserves de vian¬ . de )) » ;) 3.463 » Vin Litre » )) 10.263 » TABLE DES MATIÈRES Pages Chapitre I : Organisation . 5 Organisation générale actuelle 6 Constitution des Troupes *0 L'instruction — La vie journalière 12 Forces supplétives 14 chapitre 11: Les territoires militaires — La police frontière •• 16 Création des Territoires militaires . • 16 Institution de la Police frontière T Organisation actuelle de la défense contre les pirates •• . 21 chapitre III: Recrutement — Relève •• 26 Titre I: Recrutement — Relève (Indigènes) ...•• 26 Recrutement • . 26 Relève • • 33 TlTRE II: Service du Recrutement et des Réserves Européens de l'Indochine. 37 Organisation • • • 37 Recrutement ■ 38 Réserves • • 45 Chapitre IV : Remonte • • 47 Organisation • • 47 Renseignements succincts sur les animaux de traits, selle et bât en service en Indochine • 50 Chapitre V : Service de l'Artillerie • • 54 Historique du Service de l'Artillerie • • 54 Organisation actuelle du Service de 1 Artillerie • - 55 chapitre vi : Télégraphie militaire • • • 59 Historique • • • 59 Organisation 59 Compagnie du Tonkin 59 Compagnie de Cochinchine • 61 — 142 — Pages CHAPITRE VII : Service de l'Intendance • ()2 Ressources indigènes — Relations avec la Métropole 92 Ravitaillement intérieur de la Colonie /0 Réalisation et constitution des approvisionnements •• Annexes ^ CHAPITRE VIII : Service de Santé ■ • 82 TlTRE I: Service de Santé militaire 82 Historique • 82 Organisation actuelle • - • 84 TlTRE II : Participation du personnel médical militaire à l'Assistance médi¬ cale indigène 90 TlTRE III: L'aviation sanitaire en Indochine •• 92 CHAPITRE IX: Participation de l'Armée à la vie économique et politique 102 TlTRE I : Service Géographique ■ • • • 102 Historique 102 Organisation 107 Travaux effectués • 108 1ITRE II : Construction d'un pont Pigeaud à Lao\ay 111 TlTRE III: L aviation militaire d'Indochine et les missions économiques 113 Différentes missions économiques Remboursement des missions économiques Méthode à suivre pour obtenir la collaboration de l'Aviation militaire... Emploi de l'Aviation pour les différentes missions Exemples de missions économiques Annexe : Relevé des principales missions économiques exécutées par l'avia¬ tion d'Indochine 130 TlTRE IV; La Gendarmerie en Indochine 133 Historique 433 Organisation générale 134 Rôle de la Gendarmerie •• 434 Chapitre X: Concours apporte par l'Indochine à la Métropole pendant la guerre 1914- 1918 137 Personnel . .. 437 Matériel 43g CENTRE DE DOCUMENTATION ET DE RECHERCHES SUR L'ASIE DU SUD-EST ET LE MONDE INDONESIEN BIBLIOTHEQUE ERRATA Page Ligne Au lieu de Lire : lo 21 région étrangère. légion étrangère. 12 22 suivant qu'il suivant qu'ils 12 23 ont fait non. ont fait ou non. 20 16 nécessaire. nécessaires. 28 9 Le Gouvernement de la Cochin- Le Gouvernement de la Cochin- chine reparti le contingent. chine répartit le contingent. 29 18 qu'il nous faut relever. qiu'il faut relever. 37 26 4me Bureau. Bureau de recrutement. 37 28 d° d° 44 4 s/officier. sous-officiers. 43 19 4e Bureau. Bureau de recrutement. 63 13 faiciliité. facilité. 63 25 priz du riz. prix du riz. 95 2 l'expérence. l'expérience. 112 3 hardieuse. hasardeuse. 124 24 quelues". quelques. 126 26 inoncdation. inondation. ^ 7 ^ è lo S . IpBj : ■ ilS® ■ i'N r'hp'^, ....... HR. H kSB! <<£- Ï3 -;.;vCi : ??s ; m® mmmmÉmmmmà %'£li •L fcj 'r-',"^ ' '' §J|fliltt; , . " ■ Ms5slfe§^b?£