zà^îÉik wtmm * L'ARTISTE. et/ 05 dans l'entraînement et la verve de son exécution , vous jetait soudain à la tête son instrument ; ou plutôt c'est l'aigle qui en¬ lève Ganimède, et, au plus haut des cieux, le lâche et le brise contre la terre. Ayant e'te' dans l'impossibilité' d'assister au troisième concert, nous laissons à un de nos amis et abonnés le soin de rendre compte de cette séance ; nous serions heureux d'avoir souvent à substituer une pareille plume à la nôtre. Ce troisième concert, à bien dire, se composait seulement de deux symphonies , l'une en mi bémol, de Mozart , l'autre , en ré, de Beethoven. La première, pleine de verve et d'origina¬ lité, nous a révélé ce talent toujours nouveau du grand compo¬ siteur. Tour à tour l'enthousiasme s'est partagé entre les divers morceaux de cet admirable chef-d'œuvre. L'andante, plein de grâce et de mélancolie, transporte l'ame dans ces régions de la rêverie où elle aimerait à s'abandonner, quand tout à coup un scherzo y if et brillant la rappelle aux joies et aux fêtes de ce monde. Cette parti?, toute de verve et d'entraînement, a été rendue avec une fermeté et une précision qu'aucune expression ne saurait définir. L'auditoire , électrisé , l'a redemandée avec d'unanimes transports. Cet admirable succès nous démontre que le nom de Mozart, en vieillissant, s'élève et grandit toujours, et lorsque toutes les "gloires contemporaines n'osent lutter avec le souvenir de Beetho¬ ven , IufstmhestT3iqTOSSés5hmTÎepartàger l'enthousiasme qu'ex¬ citent les chefs-d'œuvre de ce dernier. A ces deux génies appartient le soin d'alimenter le répertoire de nos concerts annuels. La symphonie en ré de Beethoven ter¬ minait dignement cette séance musicale. Nous ne croyons pas. nécessaire de mentionner un concerto de violon exécuté et composé par M. ***, artiste étranger. Tout en rendant justice à la correction et à la pureté de son exécution , nous aurions désiré pouvoir l'admirer moins long-temps, et nous l'engagerons à se rappeler que la brièveté est souvent un grand mérite dans un solo, ce que n'a pas oublié M. Dorus, qui nous a fait applaudir de nouveau la grâce et la facilité de son jeu. Un chant de musique soi-disant religieuse, de M. Cherubini, et hurlé plutôt que chanté, nous a confirmé dans l'opinion que la musique sacrée exige dans le compositeur comme dans ceux qui l'expriment une dose suffisante du sentiment religieux, sans lequel et musique et exécution ne sont qu'une triste pasquinade. Il y aurait à ce sujet beaucoup trop, à dire, et les bornes de cet. article ne comportent pas des développemens qui rentrent dans la théorie même de l'art. Nous profiterons de cette circonstance pour- engager MM. lcs membres,directeurs de la Société des Concerts à vouloir bien, s'il est possible, mettre plus de soin dans le choix de leurs mor¬ ceaux. Car, si nous exceptons les deux symphonies, ce dernier concert était certainement inférieur aux premiers. Pourquoi ne nous-avoir pas fait encore entendre quelque morceau de Weber':' Et si l'on tient absolument aux solos, ne peut-on nous faire ap¬ plaudir MM. Thalberg, Brod , Batta ou Franchomme? Espé¬ rons aussi que le souvenir du chœur sublime d'Idoménée exé¬ cuté au premier concert, engagera MM. les directeurs à nous faire admirer encore cette belle composition, ou toute autre écrite dans un même style et d'un même sentiment. T. NAPOLEON, POÈME, EAE EDGAR QIJINET. De jeunes litte'rateursootpassé leBhin pour aller se faire initier aux sciences occultes de l'Allemagne. Ce pèlerinage achevé, ils viennent nous proclamer une régénération littéraire et philoso¬ phique. Ils se croient des hommes de génie, parce qu'après avoir oublié la langue de leur patrie, ils parlent un jargon incompré¬ hensible. M. Edgar Quinet est à leur tête; il se distingue de tous les autres par une plus grande bizarrerie dans ses conceptions et dans son-stylïï.-Pour'éch3ïïfiïïons d'une nouvelle^ pôésci^FTTîr . introduire chez nous, il a fait deux poèmes, l'un en prose, Ahasvérus, et l'autre envers, Napoléon. Ahasvérus est une véritable apocalypse; l'auteur donne à chaque objet de la na¬ ture une ame et une voix : le désert parle à l'océan , l'océan aux montagnes , les montagnes aux forêts , les forêts aux ani¬ maux ; c'est un immense concert qui..assourdit, ce sont des dia¬ logues prodigieux où l'on ne comprend rien. Un jour peut-être l'auteur daignera nous donner la clef de cette langue mystérieuse. Cependant, quoiqu'on n'y puisse rien saisir de précis, il est facile à ceux qui ont lu les ouvrages de Herder, d'entrevoir que M. Quinet a voulu mettre en poème le système historique de ce penseur. Certes , le poète n'a pas , éclairer les idées déjà si vagues et si paradoxales de l'auteur de la Philosophie de l'his¬ toire. Dans Ahasvérus , M. Quinet avait chanté l'humanité; dans Napoléon, il vient de chanter l'homme individuel, le héros. 11 a voulu donner un démenti éclatant à ceux qui soutiennent que les Français ne sont pas doués du génie épique. Plusieurs critiques , qui nous refusent la faculté de parcourir la carrière brillante et difficile de l'épopée, donnent pour raison , que no- croyances et l'état de nos lumières ne nous permettent pas d'évo¬ quer , comme faisaient les poètes de l'antiquité, les dieux de |«v im 'i- 56 L'ARTISTE. l'Olympe pour les faire intervenir dans les actions humaines. Le chantre de Napoléon propose de remplacer le merveilleux des anciens par un sentiment religieux qui domine tout le poème et fasse sentir partout une main puissante qui se promène sur la tête des héros, dirige leurs bras et trace leurs destinées. Cette nouvelle poétique de M. Quinet ne diffère pas essentiellement de celle des anciens ; seulement, la dernière laisse voir le dieu qui complique et défait les nœuds de l'épopée; dans l'autre, ce dieu est invisible. Mais toutes les deux prennent pour grand res¬ sort épique la sujétion absolue de l'homme à une puissance'su¬ périeure. Nous ne pensons pas que la fatalité, même avec les mo¬ difications proposées par M. Quinct, puisse être heureusement employée dans des poèmes modernes. Les anciens , à qui l'in¬ dustrie , encore dans l'état d'enfance, n'avait pas donné l'em¬ pire du globe, ni le pouvoir de briser les montagnes et de dompter les mers ; les anciens se voyant environnés d'obstacles physiques qu'ils ne pouvaient vaincre, furent naturellement portés à croire à des êtres surhumains qui présidaient à leurs ac¬ tions et secondaient ou contrariaient sans cesse leurs efforts. Ils crurent à la fatalité. Cette croyance devint dans les mains du poète un moyen énergique de remuer les ames. Mais chez nous, il n'y a plus qu'un petit nombre d'esprits , faussés par une phi¬ losophie étrangère, qui croient à la fatalité. L'homme a conquis sa liberté ; après une lutte constante et courageuse contre les élé- mens et la nature entière, il est resté le maître de la terre. La civilisation nous a affranchis ; elle nous a donné la scienee et V;^-dêûFbr7fs^tissattT7mriés(|treh5-Kt»vis'inaîtrisons les flots de l'océan pour nous y promener en Neptunes; nous fouil¬ lons dans les entrailles de la terre pour lui dérober les trésors qu'elle cache ; nous renversons des montagnes de granit pour bâtir des maisons à leur place. Qui peut maintenant ajouter loi à la fatalité , lorsque chaque classe et chaque individu s'efforcent d'acquérir leur indépendance et de se soustraire à l'exploitation des autres ? Néanmoins nous ne pensons pas qu'il faille renoncer au genre le plus élevé de la poésie. L?épopée peut exister sans le merveil¬ leux et la fatalité des anciens; il lui faut seulement une autre croyance populaire qui l'anime et la soutienne dans toutes ses parties. Et nepouvons-nous pas suppléer les moyens épiques des poètes de l'antiquité? N'avons-nous pas à mettre à leur place l'amour de la liberté et l'amour de l'humanité, ces deux grandes passions qui saisissent les cœurs généreux et retentissent aux oreilles des peuples modernes comme deux voix divines qui les appellent à de nouvelles destinées? L'amour de la liberté et l'amour de l'humanité ! voilà la religion de l'avenir, voilà désor¬ mais l'amc de l'épopée, voilà les muses des grands poètes fu¬ turs ! Qui oserait soutenir que ces sentimens sublimes ne trou¬ veront jamais un Homère et n'inspireront jamais une œuvre comparable à l'Iliade ? En littérature comme en politique et en toutes choses, il n'est pas rare de trouver des esprits qui conçoivent de larges et ma¬ gnifiques plans , mais à l'œuvre bien peu se montrent capables de les exécuter. Exécuter! c'est là la grande difficulté. Ce sont les génies seuls qui exécutent comme ils conçoivent. M. Quinet, après avoir commencé par une idée immense, a fini par une exécution mesquine. Dans le plan de son poème , il se proposait de recueillir les traditions populaires que Napoléon avait laissées en France et chez les peuples étrangers. La pensée était belle, elle promettait des épisodes variés , des rapprochements pi¬ quants, des récits d'un vif intérêt. Vous espériez que l'auteur vous introduirait furtivement au milieu des hordes nomades de l'Orient, lorsque le Nestor de la tribu raconterait à ses compa¬ gnons ébahis les hauts faits d'un envoyé du prophète nommé Buonaberdi, dont la gloire éclaira le monde comme un soleil, Ou encore, vous vous attendiez, en parcourant nos campagnes , à rencontrer sous le chaume, couverts de haillons, quelques vé¬ nérables vieillards, restes meurtris de la grande armée, héros sans nom qui firent trembler la terre sous leurs pieds. Eh bien, non ; vous ne trouverez rien de tout cela dans le poème de M. Quinet; il vous a donné de fausses espérances. Au lieu des récits naïfs et imagés des tribus orientales , vous entendez par¬ ler, aux pyramides, au désert, aux montagnes, un langage pan- the'istique où votre intelligence se perd; au lieu de la voix rauque et chevrotante des vétérans de l'armée d'Italie , vous entendez le hurlement d'airain du canon, le chant de Vépée\ et celui du sabre , son digne fiancé ; c'est un fracas épouyan table qui vous brise la tête. A chaque instant votre attention se noie dans un déluge de noms de lieux inconnus, mêlés à des noms de toutes sortes d'animaux réels et fantastiques. L'auteur a transporté dans ses vers une ménagerie criarde d'aigles , d'ai¬ glons , de vautours , de chameaux, de chamelles, de griffons et de bien d'autres encore, qui vous cornent aux oreilles des sen¬ tences hiéroglyphiques. Le mode de versification adopté par M. Quinet n'est pas sans habileté. En commençant, il emploie de petits vers dont le rhythme est vague et incertain, c'est le début de la vie; puis, à mesure que le poème avance, à mesure que les éve'nemens s'ac¬ cumulent et que le héros grandit, le vers s'élargit en proportion et s'élève jusqu'à l'alexandrin. Malheureusement, le ton du poème ne suit pas la même progression croissante ; le poète ne change pas d'intonation; il ne s'anime ni ne s'échauffe jamais davantage ; son chant est toujours uniforme. Cette monotomie ne déplaît pas à tout le monde. Nous, nous la trouvons détestable , parce qu'elle fatigue et ennuie. Du reste, cette uniformité de ton est tout-à-fait systématique; elle résulte de la manière dont l'auteur a conçu son poème. Il n'a considéré que trois choses : le héros, la nature et les peuples ; or , le héros comme instru¬ ment de.la Providence , ne varie jamais; la nature est immuable, ' — L'ARTISTE. et les peuples ne disent rien. M. Quinet fait parler leurs monu- mens pour eux ; excepté toutefois les Espagnols , qui invoquent tous les saints du paradis l'un après l'autre , dans une longue prière singulièrement ridicule. Un de nos critiques les plus ingénieux, M. Sainte-Beuve, fait observer avec justesse que Napoléon est trop rapproché de nous pour qu'on puisse personnifier en lui les temps modernes comme le moyen âge a été personnifié dans Charlemagne. Il faut attendre que le temps vienne obscurcir son existence, grandir sa figure , et ôter à sa personne et à ses actes toutes proportions humaines. Il faut attendre que les légendes populaires viennent l'envelopper de leurs mensonges poétiques, et ceindre son front d'une auréole divine. Certainement, on peut faire un poème ma¬ gnifique avec les souvenirs que nous ont laissés Napoléon et la grande armée ; quelques odes sublimes de Béranger et de Vic¬ tor Hugo , et l'œuvre moins élevée de Barthélémy le prouvent assez. Mais ce poème devrait exprimer les sentimens, les idées, les tendances, tout l'esprit de l'époque qu'il embrasserait. Le Napoléon de M. Quinet ne satisfait nullement à cette condition. Voulant faire une épopée de notre temps, il a été prendre pour modèles les cycles du moyen âge ; pour faire un poème natio¬ nal, il est allé imiter les compositions fantastiques de quelques poètes de l'Allemagne. Quant au style, nous aurions trop à dire si nous voulions Ifi critiquer d'une manière minutieuse. Avec les écrivains du dix-septième siècle , on peut employer une critique de mots : leurs œuvres-sont-si-polies et si palpites qu'on trouve peu de j choses à relever. Mais avec la plupart des écrivains de nos jours, il faut renoncer à toute critique de détails ; la tâche serait trop pénible , on aurait trop à faire. M. Quinet, par exemple , n'a peut-être pas mis quatre phrases d'un pur français dans tout son poème. Les considérations les plus simples échappent aux nc'ologues et aux novateurs de notre époque ; ils n'ont pas compris qu'une langue exprime toute une civilisation , qu'elle résume tout le dé¬ veloppement historique d'un peuple ; que les temps et les c'vé- nemens seuls peuvent la transformer. Ils ont crié bien haut, ces aveugles enthousiastes, tout bouffis d'une érudition grotesque; ils sont venus avec grand bruit et grande emphase nous proposer, quoi ? de revenir à la barbarie, ou de parler une langue étran¬ gère ! Les uns n'ont rien imaginé de plus beau pour les destinées de la France que de nous faire bégayer le langage du moyen âge, ce rudiment de notre langue encore informe et grossière. A quoi nous aurait servi, je vous prie , le sang que nos pères ont versé dans les jacqueries? A quoi nous auraient servi ces grandes ex¬ plosions populaires qui ont brisé d'une manière violente mais sublime les derniers langes de la barbarie? D'autres , pour mettre à profit leurs études sur l'allemand , ont pris à cœur de changer le génie de notre langue. Ils veulent que nous, Français, nous nous fassions Saxons; ils trouvent notre langue trop claire et trop simple. Il est vrai qu'elle met a nu le vide de leurs pensées; clic n'a pas, comme cette bonne langue allemande, des phrases d'une page et demie où l'on peut. à force de mots, donner quelque apparence de grandeur à une idée creuse ou à une ombre d'idée. L'admirable clarté de notre langue, qui est son caractère fondamental et qui l'élève au-dessu s des autres langues modernes , cette clarté, qui établit la supé¬ riorité de notre intelligence ( car une langue sert à déterminer la valeur intellectuelle d'un peuple ), ils veulent nous la faire abdiquer, ils veulent nous la faire échanger pour les ombres de la Forêt-Noire et les brouillards des bords du Rhin. La logique si vive , si nette, si droite de nos philosophes , ils veulent la remplacer par le bavardage stérile des penseurs allemands , es¬ pèce de bouillie philosophique tout au plus bonne à empâter l'esprit. Ces rêveurs mystiques, avec leurs grands systèmes sur la nature des choses et les lois absolues du beau, me font l'effet de ces misérables gueux qui veulent vous révéler pour quelque argent le secret de faire de l'or. Mais les langues ne sont pas comme les systèmes de philoso¬ phie , variables à volonté ; il ne suffit pas des caprices d'un rê¬ veur pour remplacer un idiome national par un jargon qu'il s'est, plu à imaginer pour se donner une plus grande apparence d'ori¬ ginalité. Une langue est l'expression complète des mœurs , du caractère, des connaissances et des opinions d'un peuple. On y ! trouve la juste mesure du degré de civilisation où sont parvcmis ceux qui la parlent. Sans doute elle n'est pas immuable; elle subit comme tout ce qui existe l'action du temps. Maig sa trans¬ formation est l'œuvre lente de plusieurs siècles ; pour lui faire éprouver une modification sensible, il faut des événemens , de nouvelles mœurs, de nouvelles institutions ; il faut qu'un peuple entre dans une nouvelle période historique. Encore ces in¬ novations sont-elles toujours conformes au génie de la langue et à l'esprit national. Un écrivain heureux peut bien, à la faveur de l'admiration qu'il excite, créer et faire adopter quelques ex¬ pressions , mais il n'exerce jamais assez d'influence pour modi¬ fier le langage habituel. Songez que je parle des langues et non pas des littératures. Une littérature peut se diviser en camps, se fractionner en coteries, mais une langue est quelque chose d'indivisible : c'est un fort édifice qui résiste à tous les vents ca¬ pricieux d'une époque; c'est la grande voix de toute une nation qui retentit à la tribune, au barreau , dans les salons, à la halle et dans les rues. Ne trouvez-vous pas absurde qu'au moment où les peuples étrangers étudient le français avec tant de zèle et en¬ voient leurs enfans s'instruire à nos cours publics; qu'au mo¬ ment où notre langue tend à devenir européenne , des écrivains nationaux s'efforcent de l'altérer, de la corrompre et de déna¬ turer son génie pour lui imprimer un caractère étranger? Bcu- 1 58 L'ARTISTE. reuscment que le ton sens public ne s'émeut pas de ces tentatives ridicules et que notre idiome ne cessera pas d'étendre sur le monde son empire en disséminant la civilisation. Marcel Barthe. LES SAINTS ÉVANGILES, PUBLIÉS PAU L. CUItMËR. (-1). Si la comparaison des œuvres de nos contemporains avec celle des grands maîtres nous fait craindre parfois une triste dégéné¬ rescence, en revanche nous avons cette consolation de penser que l'ait se popularise, que les compositions de nos peintres, re¬ produites par la gravure, répandent dans toutes les classes le sentiment du beau et l'intelligence de la forme. Ce qui autrefois était un luxe royal, est maintenant à la portée de toutes les for¬ tunes ; ce qu'il n'était donné de comprendre qu'à un petit nombre de privilégiés , est compris et apprécié par tous. Ainsi, qu'à une époque où la piété multipliait les livres d'é¬ glise , un artiste eut entrepris une édition des Saints Evangiles analogue à celle de M. L. Curmer; qu'il l'eût ornée de naïves vignettes ; qu'il eût prodigué autour des pages les plus riches ençadremens; qu'il eut fait précéder chacun des chapitres de (t) Rue Jointe-Aune . 25. capitales dessinées avec soin ; les liants barons et les nobles dames auraient pu seuls l'indemniser de ses travaux, et son livre,., paré d'une couverture de velours , à fermoirs d'or, n'eût trouvé place que sur les prie-dieu des châtellenies. Aujourd'hui une semblable édition s'adresse à une masse éclairée ; elle tombe dans le domaine commun; elle est soumise au suffrage de tous ceux auxquels l'art n'est pas étranger; et, si nous jugeons par le nôtre du sentiment qu'ils éprouveront, leur approbation ne se fera pas attendre. En effet, parmi toutes les publications de luxe qui ont paru dans ces derniers temps , celle-ci nous paraît devoir occuper une place importante. Les gravures en ont été faites d'après les tableaux de Tony .Tohannot, qui a mis à un haut degré dans ces compositions ce sentiment vif et touchant qui est surtout le caractère de son ta¬ lent. Le texte est placé dans des encadremens qui rappellent heu¬ reusement les vieux manuscrits ; c'est la même variété de mo¬ tifs , la même abondance d'ornemens, et les gravures sur bois de M. Brévière, qui se trouvent intercalées dans le texte, traitées avec beaucoup de soin et de goût, complètent la série de recherches et d'illustrations qui distinguent cette édition des Saints Évangiles. Enfin , nous pouvons dire que, si cette publication est déna¬ turé à plaire surtout aux personnes qui ont conservé la puretés de leurs croyances religieuses, elle est aussi faite pour attirer l'attentîon~des personnes qui n'aiment pans les choses d'art que l'art même. LES ALGUES, POÉSIES , PAR AI. LE BAROW COPPEWS , AVEC CETTE DEDICACE A M. DE LAMARTINE : A Dieu va la prière ; La poésie, à toi ! Nous avons lu ce recueil avec toute l'attention et tout l'inté¬ rêt qui sont dus au début d'un jeune poète, et nous y avons trouvé des vers heureux, souvent faciles, et de belles pensées. Ce sont des méditations , des chants élégiaques , qui seront re¬ cherchés par ceux qui se plaisent aux douces émotions, aux rê¬ veries mélancoliques. Le titre nous paraît d'un heureux choix : les Algues (plantes marines ), livrées par les tempêtes à la merci des flots et jetées m S i \ f ■/ri-S*1- *> : • i , i r \ J •'; "!0 •v >4 • V%M:., ^7 7 f* «Q H' ' s_ .W -j ^3 ^ j»r w