lis 6- MEMOIRES DU SERVICE GÉOLOGIQUE DE L'INDOCHINE VOLUME I FASCICULE I m II ETUDE GEOLOGIQUE DU YUN-NAN ORIENTAL PAR J. O-éoloeues d-u Service Géologique de l'Indochine ' L-LL g F" PARTJE GÉOLOGIE GÉNÉRALE ilSl mmï PAR J. DEPRAT DOCTEUR ES-SCIENCES GÉOLOGUE PRINCIPAL DU SERVICE GÉOLOGIQUE DE L'iNDOCHINE fryjjf,! g î" £ fi fi o g.* CÇ> LO Ni fi S 4 1 O F F' i C £ COLONIAL 0ABO OTT 1EÇ U £ i i m ii'iii>iii im mu i T~— A < ?: tiANOMiAIPliONG i m primerie d'Extrême-Orient i 1 2 vVi» fî«î im- MËmmm ; ■ ^-- ' -, ■ ' 'f v A imm ? p<«- ^:^rï^;si »tSîh^ 1 s 'i;- - „ 7'' $! - - ' -■ ...-""•c " . ,% ' ' ■, ! "*'-• «-■... ■■ ■yry-;"-i- :V..-^ :v V£ " H~ v f'V ' ,v ' r\ • "". ■v- '• ~ \ S;ft HNMPi §K#^ '-'■y;,'/;;■■ -.•/>;•. •-•' - '• * : j». slrss SI - .V *. * j!: „ I '> l - JSL * ^ —M——MMMiHBBBHMMM "T> .#«1 : ÉSIËMw, -MM; ERRATA Page XII ligne 42 lire 1 : 2.000.000 au lieu de 1 : 200.000. Page 9 ligne 46 lire : Trias accidentel au lieu de Trias Occidental. Page 12 ligne 3 après « étude géologique » lire virgule et non point virgule. Page 13 lignes 37 et 38 lire : provoquant la succession qui se sont encombrées. Page 14 ligne 9 lire : correspondent au lieu de correspondant. Page 24 ligne 9 lire: gouffre au lieu de grouffres. Page 25 ligne 12 supprimer le point après Mi-leu. Page 29 ligne 13 lire : virgule après plis et non point virgule. Page 34 ligne 21 lire : Pleistocène au lieu de Pleinstocène. Page 39 ligne 39 lire : 3.000 au lieu de 300. Page 45 lire : Yao-téou et non Lao-teou. Page 92 ligne 35 lire : var. sinensis Kayser au lieu de Mansuy. Page 93 ligne 16 lire : var. sinensis Kayser au lieu de Mansuy. Page 105 ligne 10 lire : Lonsdaleiasalinaria au lieude Lonsdaleia satinaria. Page 110 ligne 30 lire : Athyris cf. subtilita Hall au lieu de Mall. Page 115 ligne 31 lire : Athyris cf. subtilita Hall au lieu de Moll. Page 121 ligne 18 lire : Lithostrotionloatienense au lieu de Lithostrotion loatiensis. Page 122 dernière ligne lire : Chaetetes au lieu de Chactetes. Page 1 45 clans le tableau 4e colonne lire : Scliw. princeps et non princepts. Page 169 note en bas de page lire : Soc. au lieu de Loc. Page 186 ligne 14 lire : changement de faciès au lieu de changement faciès. Page 203 dans le tableau, note n° 2 lire : tia au lieu de tia. Page 204 Ier titre lire : Série néotriasique au lieu de Système, néotriasique. Page 217 ligne 25 lire : très gréseuses au lieu de grès gréseuses. Page 225 ligne 30 lire : var. obsoleta Mansuy au lieu de Fisch et Dautz. ligne 40 supprimer : Melania Aubryana Heude. Page 300 dans la figure lire : Yun-ling-chann au lieu de Yung-tien-chann. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUN-NAN ORIENTAL ! I 1 MÉMOIRES DU SERVICE GÉOLOGIQUE DE L'INDOCHINE VOLUME I FASCICULE I ETUDE GEOLOGIQUE DU YUN-NAN ORIENTAL PAR J. ©EPRÂT et M. MANSUUY Géologues du Service Géologique de l'Indochine I™ PARTIE GÉOLOGIE GÉNÉRALE PAR J. DEPRAT DOCTEUR ES-SCIENCES GÉOLOGUE PRINCIPAL DU SERVICE GÉOLOGIQUE DE L'iNDOCHINE - w\' \. 4u\ ■ > / Hnn i o 'W'CA- j HANOI HAIPHONG Imprimerie d.'Exitr'è m e-O ri e n t Centre de Documentation SUr l'Asie du Sud-Est et le Ni Monde indonésien EPHE VIe Section DIDI mTMFOÏ F a énioirey oénérée/ z)- \jyb(i' au N. à vol d'oiseau. J'ai cherché dans le profil fig. 2 (atlas) à montrer les relations des différents éléments orographiques que je viens de décrire et à indiquer le plus schématiquement possible les causes géologiques dominantes qui ont provoqué leurs aspects. Pour résumer nous dirons qu'une série d'éléments très disparates forment la structure orographique de la région de Mong-tseu : la vallée cristallophyllienne du Pleuve Rouge, le massif en grande partie calcaire de Ko-tiéou (avec Trias occidental dans des l'ailles), le bassin effondré de Mong- tseu, déjà formé et rempli de sédiments pendant la fin du Pliocène et le Pléistocène, comprise entre le massif de Ko-tiéou et le plateau karstique du Léi-kong-chann et de l'Eul-lo-chann qui forme un élément nouveau ; enfin la haute chaîne du Ming-kien-chann forme un autre élément individualisé ; un simple coup d'œil sur le profil fig. 2 (atlas) et sur la carte géologique montre la variété des facteurs génétiques de ces différents éléments orographiques : composition géologique et surtout mouvements épéirogéniques en ont 10 J. Deprat, Géologie générale commandé le modelé, mais les grandes fractures posthimalayennes ont joué auparavant un rôle puissant dont l'influence a en grande partie dirigé, dans un sens déterminé, l'action de l'érosion provoqué par les oscillations verticales. Région triasique de Mi-leu à l'est de la grande zone de fractures d'A-mi-tchéou à Tchao-koua La région que je vais décrire forme une zone très individualisée en raison des formes topographiques particulières qui affectent le Trias. C'est le motif pour lequel je lui ai donné le nom de région triasique de Mi-leu, malgré qu'elle comprenne dans sa partie centrale une bande de calcaire permien. S'appuyant au S. contre le Ming-kien-chann, à l'O. contre les hautes chaînes de la branche N.-S. du Pa-ta-'ho ou Tié- tchen-'ho, elle offre des directions orographiques assez bien dessinées sous forme de chaînons parallèles se relayant, presque tous d'altitude égale, ne dépassant guère i .500 m. Des failles en général parallèles aux plissements rompent par endroits la structure assez monotone de cette région montueuse, mais régulière¬ ment accidentée, couverte de belles forêts de pins. Tandis que dans la région de Mong-tseu les directions orographiques, par suite du jeu des fractures, sont normales ou fortement obliques aux directions tectoni¬ ques (V. Carte tectonique), ici il y a coïncidence entre les deux types d'orientations ; il en résulte que les cours d'eau coulent très régulièrement entre des chaînons allongés rappelant la structure générale du Jura ; des cluses transversales complètent cette impression. L'aspect général est celui de sommets arrondis ; les accidents brusques de grande envergure manquent dans toute la partie orientale de la région triasique formée presque uniquement par les grès grossiers et les schistes argileux du Trias supérieur. Au point de vue du modelé, cette région offrirait un état de maturité très avancée, si les mouvements verticaux récents qui ont provoqué le creusement de la profonde vallée du Pa-ta-'ho qui la traverse, n'avaient ravivé les formes. La fig. 1 (texte) montre nettement l'aspect sénile de la surface avant les cycles d'érosion postpliocènes. Port g Pou Fig. 1. — Lignes de sommets d'altitude égale, à formes séniles, montrant les restes de l'ancienne pénéplaine pliocène du Tsouéi-wéi-chann. Les vallées du Pa-ta-'ho et de ses tributaires profondément encaissées et dont le creusement a ravivé les formes topographiques, sont entièrement sculptées dans le Trias supérieur argilo-gréseux qui occupe toute la figure, sauf le dernier plan formé par les terrains paléozoïques de la région entre le Pa-tien-'ho et le Tié-tchen-'ho. Cette figure a été calquée sur les lignes d'une photographie 13/18. Vue prise de Tong-tchai dans la direction du N.-O, Aperçu géographique Nulle part la région triasique n'offre de système montagneux très puissant ni très continu. Il faut y distinguer plusieurs aspects un peu différents selon que le Trias supérieur existe seul comme élément géologique constituant ou qu'il existe avec le Trias moyen. Au N.-E. de Tehou-yuen et de Mi-leu où le Trias inférieur prend un développement très puissant, l'aspect est celui de la région occupée par le Trias supérieur. Le Trias inférieur et le Trias supérieur étant tous deux essentiellement marneux avec intercala- tions gréseuses, les formes topographiques qu'ils engendrent dans des conditions à peu près semblables sont du même ordre ; mais partout où le Trias moyen, formé surtout cle puissantes assises calcaires, vient affleurer, il introduit dans le paysage une note très différente, caractéristique surtout par l'apparition d'abrupts ou de masses en saillie. Je divise la région triasique de Mi-leu comme suit : i° Zone de plateaux l'aillés bordant le Ming-kien- chann ; 2° Région des collines de Trias supérieur du Pa ta-'ho ; 30 Région des bassins d'effondrement du Pa-tien-'ho ; 40 Seuil de calcaire permien entre Tchou-yuen et Mi-leu ; 50 Région triasique de Mi-leu à Tou-tza. Zone de plateaux faillés bordant le Ming-kien-chann : Comme le montre le profil lig. 3 (atlas) le bourrelet du Ming-kien-chann est limité au N. par une zone de fractures qui ont amené le Trias moyen à s'écrouler et à descendre par échelons vers le N.. Le résultat a été la production d'une série de plateaux doucement inclinés vers le sud, offrant chacun au N. un petit ressaut. cette structure apparaît avec une grande clarté à l'observateur placé dans la région de Tchong-ho-yun. La juxtaposition des calcaires ouralopermiens sculptés en pitons et en dolines et du plateau triasique calcaire ellondi é par échelons engendre une opposition curieuse. Le fragment de carte, fig. 154 (atlas) montre les différences essentielles offertes par ces topographies juxtaposées. Les fig. 3 (atlas) et 2 (texte) sont très caractéristiques à cet égard. Tchong Ho Y un Fig. 2. — Opposition des formes topographiques dans les calcaires du Peimien r. et du Trias moyen t„ dans la région de Tchong-ho-yun. Le premier plan représente le plateau de Trias moyen effondré le long d'un faille qui le met en contact avec les calcaires permiens sculptés en pitons. Aussi bien dans la région de pitons qui flanque le Ming-kien-chann au N. que dans le plateau triasique qui le borde, la circulation souterraine des eaux est intense, et les vallées aériennes peu esquissées ; il est intéressant de constater que cette circulation souterraine est très ancienne et que le réseau hydrographique souterrain a de plus en plus gagné en profondeur à mesure que s'abaissait le niveau de base, ici représenté par le Pa-ta-'ho. La fig. 3 atlas montre les formes topographiques très différentes qui s'échelonnent entre le Ming-kien-chann et le Pa-ta-'ho. Trois éléments topographiques essentiels dominent: les calcaires ou¬ ralopermiens excessivement épais, à faciès karstique, masse confuse de hauts pitons et de dolines de la¬ quelle on passe brusquement, sans transition, sur le plateau calcaire de Trias moyen écroulé vers le Pa- ta-'ho ; enfin leTrias supérieur de la vallée du Pa-ta-'ho forme un troisième élément complètement dillérent auquel on passe aussi très brusquement, car il est écroulé le long de la zone des plateaux. Ici encore, si la bordure nord du Ming-kien-chann présente un haut intérêt par suite de la juxtaposition de formes topo¬ graphiques très variées sur un espace restreint, la cause en est non seulement dans la façon très différente dont se comportent les divers terrains constituants vis-à-vis de l'érosion, mais encore dans le rôle des fractures qui ont amené en contact ces terrains différents. 12 J. Deprat, Géologie générale Le contact de la région de plateaux de Tchong-ho-yun et de Ta-hu-tchai avec les flanquements de pitons calcaires ouralopermiens du Ming-kien-chann se l'ait, non par une fracture unique, mais comme le montrera l'étude géologique; les fractures principales sont accompagnées d'un réseau de petites fractures qui ont occasionné la formation d'une série de bassins fermés localisés entre les plateaux triasiques et la région des pitons. Tels sont : la plaine de Tchong-ho-yun, encombrée d'alluvions récentes, fertile qua- drangle limité par des masses rocheuses stériles ; le bassin de Ta-hu-tchai, grande plaine sans écoulement aérien comme celle de Tchong-ho-yun, avec le lac de Kiou-tzai qui étale dans un décor très beau sa nappe bleue au pied des pitons calcaires abrupts et élevés de la région ouralopermienne et qui apparaît comme un lac de fracture bien déterminé. A l'O. de Tchong-ho-yun, dans la région de Ma-tche-tchao, la zone des plateaux se réduit et disparaît rapidement, parce que la région de Trias supérieur, orientée vers le S.-O., vient dans la région de Tou-pi s'appliquer directement contre la région des pitons ouralopermiens. Le contact se fait toujours par frac¬ ture, mais il résulte delà disparition des grands affleurements de Trias moyen qu'une modification se produit par disparition d'un élément géologique entraînant celle d'un élément topographique. Le Trias moyen n'apparaît plus que localement dans des noyaux d'anticlinaux violemment plissés ou déversés et au lieu des formes de plateaux auxquels il donne naissance plus à l'O. il occasionne des crêtes calcaires saillantes. Ces conditions se poursuivent jusqu'à la plaine d'A-mi-tchéou, dépression fortement l'aillée, prolongeant tec- toniquement le bassin effondré de Mong-tseu. Aux environs de Ma-tche-tchao il existe encore, au contact de la région calcaire ouralopermienne et. de la région triasique, des ombilics nombreux sans écoulement aérien ; un des plus remarquables est l'énorme vallée circulaire en entonnoir de Tse-tsou que je décrirai plus loin. Région des collines de Trias supérieur du Pa-ta-'ho : Au nord de la région de plateaux précitée, la physionomie du modelé change complètement, et brusquement comme nous avons eu l'occasion de l'indiquer, par suite de l'existence d'une puissante fracture (V. cartes géologique et tectonique) qui a provoqué une dénivellation assez considérable pour amener, presque partout dans la région du Pa-ta-'ho, le Trias supérieur à buter contre le Permien inférieur ou l'Ouralien. Cette région composée de grès assez peu résistants, de marnes sèches écailleuses, sans calcaires, offre des caractères absolument différents de ceux que nous avons eu l'occasion d'examiner jusqu'à présent. De grosses bosses schistogréseuses couverts de pins, très surbaissées, offrent un aspect de maturité avancée ; les pentes sont faibles dans les plateaux de Trias moyen étudiés précédemment; dans la-région de pitons, de la bordure du Ming- kien-chann, nous avons déjà rencontré ce caractère de formes peu accusées, aux points culminants d'altitude égale ; seulement les formations particulières à chaque groupe ont provoqué : dans la région calcaire ouralopermienne, une surface rugueuse, couverte de pitons juxtaposés; dans la région du Trias moyen effondré par échelons, des plateaux inclinés ; dans les terrains meubles du Trias supérieur, des collines surbaissées à pentes douces ; et cependant, malgré ces formes adoucies, les terrains sont bien foin d'être horizontaux, les plissements y sont extrêmement accusés, les renversements nombreux, partout il s'agit de surfaces d'érosion anciennes où la surface topographique tranche au vif une structure très com¬ pliquée au point de vue tectonique. La branche orientale du Pa-ta-'ho traverse complètement la région occupée par le Trias supérieur, elle y a creusé une vallée très profonde, où je montrerai plus loin que deux cycles d'érosion se super¬ posent, engendrant, le premier une vallée aux formes déjà un peu adoucies, le second le cycle actuel une deuxième vallée élémentaire aux versants rapides. L'ensemble delà région de Trias supérieur du Pa-ta-'ho offre ainsi le caractère le plus net d'une région modelée par une pénéplénation complète dans un cycle très ancien, vivement attaquée de nouveau par un nouveau cycle qui se décompose lui-même en deux cycles secondaires; et ce renouveau d'activité date de la fin du Pliocène seulement comme le montrent les lambeaux de calcaires lacustres plissés et demeurés en saillie près de Tchong-tchai au-dessus de la vallée du Pa-ta-'ho. On ne peut trouver un exemple plus net de formes adoucies, où une érosion prolongée a provoqué le rabotage complet des anciens reliefs tectoniques. La fig. 1 texte est très suggestive à cet égard : j'y ai calqué les profils d'une photographie 13/18 de la zone de Trias supérieur du Pa-ta-'ho prise de Tchong-tchai ; l'aspect monotone et d'altitude égale des lignes de crête est remarquable ; dans cette région complètement aplanie le Pa-ta-'ho a creusé, grâce au soulèvement postpliocène, sa vallée profonde Aperçu géographique i3 de six à sept cents mètres ; le creusement du reste n'y a pas été continu et le thalweg offre des gorges plus étroites que la vallée supérieure plus largement façonnée ; ces caractères se répètent dans les vallées aflluentes dont le thalweg est souvent creusé en gorges très resserrées. Les pertes si fréquentes dans les formes étudiées précédemment n'existent naturellement plus ici. L'ensemble de ces caractères se maintient dans toute la région occupée par le Trias supérieur. Vers l'O. la surface occupée par les affleurements de cet âge vient se terminer en coin à quelques kilomètres au N. d'A-mi-tchéou, au confluent du Tié-tchen-'ho (branche N.-S. du Pa-ta-'ho) et du Lin-ngan-'ho. Elle se trouve alors en contact par faille avec les masses de calcaires ouraliens ou permiens du bassin du Tié-tchen-'ho, et il en résulte encore des contrastes pittoresques. Vers le N.-E. au contraire la région de Trias supérieur s'étend largement en conservant toujours son caractère de pénéplaine attaquée par un cycle nouveau, mais dont les affleurements constituants sont trop peu résistants pour donner naissance à des accidents bien marqués ; il faut pourtant considérer le cas où à la faveur des plissements intenses qui ont fortement relevé les terrains constituants, la surface d'érosion a rencontré les calcaires du Trias moyen qui occasionnent alors des barres bien arrondies, saillantes. Toute cette zone offre une physionomie bien particulière : la douceur et la régularité des reliefs en contraste énergique avec la profondeur et la sauvagerie de la vallée du Pa-ta-'ho et de ses affluents, les belles forêts de pins qui la recouvrent font de cette partie du Yun-nan une région d'un très grand charme. Elle est habitée surtout par des Méos. D'une façon générale, elle est très peu cultivée. Les forêts de pins sont malheureusement destinées à disparaître peu à peu ; elles ne sont l'objet d'aucune protection de la part des autorités chinoises, profondément insouciantes à cet égard et n'ayant aucune idée d'une exploita¬ tion forestière réglée. Région des bassins d'effondrement du Pa-tien-'ho: La grande aire paléozoïque qui occupe tout le Yun-nan central est en contact par une puissante zone de fractures, qui s'étend d'A-mi-tchéou au-delà de Tou-tza vers le Kwéi-tchéou, avec la région des affleurements triasiques dont nous nous occupons actuelle¬ ment. 11 en résulte qu'on observe tout le long de cette ligne de cassures parfaitement définie et influant nettement sur la topographie une série de bassins formant des plaines en chapelet, limitées à l'O. par une brusque chute des calcaires qui composent les chaînes occidentales, tandis qu'à l'E. les hauteurs adoucies triasiques viennent graduellement se terminer dans ces plaines. La carte hypsométrique montre assez bien l'orientation de cette bordure faillée de la région triasique, mais la distance entre les cotes est trop grande pour permettre aux bassins successifs de s'individualiser. Les profils (fig. 4 atlas) montrent l'allure topo¬ graphique engendrée par ces brutales juxtapositions des terrains différents. Bien que pris à 20 km de distance, ces deux profils parallèles montrent des conditions presque identi¬ ques. Le caractère le plus saillant est la subite dénivellation avec abrupt causée par la fracture qui met en contact la région calcaire carboniférienne et le Trias. J'ai suivi cette faille sur toute sa longueur, et pendant près de 80 km de Kouéi-tien à Mi-leu je l'ai vue se présenter dans les mêmes conditions, jouant dans le paysage un rôle important. Au point de vue de l'économie de toute cette région, elle a joué un rôle non moins influent : la succession de dépressions, les unes sans écoulement comme celle de Pong-pou, les autres drainées par le Pa-tien-'ho se sont encombrées d'alluvions et par suite se sont montrées des points privilégiés pour la culture du riz, d'où l'établissement de nombreux centres habités, exclusivement cantonnés dans ces dépressions ; leur alignement a provoqué une autre conséquence, c'est à dire une grande facilité de passage et l'établissement d'une route de caravanes allant d'A-mi-tchéou vers le Kwéi-tchéou et vers leN. du Yun-nan oriental par Lou-léang. Toute cette région offre un aspect de prospérité, frappant surtout par la distribution des cultures et des lieux habités le long de la zone de fractures, contrastant si vivement avec l'aridité des chaînes calcaires occidentales et des collines couvertes de pins, à peine habitées par des Méos, de la partie orientale ; toute cette bordure effondrée est peuplée de Chinois ; les gros villages succèdent aux gros villages, avec quelques centres très importants comme Pong-pou ou Tchou-yuen. 11 est remarquable que les villages les plus importants se trouvent sur la route même, ce fait s'explique par la grande importance du transit ; en effet, en hiver, c'est à dire à l'époque où les pluies d'été n'ont pas encore détrempé les chemins, ceux-ci sont parcourus sans arrêt par les caravanes descendant soit d'Yi- léang, soit de Lou-léang, soit de Kwang-si-tchéou vers A-mi-tchéou et transportant surtout du charbon de la région de Mi-leu ou du sel en très grandes quantités. J. Deprat, Géologie générale Ainsi la bordure faillée du bassin du Pa-tien-'ho joue un rôle extrêmement important dans les relations commerciales et dans la prospérité agricole de la région. C'est un de ces exemples si nombreux et si frappants du rôle puissant joué par la structure du sol, du retentissement immédiat des conditions géologi¬ ques sur les conditions économiques. Le Pa-tien-'ho a profité de ces dépressions pour gagner le Pa-ta-'ho. 11 passe du bassin de Mi-leu dans l'effondrement que nous venons de décrire par une étroite gorge suivant une l'aille. Les profils fig. 4 (atlas) montrent qu'on peut retrouver sur les flancs des dépressions les traces de cycles d'érosion; ces traces indiquent que la formation des fractures est nettement antérieure au creusement et que avant le début des cycles du Pa-ta-'ho auxquels correspondant ceux du Pa-tien-'ho, la région était presqu'entièrement trans¬ formée en pénéplaine, la région calcaire paléozoïque occidentale surmontant après érosion avec une très faible altitude la région triasique ; en d'autres termes, il y avait juxtaposition d'un plateau calcaire butant par faille contre la région triasique arasée ; lors du relèvement vertical de la région le réseau hydrographi¬ que du Pa-tien-'ho s'est installé naturellement clans la région triasique plus apte à subir un creusement rapide dans les marnes et les grès sableux du Trias inférieur. Contre la fracture aboutissent obliquement les axes des plis de la région triasique orientés à peu de chose près N.-E..11 en résulte que si la fracture elle-même estla cause déterminante des dépressions alignées que nous venons de décrire, d'autre part un système de vallonnements dirigés dans le sens des plis forme un réseau oblique à la direction d'effondrement ; fractures d'un côté et directrices tectoniques de l'autre ont donc guidé l'érosion dans des directions différentes provoquant la formation d'une vallée principale N.-N.-E. ou N.-S. dans laquelle à l'est aboutissent une série de vallées et de chaînons longitudinaux parallèles. Au N. de la dépression de Tchou-yuen le Trias inférieur est suffisamment relevé pour permettre aux calcaires ouralo permiens d'apparaître dans un axe anticlinal important qui forme ainsi une séparation très nette entre le vaste bassin de Mi-leu occupé par des dépôts lacustres et la ligne des bassins effondrés de Tchou-yuen et de Pong-pou. Le Pa-tien-'ho, pour passer du bassin de Mi-leu dans la dépression de Tchou-yuen, a dû franchir ce seuil. Il l'a fait à la faveur d'une fracture presque N.-S. qui lui a permis de s'ouvrir plus facilement passage. Ce passage ayant la forme d'une gorge étroite, la route des caravanes a renoncé à le franchir, et, au lieu de suivre le thalweg de la rivière pour passer de la plaine de Tchou- yuen clans celle de Mi-leu, elle abandonne la rivière pour franchir un col étroit par un affluent du Pa-tien-'ho, offrant une vallée plus largement ouverte. Ici le Trias cesse et avec lui ses formes particulières. Le Trias in¬ férieur notamment, qui affleure avec une grande puissance sur la bordure orientale du bassin de Tchou- yuen est pourvu d'un aspect caractéristique, formé d'une grande masse de marnes remarquables par leur bariolage où dominent les teintes brun chocolat, bleu, rouge et jaune; il forme des pentes dénudées, coupées de petits redans causés par des intercalations gréseuses (fig. 4B atlas) contrastant très vivement avec les à- pics calcaires contre lesquels il bute vers l'O. Plus à l'est, le Trias moyen supplante peu à peu le Trias inférieur et les barres caractéristiques du calcaire triasique à Cœn. vulgciris interviennent dans le passage adouci des affleurements grésomarneux du Trias supérieur; les cotes ne dépassent pas 1.600 m. La carte hypso- métrique, malgré qu'elle soit très schématique, montre suffisamment l'orientation des chaînons triasiques. Dès que l'on a franchi le col signalé précédemment, on redescend par Sin-sao sur la plaine de Mi-leu, nouvel élément d'un caractère différent, vaste bassin effondré comme les précédents, limité à l'O. par le prolongement de la zone de fractures qui a donné naissance à la dépression de Pong-pou et à celle de Tchou-yuen. C'est une grande dépression bordée à l'O. et à l'E. par des chaînons abrupts ; le fond est complètement encombré par des dépôts lacustres et torrentiels de la fin du Pliocène et pléistocènes, d'une centaine de kiml de superficie. Les dépôts lacustres y sont déjà sculptés en collines basses, couvertes de rognons limoniteux, ne dépassant pas l'altitude moyenne de 1.450m. Le Pa-tien-'ho y a creusé une vallée sinueuse, profonde d'une trentaine de mètres. Il paraît que la dépression de Mi leu a été occupée par un lac jusqu'à une époque très avancée, lorsque la partie du Pa-tien-'ho, située au-delà du seuil calcaire qui la sépare du bassin de Mi-leu était déjà individualisée, et à une date relativement récente la partie inférieure atteignant le bassin de Mi-leu, en a réalisé la capture et l'a vidé ; le tronçon supérieur s'est ensuite installé postérieurement dans les dépôts du bassin lui-même en les entaillant. L'examen de la gorge de sortie du Pa-tien-'ho montre que la capture des eaux de l'ancien bassin fermé s'est d'abord effectuée souterraine- ment par la fracture qui drainait ainsi le lac ; le Pa-tien-'ho jouant alors à l'entrée du bassin de Tchou- yuen le rôle de résurgence. Aperçu géographique Seuil de calcaire permien entre Tchou-yuen et Mi-leu : Le seuil calcaire permien séparant le bassin de Mi-leu de la dépression de Tchou-yuen se prolonge au N.-E. vers Kwang-si-tchéou. Au S.-E., il est bordé par la région des hautes collines triasiques déjà décrites ; au N.-0.,une nouvelle région triasique apparaît, allant de la bordure N. du bassin de Mi-leu vers Tou-tza, orientée comme la bande calcaire permienne du Pan-Iong-chann, de sorte que celle-ci se trouve enserrée entre les deux bandes triasiques et forme un chaînon différent par sa topographie, où apparaissent les pertes fréquentes. Région triasique de Mi-leu à Tou-tza: Bordant les vastes plateaux dévoniens situés à l'E. de Lou- nan, cette bande triasique bute par fracture contre ces plate iux, sauf aux environs de Mi-leu et de Tchao- koua. Vers Mi-leu, elle se trouve en coin entre la chaîne calcaire permienne du Pan-long-chann et les calcaires ouraliens de la région de 'Hoa-keuou ; ses caractères topographiques la différencient beaucoup de la région triasique du Pa-ta-'ho. Le Trias supérieur y fait absolument défaut, par contre le Trias inférieur y prend un développement considérable et se montre formé surtout d'une masse énorme de psammites rougeâtres de formations argilogréseuses bariolées ; le Trias moyen y est également représenté avec les calcaires habituels. Ici encore l'ensemble de la région montre des indices d'une pénéplation poussée extrêmement loin dans une zone de plis et de charriages intenses ; à cet égard, il est intéressant de com¬ parer le profil et la coupe fig.5 de l'atlas, une surface sénile arasant les plis d'une tectonique extrêmement complexe est entamée par un nouveau cycle d'érosion : l'aspect général est donné par une série de chaînons d'allure jurassienne avec plis amygdaloïdes allongés, généralement déversés fortement vers le S.-E. et accompagnés de charriages importants dans la région de Mi-leu, les fractures nombreuses en général à peu près parallèles à l'axe des plis ajoutant leur action directrice; cette zone offre des chaînons monta¬ gneux ordinairement peu élevés allongés N.-N.-E., c'est-à-dire dans le sens des directrices des plissements et des zones effondrées étroites parallèles aux chaînons; ces dernières sont occupées par des remplissages alluvionnaires qui en font des points spécialement propres à la culture et par suite bien peuplés (Ta-chouéi- tang, Ngao-tseu). Dans la région située immédiatement au N. de Mi-leu, une série de rivières parallèles coulent dans ces dépressions et viennent déboucher dans l'ancien lac de Mi-leu dont elles ont creusé ac¬ tuellement fortement les dépôts et leur réunion forme le Pa-tien-'ho. La profondeur relativement considé¬ rable de certaines de ces vallées, comme celle de Je-chouéi-tang, est remarquable vis-à-vis de la monotonie du reste de la surface topographique parsemée seulement de pelites buttes très arrondies, offrant une sur¬ face très « mûre ». On circule constamment à l'altitude moyenne de 1.600 m, entre des hauteurs de Trias inférieur gréseux ne s'élevant guère à plus de 50 ni pour voir s'ouvrir brusquement sous ses pieds des vallées à versants très raides, très étroites : telles que la vallée de Je-chouéi-tang. Cette région est assez pauvre au point de vue cultural, sauf comme je viens de le dire dans les petits bassins effondrés linéaires entre les chaînons plissés ; les chemins y sont mauvais par suite du peu de résis¬ tance des matériaux du Trias inférieur qui s'éboulent et se délayent à la pluie ; les accidents topographiques sont multipliés et aucun n'offre d'importance ; le calcaire triasique moyen est trop peu développé, pour introduire une note saillante et surtout il est trop brisé, haché par les plis failles qui l'émiettent pour former des accidents continus. Si, au point de vue de la culture, les conditions sont mauvaises, sauf dans des points particuliers de cette partie de la région triasique qui s'étend immédiatement au N.-O. du bassin de Mi-leu, par contre elle ren¬ ferme de riches couches de houille dans le Trias inférieur, et de bonne qualité, donnant un coke dense et léger. Ces circonstances donnent à toute cette région une animation qui lui ferait défaut sans celà , les exploitations sont assez nombreuses, malheureusement exécutées avec l'insouciance, les procédés défec¬ tueux employés par les Chinois dans l'industrie minière. Une grande partie du charbon se dirige sur Mi-leu ; il est également transporté des points d'extraction dans tous les villages environnants qui l'emploient com¬ me chauffage pendant la saison froide. Le bassin supérieur de la rivière de Mi-leu ou Yi-ko-'ho prolonge vers le N.-N.-E. la région de Je- chouéi-tang. Je n'insisterai pas sur la structure géologique qui est semblable à celle que je viens d'esquisser; le Trias inférieur prédomine dès lors, le Trias moyen étant relégué vers l'E. Le caractère de pénéplation s'accentue de plus en plus vers Ta-kouang-fein, Peu-kiao, et la partie supérieure du Yi-ko-'ho vient, par une très large vallée, aux pentes molles, se fondre par graduation insensible dans l'ancienne pénéplaine. i6 J. Deprat, Géologie générale Le Trias inférieur, ainsi qu'il vient d'être dit, joue un rôle prédominant et ses couches psammiteuses ou argileuses ont donné facilement naissance à des formes de maturité avancée. Toute cette partie haute de la rivière de Mi-leu est médiocrement cultivée, les psammites du Trias inférieur offrant un sol assez peu fer¬ tile et la plus grande partie du terrain est couverte par des forêts de pins sans doute jadis fort belles, aujourd'hui rendues très maigres par les coupes inconsidérées. Le charbon est encore ici la principale ressource ; tout le long du Yi-ko-'ho se multiplient les exploitations clans des couches de même âge que celles de la région de Mi-leu ; les gisements d'I-wan-tchai, Peu-kiao, sont parmi les plus importants ; le charbon est beaucoup utilisé dans la région même pour le chauffage d'hiver et sous forme de coke, dans des appareils de chauffage particuliers, consistant en une cavité quadrangulaire creusée dans le sol de la pièce et communiquant avec l'extérieur par un conduit éliminant les produits cle la combustion. La région des plateaux dévoniens occidentale vient en contact avec la région triasique par une zone de fractures parallèles occasionnant souvent une juxtaposition de terrains variés formant des compartiments limités et provoquant la formation d'une foule cle bassins fermés dont les fractures drainent les eaux, tel que le curieux lac temporaire de Tchao-koua. Cette dépression, au fond absolument plat, se montre occupée par les eaux après les pluies d'été, le goulfre qui lui sert de point d'absorption étant insuffisant pour drainer la totalité des eaux ; au contraire en hiver le lac est entièrement desséché et le chemin de Peu-kiao à Tchao-koua le traverse complètement. Au N.-N.-E., vers Tou-tza, la région conserve les caractères longuement exposés de la région triasi¬ que; une note un peu différente y est localement introduite par l'apparition de calcaires carbonifériens, perçant entre les psammites triasiques à la faveur cle dislocations et surtout de larges bandes de labra- dorites carbonifères provoquant la formation de croupes arrondies comme celle qui porte le village cle Tou-tza. Les gisements houillers du Trias inférieur se prolongent dans cette région. Ainsi, si nous jetons maintenant un coup d'œil d'ensemble sur toute la région triasique du Yun-nan oriental, essayant de synthétiser les analyses locales des formes du modelé, nous voyons qu'en faisant abstraction des accidents secondaires, on peut la définir comme suit : région de terrains très plissés, géné¬ ralement meubles, offrant des formes topographiques très mûres, complètement transformée en pénéplaine au début du Pliocène et reprise depuis par une période d'érosion se décomposant en cycles secondaires, provoquant la formation de vallées jeunes. Sur toute sa longueur, cette région est complètement séparée cle la zone paléozoïque occidentale par une puissante zone de fractures ayant provoqué la formation des bassins effondrés cle Pong-pou, Tchou-yuen, Mi-leu, tandis que des vallées secondaires s'allongent parallèlement aux axes des plissements. Il y aurait là pour une future ligne ferrée d'A-mi-tchéou vers le Kwéi-tchéou un passage facile, son exploitation serait rémunératrice, car elle passerait par des régions prospères, très peuplées dans la section A-mi-tchéou-Mi-leu et ensuite traverserait constamment une des régions houillères les plus riches du Yun-nan et où les qualités de charbon paraissent très supérieures à ce qu'on observe ailleurs. Le caractère cle pénéplanation de cette région faciliterait grandement l'établisse¬ ment et l'entretien de la voie ferrée, et les difficultés principales résideraient surtout entre A-mi-tchéou et Kouéi-tien, c'est-à-dire sur une faible longueur, et nulle part, ne seraient importantes. Région paléozoïque de Po-shi au Sud du parallèle de Yun-nan-fou, entre la région des lacs et la région triasique de Mi-leu Nous venons cle voir la région triasique orientale nous présenter des formes de modelé offrant des groupements dont résultent des aspects généraux appropriés s'étendant sur de grandes surfaces. La région paléozoïque occidentale, (où j'ai compris la partie triasique à l'ouest d'A-mi-tchéou ainsi que des bassins pliopleistocènes), va nous montrer des formes différentes aussi dans le détail, bien qu'un caractère essentiel commun à tout le Yun-nan subsiste, celui d'une ancienne pénéplaine profondément sculptée. Aperçu géographique l~j Multiples sont les aspects qu'offre la grande aire paléozoïque du Yun-nan oriental ; des districts très différents et pourtant difficiles à délimiter vont dérouler leurs paysages en général extrêmement pittores¬ ques devant nos yeux ; cette difficulté de délimitation rend arbitraire la division, pourtant nécessaire, que nous allons employer. Tandis que dans la région triasique nous n'avons pas vu d'altitude supérieure à 2.000 m, ici nous allons voir les cotes croître peu à peu vers le N. à des chiffres élevés et suivant des zones d'altitude régulière¬ ment croissantes comme l'exprime la carte hypsométrique. Je décrirai la région en allant du sud au nord et considérerai successivement : i° Région d'entre Lin-ngan et A-mi-tchéou ; 20 Zone des bassins fermés de la plaine de Mong-tseu à Lin-ngan ; 30 Bassin lacustre de Lin-ngan ; 40 Chaîne entre la région des lacs et la région triasique du Si-chann ; 50 Chaînons de la région du Tié-tchen-'ho ; 6" Plateaux entre Tou- tza et Yi-léang. Région d'entre Lin-ngan et A-mi-tehéou : Bien que cette région contienne encore beaucoup d'affleu¬ rements triasiques, il nous faut la décrire avec la région paléozoïque, car, profondément hachée par les failles, elle offre des blocs triasiques coincés dans les terrains primaires et dès lors les caractères essentiels de la topographie des terrains triasiques se trouvent souvent modifiés ou amoindris par cette juxtaposition. Pour nous rendre compte de la physionomie générale de cette région, montons sur un des sommets du Si- chann, soit sur un de ceux qui environnent Ngan-pien-chao, soit sur un des contreforts du massif de Ko- tiéou. Nous verrons aussitôt que la région se décompose en éléments très disparates : le long du massif de Ko-tiéou apparaît d'abord une longue dépression au thalweg discontinu, s'étendant de la plaine lacustre de Mong-tseu au bassin de Mien-tien, formée de cuvettes parfois sans écoulement, constituant la limite entre le massif de Ko-tiéou et le Si-chann. A l'O. un haut seuil de sommets très arrondis sépare le bassin de Mien-tien de la plaine lacustre vidée actuellement de Lin-ngan. A l'E. une région toute différente se montre entre Ngan-pien-chao et la plaine d'A-mi-tchéou, formée de lignes de collines arrondies, d'altitudes presque égales et par suite monotones. Zone des bassins fermés de la plaine de Mong-tseu à Lin-ngan : Nous avons, à l'occasion de la description du massif de Ko-tiéou, montré que ce massif orienté N.-O. S.-E. était bordé sur la plaine lacustre de Mong-tseu par une zone de fractures ayant occasionné une dénivellation intense. Cette ligne fracturée se prolonge franchement vers le N.-O. en coupant nettement la direction des plis ; elle a provoqué ainsi une dénivellation très forte faisant buter les extrémités des plis triasiques du Si-chann contre les calcai¬ res permiens du Pe-yun-chann (V. carte géologique) ; par conséquent les plis formés de Trias sont brus¬ quement interrompus et prolongés par les plis des calcaires paléozoïques de la partie nord-occidentale du massif de Ko-tiéou ; cet important accident tectonique a provoqué une structure topographique par¬ ticulière : le long du massif de Ko-tiéou et hautement surplombés par ses calcaires ouralopermiens, apparaissent des bassins fermés,alignés suivant des grandes cassures ; ces bassins sont sans écoulement, aux versants assez rapides, leur fond est parfois encombré d'argiles comme les dépressions de Tsi-kay ou de Ta-wou-tchai ; leur superficie est souvent considérable et de belles cultures couvrent leur fond colmaté par des alluvions ; elles ont pu dans certains cas, comme celle de Ta-wou-tchai, être occupées par des lacs pliocènes de dimensions peu étendues ; d'autres fois au contraire ce sont de belles dolines entaillées dans les calcaires permiens comme celles qui environnent le village de Sin-tchai près de Ien-seu-tong (Grotte des hirondelles) et occupées par de merveilleux lacs à émissaires souterrains. La route de Mong- tseu à Yun-nan-fou, ne pouvant passer par le massif de Ko-tiéou, ne pouvant d'autre part circuler sans d'invraisemblables détours dans le Si-chann (i), a emprunté cette ligne de dépression. 11 résulte de la structure ci-dessus décrite que la route depuis Tsi-kay jusqu'à Mien-tien ne cesse de gravir des seuils peu élevés et de redescendre dans des ombilics, soit occupés par des dépôts sableux pliopleistocènes, soit par des dépôts récents. La plus grande de ces dépressions, celle de Mien-tien, et la plus occi¬ dentale en même temps, offre les restes d'un grand lac plio-pleistocènes dont les épais sédiments ligni- (f) Les montagnes qui portent ici le nom de Si-chann ne doivent pas être confondues avec le Si-chann qui borde le lac de Yun-nan-fou ou Kouen-yang-'hai. En effet, le terme de Si-chann ou montagnes de l'Ouest est fréquent. i Fig. 3. — Juxtaposition des bandes de calcaire marneux givétien et de calcaire à crinoïdes frasnien à Pugnax pugnus à l'E. de Lan-nin-tsin. Aux premiers plans, collines basses semées de dépressions sans écoulement aérien dans le Givétien, contrastant avec les pitons aigus du calcaire frasnien, sculptés dans l'ancienne surface sénile du cycle de Tsouéi-wéi-chan. photographie panoramique, montre la juxtaposition de deux types de modelé dans des calcaires se compor¬ tant respectivement de façon différente vis-à-vis de l'érosion et cependant offrant un caractère commun, l'absorption immédiate de l'eau de ruissellement pour la constitution d'un réseau hydrographique souterrain très important. Cette zone de pitons, comme toutes les parties difficilement accessibles du Yun-nan, est occupée par des Lolos ou des Méos, populations montagnardes très accueillantes si l'on a soin d'éviter de soulever leur méfiance toujours en éveil, situation due aux termes peu confiants dans lesquels ils se trou¬ vent vis-à-vis des Chinois envahisseurs qui les ont peu à peu dépossédés de beaucoup de territoires. A l'E. de cette zone de pitons du Dévonien supérieur qui forme sur la carte une aire bien délimitée apparaît une nouvelle région calcaire limitée à l'E. par la zone de fractures qui borde à l'O. la région triasique du Pa-tien-'ho ; ce sont ici les calcaires compacts à Fusulines qui affleurent, offrant de grands mouvements montueux très arrondis, en barres allongées, alternent avec des plateaux profondément travaillés par l'érosion souterraine, riches en vallées à entonnoirs de type jurassien ; de plus les chaînons orientés N.-N.-E. sont traversés par des cluses normales à la direction géographique, telle que la cluse de 'Hoa-keuou (fig. 157 atlas). Ainsi cette région montagneuse située entre Po-shi et l'effondrement de Mi-leu et que les cartes chinoises désignent sous le nom générique de Che-hoa-chann, nous offre encore une région anciennement transformée en pénéplaine, où les altitudes les plus fortes sont à peu près toutes égales ; elle se différencie des précédentes, parce que dans la plupart des cas précédents nous avons vu ces pénéplaines entamées profondément par des vallées étroites à formes de jeunesse ; ici au contraire les accidents de ce genre manquent, et ceci est uniquement dû à la prédominance absolue des horizons calcaires ; le réseau hydro¬ graphique est presque complètement souterrain; il en résulte une grande monotonie dans la distribution des cotes altitudinales, comme cela apparaît sur la carte hypsométrique. Cependant les variétés lithologi¬ ques sont assez séparées, les calcaires sont assez différents les uns des autres pour avoir dans des conditions semblables donné des modelés différents, tels que les plateaux sans accidents de Dévonien moyen et la bande sculptée en pitons élevées d'altitude égale et en cuvettes fermées du Dévonien supérieur à Pugnax pugnus. Plateaux entre Tou-tza etYi-léang : Vers le N.-N.-E., dans la région de Lou-nan et de Lou-léang, le faciès de plateau se précise de plus en plus ; la circulation des eaux souterraines est intense et les vallées Aperçu géographique 20 aériennes, par contre, offrent des faciès de maturité remarquables. Les terrains représentés s'échelonnent du Dévonien intérieur au Permien supérieur, en formant de longues bandes parallèles ; de puissantes failles, à peu près parallèles aux plissements, c'est-à-dire N.-N.-E., ont introduit de la diversité dans ce paysage si monotone par sa régularité d'altitude, en juxtaposant des terrains susceptibles de donner des formes élémentaires différentes dans le modelé. Les bandes de terrains parallèles et les zones de modelé que nous avons étudiées entre Po-shi et Mi- leu se poursuivent ici avec des caractères analogues : la route de Tou-tza à Yi-léang les recoupe et c'est certainement l'itinéraire le plus intéressant à parcourir pour celui qui voudrait prendre rapidement une idée de la physionomie de ces hauts plateaux. A l'E. ces plateaux viennent en contact avec la région effondrée formée de Trias inférieur qui s'é¬ tend de Je-chouéi-tang à Ta-kouang-fein ; le contact se fait par fractures qui sont le prolongement précis de celles que nous avons signalées plus au S. comme mettant en contact le Trias de la région de Mi-leu. Je-chouéi-tang avec la région paléozoïque calcaire d'entre Mi-leu et Po-shi. Les fractures principales se subdivisent parfois en fractures parallèles N.-N.-E. rapprochées, qui délimitent des compartiments effondrés entre eux, d'où l'apparition dans le paysage tout le long de la région triasique de zones effon¬ drées linéaires où se perdent les eaux. Une étroite bande de calcaire du Dévonien moyen court ainsi de Ho-i à Tchao-koua avec une direction N. N. E. en se dilatant un peu dans la région de Tchao-koua ; cette bande formée de calcaires compacts verdâtres est resserrée entre la région triasique et une bande de schistes marneux, écrasés par compression, appartenant au Cambrien et au Dévonien inférieur. Limitée dans la région de Ho-i à l'E. et à l'O. par des failles, cette bande dévonienne est restée en saillie sous lorme d'une curieuse masse montagneuse auxversants abrupts,le 'Hoa-tong-chann,(2.ooom) que l'érosion rapide a déchaussé en déblayant à l'E. les terrains meubles du Trias inférieur, à l'O. ceux du Cambrien et du Dévonien, meubles également. Le profil fig. 5 (atlas) montre l'allure de cette curieuse saillie calcaire. Vers le N. le 'Hoa-tong-chann se prolonge par une longue bande calcaire, étroite et arrondie, de 2.000m. d'altitude, s'élevant de 200m. en moyenne au-dessus de la haute vallée de la rivière de Mi-leu, c'est-à-dire du plus long des cours d'eau dont la réunion forme le Pa-tien-'ho, et la surplombant par un versant rapi¬ de brisé en échelons, dû à la présence des failles N.-N.-E. A l'O. le complexe cambrien et dévonien inférieur schisto-marneux dans la région de Ho-i, le Per¬ mien supérieur formé de grès et de marnes bariolées près de Hou-Iou-keuou viennent en contact direct avec le Dévonien moyen, soit normalement, soit par faille, soit par transgression, et les eaux drainées dans cette zone cle terrains meubles viennent se perdre le long de la bordure calcaire Le chemin muletier de Mo-tou-tsin à Tou-tza longe pendant longtemps le contact cle la bande calcaire et de la bande schisto- marneuse et gréseuse, et rien n'est plus caractéristique que la série d'ombilics, de dépressions fermées grandes ou petites, qui jalonnent le contact ; dont une des plus importantes est celle de Hou-Iou-keuou, entonnoir au fond duquel se trouve le village ; mais la plus remarquable de beaucoup par son étendue est la dépression fermée de Tchao-koua formant lac temporaire (fig. 158 atlas). Le meilleur moyen de se rendre compte de façon précise de l'aspect de la région des hauts plateaux qui s'étend entre Tchao-koua et Yi-léang consiste à suivre la route muletière, car elle recoupe les mêmes bandes cle terrain que la route située beaucoup plus au S. de Mi-leu à Po-shi et partant donne des lormes topographiques semblables, mais ici les bandes se développent davantage en largeur. Je donne fig. 158 (atlas) un fragment d'itinéraire destiné à montrer les formes absolument différentes du modelé suivant les divers terrains que l'on traverse : ainsi, en partant de Tchao-koua et cle sa bande de collines permiennes gréso-marneuses, à faible pente, peu élevées, on traverse une bande de Dévonien moyen (calcaires à Peronella) suffisamment épaisse pour donner naissance à une bande rocheuse qui se suit très loin vers le N.-N.-E., remarquablement sculptée en dolines et pitons ou murailles ruiniformes ; le passage d une bande de Dévonien inférieur, au-delà de laquelle reparaît le Dévonien moyen, donne une suite de vallonnements aux pentes douces et arrondies dans le premier terrain formé de marnes sèches et de schistes gréseux très marneux, tandis que reparaissent les pitons dans le second ; la réapparition près cle Pa-mao-tseu des marnes du Dévonien inférieur sur une large surface donne de nouveau des mouvements largement arrondis. A. l'E. de Pa-mao-tseu apparaît une zone intéressante par son processus de sculpture ; elle est formée de deux éléments vivement contrastants : entre Ta-hi-ti et Pa-mao-tseu s'étend une vaste dépression 26 J. Deprat, Géologie générale formée de grès sableux extrêmement meubles, au milieu de laquelle surgissent des rochers calcaires escar¬ pés, souvent aigus, apparaissant absolument comme des îles calcaires au milieu d'une mer gréseuse, exactement avec l'aspect présenté par le dessin fig. 4 (texte). fig. 4. — Calcaires ouraliens et artinskiens émergeant du milieu des grès rouges permiens dans la plaine de ta-hi-ti. L'éro¬ sion a déblayé le Permien supérieur formé de grès sableux meubles r,„ déposés transgressivement sur les calcaires permiens rT et ayant enrobé ceux-ci, profondément disséqués par une érosion antérieure au dépôt des grès et pos¬ térieure à l'Artinskien. Vue prise depuis le sentier de Pa-mao-tseu à Ta-hi-ti. La forme des rochers calcaires nous offre, fait remarquable, les restes d'une topographie permienne: en effet, les calcaires sont formés par de l'Artinskien à Martiniopsis injïcita, etc., tandis que les grès sableux appartiennent au Permien supérieur ; l'érosion sculpta profondément les calcaires artinskiens en leur don¬ nant des formes identiques à celles que nous observons aujourd'hui dans la baie d'Along, puis ces formes topographiques ruiniformes furent enrobées complètement par le dépôt des grès du Permien supérieur, l'érosion récente rapide a déblayé facilement en ce point les sables gréseux et les rochers artinskiens ; nous voyons ainsi apparaître à nos yeux une topographie permienne sortant des grès sableux qui la mas¬ quaient, absolument comme une Pompéi sortant des cendres qui la protégèrent tout en l'ensevelissant. Vers le N., c'est-à-dire vers Lou-léang, le déblaiement est beaucoup moins complet et la surface topographique apparaît au contraire monotone ; ce sont de grandes collines à pentes douces, souvent même de vastes étendues plates, sculptées dans les marnes et les grès sableux, remplies d'étangs ; riches en gisements de sel et de gypse ; Lou-léang s'élève dans cette région très aplanie. Poursuivant vers l'E., nous voyons apparaître de nouveau le Dévonien supérieur, mais ici les calcaires à Pugncix pugnus si caractéristiques, sculptés en pitons, que nous avions rencontrés entre Mi-leu et Po- shi, n'existent plus, et une importante variation de faciès a transformé ici ces calcaires spathiques et durs en marnes calcaréogréseuses qu'accompagnent d'autres horizons du Dévonien supérieur, tous formés de grauwackes ou de calcaires marneux ; c'est la zone de collines très surbaissées, au bord de laquelle s'élève le village de Ta-hi-ti; la route circule dans cette région de Dévonien supérieur, à laquelle fait suite à l'E. une bande de Dévonien moyen, à travers un grand plateau monotone qui va se souder au N. au plateau permien de Lou-léang. Cette zone dévonienne se heurte à l'O. par une ligne de fracture au Carboniférien et au Permien qui s'étend largement vers le N.. C'est la région de Lou-nan et de Tien-sen-kouang, très remarquable au point de vue des phénomènes karstiques : par endroits les calcaires criblés de gouffres, creusés de dolines, sculptés en ruines couvrent des étendues immenses, à une altitude normale de 2.000 m. La plupart des cours d'eau se perdent très rapidement. Deux vallées aériennes seulement se montrent bien indiquées dans cette région : l'une, celle de la rivière de Lou-nan se dirige vers le S.-E., dans la direction des plis, puis brusquement s'approfondit en une gorge extrêmement étroite où la rivière descend de chute en chute jusqu'au Tié-tchen-'ho; la seconde, celle du haut Pa-ta-'ho qui porte dans cette section le nom de Si-chann-ta-'ho, traverse normalement le prolongement septentrional de ce plateau en y entaillant au N. d'Ho-mo-tchan un canyon extrêmement profond. Des fractures parallèles ou presque parallèles à la direc¬ tion N.-N.-E. des axes des plis découpent cette région de calcaires en paliers gigantesques. Les couches y sont très peu plissées, souvent même dans le même plan pendant plusieurs kilomètres ; la coupe géologique fig. 47 atlas, à laquelle je prie le lecteur de se reporter, montre parfaitement la structure de cette région. L érosion a parfois ciselé la surface des calcaires d'une façon étrange, comme dans les aiguilles d'Ho-mo- tchan ou de Touan-sin-chao (Voir Che-pan) qui rappellent les menhirs bretons. Aperçu géographique 27 Région paléozoïque des lacs La région des grands lacs va nous offrir de nouveaux types de paysages très différents des précédents. Le type de lac de fracture y apparaît avec l'évidence la plus absolue ; l'alignement généralement presque rectiligne et le parallélisme des rives des lacs, la raideur de leurs versants, tout montre que les fractures ont joué dans la lormation des lacs un rôle absolument prépondérant ; la géologie, du reste, vient complète¬ ment corroborer cette impression, en nous montrant ces dépressions situées sur le trajet de grandes failles cl allure générale N.-N.-E. De hautes chaînes parallèles à leur alignement, enveloppent ces lacs, chaînes dont la complication au point de vue tectonique est extrême. La direction de ces lacs, tous plus longs que larges, est identique ; tous s'allongent vers le N.-N.-E., sauf le Ki-lo-hou ou lac de Tong-'hai. Les lacs du Yun-nan forment au point de vue pittoresque une région privilégiée, surtout les lacs orientaux, dont le plus majestueux est sans contredit le Fou-sien hou ou lac de Tch'eng-kiang qui est une véritable merveille. Je décrirai les régions en allant de l'est à l'ouest et considérerai successivement : i° Chaînes entre le Tie-tchen-'ho et les lacs orientaux; 2° Zone des lacs orientaux ; 30 Zone de plateaux et collines à l'ouest des lacs orientaux ; 40 Lac de Yun-nan-fou. Chaînes entre le Tié-tchen-'ho et les lacs orientaux i J'appelle lacs orientaux les lacs de Tong-'hai, Kiang-tchoan, de Tch'eng-kiang et de Iang-tsong ; tous situés sur une même zone étroite qui s'étend de Tong-'hai à Tang-tche, par opposition au Kouen-yang-'hai ou lac de Yun-nan-fou, parallèle aux précédents, mais placé sur une ligne plus à l'ouest. Entre les lacs orientaux et le Tié-tchen-'ho s'élève une puissante masse montagneuse dont je vais donner un aperçu rapide. La principale caractéristique réside dans les vallées extrêmement profondes et d'une remarquable étroitesse qui la découpent en chaînons N.-N.-E. ou N.-E., parallèles ou à peu près pa¬ rallèles à l'orientation des plis traversés obliquement par le Tié-tchen-'ho, et dont plusieurs sont émissaires du lac de Tch'eng-kiang, soit par émissaire aérien, soit par pertes. Je renverrai le lecteur à la carte hypso- métrique et à la carte hydrographique qui expriment suffisamment ces faits. Une première chaîne bien dessinée, le 'Hoang-long-chann, limite au N.-O. le lac de Tong-'hai, formant un arc de cercle dont la convexité est tournée vers le N., cette chaîne ne coïncide pas tout à fait avec la direction des plis qui sont N. E.-S. O., mais tendent cependant à s'inlîéchir vers l'O. Cette chaîne est bordée au S. par la dépression lacustre pliopleistocène de Kouan-in, actuellement transformée en une plaine d'une merveilleuse richesse au point de vue agricole ; formée exclusivement de Moscovien très plissé, cette chaîne offre l'allure ordinaire donnée au Yun-nan par les dépôts de cet âge ; des barres calcaires formées par le niveau moyen du Moscovien constituent des saillies énergiques au milieu des formes arron¬ dies données par les étages des horizons gréseux inférieur et supérieur dont l'épaisseur est énorme. Des ravins très profonds, aux versants très rapides, entaillent cette chaîne avec une direction N.-S. La route de Mong-tseu à Yun-nan-fou emprunte un de ces ravins et monte à flanc de montagne d'une façon très pittoresque jusqu'au village de Tchong-ho-pou. Ici encore apparaît le caractère particulier aux chaînes- yunnannaises : la monotonie des lignes de sommets offrant des formes mûres, tandis que les vallées étroites sont caractérisées par leur aspect de jeunesse, d'autant plus caractéristique qu'il se présente souvent dans les formations gréseuses très meubles qui, pour offrir des versants encore aussi rapides, ont été nécessai¬ rement entaillées rapidement et depuis une époque relativement récente ; nous sommes renseignés sur le début de la période de creusement par les terrasses de la vallée du Kiou-kiang, à son passage dans l'ancien lac de Kouan-in, sculptées dans le Pliocène. L'ensemble de la chaîne ne dépasse pas 2.200 m., la route muletière du Yun-nan-fou la franchit à l'altitude de 2.025 m ; puis redescend à la cote 1.900 dans le vallon abrupt de Cha-pa-keuou à Pé-po-tio, creusé dans les grès sableux bigarrés du Moscovien inférieur. Le revers N. est occupé par les calcaires à Spirifer mosquensis, formant de grands mouvements arrondis remplis de dépressions sans écoulement ; la route la traverse et atteint à sa limite le lac de Tong-'hai ou Ki-lo-hou à l'altitude de 1.820 m. 28 J. Deprat, Géologie générale Les chaînes que nous venons d'envisager s'infléchissent d'une part vers l'O., dans le Yun-nan occi¬ dental, de l'autre, elles se relèvent de plus en plus vers le N.-N.-E., entre le Tié-tchen-'ho et les lacs, mais de façon à recouper le cours de ce fleuve dirigé N.-S. ; leur altitude croît en même temps et quelques points entre Po-shi et le lac de Tch'eng-kiang surpassent 2.500111 comme l'indique la carte hypsométrique. Dans la région de Ninh-tchéou l'ensemble est formé de chaînons parallèles, correspondant à des plis bra- chyanticlinaux et brachysynclinaux généralement déversés vers le S.-E., formés surtout par le Carboni- férien moyen épais au total d'au moins 900111 ; l'érosion guidée par ces plis y a laissé en longues saillies arrondies les calcaires à Fusulinella Locyyi en déblayant les grès inférieurs et supérieurs. A l'E. de Ninh- tchéou les massifs calcaires ouraliens interviennent, formant une longue crête de pitons de 2.400 à 2.500"'. Des cluses, normales à la direction des axes orographiques et tectoniques, entaillent profondément à à l'E., cette série de chaînons parallèles : telle est la vallée de la rivière de Ninh-tchéou, tributaire du Kiou-kiang. Du côté de Po-shi la chaîne s'abaisse rapidement sur la vallée du Tié-tchen-'ho par une brusque dé¬ nivellation de i.300men moyenne. La route de Tong-'hai à Po-shi par Ninh-tchéou franchit cette chaîne à l'altitude de 2.2 70m ; sur le revers occidental, entre Ninh-tchéou et la ligne de crête, elle s'élève autant que possible sur les croupes de grès moscoviens ; sur le revers oriental elle doit descendre rapidement sur les calcaires ouraliens très durs, ce qui la rend particulièrement mauvaise ; la descente sur Po-shi est une des plus mauvaises routes du Yun-nan, où pourtant presque toutes les routes sont mauvaises, quand elles ne sont pas dangereuses comme dans le nord, dans le bassin du Fleuve-Bleu. Ainsi la physionomie générale des chaînes comprises entre le lac de Tong-'hai et le Tié-tchen-'ho peut se résumer ainsi : chaînons parallèles N.-N.-E. avec rare inflexion N.-S., concordant avec les plis, de plus en plus élevés vers l'E. avec chute rapide sur le Tié-tchen-'ho dans la région de Po-shi, avec quel¬ ques gorges normales aux plis. Région ordinairement très pauvre, les grès moscoviens étant complète¬ ment stériles et les massifs calcaires élevés et taillés en masses abruptes où partout affleure la roche ; à titre exceptionnel se présente le petit bassin de Ninh-tchéou, colmaté parles alluvions et installé en rizières. Un fait frappant apparaît ici, rappelant ce que nous avons déjà vu précédemment : c'est la monotonie de la ligne des sommets dont le caractère de maturité est des plus précis. Au N. de Ninh-tchéou, entre le Fou-sien-hou (lac de Tch'eng-kiang) et le Tié-tchen-'ho, les direc¬ tions orographiques prennent une allure un peu différente : les directions tectoniques sont orientées vers le N.-N.-E. et les directions orographiques s'allongent parallèlement à elles; l'ensemble de la région duWan- song-chann et du Wou-tsa-chann est très élevé, se maintenant entre 2.000 et 2.400 m. , avec quelques points au-dessus de 2.500 (entre Tsin-long-kai et le lac de Tch'eng-kiang). Cette région peut être carac¬ térisée de la façon suivante : zone de hauts sommets très arrondis, parfois remplacés par des méplats étendus, accusant une maturité complète, sculptée localement avec un modelé différent, suivant que l'on circule dans le Cambrien ou dans les calcaires ouralopermiens, entaillée par des vallées excessivement profondes, aux versants abrupts, souvent creusées au fond en gorges offrant le type de canyons ; telles sont : la vallée du torrent de Tsin-long-kai, celle du déversoir du lac de Tch'eng-kiang, à peu près allon¬ gées suivant les directions tectoniques ; ici encore, plus peut-être que dans les régions déjà envisagées, l'opposition des formes séniles dans les sommets et des formes de jeunesse dans les vallées est frap¬ pante ; cette masse montagneuse qui s'élève entre le Fou-sien-hou et le Tié-tchen-'ho, apparaît clone comme limitée par des versants abrupts : à l'E. par la gorge du Tié-tchen-'ho, à l'O. par la fracture puis¬ sante, qui borde la longue fosse du lac de Tch'eng-kiang. Des failles d'amplitude énorme ont permis dans ces vallées si rapidement creusées l'existence d'à-pics considérables : souvent, en effet, le Cambrien mar¬ neux vient en contact direct suivant des plans verticaux ou très inclinés avec les masses calcaires ouraloper- miennes, et le déblaiement rapide du Permien,dûau prompt approfondissement des vallées, a donné naissance le long du miroir de la faille à d'énormes surfaces verticales: telles sont les vertigineux à-pics qui se dres¬ sent au N.-N.-E. de Lou-khi où une faille met en contact les calcaires marbres ouraliens et les grès sa¬ bleux moscoviens. Ajoutons qu'outre les fractures radiales, cette région est disloquée d'une façon intense, formée de charriages provoquant des contacts anormaux fréquents (coupe lig. 99 atlas). Donc ici, comme ailleurs, une région profondément plissée, mais arasée, où la pénéplanation offre dans les parties hautes des caractères fortement imprimés, a été de nouveau entaillée par un cycle d'érosion intense, prolongé et récent, qui a provoqué du reste la capture du lac de Tch'eng-kiang ; cette rapidité du creusement est Aperçu géographique 29 attestée par l'étroitesse des vallées : le déversoir du lac de Tch'eng-kiang notamment est un véritable couloir profond en certains points de 8 à 900 111 ; dont la largeur n'excède pas à la partie supérieure, plus d'une centaine de mètres et dans la partie moyenne il n'y a parfois que quelques mètres d'écartement entre les parois. Entre les vallées, les régions aplanies des hauts sommets sont sculptées de façon variable : dans le Cambrien une multitude de rigoles étroites, à versants régulièrement inclinés, circonscrivent des collines monotones aux sommets presque plans ; dans les calcaires ouralopermiens on retrouve la sculpture en pitons et dolines avec gouffres d'absorption ; il y a généralement, par suite des contacts anormaux, failles ou plis failles, juxtaposition de ces types de modelé très différents. Les profils fig. 139 (atlas) montrent d'une façons chématique l'allure de la région entre le Tié-tchen-'ho et le lac de Tch'eng-kiang et l'opposition des formes séniles anciennes aux formes jeunes récentes. Remarquons ici encore que la vallée du Tié-tchen-'ho ayant son cours orienté N.-S.,c'est-à-dire ne concordant pas avec la direction des plis; ses affluents au contraire s'orientent suivant les axes des plis. Ce fait a une importance extrêmement considérable, comme nous le montrerons dans l'étude de la formation du réseau hydrographique. Les chaînons du Wou-tsa-chann traversent obliquement la vallée du Tié-tchen-'ho, entre Yi-léanget Lou-fong-tsouen, pour former les masses montagneuses aux orientations mal dessinées du Hoa-so-chann et du San-tai-chann, d'altitude moyenne de 2.300"1. En réalité, il n'y a pas cle chaînes véritables, mais de gros pâtés montagneux délimités par des affluents de rive gauche du Tié-tchen-'ho orientés N.-E.-S.-O., et dont le plus important est la rivière de Lou-nan. Celle-ci coule d'abord sur le plateau de Lou-nan pour s'engager dans son cours moyen dans une profonde gorge où elle descend en cascades ; puis elle gagne le Tié-tchen-'ho à Lou-fong-tsouen par une vallée très profonde, dans laquelle les cycles successifs d'éro¬ sion sont inscrits d'une façon remarquable et où les vallées élémentaires emboîtées se laissent nettement reconnaître à première vue par la fraîcheur de leurs versants, témoignant ici comme ailleurs de la rapidité du creusement. Ainsi il n'y a pas à proprement parler ici de chaînons orographiques distincts, mais de masses montagneuses dont la délimitation apparente est simplement due à la dissection de la région par les cours d'eau, masses qui, en arrière, vers le N.-E. à l'origine des affluents, viennent naturellement se souder avec les plateaux d'entre Lou-nan et Lou-léang, que nous avons étudiés précédemment. Zone des lacs orientaux : J'ai dit précédemment que je désignais par le terme de lacs orientaux les lacs de Tong-'hai ou Ki-lo-hou, cle Kiang-tchoan ou Sing-yun-hou, de Tch'eng-kiang ou Fou-sien-hou et de Iang-tsong. Ces lacs sont remarquablement distribués sur un alignement presque N.-S. Le lac de Kouen-yang ou Tien-che forme un alignement parallèle à celui-ci. Les lacs orientaux apparaissent nettement comme le produit de fractures puissantes ; les coupes et la carte géologique le prouvent surabondamment ; mais, même en mettant à part les caractères géologiques, ce caractère de lacs de fracture saute aux yeux, lorsqu'on constate la forme de leurs rives généralement rectilignes ou à grandes courbures peu prononcées et le parallélisme de celles-ci. Le lac cle Iang-tsong et le lac de Tch'eng-kiang sont placés rigoureusement dans le prolongement l'un de l'autre et, la carte géo¬ logique le montre, sur le même réseau de failles. La structure géologique est très différente de part et d'autre cle ces deux lacs dont l'effondrement, qui a provoqué leur formation, a été accompagné d'une énorme dénivellation. Comme je le montrerai par l'étude des variations du réseau hydrographique, les grands lacs yunnannais ont été beaucoup plus importants qu'ils ne sont actuellement: ceci cependant s'appli¬ que plus précisément au lac de Kouen-yang dont la superficie a fortement diminué, par suite de sa capture par un affluent du Yang-tseu ; car les lacs orientaux logés dans des fosses profondes aux versants rapides et souvent même abrupts, n'ont guère pu, par suite de leur capture par des affluents du Tié-tchen-'ho, que changer de niveau en diminuant peu à peu de profondeur, mais n'ont que fort peu diminué en surlace. Ce¬ pendant quelques modifications bien visibles ont été apportées localement. Ainsi il est incontestable qu'a¬ vant sa capture par le Tié-tchen-'ho, le Fou-tsien-hou ou lac de Tch'eng-kiang ne formait qu'un tout avec le Sing-yun-hou ; j'ai retrouvé à une hauteur considérable des couches à Margarya montrant qu'à une époque relativement récente il en était encore ainsi. Les lacs de Tch'eng-kiang et de Iang-tsong ont égale¬ ment perdu de leurs dimensions en longueur, comme le montrent les plaines alluviales qui les terminentà cha¬ que extrémité et dues à la fois au retrait des eaux des lacs et au comblement alluvionnaire par des torrents. 3o J. Deprat, Géologie générale Ki-lo-hou : Le Ki-lo-hou ou lac de Tong-'hai est le plus méridional des lacs du Yun-nan oriental (1). D'une superficie d'environ 117 i 3 CD P P' 3s 2 g cr c X. p 2" 3. Er o" Co ' I I 30 P Cfq CD ro- s ;~s CD ^ s a. 3 O "ï ? 5 E s X. a c es Série des grès bariolés et des marnes écailleuses a Ptychopciria yunnanensis Mansuy, Palaeolenus Deprati Mansuy, Bradoria Douvillei Mansuy, Obolus Da¬ mesi Walc., O. chinensis Walc., etc.. 3- S" S"D;. O f p O -s co N S CD a* a' ^ n CD CO CD P* 3r S" 3c O) CD a a. s ? cr — N CD o 33 3 * o P- I n X: cd- Argiles écailleu ses vertes et grès verts à Ptychoparia yunnanensis, Palacolenus Deprati Mansuy, Bradoria Douvillei, Obolus Damesi, O. chinensis, etc.. n C/5 ^ 30 O a. o c-, =r Crq O-* ? 50 ° O cd O 2. a. 3 35 Crq S- CD . co a po- Couches de Spiti à Oryctocephalus Reynol dsi, Zacanthoïdes indicus. CD r, » • a Crq n O Calcaire à Ptychoparia P = 3 SALT-RANGE 03 oo D CD "O P O CD> O o Gïï. 3* crq a 5c o 00 CD 3r s- A. CD C) O c <— -R o C) 3* a =r 2 S ^ ^ ~ a i p- i n Qrq n a- D O p O n p 0 3T — v P Co a* > p n a *a Crq crq 1 p a* co a "a Crq crq 1 CD 3T O (D P P- CD -, •3a 3" a- Q- CD ma- "a T' 3' a- p. d e a ? * a Co o3 2 — ' 'O N- 2 ° 3 B X CD 3 O ^ C—, (yq i i i O -s "V 2- s ï p. a r*l CD CD — co o e £L ^ a Crq "a a- a a. c a 5 2. CD Co a 5 a ^ co a 33 a §;§. I» - CD Crq O o . a CD I n p- O p O 0 0* p 0 33* mi - -, co CD <-) a- CD O- H O 2 O -a « 2" o ■o (0^3- P" ^ O O o c: ? - a -o - crq o crq CD C- - 2 a O en o 2T û. ■T* CD n o " - -t Stratigraphie 69 Système Dévonien Le Dévonien offre au Yun-nan un développement magnifique. Sa grande richesse en horizons lossi- liieres fait que c'est l'étage le mieux connu depuis longtemps. L'expédition française du Mé-kong avait déjà signalé la présence de calcaires dévoniens au Yun-nan et le Dr Joubert avait même figuré comme dévoniens tous les calcaires du Yun-nan, généralisant ainsi d'une façon trop hâtive (f). M. Leclère prospecta ensuite pendant son voyage au Yun-nan plusieurs gisements fossilifères dont les éléments, soumis à M. le professeur Douvillé, permirent à ce dernier de reconnaître la présence du Dévonien moyen et du Dévonien supérieur dans la région de Lou-nan. M. Leclère, comme conclusion de ces déterminations, les étendit à des terrains très différents. La Mission Lantenois a fait beaucoup pour préciser nos connaissances sur le Dévonien yunnanais. Ses belles récoltes de fossiles permirent d'indiquer en de nombreux points la présence soit du Dévonien moyen, soit du Dévonien supérieur; elle reconnut même, avec doute il est vrai, la présence du Dévonien inférieur que nous avons pu préciser. Nos propres recherches nous ont permis de délimiter avec quelque exactitude les différents niveaux dévoniens du Yun-nan oriental et de tracer sur la carte au 1 : 200.000 leur aire d'extension ; des études minutieuses sur le terrain en vue d'établir des séries complètes nous ont permis d'élucider dans tout l'en¬ semble du Dévonien du Yun-nan la présence d'une grande quantité d'horizons fossilifères, s'élevant actuellement à 18. Le Dévonien affleure dans le Yun-nan oriental dans une bande dirigée à peu près N. N. E., traver¬ sant en écharpe le bassin du Tié-tchen-'ho, et dont l'axe passe à peu près par les villes de Lin-ngan et de Lou-léang ; il est ainsi compris dans la région s'étendant entre le géosynclinal triasique sud-oriental et la région des lacs. A l'O. de Po-shi il disparaît complètement et on n'en trouve jamais trace ; de même entre le parallèle de Yun-nan-fou et le haut Fleuve Bleu (2), je n'ai jamais pu rien relever qui se rapporte à un niveau dévonien et le Dinantien est directement transgressif sur le Cambrien, l'Ordovicien ou le Gothlandien. La petite carte très schématique (fig. 21 atlas) montre cette localisation des dépôts dévoniens dans le Yun-nan oriental. Faciès des dépôts dévoniens yunnanais. — D'une façon générale, mais non absolue, c'est la sédi¬ mentation gréseuse, marneuse ou marno-calcaire qui prédomine ; les calcaires francs, compacts, sont l'exception et généralement forment des accidents locaux, qui peuvent atteindre du reste une grande importance comme les calcaires à crinoïdes à Pugnax pugnus d'entre Che-mo et Mi-leu qui, plus au N., passent aux grès schisteux de Ta-hi-ti. Ces variations de faciès sont extrêmement fréquentes et sur une faible distance un horizon change d'aspect lithologique en conservant la même faune. Un fait saillant parce qu'il contraste avec ce que nous avons décrit dans le Silurien est l'importance que vont prendre désormais les formations calcaires coralligènes, par opposition à ce que l'on observe dans le Silurien du Yun-nan où nous n'avons rencontré les calcaires que d'une façon tout à fait accidentelle et par suite où l'absence absolue de polypiers est un fait remarquable. Je ne suivrai pas dans la description des formations dévoniennes du Yun-nan le procédé employé pour décrire les formations siluriennes. Les faunes se montrant peu variables d'un point à un autre, même dans le cas d'éloignemenl considérable, je donnerai d'abord pour indiquer la composition générale du M Françis Garnier, Voyage d'exploration de l'Indochine en 1866-68, Paris, 1873. Géologie, par le D1' Joubert. (A D'après les indications de L. Von Loczy, le Dévonien reparaît très au N. de la région que nous étudions, dans la partie occidentale du Sseu-tchoan ; il offre du reste là beaucoup d'espèces communes avec celles du Yun-nan dans le beau gisement de Hoa-ling-pou. Existe-t-il des gisements dévoniens dans le Léang-wang-chann, formant la transition avec ceux du Yun-nan? la chose est possible, mais nous ne possédons actuellement aucun document sur cette question. 11 est probable que si le Dévonien y existe, il est à l'état de gneiss et de schistes métamorphiques comme celui du Fleuve Rouge dans la région de Man-hao. 7° J. Deprat, Géologie générale Dévonien la coupe très complète que j'ai pu relever au N. de Po-shi, en allant de la vallée du Tié-tchen- 'ho aux crêtes de Ta-ping-pou (fig. 22 atlas) à la hauteur de Siao-ho-keuou. La série des horizons litho¬ logiques s'observe comme je l'indique ci-dessous. D'une façon générale on y recueille toutes les espèces citées, exception faite pour celles qui sont marquées d'un astérisque, j'ai groupé en effet dans cette liste l'ensemble des fossiles que l'on recueille dans toute cette région; c'est en somme une liste compréhensive. Mais les espèces qu'on n'y recueille pas s'observent dans des localités très peu éloignées. d6a Calcaires marneux écailleux 40™ Spirifer tenticulum de Vern. Spirifer curvatus Schl. Atrypa Douvillei Mansuy. *Atrypa arimaspus Eichw. Atrypa desquamata Sow. Rhynchonella Huoti de Vern. et Kays. Rhynchonella letiensis Gosselet. * Rhynchonella gigantea Mansuy. Cyathophyllum Douvillei Frech. Famennien. Frasnien . d6 Calcaires gris pétris d'articles de crinoïdes 40111 Spirifer Verneuili Murch. var. yunnanensis Mansuy. * Atrypa Bodini Mansuy. Spirifer curvatus v. Buch. *Productella Bourguignoni Mansuy. Rhynchonella (Pugnax) pugnus Mart. Rhynchonella (Camarotaechia) convexa Mansuy. * Anastrophia proxima Mansuy. dr,d Calcaire blanc à encrines (horizon de Mo-chien-tsin) f1) ioom Spirifer curvatus v. Buch. Rhynchonella (Pugnax) pugnus Mart. Atrypa reticulciris Linné. Atrypa aspera Dalm. Athyris concentrica v. Buch. Orthis striatula d'ORB. Productus sp. d Calcaire gris marneux à intercalations de calcaire bleu noir compact rempli de : Stringocephalus Burtini Defr. Uncites gryphus Schl. Cyrtina heteroclyta Defr. Murchisonia indt. L'horizon du Givétien montre des bancs littéralement formés de Stringocéphales dont les innom¬ brables sections pullulent sur les surfaces d'érosion. Le Dévonien dans la vallée du Tié-tchen-'ho entre Siun-kien-sseu et Je-chouéi-tang. — La vallée du Tié-tchen-'ho, en sa qualité de tranchée profonde, offre d'excellentes coupes du Dévonien dont elle tra¬ verse avec une direction N. S. les bandes N. N. E. Seulement les séries ne sont pas très continues par suite des actions tectoniques ici très puissantes. De La—li—'hé à quelques kilomètres avant Je-chouéi-tang on observe en suivant la ligne ferrée un synclinal de Dévonien supérieur et de Dévonien moyen, bordé au sud, 76 J. Deprat, Géologie générale dans la dépression de La-li-'hé, entre Ta-long-tan et Siun-kien-sseu par du Dévonien inférieur qu'on observe le long de la ligne ferrée et dont les alluvions masquent les relations avec les autres terrains : d2c Grès jaunes sableux gréseux avec schistes jaunes écailleux à Meristella sp. indt. (horizon de 'He-mo). Au-delà de Ta-long-tan, en amont, la voie ferrée s'engage dans des gorges très profondes. Les couches sont généralement très relevées ; la série stratigraphique après La-li-'hé offre la succession suivante : Frasnien (pars). Givétien (pars) cl 5 c Calcaire rosé fossilifère entre les kilométrages 265 et 266 (') : Paradoceras globosum Munst. Stvliola sp. Atrypa aspera Dalm. Lacune tectonique : d 5 b, d 5 a, cl 5, manquent. d 4 h Calcaire marneux à Stringocéphales : Stringocephalus Burtini Defr. Spirifer undiferus Roem. Spirifer cf. Thetidis Kays. ( ) Spiriferina cristata Schl. var. octopj icata Sow. Chonetes orientales V. Loczy. (j) Cyrtina heteroclita Defr. Atrypa explanata Schl. Orthis striatula Schl. Cupressocrinus sp. Cyathophyllum sp. d 4 a Calcaire rosé à : Conchidium (Sieberella) galeatum Dalm. d 4 Calcaire rosé à : Atrypa aspera Dalm. Cyathophyllum caespitosum Goldf. d 3 b Calcaire marneux noirâtre. Cet horizon que nous dénommons horizon de Si-tchê-yi est bien développé dans la localité du même nom. Il a été étudié très en détail par notre collaborateur M. Mansuy qui y a fait de très importantes récoltes. Les fossiles se trouvent en accumulations assez espacées et dans certains bancs sont réunis à un tel degré que le calcaire devient une lumachelle ; à quelque distance on n'en voit plus trace : Conchidium (Sieberella) galeatum Dalm. Nucleospira takwanensis Kays. Spirifer concentricus Schnur.' Atrypa explanata Schl. Atrypa reticularis Linné. Athyris concentrica v. Buch. Orthis striatula Defr. Plectambonites rhomboïdalis Phill. Strophalosia productoïcles Davids. Dielasma curviroslris Mansuy. Retfa yileangensis Mansuy. Meristella Flayellei Mansuy. Eifélien (') Horizon reconnu déjà par la Mission Lantenois pn 1903- (2) Déterminé d'après la figure de V. Loczy. (3) Id. Stratigraphie Eifélien Megalanteris Archiaci de Vern. Favosites subregularis Mansuy. Favosites sphaericus Hall. Smithia Hennahi M. E. et H. Endophyllum vunnanense Mansuy. Cyathophyllum obtortum M. E. et H. Cyathophyllum Roemeri M. E. et H. Cyathophyllum helianthoïdes Goldf. Cystiphyllum americanum M. E. et H. Cystiphyllum vesiculosum Phillips. Aulopora tubaeformis Goldf. Pachypora polygonalis Mansuy. Stromatopora sp, <'3a Calcschistes marneux à Calcéoles Calceola sandalina Lmk. Cyathophyllum Roemeri M. E. et H. Cystiphyllum vesiculosum Phill. Smithia Hennahi M. E. et H. Streptorhvnchus umbraculum Schl. Au-delà de Si-tché-yi reparaît le calcaire rose à Atrypa aspera Dalm. et Cyathophyllum caespitosum Goldf. d4; puis interviennent des dislocations" nombreuses qui interrompent la série et le passage de la grande taille de Lin-ngan à Lou-nan qui, près de Je-chouéi-tang (v. carte), met en contact le Carbonilerien et le Dévonien supérieur à Atrypa aspera Dalm. Le Dévonien dans la pégion de Po-shi Comme le montre la carte géologique le Dévonien offre un beau développement dans la région de Po_ shi ; ici encore, il est formé de bandes N. N. E. traversant obliquement le cours N. S. du Tié-tchen-'ho. Le Dévonien moyen surtout offre un beau développement entre Po-shi et Wéi-téou-chann ; il l'orme les colli¬ nes arrondies qui bordent à l'E. la plaine de Po-shi comme l'a déjà remarqué M. Lantenois qui y ht de belles récoltes sur la route de Che-mo à Po-shi. Le Dévonien inférieur est bien représenté dans cette ré¬ gion ; j'y ai découvert toute une série d'horizons, notamment près de 'Hé-mo et aussi sur la rive droite du Tié-tchen-'ho à l'O. de Po-shi. Coupe du Kiou-kiang au Tié-tchen-'ho par 'Hé-mo. — Dans le chaînon du Houo-chann, compris dans l'angle formé par le confluent du Kiou-kiang et du Tié-tchen-'ho (Pa-ta-'ho), j'ai relevé une bonne coupe du Dévonien inférieur et de la base du Dévonien moyen (hg. 23 atlas). d^b Calcaire gris bleu foncé compact à Stringocéphales, pendage S. S. O. 450, alter¬ nant avec des bancs plus marneux ; les calcaires gris bleu s'altèrent en se décom¬ posant en larges écailles. J'y ai observé : Stringocephalus Burtini Defr. (formes géantes). Uncites gryphus Schl. Cyrtina heteroclyta Defr. Givétien < Spirifer undiferus Roem. I Spiriferina cristata Schl. var. octoplicata Sow. Productella subaculeata Murch. Megalodon cuculldtus Sow. Dolabra cf. unilateralis Sow. Natica antiqua Goldf. Bellerophon striatus de Fer. et Vern. Murchisonia loxonemoïdes Whidb. 78 J. Deprat, Géologie générale Givétien . / Eifélien Murchisonia bigranulosa de Vern. Pleurotomaria delphinuloïdes Schloth. Aulopora tubaeformis Goldf. ) Fr. Frech: NeuesJahrb. fur. Miner. 1895. Bd. I., p. 53. (3) Etude géographique et minière des provinces voisines du Tonkin. J. Deprat, Géologie générale dans leur faune des affinités dinantiennes, doivent définitivement faire classer les premiers dans le Mosco- vien, par ailleurs du reste très semblable à celui décrit par Loczy dans le Kwen-lun. Ces calcaires mosco- viens sont précédés stratigraphiquement par une énorme série gréseuse dans laquelle interviennent de nouveaux accidents calcaires. Sur sa carte M. Lantenois a marqué cet ensemble entre Lin-Ngan et Eul- K.ai comme « Carbonifère présumé ». Ici les observations de M. Lantenois n'ont pu qu'être forcément incomplètes, puisque des recherches prolongées n'ont pu être faites par sa Mission à qui les circonstances imposaient un tracé spécial. A côté de ses observations très suggestives et très scrupuleuses, M. Lantenois a émis une appréciation que mes recherches ne me permettent pas de conserver ; du reste la chose est d'importance relative ; il faut cependant la souligner parce qu'elle pourrait conduire à des confusions. Il dit (Mission géologique et minière du Yun-nan méridional, op. cit. p. 38) « D'une façon générale, on distingue assez bien les calcaires massifs des différents âges par la couleur, le grain, l'éclat, etc. — Le calcaire de l'âge dévonien est verdâtre, celui du Carbonifère supérieur est noirâtre, ou gris noirâtre, celui du Permien est blanc, ou blanc un peu jaune ; celui du Trias est blanc bleuâtre, marbroïde et avec l'éclat gras. Mais ces distinctions n'ont rien d'absolu ». 11 faut appuyer sur la fin de la phrase de M. Lantenois ; non seulement, ces distinctions n'ont rien d'absolu, mais elles n'existent pas en réalité et ce serait une erreur que de compter sur le laciès d'un calcaire pour avoir une idée de son âge. Il y a des calcaires carbonifères, moscoviens ou ouraliens, très blancs, gris ou noirs, de même que dans le Permien, il y a des calcaires gris foncés ou bleuâtres et que dans le Trias moyen, il y en a de blancs, gris, rosés ou bleutés. Distribution des dépôts moscoviens au yun-nan. — Les dépôts moscoviens offrent leur beau déve¬ loppement au Yun-nan à l'O. du Tié-tchen-'ho ; en progressant vers l'E. dans la région de Lou-nan, de Mi-leu, la partie supérieure seule de l'étage existe et repose directement sur le Dinantien. Je montrerai plus loin que ce fait est dû à une exondation d'une partie du Yun-nan oriental pendant une partie du Mos- covien. Principales divisions du moscovien yunnanais. — Mes recherches m'ont permis d'établir dans le Moscovien yunnanais les grandes divisions suivantes à l'O. du Tié-tchen-'ho ; je donne en même temps les notations que je leur ai attribuées sur ma carte ou dans mes coupes ('). h 2 Horizon calcaire de Lo-a-tien. h 1 Horizon calcaire de Chouéi-tang. h,, Horizon houiller gréseux et calcaire à Spirifer mosquensis d'Eul-kai. h, b Masse des grès supérieurs ; horizon de Lao-wa-tong. h, a Horizon calcaire de Cha-tchong. Masse des grès inférieurs, Horizon de Ie-ma-tchouang. ( Poudingue de base de Sin-tchai. J'ai pu relever des coupes détaillées jusqu'à la latitude de Siun-tien-tchéou ; au-delà les grandes complications de la Tectonique provoquant des disparitions complètes d'assises ne permettant plus d'établir une Stratigraphie aussi précise que dans le sud. Les assises h, et h, b formées presque uniquement de masses puissantes de grès sont généralement très incohérentes et changent rapidement de faciès, passant sur de très courtes distances de grès micacés psammitiques bien-lités à de grossières arkoses. On peut attribuer au Moscovien yunnanais complet une épaisseur approximative d'environ 1200 m. Pour plus de facilités, je décrirai l'étage par régions en commençant par celles où affleurent les horizons les plus inférieurs. (') J ai noté h\ et h- les calcaires moscoviens de Chouéi-tang et Lo-a-tien, faisant commencer l'Ouralien avec A3, au lieu de leur donner une notation afférente au Moscovien parce que si d'une part leur faune est moscovienne, d'autre part ils commencent la grande série calcaire ininterrompue qui envahit l'Ouralien entier. Stratigraphie 107 Région à l'Ouest du Tié-tehen-'ho entre lin-ngan et k.ouan-in. Entre Lin-ngan et la plaine pliopléistocène de Kouan-in, ou plus exactement entre cette dernière et Leng-chouéi-keuou, affleurent largement les horizons h, et h, a. Entre la plaine de Lin-ngan et cette der¬ nière localité M. Lantenois a indiqué sur sa carte le passage d'une bande de « Carboniférien supposé » dans lequel il englobe les schistes luisants de Sin-fang et la série de grès arkosiques et de quartzites qui lui lait suite : (!) nous avons vu antérieurement (p. 48) que cette série appartient à la base du Cambrien et représente l'étage des grès de la base et la série argilo-gréseuse avec du Dévonien inférieur (horizon de Ki-tse-tchong) poussés sur le Dévonien moyen. On n'aborde le Carboniférien moyen qu'au delà de Leng- chouéi-keuou. J'ai montré dans la fig. 168 (atlas) les relations tectoniques de ces diverses bandes de terrains entre elles. h, Grès inférieurs. — La masse des grès inférieurs h, se montre très largement développée entre les affleurements pliocènes et pleistocènes de Kouan-in sous lesquels elle disparaît au voisinage de la vallée du Kiou-kiang. La partie inférieure de l'étage n'est pas visible. C'est une série puissante de 250 à 300 m. de grès micacés extrêmement bariolés, passant par les teintes les plus vives du rouge, du marron, du jaune, à structure entrecroisée décelant constamment l'instabilité des fonds. Ces grès sont mélangés de lentilles marneuses placées d'une façon absolument quelconque et dont aucune n'est susceptible de fournir un repère stratigraphique quelconque. Ces marnes sont violemment colorées en blanc intense, vert, bleu, de sorte que l'ensemble des grès et des marnes profondément entaillé par les ravins offre un aspect des plus étranges par suite du bariolage criard des affleurements presque complètement dénudés. Cette série est absolument dépourvue de fossiles. Le caractère incohérent de ces grès micacés est à remarquer ; fréquemment, ils deviennent de véritables sables agglomérés qui s'effritent facilement sous le pied. Cette formation est largement développée entre Ie-ma-tchouang et Kouan-in ; le chemin muletier la traverse et sous le passage réitéré des caravanes s'y est creusé en tranchée, assez profonde dans beaucoup de points. h, a Horizon calcaire de Cha-tchong. — Une masse calcaire d'un blanc à peine gris, très compacte, épaisse d'une centaine de mètres au moins, borde au S. la zone des affleurements des grès inférieurs. La route de Lin-ngan à Tong-'hai la traverse et s'y engage pendant environ 4 kilomètres : c'est une formation calcaire très régulière et monotone, offrant des parties finement oolithiques pétries de Foraminifères et d'algues calcaires (Girvanella). On l'observe bien entre Péi-po et Cha-tchong ; un peu avant cette localité un torrent, dont le lit sert en même temps de chemin, chose très fréquente au Yun-nan, y a entamé une gorge étroite permettant de bien voir la roche. J'y ai observé : La faune de Foraminifères offre des affinités tout à fait étroites avec celle des horizons moscoviens de la passe de Sa-men-kouan des Ta-tia-chan dans le Kan-sou et de Teng-tian-tching au pied du versant Syringopora sp. Geinit^ella sp. Fistulipora sp. (?) Polypora sp. Girvanella sp. Gyroporella sp. Schwagerina prisca n. sp. Fusulinella Struvii V. Moll. Endothyra parva V. Moll. Endothyra crassa Brady Endothyra Bowmanni Phill. Nodosinella simplex Lorenth. Tetrataxis conica Ehrenb. Climacammina eximia Brady Fusulinella Locgyi Lorenth. Cribrospra Panderi V. Moll. Spirillina plana V. Moll. Spirillina irregularis V. Moll. (•) Dans le texte il indique qu'il conçoit toute la série des terrains de la plaine de Lin-ngan à K.ouan-in comme « cons¬ tituant une seule et même formation géologique stratifiée régulièrement sans accident ». Cette impression provient du charriage du Carboniférien moyen sur le Cambrien (Fig. 168 atlas). io 3 Calcaire gris bréchoïde 25 m. Discordance tectonique. II! Dinantien (Horizon à Spirifer subconicus Martin). Faille. Si a Cambrien : grès verts micacés schisteux à Acrothele orbicularis Mansuy La série des marnes vertes et calcaires gris de 3 à 9 est à peu près dépourvue de fossiles. Les Fora- minifères eux-mêmes sont rares ; dans le niveau 7 j'ai trouvé : Endothyra crassa Brady Valvulina cf. bulloïdes Brady Lingulina sp. Climacammina cf. commuais V. Môll. Tetrataxis conica Ehrb. Dans l'horizon 10 le toit et le mur des couches de houille sont formés de schistes argileux qui n'exis¬ tent qu'au voisinage du charbon et passent à un grès blanchâtre quartziteux, lui-même intercalé dans la masse des calcaires dolomitiques identiques à ceux de Chouéi-tang et contenant en abondance : Chaetetes cf. subradians Mansuy En surface les calcaires 11 sont d'un blanc grisâtre, mais après polissage ils sont d'un beau jaune chamois. Stratigraphie 117 Les couches de charbon sont au nombre de 2, plongeant vers l'O. N. O., épaisses respectivement de 1 m et 2 m 50. Ici encore manquent les calcaires noirs à Spirifer mosquensis d'Eul-kai ; cette coupe rappelle celle de Chouéi-tang, mais il s'y ajoute la série des marnes sèches vertes sans fossiles avec leurs intercalations calcaires, qui paraissent remplacer dans cette région l'horizon des calcaires noirs à Sp. mosquensis. Au-dessus les horizons de Chouéi-tang et de Lo-a-tien forment la base de la grande masse calcaire superposée aux couches à charbon. Ils contiennent : avec de nombreux Gastropodes difficiles à dégager et qui appartiennent à la faune du gisement de Lo-a-tien des environs de Lou-nan, décrit plus loin (V. page). On peut suivre la série des horizons précédents jusqu'au col de Si-yang-tang ou Tsin-chouéi-keuou, les couches charbonneuses sont très constantes et les anciens trous d'exploitation faits par les Chinois se succèdent sur une longueur de 4 km. environ ; l'abandon de ces trous ne provient pas de l'épuisement du gîte ; mais du fait qu'avec leurs procédés rudimentaires d'exploitation les mineurs chinois aboutissent infailliblement à amener l'écroulement en bloc du toit, ils abandonnent alors le gisement. Ainsi dans les points actuellement en exploitation à Eul-long-si-chou, ils déhouillent de telle façon que la masse des calcaires gris dolomitiques à Chaetetes subradians Mansuy surmontant les couches houillères est actuelle¬ ment complètement traversée par de longues fissures parallèles dont quelques-unes commencent à s'ouvrir et qu'une catastrophe est à prévoir. Au N. du col de Si-yang-tang on exploite les couches placées exactement dans les mêmes conditions qu'à Eul-long-si-chou ; la coupe est la même ; je crois inutile d'insister. Région de lang-lin: Le Moscovien offre encore un beau développement dans la région montagneuse à l'E. de lang-lin; il existe dans les chaînons qui prolongent au N. N. E. le Ta-ing-chann (V. carte). La meilleure coupe que l'on puisse relever est celle du Yo-liang-chann, haute montagne isolée de 2.300m. se dressant à l'E. du bassin faillé de lang-lin et formant le flanc N. O. d'un pli anticlinal déjeté vers le S. E. comme le montre la fig. 39 (atlas) (V. supra) et coupé en biseau par la zone fracturée du bassin jadis lacus¬ tre, aujourd'hui marécageux de lang-lin. Le Niéou-lang-'ho qui collige les eaux du bassin de lang-lin s'est frayé un chemin dans les grès rouges h,b qui forment l'axe de l'anticlinal du Yo-liang-chann. Les grès supérieurs h,b offrent une grande extension au S. E. de la plaine de lang-lin dont ils forment les collines de bordure ; toute la région des villages de Ma-fan, Pe-long-tchao, Ta-kouang-ti, Tang-fang jusqu'à Sin-kai-tseu est occupée par eux. La série est généralement très relevée et le pendage voisin de la verticale. La teinte dominante dans les grès est le rouge ; la description de cette série gréseuse serait complètement inutile ; il suffit de se reporter à celle des grès supérieurs de la région de Chouéi-tang pour en avoir une idée très nette ; c'est la même succession de grès rouges plus ou moins arkosiques, mélangés de cordons de galets avec des lentilles de marnes blanchâtres ; l'épaisseur de la série gréseuse h,b est ici énorme et on peut lui attribuer sans exagération un minimum de 400 m ; nulle part on ne voit affleurer les calcaires moyens à Foraminifères h,a. Vers le N. E., cette énorme série de grès moscoviens bute brutale¬ ment contre le Cambrien par l'intermédiaire du prolongement de la faille d'Eul-long-si-chou, elle-même prolongement de la fracture des lacs. La coupe détaillée du Yo-liang-chann, en passant par la vallée du Niéou-lang-'ho, donne en bas (fig. 39 atlas) : ). 2 Basalte permien (Auvergnose). Discordance. h 3-5 Série calcaire ouralienne. h 2-1 Série calcaire (horizon de Chouéi-tang et de Lo-a-Tien). Spiriferina cristata Schl. Athyris subtilïta Hall Schi{odus Malani Mansuy Astartella orientalis Mansuy J. Deprat, Géologie générale 7 Calcaire dolomitique. 6 Grès blanc quartziteux. 5 Calcaire dolomitique. 4 Grès rouge. 3 Calcaire dolomitique. 2 Marnes verdàtres sèches écailleuses. i Calcaire dolomitique. ). i Labradorite (Hessose). Grès rouge compact. Couche charbonneuse. Masse puissante de grès variés, généralement rouges compacts, arkosiques, sableux avec cordons de galets de dimensions variées et lentilles marneuses, d'au moins 400 m. d'épaisseur. Comme ailleurs la série des Grès supérieurs h,b est absolument dépourvue de fossiles. La couche charbonneuse intercalée vers la partie supérieure fournit un mauvais charbon cendreux et riche en pyrite uniquement bon à alimenter des foyers de fours à chaux, comme celui du gisement de Kiéou-tiéou-chann au S. du lac de lang-tsong ; elle se rencontre du reste au même niveau que celle-ci. D'une façon générale tous les niveaux charbonneux que j'ai rencontrés à la partie supérieure des grès rouges h,b fournissent une houille de très mauvaise qualité, inutilisable et n'offrant aucune comparaison avec celle de l'horizon des calcaires dolomitiques h„ (niveau de Eul-kai, Pe-tchen, Ta-che-chan, Eul-long-si-chou, Si-yang-tang, etc.). On a pu voir par la coupe précédente qu'ici le niveau charbonneux manque dans l'étage /i,,. Les calcaires dolomitiques 1, 3 et 5 offrent les Foraminifères déjà signalés au même niveau dans les coupes déjà décrites. L'horizon 7 contient : Orthothetes crenistria Phill. Var. senilis Cyathophyllum sp. Phill. Zaphrentis sp. Chaetetes sp. Nous observons encore ici l'absence des calcaires noirs à Spirifer mosquensis de l'horizon d'Eul-kai et d'Hai-keuou. Les calcaires h 2-1 de la série de Chouéi-tang et Lo-a-tiên contiennent de nombreuses sections de fossiles impossibles à dégager pour la plupart. h,, h, b. Pourtour du lac de Tch'eng-kiang ; environs de Kiang-tchoan, Tch'eng-kiang, Siu—kia-tou, Tsi-long-kai. Le Moscovien prend une part importante à la constitution des montagnes qui entourent la profonde fosse du lac de Tch'eng-kiang. Mais la Tectonique compliquée en beaucoup de points ne permet pas d'y choisir de bons exemples de séries stratigraphiques. Environ de Kiang-tchoan : L'étage des grès supérieurs affleure largement autour de la sous-pré- lecture de Kiang-tchoan et il forme avec l'horizon calcaire h, a et les calcaires ouraliens de longs plis coupés par la fosse rectiligne N.-S. du lac de Kiang-tchoan ou Sing-yun-hou. Les failles qui hachent cette région provoquent de fréquents contacts anormaux. Le faciès des grès h,b de l'étage supérieur est identique à celui des grès du même étage tel que nous l'avons observé à 30 km au sud dans la région de Tong-'hai ; ce sont encore des grès micacés verts ou rouges bien lités ; on les observe bien en suivant le chemin muletier qui longe la rive orientale du lac de Kiang-tchoan. Les calcaires h,a renferment d'une façon générale la faune de Foraminifères que j'ai déjà signalée. Je n'y reviendrai pas. Ce sont les mêmes calcaires blancs, plus ou moins siliceux, souvent très finement oolithiques. Stratigraphie 119 Rive orientale du lac de Tch'eng-kiang : Le Moscovien joue un rôle prépondérant dans l'ossature des chaînons montagneux du Tsien-chann, entre l'extrémité N. du lac de Tch'eng-kiang et l'extrémité S. du lac de Kouen-yang. Une coupe passant par la grande aiguille du Tien-chann et dirigée E. O. montre la succession et 1 allure des couches (fig. 40 atlas). La vallée du Tsin-ning-'ho offre un axe anticlinal pourvu de plissements secondaires dont l'axe est occupé par la masse des Grès supérieurs h,b ; les revers de l'anticlinal sont occupés par la succession de terrains suivante clans laquelle on observe le passage du Moscovien à l'Ouralien. h 3 OuRALtEN calcaire à Fusulina brevicula Schwag. j li2—f Série calcaire (horizons de Chouéi-tang et de Lo-a-tien). Moscovien Labradorite (Hessose) en nappes épaisses de 80m. environ. 1 h, b Masse des Grès supérieurs à teinte rouge dominante, avec cordons de galets i intercalés et couche charbonneuse à la partie supérieure. Nous retrouvons ici à la partie supérieure des grès h, b la couche de mauvais charbon, irrégulière, cendreuse et pyriteuse déjà rencontrée exactement au même niveau à l'O. de lang-lin et à Kiéou-téou- chann à l'extrémité S. E. du lac de Iang-tsong. Nous la retrouverons ailleurs dans les mêmes conditions. Son épaisseur, du reste jamais considérable, varie de 0 m 80 à quelques centimètres et souvent même elle se réduit à des traces charbonneuses ; on ne peut trouver une couche plus mal réglée et de plus mauvaise qualité. On la suit à la partie supérieure des grès rouges h, b jusqu'au N. de Kiang-tchoan, et, sur la rive ouest du lac de Tch'eng-kiang, j'ai trouvé de nombreux poteaux réservant les droits de divers Chinois près de recherches qui, toutes, m'ont montré le charbon de cet horizon dans les mêmes conditions si mau¬ vaises qu'il serait absolument inutile d'y porter quelque attention ; tout au plus dans quelques points le charbon peut-il être employé dans les fours à chaux. Cette série se poursuit avec une grande puissance à l'O. de la plaine de Tch'eno--kiang en formant la belle série de plis couchés vers l'E. S. E. (fig. 101 atlas) formée d'anticlinaux gréseux pinçant les calcaires de la partie supérieure du Moscovien et de la base de l'Ouralien dans des charnières synclinales, l'ensemble dessinant une série de gradins gigantesques nette¬ ment visibles depuis le village de Lou-tchi quand on regarde au nord. Coupe de la plaine de Teh'eng-kiang à Siu-kia-tou : Une autre coupe intéressante de la partie supérieure du Moscovien est celle que l'on peut relever entre la plaine de Tch'eng-kiang et la vallée du Tié-tchen-'ho à Siu-kia-tou (fig. 41 atlas). Les observations sont faciles, car le chemin muletier qui tra¬ verse en ce point la masse montagneuse du Wou-tsa-chann, recoupe presque normalement la direction des plissements. Jusqu'au faîte de la montée, c'est-à-dire jusqu'au point où l'on atteint le sommet du versant O. du Tié-tchen-'ho, on chemine dans une région profondément disloquée, formée d'écaillés charriées portant le Cambrien sur le Carbonifère, et de plus traversée par des fractures; je ne chercherai donc point d'exemple de série stratigraphique sur le versant occidental ; par contre le revers oriental au pied du¬ quel coule le Tié-tchen-'ho dans une gorge profonde offre une coupe très claire. La descente s'effectue d'abord par les grès rouges supérieurs h,b pourvus d'un pendage E. S. E. l'axe des plis étant N. N. E. Leur caractère est toujours semblable, c'est une masse énorme de grès rouges tantôt sableux, tantôt compacts, et vers leur partie supérieure on recoupe le niveau charbonneux que nous avons déjà signalé si souvent ailleurs dans les mêmes conditions. Le chemin muletier qui descend à Siu-kia-tou par Pai-le- tsen recoupe nettement la couche dans laquelle les Chinois ont fait des recherches au bord même de la piste ; ici, comme ailleurs, le charbon de ce niveau est pyriteux, rempli de nerfs schisteux et comme diffus dans le grès ; il m'a paru inutilisable. Puis la descente se continue sur la roche éruptive (labradorite *1) ici épaisse d'au moins 80 à 100 m qui repose directement sur l'horizon h,b. Ensuite le lait remarquable con¬ siste dans l'absence totale de tout le reste du Moscovien et dans le recouvrement directe de la masse de labradorites par l'horizon ouralien h 3 à Fusulina brevicula, F. regularis, etc. Ainsi, il y a vers l'E. lacune dans la partie supérieure du Moscovien, lacune due, comme je le montre¬ rai à une émersion et une pénéplanation antéouralienne de cette région pendant la fin du Moscovien. Du reste, la puissance de la masse labradoritique épanchée certainement à l'air libre paraît témoigner 120 J. Deprat, Géologie générale suffisamment de l'émersion de la région pendant la fin du Moscovien ; à ce sujet, on peut faire une remarque significative, c'est que là où existe avec une grande puissance la série des labradorites moscoviennes, on constate toujours l'absence de l'étage h,,. En résumé la coupe précédente se présente ainsi : k 3 Calcaire ouralien à Fusulines (F. brevicula, F.regularis). \ i Coulées de labradorites (Hessose) d'une épaisseur minima de 80 à 100 m. Il, b Série des Grès supérieurs avec couche charbonneuse intercalée vers la partie supérieure. Près du village de Pai-le-tsen, la coupe est brusquement interrompue par une importante fracture presque N. S. au-delà de laquelle recommence la même série, les grès h,b verticaux étant en contact comme le montre la fig. 41 atlas avec les calcaires ouraliens. La gorge entière du fleuve est entaillée dans ces grès ; c'est un des mauvais points de la ligne ferrée sur laquelle à la moindre pluie s'abattent de formidables éboulements. Vallée du torrent de Tsin-long-kai : Le Moscovien se présente dans la vallée du torrent de Tsin- long-kai où il joue un rôle important. Je n'en donnerai pas de coupes dans cette région car elle est affectée par des dislocations tectoniques intenses et ce n'est pas là qu'on doit chercher des exemples de séries. J'indiquerai simplement en renvoyant le lecteur à ma carte géologique que l'étage est représente surtout par la série des calcaires blancs h, a à Foraminifères et des grès supérieurs h, b offrant le même faciès que dans la région de Ninh-tchéou située à une trentaine de kilomètres au sud. L'étage des grès inférieurs h, affleure dans la région de Tsin-long-kai dans la vallée ; le faciès des grès bariolés est remplacé en partie par des quartzites ou des arkoses très dures, faciès local ; près de la résurgence de Tou-pi, j'ai observé dans des échantillons de calcaire h,a : Tetrataxis conica Ehrenb. Fusulinella Struvii V. Moll. Endothyra cf. crassa Brady Climacammina commuais V. Moll. Dans la partie analytique de la Tectonique, je traiterai d'une façon détaillée de la structure et de l'agencement compliqués des terrains dans cette région. Région à l'est du Tié-tehen-'ho Ouest de Mi-leu. — Le Moscovien manque totalement ou est toujours excessivement réduit à l'est du Tié-tchen-'ho ; du reste l'Ouralien n'y débute que par les couches h*i à Fusulina multiseptata Schellw., c'est-à-dire comme je le montrerai plus loin, que sa base y manque, et cette assise débute nettement par des poudingues dans la région de 'Hoa-keuou où elle repose directement sur le Dinantien h w à Chonetes pcipilionacea (V. ante, fig 34 atlas). Mais, si la série gréseuse fait incontestablement défaut dans la région de Mi-leu, le Moscovien n'est pas tout entier absent et il est partiellement représenté par des calcaires noirs pincés en synclinal dans le Dinantien à i.8oom au N.-N.-E. de'Hoa-keuou, formant un lambeau témoin, sans continuité de part et d'autre, respecté par l'érosion antérieure à la transgression des couches à Fusulina multiseptata Schellw. Ce lambeau contient des fossiles : (1) (!) J'ai recueilli dans ce même gisement les espèces suivantes que j'avais pu identifier sur place à 'Hoa-keuou même et que je tiens essentiellement à citer, bien que par suite de circonstances difficiles, les exemplaires de ce lot aient été égarés : Spirijer cf. Strangswaysi de Vern., Spirifer cf. duplicicostatus Phill., Chonetes cf. Flemingi Nik et Pr. répondant com¬ plètement aux figures données par Loczy de ces formes dans le Sseu-tchoan Stratigraphie 121 Orth.oth.etes crenistria Phill. var. senilis Phill. Hallia sp. Cyathocrinus sp. Poteriocrinus sp. Athyris (Seminula) cf. subtilita Hall Fusulina regularis Schellw. (F. cylindrica auct). Saccamina sp. Tetrataxis sp. Les fossiles sont difficiles à extraire du calcaire avec lequel ils se brisent sous le marteau ; les Fora- minifères ne sont visibles que sur les surfaces polies à la meule. Région de Lou-nan, Tien-sen-kouang, a l'E. e'Yi-léang. Différents niveaux moscoviens affleurent dans la région de Lou-nan, de Tien-sen-kouang, mais tou¬ jours de façon irrégulière, ils ont été en partie, enlevés par l'abrasion antérieure à la transgression oura- lienne; déplus, dans la région de Ta-koa,à l'E. d'Yi-léang les dislocations très considérables interrompent rapidement les séries. Près cle Lo-a-tien affleure sous les calcaires ouraliens un horizon calcaire que nous avons déjà ren¬ contré souvent et que nous avons qualifié d'horizon de Lo-a-tien. M. Mansuy y a recueilli : Cyrtoceras virgatum Mansuy Soleniscus sycumoïdes Mansuy Evomphalus nitidus Mansuy Porcellia Jullidierei Mansuy Euphemus subsphericus Mansuy Bellerophon sp. Murchisonia laevigata Mansuy Pleurotomaria (Mourlonia) propinqua Mansuy Favosites ellipticopora Mansuy Lithostrotion loatiensis Mansuy Heliophyllum vesiculosum Mansuy L'horizontalité des couches ne permet pas de voir le terrain plus profondément en ce point (•), mais près de Tien-sen-kouang, on voit le calcaire dolomitique de Lo-a-tien reposer directement sur le Dinantien schisteux. Au contraire vers l'O. dans la région de Ta-koa, entre cette localité et Ho-mo-tchan, le Moscovien apparaît sous forme de masses de grès et de poudingues avec intercalation de marnes bariolées et de grès calcareux en bancs étroits ; à l'entrée de la grande courbe que décrit le sentier muletier autour de la tête de la vallée du Lou-nan-'ho en venant d'Ho-mo-tchan on recueille dans ces grès : Endothyra crassa Brady Endothyra Bowmcinni Brady Valvulina cf. bulloïdes Brady Textularia sp. Lingulina sp. Bigenerina cf. Bradyi v. Môll. Cette série gréseuse est rapidement interrompue à l'O. à 3 km. de Ta-koa par une fracture qui la met en contact avec le Cambrien formé de marnes et de grès roses à R. chinensis Walc. extrêmement plissé. Le Moscovien reparaît entre Ta-koa et Yi-léang sous forme de grès rouges et de poudingues dont les galets sont rouges dans un grès sableux rouge, affleurant à peu de distance à l'O. de Siao houng-po. Ce lambeau qui appartient à la base de l'étage fi, disparaît rapidement sous le Dinantien grésoargileux à Spirifer subconicus poussé sur lui comme l'indique la fig. 100 (atlas) (V. ante). En résumé, à l'E. d'Yi-léang le Moscovien se montre formé de lambeaux disparates, n'offrant nulle part de série continue par suite de dislocations tectoniques intenses, ou par le fait d'abrasion avant la transgression ouralienne. (1) il faut se garder de confondre avec les étages gréseux moscoviens la formation de grès rouge appartenant au Per- mien supérieur, si développé dans la région de Lou-nan. 122 J. Deprat, Géologie générale Le Moseovien au nord de Yun-nan-fou Entre Yun-nan-fou et le haut Fleuve Bleu le Carboniférien moyen joue un rôle important clans la structure des chaînons montagneux, surtout clans la série des plis parallèles à long parcours entre Cheng- cha et Ta-houen (V. carte géologique). C'est la série des grès supérieurs h,b qui affleure, avec les cal¬ caires dolomitiques de l'étage h,,. Ici, le faciès des grès supérieurs diffère peu de ce que nous avons observé dans le sud. La meilleure coupe à relever est celle que l'on peut étudier entre Pa-long-tchin et Lou-lan . Coupe de Pa-long-tchin à Lou-lan : En sortant de Pa-long-tchin et en se dirigeant vers le sud, on traverse d'abord une grande masse de calcaire ouralien transgressif sur le Moseovien, puis au bas de la grande descente dans la belle forêt de pins d'aspect provençal qui s'étend jusqu'aux environs de Lou- lan, on circule sur les grès bariolés h,6 à pendage N. O. très épais, puis apparaît un anticlinal de calcaire h,a orienté N. N. E. à retombées régulières, de l'autre côté duquel reparaît l'horizon gréseux h,b ; les calcaires de teintes grisâtres contiennent : Gyroporellci sp. Schwagerina prisca n. sp. Fusulinella Struvii v. Moll. Enclothyrci cf. crassci Brady Climacammina eximia Brady Tetrataxis conica Ehrenb. Les couches de l'horizon h,b qui viennent ensuite offrent un pendage régulier vers le S. S. E. ou le S. E. jusqu'à Lou-lan. Elles forment une série de couches bien litées. L'ensemble de la coupe s'offre ainsi : 12 Basalte permien. 16 Calcaire dolomitique à Cliaetetes sp., Favosites sp 70 m 15 Marne bleue 14 Grès quartziteux 13 Marne bleue 12 Banc de grès sableux grossier à plantes 11 Marne bleue verdâtre 10 Banc de grès sableux grossier à plantes 9 Marne bleue 8 Banc de grès sableux 7 Banc de marne bleue 6 Banc de grès sableux à débris de plantes 5 Marne bleue 4 Grès sableux 3 Marne bleue 2 Banc de grès 1 Marne bleue 5 m 10 m 15 m 0 m 30 1 m 0 m 20 o m 50 0 m 25 1 m 50 o m 20 o m 50 o m 25 o m 40 0 m 35 o m 60 350 m I j. \ Puissante masse de grès bariolés, avec intercalations quartziteuses épaisses ( et lentilles marneuses intercalées h,a Calcaires grisâtres à Foraminifères. La fig. 42 (atlas) montre le détail des couches de l'étage h, près de Lou-lan. Les bancs gréseux très réguliers intercalés dans les couches de marnes bleues m'ont fourni des plantes, malheureusement en mau¬ vais état, difficiles à dégager convenablement par suite de la friabilité du grès : Lepidoclendron sp. Lepidodendron sp. Nulle part, on ne trouve trace de l'horizondes calcaires noirs à Spirifer mosquensis, si bien développés à 90 km. au S. dans les séries d'Eul-kai et de Kouen-yang à l'extrémité méridionale du lac de Kouen- yang. D'après les repères fournis par le calcaire dolomitique à Cliaetetes sp. et la masse des grès h, b Stratigraphie 123 I ensemble des marnes bleues et des grès à plantes de l'étage h, est leur équivalent ; du reste des traces charbonneuses y paraissent localement, et plus au S. en approchant de Yun-nan-fou une couche charbon¬ neuse assez bien réglée, comme celle de 'He-long-tan, vient s'y intercaler. Moscovien du pou-tché-'ho. — Le Moscovien reparaît dans la profonde vallée du Pou-tché-'ho, affluent du Liou-chou-'ho ; dans le pli surmonté par la masse charriée du Kin-clu-kiang et à la constitu¬ tion duquel participent d'autre part du Dinantien et de l'Ouralien (Coupes générales fig. 169 et 170 atlas). II y est puissamment laminé et il est impossible de tenter d'y établir des séries un peu continués. J'y rap¬ porte la puissante série des grès rouges, quartzites, grès quartziteux rouges bruns rubannés surmontés d un épais niveau de poudingues pourprés à ciment gréseux compacts bien développés autour du hameau même de Pou-tche-'ho. En étudiant la Tectonique de cette région, nous chercherons à établir sesrelations avec les terrains environnants. On retrouve des lambeaux moscoviens autour de Tong-tchouan-fou au N. E. de la vallée du Pou-tché- ho où réapparaît la houille. A Cha-ko (2.600 m.) à la partie supérieure des grès apparaît un horizon schis¬ teux épais d'une soixantaine de mètres, contenant à la base une couche de charbon cendreux de 3 à 4 m ; à cinquante mètres au-dessus apparaît une autre couche de houille épaisse de 1 m qu'on a exploitée sur une longueur de 1000 à 1200 m ; 40 m. plus haut affleure le calcaire h,. M. Leclère y a ramassé des débris de Stigmaria. Sur le chemin de Tong-tchouan à Lao-tchang, on recoupe la bande plissée du Pou-tché-'ho ; près de la source sulfureuse (2.000 m) la coupe est la suivante : Calcaires à Fusulinellci Struvii v. Moll. Masse de poudingue pourpré à ciment gréseux rouge très dur. Schistes charbonneux épais de 5 à 6 m. Masse de grès rouges. C'est la série du Pou-tché-'ho avec le même horizon de poudingues. Je n'insisterai pas sur les autres affleurements similaires de la région de Tong-tchouan-fou qui appartiennent sûrement tous au Moscovien. PARALLÉLISME DES AFFLEUREMENTS MOSCOVIENS DANS LES DIVERSES PARTIES DU YUN-NAN ET ABRASION ANTÉ-OURALIENNE DE LA RÉGION A L'E. DU TIÉ-TCHEN-'HO Avant de rechercher les affinités de ces horizons moscoviens avec ceux des provinces asiatiques chinoi¬ ses ou autres environnantes, je crois nécessaire de montrer les équivalences des différents affleurements moscoviens répartis au Yun-nan. Pour plus de clarté, j'ai cherché à les résumer dans le tableau ci-joint. De l'ensemble des descriptions précédentes par régions, il ressort immédiatement que le Moscovien, extrêmement puissant à l'O. de la branche nord-sud du Pa-ta-'ho, est au contraire très réduit ou même manque complètement à l'E." Deux solutions paraissent au premier abord pouvoir faire hésiter : lacune de sédimentation ou lacune par discordance tectonique ; or l'observation précise sur le terrain montre qu'en réalité la question est beaucoup plus complexe. La question des lacunes dues à des accidents tectoniques importants du groupe des étirements peut être tranchée de suite par l'affirmative ; certainement dans beau¬ coup de cas, comme par exemple entre Ta-koa et Yi-léang, comme dans la région de Tsin-long-kai, des assises manquent par suite de leur disparition dans un pli faille ; mais ce sont des accidents locaux qui sont complètement insuffisants pour expliquer par exemple qu'à l'entrée de la cluse de 'Hoa-keuou l'Ouralien débute seulement par les couches à Fusulina multiseptata qui reposent directement par l'intermédiaire d'un poudingue sur le Dinantien à Chonetes papilionacea, tandis qu'au voisinage un lambeau de calcaire noir moscovien déjà décrit page 101 s'intercale entre le dit Ouralien et le Dinantien. Ce simple fait, très significatif, nous permet d'admettre que dans certaines localités le Moscovien s'est déposé, puis a été plissé et enlevé par érosion, en laissant de place en place des témoins, après quoi l'Ouralien est venu transgresser sur les terrains antérieurs. Je m'attacherai à établir dans ce qui suit 12 4 J. Deprat, Géologie générale combien cette loi est générale, au moins dans la région orientale. Je rappelle que M. Lantenois, ayant cons¬ taté que les terrains comprenant les grès moscoviens et les calcaires massifs supérieurs dont il attribuait l'âge au Carboniférien supérieur reposaient parfois directement sur le Dévonien, avait conclu à un mouve¬ ment orogénique qui s'était produit d'après lui à l'époque dinantienne-moscovienne ; il s'était borné à cette conclusion. Nos observations nous permettent d'analyser les faits d'une façon beaucoup plus appro¬ fondie comme on va le voir. Parallélisme des assises moscoviennes dans le Yun-nan oriental NOTATION RÉGION A L'OUEST DU TIÉ-TCHEN-'HO RÉGION A L'EST DU TIÉ-TCHEN-'HO RÉGION ENTRE YUN-NAN-FOU ET LE HAUT FLEUVE BLEU région de kouen-iang, eul-kai, pe-tchen, ie- ma-tchouang,tong-'hai, si-wo, ninh-tchéou. îives occidentales des lacs de iang-tsong et de tcheng-kiang, eul- long-si-chou. *ive orientale du lac de iang-tsong, wou-tsa - chann. environ de 'hoa keuou (n- de mi-leu) région de lou-nan (ouest d'yi-léang) 1 région de cheng- cha, pa-long- tchin, de lou-lan (n. de yun-nan-fou) vallée du pou-tché 'ho, région de tong-tchouan h 2 Calcaire à Gastropodes horizon deChouéi-tang Calcaire de Chouéi-tang. ? Calcaires gris. Calcaires dolomiti¬ h 1 Calcaire à Gastropodes (horizon de Lo-a-tièn). Calcaire (horizon de Lo- a-tièn). Epaisse nappe de labradorites. Calcaire de Lo-a- tien. ques sans fossiles. h,, Calcaires dolomitiques à Chaetetes subraclians Mansuy. Calcaires noirs de Eul-' kai, Ta-che-chan, etc., à Spirifcr mosc/uensis,f etc. i Schistes gréseux avec' couche de houille. Calcaire gris dolomitique. Calcaire blanc à Forami- nifères ; marnes sèches avec bancs calcaires intercalés plus ou moins développées. Calcaire dolomitique à Chaetetes subradians Mansuy. Grès quartziteux bleuâtre et schiste avec beau niveau de charbon. ' Epaisse série de marnes verdâtres et de bancs calcaires dolomitiques alternants (avec Fora¬ minifcres). Calcaire noirs à Spirifer du groupe de Strangswaysi. Série de marnes bleuâtres et de grès sableux à Lepidodendron, de 'Hai-men-kiao, Lou- nan, etc. Masses gréso-schisteuses à charbon avec Stigmaria. h,b Grès verts schisteux très micacés. Grès bariolés surtout rou¬ ges, avec poudingues et coulée de labradorite au sommet. Grès bariolés sur¬ tout rouges avec horizon charbon¬ neux très mauvais à la partie supé¬ rieure . Grès, quartzites, marnes blanch⬠tres avec interca- lations de grès calcareux à Fora¬ minifcres. Grès bariolés à teinte rouge do¬ minante, avec in- tercalations quart- ziteuses et lentil¬ les marneuses. Grès quartziteux très durs, avec poudingues à ci¬ ment siliceux, de Pou-tchê-'ho. h,a Horizon calcaire de Cha- tchong à Fusulinella Struvii et nombreux autres Foraminifcres. re pas, existe rofondeur. i on u. s s ~ "H £ 5 ^ o S cL Calcaires grisâtres à Foraminifcres Fusulinella Stru¬ vii, etc. h, Grès micacés bariolés dt Ie-ma-tchouang. 3 0_ hg h8 C a 1 c a i r e blanc ou rosé à N. craticulifera. Calcaire rosé à N. craticuli¬ fera. Calcaire rosé à N. craticuli¬ fera. Calcaire blanc à N. crati¬ culifera. Calcaire à N. craticu¬ lifera. Calcaire blanc à Schw. princeps, etc.. Calcaire blanc - jaunâtre à Schw. prin- cepls, etc. Calcaire blanc - jaune à Schw. princeps, etc. Calcaire jau¬ ne à Schw. prin¬ ceps . ? hja ? > Lacune Lacune Calcaire à Fus. incisa. Calcaire à F. incisa. Calcaires à Polypora Koninckia- na, etc. h 7 Calcaire à Fus. multi- septatadu Si-chann. Calcaire à F. multiseptata et D. Aliciae. Calcaire à F. multiseptata. h6 ? Calcaire gris à D o l i o l i n a Claudiae. Lacune > Calcaire blanc à Pr. compressus de Pou- nai-chan. Calcaire à Pr. compressus. Calcaire à Pr. compressus. Calcaire à Pr. compressus. Lacune Calcaire à Pr. compressus. h 4 Calcaire gris à Fus. Kattaensis. ? > Lacune Lacune h^a Calcaire gris foncé à Fus. tchengkian- gensis. Calcaire gris foncé à Fus. tchengkiangen- sis. Calcaire gris à Fus. tcheng- kiangensis. h s Calcaire gris à Fus brevicula,F. regula- ris, etc. Calcaire noir à F. brevicula, etc. Calcaire gris à F. brevicula. 46 j. Dcprat, Géologie générale émersion se prolongeant dans la région de Lou-nan très loin vers le N. N. E. c'est-à-dire suivant l'axe de la chaîne hercynienne dont la partie méridionale s'était immergée ; puis avec l'horizon à Schw. princeps, la partie septentrionale s'immerge à son tour. C'est donc bien avec l'horizon à Schw. princeps que la submer¬ sion est complète dans tout le Yun-nan, et probablement générale dans la plus grande partie de la Chine, puisqu'au Kwéi-tchéou existent des calcaires à Schw. princeps que l'on retrouve en Birmanie, au Laos et au Tonkin. Les affinités des différents horizons ouraliens du Yun-nan sont extrêmement différentes suivant l'ho¬ rizon que l'on considère, ainsi que nous allons le démontrer. h3 : Prenons d'abord les horizons inférieurs. Les calcaires gris à Fusulina breviculci par lesquels dé¬ bute la série sont assez difficiles à rapprocher d'un horizon connu ailleurs. Nous y avons recueilli unique¬ ment des Lusulines avec quelques autres Foraminifères. L'ensemble de la faune des différents gisements nous a fourni les espèces suivantes : Le seul Brachiopode rencontré dans cet horizon, Athyris subtilita Hall, est une forme trop ubiquiste. Il existe au Yun-nan depuis le Dinantien jusqu'à l'horizon ouralien que nous étudions en ce moment, c'est- à-dire jusqu'à la base de l'étage ; c'est comme dans d'autres régions une espèce qui n'apporte point une précision rigoureuse. Ailleurs, du reste, il monterait plus haut encore comme àFort-Riley (Kansas), où il existe dans la base de l'Artinskien (Assise de Chease), quoiqu'on puisse admettre avec Tchernyschew que cet horizon appartienne encore à l'Ouralien. Parmi les Fusulines nous trouvons d'abord Fusulina brevicula Schw. ; mais Schwager a décrit cette espèce en l'indiquant comme provenant du lac Taï-hou sans donner d'indications stratigraphiques précises. D'après les horizons qui viennent au-dessus au Yun-nan, nous pouvons considérer cette espèce comme appartenant à la base de l'Ouralien tel que nous l'avons établi dans cette région. Fusulina Dussaulti est une espèce nouvelle que nous décrivons clans la partie III et il est impossible par conséquent d'en faire état dans une étude de comparaison. Fusulina regularis Schellw. identique à la forme décrite avec pré¬ cision par Schellwien (') dans l'Ouralien des Alpes Carniques (qui représente en réalité la Fusulina cylindrica de nombreux auteurs, mais dont personne n'a jamais donné de dessins suffisants) n'est pas caractéristique de cet horizon. Nous l'avons signalée déjà dans le Moscovien et elle monte plus haut que les couches à Fus. brevicula au Yun-nan. Quant à la série de Foraminifères qui accompagnent ces espèces, elle indique bien le Carboniférien, mais là s'arrête sa valeur. Il y a là des formes cosmopolites à côté de formes appartenant à des régions plus voisines : Bigenerina elegcins v. Moll. existe dans l'Ouralien alpin, ainsi que Lingulina decipiens Schellw. et Climacammina commuais v. Moll. A côté cle ces espèces Lingulina S\echenyi Lorenth. est jusqu'à présent propre à la Chine, mais existe dans tous nos horizons ouraliens. htsa : L'horizon des calcaires gris h$a nous a fourni : AFFINITÉS DE L'OURALIEN YUNNANAIS. Fusulina brevicula Schw. Fusulina Dussaulti n. sp. Lingulina S^eclienyi Lorenth. Climacammina cf. commuais v. Moll. Bigenerina elegans v. Moll. Margaritina Schwageri Zitt. Athyris subtilita Hall Fusulina regularis Schellw. Fusulina cf. laevis Schellw. Lingulina decipiens Schellw Fusulina tchengkiangensis n. sp Fusulina regularis Schellw. Endothyra Bowmanni Phill. Climacammina commuais v. Moll. Fusulinella cf. laevis Schellw. Textularia cf. Braclyi v. Moll. Bigenerina elegans v. Moll. Margaritina Schwageri Zitt p) Die Fauna des carnischen Fusulinenkalks, II Th. p. 250, pl. XIX, fig. 1 a 6. Stratigraphie 147 La petite espèce Fusulina tchengkiangensis n. sp. est absolument caractéristique de cet horizon ; je l'ai retrouvée partout et seulement à ce niveau. C'est donc un bon fossile. Elle n'est connue dans aucune autre région, mais je crois probable qu'on la retrouvera ailleurs en Chine ; ce doit être une espèce propre à la mer chinoise ouralienne comme F. brevicula. A côté F. regularis Schellw., la forme cosmopolite, se montre aussi. Fusulinella cf. laevis Schellw. appartient à l'Ouralien des Alpes carniques ; Endothyra Bowmcinni Phill. sert très bien à déterminer le Carboniférien, mais c'est tout, puisque cette espèce va du Dinantien à l'Ouralien. Nous avons déjà montré à propos des calcaires à Fusulina brevicula que Clima- ccimmina commuais v. Moll. s'observe dans toute la série carboniférienne ; Bigencrina elegans appartient à l'Ouralien des Alpes carniques. ht : Cet horizon est extrêmement intéressant parce que nous voyons s'y produire une invasion des Fusulines hindoues subcylindriques, Fusulina Kcitlaensis Schwag. et Fus. pailcnsis Schwag.. C'est l'horizon des couches d'Amb, le calcaire inférieur à Productus de l'Inde, que nous sommes forcé, étant donné la position des couches à Fusulina multiseptata incontestablement ouraliennes placées très au-dessus des couches à Fusulina Kattaensis Schwag.-, de ranger dans l'Ouralien ; conclusion à laquelle ont abouti déjà pour l'Inde MM. Diener et Tschernyschew et qui est certainement la véritable solution. hg : L'horizon h p. 746): Neoschwagerina craticulifera Schwag.* Climacammina cf. commuais v. Moll.* Archaediscus Karreri Brady Climacammina sp. Spirillina irregularis v. Moll.* Gyroporella sp. Lingulina Szechenyi Lorenth.* Dactyloporella sp. Lingulina nankingensis Lorenth.* T 4 100 J. Deprat, Géologie générale Je n'ai pas besoin d'insister sur l'identité de cette faune avec celle que j'ai recueillie dans les différents gisements appartenant au même horizon dans le Yun-nan oriental. Je marque d'un astérisque les espèces identiques à celles que l'on recueille dans les gisements yunnanais. De Pou-pjao localité située dans l'O. du Yun-nan, Loczy cite des formes des calcaires à Productus inférieur et moyen de la Sait Range. Polypora koninckiana Waag. et Pichl. se trouve dans le Yun-nan oriental dans les couches à F. multisep- tata et F. incisa Schellw. Certains auteurs placent dans l'Ouralien les couches de Yarkalo dans la vallée du Lan-tsan-kiang (haut Mé-kong) dans lesquels le P. Desgodins a recueilli la faune décrite par Loczy, mais il paraît plus juste de suivre l'appréciation de MM. Diener et Loczy et de les mettre dans I'Artinskien. Kwang-si : Entre Kwéi-lin-sen et Tchouang-chan dans le Kwang-si, M. Douvillé a reconnu dans un calcaire noir à polypiers recueilli par M. Leclère : Kiang-si : Dans le Kiang-si se trouve le fameux gisement de Lo-ping décrit par Kayser C) dans les couches qui surmontent les couches productives à charbon, que Loczy place dans le Moscovien. La liste des espèces donné par Kayser est trop longue pour être reproduite ici. Dans les 55 espèces signalées par cet auteur nous trouvons un certain nombre d'espèces existant dans l'Ouralien du Yun-nan ou rappelées par des formes très proches: Productus aculeatus Mar.,Fistulipora tuberosa Kays, Lophophyllum prolife- rum Me Chesney. Mais la grande différence consiste dans la prédominance des Fusulinidés dans l'Ouralien du Yun-nan, tandis qu'au contraire ce sont les Mollusques et les Brachiopodes qui donnent la note dans la faune de Lo-ping. Celle-ci offre de grandes affinités américaines, et une forme nord-américaine ou du moins une forme presque identique h Lophophyllum proliferum Me. Chesney vient jusqu'au Yun-nan. A côté de cela la faune de Lo-ping renferme des espèces telles que Richthojenia Lawrenciava de Kon. que l'on trouve dans la Salt-Range ; en dehors de ces formes particulières à un domaine zoologique donné on recueille toute une série de formes cosmopolites. Il faut remarquer qu'un certain nombre d'espèces de Lo-ping indiquent déjà de grandes affinités avec I'Artinskien, comme Leptodus Richthofeni Kays., Richthofenia Lawrenciana de Kon., Strophalosia hor- rescens de Vern. et il paraît convenable pour cela de les placer à la partie supérieure de l'Ouralien. Mais on y rencontre aussi des espèces qui au Yun-nan s'observent dans des horizons moins élevés. Tel est le cas de Productus Nystianus de Kon. var. lopingensis Kays., de Productus undatus Defr. qui existent dans le Dinantien yunnanais, d'Orthothetes crenistria var. senilis Phill. du Moscovien au Yun-nan, espèces qui paraissent posséder une extension verticale considérable. Kan-sou : Dans la région occidentale du Kan-sou Loczy (2) a signalé les schistes noirs de Teng-tian- tching à Chonetes uralica Nik. de l'horizon de Gshel. Dans la région du Koukounor existent des calcaires à Schwagerina princeps Ehrb. et d'autres à Neoschwagerina craticulifera Schwag. (3), mais dans le N. O. viennent se ranger dans l'Ouralien des couches de charbon avec plantes. (1) Kayser : Obercarbonische Faima von Lo-ping (in China, IV. Bd.). (2) Loczy ; in Szechenyi, III, p. 197. (il) Futterer Durch. Asien III, 1903. Polypora koninckiana Waag. et Pichl.* Polypora cf. gigantea Waag. et Pichl. Fenestella ou Polypora indt. Cyathocrinus indt. Monteculipora ? Archaediscus Karreri Brady Tetrataxis conica Ehrb.* Fusulina sp. Schwagerina princeps Ehrb.* Syringopora sp. Peronella sp. Stratigraphie 101 Mts Semenow, Tien-Chan : Dans les monts Semenow (N. E. du Tibet) on a signalé (Schellwien) des couches à Neoschwagerina craticulifera Schwag., ainsi que des calcaires gris à Enteletes carniolicus et Richthofenia qui indiquent le sommet de l'Ouralien. Dans le Tien-chan, dans la région du Fort Tongitar, Stolickza a fait connaître une faune à Spirijer poslstriatus Nik.it. et Chonetes dalmanoides Nikit. de l'horizon de Gshel, des calcaires à Productus indicus Waag. du calcaire moyen à Productus de l'Inde et Productus opuntia Waag. des Cephalopoda beds de Jabi, ce dernier horizon tenant plutôt à I'Artinskien qu'à l'Ouralien. Moyen Yang-tseu : Dans la partie moyenne du Yang-tseu Blackwelder(i) rapporte au Carboniférien supérieur les couches à Lonsdaleia chinensis de Ta-ning-hién, celles à Carncgia Bassleri Girty dont la faune est assez pauvre. Ngan-hoéi, Liao-toung, Hou-nan : Dans ces provinces l'Ouralien offre comme dans le N. O. du K.an- sou un caractère incomplètement maritime ; et les alternances de dépôts marins et houillers sont fréquents. Dans la région de Nan-king les couches à charbon exploitées alternent avec les couches marines à Pro¬ ductus indicus Waag. et Productus lineatus Waag. Les couches à Pecopteris cyaltea, Cordaitesprincipalis, Annularia maxinia du Hou-nan sont superposées au calcaire (2). Dans le Liao-toung également des inter— calations terrestres contiennent une flore stéphanienne à affinités permiennes (3). Inde: Dans l'Inde se déposaient à cette époque le calcaire inférieur à Productus, avec les couches à Fusulines subcylindriques que nous avons retrouvées au Yun-nan, dans une série incontestablement oura- lienne, de sorte que suivant l'opinion de MM. Diener (4) et Tschernyschew (5), et contrairement aux idées de Waagen et de Noetling (6) qui fait monter le calcaire à Productus inférieur dans le Thuringien, nous considérons ce dernier comme ouralien et croyons même qu'on doit suivre M. Tchernyschew en allant plus loin encore et en plaçant dans l'Ouralien une partie du calcaire moyen à Productus, par conséquent en englobant dans l'Ouralien les couches d'Amb, plus celles de Katta et de Virgal. (7). Birmanie: Les calcaires à Productus cf. sumatrensis Rœm., Pleurotomaria aff. durga Waag. et P. subcostatus de Tenasserim (8) se relient aux calcaires ouraliens du Yun-nan. Indochine : Au Tonkin l'Ouralien est représenté par des calcaires de Yen-lac et des calcaires blancs contenant à Thanh-moi le même fossile en abondance : (9) Schwagerinaprinceps Ehr., les calcaires à Spirifer striatus Mart., Spirifer Olclhamianus Waag., Athyris cf. semiconcava Waag., les calcaires de Méo-vac à Dielasma angulata Waag. (1o), Schwagerina princeps Ehr. et Spirijer Striatus Mart. appar¬ tiennent à l'Ouralien du Yun-nan. Au nord de Dao-lac, entre Coc-pan et Van-Vaï ont été recueillis par M. Lantenois des calcaires à Lonsdaleia indica Waag. et Wentz. et Lonsdaleia cf. virgule nsis Waag. et Wentz.; ('!) comme au Yun-nan p) E. Bi.ackwelder : Research in China, vol. II. (2) Zeiller : Annales des mines 8 II, p. 345, 1901 et Loczy, op. cit. (3) Abbado : Palaeont. ital. (1900) et Richthofen, China (IV Bd.) (4) Diener : Mem. Geol. Surv. of. Indio (1897). (5) Tchernyschew: Die obercarbonische Brachiopoden d. Ural u. Timan. Mém. Com. Geol. russe, III, vol. 16, n° 4, 1902, et Records of the Geolog. Survey of India, vol. XXXI, part, III, 1904. (G) Noetling : Records Geol. Surv. of India, vol. XXVI, p. 96 1893, Neues Jahrb. XIV., Geol. Surv. of India, Report, 1900. (i) L'absence de Néoschwagerines et de Doliolines, absolue jusqu'à présent dans l'Inde, donne aux dépôts ouraliens de cette région un aspect très différent de ceux de Chine. (8) Noetling. Carbonijerous fossils from Tenasserim. Rec. Geol. India XXVI, 1893. (°) H. Douville : Calcaires à Fusulines de l'Indochine. Bull. Suc. Géol. Fr. 4e série, t. VI p. 576, 1906 et H. Mansuy: Contribut. à la Carte géol. de l'Indochine, Paléontol. p. 57, 1907, Hanoï. (lu) H. Mansuy, op. cit. (") H. Mansuy, op, cit. p. 54-55. Centre de Documentation sur l'Asie du Sud-Est et le Monde Indonésien EPHE VIe Section BIBUOÏHÉQoc J. Deprat, Géologie générale Lonsdaleia indica existe dans les calcaires à Fus. multiseptata et dans ceux à Schwag. princeps, il est pro¬ bable qu'au Tonkin il représente le même étage. Enfin j'ai moi-même retrouvé récemment au Tonkin les calcaires à Fusulina multiseptata Schellw. dans les calcaires de Dong-dang (!) près de la frontière chinoise avec le même faciès que là où je les avais découverts au Yun-nan (2). Au sujet de l'extension géographique des espèces de Fusulinidés ouraliens signalés dans les gisements fossilifères du Yun-nan, je crois devoir prier le lecteur de se reporter à la troisième partie de ce Mémoire où j'ai traité cette question d'une façon aussi détaillée que possible (Etude des Fusulinidés de Chine et d'Indochine et classification des calcaires à Fusulines). Je crois pour cette raison inutile de reprendre ici ce sujet. J'ai tenté dans le tableau suivant de mettre en parallèle les horizons carbonifériens yunnanais et les couches de même âge des autres régions asiatiques environnantes. (!) J. Deprat: Sur le classification des calcaires à Fasuline en Chine et en Indochine, C. Ac. Se. 13 mars 1911. (2) Pendant la mise en page de cette feuille j'ai découvert en Annam une puissante série de calcaires ouraliens à Fusu¬ linidés reposant en discordance sur du Dinantien à Phillipsia. J'ai retrouvé sur la feuille de Roon les calcaires à Schwag. princeps. Ehrb. et à Lonsdaleia et je possède du Quang-tri des échantillons contenant en abondance Fusulina multiseptata Schellw. H tpj < O — on rn f-v 2 o o C 53 > > o m C/D v£> S O ?. O o *° o" ■g " G o O) crq a -i O ?■? —. — t- i ".a. 1 s c o o -5 a- 3 o" P p- a Co O p —- fD LT> O fD' p -n ^ = —• O 55: O O s ^ =r 3 p- Q S Go a "s. Couches à Posidonomya Becheri entre Ta-tsien-lou et Batang. ' Couches de Wo-si-'ho à Prod. yunnanensis, Chonetes pa- pilionacea, Orlhot. crenistria et Foraminifères, et deTchouang- tien à Mari, glabra- p p H P Oo -G ô o o (D 3 3" P 3 o 3T Oo P- ^3 de Oo 7s n 3 p O p -, (D 3 Co Co O P" O O O O O o O p O s crq p- S" s crq o p o 2 "S o P' O a o a, a* OO a P O Zï —, aq 7 fD 3 I Ci a O (D (D> Oo T' co p Q- 3 a> aq CD s i rH O p p Crq — a 7- O Jo g O I -, 73 CD a p- p- a' ^ S O O o a o a Crq O a a crq -< c 73 c n "O a o Q- -< °z n 5 cre » r-s. g n û a c * Co ,2.o a p P". aq Co a p ru X, Oq CD' t n i p. - cd- n Oo -, 1 ' ' n' p> a~ ^ a s § ^ O t? 00 7* p M? O cr a ^ c 3 ^ CD □C O O crq 73 O 7 * CD CD' c G • EU O Couches à Productus giganteus et Foraminifères de San-ta-chien et couches du Bardoun à Procl. gi¬ ganteus, Marlinia glabra, etc. Calcaires à. Prod. striatus des Mst Richethot'en. n w V J Çù C/5 £D 7 CD o P C/5 p- p fD 00 (D Q- C/3 1 3 CD OO O O. 3" H — • _ (D 3 1-1 o oq Oq O 3- . O O' O CD 7 s: i" o p ao 3 fD co p_ fD CD E § Uî 3_ aq "fc O O- 3" CD O r- £ g p" Oo 3 I Oq o îf. P O a a 3 ' n Oq —] a O c 3- Co O fD 7 n p- p o fD> ao 73 o p 3 o' -, fD 3 3 7 _ 7 Q_ 7;, 05 3 oo P' ^ o o Couches de Bach-Sogon (Koktaou) à C/ton. comoi- des du Tchal-tagh à Prod. giganteus; Couches à Knorria et Lepidodendron, du Tsin-Ling. H CD 5f O a p Oq Couches à Neosch. craticulifera. Calcaires à Enteletes carniolicus et couches du Fort Tongitar à Spirifer poststriatus et calcaires à Productus indiens. Grès et schistes à Cordaites d'Ouroumtsi. = 3 O aq i o r" C/3 c p- m g 3? "" CD a 1/3 ^ O o Crq 3 c— P 72 a p o i i i n o H <3- p 7 O d: 7 p . o Ci G 7 p_ CD a p. Couches à Pecopteris cyathea du Hou-nan, alternances marines et continentales du Liao-Toung et de Nan-kin à Productus indicus. Schistes de Lo-Ping à Chonetes uralica. Argile et conglomérats à conulaires et Grès mouchetés à Eurydesma. Calcaire inférieur à Productus (Couches d'Amb à Fusulines longues subcylindriques (F. Kattaensis). Partie inférieure du Calcaire à Produc¬ tus moyen (couches de Katta et de Virgal). g. w ^ g a ^ ÉT = O s,c? Crq o rr Calcaires du Cachemire, Quartzites de Muth et calcaires à Crinoi'des. Couches de Barus (Cachemire) et Cal¬ caire de Spiti. O > P o 2 G > s G > p -C G > Calcaire noir inférieur de Padang à Spir. mosquensis. Calcaire de Padang. ■ pu 5. rC. p (D* k J 7 3' 2. P R crq O) - 3 o 7b - S. R <1 B. 1 . • (D CD Calcaire de Djoulfa à P. semireticulatus et Mart. glabra ; Calcaire de Khorremabad à Syr. cuspidata, Sp. striatus. Calcaire à Prod. giganteus et couches à Lepidod. aculeatum d'Héraclée. Calcaire à Spirifer tornacensis d'Akmolinsk (Kirghiz) et de l'Altaï. f/0 -, 73 zr fD 73 fD- O 73 3" P — (D fD- 77 fD fD aq de (S) Q- 3" rc > N fD> —, (D p 1 1 Calcaires à F. multiseptata (?) SCHELLW. Calcaires à Productus des environs d'Ispahan ; Couches à Fusulinella et Lonsdaleia des Baktvaris. O P' 3"* C/D O *73. 3L. C3 — > P_ w 77 cr O o P_ N a P P p —>. aq fD 3* fD O ^ 03 a ° ~ O p _. p 3 o ■ (D H > G P C/) G 2 P G O 2 C/5 H 3 n n G > O P p G > C/) P H > G > H G G O O H1 P > - S -Ô o ru k O t". EU ° S' g ■S S o s g à 5 2. 2 -2 ^ p- O P CD CD T-j n Calcaires d'Eubée à Neosch. cratieuli- fera. O S ° Q* 50 m z (O Couches à Procl. giganteus, couches à Spirifer Kleini du bassin de Moscou et Calcaire à Prod giganteus, Chon. papilionacera de l'Oural, Houilles de Moscou et de l'Oural. Couches à Prod. mesolobus. H i" n o se o o Calcaire à Omphalotro- chus. Dolomie à Schwagérines (Groupe de S. princeps). o G P H -< 73 W a w n o s 73 > O z Stratigraphie iô3 Système Permien Vue d'ensemble Les dépôts permiens du Yun-nan appartiennent à des formations très différentes qui se groupent en trois niveaux très puissants : i° Une grosse formation de calcaires, 2" une masse très importante de con¬ glomérats, 3° une puissante formation gréseuse surmontée d'une série de laves basiques appartenant aux Andésites et aux Basaltes (Andoses et Auvergnoses). CONCORDANCE AU DÉBUT DE LA PÉRIODE La formation calcaire par laquelle débute l'étage est en conformité parfaite avec l'Ouralien qu'elle prolonge dans le sens vertical sans la moindre discordance, et en vérité, s'il n'y avait au moment où nous faisons débuter le Permien un changement temporaire, il est vrai, dans la faune faisant remplacer les Fusu- linidés qui remplissaient presque exclusivement les horizons ouraliens supérieurs par une faune.uniquement formée de Brachiopodes, on serait très embarrassé pour placer la coupure entre l'Ouralien et I'Artinskien à un point ou à un autre. Donc les couches artinskiennes du Yun-nan, à brachiopodes, reposent en con¬ cordance absolue sur l'Ouralien et l'immersion générale du Yun-nan, accompliependant les derniers temps de l'Ouralien, se maintient sans aucun changement. Les calcaires artinskiens sont recouverts, toujours en concordance, par une grosse série de calcaires généralement blancs dans la région méridionale, au contraire d'un gris-bleuâtre aux environs du Pleuve- Bleu, mais sans que ces distinctions reposent sur rien d'absolu, dont la faune est caractérisée de nouveau par les Fusulinidés et surtout par Doliolina lepidci qui remplit complètement certains bancs ; cet horizon nous paraît venir se ranger dans le Permien moyen. Une autre série de calcaires, mais que la formidable érosion qui s'est exercée pendant la plus grande partie de Permien supérieur a généralement fait disparaître, repose sur les calcaires précédents, toujours en concordance avec eux. C'est l'horizon des calcaires à Neoschwagerina (Sumatrina) multiseptata n. sp. et Neoschw. (Sumat.) Annae Volz, Néoschwagérines extrêmement évoluées, avec lequel nous faisons dé¬ buter le Permien supérieur. DISCORDANCE DE LA FIN DU PERMIEN SUPÉRIEUR Après le dépôt des couches à Néoschwagérines du groupe des Sumatrines, un changement complet eut lieu qui affecta tout le Yun-nan oriental, répétition généralisée du mouvement hercynien et qui prépare l'émersion totale du début des temps jurassiques. Ce mouvement d'émersion qui ne fut pas accompagné de plissements comme le mouvement hercynien offrit un vaste relèvement épéirogénique, avec formation de poudingues puissants et une érosion énorme, indiquée par l'ablation de masses considérables de calcai¬ res ; ainsi à quelques kilomètres de distance on voit ces poudingues reposer tantôt sur un horizon permien tantôt sur un horizon ouralien. Je prendrai comme exemple la coupe au N. de Wou-lou-si-chou, où les poudingues du Permien supérieur reposent sur les couches à Fusulina multiseptata avec ablation complète des horizons à Scliwag. princeps Ehrb., de toute la série ouralienne des couches à Néoschwagérines, de I'Artinskien, des couches à Doliolina lepida et de celles à Sumatrines, soit plus cle 350m' de calcaires J. Deprat, Géologie générale enlevés, tandis qu'à quatre kilomètres au S. S. O. les mêmes poudingues reposent sur les couches à Neoschw. craticulifera, et que dans la région de Lan-nin-tsin ils succèdent en discordance aux couches à Doliolina lepida. Nous sommes donc fondé à admettre un travail d'érosion et un commencement de pénéplanation très accusé avec la formation des poudingues du Permien supérieur. A l'étage épais des poudingues succède la sédimentation d'une série de dépôts gréseux d'un caractère très inconstant, comprenant des intercalations marneuses et des formations gypseuses, très irrégulières en épaisseur et dans laquelle apparaissent les restes de la topographie engendrée par le travail d'érosion qui suivit l'émersion générale. J'ai donné fig. 4 (texte) une vue tout à fait typique à cet égard, montrant à l'O. de Ta-hi-ti une série de rochers ouraliens et artinskiens pointant au milieu des grès rouges du Permien supérieur partiellement déblayés, nous offrant ainsi une topographie fossile qui date du début du Permien supérieur et émerge actuellement du manteau de grès gris qui la recouvre, comme une ville chaldéenne surgissant des sables. En certains points dans la région de Pa-mao-tseu, Tchao-koua, Lou-léang, l'intensité de l'érosion a été telle et si longuement conduite que les grès permiens reposent sur une véritable pénéplaine où les plissements sont décapités. La figure 53 atlas est un exemple local de ce fait. Après le dépôt des grès vient une nouvelle émersion suivie d'érosion, accompagnée d'abondantes émissions de laves. Si maintenant nous cherchons à résumer d'une façon concise la série des faits qui se sont suivis pendant le Permien, nous reconnaissons la succession suivante : Permien inférieur. I Dépôts des calcaires artinskiens en continuité avec les dépôts delà partie supérieure de l'Ouralien (couches à Néoschwagérines). Permien moyen. . . II Dépôt des calcaires à Doliolina lepicla, Fusulina Richthofeni, etc, prolongeant sans discordance les précédents. Dépôt des calcaires à Neoschw. (Sumat.) muliiseptata, Neoschw. (Sumat.) Annae, sans discordance avec les précédents. 1 IV Emersion et formation des conglomérats du Tié-tchen-ho. Permien supérieur. Pénéplanation. Dépôt des grès et marnes gypsifères. Emersion, érosion et puissantes éruptions basiques. En somme la stabilité caractérise le Permien inférieur et moyen ; le début du Permien supérieur y participe, tandis que la dernière partie de celui-ci est marquée par une succession de mouvements verti¬ caux avec phase d'émersion prolongée amenant à un moment donné une érosion se traduisant en certaines régions par un modelé voisin de la pénéplaine. J'ai attribué à I'Artinskien les calcaires à brachiopodes parce que leur faune les y range. Suivant les idées de M. Douvillé, j'ai rattaché au Permien moyen les calcaires à Doliolina lepida Schw., tandis que les couches à Sumatrines m'ont paru devoir appartenir à la base du Permien supérieur. Je vais donner maintenant une série de coupes caractéristiques. Le Permien ayant recouvert d'une manière uniforme le Yun-nan tout entier, nous n'aurons pas à établir les distinctions de régions comme nous avons dû le faire dans l'Ouralien. Région de Lin-ngan Dans la région de Lin-ngan le Permien existe en blocs calcaires effondrésentre les fractures, comme le montre la carte géologique. La dislocation de la région ne permet pas d'y rechercher des séries continues. Entre Lin-ngan et Kéou-k.ai. — C'est-à-dire sur la route du Fleuve Rouge, M. Lantenois a signalé des calcaires à. Doliolina lepida Schwag. qu'il m'a été impossible de retrouver. Dans la région de Ien-seu-tong FArtinskien est représenté par des calcaires fossilifères. Les calcaires dans lesquels se perd le Lin-ngan-'ho sont blancs ou grisâtres, remplis de cavités dans lesquelles la calcite est souvent venue recristalliser en Stratigraphie 3 55 grosses masses ; les phénomènes de dissolution y atteignent une intensité particulière et les calcaires sont criblés de grottes, de gouffres, entonnoirs, dolines ; la production d'argile rouge de décalcification y est grande. Cette bande appartient à l'ensemble des calcaires ouraliens et permiens qui viennent buter par faille contre la région triasique d'entre A-mi-tchéou et Ngan-pien-chao. Sur le chemin de Ien-seu-tong à Lo-sé-tang j'y ai recueilli, dans des calcaires blancs avant la faille et le passage au Trias : Camarophoria globulina Piiill. Pepmien à l'E. du bassin de Mong-tseu Les calcaires permiens, concurremment avec l'Ouralien, jouent un rôle extrêmement important dans toute la région montagneuse située à LE. de Mong-tseu, dans le Ming-kien-chann et au N. de Tchong-ho- yun. Hachés par les grandes fractures et en certains points par leurs ramifications, ils forment d'énormes blocs en contact avec le Trias moyen ou inférieur qui s'est effondré le long des masses ouralo-permiennes restées en saillies ; la rectilinéité de ces contacts anormaux est remarquable. Un simple coup d'œil jeté sur la carte géologique fera comprendre rapidement ces données (partie sud-orientale). Partout où affleurent les calcaires permiens la région est sculptée en innombrables pitons lort curieux séparés par des dolines ; ils sont criblés de gouffres, les pertes ne se comptent pas ; les vallées sont pres¬ que toutes mortes et le plus bel exemple peut en être donné par la vallée à l'E. de la cuvette de Tse-tsou où le thalweg continu d'une vallée normale est remplacé par une innombrable quantité de gouffres à larges ouvertures en entonnoir le jalonnant ; la circulation souterraine y est intense ; je renverrai le lecteur à la description que j'ai déjà donnée de cette région, aux fig. i et 2 du texte. Ces conditions topographiques dans les mêmes formations calcaires ouralo-permiennes se poursuivent dans le bassin de la haute Rivière Claire, dans la région de Kai-'hoa-fou et de là au Tonkin vers Cao-bang. J'ai montré antérieurement les brusques différences que l'on remarque dans la topographie de part et d'autre des fractures mettant en contact les masses de calcaires permiens et les schistes ou grès du Trias supérieur. Artinskien de Tou-pi et Tse-tsou. — En général les calcaires à l'E. du bassin de Mong-tseu sont pauvres en fossiles. Au col de Tou-pi une grande fracture met en contact le Trias supérieur avec les cal¬ caires très blancs contenant : Camarophoria globulina Phill. Spirigerella grandis Waag. Spirifer (Martinia) sp. (1 ) C'est de 1'Artinskien. Spirigerella grandis existe aussi au Sseu-tchoan (Loczy) dans le gisement de Tse-de. Spirifer (Martinia) cf. planoconvexus Schum. est une espèce du gisement de Yarkalo du Yun-nan tibétain (actuellement province de Ba-tang) dans la vallée du Lan tsan-kiang et exploré par le Père Des- godins (in Loczy). Près de Tse-tsou, toujours au contact du Trias supérieur, le long de la même fracture extrêmement importante qui se prolonge vers l'E. au delà de Tchong-ho-yun, les mêmes calcaires forment des pitons très élevés s'étageant sur le revers septentrional du Ming-kien-chann ; sur le revers méridional de la cuvette de Tse-tsou, j'y ai observé : Camarophoria globulina Phill. Spiriferina cristata Schl. Spirigerella grandis Waag. Peronella sp. En outre, j'ai trouvé dans de grandes surfaces calcaires planes et lisses de gros Brachiopodes qu'il m'a été impossible, même en employant la masse et la mèche, de dégager : Reticularia Waageni Loczy Reticularia Waageni Loczy est aussi une forme de Yarkalo. (') Espèce qui me paraît très voisine sinon identique à Martinia planoconvexa Schijm. i56 J. Deprat, Géologie générale ' Dans la région de Mi-la—ti le Permien inférieur est représenté dans la masse des calcaires qui forment le plateau et la région de pitons que traverse le Nan-ti. Il est très difficile à distinguer des calcaires oura- liens, l'ensemble étant plissé et les plis actuellement très difficilement visibles. De plus les gisements los- silifères sont rares. j S ai O z <2 g j u Permien entre le Tié-tehen-'ho et la Région faillée de Pong-pou et Tehou-Yuen Je n'ai trouvé dans cette haute région montagneuse aucun gisement fossilifère permien, mais les pou- dingues du Permien supérieur pincés dans l'Ouralien, ou même reposant directement sur le Dévonien moyen comme à l'O. de Siun-kien-sseu; l'érosion intense et prolongée y a enlevé toutes les assises intermédiaires, et cela est d'autant plus certain que l'on peut collectionner dans les poudingues des galets calcaires à Fusu- linidés représenant les horizons de Permien moyen et inférieur, et même, lorsque l'Ouralien a été enlevé aussi, de nombreux échantillons des calcaires à Néoschwagérines hg et h\>a et à Schwcigerina princeps fig. La coupe de Tsin-chouéi-tang à Siun-kien-sseu, déjà relevée par M. Lantenois, est la suivante (lig 48 atlas) : Ouralien /19-8 : calcaires compacts avec pendage E. faible. Faille À2 Basaltes. r,,, Grès rouges avec bancs marneux blanchâtres passant peu à peu à r„ avec Permien supérieur ( pendage E. 450. r,, Puissante masse de poudingues à galets permiens et ouraliens à Fusulinidés, f pendage E. rapide passant peu à peu à la verticale. Discordance 2 f Dévonien moyen : Calcaires verdàtres à Stromatopores- Discordance \ Permien supérieur r,, Poudingues à intercalations de ciment gréseux. Les observations de M. Lantenois sur la succession des assises sont très exactes. Je m'en sépare seu¬ lement dans l'attribution des calcaires qui terminent la coupe à l'E. et qui forment la haute chaîne abrupte qui borde le bassin effondré de Pong-pou. C'est du Carboniférien supérieur. M. Lantenois l'attribue au Trias supérieur, d'après le fossile n° 1 30, Trachycenas Suessi E. v. Mojs. recueilli par M. Counillon au sud de Kwéi-tien. En réalité le calcaire dans lequel cet échantillon a été recueilli se trouve à plusieurs kilo¬ mètres au sud de Kwéi-tien et est séparé du calcaire carbonifère par une faille, ainsi que le montre ma carte. Comme je l'indique plus haut, on observe un passage ménagé des poudingues aux grès, ces derniers se mélangeant aux bancs de poudingues dans la partie supérieure de ceux-ci. Les grès rouges, très vari¬ ables d'aspect, et que M. Lantenois a très justement assimilés aux grès rouges de Lou-nan également du permien supérieur, sont complètement dépourvus de fossiles ; ils constituent des bancs marneux et des len¬ tilles de gypse. Les basaltes qui terminent la série sont généralement altérés. Coupe a l'O. du lac de Tsin-chouéi-tang. — A l'ouest de la région précédente, on observe des faits analogues, dans le prolongement N. N. E. de la bande ouralienne et permienne de Ien-seu-tong. A l'ouest du lac de Tsin-chouéi-tang qu'il ne faut pas confondre avec le Tsin-chouéi-tang de la région précédente, on relève la coupe que j'ai figurée dans la description de l'Ouralien (fig. 43 atlas); le poudingue r,, repose directement, par l'intermédiaire d'un banc de grès, sur les calcaires ouraliens à Néoschwagerines hç et hgci : Trias inférieur: Psammites t,. Discordance. 1 '2 Basaltes, tufs et cinérites 250 m. Permien supérieur. \ \ Poudingues 150 m. Banc gréseux 20 m. Erosion et discordance. Ouralien hg-ga : Calcaires à Néoschwagérines. Stratigraphie Ici les grès supérieurs manquent. Les basaltes offrent une puissance considérable et se montrent interstratifiés avec des tufs et des cinérites. Coupe passant par Wou-lou-si-chou et Wang-tang. — Ici encore on voit le Permien débuter par les poudingues r„ sur la rive gauche du torrent de Wou-lou-si-chou, mais, tandis qu'à quelques kilomètres seulement au sud, dans la coupe précédente, ils reposent sur les couches ouraliennes les plus élevées, les horizons à Neoschwagerines, ici l'érosion contemporaine de la formation des poudingues a amené l'ablation de ces mêmes horizons ouraliens, plus celle des couches à Schwagerinaprinceps Ehrb., et les conglomérats épais d'environ 21 o m- reposent sur les calcaires à Fusulina multiseptata Schellw. h7. De plus, les grès rouges manquent et immédiatement sur les-poudingues repose une énorme série de roches volcaniques qui sont des basaltes andésitiques, en épaisses coulées alternant avec des projections cinéritiques et des tufs, dans lesquelles est creusée la vallée de Wou-lou-si-chou ; une vallée affluente normale à l'axe direc¬ teur des plis, celle de Wang-tang, est complètement creusée dans ces formations et permet d'en faire une bonne étude. La bande des affleurements de laves basiques a environ 5 km- d'épaisseur. Au sud elle dispa¬ raît sous le Trias inférieur près de l'extrémité nord du lac de Tsin-chouéi-tang. La fig. 93 (atlas) à laquelle je prie le lecteur de se reporter fixe son allure générale. On a : Trias inférieur ti psammites rouges. Discordance. Î'2 Masse de labradorites, avec tufs et cinérites 250 m. \ Poudingues à galets ouraliens et permiens riches en Fusulinidés. . . . 200m. " ) Grès rougeàtre 20 m. Discordance. Ourauen à7 Calcaires à Fus. multiseptata Schellw. A l'E. de Wang-tang une étroite petite vallée sert à la fois de torrent et de chemin pour monter vers le lac de Tsin-chouéi-tang. J'ai pu y relever le détail des couches dans la série des basaltes. On observe en ce point (fig. 49 atlas) : Trias inférieur discordant. Tufs grossiers 50 m. Basalte 20 m. n , ( c, • , ... 1 Tufs grossiers 15 m. Permien supérieur. Serie basaltique. < „ , ' 1 ) Basalte 25 m. Cinérite 15 m. Basalte 50 m. La partie inférieure n'est pas visible ici. Région a l'ouest de Po-shi. — Ici l'érosion a respecté davantage la série des calcaires permiens et nous allons observer dans le Wou-tsa-chann des séries beaucoup plus complètes. La meilleure est celle que l'on peut relever entre Ho-tein et Tou-lao-houé. Nous avons déjà étudié cette coupe partiellement (fig. 45 atlas) à propos de l'Ouralien. Coupe entre Ho-tein et Tou-lao-iioué. — Sur les horizons les plus élevés de l'Ouralien (transgressif lui-même, comme nous l'avons vu, sur le Cambrien à RedL chinensis Walc.) reposent les calcaires per¬ miens en concordance : ! Basalte. Lacune par érosion. r, Calcaires grisâtres à Néoschwagérines (Sumatrines) 10 m. Permien moyen.... ra Calcaires blancs à Doliolina lepida Schw 100 m. Artinskien r, Calcaires à Brachiopodes. Partie supérieure ( hça Calcaires à Neosçhwag. multicircumvoluta n. sp. de l'ouralien. .. ( I19 Calcaires à Nepsclwagerina craticulifera Schw. 158 J. Deprat, Géologie générale Le basalte sur lequel s'élève le village de Tou-lao-houé coupe en discordance les calcaires r,. On remarquera l'absence des poudingues et des grès rouges r,, et r,„. Toute cette série est fossilifère et on peut faire de bonnes récoltes dans les calcaires. L'horizon calcaire i~i artinskien contient : Martiniopsis inflata Waagen Spirigerella grandis Waagen Athyris cf. angulata Mansuy Spirifer Blasii Vern. Hemiptyçhina sparsiplicata Waagen Camarophoria globulina Phill. Naticopsis cf. piriformis Mansuy Pleurotomaria sp. Poteriocrinus sp. Les calcaires blancs ru très compacts sont très riches en Foraminifères : Doliolina lepida Schwag. Schwagerina Verbeeki Gein. Fusulina Richthofeni Schw. Fusulina Mansuyi n. sp. Fusulina Lantenoisi n. sp. Lingulina S\echenyi Lorenth. Lingulina nankingensis Lorenth. Les calcaires gris r, ne contiennent que des Foraminifères : Neoschwagerina globosa Yabe Neoschwagerina (Sumatrina) Annae volz Neoschwagerina (Sumatrina) Annae Volz var. stricta n. var. Doliolina pseudolepida n. sp. Fusulina exilis Schw. Fusulina Margheritii n. sp. Schwagerina Douvillei n. sp. Les espèces nouvelles de cette faune sont décrites dans la 3e partie du présent Mémoire (Etudes des Fusulinidés de Chine et d'Indochine, 3e fascicule.) Environs de Mo-pe-tehong : La localité de Mo-pe-tchong s'élève au milieu d'une région calcaire couronnant les hauts sommets à l'O. de Po-shi ; le Permien sculpté en dolines et pitons d'une altitude moyenne de 2.350™- est fossilifère. Seuls sont représentés les horizons n et ru. Sur le sentier de Po-shi à Mo-pe-tchong les calcaires permiens apparaissent après San-chai-loung ou Lo-lo-tchong derrière la brèche par laquelle on aborde les calcaires ouraliens transgressifs sur le Dévonien dans les grands à pics qui surplombent la plaine de Po-shi. A 300™- du passage en allant vers Mo-pe-tchong on traverse les calcaires blancs ru remplis de Doliolines. J'y ai recueilli : Doliolina lepida Schwag. Schwagerina Verbeeki Gein. Fusulina Richthofeni Schw. Fusulina Lantenoisi n. sp. Les ondulations du calcaire font apparaître à 1 km. de Mo-pe-tchong les calcaires artinskiens ri qui près d'une ancienne mine ou plutôt recherche de cuivre abandonnée se montrent riches en fossiles : Productus sp. Spirifer Blasii Vern. Spirigerella grandis Waag. Hemiptyçhina sparsiplicata Waag. Geinit\ella crassa Lonsdale Lonsdaleia sp. Le grand piton qui se dresse derrière Mo-pe-tchong est rempli de Doliolina lepida et Schwagerina Verbeeki. Du reste d'une façon générale les calcaires autour de Mo-pe-tchong sont très fossilifères. Entre ce village et les affleurements dévoniens sur le sentier de Ho-tein les gisements se multiplient surtout dans les calcaires ru. Un peu avant la sortie des calcaires, la roche très blanche se montre criblée de Foraminifères extrêmement bien conservés. Schwagerina Verbeeki Gein. Doliolina lepida Schwag. Fusulina Richthofeni Schwag. Fusulina Lantenoisi n. sp. Fusulina Mansuyi n. sp. Fusulinella sp. Lingulina Sgechenyi Lorenth. Tetrataxis cf. maxima Schellw. Textularia sp. Stratigraphie i5g Cette série de calcaires blancs se prolonge dans les environs de Sin-tchai au N. de Mong-ti-tsen, au S. E. de Tsin-long-kai. Entre cette localité et Sin-tchai le sentier muletier très mauvais chemine à 2000 m. d'altitude dans une bande calcaire où sont représentés i'Ouralien et le Permien inférieur et moyen, sculptés en région karstique riche en gouffres et en dolines. J'y ai relevé sur 2 km- cinq gisements artinskiens dont l'ensemble m'a fourni : Spirifer Blasii Vern. Martinia aff. planoconvexa Schum. Spirigerella grandis Waag. Martiniopsis inflata Waag. Camarophoria globulina Phill. Uncinulus sp. (cf. timorensis Dav.J ? Athyris cf. angulata Mansuy Athyris sp. (cf. Royssii LÉv. ?) Productus gratiosus Waag. (1) Hemiptychina sparsiplicata Waag. Lonsdaleia sp. Cette faune offre de très grandes analogies avec celle de Yarkalo (province tibétaine de Ba-tang) et de Tse-de (Sseu-tchoan). On peut la considérer comme bien nettement artinskienne. Elle offre aussi beaucoup d'affinités avec celle du calcaire à Productus moyen de l'Inde, et avant tout de sa partie supé¬ rieure (Assise de Kalabagh). Spirifer Blasii Vern. établit des rapports avec l'Artinskien russe. Région entre Po-shi et Mi-leu. — Le Permien offre un beau développement entre les sous-préfec¬ tures de Po-shi et de Mi-leu, c'est-à-dire dans la région montagneuse du Che-hoa-chann, entre le cours du Tié-tchen-'ho et du Mi-leu-'ho. Les calcaires s'étendent comme un manteau peu plissé revêtant I'Ou¬ ralien qui est transgressif sur le Dévonien et débute (Voir page 140) par les couches à Fusulina multiseptata Schellw. Les couches étant dans cette région peu dérangées de l'horizontalité, sauf près de Mi-leu d'une part, de Po-shi (pli du Wéi-téou-chann) de l'autre, il en résulte qu'il est assez difficile de trouver une série un peu complète car les étages les plus inférieurs n'arrivent pas à la surface. De plus, l'érosion récente a enlevé presque complètement dans la région de Che-mo et à l'O. de Mi-leu la formation des poudingues r,, et des grès rouges r,,, qui au contraire un peu au N. dans la région de Lan-nin-tsin prennent une très grande importance qui augmente de plus en plus à mesure que l'on se dirigeai! N. vers Lou-nan. La carte géologique au 1 : 200000e (partie nord orientale) montre clairement comment le travail destructeur de l'érosion s'est exercé davantage au sud de Lan-nin-tsin qu'au nord. M. Lantenois avait déjà reconnu ce fait en disant (op. cit. p. 24) « Les grès rouges et la roche éruptive se terminent en biseau sur le cal¬ caire blanc, avant qu'on atteigne Che-mo en venant de Lan-nin-tsin ». Bande artinskienne entre A-ki-i et Mo-ehien-tsin : Une bande de calcaires permiens passe avec une direction N. N. E. à l'ouest du bassin de Mi-leu. Une photographie montre l'allure topographique de ces calcaires semés de dépressions sans écoulement. D'un parcours de plus de 100 km., cette ligne d'af¬ fleurements va aboutir dans la région de Ta-hi-ti et entre Tchao-koua et Tien-sen-kouang où nous la retrouverons. Au N. de A-ki-i, sur le chemin de 'Hoa-keuou, entre la source vauclusienne de Long-tang et Hou- an (ngan)-ko, dans la vallée sèche que suit le sentier en amont de Long-tang et avant la montée qui mène à Hou-an (ngan)-ko, les calcaires très blancs renferment la faune artinskienne : Spirifer Blasii Vern. Hemiptychina sparsiplicata Waag. Spirigerella grandis Waag. Lonsdaleia sp. Productus gratiosus Waag. (I) Je n'ai pu rapporter d'échantillons complets de ce Productus que je ne puis considérer comme différent de P. gratiosus Waag. l6o j. Deprat, Géologie générale Permien de Che-mo, entre Sié-si-fé et Wéi-téou-eharcn : Entre la grande fracture de Wéi-téou- chann et la région dévonienne de Sié-si-fé, j'ai indiqué dans ma carte une série de bandes permiennes coexistant avec l'Ouralien. J'ai montré fig. 25 (atlas) comment dans toute cette région le Dévonien moyen et supérieur dans la région de Mo-chien-tsin et de Che-mo est recouvert transgressivement et en discordance par les cal¬ caires ouraliens auxquels fait suite le calcaire artinskien concordant avec lui. Au nord du sentier de A- ki-i à Che-mo, l'Artinskien repose directement sur le Dévonien. A l'est du village de Che-mo entre le village et Sié-si-fé, on observe la coupe suivante sur le revers oriental de la chaîne de collines qui sépare la bande des calcaires ouraliens et permiens de la large zone des affleurements dévoniens. Permien supérieur, j Bas,alte altéré avec mouches de carbonate du cuivre. ( Grès rougeàtre sans fossiles peu épais. Permien inférieur. — Calcaire blanc artinskien. Ouralien — Calcaires à Néoschwcigerines. Les calcaires très blancs renferment à la montée, avant le petit col au de là duquel on descend sur Che-mo : Spirifer Blasii Vern. Uncinulus sp. Mcirtiniopsis injlata Waag. Uncinulus sp. Procluctus gratiosus Waag. Geinit^ella crassa Lonsd. Hemiptychina sparsiplicata Waag. Entre Che-mo et Wéi-téou-chann affleurent les calcaires ru qui, dans la coupe précédente, ont été enlevés par l'érosion antérieure au dépôt des grès permiens. Ils sont particulièrement riches en Foramini- fères. J'en ai relevé de nombreux gisements autour de Che-mo et'entre Che-mo et Wéi-téou-chann. Les uns et les autres m'ont donné : Doliolina lepicla Schw. Sclnvagerinci Verbeeki Gein. Fusulinci Richthofeni Schw. Fusulinci Lantenoisi n. sp. Fusulina Mansuyi n. sp. Lingulinci nankingensis Lorenth. Lingulina S^echenyi Lorenth. Bigenerina sp. Textularia sp. La figure 50 (atlas) montre l'allure des couches ouraliennes et permiennes dans la région du plateau de Che-mo et du Wéi-téou-chann ; celle-ci indique aussi des lacunes uniquement locales dues à l'érosion contemporaine de l'émersion antérieure au dépôt des grès et, tandis que dans la partie orientale de la coupe, dans le flanc oriental des collines de Che-mo, les grès peu développés reposent directement sur l'horizon n artinskien, dans le plateau de Che-mo les calcaires ni à Doliolina lepida, sont demeurés et dans le Wéi-téou-chann les poudingues épais s'intercalent comme le montre la coupe entre les calcaires ni et les grès /-,,,. On a alors : Permien supérieur. Permien moyen. . . Permien inférieur. \2 Basalte. r,,, Grès peu épais passant à l'horizon inférieur (environ 45 m.) r,, Poudingues à galets surtout formés de calcaires ouraliens et du Permien inférieur et moyen. ru Calcaire blanc ou jaunâtre (Horizon à Doliolina lepida). n Calcaires à Brachiopodes. Environs de Lou-khi, Lan-nin-tsin. — Comme le fait voir la Carte géologique au 1: 200000e auN. de la ligne Po-shi Mi-leu se prolonge la bande des terrains d'entre Che-mo et Wéi-téou-chann, toujours peu plissée, aux pendages se poursuivant régulièrement sans varier sur plusieurs kilomètres. Les calcaires Stratigraphie ouraliens disparaissent ici complètement sous le manteau permien. Cette bande d'affleurements est com¬ prise entre deux fractures de grande importance, la faille de Lou-nan et celle de Lan-nin-tsin. Une excellente coupe est celle que j'ai relevée entre Lou-khi et Lan-nin-tsin par Lao-tsi-chan et que je donne fig. 51 (atlas). Le pendage général des couches se fait vers l'O. N. O. ou l'O. : Permien supérieur. Permien moyen. . >2 Basalte de Lao-tsi-chann. Discordance accusée. r,,, Masse de grès rouges sableux remplis de cordons de petits galets avec bancs de poudingues à gros galets intercalés 300 m. r,, Poudingues épais à galets de calcaires ouraliens et permiens 150m. Discordance. ni Calcaires blancs à Doliolina lepida Schw 120m. (?) Les calcaires artinskiens n'apparaissent pas. Le grand intérêt de cette coupe réside dans le fait qu'on peut y saisir de la façon la plus évidente les rapports des différentes formations permiennes entre elles et préciser les phénomènes d'érosion accompagnant les émersions dues aux mouvements verticaux de l'écorce pendant le Permien supérieur ; ainsi les basaltes sur lesquelles s'élève le village de Lao-tsin-chou forment une couverture s'étendant indifféremment sur des horizons différents ; à l'E. de Lao tsin-chou entre ce village et Lan-nin-tsin on voit les coulées reposer sur les calcaires ni à D. lepicla Schw., tandis que sous le village elles s'étendent sur les poudingues r,, ceci représenté dans les figures51 et 52 (atlas); et un peu au N. O. de la même localité et au sud vers Che-mo, ces mêmes basaltes recouvrent les grès r,,, ; ainsi nous avons ici le témoignage d'une pénéplanation presque achevée dans cette région après le dépôt des grès rouges et avant l'épanchement des laves. Les grès rouges r,,, sont des roches généralement très meubles, passant souvent à des sables très grossiers avec des lentilles marneuses intercalées et parfois du gypse. La formation dépourvue de fossiles a une épaisseur énorme ici, elle dépasse 300 m. Des cordons de sable très grossier avec des petits galets s'observent à toutes les hauteurs ; plus rarement des bancs de poudingues épais de 2 à 3 m. comme au- dessous de Lou-khi. Il est inutile d'insister sur ce fait que ces dernières formations sont entièrement épisodiques et locales et s'atténuent dans le sens horizontal avec rapidité. Mais on doit remarquer que jamais le moindre épisode calcaire n'y apparaît. La formation des grès rouges offre une excellente coupe au-dessous de Lou-khi. Les poudingues épais ici de 150 m. environ reposent en discordance sur les calcaires à Ddliolina lepida Schw. dont ils renferment de nombreux galets concurremment avec les débris d'Ouralien. Les calcaires à Doliolina lepida Schw. apparaissent entre Lao-tsin-chou et Lan- nin-tsin à travers la couverture de basaltes (fig. 51 atlas) avec une direction générale N. N. E. par moments voisine du N. J'y ai trouvé beaucoup de points fossilifères ; le plus riche est celui qui se trouve au col entre Lao-tsin-chou et Lan-nin-tsin à la sortie de la roche éruptive. On y trouve : Schwagerina Verbeeki Gein. Doliolina lepida Schwag. var. ellipsoidalis Schwag. Fusulina Richothfeni Schwag. Fusulina Lantenoisi n. sp. Fusulina Mansuyi n. sp. Lingulina S^echenyi Lorenth. Bigenerina sp. Textularia sp. Région de Ta-me-ti. — Le prolongement N. N. E. de la bande permienne que nous avons étudiée plus au sud entre Mo-chien-tsin et A-ki-i passe à l'E. de Ta-me-ti, entre cette localité et Mo-tou-tsin. J'ai déjà donné une section de cette région (fig. 26 atlas). Les couches ri et ru y forment une masse épaisse de cal¬ caires blancs ou rosés, dolomitiques, très pauvres en fossiles. Vers l'est, ils disparaissent complètement, ayant été enlevés avant le dépôt des grès r,,,. Ces derniers forment sur les calcaires une couverture interrompue ; ils sont conservés surtout dans les synclinaux ; la région offre ainsi une alternance de bandes calcaires sculptées en pitons hardis, creusés de gorges sauvages, entre lesquelles au contraire s'étendent des zones de collines arrondies aux lignes très douces (Tcha-long, He-ni-tsin, Sin-tchai). J. Deprat, Géologie générale Les grès offrent ici un faciès un peu différent de celui de Lou-khi. Ce ne sont plus seulement les grès rouges sableux, mais ceux-ci tendent à faire place à des grès gris durs passant quelquefois à des quartzi- tes, dans lesquels les intercalations marneuses bariolées sont fréquentes. Les calcaires ri et ru sont transgressifs directement sur le Dévonien supérieur plissé antérieurement à leur dépôt (phase hercynienne). Ils sont eux-mêmes recouverts très régulièrement par les grès qui, près de Ta-me-ti et près de Sin-tchai, reposent sur le Dévonien supérieur par ablation des calcaires permiens. Nous retrouvons encore ici les mêmes faits que plus au sud vers Che-mo. Formation gréseuse du permien supérieur aux environs de Tchao-koua. — Autour de Tchao-koua le Permien supérieur uniquement représenté par l'horizon des grès repose presque toujours sur le Dévonien, et de l'examen de la région il ressort qu'avant leur dépôt l'émersion fut suffisamment prolongée pour réduire entièrement le pays à l'état de pénéplaine dans laquelle les saillies étaient à peu près complète¬ ment supprimées. L'érosion actuelle en enlevant peu à peu les formations gréseuses, a restauré la physionomie de la région en faisant reparaître à peu près la topographie de la pénéplaine avant le dépôt des grès. La fig. 27 (atlas), dans laquelle j'ai montré l'allure des dépôts dévoniens entre Pa-mao-tseu et Tchao-koua, fait voir aussi la position des lambeaux permiens gréseux transgressifs sur le Dévonien. Les sédiments gréseux sont très irrégulièrement distribués autour de Tchao-koua ; la Carte géologi¬ que montre leur distribution actuelle ; mais à côté des affleurements de grande étendue, on trouve deci-delà une foule de petits affleurements souvent de superficie très faible conservés dans de petites dépressions entre des pitons dévoniens. L'horizon des grès n'offre pas de série déterminée, mais un ensemble de grès rouges ou jaunes plus, ou moins cohérents ou au contraire sableux, avec de nombreuses intercalations de marnes généralement écailleuses rouges, vertes, blanches ou noires, dont les épaisseurs respectives varient beaucoup et sur des distances restreintes. J'ai reproduit clans la figure 53 (atlas-) une coupe très nette prise au bord même de chemin muletier entre Tchao-koua et Pa-mao-tseu et représentant un lambeau permien discordant sur les couches dévo- niennes (cha et dzb Dévonien inférieur) légèrement relevées. On observe en ce point : I 6 Marnes rouges. 11 m. I 5 Grès quartziteux 5 m. Etage des grès r,,, j 4 Marnes schisteuses noires, blanchissant par altération 2 m. du Permien supérieur. . j 3 Grès quartziteux. 4 m. f 2 Marnes schisteuses noires 2 m. \ 1 Grès gris 11 m. Discordance . . . . Dévonien inférieur. La base seule de l'horizon des grès est ainsi visible. On suit ces formations tout le long de la faille qui, passant un peu à l'O. de Tchao-koua, file avec une direction S. S. O. vers Mo-tou-tsin. Les grès permiens sont effondrés le long de cette fracture qui les met en contact avec le Dévonien moyen suivant une surface généralement verticale (fig. 123 atlas). Ce sont les grès bariolés jaunes, gris ou rouges, les marnes schisteuses noires, rouges ou vertes qui depuis Mo-tou-tsin jusqu'aux environs de Tchao-koua en passant par Hou-lou-keuou et Chouang-long-tsin forment les collines arrondies d'une altitude moyenne de 1800 m. qui s'étendent à l'O. de la fracture. A l'est de Tchao-koua les grès s'étendent largement vers Tou-tza. Au nord vers Lou-léang, ils ensevelissent à peu près complètement les dépôts dévoniens et se soudent ainsi aux affleurements de la bande qui passe entre Pa-mao-tseu et Ta-hi-ti. Formation gréseuse du Permien supérieur aux environs de Ta-hi-ti. — La bande permienne que nous avons étudiée à l'O. de Mi-leu et dans la région de Ta-me-ti se poursuit entre Pa-mao-tseu et Ta-hi-ti et de là vers Lou-léang (V. Carte géologique). J'ai déjà eu l'occasion d'indiquer comment les calcaires carbonifériens et permiens apparaissent en forme de rochers escarpés élevés dans la plaine de Ta-hi-ti, par suite du déblayage par l'érosion actuelle Stratigraphie i63 des grès qui les enrobaient, de sorte que la vue de cette région offre un aspect très semblable à celui si connu de la baie d'A-long (fig. 4 texte). La descente de Pa-mao-tseu dans la plaine est très instructive : les grès rouges recouvrent partout partiellement les calcaires qui pointent par endroits comme le montre la coupe (fig. 54 atlas) ; leur épaisseur est très variable : par places, il en reste des placages épais de o m 50 au plus, tandis qu'à peu de distance, ils demeurent sous forme d'amas plus épais dans des dépressions antérieurement creusées dans les calcaires avant le dépôt des grès. Dans la plaine de Ta-hi-ti, à l'E. du village les grès forment un manteau continu duquel émergent brusquement comme d'énormes récifs les calcaires ouraliens et permiens qui portent souvent encore des placages minces de grès rouge ; la fig. 55 (atlas) montre la coupe d'un de ces rochers calcaires pourvu de ces témoins gréseux. Ici, le faciès général des grès est celui que nous avons rencontré du côté de Lou-khi et de Lan-nin- tsin. Ce sont des grès rouges sableux, rarement très cohérents, remplis de rognons de limonite. L'absence de fossiles est absolue clans ces formations éminemment détritiques et meubles. Ces grès rouges au N. de Ta-hi-ti s'étendent largement dans la région de Lou-léang. Dans plusieurs endroits, ils contiennent des amas de gypse. Le Permien dans la région de Lou-nan, Lo-a-tien, Tien-sen-kouang La région de Lou-nan même a déjà été l'objet d'observations de la part de M. Leclère qui a recueilli à la fois des Brachiopodes et des Foraminileres déterminés par M. Douvillé comme appartenant au Permien moyen. MM. Lantenois et Mansuy ont recueilli également des Brachiopodes et des Foraminifères dans la même région et les ont attribués à deux niveaux distincts. M. Lantenois observa la superposition discor¬ dante des poudingues et des grès rouges aux calcaires permiens. M. Counillon qui passa par Tien-sen- kouang a établi clans ses coupes, d'ailleurs rudimentaires (Annales des Mines 10e série. T. XI, p. 429 et suiv., in Mission Lantenois) une confusion complète entre les grès rouges permiens et le Dinantien de Tien- sen-kouang et de Ko-yi-ho, de même qu'entre les calcaires moscoviens de l'horizon de Lo-a-tien, les cal¬ caires ouraliens et toute la série permienne ; il en résulte que ses coupes (pl. XIII) sont à peu près inuti¬ lisables. La bande permienne que nous rencontrons ici est le prolongement N. N. E. de celle que nous avons étudiée dans la région de Lou-khi à Lan-nin-tsin. Autour de Lou-nan les couches sont à peu près horizon¬ tales et seule l'érosion plus ou moins prononcée permet d'étudier les horizons inférieurs. Les grès rouges sur lesquels s'élève la sous-préfecture de Lou-nan, offrent les mêmes caractères que dans la région de Ta-hi-ti. Ce sont les mêmes grès rouges ou jaunâtres, peu durs, souvent très sableux, avec lentilles marneuses intercalées, riches en rognons de limonite disséminés à la surface du sol. Là où les cours d'eau ont suffisamment entamé leur couverture, on voit affleurer les horizons calcaires permiens et carbo- nilériens. Le terme le plus inférieur de la série est le Dinantien qui apparaît à Ko-yi-ho dans une petite boutonnière, puis le calcaire moscovien de Lo-a-tien déjà décrit (p. 121); au-dessus, on observe la série des calcaires ouraliens et permiens à peu près horizontaux. Dans les environs de Lou-nan, à Lou- mé-i notamment, on recueille dans les calcaires artinskiens (Leclère et Lantenois) : Au-dessus viennent les calcaires blancs à Doliolina lepida Schw. Dans la région de Tien-sen-kouang, les mêmes formations sont très bien reposées et leurs relations très claires. Je renverrai à la figure 33 (atlas) qui offre une coupe représentant le Dinantien, l'Ouralien et le Permien. A Tien-sen-kouang même les calcaires artinskiens n reposent directement et en concordance sur les calcaires ouraliens à Néoschwagérines, tandis que les grès rouges à l'est du village se montrent très nettement discordants sur les calcaires artinskiens dont ils moulent les rugosités ; à 1400 m. du village, ils Spirigerella grandis Waag. Athyris cf. média Waag. Hemiptychina sparsiplicata Waag. Uncinella indica Waag. Stenopora cf. crassa Lonsdale Chaeteles sp. 164 j. Deprat, Géologie générale butent contre les calcaires dévoniens moyens (horizon à Stringocephalus Burtini c/46) par faille (fig. 33 atlas). La coupe est la suivante : Dévonien moyen c/46 Calcaire à Stringocéphales. Faille Permien supérieur. Grès rougeàtres ou gris avec intercalations de marnes vertes, plissés. Discordance Permien inférieur. Calcaires gris-blancs du village de Tien-sen-kouang. Ouralien à Néoschwagérines. Les calcaires du Permien moyen à Doliolinci lepicla Schw. font défaut, enlevés par l'érosion antérieure au dépôt du grès rouge r,,,. Les calcaires du village sont très fossilifères. M. Counillon y avait déjà recueilli plusieurs espèces artinskiennes. M. Mansuy qui s'est appliqué à établir leur faune d'une façon complète y a récolté aussi une belle série de fossiles. L'ensemble des récoltes donne : Près d'Ho-mo-tchan à l'ouest de Tien-sen-kouang le Permien se complète par l'adjonction des calcaires à Doliolinci lepicla Schw. qui forment les remarquables aiguilles semblables à un groupe de menhirs qui couronnent la colline derrière la pagode à l'O. du village. J'y ai recueilli : Au N. d'Ho-mo-tchan les calcaires ri à brachiopodes et ceux à Doliolinci lepicla se poursuivent dans les canyons du Pou-tchang-ho et de ses affluents 011 ils jouent un rôle important dans la formation des à-pics et des extraordinaires masses ruiniformes qui caractérisent cette région, concurremment avec les calcaires ouraliens. Ainsi dans toute la région qui s'étend à l'est du Tié-tchen-ho les dépôts permiens sont caractérisés par une irrégularité constante dans l'épaisseur des sédiments et souvent par l'absence locale d'un ou plusieurs horizons, absence produite non par lacune de sédimentation comme on pourrait le croire de prime abord, mais par la pénéplanation qui accompagna l'émersion antérieure au dépôt de l'étage des grès. Comme les différentes données à cet égard sont dispersées dans la description précédente, dans une série de coupes locales, je crois utile de les résumer dans une figure schématique plus claire dans cette circons¬ tance que ne pourrait l'être un tableau (diagrammes figure 10 texte). A part cette inconstance dans la continuité des dépôts de chaque horizon, due à l'ablation antérieure au dépôt des grès, les formations permiennes offrent dans tout le Yun-nan oriental une très grande simili¬ tude de faciès et une fixité remarquable dans les caractères de la faune, ce qui nous dispensera d'établir un tableau de comparaison des séries dans les diverses parties de cette région. Spirigerella grandis Waag. Athyris angulata Mansuy Hemiptychina sparsiplicata Waag. Spirifer Blcisii Vern. Martiniopsis inflata Waag. Camarophoria globulina Phill. Naticopsis piriformis Mansuy Dielasma sp. Ambocaelia sp. (?) Geinit\ella crassa Lonsdale Doliolinci lepidci Schwag. Doliolinci lepicla Schw. var. ellipsoidalis Fusulina Lantenoisi n. sp. Fusulina Mansuyi n. sp. Fusulinella sp. Lingulina sp. Schwag. Schwagerina Verbeeki Gein. Fusulina Richthofeni Schwag. Le Permien au Nord du parallèle de Yun-nan-fou Au nord du parallèle de Yun-nan-fou, le Permien continue à jouer un rôle important ; ses puissantes masses calcaires contribuent largement à la composition des hautes chaînes du Kouo-ma-chann, du Yo-liang-chann, du Fong-wou-chann, etc., en général de toute la région de hauts sommets d'altitude Stratigraphie i65 e Wou. Lou Si CfiOLL 7'siri CJtouéè Tarif/ Ouest, de Po Shi Wéi. T£ou Cfvann. Est de, CIw Mo 6 S II ^ «9 \ 4 + 4 + + + + 4 + 4 4 4 4 4 4 4 + 4 4 + 44 -1 -1 -1-1_ Pe.nm.icn. moyen r ji i-i-ilii-■ •III-lllll-l- l '} i mi ni mil III 111 III Ounaliën % ^ ^ ^ 9e O' ^ /s /// . 32; /6 Xm. Région de Lou. Khi cf Lan Nin Tsirt 24 Km Lou. Non Ho Mo Tchart t. t. g. S >s .s H t. « Penrnrcri moyen. ,4 + 44 + A + + + + X.' 4 4 4 4 + _ —pEfc.* ^ 4^ 4^ ^ = =|= =|® J : - |- _|- -_| • z\=i\z = | = ; |r "cT'-Oî e>* ;; y os.- A ntiris - te t'en. a mu 11 î\. OunaJi.cn . i, ^#v:' Bande d/> Ta Ht Ti Région, do 7htmo Ko un Tien Sert Koucirty Lou Léattg Ton Tza., Hou, Lou, Kcittnt IO htn. //i Km J5 Km 4 4—T~ + 444- + ♦ + 4 JE "4 4 + 4 Fig. io. — Coupes schématiques parallèles du Permien dans le Yun-nan oriental. iO(> .1. Deprat, Géologie générale moyenne de 3000 à 3500 m., qui forment les bassins du Liou-chou-'ho, du Tchang-hi-'ho, du Pou-tché- 'ho ; mais ici, il n'est plus possible de rechercher des séries bien complètes, car la tectonique est beaucoup trop compliquée pour cela. Le Permien fait partie des grands plis parallèles déversés vers le S. E, souvent disloqués par des plans de charriage et qui courrent au N. du parallèle de Yun-nan-fou sur de grandes longueurs en prenant en écharpe cette région du Yun-nan oriental. Synclinal du Yo-liang-chann et du Fong-wou-chann. — Un long pli synclinal déversé vers le S. E. commence à la zone de fracture de Iang-lin et se dirige avec une direction S. O.-N. E. vers Siun-tien- tchéou, en formant la masse montagneuse du Yo-liang-chann (fig. 108 atlas). Interrompu par l'importante fracture presque N. S. qui donne naissance à la plaine longitudinale de Siun-tien-tchéou, il reprend au- delà de cette faille en formant le haut massif du Fong-wou-chann et de là se continue dans le bassin du Niéou-lang-ho. Massif du Yo-liang-chann. — Sur le revers nord-ouest du Yo-liang-chann le Permien forme l'axe du synclinal, mais il est développé de façon incomplète. Vers le S. O. le basalte très épais occupe exac¬ tement la partie médiane du synclinal, mais l'érosion antérieure au dépôt des grès r„, a supprimé tous les dépôts jusqu'à l'Ouralien ; tandis que dans la partie nord-orientale du synclinal les calcaires artinskiens calcaires ni apparaissent de part et d'autre sous le basalte discordant sur eux. Nous retrouvons ici les n et les mêmes circonstances qu'au S. du parallèle de Yun-nan-fou. On observe : Partie S. O. du Yo-liang-chann. Partie N. E. du Yo-liang-chann. Permien supérieur : Basalte Basalte. Discordance Discordance. Permien moyen: ni Calcaire à Doliolina lepida. Permien inférieur : n Calcaires massifs. L'ensemble est renversé vers le S. E. Les gisements fossilifères ne sont pas très nombreux parce que les calcaires ont fréquemment souffert des efforts tectoniques et sont rendus bréchoïdes. Sur le chemin de Siun-tien-tchéou à Kouo-ma au S. O. de Siun-tien-tchéou, j'ai trouvé dans les calcaires ni du Permien moyen, un peu après la roche éruptive : Doliolina lepidaScnw. Fusulina Lanlenoisi n. sp. Schwagerina Verbeeki Gein. Bigenerina sp. Fusulina Richthofeni Schwag. Le faciès lithologique des calcaires à Doliolina lepida est complètement différent de celui qu'on observe au S. du parallèle de Yun-nan-fou où il est d'un blanc très pur, tandis qu'ici ils sont d'un gris foncé ou bleu-noir ; ceci montre combien on doit être en garde sur les ressemblances ou au contraire les dissemblances des calcaires entre eux et comme il faut attacher peu d'importance à l'aspect dans la clas¬ sification. Les calcaires n artinskiens forment une masse épaisse à tendances dolomitiques, pauvre en fossiles ; dans le chaînon qui sépare la plaine de Siun-tien-tchéou de celle de Sin-kai-tseu j'ai recueilli : Spirigerella grandis Waag. Geinitzella crassa Lonsdale Massif du Fong-wou-chann. — Le synclinal se poursuit au-delà de la fracture de Siun-tien-tchéou, dans le haut massif du Fong-wou-chann qui, depuis les hauteurs qui s'élèvent à l'O. de Siun-tien, montre avec une admirable netteté l'allure des couches calcaires qui dessinent le long des flancs escarpés du massif le vaste recoui bernent de leurs assises ployées en un vaste synclinal déjeté vers le S. E. et dont l'axe est occupé par le basalte. La coupe que j'ai représentée fig. 109 (atlas) a pu être dessinée d'après nature à plusieurs kilomètres de distance, tellement le parcours des bancs calcaires est bien visible. Dans le Fong-wou-chann, l'érosion du Permien supérieur a moins profondément attaqué encore les dépôts que dans le Yo-liang-chann et la série des horizons calcaires est presque complète ; dans les crêtes à 5000 m d'altitude, j'ai trouvé dans le flanc renversé du synclinal les calcaires à Sumatrines conservés localement entre le calcaire à Doliolina lepida et le basalte. La série est donc la suivante dans le Fong-wou-chann : Stratigraphie 167 ' Labradorite. 200 m. D , . Discordance. r ERMIEN SUPERIEUR. { r,ci Calcaire à Neoschwagerina (Sumatrina) multiseptatu n. sp......... 20 111. r, Calcaire à Neoschwagerina (Sumatrina) Annae Volz 10m. Permien moyen. ... ni Calcaire gris noir à Doliolina lepida Sch'wag 100 m. Artinskien «...... n Calcaire gris clair à Brachiopodes 150 m. Les calcaires ri ne renferment nulle part de beaux gisements ; on trouve cleci-delà quelques amas de lossiles difficiles à dégager, mais clans lesquels j'ai pu identifier dans l'ensemble : Spirifer Blasii Vern. Geinit^ella crassa Lonsdale Hemiptychina sparsiplicata Waag. Ambocaelia sp. Spirigerella grandis Waag. Peronella sp. Camarophoria globulina Phill. Les calcaires à Doliolina lepida ru offrent beaucoup moins de richesse d tns le nombre des individus que dans les régions méridionales ; de plus ils sont souvent un peu écrasés ; l'influence des grands char¬ riages et les refoulements intenses que l'on observe au N. se font déjà sentir. Dans les calcaires prélevés en différents points dans les grands crêtes du Fong-wou-chann et dans la barre qui longe le Niéou-lang-'ho sur sa rive N. O. j'ai recueilli des échantillons calcaires qui, en lame mince, m'ont donné : Doliolina lepida Schw. Fusulina Mansuyi n. sp. Schwagerina Verbeeki Gein. Fusulinella sp. Fusulina Richthofeni Schwag. Dans les calcaires r, et r,a à Sumatrines, gris beiges, localement conservés clans le flanc renversé du synclinal, j'ai observé deux horizons caractérisés, l'un par N. (Sumatrina) Annae Volz, l'autre par N. (Sumatrina) multiseptata n. sp. Les calcaires r, m'ont fourni : Neoschwagerina globosa Yabe Doliolina pseudolepida n. sp. Neoschwagerina (Sumatrina) Annae Schwagerina Douvillei n. sp. Volz Fusulina Margheritii n. sp. Neoschwagerina (Sumatrina) Annae Fusulina exilis Schwag. Volz var. stricta n. var. Les calcaires r,a contiennent uniquement : Neoschwagerina (Sumatrina) multiseptata n. sp. Plis couchés et écaillés de la région du A-wang-chann. — Le Permien calcaire et les basaltes andésitiques sont représentés dans les écailles de la région du Tchang-hi-ho ; je décrirai en détail au point de vue tectonique cette région profondément disloquée et clans laquelle les formations sont souvent écra¬ sées. J'indiquerai simplement ici que les calcaires artinskiens et les calcaires à Doliolines y forment des affleurements très épais. Zone des andésites et basaltes andésitiques. — Comme le montre la Carte géologique un énorme affleurement de laves basiques traverse en écharpe la région de Tong-tchouan. Ces roches occupent l'axe d'un synclinal qui se décompose lui-même dans son ensemble en synclinaux et anticlinaux secondaires. L'analyse tectonique mettra cela en lumière. Dans la région de Wou-long, Pou-tché-'ho, ce synclinal est complètement renversé vers le S. E. et largement chevauché par les calcaires ouraliens ou permiens sur lesquels s'étale la masse charriée du Kiao-ting-chann. La figure 170 (atlas) montre comment par conséquent cette aire synclinale est écrasée par la nappe. L'accumulation des andésites et des basaltes andésitiques est colossale dans cette région ; elles sont accompagnées de cinérites et de tufs ou au contraire de formes à texture diabasique. Je les décrirai avec leur composition chimique dans un chapitre spécial. Ce déluge basique est en contact direct (en dehors des anomalies d'ordre tectonique), soit avec les calcaires per¬ miens ri ou ru sur lesquels il s'est épanché, soit avec les calcaires ouraliens lorsque l'érosion antérieure à i68 j. Deprat, Géologie générale l'épanchement des laves a enlevé le Permien ; ainsi au col de Tsouen-tien-po (1830111) qui permet de pas¬ ser de la vallée du Wou-long-'ho dans celle du Pou-tché-ho, les calcaires ouraliens à Fusulina brevicula reposent directement (la série étant renversée) sur les laves qui les avaient directement recouvertes après ablation du Permien calcaire et de la plus grande partie de l'Ouralien. Là où l'on rencontre les calcaires permiens ri et ru entre les roches éruptives et les calcaires ouraliens, ils sont fréquemment laminés d'une façon puissante. Le Permien calcaire paraît se poursuivre vers le N. N. E. au-delà de Tong-tchouan. Bande permienne d'entre Tou-mou-nyi et Lao-chou-to. — Entre ces deux localités passe une bande de terrains permiens plissés en synclinal, surmontant la série carboniférienne déjà étudiée (p. 102) et poussée par un contact anormal sur une lame de Dinantien et de Gambrien qu'elle écrase (fig. 1 13 atlas). Les basaltes andésitiques offrent au col de He-ia-keuou (') (3.200 m) une épaisseur d'au moins 500111 ; les calcaires sous jacents qui forment d'énormes abrupts au-dessus de la vallée du Pou-tou-'ho, sur le canyon de Tou-mou-nyi et vers Lao-chou-to, renferment par endroits des Doliolines indiquant l'horizon ru ; ailleurs, on recueille des formes artinskiennes : sur la gauche du torrent de Cheu-kan-tzeu, dans les pyra¬ mides calcaires à-pic sur la gorge et au-dessus de Ta-sin-mao, j'ai trouvé : avec d'autres brachiopodes en mauvais état parmi lesquels peut-être Reticularia cf. Waageni Loczy. Cette bande permienne traverse la profonde gorge du Pou-tou-'ho en se dirigeant vers l'O. S. O. Je ne l'ai pas suivie au-delà. A l'E. N. E. de Tou-mou-nyi, elle disparaît comme le montre la Carte géolo¬ gique sous la nappe des terrains charriés du Kiao-ting-chann. Le permien dans les calcaires de la nappe charriée du fleuve bleu. — Le Permien calcaire est repré¬ senté dans les calcaires bréchoïdes de la nappe du Kiao-ting-chann; malheureusement, l'état d'écrasement dans lesquels ces calcaires se trouvent en général ne permet pas de les distinguer des calcaires ouraliens sur la carte. J'ai trouvé, rarement, des calcaires, où j'ai pu reconnaître Doliolina /epfc/a Schelw. et Fusulina Richthofeni Schwag. J'ai groupé ces formations sous une rubrique compréhensive avec les calcaires oura¬ liens de la nappe. Je considère du reste comme impossible de jamais distinguer avec précision sur une carte, à quelque échelle que ce soit, les différents horizons dans cette série généralement puissamment écrasée parles actions mécaniques. Ainsi les calcaires artinskiens n et les calcaires ru à Doliolina lepida paraissent bien développés aussi bien au nord qu'au sud du parallèle de Yun-nan-fou ; les éruptions basiques non seulement s'y sont produi¬ tes également, mais leur intensité fut plus considérable encore qu'au sud. Par contre l'étage des grès paraît s'atténuer et disparaître d'une façon générale, mais cette lacune est très probablement due à l'érosion. Artinskien : Nous avons rangé dans le Permien inférieur noté n dans les coupes l'horizon riche en Brachiopodes rencontré dans de nombreuses parties du Yun-nan. J'ai déjà fait ressortir le fait que les Fusulinidés manquent totalement dans cet horizon et que c'est incontestablement par suite du mélange d'échantillons provenant d'horizons successifs, mais nettement différents, que M. Leclère y cite par exemple Schwagerina crciticulifera dans les calcaires de Tien-sen-kouang où cette espèce se rencontre, mais dans un horizon inférieur parfaitement défini, totalement dépourvu de Brachiopodes et que nous avons attribué à l'Ouralien. Spirigerella grandis Waag. Camarophoria globulina Phillip. Athyris cf. angulata Mansuy Geinitpslla crassa Lonsdale AFFINITÉS DU PERMIEN YUNNANAIS. (*) Sur le chemin de Lao-chou-To à Tou-mou-nyi. Stratigraphie L'ensemble des gisements étudiés a donné pour le tableau de la faune de cet horizon calcaire les espèces suivantes : Spirigerella grandis Waag. Athyris cf. média Waag. Athyris cf. angulata Mansuy Athyris Royssii LÉv. Chonetes sp. Martiniopsis inflata Waag. Martinia aff. planoconvexa Schum. Spirifer Blasii Vern. Spiriferina cristata Schl. Productus gratiosus Waag. Productus cf. semireticulatus Mart. Productus striatus Fisch. Reticularia cf. Waageni Loczy Hemiptychina sparsiplicata Waag. Camarophoria globulina Phill. Uncinulus cf. timorensis Beyr. Uncinulus sp. Dielasma sp. Naticopsis piriformis Mansuy Lonsclaleia sp. Stenopora (Geinit\ella) crassa Lons- dale Pleurotomaria sp. Ambocaelia sp. Chaetetes sp. Cyathophyllum sp. Les affinités de cette faune sont assez complexes ; Spirifer Blasii Vern. est une forme russe ; la majo¬ rité des autres espèces appartient au calcaire à Productus moyen de l'Inde. Hemiptychina sparsiplicata Waag., Camarophoria globulina sont dans ce cas ; la série des Athyris et de Spirigerella grandis Waag. appartient également à la partie supérieure du calcaire à Productus moyen ainsi que Productus gratiosus Waag. du calcaire de Kalabagh. Lonsdaleia sp. qui rappelle L. indicci Waag. et Wentz. et Geinit^ella crassa Lonsd. sont des formes indoues. M. Mansuy a déjà fait ressortir avec ces analogies que le Chonetes sp., bilobé, à sillon médian accentué, rappelle les Chonetes très bilobés qui vont de l'Ouralien au Pendja- bien et dont C. Vishnu Salt. duPermien himalayen est le type. D'autres espèces n'ont encore été indiquées que dans des gisements moins connus, comme par exemple Reticularia Waageni Loczy de Yarkalo. Spirifer (Martinia) cf. planoconvexus Schum. appelle un rapprochement avec le Nord-Amérique. A côté de ces formes bien caractéristiques, il y a quelques espèces cosnopolites et de grande extension verticale, peu caractéristiques, comme Spiriferina cristata Schl. Mais les principales affinités sont avec les calcaires à Productus moyens supérieurs de l'Inde et l'ensemble de la faune offre une cohésion très remarquable. Suivant en cela M. Tchernyschew, nous envisageons cette faune et par conséquent le Calcaire à Productus moyen dans sa partie supérieure comme artinskien, la partie inférieure étant ouralienne. Permien moyen : Suivant les vues de M. le professeur H. Douvillè, (1) je crois que l'on peut attribuer au Permien moyen l'horizon à Doliolina lepida Schwag. bien développé au Yun-nan et dans lequel j'ai recueilli une belle faune de Foraminifèrés dont plusieurs espèces nouvelles de Fusulinidés que je décris ailleurs (2) : Doliolina lepida Schwag. Doliolina lepida Schwag. var. ellipsoi- dalis Schwag. Schwagerina Verbeeki Gein. Fusulina Richthofeni Schwag. Fusulina Mansuyi n. sp. Fusulina Lantenoisi n. sp. Fusulinella sp. Lingulina nankingensis Lorenth. Lingulina S^echenyi Lorenth. Textularia cf. maxima Schellw. Textularia sp. Bigenerina sp. Spirillina plana v. Moll. var. patella Lorenth. Cette faune n'offre guère que des affinités strictement asiatiques et même extrême-orientales et paraît cantonnée dans la mer chinoise, entre le massif tibétain, leGondwana et la Chine septentrionale Cependant Schellwien a signalé de Hadi Neli Oglou en Asie Mineure une Dolioline aff. D. lepida ; mais en définitive P) Les Calcaires à Fusulines de l'Indochine. Bull. Loc. Géol. Fr. 4e série, t. VI. 1906. (2) Etude des Fusulinidés de Chine et d'Indochine et classification des calcaires à Fusulines. 3e partie du présent volume. i7o J. Deprat, Géologie générale l'épanouissement des Doliolines paraît s'être fait surtout en Extrême-Orient et ces formes ne paraissent être représentées ni en Europe, ni en Amérique. Schwagerina Yerbeeki Gein. est aussi une forme tout à fait spéciale à la Chine, aux îles de la Sonde et au Japon. Nous avons vu cette espèce dans l'horizon ouralien liça à Neoschwagerina multicircumvoluta n. sp,mais représentée seulement par de très rares indi¬ vidus. Ici, au contraire, elle est extrêmement abondante et concurremment avec Doliolina lepida Schwag. elle remplit quelquefois les bancs calcaires. Fusulina Richthofeni Schwag. est une forme connue jusqu'ici uniquement en Chine. Quant à Fusulina Mansuyi et Fus. Lantenoisi, ce sont deux espèces nouvelles. Le Permien moyen yunnanais paraît donc appartenir au point de vue de la faune à une province zoologique extrême orientale particulièrement localisée. Permien supérieur : Les calcaires à Néoschvvagérines très évoluées du groupe des Sumatrines sont dans le même cas que les calcaires ru du Permien moyen. L'horizon r, contient : Cette faune aussi bien que la précédente offre un cachet absolument propre aux calcaires permiens de la Chine méridionale, du Japon, des îles de la Soncle ; je l'ai retrouvée complète dans les calcaires de Pong-Oua (Laos) ; on la trouve également aux environs de Louang-Prabang. Neoschwagerina globosa est connue au Japon d'après les travaux de Yabe ; elle se trouve également clans les calcaires de Pong-Oua où M. Douvillé l'a signalée, avec N. (Suniatrina) Annae Volz. Fusulina exilis Schw. est connue seule¬ ment au Japon, au Laos et actuellement au Yun-nan où j'indique sa présence. Fusulina Margheritii est une espèce nouvelle que j'ai retrouvée dans les calcaires de Pong-Oua. Schwagerina Douvillei est une superbe espèce qui se groupe avec Schwagerina Verbeeki mais s'en distingue cependant par des caractères abso¬ lument tranchés, et qui, certainement, a été souvent confondue déjà avec elle. Ainsi que Doliolina pseudole- pida n. sp. et N. (Suniatrina) Annae Volz var. stricta n. var., ces formes se trouvent à la fois dans le Per¬ mien supérieur yunnanais et dans celui du Laos où je les ai retrouvées dans le calcaire de Pong-Oua. Il y avait donc à cette époque une province zoologique très bien délimitée embrassant une mer s'étendant sur la Chine méridionale, le Japon, l'Indo-Chine et la Sonde, tandis que vers l'O. on n'a jamais signalé jusqu'à présent aucune des espèces qu'on y rencontre, non plus que clans le Nord-Amérique. Les calcaires r,a renfermentsimplementNeoschwagerina (Suniatrina) multiseptatan. sp.; ils se relient étroitement aux calcaires à N. (Suniatrina) Annae Volz. J'ai observé cette belle espèce au Yun-nan au Fong-wou-chann, et je l'ai retrouvée identique dans les calcaires de Si-so-phon au Cambodge. La même remarque que pour l'horizon r, peut être faite ; là liaison entre la mer chinoise méridionale et les eaux de la région de la Soncle et de la partie méridionale de l'Indo-Chine persistait alors. Avec la fin du Permien supérieur, nous devons renoncer à chercher aucune analogie de faune avec d'autres régions, puisque l'horizon des grès où qu'on l'observe est totalement dépourvu de fossiles. COMPARAISON DES DÉPÔTS PERMIENS DU YUN-NAN ET DES RÉGIONS ASIATIQUES ENVIRONNANTES f1) Yun-nan occidental : M. le professeur H. Douvillé a déterminé dans les calcaires de Yun-nan-y, sut- la route de Yun-nan-fou à Ta-li-fou, et à proximité de cette dernière ville, les fossiles suivants recueillis par M. Leclère : Neoschwagerina globosa Yabe Neoschwagerina (Suniatrina) Annae Doliolina pseudolepida n. sp. Schwagerina Douvillei n. sp. Fusulina exilis Schwag. Fusulina Margheritii n. s. volz Neoschwagerina (Suniatrina) Annae Volz var. stricta n. var. Littori.ua (Ennema) sp. Straparollus sp. Articles d'encrines. Pcichypora cf. jabiensis Waag. Stenopora (Geinit\ella) cf. crassa Lonsdale * Stenopora sp. Peronella sp. Euclea sp. (') Dans les listes de fossiles données en comparaison, je marque d'un astérisque les espèces appartenant également aux gisements yunnanais. Stratigraphie 171 M. Douvillé rapproche cet horizon de celui de Jabi, des formes très analogues ayant été figurées par Waagen dans son calcaire à Productus supérieur ('). Sseu-tehoan tibétain s De Tse-de et de Chen-teu dans la région de Ba-tang, M. Von Loczy nous a lait connaître une faune intéressante : Productus aff. gratiosus Waag.* Fusulina sp. Productus aff. semireticulatus Mart.* Eiulothyra sp. Spirigerella grandis Waag.* Dactylopora sp. Marginifera ovalis Waag. Gyroporella sp. Lonsdcileia inclica Waag. et Wentz.* Les analogies sont très grandes avec l'Artinskien du Yun-nan oriental. Il n'y a pas moins de quatre espèces communes, toutes du calcaire à Productus de la Sait Range et appartenant également à la faune de Chitichun. De Yarkalo dans la vallée du Lan-tsan-kiang (Tibet oriental, frontière du Sseu-tchoan) Von Loczy a décrit une belle faune recueillie par le P. Desgodins et qui se relie à la faune artinskienne que nous avons décrite. Les espèces déterminées de Yarkalo sont : Productus scabriculus Mart. Reticularia Waageni Loczy* Productus tumidus Waag. Uncinulus timorensis Beyr.* Productus (Marginifera) Desgodinsi Camarophoria Purdoni Dav. Loczy Polypora fastuosa de Kon. Productus semireticulatus Mart.* Septopora biserialis Swall. Spirifer (Martinia) planoconvexus Acanthocladia cf. anceps Schloth. schum.* La faune de Yarkalo offre par Martinia planoconvexa Schum. et Septopora biserialis Swall. des affi¬ nités avec le Permo-Carbonifère du Nebraska et de l'Illinois, tandis que Polypora fastuosa de Kon. rap¬ pelle le Carboniférien inférieur de Belgique. La plupart des autres espèces se rattachent au Calcaire à Productus moyen de la Sait Range et quelques-uns à la faune de Chitichun. Camarophoria Purdoni Waag. se poursuit jusque dans l'Ouralien et l'Artinskien de Russie et de l'Oural. Comme les couches de Tze-de, celles-ci offrent une parenté évidente avec la faune artinskienne du Yun-nan oriental. Kwéi-tehéou : Du Kwéi-tchéou qui fait frontière à l'E. avec le Yun-nan nous avons quelques rensei¬ gnements. De Ngan-tchouang-po M. Leclère a rapporté des fossiles que M. Douvillé a déterminé ainsi : Spiriferina cristata Schl.* Fenestella sp. Productus intermedius Waag. Favosites sp. Chonetella sp. M. Douvillé ajoute : « Les Productus appartiennent au groupe de P. intermedius du Permien de Djoulfa Une troisième forme est voisine des Chonetes, et le moulage interne d'une valve dorsale présente les caractères du genre Chonetella Waagen ». Notre savant confrère Yabe, dans son intéressante Contribution au genre Fusulina (2), a signalé au Kwéi-tchéou (Ho-chang, entre Ho-toung et Tsou-choung) : Fusulina sp. Bigenerina sp. Fusulinella sp. Tetrataxis sp. Doliolina lepida Schw.* indiquant le même horizon que nos calcaires ru. (1) G. R. Ac. Se. CXXX. p. 594. (2) Journal of the Collège of science, Imp. University. Tokyo ; vol XXI, art. 5. p. 15 i72 J. Deprat, Géologie générale Kiang-si, Ngan-hoéi : Du Kiang-si, localité de Ping-ching-hien, au N. O. de Long-cha-chong, Yabe(') nous a fait connaître : accompagné d'une forme de Néoschwagérine parente de N. craticulifera Schw. Du Ngan-hoéi nous connaissons un faciès artinskien à ammonoïdés, très différent des précédents appartenant aux genres Gastriocercis et Paraceltites dans un schiste noir bitumineux près de Nan-king (2). La faune de Fusulinidés reparaît dans les calcaires gris foncés bitumineux de Long-tang, K.ao-tzeu, Tching-kiang ou V. Loczy cite (3) : Dans cette liste Schwag. cite N. craticulifera, avec doute et ce me semble, avec raison; Fusulina cylindrica également doit être une forme douteuse et se rapporter sans doute à une autre espèce. De Tchong-kiang-fou Schwager a déterminé : ('*) Ainsi notre horizon ru du Yun-nan paraît se relier sans interruptions à une série de dépôts s'étendant sur toute la Chine méridionale. Japon : Yabe (5) nous a fait connaître la faune des calcaires d'Akâsaka (province de Mi-no). C'est de là du reste que Richthofen rapporta des fossiles dans lesquels Schwager détermina Fusulina japonica, F. exilis, Schwagerina Verbeeki, etc. Il y considère : Division supérieure, j Calcaires à Scluvagerina Verbeeki et Neoschwagerina globosa. [ Schwagerina Verbeeki (rare). Division inférieure, j Doliolina lepida, Neoschwagerina craticulifera, Fusulina japonica. ( Neoschwagerina globosa (cette dernière très douteuse.) Il est évident qu'il y a là un mélange de formes provenant d'horizons différents et qu'une étude détaillée nous fera connaître les niveaux successifs et leur emplacement exact. Chine septentrionale, Turkestan : V. Loczy a (6) signalé dans la région des Nan-chcin, à l'E. du lac K.ou-kou-nor des couches gréseuses avec charbon représentant sans doute le Permien inférieur et moyen et que recouvre un calcaire à Allorisma perelegans Waag. espèce du Calcaire supérieur à Produc- tus de la Sait Range et qui représente probablement le Thuringien. Dans les monts Semenow la série permienne paraît être complète (7). Les couches à faune artinskiennes supportent des calcaires à Doliolines qui se trouvent immédiatement sur un calcaire à Xenodiscus. Schellwien a signalé dans ces calcaires une N. craticulifera, mais que Yabe (8) considère comme beaucoup (1) Id. p. 16. (2) Frech, Neues Jahrb. f. Min. 1895. II, p. 54. (3) V. Loczy, op. cit. p. 182. (4) Schwager in Richthofen: China Bd. IV, p. 125, 148, 152. (5) Journal of the Coll. of Science vol. XXI., art. 5, p. 13, 1906. (fi) in Szechenyi Bd. III, p. 189. (7) Schellwien: Trias, Perm u. Carbon in China. Schriften d. Physi-kalokonom. Gesell. zu Koenigsberg. 1902. Pa- leo\oische u. Triadische Fossilien aus China. Futterer's Durch Asien 1903. (8) Op. cit. p. 13. Schwagerina Verbeeki Gein.* Fusulina cylindrica Fisch. Fusulina Richthofeni Schwag.* Fusulina sp. Schwagerina Verbeeki Gein.* ? Neoschwagerina craticulifera Schwag.* Archaediscus Karreri Brady Lingulina Nankingensis Lorenth.* Lingulina Szechenyi Lorenth. Climacammina elegans v. Moll. Climacammina cf. commuais v. Moll.* Fusulina Richthofeni Schw.* Enclothyra cf. crassa Brady * Climacammina cribrigera Schwag.* Stratigraphie 173 plus étroitement alliée à N. globosa qu'à la forme typique de N. crciticulifera. D'après mes observations au Yun-nan je le croirai volontiers, puisque nulle part je n'ai vu N. çraticulifera sensu stricto monter hors de l'Ouralien. Dans le Kouen-lun occidental les schistes du Gusass à Procluctus tibeticus Frech., Streptorhynchus clijficilis Frech., Orthis cf. indica Waag., Spirifer (Martinia) planoconvexus Schum., Athyris aff. concen- trica Roys., d'affinités artinskiennes sont discordants sur les couches moscoviennes. Indochine: Nos connaissances sur le Permien en Indochine se sont un peu augmentées dans ces der¬ nières années et en grande partie par les travaux paléontologiques de M. Mansuy sur les fossiles recueillis au Tonkin par le Capitaine Zeil. — M. Mansuy a signalé : Productus semireticulatus Mart. du calcaire de San-Xa, avec Productus gratiosus, f1) c'est l'indication que l'Artinskien correspondant à notre horizon ri du Yun-nan y existe ainsi. De plus, j'ai déterminé moi-même avec certitude les espèces suivantes dans le massif du Cai-kin, de Lang-nac et de Thanh-moi : Schwagerina Verbeeki Gein.* Doliolina lepida Schw.* dans un calcaire directement superposé à un autre contenant en abondance des formes alliées à N. cralicu¬ lifera* et que je me propose d'étudier prochainement. De Dông-dang M. Mansuy a signalé également Dol. lepida Schw. Aux environs de Louang-Prabang, M. Mansuy a reconnu la série suivante dans le Permien supérieur : C. — Calcaires et grauwackes avec schiste charbonneux subordonnés, à : Pecten sp. Pecten Xiengmenensis Mansuy Aviculopecten Monodi Mansuy Modiola Pallasii de Vern. Liebea indica Waag. Schi.{odus sp. Bakevellia sp. Pleurophorus tricarinatus Mansuy Sanguinolites cf. elegans King. Productus nystianus de Kon. B. — Grauwackes à : Prod. lineatus Waag. var. mekongensis Mansuy Productus Paviei Mansuy P. nystianus de Kon. Lyttonia cf. tenuis Waag. A. — Calcaire noir épais à : Neoschwagerina cf. globosa. Yabe* Sumatrina Annae, Volz.* Fusulina exilis Schwag.* Schwagerina Douvillei n. sp.* Chonaxis pongouaensis Mansuy Lonsclaleia indica Waag. et Wentz.* Lonsdaleia Counilloni Mansuy Poteriocrinus sp. Archaeocidaris Wartelli Mansuy Pseudophillipsia acuminata Mansuy Fenestella cf. retiformis Schl. Fenestella cf. perelegans.* Meek. Archaeocidaris sp. Fenestella sp. Polypora megastoma* de Kon. Phyllopora cf. Ehrenbergi Geinitz Lyttonia cf. tenuis Waag. Orthothetes crenistria Phill. Dielasma Grandi Mansuy Dielcisma triangularis Mansuy Productus subcostatus Waag.* Pleurotomaria cf. pencljabica Waag. L'horizon A corresponda exactement à notre horizon r, du Yun-nan dont il contient les mêmes espèces de Fusulinidés. Les horizons B et G correspondent à la série des poudingues r,, et des grès rouges r,,, yunnanais. Au-dessus vient le Trias. (i) Mansuy, op. cit. p. 59 174 J. Deprat, Géologie générale Dans le gisement de Pong-oua, au Laos, dont M. le professeur Douvillé a déjà décrit certaines for¬ mes (') j'ai retrouvé exactement la faune du calcaire r, du Yun-nan, mes préparations et les échantillons de Foraminifères isolés du calcaire m'ont donné : C'est, sauf Fusulina granum avenae, exactement la faune de l'horizon r, yunnanais. C'est la base du Permien supérieur. Pour terminer ce qui a trait à l'Indochine j'indiquerai que j'ai trouvé dans les calcaires jaunes siliceux de Si-so-phon recueillis au Cambodge par le Commandant Montguers de magnifiques échantillons de mon espèce nouvelle Neoschwagerina multiseptata que j'ai déjà signalée au Yun-nan dans mon horizon r,a. Ile de la Sonde : Le Permien inférieur paraît représenté par les calcaires à Productus de Timor, le Pendjabien par les calcaires de Java à Schw. Verbeeki Gein., ceux de Sumatra à Doliolina lepida Schw. et les calcaires à Cyclolobus persulcatus de Timor. A Sumatra, Volz nous a fait connaître des couches à Sumatrina Annae Volz. Neoschwagerina globosa Yabe* Neoschwagerina Annae Volz* Neoschwagerina Annae Volz var. stricta Fusulina granum-avenae Roem Fusulina Margheritii n. sp.* Schwagerina Douvillei n. sp.* Doliolina pseudolepula n. sp*. Fusulina exilis Schw.* (') Les calcaires à Fusulines de l'Indochine, etc. Bull. Soc, Géol. Fr. 4e série, t. VI. Calcaires à Stenopora de Yun-nan-y. Calcaires à Spirifer Blasii. •V Basaltes et andésites. Grès et mar¬ nes bariolés. | occidental 1 Couches de Tze-de et de Chen- teu. •V •V sseu-tchoan Couches de Yarkalo. •1/ •V tibet oriental H p "d c/5 p c/5 — . c/5 p p c> crq -3 (d cd c p "3 — M. H > O M c/d notations i Calcaires à Spirifer Blasii, Mar- tiniopsis inflata, Hemiptychina sparsiplicata, Camarophoria globu- lina, Proiuctus graliosus, etc. Calcaires à Doliolina lepida, Schwagerina Ver- beeki, Fusulina Richtho- feni, F. Lanlenoisi, F, Martsuyi, etc. ^ S. § a » ~ L 2. 1= 3 3 ^ O a a p et Crq — O Crq p gtq ^ ©- . a crq a 03 Crq Si rt O S"- ^ ^ et -O O c D- 2. cd ce* O > O 00 cl o cd cd p 3 (d c/l ba- Calcaire à Doliolina le¬ pida de Hôtchang. Schistes noirs bitumineux à Para celtiles et Gastrioceras des envi¬ rons de Nan-king. O- rt a n p_ P p p.. ~ ■ r- CD CD 0 p. N "O Lo •< P crq rt -s 2 o C H O S". 5' g o ~ "51 ers JT. ïï. K ^ "• « x5 3 ro . p CTQ c/) £C p O I 3: 1 -r> 2. a h 0 - "s ï = „ Grès avec couches charbonneuses ( Loczy). Grès avec couches char¬ bonneuses (Loczy). 0 0 a ^—s °° S" - co" 2 a O p_ o 7s > 0 c p s ZI "c —s cd c/5 o ' p. p rt o" > Calcaire à Productus. Calcaires à Doliolines. 2 n a. 2 Calcaire à Helicoprion d'Hanawa. Calcaire à Doliolina le¬ pida d'Akasaka- » o i» p a n d- 2 - > • P S" > 6 2 a-. a crq a -r- "V o n a es et ci. a> 00 a o - co £ P 1 H 3 ^ 3 C/) ^ « Oo crq s <5" a 2 a a » a n crq p. 5 o 1* p a > 5 p o o p I Oo o Co p- O °s. T" Calcaires de San-xa à Proiuctus gratiosus. Calcaires de Thanh-moi et de Lang-nac à Schwag. Verbeeki, Dol. lepida. Calcaire de Si-so-phon à N. multiseptata. O 33 C 0 1 O IX 2 m n 05 0) S. a Cfl c< 3 n sr "3 o 3 Cfl !» c+ o" 3 a (D 05 SB 05 05. V> a> 05 P CD "3 ct> 3 3 CD 05 a s •< c 3 1 3 SB 3 (D c+- a m 05 SB c rt• ■3 05 05 33 SB "3 H* n 05 a r > 05 »' m rr a n> 50 c 05 05. S" Calcaire à Proiuctus de Timor. beek p < p p a 3 p -5 n p. 0 oa r 0" o n «—. p. ( •) p o p co. p> p. 0 p p- CD p cd oô o cr 0 p ■<5 CD - • - o 2 co 2 O C. ^ p P ^ M' a (tj a et p- Calcaire de Chidru. Calcaires à Céphalopodes de Jabi. Calcaire de Kalabagh. Calcaires supérieurs Productus (Pars). Calcaire supérieur à Productus Couches à Cyclolobus Oldhami, Episageceras Wynnei a. ^ ~. s n o e.ck ~ n 1 ™ c- o" cd -> cd C Q. 50 O cd cd q c rT C) a' 5^" "= =r =- g s cd * ^3 o ^ p- - 3" CD OO a (D -.crq OO c/> o f? c/5 c/5 Jjb v? n 7T *T1 lu O C 0 -• C o D- O CD O CD c/5 P — 7? Q- CL CD O O CO P "1 C O P 3 P O Cl. :=r p -3 p c p 1 p. D p c/3 o c« H 0 c 0 p- p p S p n cd 0 "3 p- p p p cd cd c/5 c/5 o n X cd c c/5 _ . p p Uq cd c/5 cl 0 cl p 1 cd c/5 Couches de Kouznètsk à charbon. Couches de Djoulfa à Oloceras tropitum. Schistes de Woabjilga à Xenodiscus (Karakorum). Couches à Pro¬ ductus horriclus de Djoulfa. o o o d > po en 2 h >- r™ po Grès d'Artinsk, du Timan, de la Nllillia intermedia Mansuy Cassianella sp. Lingula subelliptica Mansuy Traumatocrinus sp. Myophoria inaequicostata Klipst. Myophoria radiata Loczy. Hoernesia sp. indt. Cassianella indt. Avicula sp. indt. Pleuromya(Panopœa) cf. Alberti Voltz Nucula (Palœneilo) aff. faba Wissm. Aff. Trachynerita nodifera Kittl. Centre de Documentation sur l'Asie du Sud-est et le \ Monde Indonésien EPHE VIe Section BIBLIOTHEQUE 202 i. Deprat, Géologie générale Il est très remarquable de constater combien l'ensemble de la faune du Trias moyen du Yun-nan oriental se rapproche de celle de Tchong-tien si affine, comme l'a montré Von Loczy avec celle du Trias moyen d'Europe et notamment de Saint-Cassian f1). Je crois intéressant de comparer ici la faune de Tchong-tien et celle du Trias moyen du Yun-nan oriental, étant donné la relative proximité des gisements, pour mettre en regard les formes parentes ou identiques de l'ensemble des gisements actuellement connus du Trias moyen du Yun-nan et les mêmes ou les espèces affines en Europe. (0 Les conclusions de V. Loczy à cet égard sont des plus intéressants et s'appliqueraient volontiers aussi bien au Trias du Yun-nan oriental qu'au gisement de Tchong-tien : « Es ist also zweifellos, dass der Fund von Tchong-tien mit den cha- rakteristischen Versteinerungen der deutschen littoralen mittleren Trias (Muschelkalk), die meiste Analogie zeigt, est ist aber klar, dass sich dieser kleinen Fauna auch einige Formen von St. Cassian Dieser Fund ist um so intéressanter, da man an den nachsten Fundorten der Trias, als im Himalaya, auf der Insel Timor, in Japan und in Ostsibirien und im sogenannten Westlichen Kwen-Lun wohl zerstrente Ueberreste der alpinen pelagischen Trias Faune gefunden hat ; in dem aus Tschong- tien (Tchong-tien) gebrachten ziemlich reichen material der littorale Charakter der Faune durch Keine einzige pelagis- che Forme geschwacht ist. Das vorhandensein einer littoralen triassischen Fauna in West-China, in der Nahejoner gegenden, in welchen von der rhaetischen zeit an ausser marine verhaltnisse herrschen, passt sehr schon zu den in den vorigen Capiteln mit getheilten Er- fahrungen, welche beweisen dass der im der mesozoischen zeit den Stillen Océan vom Atlantischen Océan trennende palaeo- zoische continent sich immer mehr und mehr vergrôsserte ». La même remarque que pour Tchong-tien vaut ici, à savoir qu'aucune faune franchement pélagique ne s'observe dans le Trias moyen du Yun-nan oriental, et que la faune possède un cachet de mer peu profonde très caractérisé. Stratigraphie 203 Faune du Trias moyen du Yun-nan oriental et du Yun-nan occidental et comparaisons avec les faunes similaires d'Europe NOMS DES ESPÈCES ESPÈCES nouvelles YUN-NAN oriental YUN NAN occider- TAL (TCHOng- tien) T R AS ALPIN TRIAS ALLEMAND TRIAS de balia maaden (Asie mineure) couches de raibl couches de s1 cassian ■ calcaire de la mar- molata calcaire d'esino couches des recoaro muschel- kalk inférieur muschel- kalk moyen muschel- kalk supérieur keuper inférieur Daonella indica Bittn » + » )) » » » » )) )) » » » Pseudomonotis illyrica Bittn. . » + » + » » » )) )) )) » )) )) Pseudomonotis sp. Mansuy. . . n + )) » » » » » )) )) » » » » Pecten sp. Mansuy n + » » » » » » » » ' » » Pecten (Amusium) sp. inclt (1J. . » » + » » )) )) )) )) » » » » Myophoria inaequicostata Klipst. » + » » + » » » » » » » Myophoria laevigata Goldf. . . » + + » » » » » + + » » » Myophoria curvirostris Schal- . » + + » » + » + + + X )) » Myophoria radiata Loczy. . . . » + + » a » )) )) a » a a Myophoria Szechenyi Loczy. . . » + + » » » » )) » » a a » Myophoria Kreitneri Loczy. . . » )) + » » » » + » » » » » » Myophoria elegans Dunk. (2). . . » + + » » » » + + » » » Avicula Bronni Alberti » + + » » » » a » + + + » Pleurophorus aff. Thielaui Str. . » )) + )) » )) » » + » + a » Pleurophorus cf. angulatus Moore » » + » » » » a » » a a » Pleuromya aff. Alberti Voltz ( ). » a + » » » » + + » » » » Gervillia intermedia Mansuy. . n + » » » » » » » )) » » » Cassianella sp. (3) » inclt indt a » a » » » » » » )) Leda sp. (4) » indt » » » » » » » » » » » Nucula cf. excavata Goldf. . . » + + » » » » » «? » » » » N. aff. (Paleoneilo) fabci Wissm. » a » » » » » )) » » » » » Terquemia (Ostrea) difformis Goldf » a + » » » » » + » » » » Tancredia sp » + » » » » » » » » » » » Caenothyris [Terebratulaj vul- garis Schl » + » » » » » + + + + » » Lingula subelliptica Mansuy. . n + » » » » » » » » » » » Spiriferina subjragilis Loczy (5). » > + » » » » a a a » » » Lima chinensis Loczy » » + » » » » » » » » » » Loxonema (Promathildia) ? cf. subornata Munst » » » » + » » » » » )) „ » Promathildia sp. (6). • . . . • » a indt » a » » )> » » » » » Worthenia aff. Triton cTOrb. . . » a + » + » » » » » » » » Trachynerita cf. nodifera Kittl. » a a » » + » » » » » » » Naticopsis aff. elongata Munst. » a a » a » » » a a » » » Pseudomelania nodosa Kittl. . » + » » » + + » » » » » » Naticopsis (Hologyra) declivis Kittl » + » » » + + » » » » 0 » Delphinulopsis cf. Cainali Stopp. » -t- » » » + + » » » » » » Undularia cf. Escheri Kittl. . . » + ». » » + + » » » » » » Undularia cf. pachygaster Kittl. » + ' » » » + + » » » » )) » Trochus glandulus Laube .... » + » » » » + » » » » » » Cidaris sp. indt. (1) » » + » » » » » » » » » Traumatocrinus Mansuy. .... n + » » » » » » » » » » » Encrinus liliiformis Lmk » . + + » » » » + + + » » n Espèce nouvelle. (- Espèce identique. — a Espèce voisine. (') V. Loczy rapproche ce petit Pecten de P. Zitteli Wohrm. des couches de Raibl. Il appuie aussi sur sa parenté avec P. pumilus Lam. et P. conlrarius du Lias. (3) Myophoria elegans Dunk signalée par M. V. Loczy dans le Trias moyen de Tchong-tien a été observée par nous dans le Trias inférieur du Yun-nan oriental mais tout à fait à la partie supérieure des couches t\a, c'est-à-dire dans les couches de passage et peut en somme être considérée comme appartenant à la base du Trias moyen. Il est fort possible du reste qu'elle monte plus haut, bien que nous ne l'ayons pas trouvée. (3) Affine avec Cassianella angusta de St Cassian et de Raibl. (*) Affinités avec le groupe de L. rostralis du Toarcien. (5) Alliée suivant Loczy à Sp. cristata Schloth., mais affine surtout avec Sp. Peneckei Bittn du Trias de Carinthie et avec Sp. Hoernesi Bittn. de l'horizon de Saint Cassian. (6) Affine avec Promathilclia biserta Munst. de Saint Cassian. Q) Rapproché par V. Loczy de C. caudex Sropp, du Rhétien lombard. J. Deprat, Géologie générale Le groupement des espèces dans les divers niveaux du Trias moyen au Yun-nan oriental rappelle bien ce qu'on observe dans les niveaux d'Europe, sans qu'il y ait trop de différences, et les espèces identi¬ ques à celles de Saint-Cassian ou parentes de ces espèces se trouvent bien par exemple, à la partie supérieure de l'étage, impliquant ainsi un parallélisme intéressant à si longue distance. Le nombre d'espèces communes entre le gisement de Tchong-tien et les nôtres est élevé et il est probable que des recherches compléteraient l'identité des deux faunes. La différence porte surtout sur la faune de notre horizon U à Pseudomonotis cf. illyrica Bittner que V. Loczy n'a pas rencontrée aussi complète , l'horizon à Myophoria inaequicostata Kl. non plus n'a pas été signalé dans le Yun-nan occidental. Système néotriasique Nous avons rangé dans le Ladinien les horizons U et tu qui contiennent une faune voisine de celle de Saint-Cassian et même des espèces de Raibl ; mais si l'attribution de ces termes à la partie supérieure du Trias moyen ne parait pas discutable, il en est autrement des horizons suivants du et dv qui précèdent immédiatement le Trias indiscutablement supérieur pouvant sans hésitation être rapporté au Carnien et on doit, ainsi qu'il a déjà été exposé les considérer comme montrant le passage du Ladinien au Carnien. Ce sera davantage le lieu de discuter ces litiges après la description des horizons et des faunes qui y sont contenues. LOCALISATION DES AFFLEUREMENTS DU TRIAS SUPÉRIEUR Les dépôts néotriasiques sont localisés au N. E. d'A-mi-Tchéou, dans une grande aire d'un seul te¬ nant. Nous les avons reconnus vers le N. E. dans le bassin du Pa-ta-'ho sur une longueur de 80 km. et une largeur de 18 à 32 km. Cette région est limitée au S. E. par une ligne de fracture des plus nettes qui, comme le montre la Carte Géologique, la met brutalement en contact en ligne brisée ou rectiligne sur de longues distances, avec le Permien ou le Trias moyen. Au N. O. la région triasique supérieur est chevau¬ chée par le Trias moyen de la région de Pong-pou (fig. 89 et 90 atlas; à l'ouest elle vient buter contre la grande fracture Mi-leu Pong-pou, vers le N. E., elle paraît se prolonger au-delà de Wou-ts'eng-tchéou en dehors de la Carte. Je ne l'ai pas suivie au-delà. Extrêmement plissé, souvent formé d'écaillés se chevauchant, parcouru également par de grandes failles, ce vaste affleurement de Trias supérieur voit surgir dans l'intérieur de ses limites des affleurements allongés et fortement plissés de Trias moyen qui ont été décrits dans le chapitre précédent et sont en contact avec le Trias supérieur soit par des plis failles, soit par des fractures avec dénivellation. En dehors de la région délimitée ainsi que nous venons de l'indiquer, le Trias, supérieur ne se rencon¬ tre nulle part. A l'O. d'A-mi-tchéou où le Trias moyen offre un si beau développement entre cette ville et Mien-tien, aucun niveau supérieur à U n'a subsisté et le dernier horizon lu du Trias moyen n'existe même plus. De même dans la région de Mong-tseu. CONSTITUTION LITHOLOGIQUE DES DÉPOTS DU TRIAS SUPÉRIEUR. A l'inverse de ce qui s'observe dans le Trias moyen, les formations calcaires sont peu abondantes dans le Trias supérieur et la majorité des formations sont gréseuses ou marneuses ; les calcaires francs n'existent nulle part ; le seul horizon tant soit peu calcareux est le calcaire de l'horizon de Cha- kou- lou tm et encore, ce n'est qu'un calcaire grumeleux très marneux, les horizons suivants sont généra¬ lement franchement marneux, mais, les bancs de grès alternent avec les marnes ; dans d'autres niveaux très fissiles celles-ci sont en même temps un peu gréseuses. En résumé, absence presque totale de calcaires Stratigraphie non massifs francs, prédominance de marnes écailleuses fissiles avec intercalations soil de grès en bancs bien délimités, soit de marnes gréseuses en plaquettes, avec bancs de calcaire marneux. L'ensemble offre des couleurs verte, marron ou jaune très vives. L aspect de ces marnes écailleuses bariolées en couches minces et bien litées, rappelle beaucoup celui des marnes et des grès colorés du complexe argilogréseux cambrien sta et du Dinantien à Spirifer subconicus. Il est cependant facile de ne pas s'y tromper, surtout en présence des fossiles. Des grès massifs sableux avec couches de charbon envahissent la partie supérieure de l'étage ; en même temps disparaissent les Céphalopodes. Ce dernier groupe de fossiles est véritablement très caractéristique de la faune du Trias supérieur yunnannais tandis que dans le Trias moyen ils en sont rigoureusement exclus ; et c'est une des raisons pour lesquelles je décris les couches de passage tm dans le Trias supérieur, car elles coïncident avec un subit changement de faune, remplaçant complètement une faune de mer très peu profonde par une autre fran¬ chement pélagique. J'ai distingué dans le Trias supérieur du Yun-nan oriental la série de termes suivants : Norien. fv„ Puissant complexe de grès et d'arkoses avec intercalations de charbon et niveaux marneux à débris de plantes 300m. fvi Marnes roses tendres à Trachyceras fasciger Mansuy, Megaphyllites Lantenoisi Mansuy 80m. Ua Marnes grises, vertes, écailleuses à Paratibetites Clarkei Mansuy, etc.. 130m. Carnien j fv Marnes vertes et grises à Halobici comata Bittner, Pecten fimbriatus ( Mansuy, PseudomonotisplicatuloïdesMansuy 100m. / fIV Schistes marneux brun tendre à Trachyceras cosiulatum Mansuy 20m. Passage du ladinien au 1 fm Calcaire marneux gréseux bruns à Trachyceras sinense Mansuy, T. carnien ) Douvillei Mansuy, T. Deprati Mansuy, Clionites Zeilleri Mansuy, ' Meekocerasyunnanen.se Mansuy 15m. Nous discuterons plus loin les attributions d'étages. La description de la succession stratigraphique est très facilitée par ce fait que les affleurements du Trias supérieur dans la région qui nous occupe sont d'un seul tenant et il suffira de décrire quelques cou¬ pes pour justifier de la succession des termes que nous venons d'indiquer. Coupe du Trias supérieur du col de Tou-pi à Ni-ou-ké. J'ai relevé une coupe détaillée et très nette au col de Tou-pi, sur le chemin de He-ou-tchin à Ma- tche-tchao. Le point étant particulièrement intéressant j'ai campé deux jours sur les lieux afin d'élucider complètement la succession des terrains. Le Trias supérieur est effondré en bloc le long d'une faille (fig. 69 atlas) offrant une dénivellation considérable, qui le met en contact direct avec le Permien inférieur cal¬ caire. Au-dessous du col de Tou-pi, au N. E. on voit admirablement le contact des calcaires artinskiens à Spirigerella grandis et du Trias supérieur, non-seulement par la brusque différence de opographie en¬ gendrée par les deux formations juxtaposées si différentes au point de vue de la résistance à l'érosion, mais aussi grâce à de nombreuses dépressions fermées, étroites, avec pertes dans le calcaire qui jalonnent le contact vertical ou à peu près des calcaires artinskiens et du Trias supérieur. Au-dessus de mon campement du col de Tou-pi en allant depuis la faille vers le S. O. j'ai relevé la succession suivante de (Fig. 69 atlas) : ( fv 11 Masse de grès arkosiques, de sables gréseux micacés à gros grains micacés, alter- l nant avec des bancs de grès durs ; l'ensemble offre une teinte jaunâtre ou rose. ] L'épaisseur minimum est de 300m. L'intercalation de grès durs provoque la for- Norien ^ mation de bancs en saillie et de pentes alternants. On suit cette série, très mo¬ notone avec pendage N. O. jusqu'à la faille qui passe au S. de Hou-li-tchéou Dans toute la série débris de plantes indéterminables. fVI Marnes roses à ammonites, épaisses de 40 m. environ. i. Deprat, Géologie générale U-ci Marnes écailleuses vertes et brunâtres, très fissiles, finement micacées avec petits lits de grès gris jaunes ou bruns intercalés, à Paratibetites. U Marnes écailleuses semblables aux précédentes, à Halobia comata et Protrachy- ceras Thous. /|V Schistes marneux bruns, un peu gréseux, se fendant en plaques minces, très fra¬ giles, à grands Trachyceras et Orthoceras. tin Banc de calcaire gris grumeleux, marneux riche en Trachyceras. Au col même, c'est le calcaire Un qui bute contre les calcaires paléozoïques, mais dans le ravin au N. E. ce sont les marnes vertes N. Nulle part, on n'observe les horizons supérieurs du Trias moyen, enfoncés le long de la faille et masqués par les couches de passage du Trias moyen supérieur au Carnien. Dans l'horizon m j'ai recueilli : Rhynchonella indt. écrasée. Meekoceras yunnanense Mansuy Trachyceras sinense Mansuy Dans fiv, au col même : Trachyceras costulatum Mansuy Halobia sp. indt. Orthoceras cf. politum Klipst. Daonella indica Bittner Les schistes marneux Lv, renferment des formes de Trachyceras voisins de Trachyceras juclicaricum, espèce de la zone à Protrachyceras Archelaus de l'horizon de Wengen ; de plus, ils contiennent une forme d'Orthocère, Orthoceras politum Klipst ; de l'horizon de Saint-Cassian. Dans d'autres gisements nous verrons encore d'autres espèces de Saint-Cassian associées aux précédentes. Il semble donc absolument légitime d'hésiter à placer franchement l'horizon IV dans le Trias supérieur et d'en faire au plus la base de la série néotrasique, en la considérant plutôt même comme un terme de passage indécis. Avec N on aborde franchement le Carnien : j'y ai trouvé : Halobia cf. comata Bittner Protrachyceras Thous Dittmar Posidonomya sp. Trachyceras sp. Protrachyceras Thous est abondant dans les bancs marneux verts écailleux sous forme de petits moules internes jaunes, fragiles. La partie supérieure du complexe des marnes vertes Na offre ici : Halobia cf. comata Bittner Paratibetites tuberculatus Mansuy Les marnes roses tvi sont moins fossilifères ici que près de Pe-hoa-tseu où on peut recueillir des ammonites bien conservées. Je n'ai trouvé que de mauvais échantillons de : Trachyceras fasciger Mansuy et un Tropites sp. malheureusement presque complètement émietté pendant le transport. La masse des grès Nii est remplie de débris de plantes indéterminables formant une vraie bouillie ; ces grès se poursuivent au S. O. vers Ni-ou-ké. Environs de Ni-ou-ké : Attribués au Rhétien par M. Leclère sans aucune preuve paléontologique, les grès de Ni-ou-ké ont été revus ensuite par M. Lantenois qui en a bien fait du Trias supérieur. Seule¬ ment, M. Lantenois a placé au même niveau les grès de Ni-ou-ké et les grès à charbon de Tse-tsou, se fondant sur ce fait que les grès de Ni-ou-ké aussi comportent des couches à charbon. 11 s'exprime ainsi : J'attribue le même âge aux grès et schistes de Ni-ou-ké et Tse-tsou qui, tous deux, renferment des couches de charbon placées stratigraphiquement un peu au-dessous des calcaires de Ma-tche-tchao. M. Lantenois a été induit à parailéliser ces deux horizons par suite du renversement complet des couches à Tse-tsou et les grès qu'il assimile dans cette dernière localité à ceux de Ni-ou-ké sont les grès à Myo- phoria inaequicostata qui terminent le Trias moyen. Mais comme le faciès des grès est très semblable dans 206 Carnien. . Passage du ladinien au1 carnien i Stratigraphie .^07 les deux localités, qu'ils contiennent ici et là des couches de charbon, on conçoit que M. Lantenois ait été amené à les rapprocher. En réalité, ils sont séparés par toute la série des horizons du Trias supérieur et des couches de passage du Ladinien au Carnien ; seulement dans le liane renversé du synclinal de Tse- tsou les grès à Myophoria inaequicostata reposent sur la série du Trias supérieur (lig. 70 atlas). De même c'est le renversement complet de la série à Tse-tsou qui a conduit M. Lantenois à consi¬ dérer les calcaires de Ma-tche-tchao comme terminant le Trias supérieur et supérieurs à l'horizon de Ni- ou-ké ; tandis que les dits calcaires appartiennent au Trias moyen, de sorte que ce sont les grès de Ni- ou-ké, c'est-à-dire notre horizon Nu, qui terminent le Trias supérieur. Pour résumer, on a d'une part : grès à charbon de Ni-ou-ké — partie supérieure du Trias supérieur ; de l'autre grès à charbon de Tse-tou — dernier terme du Trias moyen. Ceci posé, dans le cas des grès de Ni-ou-ké, on reconnaît que M. Lantenois en a fait justement du Trias supérieur. Je n'ai pu, non plus que lui, y trouver de plantes déterminables ; mais des fragments très petits. Le complexe gréseux de Ni-ou-ké, prolongement des grès supérieurs N11 du col de Tou-pi renferme un faisceau de quatre couches de charbon riche en matières volatiles très flambant par conséquent. A ce sujet, on peut faire remarquer quel les charbons de Tse-tou paraissent n'avoir aucune valeur sérieuse tan¬ dis que ceux de Ni-ou-ké sont exploités par les Chinois, ceci se comprend davantage puisque nous sa¬ vons maintenant qu'entre les couches de Tse-tou et celles de Ni-ou-ké se place tout le Trias supérieur et que les couches de Ni-ou-ké ne sont point le prolongement des dernières. Série renversée du Trias supérieur de Tse-tou La coupe que Ton peut relever depuis le fond de l'énorme et si remarquable cuvette sans écoulement de Tse-tou (V. p. 12 et fig. 70 texte) jusqu'aux crêtes au sud-est de Ta-ma-tchai est particulièrement complète ; seulement il faut tenir compte de ce fait qu'elle est complètement inversée, appartenant au liane renversé d'un synclinal tranché presque en son axe par la grande faille de bordure de la région du Trias supérieur (V. carte géologique) ; cette faille n'est du reste autre chose que le prolongement de celle que nous avons vu déjà mettre en contact anormal le Trias supérieur et TArtinskien de la même façon au col de Tou-pi, ici encore c'est le Trias supérieur et TArtinskien qui entrent en contact. La série des terrains néotriasiques est la suivante en tenant compte du renversement des couches : ^ Ua Série alternante des marnes vertes ou brunâtres écailleuses et des grès en bancs Carnien j très minces, toujours très marneux. ■ fv Série alternante de marnes vertes écailleuses et de grès marneux en bancs très minces. _ . . ( Marnes brunâtres fissiles. Couches de pusscisjc. ) ^ , . , 1 ( r,n Calcaire marneux en banc épais de 4m. Trias moyen tu à Myophoria inaequicostata et au-dessous série des horizons jusqu'à t,,a. Dans cette coupe on ne voit pas les termes Ni et Nu. c'est-à-dire la partie culminante du Trias supé¬ rieur; ceci est dû à l'interruption de la série triasique supérieure par la faille qui Ta abaissé le long du Per- mien inférieur calcaire. Dans l'horizon III il a été recueilli : Trachyceras sinense Mansuy Dans IV : Halobia sp. (grande espèce écrasée). Trachyceras sp. Daonella inclica Bittner Orlhoceras cf. multilabiatum Hauer Trachyceras costulatum Mansuy Dans les couches N carniennes abondent aussi bien dans les marnes vertes écailleuses que dans les lits gréseux subordonnés, les individus de : Protrachyceras Thous Dittmar Halobia comata Bittner 208 j. Deprat, Géologie générale hci très écrasé contient par endroits de nombreux individus de petite taille très déformés de Trachvcera idés indéterminables avec : Paratibetites tuberculatus Mansuy On remarquera que l'épaisseur énorme et anormale que semble offrir la série du complexe des marnes et grès h et ha est due à ce que ce des écailles de ces horizons sont poussées l'une sur l'autre. Les gisements fossilifères sont très abondants sur tout le pourtour de la cuvette de Tse-tsou, et il est très regrettable que l'écrasement fréquent des couches interdise de recueillir une faune plus complète ; le nombre des individus que l'on récolte est très considérable, mais dans le nombre, peu d'entre eux offrent une conservation suffisante pour la détermination. Coupes du Trias supérieur entre Cha-kou-lou et Lo-pou Deux bonnes coupes, point trop disloquées, peuvent être observées entre Cha-kou-lou et Lo-pou (V. Carte), ce dernier village situé près du Pa-ta-'ho. La première où les observations sont assez faciles est comprise entre le fond de la vallée de Cha-kou-lou et la crête cotant en moyenne 1550, qu'il faut franchir pour gagner le Pa-ta-'ho ; on a de bas en haut (Fig. 71 atlas) : Carnien inférieur. Couches du Ladinien. . passage au h Marnes vertes écailleuses plissées en synclinal dont le flanc sud-est très disloqué, alternant avec les petits lits gréso-marneux ordinaires. f,v Marnes brunes à pendage S. E. riches en fossiles. fm Banc de calcaire marneux rempli d'ammonites, bien visible sur le sentier même de Cha-kou-lou à Lou-pou on se trouve un très riche gisement. Cette série repose sur le terme tu du Trias moyen supérieur, qui repose lui-même sur le terme ti à Pseu- domonotis illyrica Bittner et Myophoria radiata Loczy. L'autre coupe dont il est inutile de donner une figure s'observe avec-la plus parfaite netteté sur le revers opposé de la crête en descendant sur Lo-pou à mi-chemin entre le point culminant du sentier et le village, la piste traverse une série de Trias supérieur analogue comprise entre deux accidents tectoniques avec pendage général dirigé vers le S. S. E.: Trias moyen. . t,, Grès gris en plaquettes sans fossiles. Pli faille. ha Marnes vertes et brunes écailleuses à Céphalopodes, h Marnes vertes écailleuses à Halobies. Couches de ( fiv Marnes brunes fissiles à Céphalopodes. fin Calcaire marneux. Trias supérieur. Carnien. Faille. V passage. Trias moyen f,,a calcaire à Coenothyris vulgaris. Dans l'une et l'autre coupe ces différents horizons nous ont fourni des faunes intéressantes : Dans Lu le gisement le plus riche se trouve dans la montée de Cha -kou-lou aux crêtes ; le banc de calcaire marneux contient dans les deux gisements : Meekoceras yunnanense Mansuy Trachyceras Douvillei Mansuy Trachyceras Deprati Mansuy Trachyceras sinense Mansuy Clionites Zeilleri Mansuy les individus y sont extrêmement abondants. Dans fiv : Halobia sp. (grande espèce écrasée). Trachyceras costulatum Mansuy Trachyceras sp. Orthoceras cf. multilabiatum Hauer Atractites sp. Stratigraphie 20ç) ty contient : Halobia cf. comata Bittner Protrachyceras Thons Bittner t\ci contient,.surtout sur le versant de Lo-pou : Prionolobus sp. Paratibetites Clarkei Mansuy Paratibetites tuberculatus Mansuy Trachyceras sp. indt. Coupe du Trias supérieur entre Tehong-ko-lo et Ché-mo Je donnerai encore comme exemple de coupe un peu complète celle que j'ai relevée à l'est de Pong- pou, (fig. 72 atlas) entre Tchong-ko-lo et Che-pan-keuou, et qui fournit une succession d'horizons s'étageant du terme tm à /vu. Bien qu'elle offre de forts plissements, elle ne laisse pas cependant de donner une bonne succession stratigraphique. Les termes inférieurs à tm c'est-à-dire le Trias moyen ne sont pas visibles car ils sont marqués sous une nappe également de Trias moyen, poussée jusque sur le Trias supérieur. On observe à 500 m. environ à l'E de Tchong-ko-lo le calcaire marneux tm avec pendage S. E. Ils offrent en ce point une épaisseur de 5 m. à peine. On y recueille les formes du calcaire de Cha-kou-lou. Meekoceras yunnanense Mansuy Trachyçeras Douvillei Mansuy Les schistes bruns marneux Uy reposent sur lui, offrant : Daonella indica Bittner Orthoceras cf. politum Klipst. Trachyceras costulatum Mansuy Traumatocrinus sp. Trachyceras sp. Les couches ty à Halobies viennent ensuite avec alternances de marnes sèches écailleuses vertes et de lins grès marneux : elles forment un pli synclinal local suivi d'un anticlinal, plis à charnière très aiguës (fig. 72 atlas) où la compression a été poussée très loin, de sorte que les marnes et les grès sont très écrasés et les lossiles ont subi le même sort. Je n'y ai recueilli en bon état que quelques Halobia comata Bittner Les ammonites y sont trop écrasés pour être déterminables. Dans tya qui forme avec ses marnes écailleuses vertes et brunes et ses grès gris marneux de même teinte une épaisse série à pendage S. E. on recueille : Paratibetites tuberculatus Mansuy Paratibetites sp. Le terme ty 1 très épais dans cette région, forme une monotone série de marnes rose saumon, très tendres, finement micacées, avec alternances de bancs de grès jaunes à grain sableux ; elles sont relative¬ ment pauvres en fossiles. Au-dessus de Che-pan-keuou, j'y ai recueilli : Pseudomonotis sp. indt. Trachyceras fasciger Mansuy l'ensemble est fortement plissé comme l'indique la fig. 72 (atlas) et les variations de pendage fréquentes, les fossiles très déformés montrent du reste les compressions que l'ensemble a eu à subir. Une faille interrompt brusquement la succession : cependant, comme la dénivellation qu'elle provo¬ que en ce point est faible, ce sont les couches de grès grossiers du complexe Un qui viennent au contact des marnes roses fvi en discordance tectonique au lieu d'être en superposition directe. La série gréseuse /vu est comme ailleurs dépourvue de fossiles, autres que des débris de végétaux qu'il est complètement inutile d'essayer d'identifier. 210 J. Deprat, Géologie générale Environs de Che-mo. — Les mêmes horizons se retrouvent partout fossilifères dans toute la région entre Che-pan-keuou et le village lolo de Che-mo, et tout autour de Che-mo, ainsi que dans les collines entre ce village et la bande de Trias moyen qui forme les collines au S. E. de Tchou-yuen ; mais les acci¬ dents tectoniques sont multiples et dans ces couches extrêmement plissées où les étirements se multiplient dans les écailles superposées, il est impossible de trouver une série où de nombreux termes se succèdent. Par contre, on y trouve de bons gisements de fossiles. Je citerai notamment un gisement d'ammonites sur le chemin de Che-pan-keuou à Che-mo, dans le grand tournant que décrit le sentier dans la forêt de pins, un peu avant le petit col au-delà duquel on descend sur Che-mo (•). J'y ai observé nettement : ^ ( Banc calcaréo-marneux à Crinoïdes ; 2m. environ. lv ( Marnes grises à grandes Daonelles et Ammonites ; 10m. environ, fin Banc mince calcaire marneux à Ammonites dégageables. Le niveau £,„ contient les Ammonites de Cha-kou-lou : Trachyceras sinense Mansuy Trachyceras Douvillei Mansuy Trachyceras Deprati Mansuy Les marnes grises de fIV offrent en abondance : Orthoceras politum Klipst. Trachyceras costulcitum Mansuy Trachyceras sp. le banc calcaréo-marneux à crinoïdes qui les surmonte est pétri de Traumatocrinus sp. Coupe au N. O. de Che-mo. — Au N. O. de Che-mo, sur la route de Tchou-yuen, on recoupe les mêmes bandes de terrain que sur le chemin de Tchong-ko-lo à Che-pan-keuou, mais hachée par les dis¬ locations et où les pendages sont incohérents sur de faibles distances ; aucune série vraiment complète n'y peut être relevée, sauf au voisinage du plan de charriage qui fait chevaucher le Trias moyen du S. E. de Tchou-yuen sur le Trias supérieur (Fig. 90 atlas). On y observe en série renversée la succession des ter¬ mes de U\ à Lu. L'horizon tm n'est pas visible et est enfoui sous le Trias moyen sous lequel il plonge. Au voi¬ sinage du plan de charriage l'horizon ffv offre sur le bord même du chemin un beau gisement à : Trachyceras costulcitum Mansuy Orthoceras cf. multilabiatum Hauer Trachyceras sp. Orthoceras cf. politum Kupst. Trachyceras sp. Atractites sp. Dans cette même coupe affleure également en partie le complexe tvn formant une écaille pincée entre deux plis failles (fig. 90 atlas). Région de Ta-yao-tehai, Che-ngai-tchai, Tehong-tchai Dans toute cette région située entre le Pa-ta-'ho et la zone de fracture limite du Trias supérieur au S. E., les couches néotriasiques offrent un développement considérable, mais toujours avec dislocations in¬ tenses et cette allure d'écaillés se chevauchant. Les gisements fossilifères abondent, notamment dans les environs de Che-ngai-tchai, de Ta-yao-tchai, Ta-tchai, Tchong-tchai, Ya-kou-tchai, etc. (1) Bien que je cherche à préciser autant que possible l'emplacement des gisements fossilifères, la chose est difficile, vu le faible nombre de repères. De plus, les sentiers chinois qui sont de vagues pistes, se déplacent sans cesse sous l'influence des ravinements qui atteignent dans ce pays dénudé une ampleur extraordinaire. Mais ceci a relativement peu d'importance, car vu la façon dont le pays est découvert, il sera toujours facile de retrouver un niveau donné, et les fossiles ne feront jamais défaut, (comme en général du reste dans d'autres pays) à qui se donne la peine de chercher. Stratigraphie 2 1 1 Coupe entre Iang-tsi-kiou et Ta-yao-tchai — La coupe de la montée de sentier muletier, entre lang-tsi-kiou et Ta-yao-tchai est une des plus intéressantes. Elle montre un synclinal entièrement formé de dépôts du Trias supérieur, disloqué en écailles qui se chevauchent successivement (fig. 73 atlas). Autour de Iang-tsi-kiou affleurent les grès massifs du complexe Lu avec pendage dirigé vers le S. E.; le village s'élève sur les grès eux-mêmes. A l'ouest un premier pli-faille à 100 m. des premières maisons amène la série tv- tya bien nette clans des affleurements complètement dépourvus de végétation ; la piste muletière qui conduit à Ta-yao-tchai s'élève doucement par une longue montée dans ces formations qui, à droite et à gauche, s'étendent largement vers le S. O. et le N. E.. Le pli-faille amène la suppression com¬ plète de l'horizon fVI. La série ty-va renversée m'a offert la succession de niveaux suivante sur une épais¬ seur de 200 m. environ, en la considérant comme rétablie dans son état normal. fV]I Grès micacés supérieurs massifs sableux de Iang-tsi-kiou. Pli-faille avec étirement supprimant tyi. Banc de marnes vertes écailleuses à Paratibetites tuberculatus Mansuy. .. 22m. Banc de grès grossier sans fossiles . - 25m. Banc de grès schisteux fissile à grain fin =.. 3m. Marnes vertes et brunes écailleuses à Paratibetites tuberculatus Mansuy... 35m. Banc de grès schisteux brunâtre à grain fin . 3m. Banc de marne verte écailleuse « 23m. IBanc de grès schisteux brunâtre à grain fin 3m. Marne grise gréseuse à Prolrachyceras Thons 25m. Banc de grès schisteux fin. 2m. Marne verdàtre à Protrachyceras Thons.. .. . 18m. Banc de grès schisteux fin brunâtre 2m. Marne brune à Protr. Thous 3m. tva Banc de grès schisteux fin 2m. / Marne verdâtre écailleuse à Halobia comata 3111. ty..... Banc de grès schisteux fin très fissile 2m. Marne verdàtre écailleuse à Halobia comata 6m. Grès gris schisteux marneux à Protrachyceras Thous. 3111. Marne brunâtre écailleuse à grandes Halobies écrasées ira. 50 IBanc des schistes gréseux fin.. ..... 2m. Marne verte à Pseudomonotis écrasés 7m. Banc de schiste gréseux fin.......... 2m. Marne brunâtre et verte, écailleuse en petits lits mélangés à Halobia comata. 4m. Banc de schiste gréseux fin 2m. Marne verte, écailleuse à petites Daonelles déformées 5m. Banc de schiste gréseux fin 2m. Marne verte écailleuse à Halobia comata 8m. Banc de schiste gréseux fin.... . ... 4m. Marne brunâtre écailleuse à Daonella inclica 8m. Cette coupe montre très clairement l'alternance des bancs de grès fin plus ou moins marneux et de marnes écailleuses dans les horizons tv-va. En continuant la montée dans la direction de Ta-yao-tchai on retrouve successivement deux écailles de tv poussées sur la précédente et l'une sur l'autre ; ceci au premier abord semblerait, si l'on croyait avoir affaire à une série continue en ne tenant pas compte de la présence des plis-failles, donner au terme lv une épaisseur de 400 m. au moins, ce qui n'est point. Vers le haut de la montée d'où l'on embrasse un panorama immense, (très intéressant parce qu'il montre nettement les formes topographiques engendrées dans toute cette région par les relations du Per- mien intérieur, du Trias moyen et du Trias supérieur entre eux et le rôle des.fractures de bordure de la région triasique), on trouve un nouveau plan d'étirement qui fait chevaucher une partie des grès du com¬ plexe tvu sur tv en supprimant ici les termes tv et tv 1 (marnes roses à Trachycercis jcisciger Mansuy). Les 212 J. Deprat, Géologie générale grès du complexe An ne sont pas représentés d'une façon complète. L'écaillé où les termes sont renversés offre en rétablissant l'ordre normal : I Grès grossier arkosique à débris de plantes ...... 10 m. 1 Marne grise 3 m. J Grès grossier arkosique ». 35 m. J Banc de charbon 1 m. r Banc schisteux marneux à plantes 0 m. 20 \ Grès grossier sableux 22 m. Le faciès lithologique de ces grès Au est très particulier et aucune confusion ne peut être faite avec d'autres niveaux. On n'en voit ici qu'une partie, car ils reposent sur A par l'intermédiaire d'un pli-faille comme nous venons de le voir, et en arrière, à la descente sur Ta-yao-tchai reparaît une nouvelle écaille A poussée à son tour sur les grès tvu. C'est l'équivalent de l'horizon de Ni-ou-ké, des grès supérieurs de la coupe du col de Tou-pi ; nous les avons vus également àl'estde Pong-pou, dans la région de Che-nto et de Che-pan-kettou où ils surmontent l'horizon des marnes roses Ai à Trachyceras fasciger Mansuy et Megaphyllites Lcintenoisi Mansuy. J'ai donné cette coupe surtout pour montrer comment l'alternance d'écaillés superposées avec étire- ments peut donner l'illusion de séries continues, surtout avec cette circonstance que les chevauchements ne produisent souvent aucune discordance appréciable. Entre Ta-yao-tchai et Tchong-tchai. —Je prierai le lecteur de se reporter à la fig. 91 (atlas) ; cette coupe montre le grand degré de complication de la tectonique du Trias dans ces deux localités et les alternances de lames de Trias moyen et de Trias supérieur à l'O. et au N. O. de Ta-yao-tchai. Au N. O. de ce village, au-delà de la petite plaine alluviale, on trouve la série de grès Au avec les mêmes caractères que précédemment ; comme entre Ta-yao-tchai et Iang-tsi-kiou une couche de charbon non exploitée est intercalée dans les grès jaunes ou roses sableux. Les grès Au plongent à l'O., sous le Trias moyen qui les chevauchent, et jusqu'à la hauteur de Ya-kou-tchai une série d'écaillés du Trias moyen se super¬ posent, toutes pourvues d'un pendage O. N. O. ou N. O.. Entre Ya-kou-tchai et Tchong-tchai reparaît plissé à l'excès le Trias supérieur faisant également partie d'une grande écaille de terrains reployés en plis aigus (partie gauche de la fig. 91 atlas); les horizons représentés vont de tu (Trias moyen supérieur à Myophoria inaequicostata) jusqu'à Aa. 11 serait fastidieux de décrire en détail toutes ces bandes dans les¬ quelles les faciès sont toujours identiques et où les faunes offrent un caractère très constant. De même les gisements fossilifères sont trop nombreux pour les énumérer tous ; autour de Tchong-tchai, j'en ai trouvé de nombreux dans les horizons A et Aa. A l'est de Ta-yao-tchai également, dans la région de Che-ngai-tchai, Ta-tchai, Féi-tsé, le Trias supérieur très plissé offre de multiples gisements fossilifères. Entre Ta-tchai et Féi-tsé, je signalerai dans les grès Au une couche de charbon dans le profond ravin avec gué que traverse le mauvais sentier avant Féi-tsé. Autres points intéressants de la région du Trias supérieur Je crois avoir établi dès à présent d'une façon suffisamment précise la série des horizons dont se compose le Trias supérieur du Yun-nan oriental. Je décrirai rapidement pour mémoire quelques points intéressants. Environs de Pe-hoa-tseu. — Près du village de Pe-hoa-tseu, les marnes micacées roses Ai offrent un beau développement ; elles butent contre une faille qui les plaque verticalement contre le Trias moyen Stratigraphie calcaire £,, (Fig. 125 atlas). On y recueille une faune abondante d'Ammonites de petite taille, généralement déformées et d'une friabilité excessive. Nous avons pu en extraire : Trachyceras fasciger Mansuy Megaphyllites Lantenoisi Mansuy Le meilleur gisement se trouve entre la faille et le village, au bord même du sentier qui conduit à Lou-sa-pien. Environs de Lou-sa-pien. — Le village s'elève sur les marnes roses £vi prolongement sud-occidental de celles de Pe-hoa-tseu, avec la même faune, mais elles offrent ici des contournements extraordinaires (fig. 86 atlas) ; on y constate la superposition très nette, au S. E. du village, des grès massifs supérieurs t\ 11 à débris de plantes qui terminent le Trias supérieur dans toute cette région. Les marnes roses reparais¬ sent au S. E. du village ployées en plis aigus et butant comme près de Pe-hoa-tseu contre la faille déjà signalée près de ce village. De Lou-sa-pien a A-mi-tchéou. — Le Trias supérieur est très développé à l'E. d'A-mi-tchéou ; le chemin de Lou-sa-pien à la plaine d'A-mi-tchéou recoupe une série très complète des horizons 6v, fv-va, fvi, partout fossilifères, mais dans un état de dislocation extraordinaire, les pendages varient, changent plusieurs fois complètement de sens sur de très faibles distances et montrent des recourbements fantasti¬ ques : si on ne pouvait observer ailleurs des séries régulières comme celles que nous avons décrites, il serait complètement impossible d'arriver à établir la succession des horizons du Trias moyen dans cette région. Nous compléterons l'étude de ces points particulièrement intéressants au point de vue des disloca¬ tions dans l'analyse des conditions tectoniques. Environs d'A-mi-tchéou. — Aux environs immédiats d'A-mi-tchéou nous devons déjà à la Mission Lantenois la connaissance certaine du Trias supérieur. M. Lantenois signala dans des schistes gréseux à 7 km. au S. S. E. d'A-mi-tchéou : Trachyceras tibeticum Mojs. Daonella sp. du niveau à Trachyceras austriacum Mojs., c'est-à-dire du calcaire de Hallstadt. C'est notre horizon des marnes schisteuses fragiles fiv. Non loin la Mission Lantenois avait déjà recueilli Trachyceras Suessi Mojs., dans un calcaire marneux qui est notre horizon fin. Sur la route d'A-mi-tchéou à Kwéi-tien, au-delà de Lan-ni-pé, au sommet de la grande bosse arrondie qui s'élève entre le Pa-ta-'ho et le Lin-ngan-'ho et au-delà de laquelle ils se réunissent, on traverse les schistes marneux tni extraordinairement contournés et écrasés ; c'est là qu'on recueille Trachyceras Suessi et c'est le calcaire de Kwéi-tien à Trachyceras Suessi de M. Counillon Si l'on voulait étudier plus en détail le Trias supérieur, il resterait un grand nombre de coupes à dé¬ crire. Je crois complètement inutile de le faire et de donner intégralement mes notes, car tout ce que je pourrais dire ne serait qu'une fatigante répétition de ce qui a déjà été signalé. La carté géologique indique de façon suffisante l'extension et l'emplacement du Trias supérieur dans le bassin du Pa-ta-'ho. Si j'avais eu à ma disposition une carte à échelle suffisante et très détaillée au point de vue topographique, j'aurais pu avec mes relevés tracer l'aire d'extension, non seulement du Trias supérieur, mais, des termes princi¬ paux. Malheureusement ne disposant, que de la carte au 200.000 dressée par nous-mêmes, j'ai dû y renon¬ cer complètement et généraliser dans ma carte géologique en groupant dans une seule teinte les horizons £m à t\a. Dans le tableau suivant j'ai groupé les principales localités où j'ai observé nettement les divers hori¬ zons du Trias moyen, en résumant leur succession : J. Deprat, Géologie générale 'vii ; 1 — ; Grès supérieurs à intercalations marneuses et charbon avec plantes et à la base, marne noire de Pei-heuou à Cladiscites sp., de Ni-ou-ke, Tou-pi, Ta-yao-tchai, Féi-tse, lang-tsi-kiou, Lou-sa-pien, Che-pan-keuou, Che-mo, Tchong-tchai, Lo-pou, Cha-kou-lou. Norien Au Marnes micacées tendres roses avec grès sableux en bancs intercalés à Trachyceras fasciger, Megaphyllites Lantenoisi, de Pe-hoa-tseu, Tou-pi, entre Ta-yao-tchai et Tchong-tchai, Lou-sa-pien, entre A-mi-tchéou et Lou-sa-pien, Che-pan-keuou, Che-mo. Marnes vertes et brunes écailleuses avec lits gréso-marneux intercalés à Prionolobus sp., Pa- ratibetites Clarkei, Parabetites tuberculatus, de Tou-pi, Tse-tou, Ta-yao-tchai, Tchong- tchai, lang-tsi-kiou, Ya-kou-tchai, Féi-tse, Cho-kou-lou, Lo-pou, Che-ngai-tchai, entre Lou-sa-pien et A-mi-tchéou, entre Pong-pou, Tchou-yuen et le Pa-ta- ho. U Carnien .... t\ Marnes vertes et brunâtres écailleuses avec minces intercalations gréseuses à Dcionella indica, Halobia comata, Protrachyceras Thons (et peut-être Pseudomonotiss alinaria), de Tou-pi, Tse-tsou, Ta-yao-tchai, Tchong-tchai, Féi-tse, lang-tsi-kiou, Che-ngai-tchai, Cha-kou- lou, Lo-pou, entre Lo-pou et A-mi-tchéou ; affleurements nombreux entre Pong-pou, Tchou-yuen et le Pa-ta-'ho. Couches de passage du Ladi- nien au Carnien. fiv Marnes brunes fragiles à Trachyceras costulatum, Trachyceras sp,, Atractites sp., Orthoce¬ ras multilabiatum, Orthoceras politum, Traumalocrinus sp. de Tou-pi, Tse-tsou, Che- pan-keuou, Cha-kou-lou, Lo-pou, environ de Tchong-tchai, entre A-mi-tchéou et Ta-t'a. fin Calcaire marneux à Meekoceras yunnanense, Trachyceras sinense, Trachyceras Douvillei, Trachyceras Deprati, Clionites Zeilleri, de Tou-pi, Tse-tsou, Lan-ni-pé, Cha-kou-lou, entre Ya-kou-tchai et Tchong-tchai, Che-pan-keuou, entre Che-mo et Tchou-yuen. OBSERVATIONS SUR LA CLASSIFICATION DES ASSISES DU TRIAS SUPÉRIEUR AU YUN-NAN Il nous reste à examiner maintenant la justesse des raisons qui nous ont amené à envisager la classi¬ fication précédente pour les différents termes que nous avons rencontrés. C'est la faune qui nous les fournit. Dans l'horizon fin les différents gisements nous ont fourni comme espèces déterminables : Meekocercis Yunnanense Mansuy Trachyceras Deprati Mansuy Trachyceras sinense Mansuy Clionites Zeilleri Mansuy Trachyceras Douvillei Mansuy La présence d'un Meekoceratidé et les formes nouvelles de Trachyceraliclés précédentes étroitement apparentées à Trachyceras judicaricum, espèce de la zone à Trachyceras Archelaùs, ainsi qu'à Trachyce¬ ras furcatum justifie notre hésitation a en fraire du Trias supérieur et à y voir plutôt le passage du Ladi- nien au Carnien. Meekocercis yunnanense inciterait à placer ces couches dans le Trias moyen, les Tra¬ chyceras qui l'accompagnent et qui rappellent les formes de Wengen fortifient cette appréciation ; mais la présence cle Trachyceras Suessi Mojs. d'autre part, espèce du calcaire de Hallstadt fait hésiter ; en défi¬ nitive il paraît plus rationnel de.classer cette assise dans les couches de passage du Trias supérieur au Trias moyen. De plus, si on observe que ce terme est supérieur aux horizons fi et tu qui offrent des affi¬ nités non seulement avec Saint-Cassian, mais avec Raibl que la plupart des auteurs s'accordent à placer à la base du Trias supérieur, cette manière de voir s'affermit encore. Le même raisonnement paraît devoir être tenu pour le terme fiv. 11 nous a fourni : Trachyceras costulatum Mansuy Atrcictites sp. Trachyceras sp. Dcionella sp. Orthoceras politum Klipst. Traumatocrinus sp. Orthoceras cf. multilabiatum V. Hauer. Stratigraphie ai 5 Les Trachyceras sont voisins des espèces précédentes et par conséquent offrent des affinités marquées avec la faune de Wengen ; ajoutons Orthoceras cf. politum, offrant une affinité étroite sinon une complète identité avec les espèces cordevoliennes de la zone à Trachyceras Aon de Saint-Cassian, et une autre espèce Orthoceras cf. multilabiatum V. Hauer du Muschelkalk bosniaque, qui se trouve aussi à Shalshal Cliff, dans l'Himalaya. Pour ces raisons, nous plaçons encore hv comme fin dans les couches de passage indécises du Trias moyen au Trias supérieur. Le terme U est franchement Carnien, j'y ai malheureusement trouvé peu de fossiles en bon état. Daonella indica Bittner est rare dans cet horizon. Protrachyceras Thons Dittmar, espèces du calcaire de Hallstadt et Halobia comata indiquent nette¬ ment le Trias supérieur ; Trach. costulatum apparenté à Trachyceras tibeticum indique des affinités avec le Carnien de Rimkin Paiair de l'Inde : L'horizon Ha paraît à cheval sur le Carnien et le Norien ; sa partie supérieure paraît devoir être rattachée à cet étage par suite de la présence des Paratibetites appelant le rapprochement avec les couches à Halorites de l'Himalaya. J'y ai recueilli : Les couches marneuses roses bv ont malheureusement été trop écrasées partout pour que les nombreux échantillons d'Ammonites qu'on y recueille soient tous déterminables, les espèces bien conservées sont nouvelles : Leur position surtout les date ; les espèces fossiles étant toutes deux nouvelles une identification absolument précise de niveau est difficile. Quant au puissant complexe de grès grossiers, il appartient en tout ou partie au Norien. Le Cladis- ciles écrasé de Pei-heuou voisin des couches de charbon en fait foi. Je n'ai rien vu au-dessus qui paraisse appartenir au Rhétien. RÉSUMÉ RELATIF A LA SÉDIMENTATION DES HORIZONS SUCCESSIFS DU TRIAS DANS LE YUN-NAN ORIENTAL Nous avons vu qu'une discordance nette sépare le Permien supérieur du Trias inférieur. La descrip¬ tion stratigraphique a montré que cet étage débute par le dépôt d'une épaisse série de grès grossiers avec couches de charbon indiquant la destruction probable d'une région surélevée antérieurement. Avec la fin du Werfénien des couches à faciès littoral s'intercalent dans ces sédiments, offrant encore quelques niveaux intercalés de grès à plantes. Le passage au Mésotriasique est progressif ; pendant cette période, la mer triasique paraît avoir dans tout le Yun-nan offert des conditions à peu près semblables, car nous trouvons dans le sud du Yun-nan oriental à peu près la même faune que celle de Tchong-tien décrite par V. Loczy à 400 km. au N. O.. Le Trias moyen paraît n'avoir jamais été caractérisé par une mer très profonde, surtout au début où il est gréseux et offre même un horizon de grès très grossiers, très détritiques, nos couches t,. Le faciès marin se prononce davantage avec le dépôt de l'épaisse série des calcaires t,, où la faune de Gastropodes et la présence de Gyroporella rappellent les conditions de dépôt des masses calcaires du même âge du Tyrol méridional, soulignés par les affinités avec la faune de la Marmolata, d'Esino, etc. Daonella indica Bittner Halobia comata Bittner Protrachyceras Thons Dittmar Trachyceras costulatum Mansuy Prionolobus sp. Paratibetites tuberculatus Mansuy Paratibetites Clarkei Mansuy Trachyceras fasciger Mansuy Megaphyllites Lantenoisi Mansuy Tropites sp. indt. J. Deprat, Géologie générale Le dépôt des calcaires cesse complètement avec la sédimentation des couches à Myophoria U et tu où nous avons montré la présence de nombreuses espèces de Saint-Cassian et de Raibl. Le faciès marneux en même temps à aspect littoral reparaît, indiquant par la faune des eaux également très peu profondes. Dans tu surtout s'accentuent ces conditions dans la partie supérieure de ce niveau (couches à Myophoria inaequicostata) ; les grès grossiers envahissent la série, remplis de débris de plantes indiquant la proximité de terre émergées ; la l'aune, composée de Nucula, Pleuromya, Myophoria dans des bancs subordonnés aux grès grossiers indiquent des conditions de relèvement tout à fait accentué des fonds. Avec les couches de passage au Trias supérieur, au contraire les conditions changent complètement ; la faune à faciès littoral est remplacée très brusquement par une faune de Cépholopodes où dominent re¬ marquablement les Trachycératidés. Ce régime pélagique franc reste bien assuré pendant le dépôt des couches ùv, le Carnien, le dépôt des couches noriennes jusqu'à Ni inclus. Vers la partie supérieure de Ni des grès grossiers à faciès détritique à stratification entre-croisée s'intercalent dans les marnes roses à Ammonites qui sont remplacées complètement dans Nn par une puissante masse de grès à la base desquels une marne avec un Cladiscites écrasé témoigne encore d'influences marines qui disparaissent rapidement. Sur les trois quarts de sa hauteur l'horizon tVu est dès lors formé entièrement par les grès sableux à faciès détritique remplis de fragments de plantes, de cordons de petits galets et de marnes grisâtres, en bancs très minces avec végétaux et bancs de charbon. C'est l'émersion définitive qui se fait très probablement. Avec le dépôt du complexe Nn cesse définitivement au Yun-nan la sédimentation marine. Si maintenant, partant des données précédentes nous résumons l'histoire du Yun-nan oriental pendant le Trias, nous constatons une série d'oscillations verticales amenant les résultats suivants : Grès supérieur du Norien à plantes Emersion progressive, grès grossiers à char¬ bon. Trias supérieur. Norien à Ammonites Carnien à Ammonites cies pélagique, ap¬ profondissement. Passage du Ladinien au Carnien I Dépôt des horizons ti et tu du Trias moyen supérieur Fonds très faibles avec faune littorale, hori¬ zon à charbon et plantes. Relèvement des fonds, avec grès grossiers. Trias moyen. • ( Formation des calcaires à Gastropodes et Gyroporelles. . . . Stabilité, Faciès marin, approfondissement. Dépôt des grès grossiers et des calcaires marneux Grès fins et marnes entremêlés à faune littorale.. . Fonds faibles, persis¬ tance des conditions précédentes. Relèvement. Grès fins et marnes entremêlés à faune littorale. . . . avec charbon et plantes. . Formations continenta¬ les. Lente invasion marine, fonds faibles. COMPARAISON DES DÉPÔTS TRIASIQUES DU YUN-NAN ORIENTAL ET DES RÉGIONS ASIATIQUES ENVIRONNANTES. Tonkin, Laos : Nous allons nous adresser d'abord à une région, rapprochée où des travaux récents nous ont fait connaître une faune intéressante. Il est bon de remarquer que d'après les échantillons recueillis par M. Counillon le Trias in férieur de la région de Lang-son tout à fait différent de celui du Yun-nan Stratigraphie 217 contient une faune franchement marine, à affinités himalayennes et américaines en même temps, qui a donné : Inyoites Oweni H. et Sm., Columbites sp., Danubites aff. planidorsato Bittner, Danubites cf. Lissarensis Dien., Pseudomonotis Griesbachi Bittner (')• Pendant le Trias moyen au contraire les conditions se rapprochent bien davantage de celles du Yun- nan ; les Céphalopodes persistent au début en certains points, ainsi nous connaissons des calcaires à Ceratites cf. Airavata Dien. de Ban-huit, feuille de Pho-binh-gia ; j'ai fait connaître moi-même (2) d'après des échantillons rapportés par M. le Commandant Dussault une faunule à Thisbites cf. Meleagri Mojs., Danubites cf. Ambika Diener, Monophyllites sp., Anatibetites., sp., maison observe surtout comme au Yun-nan une faune offrant beaucoup d'espèces de Saint-Cassian avec des espèces communes ( marquées d'un astérisque) à celles de cette dernière région : Pecten cf. tubulifer Munster, Lima subpunctata d'Orb, Avicula aff. cassiana Bittner, Hœrnesia cf. Joannis-Austriae Klipst., Hoferia cf. duplicata Munster, Palaeoneilo cf. faba Wism., Myophoria Goldfussi Alb., Myophoria inaequicostata Klipst. (Mansuy, op citj. Le Trias supérieur offre également dans la région de Lang-son quelques gisements avec Pciratibetites (?), Clionites cf. Salteri Mojs., Anodontophora Griesbachi Bittner, Spirif. Griesbachi Bittn., les deux dernières espèces appartenant aux couches à Halorites et à Sagenites de l'Himalaya (3). Au Trias supérieur appar¬ tiennent les schistes à Estheria minuta d'An-chau trouvés par M. Lantenois en 1905 et les schistes ren¬ ferment la même espèce ainsi que deux espèces nouvelles de Gervilleia recueillies par M. Allouchery dans la région de Moncay. Sur la haute Rivière noire la mer du Trias supérieur a déposé des couches d'où Henri d'orléans a rapporté un Juvavites dont le gisement n'est pas connu. Des Halobies, Myophories et Trachy- ceras y ont été recueillis ainsi qu'au Laos par M. Zeil. Birmanie, Etats Shans : Le Trias supérieur y existe avec faciès marin, des schistes h Halobics e\. Myo¬ phoria en font foi, ainsi que les couches à Cardita et Myophoria d'Arakan. Siam, Louang-Prabang: A Luang-PrabangM. Mansuy vient de montrer récemment^) que le Trias est formé de grès et d'argile bariolées avec bois sîlicifiés. M. Counillon y avait déjà recueilli un Dicynodonte. Au Siam et au Cambodge nous connaissons des formations grès gréseuses qui appartiennent peut être au Trias. Annam : A cette bande marine appartiennent les couches à Myophories (Myop. cf. elegans Dunk..) que j'ai signalées dans le Nord-Annam en 1910. — Récemment les officiers du Service géographique ont recueilli Myoph. inœquicostata. Chine centrale : Au Trias inférieur paraissent devoir être rapportées comme l'a démontré récemment M. Zeiller (5) les couches de Lui-pa-kou du 'Hou-nan, à Gigantopteris nicotianaefolia Schenk, dont la flore au Yun-nan appartient incontestablement au Trias inférieur; Schenk. a rapporté le gisement de Lui-pa- kou au Carboniférien, ce qui paraissait très contestable (3). Dans le Kwei-tchéou, à l'est du Yun-nan, M. Douville (7) a fait connaître en ces termes la présence cle couches marines d'après des fossiles romassés par M. Leclère « Calcaire dur grisâtre, à Céphalopodes et petits Gastropodes de Cha-tze-kiang (près Kwéi-yang, Kwéi-tchéou.) 11 est presque impossible de détacher les fossiles de la roche. Par la forme de la coquille et par le tracé des cloisons une de ces espè¬ ces reproduit presque identiquement le Lecanites psilogyrus Waagen des calcaires à Ceratites inférieurs (1) H. Mansuy: Contribution à la Carte géologique de l'Indochine, Paléontologie, 1908, Hanoi. (2) J. Deprat, Bull. soc. géol. Fr. 4e Sér. t. IX, p. 391, 1909. (3) Bittner : Himalaycin Fossils. Vol. III part 2. p. 60 et 370. (4) C. R. Ac. Se. 7 novembre 1910. (5) R. Zeiller : Note sur quelques empreintes végétales des gîtes de charbon du Yun-nan méridional. (6) Op. cit ; l'auteur s'exprime ainsi : « Quant au Gigantopt. nicotianaefolia et à l'cc Annularia » maxima leur pré¬ sence ne fournissait aucune indication précise, l'attribution que Schenk avait faite au Houiller du gisement de Lui-pa-kou, le seul où ces deux espèces fussent connues, ayant été plus d'une fois contestée, la première de ces espèces, avec la disposition pédalée de sa fronde et sa nervation aréolée, faisant songer plutôt à des formes triasiques ou rhétiennes qu'à n'importe quel genre paléozoïque et l'attribution de la seconde au genre Annularia, comme celle de certains autres échantillons a des espèces houillères, n'étant rien moins que justifiée ». (7) C. R. Ac. Se. 26 février 1900. J. Deprat, Géologie générale de l'Inde », indiquant le Werfénien marin. La faune de Saint-Cassian également a été trouvée au Kvvéi- tchéou f1). Dans le Kan-sou, dans les monts Semenow, au S. du Kou-kou-nor succèdent en concordance au Permien marin des couches à Ophiceras, Lecanites, qui représentent sans doute la base du Werfénien. Dans les montagnes du Kou-kou-nor, Futterer (2) a signalé un calcaire à Monophyllites. Ainsi nos renseignements sur le Yun-nan complètent bien les données qu'on possédait antérieurement sur l'extension des mers triasiques en Extrême-Orient. Pendant le Trias inférieur, les eaux marines pas¬ saient dans la Chine septentrionale, entre l'Angara et une région soit émergée, soit occupée part des fonds très peu importants sur l'emplacement du Yun-nan ; elles empiétaient sur le Kwéi-tchéou où les couches à Lecanites de Kouéi-yang offrent un faciès pélagique. Elles se reliaient ainsi à la mer himalayenne à l'O. et rejoignaient sans doute à l'E. le Pacifique par la région de l'Olenek : Au sud de cette dépression marine existait une longue terre indiquée par les dépôts continentaux du Yun-nan et du 'Hou-nan (Lui-pa-kou). Contournant cette terre un autre bras de mer venant de la région méridionale himalayenne passait sur la Birmanie, les Etats Shans et formait sans doute un détroit au Tonkin entre la limite nord du Gondwana et une terre occupant la région méridionale chinoise (Kwang-toung, Fo-kien, etc.). L'esquisse donné par de Lapparent (traité de Géologie page 1034), de la géographie werfénienne paraît donc se rapprocher beau¬ coup de la vérité. 11 y a seulement une importante correction à faire ; le golfe indiqué comme se détachant de la mer éotriasique tonkinoise et se dirigeant à travers le Yun-nan n'existait certainement pas puisqu'au contraire le Yun-nan offre des dépôts continentaux ou lagunaires pendant la plus grande part du Trias in- lérieuretles sédiments marins à Lecanites du Kwéi-tchéou se rattachent selon toutes probabilités à ceux de la dépression marine septentrionale de la région du Kou-kou-nor et non de la mer tonkino-birmane, mais ceci est un point à préciser pour des recherches futures. Pendant le Mésotriasique une mer probablement très vaste a couvert la plus grande partie de la Chine centrale, mais offrant des fonds peu considérables, ainsi qu'en témoignent les faunes à faciès littoral de Tchong-tien et du Yun-nan oriental. De part et d'autre de cette région, en somme de hauts fonds, persistaient au N. et au S. les dépressions à faune pélagique dans la région du Kou-kou-nor, d'une part, dont les couches à Monophyllites se relient aux dépôts cle l'Oussouri k Monophyllites, Ptychites, etc., delà région birmano-tonkinoise d'autre part; nous avons vu en effet qu'au Tonkin on observe des couches à Céphalopodes bien que des intercalations de faunes littorales s'y introduisent ; ailleurs, vers le sud, un autre bras de mer contournant la région siamoise et cambodgienne dès lors séparée du Gondwana, allait s'étendre sur les îles de la Sonde (couches à Halobia Lommeli de Timor). Pendant le Trias supérieur, la mer centrale chinoise s'approfondit ; au Yun-nan apparaissent les faunes pélagiques, le Siam et le Cambodge avec probablement une partie de l'Annam forment une grande île au nord de laquelle passe la dépression marine tonkinoise à Céphalopodes et à l'O, le bras cle mer birman qui va vers le sud déposer dans les îles de la Sonde les couches à Halobia Lommeli de Timor, les argiles à Halobies et Daonelles cle Sumatra, et les schistes à Pseuclomonotis salinaria de Bornéo. Par contre la dépression cle la région du Kou-kou-nor qui, aux époques précédentes, faisait communiquer les eaux de la région himalayenne avec l'Oussouri paraît comblée. Ainsi paraît devoir se résumer actuellement dans ses grands traits l'histoire des différentes régions chinoises et de celles qui les entourent pendant le Trias. Dans le tableau suivant on a cherché à établir l'équivalence des dépôts triasiques du Yun-nan et des autres régions asiatiques, et à les comparer avec les mêmes horizons en Europe, ce que permet les affinités des faunes entre elles. DÉPOTS CONTINENTAUX ATTRIBUÉS AU RHÉTIEN. Avec le Trias supérieur se terminent les dernières sédiments marins du Yun-nan. Dans la région que nous avons étudiée cet étage termine même, en dehors des dépôts plio-pléistocènes, la série sédimentaire. t1) Koken. Neues Jahrb. 1900, p. 186. (2) Futterer, Durch Asien, III, 1903. Essai de comparaison du Trias yunnanais et du Trias des autres Régions asiatiques avec les horizons du Trias d'Europe ETAGES NOTATION AU YUN-NAN Norien supérieur. Norien inférieur. /vu Carnien. fvi /va /v t IV /m Ladinien. Dinarien. Iakoutien. Gandarien Gangétien. /il t,„ t,a /i a t,,a et /,, YUN-NAN ORIENTAL Grès grossiers à charbon et à débris de plan¬ tes. Grès grossiers à intercalations marneuses à Cladiscites sp. Marnes roses à Trachyceras fasciger et Me- gaphyllites Lantenoisi. Marnes vertes et brunes écailleuses à Parati- betites ClarkeietParatibetites luberculatus Marnes vertes et brunes écailleuses à Halo- bia comata et Frotrachyceras Thous. Marnes brunes fragiles (type col de Tou-pi) à Trachyceras coslulatum et Orthoceratidés. Calcaire marneux (type Cha-kou-lou) à Mee- koceras yunnanen.se, Trachyceras sinense Tr. Deprati, Tr. Douviltéi, Clionites Zeil- leri. Grès à charbon et couches à Myoph. inaequi- costata. Marnes à Pseud. illyrica, Av. Bronni, Dao- nella indica. Grès en plaquettes. Calcaires compacts à faune de la Marmolata et d'Esino et calcaires à faune de Recoaro. Calcaire marneux à faune de Recoaro et du Wellenkalk. Grès en plaquettes et grès jaunes hMyophories. Grès et schistes marneux et marnes bariolées à Myophoria elegans, M. laevigata, etc. de Ien-fen-tchouang, Sui-long-tien, Tsin- chouéi-tang, Tchou-yuen, de la région de Mi-leu. Grès grossiers et psammites rouge-brun à ni¬ veau de charbon à Megalopleris nicotianae- folia de Toutza, Je-chouéi-tang, I-wi-chao, Tsin-tsi-keuou, etc. CHINE YUN-NAN OCCIDENTAL SSEU-TCHOAN O O a, o o -c e a, ■ci ^ cn CD J! -2 o KWEI-TCHEOU HOU-NAN CJ Tn S tà 3 "O O u KAN-SOU Couches de Lui- pa-kou à Me- galopteris ni- cotianaefolia. Couches à Leca- nites alf. psi logyrus d Kwen-iang. Calcaire à Mo- nophylliles. Couches à Ophiceras. QJ c • QJ -O "O S- « ■ci 00 ■ci O) -G O O « -O —. C ^ 'S 00 o cD <-* O 'd Calcschistes de Djoulfa à Myoph. ovata. Grès de Bokhara et du Darvaz à Myophoria ovata. Marnes à Ceratites. Calcaire rieur à tites. infé— Cera- o U Muschelkalk alpin. O Dolomie de Mendola. MERIDIONALES 3 — o u Couches de Gorno et d'Ossena U Calcaire de Prézzo. o Q U t- •d O Q Couches du Torer. Couches de Raibl. O PROVINCE GERMANIQUE Stein mergel- keuper. Schilf- sandstein. Gypskeuper. U Couches de Wengen. Schistes de Bu- chenstein. 1 V-t ci CD Le G O oO L. CD -3 CD CD O t— = - 2 k-j- 3 n k n T = ! m Magnésie 2 k -f- 3 n f — m Ssal Silice des éléments blancs. . . Sx Silice des éléments ferromagnésiens. Q Quartz A Alumine en excès c k u= f- c -f c' s Silice totale T Acide titanique Sal Total des éléments blancs X Total des éléments ferroma¬ gnésiens n J'ai montré dans la description stratigraphique que des intercalations de coulées s'offrent à des niveaux différents dans le Paléozoïque, à la partie supérieure des grès rouges h,b moscoviens et clans le Permien supérieur ; c'est à cette dernière époque qu'appartiennent les énormes masses de laves anciennes de la ré¬ gion entre Yun-nan-fou et la boucle du Kin-cha-kiang. Stratigraphie 220 Les grands épanchements volcaniques dont l'accumulation, coulées, tufs, cinérites atteint une épais¬ seur de 800 à 1.000 m. au minimum entre le Liou-chou-'ho et le Pou-tché-'ho sont assez monotones au point de vue de leur composition. J'en ai lait analyser un certain nombre que je vais décrire succincte¬ ment au point de vue minéralogique. Syénite augitique de Vo-men-ko Cette roche de profondeur offre à l'œil nu deux feldspaths, l'un rosé appartenant à YOrthose, l'autre blanc à un plagioclase. En lame mince, elle se montre formée de plages irrégulières d'Oligoclase-Albite, d'Orthose, Augite, Hornblende, Ilménite, Spliène avec des cristaux épars de Zircon et d'Apatite, cette dernière assez abon¬ dante ainsi qu'en témoignent 0,60 °/o de Ph 205. Par l'analyse on obtient : Ti O2 1,82 Si O2 52,05 Al2Os 15,10 PlrO5 0,60 Fe 0:i 2,15 Fe O 5,67 CaO 6,93 MgO 2,44 Na20 6,10 K 20 3,47 Perte au feu 3,10 99,43 L'interprétation de cette analyse conduit aux résultats suivants : calcul michel levy paramètres americains paramètres magmatiques michel levy Or= 20,1 Ab== 5-1,7 An= 4,5 F =76,3 Sal = 76,3 X = 18,03 X%—18,0 Classe Dosalane. y — 76,3 Ordre Germanare. z =23,2 Rang Monzonase. r = 1,4 Subrang Monzonose. = 2,0 Alcalinosyénitique. r = 1,4 Mégapotassique. 1F= 3,2 Ferromagnésien. U=i,i Mésocalcique. 1 1 Cette roche est une Mon^onose à fumerolle alcalinosyénitique et mégapotassique, à scorie ferroma- gnésienne et mésocalcique. L'analyse chimique est facile à contrôler par les résultats de l'analyse optique qui nous a montré le plagioclase comme de Y Oligoclase-Albite ainsi qu'en témoignent les 6,10 de Na20 contre 0,9 seulement de chaux feldspathisable ; les 3,47 °/o de K. aO corroborent la présence de YOrthose. La proportion totale des alcalis est élevée, (k + n = 9,57) par rapport à la chaux feldspathisable. Diabase augitique du pont du Pou-tehé-'ho sous le eol de Tsouen-tien-po Un type de roche diabasique alliée aux roches d'épanchements permiennes affleure au fond de la val¬ lée du Pou-tché-ho près du pont sous la mauvaise descente du col de Tsouen-tien-po. f i J. Deprat, Géologie générale Cette roche est formée d'épongés d'un plagioclase appartenant à YOligoclase-Andésine, séparées par un magma finement grenu et accompagnées de grands plages d'Augite vert-toncé ; c'est un accident minéralogique d'une diabase andésitique. Ti O- 1,91 Si O9 47-55 A PO:i 11 .35 Ph'O5 d5 Fe2CP 9,26 Fe 0 2,34 CaO 12,90 MgO 6,06 Na20 4,35 \c- 0 0,67 Perte au feu 2,70 100,24 CALCUL MICHEL LEYY PARAMÈTRES AMERICAINS PARAMÈTRES MAGMATIQUES MICHEL LYVE Or= 3.5 Ab == 36,4 An = 10,4 F =50,3 Sal= 50,3 X =48,3 X0/(,=±=48,0 Classe Salfemane. y =50,3 Ordre Gallare. z = 1,6 Rang Auvergnase. r = 0,1 Subrang X. -_=2,2 Alcalinosyénitique. r = o,i5 Persodique. 4=0,6 Magnésien. U=o,8 Mégacalcique. Gabbro diabasique andésitique de la vallée du Pou-tehé-ho Roche de profondeur affleurant dans la vallée du Pou-tché-ho en aval du pont sous le col de Tsouen- tien-po. Les éléments minéralogiques tendent à y prendre le plus souvent la structure diabasique ; elle se montre formée de grands cristaux de Titanaugite violacé et de feldspath Ab3 An, à 44,8 d'Albite, ce qui en fait une Oligoclase-Andésine. L'analyse chimique offre les résultats suivants : Ti O2 4.55 Si 0- 48.20 APO3 i5.63 Ph'O5 0,38 Fe 0 8,55 CaO 6,90 MgO 4,55 NaaO 5.33 K2 0 1,56 Perte au feu 4,5° 100,15 La teneur en NasO est un peu plus faible que dans le type précédent. L'interprétation de l'analyse chimique amène aux résultats ci-après: Stratigraphie 23 J CALCUL MICHEL I.EVY PARAMÈTRES AMERICAINS PARAMÈTRES MAGMATIQUES MICHEL LEVY Or= 8,9 Ab =-- 44,8 An = 15.4 F =69,1 Sal= 69,1 X =26,6 X°/o—26,6 Classe Dosalane. y 69,1 Ordre Germanare. z ==5,3 Rang Andase. r ---- 0,28 Subrang Shoshnose voisin d'Andose. 'R =3,0 Alcalinogranilique. r =0,28 Mégasodique. Y =- 1,0 Magnésien. U= 1,2 Mésocalcique. Andésite de Wou-lou-si-ehou Roche gris clair, compacte, phéno-cristaux très rares, riche en microlites feldspathiques ; éléments ferromagnésiens formant le tiers de la roche. Phénocristaux de Titanaugite, Ilmcnite, Sphène, Olivaie accessoire dans un magma de microlites d'Augite titanifèrc également, de Magnétite et d'un plagioclase en cristaux longs et fins se rapportant à VOligoclase-Andésine. L'analyse donne : Ti O2 3-35 Si O2 49-70 APO3 13.24 Ph205 0,26 Fe203 8,60 Fe 0 4,05 CaO 6,31 Mg O 3,21 Na20 5,28 K -'0 1,90 Perte au feu 4,00 99,90 Cette analyse rapproche cette Andésite augitique du type décrit par Lawson de Sunium Point (Cali¬ fornie) sous le nom de Carméloite. CACUL MICHEL LEVY PARAMÈTRES AMERICAINS PARAMÈTRES MAGMATIQUES MICHEL LEVY Or= r 1,2 Ab — 44,0 An— 9,4 F .=.64,6. Sal = 64,6 X =33,6 X% = 33,6 Classe Dosalane. y .= 64,6 Ordre Germanare. z =^8,2 Rang Andase. r = 0,3 Subrang Andose. =2,i Alcalinosyénitique, r = 0,36 Mésosodique. 3,9 Ferromagnésien. U = 2,i Microcalcique. Cette roche est une Andose à Fumerolle alcalinosyénitique et mésosodique, alliée à une scorie ferro- magnésienne et microcalcique. 232 J. Deprat, Géologie générale Labradorite de Tien-ehann (Moseovien) Roche grise à grain fin, dépourvue de phénocristaux. On observe une pâte de microlites de plagio- clase appartenant à un Labrador où la proportion d'Anorthite est de 6 pour 5 d'Albite, avec Titanaugite, Magnétite ; rares phénocristaux de Titanaugite et d'Ilménite et un peu de Sphène. Les microlites sont de très petite taille. On trouve à l'analyse : Ti O2 2,32 Si O2 48,75 ALO3 i7,4i Ph205 0,19 Fe-O3 1,40 Fe O 7,83 CaO 9,68 MgO 5,18 Na20 3,07 Ks 0 1,27 Perte au feu 2,70 99,80 L'interprétation de l'analyse fournit : CALCUL MICHEL LEVY PARAMÈTRES AMERICAINS PARAMÈTRES MAGMATIQUES MICHEL LEVY Or= 7,1 Ab = 25,4 An — 30,3 F . 62,8 Sal = 62,8 x ="-33,7 X °/0 = 33,7 Classe Dosalane. y =62,8 Ordre Germanare. z == 1,8 Rang Hessase. r = 0,4 Subrang Hessose. $=3,0 Alcalinosyénitique. r -= 0,4 Mésosodique. T =1,7' Magnésien. U =0,9 Mégacalcique. La roche est une Hessose à fumerolle alcalinosyénilique et mésosodique et à scorie magnésienne et mégacalcique. Basalte doléritique andésitique augitique sous le eol de Tsouen-tien-po Roche pourvue d'une structure doléritique typique. Le plagioclase en forme de gros microlites offres en moyenne 30 % d'Anorthite ce qui le place aux environs de l'Oligoclase-Andésine ; grosses plages de Titanaugite englobant parfois le plagioclase de façon à offrir localement la structure ophitique ; YOlivine forme de gros grains irréguliers remplissant les intervalles, peu abondants et souvent transformés en Bowlingite. L'analyse donne : Ti O2 4,37 Si O2 44,85 Al 203 11,76 Ph 205 o,39 Fe 203 5,20 Fe O 8,10 Ca O 9,03 Mg O 4,07 Na20 2,92 K 20 1,7° Perte au feu 7,4o 99,79 Stratigraphie 233 Son interprétation fournit les résultats suivants: CALCUL MICHEL LEVY PARAMÈTRES AMERICAINS PARAMÈTRES MAGMATIQUES MICHEL LEVY Or 10,1 Ab —24,6 An =15.4 F =52,1. . ... . . Sal 52,1 X "/„ — 4.6,6 X "/j =46,6 Classe Salfemane. y =52,1 Ordre Gallare. z —3,0 Rang Camptonase. r = 0,5 Subrang Auvergnose, <1> — 2,4 Syénitique. r = 5,2 Mésosodique. M1" -^3,8 Ferromagnésien. U = 1,5. Mésocalcique. Basalte dolépitique à tendances ophitiques entpe Ta-tzeu et Chou-kou Roche lourde, foncée, en filons dans le Cambrien entre Ta-tzeu et Chou-kou. Grands beaux phéno- cristaux de plagioclase et de pyroxène dans une pâte doléritique ou ophitique. Le premier temps offre de grandes plages de Titanaugite violacé, cYOlivine en grains irréguliers arrondis, d'Ilmétite, Sphène et Magnétite ; on remarquera l'abondance des minéraux titanifères,abondance qui du reste se traduit à l'analyse par 3, 70 °/o de Ti o2. Le plagioclase forme de grands phénocristaux maclés suivent les lois de Carlsbad, cle l'Albite et de la Péricline, zonés, s'éteignant dans la zone interne à 220, 5 dans la zone de symétrie perpendiculaire à g'(oio) ce qui en fait un Anclésine à 37 °/0 cYAnorthite ; la zone moyenne est formée par un plagioclase très voisin encore du précédent à 36 °/0 An, tandis que la chemise extérieure s'éteint à 150 dans la zone de symétrie, ce qui en fait une Andésine-Oligoclase à 33 °/o d'Anorthite. Les microlites de plagioclase ont la même composition que la chemise extérieure des phénocristaux et appartiennent à YAnclésinc- Oligoclase à 33 °/o An ; le reste de la pâte est formé de Titanaugite, Olivine et Magnétite. Ti O2 3>7° Si O2 47,40 A1'203 13,96 PICO5 o,39 Fe9Os 2,30 Fo O 10,80 CaO 7.65 MgO 6,87 Na'O 2,57 K 20 1,62 Perte au feu 2,70 99,76 CALCUL MICHEL LEVY PARAMÈTRES AMERICAINS PARAMÈTRES MAGMATIQUES MICHEL LEVY Or= 9-5 Ab = 2 1,2 An = 20,8 F = 5 1,5 Sal — 51,5 X 4^>2 X°/o = 48,2 Classe Salfemane. y ^=51,5 Ordre Gallare z — 2,4 Rang Auvergnase. r — 0,6 Subrang Auvergnose. =. 2,7 Syénitique. r =0,64 Mésopotassique. T = 1,9 Magnésien. U=i,7 Mésocalcique. 234 J. Deprat, Géologie générale Cette roche est une Auvergnose à fumerolle syénitique et mésopotassique et scorie magnésienne et mésocalcique. Basalte arcdésitique d'entre Tou-mou-nyi et Lao-ehou-to Cette roche noire lourde, à grain très fin est extrêmement abondante dans toute la région du Liou- chou-'ho et du Pou-tou-'ho. Les phénocristaux sont rares, ils sont groupés en amas, et constitués par de Y A'ndésine-Labrador et de YAugite titanifère, d'un beau rose violet en lame mince. Il y a du Sphène. La teneur en acide titani— que due à la richesse de YAugite en titane est très forte : 5,12 °/0. Il y a peu de Zircon également en petits cristaux arrondis et corrodés, qui ne sont sans doute que des enclaves. Le second temps est formé de Magnètite, Titanaugite, Olivine et comme éléments blancs de fins microlites cYOligoclase-Andésine s'éteignant aux environs de 70 dans la zone de symétrie perpendiculaire à g1 (010). L'analyse minéralogi- que montre donc cette roche comme un basalte andésitique. L'analyse chimique due à M. Pisani, fournit les résultats suivants : Ti CL 5,12 Si CL 48,82 Al 203 HA» Fe=03 2,75 Fe 0 8.73 Ca O 5,50 M g 0 4,25 K 20 1,76 Na-'O 4,00 Perte au feu 4,50 99,53 L'interprétation de l'analyse fournit les indications consignées ci-après : CALCUL MICHEL LEVY PARAMÈTRES AMERICAINS PARAMÈTRES MAGMATIQUES MICHEL LEVY Or — 9,5 Ab =33,9 An =. 16,4 F = 59,8 . Sal — 59,8 X- =35,2 X % = 35,2 Classe Dosalane. y — 59,8 Ordre Germanare. z .= 4,0 Rang Andase. r ■=. 0,4. Subrang Andose. '!>= 2,3 Synénitique. r ==. 0,4 Mésosodique. Y = 2,7 Magnésien. U —2,0 Mésocalcique. Basalte doléritique de Tehang-hi Roche noire lourde de coulée du Permien supérieur, sans phénocristaux de feldspath. Ses débris forment la majeure partie des cônes de déjection torrentielle entre Kin-gnia-tsuen et Tchang-hi clans la vallée du Tchang-hi-ho. La roche est formée d'une masse de microlites de Labrador franc à 50 0 0 d'Anorthite, de Titanaugite, Ilménite, Magnètite, Olivine englobant des phénocristaux d'Augite également titanifère, de Sphène et de Magnètite. Stratigraphie Les résultats de l'analyse chimique sont : Ti O2 3,80 Si O2 51 ,35 AL CL 14,50 Fe-'0:! 1,77 Fe 0 9,99 Ca 0 8,50 MgO 3,75 K2 O C77 Ne'O 2,62 Perte au feu 2,62 100,67 L'interprétation de l'analyse donne : CACUL MICHEL LEVY PARAMÈTRES AMERICAINS PARAMÈTRES MAGMATIQUES MICHEL LEVY Or — 10,1........ . Ab— 22,0. An = 22,8 . F = 54,9- Sal= 54,9 X —45,6 X% = 45,0 Classe Sall'emane. y •=.- 54,9 Ordre Gallare. z — 2,3 Rang Auvergnase. r 0,6 Subrang Auvergnose. 'I' = 2,9 Syénitique (voisin d'Alcalino- granitique). r = 0,60 Mésopotassique. = 1,9 Magnésien. U= 1,7 Mésocalcique. Tuf de Wou-long Les basaltes du Tchang-hi-ho, du Ta-sing-chann, du Kong-chann, etc., sont accompagnés de masses puissantes de cinérites et de tufs. J'ai fait analyser un tuf basaltique des environs de Wou-long : Ti CL 1,52 Si O2 23,20 AF 0- 4,92 Fe['03 o,55 Fe O 4,03 Ca 0 0,88 MgO 303 K2 0 0,30 Na20 0,48 Perte au feu 4,80 Ca O C 03 55,85 99,46 RÉSUMÉ RELATIF AUX ROCHES ÉRUPTIVES 11 est intéressant de rechercher comment se groupent les diverses analyses précédentes. Pour cela, i'ai fait la moyenne des diverses analyses afférentes à des groupes d'âge différent. a36 J. Deprat, Géologie générale On voit de suite que dans l'ensemble de ces roches une d'entre elles, la Syénite augitique se différen¬ cie par sa teneur en potasse beaucoup plus élevée que dans tous les autres types. 11 me paraît impossible de lui attribuer un âge précis. Toutes les autres se classent au contraire clans deux groupes cohérents. Nous avons d'abord la Syénite augitique de Vo-men-ko : X o/o = 18, o Classe Dosalane = 2, o Alcalinosyénitique. y = 76, 3 Ordre Germanare. r ^ . 1, 4 Mégapotassique. z —23,2 Rang Monzonase. ¥ = 3, 2 Ferromagnésien. r — 1, 4 SubrangMonzonose. U = 1, 1 Mésocalcique. Un autre groupe est offert par le type de la Labr ado rite moscovienne de Tien-chann : X °/o = 33, 7 Classe Dosalane. $ 3, o Alcalinosyénitique. y = 62, 8 Ordre Germanare. r = o, 4 Mésosodique. z = 1, 8 Rang Hessase. Y = 1, 7 Magnésien, r =- o, 4 Subrang Hessose. U — 0, 9 Mégacalcique. Un troisième groupe comprenant uniquement des laves permiennes ; Basaltes andésitiques du Ta- sing-chann, Andésite à Olivine accessoire et quelques types de profondeur tels que le Gabbro andésitique de la vallée du Pou-tché-'ho fournit la moyenne suivante : X o/0 = 34 Classe Dosalane. <[> = 2,7 Syénitique. y =62 Ordre Germanare. r = o, 32 Mésosodique. z = 4, 6 Andase. Y = 2,7 Ferromagnésien. r ~ o, 27 Andose. U — 1,7 Mésocalcique. Le quatrième groupe nous est fourni parle Basalte doléritique de Tchang-hi, le Basalte doléritique en filon dans le Cambrien de Chou-kou, la Diabase andésitique du pont du Pou-tché-ho sous le col de Tsouen-tien-po. Les moyennes des paramètres sont les suivantes : X°/0= 46, 5 Classe Salfemane (I> = 2,5 Syénitique y =52,0 Ordre Gallare r = 0, 47 Mésosodique z =2,0 Rang Auvergnase Y = 2, 00 Magnésien r =0,47 Subrang Auvergnose U = 1, 4 Mésocalcique Ainsi les éruptions primaires du Yun-nan oriental se répartissent en trois grands groupes. Nous lais¬ sons à dessein de côté la Syénite augitique dont nous ne connaissons pas l'âge précis. Labradorites moscoviennes. — Dans ces roches dont le type moyen est une Hessose mésosodique, ma¬ gnésienne et mégacalcique ; nous sommes en présence de laves basiques où le rapport de K -O à Na 20 est de 1,27 : 3,07. Série permienne. — Dans la série du Permien supérieur dont les accumulations puissantes sont com¬ parables à celles du Dekkan nous observons deux séries successives ; la plus ancienne est une Andose caractérisée par un magna syénitique, mégasodique, ferromagnésien et mésocalcique ; les laves plus ré¬ centes passent ensuite à une roche moyenne appartenant au subrang Auvergnose à fumerolle syénitique, mésosodique et à scorie magnésienne et mésocalcique. Ainsi dans la succession des éruptions le magma fumerolle reste constamment syénitique dans les épanchements permiens aussi bien que dans les types diabasiques du même âge, mais il passe de mégasodique à mésosodique, et la variation n'est pas consi¬ dérable puisqu'elle passe en somme seulement de 0,32 à 0,47 comme valeurs paramétriques. La scorie ferromagnésienne dans la première partie des éruptions devient magnésienne à la fin dans les basaltes du Ta-sing-chann etdu Tchang-hi-'ho. Elle reste constamment mésocalcique. Par conséquent, bien qu'il y ait de grandes analogies entre les deux séries une différence bien nette apparaît dans les subrangs, le début des éruptions étant plus riche en soude et en oxyde de fer, différence clairement traduite par le passage de la classe Dosalane à la classe Salfemane. On remarquera la constance des minéraux titanifères en forte proportion dans toutes ces séries. Stratigraphie 287 AGE DES ÉRUPTIONS NOM DES ROCHES AU POINT DE VUE MINÉRALO- GIQUE CLASSIFICATION AMÉRICAINE PARAMÈTRES MAGMATIQUES Moscovien Labradorite Dosalane Germanare Hessase Hessose Alcalinosyé - nitique Mésosodique Magnésien Mésocal- cique Permien supérieur Andésites pauvres en olivine Dosalane Germanare Andase Andose Syénitique Mégasodique Ferromagné- sien Mésocal- cique Basaltes andésitiques Sall'emane Gallare Auvergnase Auvergnose Syénitique Mésosodique Magnésien Mésocal- cique 238 J. Deprat, Géologie générale CHAPITRE VI Renseignements miniers Je crois devoir donner, pour terminer cette monographie les renseignements actuellement recueillis concernant la région. Nombre d'auteurs ont déjà traité cette question. Les études les plus complètes qui aient été faites au point de vue minier sont celles de M. Leclère et de M. Lantenois. Je résumerai ici les résultats de mes prédécesseurs en y ajoutant mes données personnelles. Mines de charbon MINES DE LIGNITE MM. Leclère et Monod ont, les premiers, reconnu au Yun-nan la présence de mines de lignite ; d'une façon générale, on trouve ces dépôts dans tous les bassins lacustres. M. Lantenois a montré déjà que les lignites du Yun-nan seraient invendables au Tonkin et ne peuvent offrir qu'un intérêt local. Ils sont inuti¬ lisables sur la ligne ferrée naturellement et par conséquent ne peuvent qu'être employés pour des usages domestiques, dans les fours à chaux, etc. Les gisements de lignite actuellement exploités dans la région entre le parallèle de Mong-tseu et celui de Yunnan-fou et appartenant tous au Pliocène supérieur sont les suivants: Sin-chiem, Mi—la—ti, Pé- che-gai, Ien-fen-tchouang, Mien-tien, Pe-kia-tchouang, Si-tchouang, Pou-tchao-pa. De nombreuses couches plus ou moins impures non exploitées et non exploitables se trouvent dans le bassin de Mi-leu en divers points. J'ai déjà décrit assez en détail les cuvettes lacustres où se rencontrent les lignites et leur échelle stratigraphique pour ne pas y revenir. Je reproduis ci-dessous pour mémoire les analyses données par M. Lantenois des échantillons rapportés par lui : EAU MATIÈRES CARBONE FIXE CENDRES OBSERVATIONS HYGROMETRIQUE VOLATILES Mi-la-ti. n° 1 I 7,20 29,20 38,20 38,20 — n° 2 l6,20 31,30 32,50 20,00 Pou-tchao-pa n" 1 30,25 3', '5 26,00 I 2,60 Pas de coke — n» 45,00 24,00 31,00 no 3 >2,75 34,25 16,50 36,50 no 4 12,00 34,00 17.50 36,50 n° 5 - 19.33 24,00 50,23 6,44 Tang-tche 16,00 52,00 27,00 5,00 M. Lantenois indique que l'échantillon n° 5 du lignite de Pou-tchao-pa lui a donné au procédé Berthier 3.400 calories ; or, c'est un des meilleurs lignites du Yun-nan. Stratigraphie 23g MINES DE HOUILLE Les gisements houillers sont plus intéressants que les précédents. M. Lantenois a rapporté les gise¬ ments qu'il a étudiés au Carbonifère, au Trias ou au Rhétien. J'ai revu personnellement les points décrits par M. Lantenois et quelques autres. Le résultat stratigraphique me conduit à considérer les horizons de charbon suivants : Trias supérieur : Grès noriens supérieurs /vu (Type Ta-yao-tchai et Ni-ou-ké). Trias moyen : Grès à Myophorici inaequicostata tu (Type Tse-tsou). Trias moyen inférieur : Grès grossiers t, (Type Sin-tchai). Trias inférieur : psammites t\, (Type Je-chouéi-tang, région au N. E. de Mi-leu). Moscovien i ca^ca'res 'l" a Spirifer mosquensis (Type Eul-kai). ( grès rouges supérieurs h, b (Type montée O. de Siu-kia-tou). Les horizons qui se montrent continus et qui, jusqu'à présent, paraissent seuls susceptibles de donner des couches réglées avec un charbon de bonne qualité sont les horizons : Norien tvn, Werfénien t, et Moscovien h,,. Dans les autres horizons, je n'ai jamais observé que des couches irrégulières, très impures et pyriteuses au plus haut degré. Je vais donner la liste des gisements déjà connus en indiquant ceux que j'ai trouvés en dehors : I. — Houilles moseoviennes i° Gisements des environs de Tong-hai. — Ils ont été déjà étudiés par M. Lantenois qui y a désigné trois groupes d'exploitation ou recherches : i° Celui de Ta-che-chan ; 2° Celui de Siao-pa et Lo-chouéi-tong ; 3° Celui de Lo-tchouang. A part l'attribution de ces gisements au Moscovien, je n'ai aucune donnée nouvelle à apporter aux observations de M. Lantenois qui s'exprime ainsi à leur égard : « On y exploite une couche de charbon paraissant unique dont l'épaisseur varie de i m à om 20. Cette couche est interstratifiée dans une passée gréso-schisteux de ioà2omde puissance, intercalée elle-même au milieu d'une formation épaisse de calcaires noirs L'exploitation qui paraît remonter à une époque assez ancienne, car les descenderies sont très profondes est difficile et coûteuse ». Les conditions n'ont pas changé depuis l'époque où M. Lantenois écrivait cela. Le charbon dont M. Lantenois a donné une analyse que nous reproduisons plus loin est très cendreux ; actuellement il n'est toujours utilisé que dans les briqueteries, les fours à chaux et les forges de Tong-hai où on traite le fer brut provenant de Si-wo. 20 Recherches des environs de Pe-tchen. — Signalées par M. Lantenois ; la couche de charbon où on a fait des recherches apparaît près de Siao-che-kiao, à la base des calcaires /t,,. La teneur en cendre est forte. 30 Gisements de Kouen-yang. — Ils offrent deux groupes, celui de Eul-kai et celui de 'Hai-keuou. Eul-kai. — Ce gisement venait d'être mis en exploitation en 1901 quand M. Lantenois l'a visité en 1903. Il offrait alors deux petits quartiers d'exploitation; depuis celle-ci s'est développée, toujours à la façon chinoise, par des trous isolés. Il y a au moins quatre couches bien réglées dont l'épaisseur varie de 1 m à 1 111 70. Je partage entièrement la manière de voir de M. Lantenois qui estime que l'horizon doit se j. Deprat, Géologie générale poursuivre vers le nord ; mais étant donnée l'allure des couches, il doit disparaître dans le lac de Kouen- yang au N. de 'Hai-keuou. Dans ce gisement le charbon fournit du coke. Il a une apparence assez belle et est consommé en grande partie à Yun-nan-fou où il est transporté par jonques. 'Hai-keuou. — Le gisement de 'Hai-keuou, à proximité de l'entrée du déservoir du lac de Kouen- yang, offre comme dans les cas précédents des couches de charbon interstratifiées à la basedes calcaires h,,. M. Lantenois a indiqué que l'affleurement suit sur plusieurs kilomètres une ligne presque horizontale, à 70 m environ de hauteur verticale au-dessus de la rivière; c'est le même niveau qu'à Eul-kai et le même charbon. Ces gisements sont intéressants ; exploités par des méthodes européennes, ils offriraient quelque intérêt ; c'est le cas du reste de la plupart des gisements placés au niveau des calcaires 40 Gisements du plateau d'entre Yi-léang et Tang-tche. — Toujours au même niveau des recher¬ ches ont été entreprises au nord de Tchen-kong, sur la bordure occidentale du bassin de Yun-nan-fou. J'ai observé entre la halte de Tchen-kong et la petite ville chinoise de ce nom un autre affleurement dans les grès rouges h, b. Cet affleurement montre un mauvais charbon cendreux diffus dans le grès, semblable à celui de tous les autres gisements appartenant à cet horizon. Sur le plateau de Tsi-tien, au-dessus du lac de Yun-nan-fou existent à Lao-wa-tong des recherches, fournissant un charbon malheureusement trop pyriteux et très menu. Il a été employé pendant quelque temps sur la ligne du Yun-nan, mais il ne tenait pas la pression et on a dû y renoncer ; actuellement, il y a plusieurs trous d'exploitation, mais celle-ci ne se poursuit pas avec continuité. A Lao-wa-tong où l'exploi¬ tation s'est faite avec quelque suite en iqioelle est actuellement arrêtée. M. Lantenois avait vu en ce point des recherches en 1903 et n'avait pu se prononcer sur la valeur du gisement. On peut actuellement la considérer comme très faible et ce charbon n'est guère bon qu'à chauffer des fours à chaux ou des bri¬ queteries. 50 Gisements d'Eul-long-si-chou. — Je les considère comme le prolongement de la bande précé¬ dente. Il est activement exploité et fournit actuellement la presque totalité du charbon employé sur la ligne du Yun-nan ; mais il y a une grosse amélioration du charbon qui forme deux belles couches de 2m. 50 et im., bien réglées, dans le calcaire moscovien h,,. Ce gisement est intéressant par sa continuité, les couches se prolongeant jusqu'à Si-yang-tang sur 5 km. de long ; le charbon est moins menu que dans les autres gisements et il donne un beau coke susceptible d'être employé en métallurgie. Malheureusement, les Chi¬ nois exploitent inconsidérément cette belle ligne d'affleurements ; ils creusent çà et là des trous et descen¬ dent dans la couche sans boiser, sans prendre aucune précaution et déhouillent inconsidérément de telle sorte que les calcaires déjà fissurés de façon inquiétante finiront par s'écrouler complètement sur l'exploi¬ tation. Le charbon n'est pas mélangé de nerfs schisteux. Par Ta-ta-kai le charbon d'Eul-long-si-chou est amené à K.'o-pao-tsouen par chevaux de bât ; les Chinois songent actuellement à faire un Decauville pour amener le charbon à la ligne du Yun-nan. Il est malheureux que ces gisements soient exploités par les méthodes actuelles, c'est-à-dire le plus mal possible. On y fabrique sur place du coke dense et solide qui ferait un bon coke métallurgique. Un premier essai fut fait à Hai-phong, qui réussit parfaitement ; un second échoua complètement et pour la raison sui¬ vante : lors du premier envoi surveillé par des Européens le coke fut convenablement fabriqué, avec du charbon trié et propre, la seconde fois, on eut le tort de se fier aux Chinois qui mélangèrent au charbon de l'argile et des menus poussiéreux et livrèrent un produit incomplètement transformé. La conclusion de ceci est que les gisements d'Eul-long-si-chou, Si-yang-tang pourraient fournir à l'industrie métallurgique tonkinoise du coke très bon, le jour où les conditions d'exploitation et de fabri¬ cation pourront être modifiées, et ceci peut être intéressant. On trouvera plus loin plusieurs analyses du charbon d'Eul-long-si-chou données par M. Lantenois. 6° Gisement au nord de Yun-nan-fou. — A l'extrémité nord de la plaine de Yun-nan-fou une cou¬ che de charbon se trouve en plein calcaire moscovien. La houille assez fortement cendreuse, affleure à Kiéou-long-ouan près de la belle pagode de He-long-tan. Les Chinois y ont fait quelques trous d'où ils tirent une houille qui sert sur place à faire de la chaux. M. Leclère en a donné l'analyse. Stratigraphie 7° Gisements a l'est du lac de Iang-tsong. — J'ai visité à l'extrémité sud-est du lac de Iang-tsong un gisement de houille qui se présente dans les grès rouges h, b moscoviens et non plus dans les calcaires /t,, à Kiéou-téou-chann. Lorsque j'y suis allé, les chinois y avaient creusé plusieurs descenderies assez conve¬ nablement étayées par des bois, chose rare ; le charbon y est cendreux, mélangé de nerfs schisteux, et pyriteux à un degré excessif; la pyrite s'y trouve normalement dans les proportions de 25%, c'est-à-dire qu'il est complètement inutilisable ; il peut tout au plus servir dans les fours à chaux. 8° Gisements entre Siu-kia-to.u et Tch'eng-kiang. — Au même niveau géologique que les précé¬ dents j'ai observé dans les grès rouges moscoviens h, b une couche de houille mal réglée, comme diffuse dans le grès, pleine de nerfs schisteux et d'argile, surchargée de pyrite et qui ne peut être citée que pour mémoire, car le charbon y est inutilisable, même pour briqueterie ou fours à chaux. 90 Gisements de la cote occidentale du lac de Tch'eng-kiang. — Le même horizon géologique, les grès rouges moscoviens h, 6, offre dans les montagnes qui bordent à l'ouest le lac de Tch'eng-kiang de nombreux affleurement identiques au précédent, sans aucun intérêt. Ainsi de ces différents gisements moscoviens on ne doit retenir que ceux qui appartiennent à l'hori¬ zon des calcaires h,, c'est-à-dire aux couches à Spirifer mosquensis. Les couches des grès supérieurs h,b sont toujours de très mauvaise qualité, impures et pyriteuses au plus haut degré, diffuses dans le grès et comme ce sont les conditions même de gisement qui en sont la cause il n'y a pas à compter que les cir¬ constances changeront en profondeur. Le jour où les conditions d'exploitation auront pu changer au Yun- nan c'est donc dans l'horizon h,, calcaire que l'on devra poursuivre les recherches et les sondages. Je reproduis ci-dessous un certain nombre d'analyses données soit par M. Lantenois, soit par M. Leclère et provenant des gisements que je classe comme moscoviens : ANALYSE DES ÉCHANTILLONS RAPPORTÉS PAR M. LANTENOIS provenance humidité matieres pouvoir laboratoire cendres qui a fait volatiles calorifique l'analyse région localité Tong liai Siao-pa 0,90 14,30 24,25 » . . . . Haiphong. Pe-tchen n° 1 i ,00 20,60 20,75 » . . . . — — n° 2 ',75 17,00 38,00 » . . . . — Kouen-yang Eul-kai n° 1 0,60 13,90 14,00 6.3oo Haiphong et Hanoï — n" 2 1,00 16,00 14,70 5.94.O — — n" 3 0,80 14,70 l6,00 6.200 — — n° 4 1,20 14,30 13,00 6.24o — n° 5 1,10 15,40 I3,00 » . . . . Haiphong. — n" 6 1,25 '4,75 I 6,00 — — n 7 1,00 19,25 I 1,50 » . . . . — Yi-léang Tsi-tien, Eul-long- 1,70 20,55 22,50 » . . . . — si-chou n° 1 1,00 14,60 28,60 5.140 Hanoï n° 2 1,00 14,40 I I ,0o » ANALYSES DONNÉES PAR M. MONOD localité humidité matières volatiles teneur en cendres pouvoir calorifique déterminé a la bombe Kiéou-long-ouan (Recueilli à Yun-nan-sen). 0,90 G45 8,80 22,50 13,50 6,90 )) 8.3oo .1. Deprat, Géologie générale ANALYSES DONNEES PAR M. LECLÈRE localités humidité matières volatiles teneur en cendres pouvoir calorifique He-long-tan (Houille altérée) M 11,09 22,00 6.734 M. Leclère avait placé la houille de Tou-tza dans les houilles carbonifères. Nous avons vu qu'elle appartient au Trias supérieur. Les houilles moscoviennes du Yun-nan se tiennent en somme surtout dans le groupe des demi-gras ; la teneur en cendres est toujours assez considérable dans les analyses ci-dessus. Mais je crois que l'appréciation de M. Lantenois sur les hautes teneurs en cendres de 24 et 28 °/o des charbons de Siao-pa et d'Eul-long-si-chou est due aux procédés d'exploitation très défectueux ; comme le fait remarquer M. Lantenois dans presque toutes les mines les chinois n'ont aucun intérêt à extraire du charbon propre, car pour fabriquer le coke de chauffage on le mélange à 1/3 d'argile que l'on agglomère avec le menu pour le calciner sur une aire. 11. — Houilles du Trias inférieur J'ai indiqué le beau développement des niveaux houillers dans les psammites du Trias inférieur, s'étendant des environs de Mi-leu dans la région de Tou-tza et j'ai donné les résultats de l'étude strati- graphiques des terrains dans lesquels ces couches sont incluses. Les gisements sont à peu près continus lormant pendant des kilomètres des affleurements ininterrompus. La couche de charbon n'est pas unique comme l'a cru reconnaître M. Counillon ; ainsi entre Je-chouéi-tang et Hoa-keuou on en compte jusqu'à 4 (1). Au N. E. de Mi-leu, elles sont activement exploitées par les Chinois dans toute la région entre Hoa-keuou et Ta-chouéi-tang, notamment aux environs de Je-chouéi-tang, Kio-lo-tchao, etc.; vers le N. N. E. les points d'exploitation sont multipliés dans les environs de I-wi-chao, Tsjn-si-keuou, Peu-kiao, Tzai-keuou, Tou-tza. Dans tous ces gisements la houille est brillante, généralement pure, dépourvue de nerfs schisteux, peu pyriteuse, ce beau charbon est beaucoup moins fragmentaire que les charbons moscoviens et beaucoup d'exploitations fournissent des blocs de belle taille. Je reproduis ci-dessous des analyses de divers auteurs sur les charbons de la région Tou-tza, Mi-leu. (1) A Tou-tza aussi (Leclère). Stratigraphie 243 ÉCHANTILLONS RAPPORTÉS PAR M. COUNILLON (D'APRÈS M. LANTENOIS) PROVE RÉGION NANCE LOCALITÉ HUMIDITÉ MATIÈRES VOLATILES CENDRES POUVOIR CALORIFIQUE LABORATOIRE QUI A FAIT L'ANALYSE Mi-leu Entre Mi-leu et Tou- tza Tou-tza Mi-si-sao Lao-tsong tchin ! I-wi-tchao I Tsin-si-keuou n° 1 — . 1 Peu-kiao Tzai-keuou Tou-tza 0,80 1 ,oo 0,70 1,40 1,90 0,80 2,35 1,00 I 2,90 13,00 19,70 26,20 23,30 22,60 I 2,70 17,40 32,20 20,50 14,00 14,50 I 2,40 9,9° 71,30 8,00 )) 5,924 6,098 )) 5,964 )) 1,226 6,470 Hanoi ÉCHANTILLONS RAPPORTÉS PAR M. MONOD Tou-tza Tou-tza o,95 16,75 7>5° 8,010 ÉCHANTILLONS RAPPORTÉS PAR M. LECLÈRE Tou-tza Mi-leu Tou-tza Environs de Je-chouéi- tang 1,30 37 I 5.00 ,00 10,00 9,54 7,500 Ecole des Mines de Paris. Les charbons de cette bande donnent partout de fort beau coke, très solide et dense qui serait excel¬ lent pour la métallurgie ; dans toute la région on emploie ce coke pour le chauffage en hiver. Le charbon de Tou-tza se montre d'une friabilité excessive tandis que dans les autres gisements il est compact et so¬ lide. Le pouvoir calorifique de ces charbons est généralement élevé. Les charbons du Trias inférieur sont en somme les plus intéressants du Yun-nan oriental, d'abord par leur qualité, ensuite par leur extension considérable qui en fait un district houiller d'une étendue ma¬ gnifique et il est véritablement dommage que leur éloignement de 2 à 3 jours au minimum de la ligne fer¬ rée interdise de songer à les y amener. 111. — Houilles du Trias moyen Les charbons du Trias moyen offrent un faible intérêt ; tous les gisements que j'ai vus, se présentent mal ; le charbon y est diffus dans des grès ou des schistes, généralement très mélangé d'argile et de nerfs schisteux. Je citerai cependant les gisements que j'ai eu l'occasion de visiter : i° Tse-tsou. — M. Lantenois avait déjà visité le gisement de Tse-tsou qu'il attribua au Trias supé¬ rieur ou peut être au Rhétien par suite du renversement complet de la série : en réalité, le gîte de Tse-tsou, a/|4 J. Deprat, Géologie générale qui repose sur le Garnien, appartie-nt au Trias moyen supérieur, à l'horizon de Saint-Cassian ; il est com¬ pris dans les grès à Myophoria inaequicostata. (voir coupe fig. 70 atlas) M. Lantenois avait déjà trouvé fort médiocre apparence à ce niveau. On en rencontre deux bancs de im. chacun entre Ya-ma-tchai et Tse-tsou, séparés par un épais banc de grès grossiers tu. Par suite de l'attribution du charbon de Tse-tsou au Trias supérieur M. Lantenois fut amené à consi¬ dérer celui de Ni-ou-ké comme le prolongement des affleurements de Tse-tsou ; mais ce dernier apparte¬ nant en réalité au Trias moyen, le parallélisme disparaît. J'ai donné longuement plus haut les raisons qui me font placer les charbons de Tse-tsou dans le Trias moyen et ceux de Ni-ou-ké dans le Norien. 20 Sin-tien. — Près de Sin-tien, j'ai observé dans les grès grossiers de la base du Trias moyen un niveau de charbon épais de 1 m. 20 environs, de très mauvaise qualité, fortement argileux et du reste très mal réglé ; les habitants n'en tirent aucune partie, je ne le cite que pour mémoire. Du reste, serait-il bon que le grand éloignement de la ligne ferrée (à plus de 60 km. d'A-mi-tchéou en ligne droite par de très mauvais chemins dans un pays très accidenté) interdirait d'en transporter. IV. — Houilles du Trias supérieur Les houilles du Trias supérieur sont intercalées dans les grès noriens qui terminent la série triasique au Yun-nan. M. Leclère et après lui M. Lantenois ont décrit le gisement de Ni-ou-ké. Le premier le rapporta au Rhétien. M. Lantenois a admis cette appréciation comme possible. Exactement c'est du Norien et la partie supérieure du Trias yunnanais. On y observe quatre couches dont l'épaisseur totale est de 3 m., inégales ; la principale couche exploitée a 1 m. 20 d'épaisseur mais offre des intercalations marneuses. M. Leclère a donné une analyse du charbon de Ni-ou-ké. échantillons rapportés par m. lantenois n° 1 n° 2 n° 3 n° 4 n° 5 n° 6 humidité matières volatiles gendres pouvoir calorifique laboratoire qui a fait l'analyse cosj cow o oo o o o o o o o uo 0 33,50 25,00 )) 2 1,00 ,00 32,00 4,10 i 7,00 i 8,42 18,38 6,00 13,00 )) )) 4,740 4,690 )) ç,3^0 Mong-tseu Haiphong-Hanoi Hongay Haiphong-Hanoi M. Leclère indique 30 à 35 °/o de matières volatiles et 6 °/o environs de cendres. La houille de Ni-ou-ké est flambante. Son plus grave défaut est d'être très menue. Elle donne un coke léger et friable. Ta-yao-tchai. — Autour de Ta-yao-tchai on observe deux affleurements de charbon bien nets. Le premier se trouve sur la route de Iang-tsi-kiou à Ta-tchai à mi-chemin entre les deux localités, for¬ mant une couche à pendage N. O. qui fait partie du synclinal du Trias supérieur disloqué en écailles tel que le montre la fig. 73 (atlas) Aucune recherche n'a été faite en ce point et j'ai trouvé ce banc en cherchant des lossiles. 11 paraît épais d'un mètre environ ; le charbon est terne à l'affleurement et pulvérulent ; il serait probablement meilleur en profondeur ; ceci à l'état d'hypothèse. Stratigraphie 245 Un autre gisement se trouve, placé comme l'autre, dans les grès grossiers, sur la route de Ta-yao- tchai à Tchong-tchai, pendant également vers le N. O., le sentier recoupe un banc de charbon interstratifié dans les grès à plantes de la partie supérieure du Norien. 11 ne semble pas qu'on y ait fait des recherches sérieuses ; le charbon paraît terreux, mais il est probable qu'en profondeur il est meilleur. Si ces gisements offraient une valeur réelle, il ne faut pas oublier qu'ils sont séparés de la ligne par deux étapes et par suite ne pourraient être utilisés qu'au Yun-nan en raison des prix de transport. De ce qui précède, il résulte que les charbons moscoviens sont des demi-gras susceptibles de four¬ nir des charbons du chaudière cle bonne qualité dans les gisements de l'horizon /;,, et donnant également du coke. Ceux de l'horizon h, b c'est-à-dire des grès rouges supérieurs sont franchement mauvais, se présentent dans de très défectueuses conditions de gisement. Les houilles triasiques offrent des qualités très variables suivant les niveaux : celles du Werlénien sont les plus beaux charbons du Yun-nan et fournissent un coke excellent, solide et dense et offrent une grande extension des affleurements ; elles sont moins menues que celles du Moscovien et du Trias supérieur. Le charbon du Trias moyen est toujours défectueux et formé dans des conditions de dépôts qui engendrent des couches mal réglées et diffuses dans les grès. Celles du Norien au contraire paraissent meilleures, la houille de Niou-ké en est le type; leur coke est friable; ce sont des charbons riches en matières volatiles et flambants. M. Lantenois a déjà largement traité la question de l'avenir industriel des mines de houilles du Yun- nan et on ne peut s'empêcher de reconnaître avec lui que leur débouché est assez limité. La consomma¬ tion est augmentée évidemment par la ligne du Yun-nan qui brûle actuellement surtout de l'Eul—long-si— chou, mais malgré tout c'est toujours un débouché local. En 1907 M. Lantenois écrivait : « La production des mines de charbon du Yun-nan ne prendrait, semble-t-il,un véritable essor que du jour où elle serait en mesure de concurrencer d'une façon active les charbons japonais et australiens sur le grand marché de Hong-kong, dont la consommation annuelle atteint 1 million de tonnes. Or, cette éventualité paraît diffici¬ lement réalisable étant donné d'une part, le faible prix de revient du bon charbon japonais et d'au¬ tre part le prix de revient élevé du charbon du Yun-nan lequel est gravé de frais de transport considéra¬ bles. » Depuis les circonstances n'ont pas changé et le prix du transport considérable reste l'obstacle. Mines métallifères ÉTAIN Les mines et fonderies d'étain de la région de Ko-tiéou forment certainement le groupe industriel le plus important du Yun-nan. Les gisements de Ko-tiéou ont été décrits par trop d'auteurs pour y revenir. Je renverrai à la description qu'en a donnée M. Leclère et après lui plus récemment M. Collins D). Le minerai est formé de cassitérite englobée dans une argile rougeâtre enfermée dans les cassures du calcaire ; les gisements originaires sont les filons de pegmatite à tourmaline dont la destruction a donné naissance à l'entraînement du minerai et à son accumulation dans les fissures des calcaires ; ce sont des gîtes de remplissage superficiels dans certains cas, franchement filoniens dans d'autres, suivant que le minerai se rencontre dans les calcaires triasiques ou dans les calcaires carbonifères. Dans ces derniers, à mesure que l'exploitation s'approfondit apparaissent des oxydes et des sulfures étrangers. D'après des recherches récentes la cassitérite se trouverait au pied du massif de Ko-tiéou dans les alluvions torrentielles quaternaires du bassin de Mong-tseu. 11 est improbable qu'en dehors de la région du Fleuve Rouge on rencontre dans le Yun-nan oriental d'autres gisements stannifères ; la composition géolo¬ gique s'y oppose ; par contre, il est probable qu'au Tonkin où abondent les granulites et les pégmatites tourmalinileres à muscovite, les gisements de ce genre se multiplieront. (i) Roy. Géolog. Soc., 16 décembre 1909. 246 J. Deprat, Géologie générale La production des gîtes de Ko-tiéou a été en croissant, de la manière suivante depuis 1900 : Tonnes 1900 = 2.898 1901 = 3.026 1902 = 3.788 1903 = 2.443 1904 = 2.979 1905 = 4.463 1906 = 3.984 1907 = 3.480 1908 = 4.558 1 909 = 4.422 1910 = 5.400 1911 — 6.106 PLOMB, ANTIMOINE, ARSENIC Près de Ko-tiéou un filon sulfuré et carbonaté qui a été longtemps exploité, est actuellement abandonné à Long-téou-tchai. Depuis la baisse de l'argent les chinois s'occupent beaucoup moins de l'exploitation des filons de plomb argentifère. La région de Kai-'hoa, à l'est de la région explorée par nous, renferme des gisements de plomb, galène antimonieuse, stibine, mispickel, dont j'ai eu entre les mains des échantillons. Je n'ai pas personnellement visité cette région et ne puis dès lors en parler davantage. FER Je n'ai pas observé de mines de fer intéressantes dans la région que j'ai visitée. Je renverrai aux tra¬ vaux de M. Lantenois au sujet des mines de Chan-héou et de Lao-lou-kan et des usines qui en sont proches. J'ai reconnu un filon de sidérose près de Ta-li-tang, dans des conditions de gisement tout à fait dé¬ fectueuses et qui ne paraît pas offrir d'intérêt. Les rognons de limonite pullulent dans certains dépôts lacustres (bassin de Mi-leu). Je ne les cite que pour mémoire, car ils n'offrent, au point de vue industriel, aucun intérêt. M. Lantenois a nettement démontré par des arguments probants, que les mines de fer du Yun-nan ne peuvent jamais avoir qu'un débouché limité, et au Yun-nan même. Il n'y a pas à y songer actuellement pour l'exportation. OR Les mines d'or sont très nombreuses dans la zone des plissements N. S. du Sseu-tchoan tibétain. Les affluents du Kin-cha-kiang tels que Kin-ho venant de cette région, entraînent des sables aurifères qu'ils déversent dans le Kin-cha-kiang ; c'est de là du reste que viennent les noms de ces rivières Kin-ho (Fleu¬ ve de l'or), Kin-cha-kiang (Fleuve au sable d'or). L'or est selon toute vraisemblance emprunté aux roches basiques de la région, diorites et diabases, et en cela je partage l'opinion de M. Leclère; il est pro¬ bable qu'il provient aussi de la destruction de filons quartzeux que recoupe le Kin-ho. Quoi qu'il en soit l'or se trouve en paillettes dans les terrasses du cycle récent (!) du Kin-cha-kiang et dans les sables (*) M. Leclère considère, j'ignore pour quelle raison, certaines de ces terrasses comme miocènes. Je montrerai plus loin que le creusement de la vallée du Kin-cha-kiang a débuté seulement pendant le Quaternaire. Stratigraphie a/|7 mêmes du lit actuel. J'ai vu des laveurs d'or en divers points le long du fleuve, notamment à Mo-lou- tchang, ils sont très misérables et n'arrivent guère à produire plus de 2 décigrammes d'or par jour. Il est possible que par des procédés moins rudiment-aires on puisse arriver à un résultat moins décevant. CUIVRE J'arrive maintenant aux gisements de cuivre. J'ai visité moi-même la plupart des exploitations dont je vais parler, beaucoup d'entre elles ont déjà été vues par M. Lantenois ; celles-là, je m'y arrêterai peu, n'ayant que peu à y ajouter. On a fait beaucoup de bruit au sujet de l'importance des gisements de cuivre yunnanais et on a beau¬ coup exagéré. L'opinion s'est répandue que le Yun-nan offrait une innombrable quantité de gisements riches de ce métal. 11 y a en effet des mines importantes, mains toutes à grande distance de la région par¬ courue par la ligne, ferrée et je vais montrer qu'entre Yun-nan-fou et Mong-tseu, si les gisements sont véritablement nombreux, ce qui a donné lieu à la légende de la grande richesse de cette région en cuivre, la plupart d'entre eux ne valent pas la peine qu'on s'y arrête, de par leur constitution géologique qui interdit les vastes espoirs à leur sujet. M. Lantenois a reconnu en 1903 que le cuivre est dans ces régions en relations plus ou moins directes avec les roches éruptives, labradorites ou basaltes anciens ; il a distingué 4 types de gisement : 1° Dans les fissures de retrait ou les cassures de la roche éruptive. 20 Au contact de la roche éruptive et des calcaires. 30 Dans les fissures irrégulières du calcaire au voisinage de la roche éruptive. 4° Dans les fractures plus ou moins franches des calcaires et des schistes. En réalité la 4e catégorie se relie à la 3e. Gisement de Wéi-téou-ehann : Ce gisement à 10 km. au S. de Mien-tien se trouve en plein dans la roche éruptive altérée (basalte). Quand M. Lantenois y est passé en 1905 la mine occupait 70 ouvriers. M. Lantenois indique le chiffre de production de 60 tonnes par an sous toutes réserves et dit que la mine lui a produit une impression médiocre ; j'en dirai autant; de plus quand j'y suis allé, la mine occupait au plus une quarantaine d'ouvriers. Le filon vu par M. Leclère est abandonné complètement ; on en exploite un autre dans lequel se trouvent deux anciennes descenderies vues par M. Lantenois et une troisième plus récente dans une fissure mince, très irrégulière avec remplissage de quartz, phillipsite, chalcopyrite et pyrite de fer. Somme toute cette mine est loin d'être florissante et sera probablement abandonnée bientôt. Elle appartient au premier type de la classification précédente. Mine de Tien-pao : Je ne l'ai pas visitée moi-même jugeant cela inutile après la description très complète qu'en a donné M. Lantenois.Je citerai le passage relatif à cette exploitation telle que M. Lantenois l'a décrite. « Cette mine est située près de Pe-tchen II résulte des renseignements donnés par le patron, concordant avec ceux recueillis sur place quatre ans auparavant par le capitaine Bourguignon, que l'exploitation a eu un moment de très grande activité il y a quelque dix ans. Elle occupait alors 1000 ouvriers et produisait 300 tonnes de cuivre. Le fait est intéressant à noter, car il tendrait à démontrer que le gîte est important. L'exploitation s'est trouvée ensuite genée et ralentie par l'effet de l'approfondisse¬ ment des travaux. Au moment de ma visite la mine occupait normalement 40 ouvriers ; on dit qu'elle fournit 30 tonnes de cuivre annuellement, mais ce chiffre me paraît un peu exagéré II y a trois couches de minerai interstratifiées entre grès au mur et schistes au toit. Leur puissance est respectivement de o m 30, om50 et om6o, du toit au mur Le minerai se présente sous forme de boules riches en carbonate de cuivre qui est empâté dans de l'argile Le minerai trié a un rendement de 20% de cuivre à la fusion. ..... . Somme toute je considère que la mine de Tien-pao mérite, à première vue, de retenir l'attention ». Mines de Lan-ni-pé, près d'A-mi-tehéou : J'y suis passé après M. Lantenois qui avait constaté déjà l'abandon de la mine. Il y a là simplement une ancienne descenderie dans les schistes et quelques scories à distance. a48 j. Deprat, Géologie générale Mines des environs de Po-shi : J'ai reconnu dans les calcaires ouraliens reposant sur le basalte quel¬ ques gisements autour de Mo-pe-tchong ; ils consistent en quelques descenderies profondes de quelques mètres seulement, les habitants m'ont donné des renseignements qui confirmèrent mes premières idées sur leur valeur ; on a exploité quelques cassures très pauvrement minéralisées en carbonate de cuivre se ter¬ minant rapidement. Il n'y a rien, à première vue qui mérite de retenir l'attention. Dans la même région, au nord de Ho-tein, j'ai trouvé dans les mêmes conditions près de Lao-tchai et de Sin-tchai quelques anciennes exploitations, si on peut donner ce nom à l'opération qui a enlevé quel¬ ques maigres amas de carbonate de cuivre dans des fissures au contact du calcaire ouralien et du basalte. Dans toute cette région, il y a ainsi au contact de la roche éruptive et du calcaire de minces fentes contenant des traces de carbonate ; ces gisements ne sont même pas à envisager un seul instant comme offrant le plus mince intérêt. Recherche de Che-mo: J'ai revu près de Che-mo, à l'est de Po-shi, une petite recherche, déjà observée par M. Lantenois. Elle était complètement abandonnée lors de mon passage ; ce sont deux pe¬ tites descenderies effectuées au contact du calcaire à Néoschwagérines et du basalte ; d'autres trous du même genre sont percés dans les mêmes conditions le long de la bande de basaltes au N. N. E. de Che- mo. Toutes ces recherches n'ont jamais donné que des traces de carbonate de cuivre avec quelques bou¬ les d'oxyde de manganèse cobaltifère. Toutes ces recherches montrent le peu d'intérêt de ce genre de gisements. Recherches de Min-hin: Sur la rive occidentale du lac de Tch'eng-kiang les chinois ont dans la région de Min-hin fait quelques recherches dans les labradorites et les grès moscoviens. Les recherches que j'ai vues n'ont montré comme dans les autres gisements similaires que des traces disséminées de car¬ bonate de cuivre, soit dans la roche soit dans les grès moscoviens h,b. Mines de la région de Lou-nan : J'ai revu cette région après M. Lantenois et comme lui, pour employer sa propre expression, j'ai trouvé la visite des anciennes mines complètement décevante. Autour de Lou-méi, de Mao-chouéi-tong, de Lan-nin-tsin se trouvent d'anciennes mines ; on ne voit nulle part de gisement en place ; de ci-delà quelques filonnets de calcite avec carbonate de cuivre. Comme l'indi¬ que M. Lantenois, la plupart des mines se trouvent soit dans la roche éruptive même, soit au contact du calcaire ; quelques-unes dans le calcaire dévonien ou permien ; deux dans les schistes dévoniens. On voit de fortes quantités de scories provenant des anciennes exploitations mais cela ne doit en rien, en Chine, faire préjuger de l'importance d'une exploitation. J'ai vu les chinois traiter des minerais d'une pauvreté inconcevable ; rien ne les rebute ; le temps ne compte pas pour eux et la main-d'œuvre est si peu élevée. En réalité ces mines, comme toutes les similaires au Yun-nan, peuvent être considérées comme inexistan¬ tes pour une exploitation à l'européenne. Le chinois exploitera des minerais pauvres, parce qu'il ne fera aucune mise de fonds sérieuse et travaillera au jour le jour, du reste sans gros bénéfices, souvent en ga¬ gnant simplement sa vie journalière avec le revenu de sa mise ; il exploitera ainsi un gisement infime puis en cherchera un autre qu'il videra ensuite de même. Entre Lan-nin-tsin et Ta-me-ti, sur le plateau de calcaire dévonien, j'ai vu d'autres recherches ana¬ logues : un trou dans le calcaire, à côté un tas de scories souvent petit, et rien d'autre. Ces gisements sont bien, comme l'a admis M. Lantenois, formés par de petits nids dans le calcaire ou la roche éruptive sans jamais offrir d'importance. Ils sont très nombreux, mais distribués si irrégulièrement que jamais une entre¬ prise de quelque importance n'aboutira dans ces conditions. Mines de Lao-tehou-chan : Ces mines sont d'après M. Lantenois, situées au N. et au S. du village de Lao-tchou-chann,au nombre de 2. Je ne les ai pas visitées mois-même. M. Lantenois indique celle du sud, ou de Pe-mao- tchang comme formée d'un petit réseau,peu étendu de quelques veines de calcite, éparpillées dans les schistes avec des mouches de chalcopyrite. Le gisement n'est pas intéressant. La mine du nord ou de Wan-pao-tong est formée par une cassure nette, verticale N. S. dans les calcaires ; M. Lantenois y a vu une veine cuivreuse de 3. à 4cm. qui s'atténue au bout de 3 à 4m, la cassure n'offrant plus ensuite qu'un filet de calcite de 5 cm. Stratigraphie Mines de Lao-tchang : Elles sont beaucoup plus intéressantes que les précédentes, malheureusement leur éloignement considérable de la ligne ferrée les met en dehors du moyen d'action de celle-ci. Les mines de Lao-tchang se trouvent à 2 étapes au S. S. O. de Tong-tchouan-fou. Elles ont été visitées en 1898 par M. Leclère ; il peut paraître intéressant de mettre en regard l'état de ces mêmes mines en 1910, lors¬ que je les ai visitées à mon tour. Il y a quatre groupes de mines i» Sin-tchang, 20 Pa-si-la, 30 Lao-sin-tchang, 40 Lao-tchang. Les deux derniers groupes seuls sont exploités; les deux autres sont abandonnés. Actuellement, on fait près de Kouen-in-sa, pagode à 3 heures d'étape de Lao-tchang vers Pou-tché-ho, des recherches donnant quel¬ ques carbonates dans des grès et quartzites. Le gisement de Lao-tchang est formé de cassures dans les calcaires écrasés bréchoïdes. Le minerai originairement pyriteux est transformé en carbonates comme l'indique M. Leclère avec abondance de concrétions barytiques rubanées. Des galeries très nombreuses suivent les cassures ; elles atteignent 1.500m, de longueur parfois ; le massif calcaire est actuellement foré d'une innombrable quantité de trous et les éboulements sont très fréquents. A Lao-sin-tchang le minerai est pyriteux. Au passage de M. Leclère. Lao-tchang occupait 1.100 ouvriers environ. En 1910, quand j'ai visité les travaux la situation était la même. M. Leclère indique qu'en 1898 la production totale était de 500 tonnes par an de cuivre brut. Actuelle¬ ment d'après les explications que m'a donné le mandarin chargé de la surveillance des mines la situation est la suivante: on pèse 8 fois par mois 10.000 kgs chinois de cuivre non raffiné valant 18 taëls les 100 kgs pour le Gouvernement chinois ; c'est-à-dire 960 tonnes chinoises par an. La tonne chinoise valant 600 kgs métriques cela revient à 576 tonnes métriques. La production est donc un peu supérieure à celle de 1898. Le cuivre brut est envoyé à Tong-tchouan-fou à dos de cheval ; là il est raffiné, puis expédié à Pé-kin. Le premier traitement du minerai fournissant le cuivre brut est fait au moyen de charbon de bois qui est amené de régions encore boisées à 3 et 4 étapes de Lao-tchang à dos de cheval, ce qui rend les frais de fusion exagérés. A mon passage le Gouvernement chinois payait ce cuivre brut 18 taëls les 100 kgs chi¬ nois, c'est-à-dire les 60 kgs métriques. Il a donc élevé son prix d'achat depuis le passages de M. Leclère, époque où ce même cuivre valait 12 taëls, pour la même quantité. M. Leclère a décrit déjà les fours à cuve de Lao-tchang. La fusion est correctement effectuée et les scories ne contiennent que des traces de cuivre. Recherches de Sin-tien-fong : A quatre heures de Lao-tchang au N. O. au-dessus du ravin de Sin-tien-fong, j'ai visité une recherche dans un filon de diabase altérée. Elle n'a donné que des traces de carbonate de cuivre. Mine de Lo-suy : La mine de Lo-suy a une étape à l'ouest de Lao-tchang, sur un ravin tribu¬ taire du Kin-cha-kiang, et située à 2550111. d'altitude forme une petite exploitation dont les produits vont à Tong-tchouan-fou également. Le minerai est extrait d'un filon de quartz recoupant les schistes cambriens écrasés de la nappe du Kiao-ting-chann. Ce sont des carbonates et de la phillipsite. Lo-suy possède un four de fusion ; ce centre occupe environ 300 ouvriers ; il produit environ 60 tonnes par an. Mine de Mo lou-tehang : On accède à cette localité par des chemins difficilement praticables et dangereux pour les bêtes de somme. Mo-lou-tchang se trouve dans un ravin à 200 m. au-dessus du Kin- cha-kiang. Il y a là un four qui traite le minerai, carbonates et pyrite de cuivre disséminés çà et là dans des filons quartzeux et dans les grès ou les schistes qu'ils traversent ; la région est trop écrasée pour offrir des cassures franches et le minerai forme des gisements épars sans continuité. Mo-lou-tchang produit une quinzaine de tonnes annuellement, il y a un four de fusion. Le cuivre brut est dirigé en 3 étapes et demi sur Tong-tchouan-fou. Je n'ai pas visité les mines de la région de Tong-tchouan-fou, déjà décrites par M. Leclère. En résumé, les seules mines de cuivre intéressantes du Yun-nan oriental se trouvent en dehors de la sphère du chemin de fer. Des mines de Lao-tchang à Yi-léang le minimum des étapes à dos de cheval est de 8, par de détestables chemins praticables seulement une partie de l'année, et de 12 à 13 étapes de Tong-tchouan-fou. D'autre part les mines avoisinant la ligne sont toutes peu encourageantes et les conditions géologiques sont telles qu'elles soulignent de façon défavorable l'impression fournie par les 2Ô0 J. Deprat, Géologie générale gisements. Il y a du cuivre dans les roches éruptives basiques permiennes et moscoviennes, il y en a à leur contact avec les terrains encaissants, mais tout cela sous forme de gisements restreints, immédiatement épuisés, incapables de donner une exploitation de quelque importance et de quelque durée. Dans les basaltes permiens, il y a du cuivre presque partout, mais partout aussi, sauf dans quelques cas exception¬ nels, il est à l'état de traces. Les conditions tectoniques sont en général peu encourageantes entre Yun-nan-fou et Mong-tseu, l'état d'écrasement et de brisure des couches lors des mouvements orogéniques himalayens interdisent à peu près complètement l'espoir d'y trouver de grandes cassures minéralisées. SEL ET GYPSE. Sel.—Je ne décrirai pas les mines salées de Ngan-ning trop bien connues, décrites déjà par M. Leclère, je rappellerai simplement qu'elles proviennent du lessivage du Permien supérieur gréseux. Gypse. — Je signalerai la présence intéressante du gypse dans les grès rouges du Permien supérieur. Des amas intéressants ont été reconnus actuellement, notamment à Siao-long-tan, à 10 lis de Che-pa-tchai ; à Yi-long, entre Lan-nin-tsin et Lou-khi ; un autre gisement s'observe près de Ti-chouéi, sur la rive droite du Tié-tchen-ho. Ces gisements commencent à être l'objet d'exploitations qui paraissent devoir être in¬ téressantes ; le gypse aura en tous cas un débouché au Tonkin et paraît devoir être rénumérateur. D'autres gisements s'observent dans la région de Lou-léang, mais ils sont trop éloignés de la ligne ferrée ; tandis que les précédents se trouvent à quelques heures seulement. # * D'une façon générale, on doit conclure en disant que les espoirs exagérés, fondés sur les richesses minières du Yun-nan au voisinage de la ligne ferrée, doivent être fortement diminués. Les mines de Ko- tiéou (étain) connues et exploitées depuis longtemps restent la plus belle affaire actuellement à envisager. Le cuivre, sur lequel des légendes se sont formées, représentant le Yun-nan oriental comme couvert de gisements très riches, se présente au contraire plutôt mal, et ce sont les innombrables gisements restreints et pauvres rencontrés un peu partout qui ont créé cette légende. Géologie structurale a5i 3e Section. — Géologie structurale Introduction Nous venons de décrire en détail la série des assises sédimentaires au Yun-nan. Il nous reste à ana¬ lyser maintenant l'architecture de la région, architecture particulièrement compliquée. Si nous examinons ce que nos prédécesseurs ont conclu au sujet de la structure du Yun-nan, nous rencontrons d'abord l'appréciation de Von Loczy. Le savant géologue à qui nous devons tant de progrès dans nos connaissances sur la géologie asiatique, a vu seulement la partie tout à fait septentrionale du Yun- nan et ses observations l'on conduit à l'appréciation que le Yun-nan oriental devait répondre à la définition de « Gestaute Faltenlancl », c'est-à-dire région de plis charriés. Von Richthofen ne considéra pas cette appréciation comme prouvée (!). M. Leclère exprime de la manière suivante ses opinions sur la structure du Yun-nan (Extraits de l'E¬ tude géologique et minière des provinces chinoises voisines du Tonkin). « j'ai reconnu que le Yun-nan oriental est une région tabulaire ondulée » (page 37). « la constitution tectonique des provinces voisines du Tonkin est d'une exceptionnelle sim¬ plicité » (page 141). « Du sud au nord, les dénivellations si considérables sont progressives et ne sont accompagnées d'aucun indice de plissement. La structure tabulaire du pays sur de grandes étendues » (page 147). « Les couches ne présentent aucune trace de refoulement et les affleurements se prolongent partout avec une puissance uniforme sur de grandes longueurs (page 151). » Le lecteur a déjà pu se ren¬ dre compte, par l'examen de nos coupes, combien ces appréciations sont peu conformes à la réalité. M. Lantenois malgré la rapidité de ses excursions, s'est rendu compte de la direction générale des plis et a reconnu la présence des failles. S'il n'a pas vu les charriages, il a pressenti leur possibilité et je suis heureux de rendre ici hommage à la façon très scrupuleuse dont ses observations ont été faites, bien que quelquefois, je devrai m'en sépa¬ rer au point de vue de l'interprétation. Cette partie du Mémoire sera consacrée à l'étude orogénique des terrains et je laisserai de côté l'étu¬ de des mouvements épéirogéniques quaternaires que je groupe avec celle des cycles d'érosion, l'une et l'autre étant inséparables. W Ueber Gestalt uncl Gliederung einer Grundlinie der Morphologie Ostasiens. Denk. cl. K. Ak. Wiss. Berl. 18 octobre 1900. 25a J. Deprat, Géologie générale Différentes périodes de plissement au Yun-nan M. Lantenois, et c'est un des principaux résultats de ses études, a reconnu dans la partie qu'il a par¬ courue, entre Mong-tseu et Yun-nan-fou, que le Yun-nan a été affecté à diverses reprises par des mou¬ vements de plissements. Je rappellerai qu'il a distingué: « i° Une phase de dislocation silurienne ou dévonienne, 2° dinantienne ou moscovienne, 30 permienne, 40 postriasique ». 11 relie justement la dernière époque au mouvement himalayen, mais l'étude des grandes zones de failles m'empêche de les rattacher avec lui à ce dernier et je les place au Pliocène. Je crois avec M. Lantenois que le Gambrien, dans la partie méridionale du Yun-nan oriental a été suivi d'un mouvement orogénique, parce que ni l'Ordovicien ni le Gothlandien, n'y paraissent représentés tandis qu'ils existent au N., ainsi qu'à l'E. vers le Kwéi-tchéou et à l'O. vers la Birmanie, mais il n'y a pas lacune entre le Cambrien inférieur et le Dévonien moyen, puisque le Dévonien inférieur offre une puissance considérable. (J'ai montré du reste qu'il fallait probablement y voir également le Gothlandien en partie). M. Lantenois envisage ensuite l'existence d'une transgression ouralienne avec suppression complète des terrains entre le Dévonien supérieur et l'Ouralien. J'ai montré précédemment que le Moscovien offre une puissance colossale, dans la partie ouest du Yun-nan et que le Dinantien offre également un beau développement ; mais M. Lantenois a raison d'autre part lorsqu'il considère une phase de plissement an- téouralienne, puisque en certains points du Yun-nan l'Ouralien repose directement, comme dans la grande chaîne à l'O. de Po-shi, sur le Cambrien et le Dévonien très plissés. Le mouvement qui a marqué la fin de la sédimentation marine au début du Permien supérieur et qui a précédé le dépôt du Trias inférieur, ne paraît pas avoir été accompagné de plissements marqués, mais d'une surélévation en masse de la région avec flexures, gauchissements et érosion intenses ; c'est à mon sens, un mouvement épéirogénique dans toute l'acceptation du terme. La dernière phase principale de plissement, dont l'intensité a été véritablement très grande, est la phase de dislocation postriasique dont les effets ont été considérables ; je la considère avec M. Lantenois comme une phase himalayenne. Je rattache au début du Pliocène supérieur la production des grandes failles qui ont précédé, dans le temps, le mouvement épéirogénique quaternaire. Enfin ce dernier mouvement, accompagné de flexures, de plissements et de gauchissements, participant au grand mouvement de relèvement qui a affecté la plus gran¬ de partie de l'Asie, s'est produit, amenant le Yun-nan à l'altitude considérable qu'il possède. Ceci posé, envisageons le sens dans lequel s'est exercé l'effort orogénique clans chacune cle ces phases. MOUVEMENT POST-CAMBRIEN Le mouvement post-cambrien ne paraît pas avoir été très considérable , il a affecté principalement une longue bande de terrain formant probablement une île, allongée de façon approximative cle la région du Fleuve Rouge au S. de Lin-ngan jusqu'aux environs de Lou-léang, avec une direction N. N. E. 11 faut remarquer que c'est sur l'emplacement de cette bande, qui est un premier indice par conséquent des mou¬ vements futurs plus puissants, un ridement précurseur, que se produisent les plis moscoviens orientés de la même façon. Cette île était séparée à l'est cle ce que Bailey Willis a appelé YEastern element, terre où les dépôts marins ne se déposaient probablement pas et qui s'étend, dans les ébauches si suggestives de cartes cle cet auteur montrant le rôle des éléments continentaux asiatiques, de la région tonkinoise à la région coréo- mandchourienne ; on peut se baser pour affirmer ce fait, sur ce que l'Ordovicien et le Gothlandien sont Géologie structurale 253 connus au Tonkin. On pourrait donc se représenter ainsi que l'indique le carton fig. n (texte) l'allure du ridement post-cambrien yunnanais pendant l'Ordovicien et le Gothlandien, mais sans doute pendant Fig. ii. — Y. Ridement post-cambrien yunnanais ; T. Elément tibétain ; E. O. Elément oriental. seulement la première partie de cette période. On sait que au N. E., au Kwéi-tchéou, l'Ordovicien est re¬ présenté, ainsi qu'en Birmanie. Je l'ai trouvé moi-même au Yun-nan, au N. N. E. de la zone de ridement sus-indiquée. En tous cas, nulle part il n'y a, entre les dépôts siluriens et dévoniens inférieurs du Yun-nan oriental, de discordance montrant une transgression dévonienne sur des plis décapés et tout se borne à un simple mouvement épéirogénique sans plissements. Préciser la date exacte de ces mouvements est impossible, car on ne peut indiquer quels sont les sédiments qui ont pu être enlevés par érosion pendant l'émersion ; je crois, pour ma part, très probable que l'Ordovicien à Dionide formosa s'est déposé partout et qu'il a pu être enlevé ainsi. D'autre part, la partie supérieure de l'Ordovicien entre Yun-nan-fou et la partie méri¬ dionale de la boucle du Kin-cha-kiang est formée comme je l'ai montré, par des grès à Bothriolepis, d'une puissance énorme, où le Gothlandien est peut-être représenté également. Ces dépôts par ailleurs font défaut sur l'axe du ridement ; de plus, leur composition indiquerait plutôt des sédiments lormés aux dépens d'une région soumise à l'érosion. MOUVEMENTS DÉVONIENS PROBABLES DANS LA RÉGION DE LA BOUCLE DU KIN-CHA-K.IANG, Pendant le Dévonien moyen la stabilité paraît avoir été la règle au Yun-nan. Les dépôts du Dévonien inférieur acquièrent une grande puissance, loin de manquer comme on l'avait cru jusqu'à présent. Le Dévonien tout entier est représenté dans la région méridionale. Au premier abord, en voyant dans la région 254 J. Deprat, Géologie générale située entre l'extrémité sud du Yung-ling-chann et Yun-nan-fou le Dévonien entier manquer, on peut croire à une lacune de sédimentation dans cette région. Toutefois étant donné l'extension du Dévonien reconnu par Von Loczy à 'Hoa-ling-pou, cette lacune me paraît improbable sans que je puisse rien affir¬ mer à cet égard. Si le Dévonien s'est déposé dans le nord du Yun-nan, il a donc été enlevé par l'érosion à une époque qui est nécessairement antérieure au Moscovien, puisque nous constatons que le Dinantien y existe. J'ad¬ mets donc comme vraisemblable que le Dévonien inférieur et moyen a pu être enlevé à l'époque même du Dévonien supérieur par suite d'une émersion suffisamment prolongée. Vers le sud l'érosion produite pendant le Dévonien supérieur ne se produisit pas, puisque le Dévonien tout entier est conservé, mais la région forma une série de hauts fonds semés d'îles, ainsi qu'en témoigne l'abondance des restes végétaux terrestres entraînés dans les sédiments marins et si abondants dans les gisements des environs de Po-shi, Lou-khi, etc. 11 semble donc au total que pendant le Dévonien supérieur la région du Yung-ling-chann ait subi un mouvement très appréciable, pendant lequel l'érosion a supprimé les dépôts dévoniens antérieurement formés, tandis qu'au S. la région restait immergée, mais formait une série de bas-fonds entourés de dépressions où se maintenait une faune littorale. Ainsi donc, dans tout le Yun-nan et dans les régions environnantes jusqu'en Indochine, la stabilité est la règle et la phrase de Bailey Willis sur l'ensemble de la Chine paraît justifiée : « As has been brought out in discussing the sédimentation of the Silurian and Devonian periods, there was no considérable déposition of marine sé¬ diment, no évident accumulation of continental deposits, no notable depth of érosion. A stable condition ofthe southeastern continental masses is plainly indicated ». (1) Mais pendant le Dévonien supérieur le Yung-ling-chann se dessine par un ridement qui se prolonge dans la partie avoisinant au S. la boucle du Fleuve Bleu. Nous savons qu'au contraire, dans la Chine centrale, toute la période dévonienne a plutôt été stable. MOUVEMENTS CARBONIFÉRIENS Le Dinantien paraît avoir été une époque de grande stabilité clans tout le Yun-nan. J'ai trouvé des dépôts de cet âge depuis le Kin-cha-kiang jusque dans la région de Po-shi, et si parfois il manque, c'est dû à la vigoureuse érosion qui a marqué localement au Yun-nan les temps moscoviens. Avec le Moscovien en effet, un mouvement orogénique énergique se dessine non plus comme mouvement épéirogénique, mais comme phase de plissement intense. Sur l'emplacement du ridement esquissé après le Cambrien se pro¬ duisent des plissements énergiques, de même orientation, c'est-à-dire N. N. E. ; on doit faire ici une remar¬ que de la plus grande importance : c'est que à l'ouest de ce ridement, dans le Yun-nan occidental et dans la région des grands lacs, s'accumule une formidable masse de grès sableux, produit de la destruction des plissements N. N. E.; au contraire vers l'est, entre la zone plissée et l'élément sud-oriental chinois de Bailey Willis, ces sédiments détritiques ne se forment pas et il se produit une véritable lacune pendant cette partie du Moscovien. Il semble bien certain, dès lors, que cette zone plissée moulait l'élément continental sud- oriental tandis que vers l'ouest la dénudation de cette région amenait l'accumulation d'énormes masses gréseuses avec charbon, dans lesquelles un moment de stabilité permit l'accumulation de calcaires à Fo- raminifères. En effet, il est permis d'admettre que les grès si épais résultent du démantèlement et de la pénéplanation de la chaîne orientale plissée, pénéplanation produite par un mouvement épéirogénique consécutif aux plissements pendant une phase d'arrêt, durant le relèvement de la région orientale ; l'érosion cessant pour un temps de déverser dans la grande dépression du Yun-nan occidental, les sédiments détri¬ tiques gréseux, une formation calcaire a pu se constituer pendant cette phase de tranquillité. Durant cette période, des laves basiques (labradorites et basaltes) s'épanchèrent sur le flanc occidental de la zone plis¬ sée, venant s'intercaler à la partie supérieure des formations gréseuses. (!) Research in China. Vol. 2 Systematic Geology p. 66. Géologie structurale 205 Ceci est totalement différent de ce qui s'est passé dans la Chine nord orientale, dans les provinces du Chi-li, Chan-si, Chan-toung, 'Ho-nan. Là il y a bien discordance entre l'Ordovicien et le Carbonifère supérieur. Il est intéressant pour la comparaison d'interpoler ici un passage de Bailey Willis à propos de ces régions : « Wherewer it has been seen the underlying terrane consists of the upper Sinian (lovver Ordovician) limestone ; whereas the overlying strata are shales which lie a hundred feet or so below that carry upper Carboniferous fossils, either marine shells or plants remains. The hiatus appears, therefore, to représent later Ordovician, Silurian, Devonian and lower Carboniferous times. Local observations ail agree that the Ordovician and Carboniferous strata are strictly conformable ; so closely parallel are they, that Von Richthofen, who repeatedly saw the contact, assumed that they formed an unbroken sequence, and charac- terized the Sinian limestone as Kohlenkalk. He dit not find any of the sparsely distributed fossils, by which its âge has since been determined by Lorenz and ourselves, and his error is one which sprang naturally from the fact that he had previously observed à massive Carboniferous limestone in South China. It follows from the conformity of dip over several hundred square miles that the région in question was not subjected tod isturbing influences duringthe periods represented. The Sinian strata were not folded ; neither, during ail this time, were they raised to an élévation at which they might have been deeply eroded (1) ». AFFAISSEMENT ET TRANSGRESSION PROGRESSIVE DURANT LA FIN DU MOSCOVIEN, L'OURALIEN ET L'ARTINSKIEN. Après le dépôt du puissant complexe gréseux occidental un mouvement général de submersion s'est fait sentir. J'ai trop longuement exposé ces faits précédemment pour m'étendre beaucoup maintenant à ce sujet. Pendant la période de dépôt des calcaires moscoviens, la submersion gagne d'abord la région de Lou-nan en contournant la zone émergée s'étendant dans la région du Tié-tchen-ho ; les calcaires à Gastro¬ podes des horizons de Chouéi-tang et de Lo-a-tien s'observent ainsi à l'O. et au N. de cette zone, le sud et l'est restant indemnes. Pendant le dépôt de l'Ouralien inférieur des mouvements oscillatoires très nets provoquent une irrégulière distribution des différents horizons ; mais ces calcaires à Fusulines qui forment la base de l'Ouralien, ne recouvrent pas encore la zone plissée et même un mouvement de retrait temporaire des eaux, empêche le dépôt des horizons inférieurs dans la région de Lou-nan, Tien-sen-kouang où s'é¬ taient avancées les couches de Chouéi-tang et de Lo-a-tien. Les trois coupes de la figure 97 et la ligure 45 de l'atlas montrent nettement la transgression des calcaires ouraliens supérieurs sur les couches dévo- niennes et siluriennes très plissées dans la région de Po-shi. Avec la deuxième partie de l'Ouralien la transgression est complète ; elle noie entièrement la zone plissée yunnanaise et vers le S. E. les calcaires à Foraminifères s'avancent largement sur l'élément chinois sud-oriental le réduisant considérablement, en noyant le Kwang-si, le Kwang-toung dans sa plus grande part, le Tonkin et sans doute toute la péninsule indochinoise. MOUVEMENTS APPARTENANT A LA FIN DU PERMIEN Pendant l'Artinskien et le Permien moyen, il ne se produit au Yun-nan aucun mouvement appréciable. Les strates calcaires avec de riches faunes soit de Brachiopodes de type himalayen, soit de Foraminifères (*) Research in China. Vol. 2. Systematic Geology. p. 67. a56 J. Deprat, Géologie générale couvrent la région entière, occupée déjà par les dépôts ouraliens. Les conditions restent semblables pen¬ dant le début du Permien supérieur autant que l'on puisse en juger en considérant les calcaires à Sumatrines comme appartenant à cette époque. Puis un mouvement général d'émersion se dessine, indiqué déjà par M. Lantenois qui a constaté, aux environs de Lan-nin -tsin, la discordance évidente des coulées de labra- dorites sur les calcaires permiens. Incontestablement le mouvement orogénique du Permien supérieur débuta par des plissements, nous en avons une preuve formelle par les constatations faites en beaucoup de points où l'on observe des têtes de plis arasées et sur lesquelles reposent en discordance les grès rouges permiens du type des grès de Lou- nan ; en d'autres points, il y a parallélisme entre les strates ; en somme ce mouvement orogénique paraît n'avoir pas eu une amplitude très considérable et les plissement paraissent s'être réduits à la production de grands anticlinaux et synclinaux à courbure modérée. Un mouvement épéirogénique d'une puissance et d'une continuité remarquable se produit aussitôt après ; une érosion vigoureuse attaqua vivement la masse des calcaires permiens et ouraliens à Fusulines, si vigoureuse et si prolongée qu'elle arriva en de nombreux points à supprimer entièrement cette masse. Je prendrai comme exemple la coupe fig. 53 (atlas), si typique, montrant les grès et les masses du Permien supérieur reposant directement sur la tranche plissée des couches du Dévonien inférieur, tandis qu'à 10 km. de là entre Pa-mao-tseu et Ta-hi-ti, on observe cette curieuse topographie que nous avons déjà signalée : une série de rochers calcaires ouralo-artinskiens émerge du milieu de la masse énorme des grès rouges qui ont comblé une région karstique ciselée pendant la partie moyenne du Permien supérieur ; et l'érosion quaternaire et actuelle, provoquée par le puissant mouvement épéirogénique quaternaire a reproduit actuellement la topographie de la fin du Permien. 11 est donc prouvé que ce mouvement épéirogénique appartenant à la fin du Permien a été excessivement accen¬ tué puisqu'il a pu provoquer une érosion suffisante pour enlever en certains points une épaisseur de cal¬ caires supérieure à 700 m, appartenant aux horizons de Chouéi-tang et Lo-a-tien (Moscovien), l'Ouralien et l'Artinskien s'étageant des calcaires à Schwagerina princeps jusqu'aux calcaires à Sumatrines. Nous en avons du reste une autre preuve s'ajoutant aux précédentes en considérant la masse énorme de poudingues, puissante et continue, jalonnant la zone de plissements du Tié-tchen-'ho, qui sur un minimum de 150111 d'é¬ paisseur va de la région de Lin-ngan vers Lou-léang en flanquant à l'O. cette ligne de plissements et plus tard la bordure de la région relevée par les mouvements verticaux. A l'O. de la région de plissement du Tié-tchen-ho le relèvement général s'est évidemment étendu, puisque les grès salifères et gypseux existent à l'O. de Yun-nan-fou, mais l'érosion a été beaucoup moins vigoureuse. Nous avons donc la preuve d'un mouvement beaucoup plus puissant à l'E. provoquant un gau¬ chissement dans l'ensemble du Yun-nan. Résumant en quelques mots les données précédentes nous dirons qu'au début du Permien supérieur l'élément continental chinois sud-oriental a vu se former contre lui au Yun-nan une chaîne de plissements sur l'emplacement même des chaînes moscoviennes, puis l'élément con¬ tinental s'est relevé sous l'influence des mouvements oscillatoires verticaux et ces mouvements ont acquis au Yun-nan une grande ampleur dans la partie orientale soudée à l'élément chinois sud-oriental, tandis que vers l'O. ils offraient une amplitude beaucoup plus faible ; et que plus à l'O. encore et au sud la mer, dimi¬ nuant de profondeur, offrait au Laos et en Birmanie une faune lagunaire à faciès de Zechstein. Le dépôt des grès rouges du Permien supérieur fut suivi au Yun-nan par une émission de laves basi¬ ques qui, dans le voisinage de la boucle du Fleuve-Bleu, atteint une épaisseur véritablement extraordinaire, de sorte qu'on se trouve dans une des régions du globe où les éruptions labradoritiques et. basaltiques ont offert certainement le plus de puissance. 11 paraît probable que pendant ce temps les Alpes du Tibet orien¬ tal se comportaient comme l'élément chinois sud-oriental. Ainsi le Yun-nan nous apporte une confirmation de plus au fait qu'en Asie les systèmes montagneux se sont esquissés d'une manière définitive à la clôture des temps primaires et au début des temps mésozoïques, Bailey Willis dans cette remarquable vue d'en¬ semble qui forme le 2e volume de « Research in China » résume admirablement cette donnée : « The diastrophic movements which occurred in ail continents during the closing epochs of the « Paleozoic and the initial epochs of the Mesozoic were pronounced and prolonged throughout Asia. They « ultimately changed that face of the globe, as Suess has pointed out, welding together the separate elements « of the Asiatic continent, except that the Angara and Gondwana lands remained separated by the Hima- « layan strait. In contrast to the graduai changes of level which had characterized the Paleozoic, these « disturbances were of decidedly orogenic character. They gave rise to mountain systems, which are Géologie structurale « structurally still the controlling features of Asia. The foundations of the ranges are now raised to the « summits of the Tien-shan, Kuen-lung, and Ts'in-ling-shan and the substance oftheir masses constitutes « the Triassic and Jurassic sediment of Asia » (p. 89). MOUVEMENTS MÉSOZOIQUES Avec la période triasique le Yun-nan oriental subit un mouvement inverse ; le géosynclinal de la ré¬ gion du Pa-ta-'ho indique un lent mouvement d'affaissement au début de la période, mais avec soubresauts indiqués par les alternances houillères, lagunaires et marines ; pendant le Trias moyen ces conditions per¬ sistent ; avec le début du Trias supérieur l'approfondissement atteint son apogée avec l'envahissement par les Céphalopodes ; puis pendant le Norien supérieur un relèvement définitif chasse les eaux marines et les grès à plantes houillers envahissent peu à peu ; ces conditions s'affirment encore pendant le Rhétien. MOUVEMENTS TERTIAIRES ET QUATERNAIRES Les sédiments jurassiques manquent au Yun-nan d'une façon complète ; s'ils ont existé ils ont été complètement enlevés par l'érosion. Le Crétacé n'y existe pas non plus, ainsi que clans l'Asie centrale, et au Sseu-tchoan. Il y a évidemment beaucoup de probabilités pour que la formation des couches à plantes se soit prolongée au Yun-nan pendant le Jurassique comme au Sseu-tchoan (J). Mais la pénéplanation intense à laquelle la région fut soumise probablement jusqu'au moment des plissements himalayens fit qu'il n'en reste pas trace. Vient ensuite la phase himalayenne : l'ensemble du Yun-nan est alors plissé d'une façon très énergi¬ que, les charriages y prennent une amplitude très grande et la région du haut Fleuve Bleu, prolongement sud clu Yung-ling-chann, est charriée sur la région yunnanaise. Les nouveaux plis se superposent, en les compliquant, à ceux des phases précédentes. Une phase de pénéplanation prolongée s'étend ensuite de ce moment jusqu'au Pliocène, probablement supérieur, sans qu'il soit possible de préciser d'une manière rigoureuse. Les plis himalayens sont complè¬ tement arasés. Puis de grands fractures N. N. E. découpent la région en longs voussoirs de plus en plus écroulés vers l'E. N. E. avec production de dépressions en chapelet. Une phase de stabilité s'accuse pendant la fin du Pliocène supérieur, avec accumulation de sédiments lacustres ; puis pendant le début du Quaternaire, c'est une accumulation de loess et d'alluvions sableuses fluvio-lacustres. Avec la seconde partie des temps quaternaires l'ensemble du Yun-nan participe au mouvement épéirogénique de relèvement général et se trouve porté à une altitude considérable ; pendant cette phase d'élévation, marquée par des temps d'arrêt, les réseaux hydrographiques s'installent, les temps d'arrêt étant marqués dans les cycles successifs de creusement des vallées, le captage des lacs a lieu. Le mouvement vertical se prolonge jusqu'à la fin des temps quaternaires et certainement pendant l'ère moderne et il est tout à fait probable qu'il n'est pas terminé, comme nous chercherons à le faire valoir. (1) Loczy in Futterer. Peterm. Mittheil. n° 119. 258 J. Deprat, Géologie générale Il me semble utile de résumer dans un tableau la succession des faits constituant l'histoire du Yun-nan. énoncés dans l'exposé précédent. MOUVEMENTS OROGÉNIQUES ET ÉPÉIROGÉNIQUES AU YUN-NAN, DU CAMBRIEN A L'ÈRE ACTUELLE époques géologiques yun-nan occidental (a l'ouest des grands lacs) yun-nan oriental (a l'est des grands lacs) Epoque actuelle et la plus grande partie du Quaternaire. Mouvement général de relèvement épéirog ments de stabilité; établissement du rés d'érosion ; capture des lacs. Période a de l'étage du Kin-cha-kiang). énique à phases interrompues par des mo- eau hydrographique actuel ; cycles successifs iractérisée par la faune à Mcirgarya (Cycles Débuts du Quaternaire. Comblement des dépressions lacustres, production de loess et d'alluvions en général gréseuses ; érosion dans les parties hautes. (Cycle d'accumulation de Lin-ngan). Pliocène supérieur. Dépôts lacustres avec lignites dans les dépressions ; phase de stabilité et d'érosion dans les parties hautes. Fractures N. N. E. et N. S.; production d'une grande quantité d'importantes dépressions alignées suivant les lignes de fracture. Pliocène moyen et infé¬ rieur. Erosion et pénéplanation (Cycle du Tsouéi-wéi-chann). Miocène (Oligocène ?). Phase orogénique puissante; charriages au nord de Yun-nan-fou, delà région du Yung- ling-chann sur le Yun-nan. Formation de l'arc yunnanais à convexité sud ; nouveaux plissements N. N. E. et N. E. sur l'emplacement des chaînes antérieures du Tié- tchen-'ho moulés sur l'élément chinois sud-oriental. Eocène, Crétacé, Juras¬ sique. Longue phase de stabilité pendant émersion définitive, avec pénéplanation totale. Rhétien,Norien supérieur Relèvement épéirogénique, émersion définitive pendant la formation des grès noriens supérieurs à charbon. Norien inférieur et Car- nien. Maximum d'approfondissement du géosynclinal triasique, faune de Céphalopodes. Trias moyen. Période d'oscillations verticales, amenant de fréquents changements de faciès des ter¬ rains, mais sans très grande intensité. Faune indiquant toujours une profondeur mo¬ dérée. Géologie structurale époques géologiques yun-nan occidental (a l'ouest des grands lacs) yun-nan oriental (a l'est des grands lacs) Trias inférieur (gréso marneux). Mouvement d'affaissement très lent avecin- tercalation progressives de sédiments ma¬ rins littoraux. Trias inférieur (étage gréseux a charbon). Erosion active détruisant les hauteurs dans la région de Tié-tchen-ho. Accumulation de sédiments psammitiques de grès grossiers à plantes. Permien supérieur. Eruptions de labradorite et basaltes. Production de grès rouges salifères reposant sur la surface érodée des calcaires per- miens. « Erosion peu intense. Le mouvement épéirogénique oriental se fait moins sentir à l'ouest, et les dépôts ma¬ rins lagunaires persistent au-delà, au Laos et en Birmanie. Production de grès rouges discordants sur les têtes de plis décapés, ou remplissant des régions calcaires sculptées en pays karstique. Erosion intense, accumulation de poudingues puissants. Mouvement épéirogénique de relèvement succédant au précédent, englobant en même temps l'élément chinois sud-orien¬ tal. Mouvement orogénique ; production de plis¬ sements moulant l'élément chinois sud- oriental. Permien moyen. Permien inférieur. Phase de stabilité marine générale Calcaires à Sumatrines. Calcaires à Doliolina lepida. 1 Calcaires à Brachiopodes. ouralien. Calcaires à Néoschwagérines. Calcaires à Schwagerina princeps. Calcaires à Fusulina multiseptatci. Calcaires à Doliolina Aliciae. Affaissements et accumulation de calcaires à Fusulines. Mouvement de relèvement et arrêt de la sédimentation. a6o J. Deprat, Géologie générale époques géologiques yun-nan occidental (a l'ouest des grands lacs) yun-nan oriental (a l'est des grands lacs) Moscovien supérieur. Calcaires de Lo-a-tien et de Chouéi-tang Calcaires à Spirifer mosquensis. Moscovien inférieur. Accumulation de grès grossiers avec char¬ bon à la partie supérieure. Sédimentation calcaire intercalaire. Accumulation de grès grossiers et de poudin- gues. Pénéplanation. Mouvement orogénique donnant naissance à des plis puissants N. N. E. dans la ré¬ gion du Tié-tchen-'ho. Dinantien. Phase de stabilité marine. dévonien supérieur et moyen. « Phase de stabilité marine avec fonds peu accusés et variations de faciès fréquentes. dévonien inférieur. Phase d'affaissement avec accumulation de sédiments détritiques. Gothlandien. Sédimentation de grès arkosiques à Placoï- des et de grès à Orthis Bouchardi. Relèvement épéirogénique de la région sud orientale avec érosion. Ordovicien et Cambrien. Phase de stabilité avec accumulation de dépôts détritiques arénacés indiquant des fonds peu accusés et éminement variables ; quelques épisodes calcaires. Ces vues d'ensemble posées on peut passer à l'analyse des « Leitlinien », des lignes directrices des plissements yunnanais, telles que les derniers efforts orogéniques himalayens les ont tracées, puis à celles des lignes de fracture qui recoupent nettement les axes tectoniques. Pour faciliter la compréhension des faits que nous allons exposer une Carte schématique au i : 500.000 (voir atlas) a été figurée. Analyse des plissements du Yun-nan oriental J'ai indiqué ailleurs déjà qu'il faut distinguer au Yun-nan quatre zones de plissement p) : 1° Une zone de bordure du massif ancien haut-tonkinois ; 20 Une zone de plissements qui affecte principalement la bande des dépôts triasiques : 30 La grande zone plissée paleozoïque s'étendant largement vers l'ouest ; 4° La zone de charriage de la région du haut Fleuve Bleu, prolongement S. de la puissante région monta¬ gneuse du Yung-ling-chann. (') Sur la tectonique du Yun-nan C. R. Ac. Se. 11 novembre 1910. Géologie structurale 261 I. — Zone de bordure du massif ancien du Haut-Tonkin Elle comprend uniquement des termes paléozoïques et offre des plis puissants, énormes isoclinaux occupant le bassin du Nan-ti, écrasés contre le massif éruptif et cristallophyllien du haut Tonkin, avec laminages intenses. L'étude n'a pas été poussée suffisamment aux abords du massif tonkinois pour en per¬ mettre la description détaillée. Mais en parcourant le Nan-ti, j'ai pu me rendre compte que dans cette région la Tectonique est caractérisée par d'énormes plis généralement verticaux, sans déversement accen¬ tué, et écrasés d'une façon extraordinaire. La vallée du Nan-ti, si profondément entaillée et ses affluents qui affectent de même la forme de ravins d'une étroitesse et d'une profondeur colossale, permettent d'étudier ces plis dans leurs parties profondes. Les terrains composants sont les calcaires ouraliens et permiens, les formations calcaréo-marneuses du Dévonien supérieur et moyen et une masse épaisse de grauwackes, de schistes, et de grès broyés dans lesquels sont représentés sûrement le Cambrien, et probablement l'Ordo- vicien ; le Gothlandien apparaît dans les grauwackes écrasées de Ko-kou à Spirifer tonkinensis Mansuy. Le degré de compression auquel cette zone a été soumise est tel que les masses schisteuses ou schisto-gré- seuses paléozoïques, les calcaires marneux dévoniens, serrés entre les flancs calcaires d'une épaisseur énorme des anticlinaux, formés par l'Ouralien et le Permien inférieur et moyen, ont été contournés, compri¬ més d'une façon étonnante ; en certains points la compression a été telle que ces terrains meubles se sont en quelque sorte écoulés, ont été expulsés en partie par l'intensité des poussées qui les chassaient entre les retombées calcaires tendant à devenir parallèles, comme entre les plateaux d'une presse ; en certains points, comme entre Wang-tang et Ko-kou l'allure des terrains devient complètement incohérente et les pendages se produisent dans tous les sens ('). Pendant la période des pluies les masses calcaires glissent sur les masses schisteuses brisées en petits éclats qui leur servent de plans lubrifiants. Une étude détaillée sera nécessaire pour arriver à préciser l'emplacement approximatif des différents niveaux dans cette région avoisinant le Tonkin ; il est même certain qu'une notation compréhensive devra être fréquemment employée, car la similitude des faciès, la difficulté de trouver des fossiles en bon état dans les terrains schisteux et gréso-marneux, souvent tellement brisés que sous le marteau ils s'éparpillent en fragments minuscules, rendent illusoire une notation détaillée. L'ensemble des axes, pourvus dans le Nan-ti, d'une direction N. N. E. s'infléchit fortement à l'est, au nord de Ma-li-po ; au contraire dans la direction du Fleuve Rouge il passe peu à peu à la direction N. S. Ce sont, semble-t-il, les mêmes plis qui se poursuivent entre le Fleuve Rouge et la Rivière Noire. Ainsi cette région du Nan-ti se montre, et cela apparaîtra davantage lorsque nous aurons décrit l'ensemble de la structure du Yun-nan, comme une zone fortement comprimée contre l'extrémité de l'élément chinois sud-oriental, le massif ancien du haut Tonkin étant considéré comme formant l'extrémité ouest- sud-ouest du dit élément. Il est possible que les directions des plissements antérieurs aux plissements himalayens aient pu être un peu différentes ; il serait impossible en tous cas d'arriver à cet égard à une certitude, car la violence des refoulements lors de la phase himalayenne a tout soumis à l'orientation des efforts tectoniques de cette dernière. Cependant il paraît surtout probable que les plissements himalayens se sont simplement superposés à ceux qui avaient été produits par les efforts orogéniques antérieurs qui avaient déjà offert une tendance marquée à mouler le vieil obstacle résistant de l'élément continental chinois sud-oriental. II. — Dislocation de la zone tpiasique Je rappellerai brièvement comment on peut caractériser la composition de cette zone. Nettement sépa¬ rée par de puissantes fractures de la précédente, dans laquelle n'existe aucune trace de terrains secondaires, cette bande, qu'on doit relier au Trias tonkinois, reconnu à l'ouest du Fleuve Rouge, passe entre Lin-ngan et (') C'est une des causes essentielles des éboulements nombreux que subit la ligne ferrée à chaque saison des pluies. 2Ô2 J. Deprat, Géologie générale Mong-tseu avec une orientation N. N. E. La bande triasique se dilate ensuite fortement entre A-mi- tchéou et Tchong-ho-yun. Le Trias supérieur y apparaît alors comme élément très important ; la vallée du Pa-ta-'ho se creuse dans sa puissante série de grès et de schistes. Le Trias inférieur, épaisse masse de psammites rougeâtres avec marnes et grès subordonnés, riche en gisements de charbon, également gypso- salifère, apparaît dans la région de Tchou-yuen, coupé en biseau par la grande fracture de Pong-pou qui le fait disparaître rapidement au sud-ouest, tandis qu'au N. E. il se dilate en prenant une extension géogra¬ phique considérable entre Kwang-si-tchéou et Mi-leu, et de là entre Lou-léang et Lo-ping vers le Kwéi- tchéou. En somme, l'ensemble du Trias étranglé par des failles dans la région Mong-tseu Lin-ngan, s'étend au contraire vers le N. E. ; forme la majeure partie de la vaste région comprise dans le trian¬ gle A-mi-tchéou, Kwang-nan (au Kwang-si) et Lou-léang et se prolonge au Kwéi-tchéou. Il suffira au lecteur de jeter les yeux sur la Carte géologique, pour vérifier avec quelle netteté les fractures limitent presque partout le bassin triasique effondré entre les aires paléozoïques et c'est justement à cette circons¬ tance qu'il doit d'être conservé sur une épaisseur si considérable. Dans le massif de Ko-tiéou le jeu des failles s'est produit de telle façon que le Trias moyen et les terrains paléozoïques s'interpénétrent et que les contacts anormaux sont très tranchés, de même dans la région de Ouang-pé-pé à l'est d'A-mi-tchéou. 11 en est ainsi dans la région de Tchong-ho-yun ou le Trias moyen découpé par un remarquable champ de fractures N. E. et N. O. s'enfonce comme un coin entre les blocs de calcaire à Spirigerella grandis artinskiens. Massif de Ko-tiéou. — Au sud du bassin de Mong-tseu le Trias et les calcaires ouraliens forment des bandes parallèles orientées N. N. E.-S. S. O., fortement plissées. J'ai déjà insisté sur le fait (page 7) que par suite de l'existence des grandes fractures N. E. parallèles à la vallée du Fleuve-Rouge, dont l'une a donné naissance aux bassins effondrés de Mien-tién, Mong-tseu et aux dépressions intermédiaires, il n'y a pas du tout concordance entre la direction tectonique et la direction orographique, la première étant N. N. E.-S. S. O., la deuxième N. O.-S. E. et les axes tectoniques coupent presque normalement l'axe des montagnes de Ko-tiéou. Massif au N. E. du bassin de Mong-tseu. — Or, de l'autre côté du bassin de Mong-tseu une grande fracture qui limite le bassin de ce côté, biseaute des axes de plis qui, en réalité, ne sont autre chose que la prolongation vers le N. E. des plis du massif de Ko-tiéou brusquement interrompus par la vaste dépression effondrée ; on observe ainsi toute une série de plis extrêmement accusés dans le Trias moyen depuis 'He-long-tan (Dragon noir) jusqu'à Ta-tchouang ; delà plaine on voit admirablement ces plis aux con- tournements considérables se dessiner avec vigueur sur le haut abrupt dénudé qui surplombe le bassin de Mong-tseu et venir successivement s'interrompre en biseau sur ce bassin par l'effondrement. La Carte tectonique sur laquelle sont tracés les axes des plis et les fractures, indique cette structure. A l'E. une nouvelle ligne de fracture en ligne brisée interrompt brusquement les axes des plis triasiques en les faisant buter brutalement contre les calcaires permiens (Artinskien) du Ming-kien-chann, orientés à peu près de même façon, mais les conditions sont telles alors que ce sont les plis formés de terrains paléozoïques qui, par suite de la longue dénivellation, prolongent les plis composés par les terrains triasiques moyens. Franchissons l'espace occupé par cette masse de calcaires ouralo-permiens et nous retrouvons de nouveau le Trias plissé faisant suite aux axes des calcaires ouralo-permiens dans la région de Tchong- ho-yun. Ces faits compliqués méritent quelques explications détaillées, que la figure 12 (texte) peut compléter en montrant ce mécanisme particulier des directions de fracture N. E. interrompant brusque¬ ment les plis, ou plus exactement provoquant des dénivellations qui mettent en prolongement des terrains très différents. Géologie structurale 263 Fig. 12. — Montrant la continuité des axes de plissement des deux cotés du bassin ellondré de Mong-tseu et comment ces axes se prolongent de part et d'autre des fractures S. O. Les parties couvertes de hachures sont occupées par les terrains calcaires ouralo-permiens ; les parties blanches correspondent au Trias. Anticlinal de Ouang-pe-pe : Partons de la plaine de Mong-tseu; de 'He-long-tan ou station du Dragon noir à la vallée de Ta-tchouang, les plis sont serrés dans les calcaires triasiques (,,. Le long du haut plateau de l'Eul-lo-chann une bande étroite de calcaires offre des plis empilés, déversés vers l'E. S. E. ou non déversés. Une fracture parallèle à celle de la bordure orientale du bassin de Mong-tseu, interrompt brusquement les calcaires triasiques et les met en contact avec les calcaires ouralo-permiens du plateau du haut Nan-ti. Au N. de Ta-tchouang, entre cette localité et le bord faillé du Ming-kien- chann, cette brusque interruption du Trias plissé, par une direction normale au plissement, apparaît avec une admirable netteté dans le bel anticlinal de Ouang-pe-pe ; cet anticlinal, (dans lequel le 1 rias calcaire (,, forme les retombées et dont l'axe est occupé par les schistes et grès de la partie inférieure du 1 rias moyen très disséqué par l'érosion), se laisse étudier d'une façon très nette. Le ravin de Hé-ou-tchin, si profondément entaillé en cluse normale au pli et aux parois rapides (fig. 153, atlas) permet de se rendre parfaitement compte de son allure. On remarquera que, bien que les retombées du pli soient normales, les efforts tectoniques paraissent avoir eu une importance très considérable, ainsi qu'en témoi¬ gnent les multiples accidents formant de petits charriages locaux, les contournements simulant des plis 264 J. Deprat, Géologie générale # renversés dont les axes sont parallèles au plissement principal ; l'ensemble forme en somme un grand pli régulier dont les flancs sont très tourmentés (fig. 77, atlas) et dans lequel les calcaires t,, du Trias moyen sont très fréquemment laminés. Dans la partie de l'anticlinal qui s'étend entre la plaine de Jan-kan- tchai Ta-tchouang et le ravin de 'Hé-ou-tchin l'axe du synclinal est dépourvu des calcaires t,, que l'érosion a déblayé et ce sont les schistes et les grès ty et tya qui affleurent ; mais sur le flanc nord-est du ravin de 'Hé-ou-tchin les calcaires recouvrent complètement l'horizon f,a qui s'enfouit au-dessous comme le montrent les deux coupes parallèles de la fig. 77 (atlas). Presque aussitôt une puissante fracture N. O.- S. E.coupe brusquement l'anticlinal formé par le Trias qui apparaît effondré le long du Permien inférieur calcaire très disloqué et brisé du Léi-kong-chann, dont les pitons offrent une topographie très particulière. La dénivellation occasionnée par la fracture est très considérable ainsi que le montre la fig. 78 (atlas), prise parallèlement à l'axe de l'anticlinal. Dans la région occupée par les plissements affectant les calcaires paléozoïques, les axes relayent ceux des plis triasiques, mais il n'y a pas toujours une concordance rigoureuse entre les orientations, qui, là où les calcaires ouralo-permiens se montrent largement à découvert, se rapprochent souvent de la direction N. S., mais d'une façon générale cette direction, qui rappelle celle des plis permiens antétriasiques, a été vaincue par les efforts orogéniques himalayens et a dû céder à l'influence de ces derniers, de sorte que la direction générale reste celle du Trias et que les anomalies locales ne sont qu'un souvenir des directrices permiennes superposées elles mêmes, aux directrices moscoviennes. Une autre remarque doit être faite ici, c'est que dans la région triasique, là où grâce aux fractures les terrains paléozoïques uniquement calcaires apparaissent, on constate qu'ils sont moins violemment plissés que le Trias qui semble avoir en quelque sorte joué sur la surface des calcaires paléozoïques ; ceci ne revient pas à dire que les calcaires ouralo-permiens n'ont pas souffert de nouveau des efforts orogéniques lors de la phase himalayenne, mais il semble y avoir eu un double mouvement, plissement de l'ensemble des terrains paléozoïques déjà plissés et des terrains mésozoïques, mais ces derniers offrant une plus grande faculté de déformation que les calcaires ouralo- permiens, se décollaient de leur substratum paléozoïque en se contournant à l'excès, tandis que les calcai¬ res anciens se brisaient plutôt. L'existence des charriages d'écaillés superposées trouve ici une explication logique. Région de Tchong-ho-yun. — Poursuivant vers le N. E. nous trouvons dans cette direction une nouvelle cassure très importante se détachant du riche réseau de failles qui apparaît dans la région de Tchong-ho-yun etde Ta-hu-tchai. Le Trias moyen joue un rôle prépondérant et nous voyons reparaître ici la prolongation des terrains triasiques plissés qui devaient buter au S. O. contre la région calcaire ouralo- permienne, et qui sont brusquement coupés par cette fracture N. O.-S. E. L'interruption des directrices de plissement de cette bande triasique, par l'effondrement de part et d'autre de la région ouralopermienne, est dès lors parfaitement nette. Au S. O. de Tchong-ho-yun une bande plissée de Trias moyen est effon¬ drée entre deux failles qui la font pénétrer comme dans un véritable couloir allongé N. E--S. O. dans le massif calcaire permien, aux environs de Thé-la—ki et de Hou-pou-pé. La fig. 79 (atlas) montre la coupe transversale de cette bande plissée à l'extrême et dont les mouvements tectoniques sont déversés vers le S. E. A. l'E. de Tchong-ho-yun, entièrement encadrée par le double réseau de failles N. E. et N. O. s'é¬ tend une grande aire de terrains triasiques moyens, écroulés en échelon vers le massif permien du Ming- kien-chann. Mieux que de longues explications la fig. 80 de l'atlas fera comprendre la structure de cette région, formé de plis très compliqués, et en général de faible amplitude coupés par une série de failles dont le regard est tourné vers le S. E. Les axes des plissements sont franchement orientés vers le N. N. E. La faible amplitude des plis pourrait conduire, si l'observation était superficielle, à considérer cette région com¬ me faiblement ondulée, mais l'examen attentif fait découvrir que les calcaires triasiques sont généralement très laminés et plissotés, caractère incompatible avec l'allure de formations simplement plissées en grands anticlinaux et synclinaux réguliers ; de plus, traversant cette région parallèlement à la direction générale des plis, on observe un long pli faille (fig. 80 atlas), bien marqué près de Ta-li-tang et qui jalonne une ban¬ de de calcaire permien pincée dans le Trias moyen dans lequel au premier abord, elle semble intercalée ; au premier examen, on trouve que ce calcaire est complètement bréchoïde. Ainsi à l'étude approfondie, on Géologie structurale 265 trouve que cette région à l'aspect de plateaux tranquilles effondrés en gradins vers le S. E. n'est autre chose qu'une région d'écaillés coupée par des failles. Les directrices tectoniques sont bien N. E. dans leur ensemble. Une anomalie se produit dans la région du village de Sin-tien, où une inflexion brusque donne au Trias moyen plissé en synclinal, une direc¬ trice N. S. Mais c'est là un accident absolument local. Résumons en quelques mots : dans la bande de terrains que nous venons d'étudier les axes de plis sont orientés N. N. E. dans les montagnes de Ko-tiéou bordant au S. le bassin effondré de Mong-tseu qui les interrompt. Ils reparaissent avec la même direction dans le Trias moyen qui borde au N. E. le bassin de Mong-tseu; puis dans les calcaires ouralo-permiens du Ming-kien-chann et se prolongent dans la région du Trias moyen de Tchong-ho-yun, Ta-hu-tchai, Sin-tien, etc. De N. N. E., la direction des axes devient peu à peu franchement N. E. et dessine ainsi une grande courbe dont la concavité est tournée vers le Tonkin, et circonscrite à la zone des plis du Nan-ti. La Carte géologique, par la seule allure des bandes de terrains indique déjà ces faits. Plissements du trias entre la fracture d'a-mi-tchéou et la faille du lac de tsin-chouéi-tang. — Une épaisse bande de Trias supérieur comprise entre le bassin effondré de Mien-tien, la fracture de Tsin- chouéi-tang et la faille d'A-mi-tchéou se délimite nettement sur la carte. Elle est très fortement plissée, mais sans qu'on y observe des étirements de grande amplitude. Les plis forment des brachysynclinaux et des brachyanticlinaux à plongements périphériques de type jurassien, très étroits, à parcours très allongés et qui se dessinent nettement sur la Carte géologique. Entre A-mi-tchéou et I-wan-tchai l'axe des anticli¬ naux est formé par les schistes gréseux et marneux t^a du Trias inférieur, l'axe des synclinaux est ordinai¬ rement occupé par les calcaires f,, et près d'I-wan-tchai à l'Est par les marnes à Pseudomoiiotis illyrica t\ du Trias moyen supérieur. Entre Ngan-pien-chao et I-wan-tchai, c'est presque toujours ce dernier hori¬ zon qui occupe le milieu des brachysynclinaux allongés. Autour de Ngan-pien-chao et de Lo-sé-tang l'en¬ semble est fortement faillé. Le sens du déversement est assez indifférent dans la région du Si-chann, com¬ me le montre la fig. 81 (atlas) qui représente une coupe menée de Ngan-pien-chao à A-mi-tchéou. L'in¬ tensité des refoulements est vivement accusée dans cette région. Je renverrai le lecteur aux coupes qui ont été déjà données dans la description stratigraphique, notamment aux fig. 62 et 63 de l'atlas qui montrent des contournements extraordinaires dans les couches schisto-marneuses t\ notamment près de San-té-pé. L'analyse détaillée de chaque pli serait fastidieuse et les coupes que j'ai données, ainsi que la Carte tecto¬ nique et la Carte géologique elle-même, suffisent amplement pour donner une idée de l'ensemble. Les plis qui, au sud de la route de Ngan-pien-chao à A-mi-tchéou, sont orientés à peu près N. S. ont une inflexion assez rapide vers le N. N. E. et le N. E. à la hauteur d'A-mi-tchéou. Cette direction se maintiendra à l'est de la faille d'A-mi-tchéou. Plissements du Trias moyen au sud d'A-mi-tchéou. — Un point assez particulièrement intéressant se trouve au sud d'A-mi-tchéou dans le Chouéi-tsiuen-chann où un contact très tourmenté sépare le Trias marneux moyen supérieur t\ du Trias moyen calcaire f,, à 2 km au sud du village de Nan-tchai. De bonnes coupes peuvent être relevées sur la route même d'A-mi-tchéou à Mong-tseu. J'ai donné, dans la figure 83 de l'atlas, 3 coupes parallèles s'échelonnant du N. au S. sur une longueur de 2 km. environ et montrant un contact anormal bien dessiné, quoique sur une longueur relativement faible. Ce contact vient disparaître au N. E. dans le fond de la vallée d'A-mi-tchéou sous les alluvions. C'est là où le chemin muletier d'A-mi-tchéou à Mong-tseu quitte la plaine et s'élève brusquement sur un contrefort rapide, qu'on observe le mieux la dislocation : les calcaires t,, sont fortement plissés en une étroi¬ te bande synclinale flanquée à l'est d'un anticlinal dont les couches sont verticales dans le ravin longeant le contrefort à l'ouest, tandisque vers le haut, dans le chemin même on voit les couches se recourber peu à peu et l'anticlinal se déverser vers le S. E. Le noyau de l'anticlinal couché est constitué par du Trias moyen inférieur qu'on voit s'étirer et disparaître entre les deux flancs du pli (fig. 83 B et C, atlas). Du côte est du contrefort la pente rapide qui descend sur la plaine est sculptée dans les schistes marneux roses t\ à Pseudonionotis illyrica, extraordinairement plissés en petits plis qui brisent les schistes ; le tout accuse une tendance complète à se coucher vers le S. E. et le flanc renversé de l'anticlinal chevauche complète- 26G J. Deprat, Géologie générale ment (fig. 83 C atlas) les marnes h, leur superposant ainsi les calcaires f,,. II y a en ce point chevauchement et poussée du Trias calcaire t,, sur le Trias moyen supérieur ti marneux. Si l'on suit vers le S. le plan d'étirement, on le voit peu à peu s'atténuer et les couches calcaires t,, se redresser, passer à la verticale, puis se renverser de nouveau avec un plongement très rapide N. E., de sorte qu'au lieu de chevaucher les schistes marneux U ils les supportent normalement. Une coupe (fig. 82 atlas) prise à mi-distance entre le poste miltaire situé sur le chemin d'A-mi-tchéou à Mong-tseu et la plaine alluvionnaire de Iang-pé et à peu près transversale à la direction des plis, le montre bien ; elle figure également les dislocations intenses du Trias schisto-marneux à Pseudomonotis illyrica de la large bande d'affleurements comprise entre le prolongement méridional de la faille d'A-mi-tchéou et les collines de calcaire triasique moyen à travers lesquelles remonte le Lin-ngan-'ho vers le N. Plissements du Trias dans la vallée du Pa-ta-'ho au N. E. et a l'E. d'A-mi-tchéou. —Du côté opposé au précédent, c'est-à-dire à l'E. de la faille d'A-mi-tchéou le Trias supérieur occupe la plus grande partie des affleurements ; les efforts orogéniques se sont fait sentir ici avec une grande intensité. D'une façon générale les plis sont renversés vers le S. E, et les étirements très nombreux ; les écailles superpo¬ sées sont en beaucoup de cas, la caractéristique de cette région. La Carte géologique montre partiellement cette structure ; je dis partiellement parce que comme je manquais de base topographique suffisamment détaillée, il m'a été impossible de distinguer sur la carte les différents horizons du Trias supérieur que j'ai dû teinter de même façon de tm à Un. Il en résulte que dans beaucoup de cas des étirements importants ne se laissent pas deviner sur la carte. L'analyse très détaillée des plissements de cette zone serait beaucoup trop longue à exposer, étant donnée l'extraordinaire multiplicité des accidents anormaux. Je vais seulement chercher, par des coupes appropriées, à mettre en lumière le fait général qui se dégage des observations sur le terrain : la structure en écailles plongeant presque toujours vers le N. E. ; c'est-à- dire que les plis sont de façon générale dé¬ versés vers le S. E.; et que la poussée s'accentuant, les charnières se sont fréquemment rompues et les chevauchements se sont multipliés ; ceci n'est pourtant pas absolu et certains charriages sont le fait de véritables décollements. Coupe de Lan-ni-pé à la faille de Tse-tsou à Tou-pi : Cette coupe dirigée N. N. O.-S. S. E. traverse normalement les plis de la zone triasique entre la faille d'A-mi-tchéou et la grande faille de Tse-tsou qui limite au N. E., la région paléozoïque calcaire ouralo-permienne du Ming-kien-chann. Elle offre des dislo¬ cations considérables. Partant de la grande faille d'A-mi-tchéou, on traverse d'abord les schistes et grès de Lan-ni-pé à Daonella inclica relevés à la verticale, qui se renversent peu à peu sur les calcaires tm à Trachycercis du passage du Ladinien au Carnien lesquels se montrent complètement écrasés et torturés en tous sens dans les grandes collines formant l'avancée qui sépare le Lin-ngan-'ho et le Pa-ta-'ho à leur confluent. Puis, dans la vallée même du Lin-ngan-'ho, à proximité du confluent passe un pli-faille mettant en contact l'horizon tm et l'horizon des marnes roses tvi. On traverse ensuite dans l'extrémité O. S. O. du Lou-fong-chann une région de collines élevées, profondement ravinées, dans lesquelles les différents horizons du Trias supérieur forment une série de plis couchés, intensément disloqués ; puis un peu au N. du chemin de Lou-sa-pien à A-mi-tchéou, on traverse une mince bande de calcaire t,, formant une écaille laminée, écrasée entre le Trias supérieur de la bande précédente et une nouvelle ligne d'affleure¬ ments carniens et noriens à travers lesquels descend le chemin précité de Lou-sa-pien à A-mi-tchéou ; cette dernière bande de Trias supérieur offre les plus beaux exemples de contournements que l'on puisse voir, avec des contacts anormaux se succédant sans arrêt. C'est un exemple de ces endroits ou il serait complètement impossible, quelle que soit l'échelle de la carte, de délimiter les différents horizons tellement ils forment un inextricable enchevêtrement. Pour en donner un exemple, on recoupe huit fois l'horizon des marnes roses U1 à Trachycercis fasciger Mansuy sur une longueur de trois kilomètres ; naturellement dans de pareilles conditions chaque horizon se montre en général très amoindri, fortement incomplet. Ces différentes bandes d'affleurements viennent toutes se laminer dans un contact anormal qui lui-même aboutit à la dépression fracturée d'A-mi-tchéou (V. Carte). Le Trias supérieur de la bande que nous venons de décrire passe ensuite vers le S. E. à une bande de Trias moyen, mais très normalement; ce Trias moyen qui forme une large bande sculptée en collines élevées, aux pentes rapides, aux sommets ronds, montre Géologie structurale 267 dans ses calcaires un faciès d'écrasement considérable ; il est haché de cassures et les pendages changent à tout bout de champ. C'est en descendant en lacets rapides dans cette bande que le sentier de Lou-sa-pien aboutit à la plaine d'A-mi-tchéou. Au S. de cette bande calcaire on traverse en se dirigeant vers Ta-t'a une large bande de Trias supérieur à laquelle succède un important affleurement parallèle des horizons à Pseuclomonotis illyrica et à Myophoria inaequicostata, ces deux bandes butent successivement contre la faille de Ta-t'a. Ainsi, de Lan-ni-pé à la faille de Ta-t'a, faille qui se prolonge au N. E. vers Tou-pi et Tse-tsou, le Trias moyen et le Trias supérieur se montrent profondément disloqués. L'orientation des axes de plisse¬ ments y est à peu près N. E. et cette direction va s'affirmer dans les coupes suivantes. Coupes entre le Pa-ta-'ho et la faille de bordure du Ming-kien-ehann : Une excellente cou¬ pe montrant les dislocations du Trias supérieur et du Trias moyen est celle qui peut être relevée dans la région de Ma-tche-tchao et de Tse-tsou (fig. 85 atlas). Comme le montre la Carte géologi¬ que une importante bande d'affleurements de Trias moyen, limitée par divers plans de charriage, s'allonge avec une direction à peu près N. E. des environs de Ma-tche-tchao vers Tchong-tchai et chevauche en définitive le Trias supérieur. On se rend très bien compte de ces faits en allant de Ma-tche-tchao à Tse-tsou par Ya-ma-tchai: en partant de Ma-tche-tchao, on chemine sur les calcaires t,, remplis de do- lines et de gouffres, formant un anticlinal ; un peu au S. E. de cette localité les calcaires plongent brusque¬ ment, presque verticalement, pour se relever de nouveau au delà d'un synclinal occupé par les marnes schis¬ teuses jaunes ou rougeâtres à Pseudomonotis illyrica et Daonella inclica et former une barre dans la¬ quelle les couches pendent versle N. E.; au-delà de cette, barre on retrouve près de Ya-ma-tchai les mar¬ nes et schistes U s'enfonçant sous les calcaires /,, qui les chevauchent Au-delà de Ya-ma-tchai on traverse un anticlinal, déversé vers le S. E. où les calcaires chevauchent les marnes t\ dans le flanc renversé ; puis nouveau pli faille, après lequel on rencontre une écaille formée d'un lambeau de 1,, et de l\ poussée elle- même par l'intermédiaire d'une contact anormal sur le flanc renversé du synclinal de Tse-tsou dans lequel on observe une épaisse série de Trias moyen et de Trias supérieur allant de £,,, à Uci interrompue elle- même par des plis-failles occasionnant la formation d'écaillés secondaires. Le flanc normal du synclinal de Tse-tsou n'est pas visible, il est effondré le long de la faille limite de la bordure N. E. du Ming-kien-chann, faille qui abaisse le Carnien au niveau de l'Artinskien calcaire. Coupe près de Lou-sa-pien: Au N. O. de Ma-tche-tchao une fracture importante traverse en ligne brisée la région triasique, mettant en contact des horizons variés du Trias supérieur et du Trias moyen calcaire. Les terrains se montrent également profondément disloqués entre cette faille et le Pa-ta-'ho. Par¬ mi les coupes nombreuses que j'ai relevées, je donnerai celle que j'ai observée entre Lou-sa-pien et la faille que j'appellerai faille de Pei-hoa-tseu (Fig. 86 atlas). DuPa-ta-ho à Lou-sa-pien le Trias supérieur forme une multitude d'écaillés,de plis écrasés, le tout couché vers le S. E. Près de Lou-sa-pien les grès noriens £Vu sont poussés comme l'indique la figure sur une mince bande de calcaire de Trias moyen t,, écrasée et réduite à quelques mètres d'épaisseur par endroits, cette mince lame repose en discordance tectonique complète sur les marnes roses du Norien inférieur très plissées aussi. La faille de Pei-hoa-tseu interrompt cette série et fait apparaître la série des plis affectant le Trias moyen de Ma-tche-tchao. Pour rendre les faits plus clairs, j'ai donné dans la figure 13 (texte) un petit carton dans lequel tous les horizons ont été indiqués, ce qui facilite la compréhension. 268 J. Deprat, Géologie générale l'isns A V Pla-n, d'ê£ir*e.Trve.nt, // FaZZZe. Fig. 13. — Dislocations de la région triasique dans la région de Lou-sa-pien et de Pei-hoa-tseu. Coupes de Lo-pou à Cha-kou-lou et de Lo-pou à Péi-heuou : Le chemin de Cha-kou-Iou au Pa- ta-'ho par Lo-pou, qui nous a permis déjà de relever des coupes stratigraphiques intéressantes, offre éga¬ lement beaucoup d'intérêt pour la complication de l'édifice tectonique. La figure 78 de l'atlas en rend compte. Ce qui complique la structure, c'est la coexistence de fractures et de plis failles. Près de Lo-pou une fracture S. O.-N. E. a abaissé les grès du complexe fvn norien plissés en anticlinal, au contact du calcaire f,,a du Trias moyen, lui-même effondré le long d'une autre faille. La figure montre, sans qu'il soit besoin de description, les plissements et les contacts anormaux clans la ligne de hauteurs qui sépare le ravin de Cha-kou-lou du Pa-ta-'ho. La coupe donnée fig. 88 (atlas) montre des faits analogues. Prise à quelques kilomètres au S. E, de la précédente et un peu oblique par rapport à elle, elle montre les grès du complexe fvn effondrés près de Lo-pou contre le calcaire f,, lui-même scindé par une autre faille. En arrière vient une riche série du Trias supérieur plissée, dont le terme le plus élevé, fvn, vient buter contre la faille de Pei-hoa-tseu qui, comme nous l'avons déjà observé près de Lou-sa-pien la fait entrer en contact avec les calcaires /,, ; dans la vallée du Pe-ki-'ho, au delà de la faille, une lame de Carnien, (marnes vertes à Halobia comata) est écra¬ sée entre deux masses de calcaires £,, du Trias moyen, comme le montre la partie droite de la fig. 88 (atlas); cette dernière dislocation est d'un très haut intérêt, car elle montre un véritable décollement et chemine¬ ment d'écaillés, dans d'autres conditions que celles d'un simple pli couché. Coupes de Tehong-tehai à Ta-yao-tehai et de Ta-yao-tehai à lang-tsi-kiou : La coupe de Tchong-tchai à Ta-yao-tchai montre des faits du même ordre ; je l'ai figurée dans l'atlas (coupe fig. 91). Elle montre d'abord à l'O. N. O. une grande écaille de Trias moyen et supérieur, allant des termes fn à fvn, intensément reployée sur elle-même en plis à charnières aigiies et poussée en bloc sur une écaille de Trias moyen comprenant les horizons f,, f,,, et f,, également reployée sur elle-même et poussée à son tour sur une nouvelle écaille aussi de Trias moyen très plissé ; la figure montre encore deux autres écailles de Trias moyen dont la dernière plissée en isoclinaux chevauche les grès noriens fvn qui, auN. O. du village de Ta-yao-tchai s'enfoncent sous un synclinal de Trias moyen dont le flancS. E. est étiré. Géologie structurale 269 Nous voyons ainsi cinq écailles poussées successivement l'une sur l'autre et offrant chacune individuelle¬ ment des plissements intenses, laminant et déformant les roches composantes. Tout cela plonge au N. O. Au sud-est de Ta-yao-tchai, entre cette localité et le passage de la faille limite de la région triasique à environ 1 Km. de Iang-tsi-kiou, le Trias supérieur est plissé en un grand synclinal que j'ai déjà décrit au point de vue stratigraphique parce qu'il offre une série intéressante des horizons t\ à /vu. Je renverrai le lecteur à la coupe que j'en ai donnée dans l'atlas ffig. 73) et qui montre le synclinal brisé et décomposé en écailles poussées les unes sur les autres, le sens de la poussée venant du N. E. Je crois absolument inutile de décrire les étirements multiples de cette région ; et je compléterai la ligure de l'atlas par le carton lig. 14 (texte) qui montre de façon suffisante, à ce qu'il me paraît, les dislocations intenses de la région. La dé¬ composition en écailles poussées les unes sur les autres-iy apparaît nettement. T n 1 a, « « iipé/'f eu/ ■ r>CUS& C/L/l d/L /.adinèerv eu/ Carnien, li Marnes roses, JVorien U/fériettr M urnes uertes <'/ brunes écaiLLeases carrucn/ies EU Marnes brunes Ca/ceUres pa/dozoiques Fig. 14. — Dislocations du Trias entre Ta-yao-tchai et Che-ngai-tchai. Un contact anormal qui passe à l'O. de lang-tsi-kiou près des premières maisons du village montre les marnes verdâtres écailleuses à Halobia comata et celles à Pcircitibetites poussées sur les grès à plantes J. Deprat, Géologie générale /vu ; en suivant le plan d'étirement vers le nord on voit les marnes roses fVi, supprimées plus au sud par l'étirement, reparaître peu à peu ; de tels exemples foisonnent dans la région. Entre Iang-tsi-kiou et Ta-tchai les dislocations restent aussi intenses. Pour cette région comme pour celle de Tchong-tchai et de Che-ngai-tchai, je prierai le lecteur de se reporter à la figure 14 du texte qui, mieux que de longues explications fera comprendre les faits. Un point intéressant se trouve près de Che-ngai-tchai. Un peu à l'est de ce village, le chemin qui conduit à Pou-la-mi s'engage dans un ravin, véritable couloir entre des parois de calcaire paléozoïque (Permien) ; ce couloir est occupé par les marnes vertes U du Trias supérieur formant un paquet effondré au milieu des calcaires paléozoïques, grâce à un brusque coude de la fracture limite de la région du Trias supérieur, de sorte que celui-ci y forme une sorte de golfe étroit, si l'on peut s'exprimer ainsi, pénétrant dans les calcaires paléozoïques, je reviendrai sur ce fait, qui présente une certaine importance au sujet du réseau des failles, en étudiant celles-ci. Les schistes marneux écailleux fv présentent là le maximum de bouleversement qu'on puisse rencontrer. Déjà fortement plissés, cet effondrement entre les faciès calcaires a achevé d'y mettre une incohérence complète et ils forment véritablement des masses empilées en vrac. L'érosion a naturellement profité du peu de résistance de ces matériaux pour déblayer rapidement entre les failles, de sorte que les contacts sont visibles avec la plus parfaite netteté. 11 me paraît que les descriptions de coupes que je viens de donner sont suffisantes pour faire com¬ prendre au lecteur l'allure générale des terrains triasiques plissés dans la région du Pa-ta-'ho au N. E. d'A-mi-tchéou. Zone charriée a l'est de Pong-pou et de Tchou-yuen. — Une zone d'un intérêt très grand s'étend à l'est de Pong-pou et de Tchou-yuen. Un contact normal qui débute au sud de la dépression effondrée de Pong-pou se dirige vers le N. E. sur une longueur de 40 km. environ, au sud-est de ce contact qui repré¬ sente un plan de charriage, s'étend la vaste zone des plis du Trias supérieur dont nous venons d'étudier l'allure ; au nord-ouest ce sont les terrains du Trias moyen appuyé en arrière par le Trias inférieur; or le Trias moyen, déjà plissé assez vivement lui-même, forme une masse charriée vers le S. E. sur les plis du Trias supérieur (!) (Fig. 89 et 90 atlas) en sorte que le contact anormal dont nous avons indiqué l'existence représente un long plan de charriage. La coupe fig. 89 (atlas) montre à l'est de Pong-pou une succession de plis débutant par un petit syn¬ clinal normal, dont l'axe est occupé par les marnes à Pseuclomonotis illyrica Bittner; un peu avant le pas¬ sage du Pa-tien-'ho par le pont sur le chemin de Pong-pou à Tchong-ko-lo les couches se relèvent et de l'autre côté de la rivière, on trouve les calcaires /,, formant un anticlinal rempli de petits plissements secon¬ daires qui provoquent de fréquents contournements locaux des couches. Puis un peu avant la descente sur la dépression semée de collines à l'O. de Tchong-ko-lo, les couches se recourbent brusquement presque verticalement, puis les grès /,,, et ensuite les marnes roses schisteuses à Pseudomonotis illyrica prolon¬ gent la série, plongeant de plus en plus verticalement, puis elles reprennent un pendage N. O. presque voi¬ sin de la verticale ; au-delà de Tchong-ko-lo reparaissent sous U les grès t,,, et sous ces derniers les cal¬ caires du Trias moyen assez bouleversés, au-delà desquels entre Tchong-ko-lo et Siao-kan-tia reparais¬ sent les grès t,,, plongeant sous les calcaires. L'ensemble dessine ainsi comme le montrela figure 89 en allant du N. O. au S. E. : un synclinal peu accentué, un anticlinal légèrement déversé vers le S. E. auquel corres¬ pond un synclinal dissymétrique ; ce synclinal est suivi de l'anticlinal entre Tchong-ko-lo et Siao-kan-tia, fortement déversé vers le sud-est. Un peu avant Siao-kan-tia, on voit la série des terrains du flanc renversé de l'anticlinal s'interrompre brusquement et les couches pourvues d'un pendage N. O. dans ce dernier, re¬ poser sur du Trias supérieur à pendage S. E. ; de sorte qu'il y a discordance tectonique complète entre les grès t,,, du flanc renversé de l'anticlinal et la série des terrains triasiques supérieurs. Cette interruption représente nettement un plan de charriage. Le Trias supérieur forme ensuite à l'O. une série de plis très nombreux, très accusés, dans lesquels les dislocations locales sont interrompues, coupés près de Che-pan- keuou par une cassure verticale ; à l'est et au sud-est de la faille, le Trias supérieur reparaît plissé de la (') Il est évident que l'expression «charriée sur» ne rend pas d'une façon certaine l'expression de ce qui a pu se passer; c'est peut-être la région des plis du Trias supérieur sud-orientale qui a été poussée sous le Trias moyen. Il y a comme disent les géologues anglais et américains « overthrust » ou « underthrust » ; le mouvement véritable étant inappréciable. Géologie structurale 271 même façon, traversé par des plans d'étirement comme celui qui, près de Che-pan-keuou, montre la série des marnes roses tvi et des grès grossiers Un noriens chevauchant le liane renversé d'un synclinal débutant par les couches de passage du Ladinien au Carnien. Nous retrouvons ici le système des écailles superposées poussées vers le S. E. La coupe fig. 90 (atlas) est aussi explicite à cet égard. Prise à environ 8 km- au N. E. de la précédente, elle montre d'abord une série complète s'étageant du Trias inférieur b, au sud de la plaine de Tchou-yuen, jusqu'aux marnes rouges et jaunes ti qui occupent une vallée peu profonde. Elles sont plis— sées en un petit synclinal auquel succède un anticlinal normal de faible envergure clans lequel les calcaires 1,, forment l'axe ; puis au S. E. reparaît un nouvel axe synclinal occupé de nouveau par les marnes tu Sous ces dernières plongent les grès t,,, puis les calcaires f,, formant ainsi le flanc normal d'un anticlinal com¬ plètement renversé; dans le flanc sud oriental plonge sous les calcaires l'horizon 1,,, qui leur est strati- graphiquement supérieur. Ensuite, on trouve une série renversée de Trias supérieur débutant par le terme ti\, sur lequel reposent en concordance apparente les grès f,,, du Trias moyen ; il y a, en dépit de ce sem¬ blant de concordance dû au parallélisme des couches un étirement supprimant les terrains h, tu, tm, et loin de se suivre, les couches du Trias moyen de l'anticlinal couché et celles du Trias supérieur sont séparées par un plan de charriage qui n'est autre chose que le prolongement N. E. de celui que nous avons étudié dans la coupe précédente. Ainsi l'ensemble du Trias moyen forme comme à l'est de Pong-pou une grande nappe reployée, poussée sur le Trias supérieur formant un synclinal disloqué qu'elle chevauche ; ces dis¬ locations sont bien visibles dans la fig. 90 (atlas) ; le Trias supérieur forme un synclinal renversé vers le S. E. dont le flanc normal est décomposé en une série d'écaillés poussées l'une sur l'autre : sous ce flanc normal disloqué apparaît à l'O. de Che-mo un anticlinal de Trias moyen dont le terme le plus élevé est formé par les grès t,,, auxquels un étirement considérable superpose l'écaillé la plus inférieure ha du synclinal de Trias supérieur, avec suppression de tous les horizons, de U inclus à h inclus. Une faille radiale, prolongement N. E. de celle que nous avons vu dans la coupe précédente et qui est en somme la faille de Che-pan-keuou coupe brusquement à l'O. le calcaire t,, du flanc est de l'anticlinal de Che-mo, mettant brutalement en contact ce dernier avec les grès grossiers noriens supérieurs Un. Ainsi pour résumer l'analyse précédente nous pouvons dire que la zone de Trias supérieur de la région du Pa-ta-'ho est chevauchée par une vaste zone de Trias moyen plissé. Vers le S. O. les plis affectant la région triasique sont brusquement interrompus par la grande fractu¬ re de Pong-pou. Zone anticlinale entre Mi-leu et Kwang-si-tcheou f1). — Entre la zone triasique plissée précédente et la zone également triasique que nous allons étudier ensuite au N. E. de Mi-leu, s'étend une large zone anticlinale, se décomposant elle-même en petits anticlinaux parfois assez tourmentés, parfois au contraire tranquilles, mais les dislocations telles que nous venons d'en voir les exemples multiples dans la région triasique sud-orientale ne se présentent pas. L'orientation générale se fait vers le N. E. Zone triasique plissée au N. E. de Mi-leu. — Une autre bande de plissements où les actions orogéni¬ ques ont puissamment exercé leur action s'observe au N. E. de Mi-leu, entre la bande précédente et la grande masse paléozoïque occidentale. La fig. 92 (atlas) montre une section typique de cette région, menée normalement à la direction des plis. Au nord-ouest de la bande calcaire qui s'étend entre Mi-leu et Kwang-si-tchéou et que nous venons de décrire succinctement, s'allonge une bande de brachyanticlinaux et de brachysynclinaux à l'est de Ngao-tseu. Je laisse de côté les dislocations radiales qui les affectent et dont je parlerai dans un chapitre spécial. A mesure que l'on avance vers l'ouest, ces plis se compliquent de plus en plus et se renversent dans des directions opposées N. O. et S. E. comme à l'ouest de Ta-chouéi-tang (fig. 92 atlas), offrant une tendance à se grouper en éventail ; les étirements sont fréquents clans cette région et les calcaires montrent souvent une allure écrasée comme entre Ta-chouéi-tang et Je-chouéi-tang. Une faille verticale limite ces plis près de Je-chouéi-tang. (') Hors de la carte à l'est de Mi-leu. i>72 J. Deprat, Géologie générale Entre Je-chouéi-tang et la bordure de la région paléozoïque occidentale la structure se complique, entre Je-chouéi-tang et le village de Siao-sin-tien la série des terrains apparaît renversée et l'on se trouve en présence d'un synclinal très fortement couché vers le N. O. Le flanc normal de ce synclinal se prolonge vers l'O. en longues ondulations qui semblent témoigner d'une tranquillité locale des couches, mais il n'en est rien, car dans la région de Y-che,on voit sur de grandes longueurs les psammites rouges-bruns et les grès à charbon t\ de la base du Trias inférieur reposer sur le Trias moyen horizontalement, et quand on examine de près la surface de contact, on s'aperçoit qu'elle est irrégulière, que les couches sont en général en contact anormal, se biseautant mutuellement (fig. 92 atlas). La conclusion qui s'impose est celle d'une superposition anormale du Trias inférieur sur le Trias moyen. En arrière, au N. de Kio-lo-tchao, le Trias inférieur supporte le Trias moyen en série normale. Puis une nouvelle complication s'introduit comme le montre la figure ; tout ce Trias inférieur et moyen s'enfonce avec une inclinaison d'environ 45° sous le Paléozoïque plissé de la région de 'Hoa-keuou et de San-kin-tsouen. Ainsi entre Siao-sin-tien et 'Hoa- keuou la coupe, si on la résume, s'offre ainsi: superposition d'une lame de Trias inférieur et de Trias moyen reposant horizontalement jusqu'à la hauteur d'Y-che sur les calcaires triasiques moyens rabotés ; cette lame que nous appellerons nappe I est chevauchée par la région occidentale paléozoïque, qui forme une deuxième nappe poussée sur celle-ci et qui l'écrase complètement. Il est à remarquer que la lame triasique ne semble pas plissée au premier abord et s'étale plus ou moins horizontalement, tandis que la masse paléozoïque écrasante s'est violemment plissée sur elle-même ainsi que l'indique la partie gauche de la figure. Si l'on suit maintenant la bande triasique vers le N. E., c'est-à-dire vers Tou-tza, on voit les compli¬ cations tectoniques rester les mêmes pendant une quinzaine de kilomètres, puis les failles de bordure du massif calcaire dévonien du Hoa-tong-chann, de chaque côté duquel se sont produites d'impor¬ tantes dénivellations, qui laissent ce massif se dresser comme une sentinelle avancée, masquent la structure des plis profonds ; au-delà vers Tou-tza, la région du Trias inférieur reste très plissée, mais on ne cons¬ tate plus le chevauchement de la région paléozoïque sur la région triasique ; à la hauteur de Tchao-koua le Trias inférieur repose directement sur les grès permiens qui entrent en contact par faille près de Tchao- koua, avec le Dévonien moyen. 11 semble donc que les chevauchements et les charriages de la région de Je-chouéi-tang s'atténuent de plus en plus vers le N. E. III. — Région paléozoïque occidentale La région paléozoïque occidentale du Yun-nan oriental forme une immense zone de plis ininterrom¬ pus, de direction générale N. E.-S. O., qui s'étend de la région du haut Fleuve Bleu à la zone triasique que nous venons de décrire, et qui la limite au S. E. Cette région large de près de 180 km. offre, dans ses plissements, des manières d'être fort différentes ; mais en tous cas l'intensité des mouvements orogéniques a toujours produit des effets importants. On peut y distinguer, pour la commodité de la description, deux zones qui, en réalité, sont moins distinctes qu'on ne pourrait le croire : i° une zone en contact avec la zone des terrains triasiques plissés, généralement très disloquée ; et qui en arrière, dans la région située entre Che-mo (ouest de Po-shi), Lou-léang et Tchao-koua, offre une zone d'apparence assez tranquille, formant de grands plateaux karstiques, et grossièrement limitée à l'ouest par la grande faille de Lou-nan ; 20 une région très violemment plissée offrant dans la région du Pa-ta-'ho et des lacs des charriages intéressants, et où les plissements, sont d'une façon générale, très accentués. 1" ZONE DE CONTACT DE LA RÉGION TRIASIQUE PLISSÉE ET DE LA RÉGION PALÉOZOÏQUE OCCIDENTALE Ce contact assez compliqué en général se fait tantôt par faille, tantôt par chevauchement comme nous avons eu l'occasion de le voir incidemment dans la région de Je-chouéi-tang. Pour avoir une vue d'ensemble, Géologie structurale le mieux est de partir de la région de Lin-ngan. — Au nord de Mien-tien, localité située à l'est de Lin- ngan, on observe une série de calcaires paléozoïques qui commence par l'Ouralien à Fusulina mulliseptata Schellw. et que l'érosion du Permien supérieur a plus ou moins respectée. C'est le seul point du Yun-nan où j'aie trouvé un contact stratigraphique normal entre les terrains paléozoïques et le Trias de la région sud-orientale. Je l'ai déjà décrit en détail dans la stratigraphie (voir page 183). Je donne dans l'atlas (fig. 93) une coupe générale montrant l'allure des terrains entre Lao-yun et Wang-tang et résumant ce qu'on observe à l'ouest du lac de Tsin-chouéi-tang : près de Lao-yun nous voyons le Dévonien inférieur de la région de Ki-tsé-tchong poussé sur le calcaire à Spirifer Jouberti, qui est séparé par faille d'un synclinal renversé vers le S. E., comprenant les couches s'étageant de l'horizon à Cyathophyllum Roemeri jusqu'en haut du Givé- tien. Sur ce synclinal dévonien repose en discordance une série de calcaires ouraliens à F. multiseptata, puis les puissants poudingues permiens r,, plongeant vers le S. E. ; par dessus ces derniers apparaît une énorme série de labradorites et de tufs formant un pli monoclinal et s'enfonçant à son tour sous le Trias inférieur de Tsin-chouéi-tang non loin de Wang-tang ; ici la série est donc normale ; mais à quelques kilo¬ mètres au nord de l'extrémité du lac de Tsin-chouéi-tang le Trias moyen vient buter contre la fracture qui plus au sud, donne naissance au lac et dès lors jusqu'aux environs de Ta-long-tan, c'est une fracture N. N. E. avec dénivellation, qui met en contact la série des andésites et basaltes du Permien supérieur et le Trias moyen calcaire t,.. Près de Ta-long-tan une autre fracture N. S. rencontre celle-ci et descend jusqu'au bassin tertiaire de Pou-tchao-pa, à l'est de cette faille on se trouve en présence de l'Ouralien. 11 en résulte que le Trias s'enfonce comme un énorme coin (voir la carte) dans la région paléozoïque, coin limité par des fractures entre lesquelles, il est effondré. Un autre lambeau triasique, complètement encadré par des failles se trouve écroulé sur la rive gauche du Pa-ta-'ho entre Siun-kien-sseu et Siao-long-tan. La Carte géologique montre un autre fait analogue au N. d'A-mi-tchéou où un rameau de la grande faille de Pong-pou vient rencontrer la faille de Siun-kien-sseu à Siao-long-tan, enfermant ainsi une longue bande de terrains paléozoïques entre deux avancées de Trias effondré. Ainsi dans toute cette région, le con¬ tact entre la région paléozoïque et la région triasique se fait par une série de failles formant ligne brisée à angles aigus, de sorte que la région triasique et la région paléozoïque s'interpénétrent profondément. Il en est tout autrement le long de la grande fracture qui partant des environs d'A-mi-tchéou se prolonge au loin vers le N. N. E. par Pong-pou, Tchou-yuen, qui donne ensuite naissance au bassin effondré de Mi-leu. Le contact de la région paléozoïque se fait toujours ici par fracture, la région triasique étant effondrée le long de celle-ci, dans des conditions d'observation remarquablement nettes, avec une forte dénivellation, mais le contact au lieu de se faire en ligne brisée est au contraire rectiligne sur une grande longueur, et comme le démontre avec grande netteté la Carte géologique la ligne de fracture biseaute nettement les axes successifs des plis qui affectent la région triasique. Dans la région de Mi-leu un autre ordre de phénomènes se produit, la fracture fuit vers le N. E. et à l'ouest de cette ligne de dislocation, on retrouve une région triasique, celle de Ngao-tseu, Ta-chouéi- tang, Je-chouéi-tang ; or,la bordure de la région paléozoïque vivement plissée la chevauche complètement. Nous avons montré en décrivant les plissements de la région triasique comment se fait ce chevauchement ; la région paléozoïque formée d'Ouralien, de Moscovien calcaire et de Dinantien schisto-marneux, joue le rôle de masse écrasante sur la lame de Trias inférieur qui recouvre le Trias moyen, et ceci ne paraît pas extraordinaire, vu la plasticité du Trias inférieur. La bordure de la région paléozoïque est, comme le montre la ligure 92 (atlas), fortement reployée sur elle-même et dessine au nord de Hoa-keuou deux plis inverses. Le Dinantien formé de schistes marneux très plastiques a subi des vicissitudes nombreuses ici et on le voit vers l'est se laminer et s'étirer complètement sous la masse des calcaires du Carboniférien supérieur. Il paraît évident que la région paléozoïque a subi un mouvement de poussée énergique qui l'a faite avancer sur la région triasique, encore que ce soit l'inverse qui soit possible, mais en tous cas le résultat est identique. Nous verrons dans la suite de la description de la grande région occidentale, de multiples exemples de ces grands chevauchements qu'on ne peut qualifier autrement que de charriages et ici ce n'est en somme qu'un exemple de la structure générale du Yun-nan, plus frappant parce que nous voyons des terrains mésozoï- ques chevauchés par les terrains paléozoïques, tandis qu'ailleurs nous ne verrons en contact que des terrains primaires, mais l'intensité des mouvements est aussi grande quand, comme dans la région des lacs, on voit le Cambrien inférieur chevaucher l'Ouralien que quand on voit ce dernier superposé à du Trias inférieur. 274 j. Deprat, Géologie générale En poursuivant vers le N. N. E. l'étude du contact des deux régions on voit, comme j'ai eu l'occasion de l'indiquer, le régime de fracture reparaître dans la région du 'Hoa-tong-chann qui forme une haute masse encadrée par des fractures avec dénivellation considérable (fig. 26 atlas) se reliant au N. N E. à la région paléozoïque. Vers Tou-tza, le contact de la région triasique et de la région paléozoïque occidentale se fait par passage graduel du Permien supérieur au Trias inférieur. 20 ALLURE DES PLISSEMENTS DE LA RÉGION PALÉOZOÏQUE OCCIDENTALE DU YUN-NAN ORIENTAL L'ordre à suivre dans cette description n'apparaît pas clairement. Dans une région où l'on observe des chaînes bien dessinées, dans lesquelles la direction tectonique coïncide avec les directions orographi¬ ques, on n'éprouve aucune difficulté ; mais ici où les différentes zones de plis se pénètrent mutuellement on trouve de très grosses difficultés pour introduire des divisions, pourtant nécessaires, pour apporter un peu de clarté ; les grandes coupes générales sont destinées à permettre de jeter une vue d'ensemble résumant les données nécessairement un peu confuses que nous allons exposer. A) Bande comprise entre la faille de Lou-nan et la région triasique : La faille de Lou-nan et la région triasique effondrée le long de la faille importante qui s'étend d'A- mi-tchéou au-delà de Tchao-koua délimitent approximativement une bande de dislocations accentuées dans le sud, et au contraire s'atténuant de plus en plus vers le N. N. E. Dans la partie méridionale, aux environs de Siun-kien-sseu, elle débute par un grand pli anticlinal à retombées presque verticales dans lesquelles le Pa-ta-'ho s'est creusé une gorge très profonde à la sortie du bassin tertiaire de Pou-tchao-pa, ce pli est très accusé, mais sans déversement et la complication ne se¬ rait pas très grande si ce n'était les grandes fractures à dénivellation énorme qui font s'interpénétrer, comme je l'ai dit, les terrains triasiques plissés et les terrains paléozoïques ainsi que le fait voir la Carte géo¬ logique. De Siao-long-tan aux environs de Siun-kien-sseu, une faille supprime le noyau dévonien de l'an¬ ticlinal dont l'axe est à peu près N. S. mais à la hauteur de Siun-kien-sseu, l'axe du pli s'incurve légèrement et prend la direction N. N. E. Une coupe menée de Siun-kien-sseu à la plaine de Pong-pou fait voir ce que représente la fig. 48 (atlas) ; un anticlinal à noyau formé de Dévonien moyen, à retombées normales de part et d'autre duquel reposent les couches du Dévonien supérieur et du Permien supérieur. A l'est, l'anticlinal est coupé par une série de failles parallèles de cet anticlinal et qui abaissent successivement les terrains vers la région triasique. Près de Tsin-chouéi-tang ou de K.wei-tien ces faits sont d'une particulière netteté (fig. 40). Entre Siun-kien-sseu et La-li-'hé passe une étroite bande synclinale ouralienne qui se prolonge vers le N. N. E. dans le A-yéou-chann ; puis entre La-li-'hé et Si-tche-yi, passe un axe anticlinal dont le noyau est formé par le Dévonien moyen supportant latéralement le Dévonien supérieur ; mais ici les refoulements très puissants compliquent la tectonique et une multitude d'accidents secondaires se superposent au prin¬ cipal. Cet axe anticlinal, à retombées généralement très rapides, se dirige vers le N. N. E. Si l'on suit vers cette même direction N. N. E., les plis que nous venons de décrire, on voit la rapidité de pendage des retombées anticlinales diminuer peu à peu, de telle façon qu'à la hauteur de Po-shi les plis se fondent lentement dans un grand plateau de calcaire dévonien carbonifère et permien où les couches sont non pas tout à fait horizontales, mais offrent une courbure à rayon très faible. Il semblerait, si l'on se bornait à l'étude d'un point semblable, que la région est peu plissée ; mais, cette illusion disparaît aussitôt que l'on se reporte aux bordures de cette région ; d'une part au voisinage de la faille de Lou-nan, de l'autre Géologie structurale près de la bordure de la région triasique aux environs de Mi-leu. Dans le second cas, on voit comme je l'ai décrit précédemment et montré dans les coupes fig. 92 .(atlas) les couches de cette grande région calcaire se replier brusquementsurelles-mêmes enfermant des plis compliqués et le Trias inférieur et moyen s'enfoncer sous elle avec un pendage assez faible ; on a l'impression, que les faits affirment, que l'ensem¬ ble de la région calcaire formant plateau a été poussé en bloc sur la région triasique, en se ridant sur le front de charriage en plis à axes parallèles et naturellement normaux au sens du cheminement. A l'ouest de même, la tranquillité des couches calcaires du Dévonien moyen et supérieur de l'Ouralien transgressif sur lui et du Permien inférieur et moyen, si bien marquée dans la région de Mo-pe-tchong, Sié-si-fé, Che-mo, cesse brusquement : un long pli fortement déversé vers l'est-sud-est se couche contre cette zone tranquille ; on le suit sur une grande longueur, depuis les environs de Si-tché-yi jusqu'à l'ouest de Ta- pong-pou ; le meilleur point d'observation est la route muletière de Po-shi à Wéi-téou-chann où on recoupe ce pli dans les conditions indiquées par les figures 50 et 95 (atlas) ; l'axe de ce long pli est coupé parallèlement à son allongement par la faille de Lou-nan, de sorte qu'à l'est,il chevauche la zone tranquille de Che-mo et de Mo-chien-tsin, tandis qu'à l'O. la faille l'interrompt brusquement en donnant naissance à une dénivellation très forte. La carte géologique, montre bien l'allure de ce long plissement et la façon dont les différentes bandes de terrain qui s'étagent de l'Ouralien au Permien tout à fait supérieur (basaltes) viennent disparaître contre la faille de Lou-nan. Ainsi, entre Po-shi et Mi-leu la zone des plateaux de Mo-chien-tsin est limitée à l'est et à l'ouest par deux bandes de dislocations intenses, contrastant très vivement avec l'aspect quasi horizontal des strates. L'analyse des plis permet de reconstituer ainsi que le montre fig.95 (atlas) le mécanisme schématique de la formation de cette structure. La région des plateaux est poussée sur la région triasique orientale, et sur elle-même est poussée la zone orientale, les plissements atteignant une intensité considérable sur la bordure de chacune de ces grandes écailles. Nous allons voir ce type de structure se répéter. La zone tranquille se poursuit largement au nord de Che-mo et de Mo-chien-tsin ; j'ai déjà montré (fig. 51 atlas) l'allure des couches dévoniennes (Dévonien moyen et supérieur) et du Permien (calcaires à Doliolines, poudingues, grès rouges et basaltes) ; un accident tectonique, mais qui n'est pas de l'ordre des plissements, se montre sous forme de la grande faille, dite de Lan-nin-tsin qui, presque parallèlement à l'axe des plis subdivise la région que nous étudions en deux zones parallèles ayant joué dans le sens vertical l'une par rapport à l'autre ; la dénivellation occasionnée provoque la prépondérance des affleure¬ ments permiens à l'ouest, tandis que dans la bande orientale ce sont les formations dévoniennes qui affleurent surtout. Prenons une nouvelle section parallèle à celle de Wéi-téou-chann à 'Hoa-keuou, à la hauteur de Ta-me-ti, en partant à l'ouest de la faille de Lou-nan. On traverse d'abord une région de plateaux très faiblement ondulée sur une largeur de 10 km. environ, formée en majeure partie par les grès rouges de Lou-nan (Permien supérieur reposant sur les poudingues /",, normalement superposés eux-mêmes aux calcaires à Doliolines du Permien moyen, ou au Dévonien même, en cas d'ablation des calcaires permiens par l'érosion postérieure à leur dépôt et antérieure à celui des grès rouges (phase épéirogénique du Permien supérieur). Près de le-ma-tchai, ces couches dessinent un vaste synclinal à rayon très faible ; près de Mao-chouéi-tong, les couches faiblement relevées butent par l'intermédiaire de la faille de Lan- nin-tsin contre le Dévonien moyen. Dans toute la région située entre Ta-me-ti et Mao-chouéi-tong, le Dévonien moyen offre l'allure que nous avons déjà décrite entre Mo-chien-tsin et Che-mo plus au sud; géographiquement à peine incliné vers le N.-O., de quelques degrés seulement il forme un vaste plateau percé de gouffres, monotone, sans saillies appréciables ; à l'est nous trouvons le Dévonien supérieur, prolongement de la bande de Mo-chien-tsin formant une zone de pitons et de dolines ; les conditions restent donc les mêmes qu'au sud. Le Dévonien supérieur forme une bande horizontale jusqu'à la hauteur de Ta-me-ti; mais à l'est de ce village, ces terrains presque horizontaux passent tout à coup, sans transitions, à une bande de terrains excessivement plissés (V. fig. 26 atlas). La coupe figurée est suffisam¬ ment explicite par elle-même pour me dispenser de longues explications ; il y a évidemment dans cette région superposition de mouvements orogéniques et épéirogéniques importants d'âge différent ; la suppres¬ sion complète par endroits de séries énormes, suppression permettant au grès du Permien supérieur de reposer directement sur le Dévonien supérieur, tandis qu'à proximité ces mêmes étages existent, témoignant d'un puissant mouvement du Permien supérieur, mais les efforts orogéniques himalayens 276 J. Deprat, Géologie générale ont repris l'ensemble de telle façon qu'il est absolument impossible de retracer les orientations primitives antérieures aux directrices himalayennes ; rien ne prouve du reste qu'elles aient été différentes de celles- ci et tout milite au contraire en faveur d'une hypothèse admettant qu'il y a superposition exacte des mou¬ vements d'âge différent. La coupe fig. 26 (atlas) est très instructive ; outre cette série de plis parallèles très accusés, plus ou moins déversés, elle nous montre de nouveau des phénomènes de charriage importants vers la bordure de la région paléozoïque. Si l'on consulte, en effet, la carte géologique au 1 : 200.000, on voit s'intercaler entre la faille qui borde à l'ouest le Hoa-tong-chann et un plan de charriage, une série de schistes marnogréseux du Dévonien inférieur, et peut-être du Cambrien, apparaissant à travers une large fenêtre d'érosion ; ce complexe apparaît comme une masse de couches complètement contour¬ nées, écrasées, comprimées, où les pendages offrent la plus grande incohérence, variant complètement d'orientation sur quelques mètres ; l'ensemble de cette série s'enfonce à l'ouest sous les couches dévonien- nes moyennes nullement déformées supportant le Dévonien supérieur et offrant une régularité de pente remarquable ; pour qui, par exemple, vient de Sin-tchai à Ho-i, ceci est très évident : on descend lentement dans le Dévonien supérieur d'abord, dans le Dévonien moyen ensuite, une pente contraire aux pendages et permettant de vérifier dans cette section la tranquillité de ces calcaires à pendage régulier et on aurait l'impression que cette région est des moins bouleversées, si près de Ho-i on n'abordait brusquement la bande cambrio-dévonienne inférieure disloquée. On a dès lors l'impression que toute la région à l'ouest du pli-faille a été poussée en bloc sur le Dévonien inférieur et le Cambrien en les écrasant, et le mécanis¬ me de ce mouvement se conçoit immédiatement, si l'on considère que le Dévonien moyen et supérieur sont en grande partie formés d'énormes masses calcaires, auxquelles succèdent l'Ouralien et le Permien non moins épais et calcaires presque jusqu'en haut de la série. Il en résulte que le Dévonien inférieur et le Cambrien étant au contraire formés de terrains plutôt d'une grande plasticité, ces deux séries lithologiques superposées ne se sont pas plissées de la même façon ; la série calcaire s'est décollée et a glissé en bloc sur le substratum gréso-marneux en l'écrasant ; ces mouvements à rapporter à la phase himalayenne se sont du reste superposés à des mouvements permiens précédés eux-mêmes par la phase moscovienne. Ainsi la coupe de Ta-me-ti au Hoa-tong-chann nous montre une zone vivement plissée, succédant aux plateaux tranquilles d'entre la faille de Lou-nan et Ta-me-ti et poussée à l'est avec charriage sur le Dévo¬ nien moyen et le Cambrien de Ho-i. En suivant vers le N.-N.-E. la bande cambro-dévonienne inférieure, on la voit se prolonger avec les mêmes caractères d'écrasement vers Mo-tou-tsin ; dans la montée de Ho-i à Mo-tou-tsin notamment on observe avec la plus grande netteté les phénomènes de compression intense auxquels elle a été soumise ; au delà de Mo-tou-tsin, vers le nord, le faciès d'écrasement s'atténue lentement ; à une dizaine de kilo¬ mètres à peu près, il a totalement disparu et le Dévonien inférieur présente un faciès absolument normal à la hauteur de la route de Tchao-koua à Yi-léang ; ce n'est donc que plus au sud que la poussée a été suf¬ fisante pour faire chevaucher le Dévonien calcaire en le faisant glisser par décollement sur les terrains infé¬ rieurs, tandis qu'au nord tout est resté tranquille. La coupe de Tou-tza à la faille de Lou-nan par Tchao-koua et Tien-sen-kouang montre une atté¬ nuation complète des dislocations méridionales, et les grands mouvements tectoniques disparaissent. J'ai décrit déjà dans la Stratigraphie une série de coupes (fig. 27,28, atlas) très typiques à cet égard ; mais si cette région offre des plissements himalayens très peu accentués, en revanche elle nous montre des acci¬ dents permiens très nets, où le grès rouge du Permien supérieur repose en discordance marquée sur les plis décapités du Dévonien (entre Tchao-koua et Pa-mao-tseu, voir coupe fig. 53 atlas) ou du Permien inférieur (voir coupe des environs de Tien-sen-kouang, fig. 33 atlas). Entre la région de Tchao-koua et Pa-mao-tseu les seuls accidents importants relativement récents se réduisent à de grands failles radiales ; Tchao-koua même se trouve situé dans une région de Dévonien moyen recouverte en discordance par les grès rouges r,,, du Permien supérieur et formant une bande écroulée entre deux fractures rapprochées, fractures qui représentent les deux rameaux parallèles prolon¬ geant au N.-N.-E. la grande faille d'A-mi-tchéou à Mi-leu,qui sépare la région triasique de la région pa- léozoique, la bifurcation se produisant à l'extrémité sud du Hoa-tong-chann. A l'est du rameau occidental, qui passe à 600 mètres à peine des dernières maisons de Tchao-koua, on traverse jusqu'à Pa-mao-tseu une série de collines aux formes adoucies séparées par des vallonnements larges et peu profonds formés par le Dévonien moyen et inférieur qui constitue jusqu'à Pa-mao-tseu un anticlinal et un synclinal à très Géologie structurale 277 faible courbure, compliqués de petites ondulations secondaires ; la figure 27 de l'atlas rend compte de cette structure simple qui se poursuit à l'ouest dans la région de Ta-hi-ti et vers Tien-sen-kouang. Un peu à l'est de Tien-sen-kouang la série dévonienne est brusquement interrompue par le prolonge¬ ment N. N. E. de l'importante faille de Lan-nin-tsin ; entre elle et la faille de Lou-nan, nous retrouvons le prolongement N. N. E. des formations permiennes que nous avons vu constituer une région d'allure très simple, à peine ondulée, aux environs de Ie-ma-tchai ; mais ici les plis s'accusent davantage ; la coupe que l'on peut relever de la faille de Lan-nin-tsin àHo-mo-tchan par Tien-sen-kouang présente un intérêt remarquable en ce sens quelle offre les traces nettes de trois mouvements orogéniques d'âge différent (se reporter à la figure 33 atlas) : en effet, comme l'indique la coupe fig. 47 (atlas) un anticlinal à faible rayon se présente entre Ho-mo-tchan et Tien-sen-kouang, anticlinal dont l'axe est occupé par le Dinantien fossilifère. Dans la retombée orientale de cet anticlinal on voit (fig. 33 atlas) les couches dinantiennes biseautées par l'Ouralien à Schwagerina princeps; nous constatons ici le résultat des mouvements orogéni¬ ques moscoviens et la suppression de toute lasérie des terrains depuis la base du Moscovien jusqu'au milieu de l'Ouralien ; ce dernier étage supporte l'Artinskien de Tien-sen-kouang et le tout est plissé en synclinal; or, sur ce synclinal s'étendent trangressivement à l'est du village, en biseautant nettement les couches cal¬ caires artinskiennes, les grès rouges permiens r,,, ; nous vérifions donc l'existence d'un second mouve¬ ment orogénique appartenant au Permien supérieur, ayant provoqué l'ablation par érosion des calcaires permiens moyens en ce point : enfin, nous avons la preuve d'un troisième mouvement important ayant vive¬ ment plissé les grès et marnes permiens, ainsi les notions que nous avons posées au début de cette partie de notre Mémoire, au sujet de la succession dans le temps géologiques de mouvements orogéniques à des époques différents trouve en ce point une démonstration appuyée sur des faits incontestables. Au N. du Si-chann-ta-'ho les plis précédents s'atténuent de nouveau et à l'est de la faille de Lou-nan, qui se prolonge jusqu'à la hauteur de Ma-long-tchéou, on n'observe plus guère que le Permien, divisé en deux régions par le prolongement N.N. E. de la fracture de Lan-nin-tsin àl'ouest de laquelle affleurent sur¬ tout les calcaires artinskiens dans lesquels le Si-chann-ta-'ho a creusé son profond canyon-cluse au nord d'Ho-mo-tchan, tandis qu'à l'est, la majeure partie des affleurements est formée par les grès rouges et les marnes r,,, du Permien supérieur, largement développés autour de Lou-léang, mais médiocrement ondulés. Je n'ai pas poursuivi plus loin l'étude de cette région et j'ai abandonné les fractures de Lou-nan et de Lan-nin-tsin sans savoir ce qu'elles deviennent au N. N. E. Si nous cherchons maintenant à résumer brièvement l'allure générale de cette bande de plis nous pour¬ rons le faire comme suit : complètement encadrée par des failles très importantes elle offre dans sa partie méridionale entre A-mi-tchéou et Si-tché-yi des plis très accusés d'orientation N. N. E. ; entre Mi-leu et Po-shi, ces plis s'atténuent et disparaissent presque complètement, la région ne présentant plus que de faibles ondulations. Ces conditions se prolongent au N. N. E. dans la région de Lou-nan, puis entre Tchao- koua et la faille de Lou-nan des plissements réguliers à faible courbure se dessinent, aux axes orientés également N. N. E ; qui restent peu accentués au delà de Lou-léang. A l'est elle est bordée par une zone de plis accusant des efforts énergiques et offre des phénomènes de charriage à partir des environs de Mi-leu. B). — Zone plissèe entre la faille de Lou-nan et la zone de fracture des lacs. Cette bande offre des dislocations très considérables. Elle jalonne à peu près la bordure de la région émergée à l'est pendant les mouvements moscoviens et permiens supérieurs et pendant chacune de ces périodes de plissement, elle a fortement rejoué, d'où superposition de dislocations, de sorte que l'ensemble est arrivé à un degré de complication des plus grands ; la description sera nécessairement un peu confuse car ici encore, il n'existe aucune chaîne bien délimitée et les accidents tectoniques se fondent insensible¬ ment les uns dans les autres. «. Région entre Lin-ngan et Tong-'hai : A l'est de Lin-ngan passe un chaînon séparant le bassin lacustre de Mien-tien de celui de Lin-ngan, et à travers lequel le Lin-ngan-'ho s'est percé un passage • souterrain transversal au pli (fig. 6 atlas). Ce chaînon correspond exactement à un anticlinal à retombées 278 .1. Deprat, Géologie générale rapides au N. N. O. et au S. S. E. ; il est enveloppé de part et d'autre par les terrains lacustres et fluvio¬ lacustres du Pliocène supérieur et du Quaternaire ; c'est un bombement de calcaires compacts ou légèrement marneux du Dévonien moyen ; ce même Dévonien reparaît au N. O. du bassin de Lin-ngan, le long de la chaîne montagneuse qui le borde, en se montrant dans des points où l'érosion a déblayé les formations quaternaires (loess ou alluvions) qui le recouvrent. Cette bande dévonienne largement plissée en anticlinaux et synclinaux à retombées verticales ou voisines de cette direction et ainsi partiellement masquées par les formations pliopleistocènes est coupée à l'ouest du bassin de Mien-tien par la prolon¬ gation de la grande faille de Lou-nan. De ce côté, la structure est donc relativement simple ; mais au N. E., il n'en est plus de même et entre Nan-tchouan et Leng-chouei-keuou passe un contact anormal qui fait chevaucher le Dévonien inférieur marneux accompagné de Cambrien gréso-marneux sur le Dévonien inférieur du bassin de Lin-ngan. Lame charriée cambrïenne. — La coupe fig. 168 (atlas) montre ainsi une lame de terrains écrasés poussée sur le Dévonien moyen ; en arrière sur cette bande cambro-dévonienne inférieure est poussée l'épaisse masse des grès inférieurs cambriens ; l'état de dislocation du complexe cambro-dévonien infé¬ rieur est remarquable ; les schistes marneux et les bancs gréseux sont laminés et contournés en tous sens, hachés de plans d'interruption faisant buter des directions quelconques entre elles ; nous retrouvons complètement ce que nous avons déjà observé dans le complexe cambrio-dévonien inférieur écrasé de la région de Ho-i et de Mo-tou-tsin ; cette allure s'observe très bien dans la montée qui élève rapidement la piste muletière au N. de Nan-tchouang et d'autant mieux que le terrain est complètement dénudé, sans trace de terre végétale et très accidenté. La masse des grès du Cambrien inférieur poussée sur le complexe gréso-marneux qui stratigraphiquement lui est supérieur est relativement peu plissée et paraît poussée en bloc sur ce dernier. La masse cambro-dévonienne inférieure forme donc nettement une lame poussée sur le Dévonien moyen régulièrement plissé et écrasée par les grès s1 ; la coupe fig. 168 (atlas), est explicite à cet égard. 11 y a probablement ici superposition de deux mouvements orogéniques différents, d'une part les plissements du Dévonien déjà esquissés pendant le Moscovien et le Permien, de l'autre les mouvements orogéniques himalayens qui ont provoqué les phénomènes de charriage. Écaille cle charriage entre Leng-chouéi-keuoii et Tong-'hcii. — En arrière de cette lame charriée toute une série d'autres écailles plissées formées de Moscovien et dont les plissements sont généralement déversés vers le S. E. s'échelonnent entre Leng-chouéi-keuou et Tong-'hai. Lin peu au N. E. de Leng- chouéi-keuou passe un premier contact anormal faisant reposer le Moscovien calcaire, h,a sur les grès cambriens Si dans les conditions représentées par la figure précitée ; ces calcaires sont très fortement plissés et forment dans leur ensemble un pli couché synclinal sur le flanc renversé duquel reposent les grès h, dont l'épaisse masse forme dans la série stratigraphique la base du Moscovien ; en arrière, entre la barre formée par l'affleurement calcaire et la dépression de Kouan-in comblée par les dépôts pliopléisto— cènes s'étendent largement les grès /t, très fortement plissés en multiples ondulations, généralement assez étroites, déversées ou non ; en faisant abstraction des nombreux plis secondaires, l'ensemble constitue un vaste pli déversé vers le S. E. formant une nappe charriée sur les grès cambriens de Leng-chouéi-keuou, avec suppression complète de tous les terrains entre le Moscovien inférieur et le Cambrien inférieur; au con - tact même des grès cambriens, il y a même suppression des grès inférieurs moscoviens h, et contact direct des calcaires h,a avec le Cambrien. — Les grès rouges moscoviens inférieurs plissés passent sous la masse pliopléistocène de la dépression de Kouan-in, puis sur le flanc sud de la chaîne qui la borde un autre plan de charriage montre une nouvelle écaille poussée sur la précédente. Elle est formée également de Mos¬ covien très plissé ainsi que le montre la figure 168 (atlas) ; l'horizon h,a reposant en discordance tec¬ tonique complète sur les tranches relevées de h,. Entre Héou-kia-tsin et Tchong-ho-pou passe un nouveau contact anormal, mais peu important; en arrière toute la région montagneuse qui porte le nom de Hoang-tong-chann se montre plissée fortement, les calcaires h,a formant des synclinaux étroits aux flancs pourvus d'un pendage très rapide, pincés entre des anticlinaux de grès moscovien inférieur h,. Entre Cha-pa-keuou et Kouan-pin-tien les pendages deviennent complètement verticaux. A Kouan-pin-tien passe une faille radiale, prolongement de la zone de fracture des lacs, mettant en contact l'Ouralien inférieur à Fusulina brevicala pourvu d'un pendage sud-sud-est, avec les grès rouges verticaux. Géologie structurale 279 Ainsi, en dehors des plissements proprement dits qui les affectent, les terrains situés entre la faille de Lou-nan et l'extrémité de la zone de fracture des grands lacs, c'est-à-dire entre Lin-ngan, et les environs de Tong-'hai, offrent des phénomènes de charriages très accusés ; toute cette région est formée en som¬ me d'écaillés se chevauchant successivement, le bord sud-oriental de chacune d'entre elle avançant sur celle qui lui fait suite au sud-est ; mais chacune de ces écailles est elle-même un ensemble de plis souvent assez compliqués. Les étirements amenant la suppression de séries énormes d'étages sont la règle sur le front de chaque écaille. Les axes des plissements sont orientés N. E., S. O. dans la région de Lin-ngan, mais vers Tong-'hai, ils montrent souvent une direction O. S. O. et même des tendances locales à passer complètement à l'ouest. Au contraire, quand on s'éloigne vers l'est, vers le Tié-tchen-'ho (branche nord-sud du Pa-ta-'ho) la direction générale est N. N. E. Il y a donc au Yunnan une virgation de certains plis ; nous montrerons que cette virgation se complète dans la région occidentale par un redressement vers le N. O. (3. Région du Tong-ehann-long-tsiuen : Si nous poursuivons vers le N. N. E. l'étude de la zone de dislocations précédentes, nous la voyons, dans les montagnes du Tong-chann-long-tsiuen, entre la faille de Lou-nan et Tong-'hai offrir des caractères tout à fait semblables. La bande de Dévonien moyen que nous avons vu former le substratum du bassin de Lin-ngan se poursuit le long de la faille de Lou-nan qui la met en contact avec l'Ouralien à Fusulina multiseptata du synclinal du lac de Tsin-chouéi-tang (fig. 43 atlas). La bande dévonienne est ici très disloquée ; il suffit de se reporter à la fig. 93 (atlas) pours'en rendre compte aussitôt ; au N. de Wou-lou-si-chou, entre ce village et Lao-yun, on trouve le Dévonien moyen plissé et recouvert en transgression discordante par l'Ouralien ; ce point nous montre encore ici les traces du mouvement orogénique moscovien ; le Dévonien moyen est plissé en un synclinal assez contourné dans lequel apparaissent les termes C/4-4CÏ-46 (Givétien) formant l'axe du synclinal, et reposant sur l'horizon calcaréo-marneux à Nucleospira takwanensis d$b, lui-même succédant aux couches à Calcéoles d$ci ; or le flanc nord-ouest de ce synclinal est renversé vers le S. E. et le terme d$a (Eifélien) est séparé par la faille de Lou-nan du Dévonien inférieur à Spirifer Jouberti qui forme une suite de collines très arrondies (d'une altitude moyenne de 1960 m); en arrière encore, un peu avant Lao-yun le Dévonien inférieur gréso-marneux dl accompagné de Cambrien gréso-marneux apparaît poussé sur le Dévonien ci26. Nous y retrouvons les mêmes conditions que dans la bande d'entre Nan-tchouang et Leng-chouéi-keuou dont elle n'est du reste qu'un prolongement : ce sont les mêmes contournements extraordinaires, le même écrasement ; entre Lao- yun et Ki-tse-tchong de profonds ravins permettent d'étudier nettement la manière d'être de cette formation et on reconnaît qu'elle est formée d'une série d'écaillés empilées, dans lesquelles Lécrasement et le plissot— tement à l'excès des schistes marneux et des bancs gréso-marneux intercalés est la règle ; la fig. 9 (atlas) montre l'allure de ces écailles toutes couchées vers le S. E. ou le S. S. E. La coupe est prise entièrement à l'ouest de la grande faille de Lou-nan. — L'allure des terrains y est indiquée avec détail et n'a pu être figurée sur la carte. On suit la bande cambro-dévonienne avec les mêmes caractères dans la région de Mo- kou ; à trois kilomètres à l'est de ce village elle est interrompue par la faille de Lou-nan. Sa largeur est considérable. Un peu au N. de Ki-tse-tchong, elle s'enfonce sous un massif calcaire formant couverture. Ce calcaire peu épais, très bréchoïde, appartient au Cambrien ; il offre aussi des traces de dynamométamorphisme intense et forme une écaille superposée au Cambrien argilo-gréseux et au Dévonien inférieur qui l'accom¬ pagne alors que stratigraphiquement, il lui est inférieur. Ainsi, de la bordure nord du bassin de Lin-ngan jusque dans la région de Mo-kou, c'est-à-dire sur une longueur de plus de 40 km. se poursuit cette lame de Cambro-Dévonien inférieur chevauchant le Dévonien moyen (lui-même décomposé en écailles superposées dans les environs de Lao-yun) vraiment remarquable par l'intensité du laminage, de l'écrasement, de l'incohérence des pendages, épaisse en certains points de plus de 1.000 mètres et formée dans la région de Ki-tse-tchong d'une masse d'écaillés de toutes longueurs et de toutes épaisseurs, dans lesquelles tous les niveaux sont mis en vrac ; c'est peut-être une des régions qui démontrent le plus clairement que les écailles empilées peuvent être tout autre chose que des plis exagérés, rompus à leur charnière et charriés ensuite, mais qu'elles peuvent être des décollements d'énor¬ mes surfaces poussées les unes sur les autres ; et le Yun-nan oriental surtout offre à un degré considérable J. Deprat, Géologie générale ce genre de structure, puisque sur presque toute sa largeur, il se montre formé d'écaillés énormes dont certaines constituent parfois un pays tout entier et sont elles-mêmes composées de plis complexes. Au N. O. la bande cambro-dévonienne inférieure est limitée comme dans la région de Leng-chouéi- keuou par un contact anormal qui est le prolongement de celui que nous avons observé un peu au N. de ce village ; mais ici au lieu que ce soit le Moscovien qui surmonte anormalement le complexe cambrien et dévonien inférieur, le Dévonien moyen vient s'y intercaler et la situation se complique du fait que l'Ouralien vient surmonter en transgression le Dévonien moyen. En arrière dans le Kan-yun-chann, nous retrouvons la prolongation des bandes de terrain moscovien recoupées entre Kouan-in et Tong-'hai et ici encore, elles forment une série d'énormes écailles plissés se chevauchant vers le S. E. D'une façon générale dans cette nouvelle section que nous venons de décrire la structure reste la même. 7 Plissements dans la région de Po-shi et entre Po-shi et le lac de Teh'eng-kiang : Les plisse¬ ments tout en restant extrêmement accusés au sud de Po-shi n'offrent plus les mêmes phénomènes de recouvrement aussi intenses qu'au S. S. O. et à la hauteur de Ta-ka-la les couches du complexe cambrien dévonien inférieur se redressent, et tout en restant écrasées et dans un état de dislocation complet ne chevauchent plus le Dévonien moyen de la même façon ; le charriage s'accuse ainsi à mesure que l'on progresse dans le S. S. O. Dans la région de Ta-ka-la le Dévonien inférieur et le Cambrien sont plissés en étroits isoclinaux verticaux écrasés et l'on se rend très bien compte comment au S. S. O. vers Mo-kou et Ki-tse-tchong ces isoclinaux se renversent vers l'O. S. O. et la poussée augmentant se sont disloqués en écailles qui se chevauchent. Entre Ta-ka-la et 'He-mo une bande de calcaire givétien à Stringocéphales apparaît dans l'axe d'un synclinal étroit fortement pincé dans le Dévonien inférieur ; dans le Houo-chann (région très montagneuse comprise dans l'angle du confluent du Kiou-kiang (ou Po-shi-kiang) et du Tié-tchen-'ho), à la hauteur de 'He-mo et de Je-chouéi-tang, on observe la coupe suivante : le Dévonien moyen forme à la hauteur de la station de Je-chouéi-tang dans la vallée du Tié-tchen-'ho un synclinal qui bute à l'est contre la faille de Lou-nan et qui à l'ouest se relève en anticlinal dont l'axe est occupé par du Dévonien inférieur ; un nouveau synclinal de Dévonien moyen et de Dévonien inférieur sous jacent s'étend à l'ouest et sous le village de 'He-mo qui se trouve sur son flanc occidental ; une faille parallèle aux plis coupe brusquement cette série dans la montée derrière 'He-mo à l'ouest et le Cambrien argilo-gréseux plissé fortement bute en discordance tectonique contre le Dévonien inférieur d\. Je renverrai pour ces faits à la coupe fig. 8 (atlas). Cette même coupe prolongée à l'O. montre le Cambrien formant, entre la faille de 'He-mo et le Po-shi-kiang, une bande fortement plissée sur elle-même et contre laquelle un contact anormal pousse le Dévonien moyen très plissé également. Toute cette région porte les traces de refoulements intenses; lorsqu'on entre dans l'étude minutieuse des plis, on voit les assises se laminer complètement par endroits pour reparaître un peu plus loin ; de multiples exemples de ce genre s'observent entre Je-chouéi-tang et la plaine de Po-shi où les laminages atteignent une puissance énorme ; de beaux exemples s'observent dans la vallée même du Tié-tchen-'ho aux flancs rapides et dénudés ; un des plus intéressants consiste dans la disparition par étirement du Dévonien inférieur entre deux parois de Dévonien moyen, dans les conditions présentées par la figure 24 (atlas), sans qu'il reste la moindre trace des schistes et grès de cet étage ; cet exemple se voit nettement sur la rive droite du Tié-tchen-'ho, au grand coude après la sortie de la plaine de Po-shi ; en d'autres points on trouve certains niveaux réduits à des lentilles s'amincissant et disparaissant de part et d'autres dans les plans d'étirement ; partout, dans les hautes bosses arrondies qui forment l'angle du confluent du Tié-tchen-'ho et du Kiou-kiang, les contournements des couches sont fantastiques. Superposition de plissements d'âge différent dans la région de Po-shi. — Entre Si-eul et Po-shi toute une série de bandes dévoniennes plissées traversent en écharpe la vallée nord-sud du Tié-tchen-'ho ; au N. N. E. elles viennent se terminer en biseau contre la faille de Lou-nan qui fait buter successivement les divers horizons dévoniens avec le Permien supérieur ou moyen ; donc dénivellation énorme. A l'ouest de Po-shi ces bandes dévoniennes viennent successivement s'enfouir sous la masse des Géologie structurale 281 hautes chaînes calcaires qui surplombent la vallée de Po-shi et forment les montagnes du Tien-ma-chann et du Wang-song-chann, et dans lesquelles la série stratigraphique débute par l'Ouralien supérieur qui repose transgressivement sur le Dévonien déjà plissé lors des efforts orogéniques moscoviens, avec sup¬ pression du Moscovien et de l'Ouralien inférieur (horizons h3 et /14). Les trois figures 97 A, B et C de l'atlas montrent parfaitement cette structure. Les plis très accusés dans lesquels affleurent surtout les horizons dévoniens viennent tour à tour, à l'ouest de Po-shi disparaître sous l'Ouralien discordant. A l'appui de cette manière de voir, je vais décrire trois coupes parallèles à tra¬ vers le Tien-ma-chann et le Wang-song-chann. Coupe A. — La première coupe, légèrement oblique à la direction des plis N. N. E. est orientée O. E. Je l'ai fait passer par la vallée du Kiou-kiang ou Po-shi-kiang très peu en amont de son confluent avec le Tié-tchen-'ho, par la partie culminante du Tien-ma-chann un peu au sud du chemin de Po-shi à Ninh-tchéou, et par Ninh-tchéou. La coupe débute par un anticlinal aux flancs rapides dont le noyau est occupé par la partie tout à fait supérieur du Dévonien inférieur ; cet anticlinal est occupé par une vallée combe installée dans la voûte de l'anticlinal ; le flanc oriental est occupé par une série normale de Dévo¬ nien moyen s'étageant des couches à Calcéoles jusqu'en haut du calcaire à Stringocéphales, les horizons les plus résistants à l'érosion forment des barres parallèles très aiguës, séparées par d'étroites combes parallèles comme le démontre la fig. 97 A (atlas); l'érosion a donné en général comme pente naturelle le pendage même des calcaires dévoniens. Au contraire à l'ouest sur les tranches dévoniennes pourvues d'un pendage faisant un angle de 30° avec la verticale, reposent en discordance complète les calcaires ouraliens, de telle façon que sans qu'aucune discordance tectonique ne puisse être invoquée et les calcaires ouraliens débutant par un poudingue, ces derniers forment avec les couches dévoniennes qu'ils biseautent un angle de 200 au moins. L'Ouralien complè.tement calcaire, formé des horizons /15 à hça et supportant les calcaires permiens inférieurs et moyens est très plissé en un synclinal complexe, synclinorium à plis secondaires offrant à l'est un anticlinal très accusé. Ce synclinal est brusquement interrompu à l'ouest par une faille radiale qui se place exactement dans son axe ; à l'ouest de cette faille la série stratigraphique change complètement et c'est le Moscovien qui affleure sur une largeur énorme ; la dénivellation occasionnée par la faille est donc assez considérable puisqu'elle met en contact les calcaires artinskiens et les grès supé¬ rieurs h,b moscoviens ; le contact de la faille est des plus nets, notamment dans la montée de Ninh-tchéou au col qui surplombe la plaine de Po-shi (Chouéi-tin-tchao 2270 m ) ; au-dessous de Chouéi-tin-tchao le sentier muletier longe dans les grès moscoviens h,b un ravin profond dans lequel passe la faille, ravin installé au contact des calcaires permiens et des grès et qui a mis à découvert ce contact de façon à per¬ mettre une très facile étude de la faille ; le ravin est surplombé par les à-pics et les sommets en forme de capuchons ouraliens et permiens d'un aspect très imposant ; les calcaires presque verticaux offrent des miroirs de friction très nets ; du côté ouest les grès /i,6 plongent verticalement aussi comme l'indique la figure et un banc de labradorite intercalée dans les grès du Moscovien h,b vient par endroits se plaquer contre les calcaires et offre dans la faille de beaux miroirs striés. En s'éloignant de la faille de Chouéi- tin-tchao, on voit les grès rougeâtres très micacés h,b reprendre tout à coup une direction presque horizontale, ce qui leur donne l'allure d'un pli coudé à angle droit, formant un monoclinal parfait. A la hauteur de Sao-ki-tchai, les grès h,b se relèvent très légèrement vers l'O. N. O. ; puis à la descente sur la plaine de Po-shi, on recoupe une série normale; les calcaires moscoviens à Fusulinelles h,a plongeant sous les grès h, b. La petite plaine de Ninh-tchéou est comprise entre deux petites failles d'effondrement qui ont amené comme le montre la figure A, l'abaissement d'une voûte anticlinal mosco- vienne entre les deux failles ('). A l'ouest de Ninh-tchéou, le Moscovien forme un grand mouvement anticlinal N. N. E. interrompu à l'ouest par la zone de fracture du lac de Tong-'hai qui appartient à la grande zone de fracture des lacs orientaux. Ainsi cette coupe montre avec une grande évidence la superposition de mouvements d'âges différents ; l'Ouralien reposant en transgression ascendante sur le Moscovien antérieurement plissé et ayant été ensuite à son tour fortement plissé. La coupe nous montre aussi les failles du Pliocène supérieur. On (!) Je n'ai pas figuré sur la carte d'échelle trop restreinte, ces deux accidents locaux peu importants. 282 J. Deprat, Géologie générale remarquera la rapide disparition, sur une longueur extrêmement courte, des dépôts moscoviens qui, épais sous Ninh-tchéou, disparaissent brusquement sur l'axe géographique de la chaîne du Tien-ma-chann, et à l'est de cet axe, sur le versant de Po-shi manquent totalement. Ceci est dû à l'érosion énergique qui a suivi les efforts orogéniques moscoviens et qui s'est exercée pendant la fin du Moscovienet le début de l'Ouralien ; nous reverrons encore exactement le même fait dans toutes les autres coupes de la région et j'ai essayé dans la fig. 98 (atlas), figure théorique, mais construite sur les données mêmes des autres coupes, de rétablir l'allure des couches avant les grands effondrements pliocènes. On y voit nettement deux surfaces d'érosion ; l'une, de la fin du Moscovien et comme je l'ai indiqué dans l'étude stratigraphique s'étant achevée pendant le début de l'Ouralien, indique nettement la présence d'importants plissements arasés et recouverts ensuite transgressivement par les calcaires ouraliens supérieurs ; la seconde arasant le Permien moyen et les terrains sous jacents provoquant la formation de l'énorme masse de poudingues du Permien supérieur, suivie du dépôt des grès rouges. Pour plus de clarté je n'ai pas tenu compte dans cette restauration de la puissante pénéplanation antéhimalayenne. Coupe B. — La coupe 97 B (atlas) parallèle à celle du Po-shi-kiang ou Kiou-kiang à Ninh-tchéou et passant par le Tien-ma-chann, également à quelques kilomètres au N. de la précédente, montre les plis agencés de la façon suivante. L'axe anticlinal dévonien que nous avons décrit dans la coupe précédente vient par suite de sa direction N. N. E. se terminer tout près de Po-shi contre la vallée du Tié-tchen-'ho ; le Dévonien inférieur qui forme le noyau de l'anticlinal vient ainsi disparaître sous les alluvions de la plaine de Po-shi. Il est relayé par un synclinal dont l'axe est occupé par le Dévonien moyen, (droite de la fig. 97 B atlas), synclinal qui, à l'ouest, disparaît sous la transgression de l'Ouralien supérieur dont les calcaires reposent presque à 90° sur les tranches très relevées du Dévonien ; ici, la formation de plis importants et leur arasion antérieurement à la transgression des calcaires ouraliens à Productus et à Sckwagerina princeps est encore évidente. En arrière, vers l'ouest un synclinal de calcaires ouralopermiens succède au pli précédent ; son axe est parallèle à celui des plis antéouraliens, il est renversé fortement vers l'est-sud-est ; il suffit de regarder la coupe pour se rendre compte ici encore que les deux groupes de plis sont d'âge absolument différent. A l'ouest s'étend sur une large surface une succession de bandes de terrains moscoviens très plissés et déjetées vers l'est-sud-est ; en arrière encore, au voisinage du prolongement sud-sud-ouest de la faille de Tou-la-houé, on retrouve l'Ouralien transgressif ici sur le Moscovien. Ainsi cette coupe, avec des variantes dans la forme des plis, retrace exactement la succession des faits observés dans la coupe A de la fig. 97 (atlas). Coupe C. — La coupe C de la même fig. 97 (atlas) va compléter ces données de la façon la plus nette ; entre la plaine de Po-shi et les escarpements calcaires du manteau ouralo-permien de la région de Mo-pe-tchong l'érosion a dégagé largement le Dévonien plissé par les efforts orogéniques moscoviens ; dans la région de Fa-houé on recoupe, sur le sentier de Po-shi à Mo-pe-tchong, deux synclinaux et anti¬ clinaux normaux dont l'axe et les flancs sont occupés par le Dévonien moyen. Prolongés vers le N. N. E. ces plis traversent la vallée du Tié-tchen-'ho entre l'extrémité nord de la plaine de Po-shi et Si-eul ; nous nous en occuperons ultérieurement. A l'ouest duvillagede Fa-houé, on observe deux lambeaux d'Ouralien posés en transgression complète sur une tête anticlinale dévonienne qu'ils décapitent (fig. 97 G atlas). Ces deux lambeaux se rattachent ma¬ nifestement au-delà du ravin profond de San-chai-tchong à la grande masse du plateau de Mo-pe-tchong. Prolongement des affleurements ouralopermiens du Tien-ma-chann, cette bande qui forme la zone de sommets arrondis en forme de plateaux du Wang-song-chann est complètement transgressive sur le Dévonien moyen et inférieur, et comme au sud le Moscovien manque totalement ainsi que le Dinantien. Mais ici la coupe se complique à l'ouest par de grosses dislocations ; près du village de Ho-tein un contact anormal amène sur un plan de charriage plongeant vers l'O. N. O. une écaille de Cambrien très contourné. Ici, nous trouvons un exemple très intéressant du degré de plissement et ensuite d'érosion antéourci- lienne dans ce fait que cette lame cambrienne plissée comme l'indique la figure 97 C (atlas) (partie gauche) offre à environ 1.400111 à l'ouest de Ho-tein, entre ce village et Tou-la-houé, une coupe aussi nette qu'on puisse le désirer, montrant l'Ouralien reposant directement sur le Cambrien ; les couches cambriennes Géologie structurale 283 plongent vers le S. S. E. tandis que l'Ouralien repose sur leurs tranches suivant un plan presque perpen¬ diculaire, plongeant vers l'O. N. O. ; lapénéplanation antérieure au dépôt des couches à Schwagerina princeps a donc été suffisamment avancée pour décaper les plis moscoviens au point de mettre à nu le Cambrien ; il est évident que l'hypothèse d'une lacune de sédimentation pendant le Dévonien ne peut mê¬ me pas être envisagée puisque les dépôts de cet âge offrent une épaisseur énorme à i km 500 de distance ; et pour que, sur des distances si faibles, la transgression ouralienne s'effectue sur des terrains d'âge telle¬ ment différent, il faut que les plissements antérieurs à la pénéplanation aient été très importants. Près de Tou-la-houé, une fracture interrompt la série ouralo-permienne calcaire qui se répète avec le même pendage à l'ouest de la faille, entre Mong-ti-tsen et Tou-la-houé. Dans la vallée de Mong-ti-tsen passe un contact anormal qui amène le Cambrien sur l'Ouralien. J'étudierai plus loin cette importante zone de charriage qui s'étend entre la faille de Mong-ti-tsen d'une part et le lac de Tch'eng-kiang de l'autre. Auparavant, je crois devoir indiquer en quelques mots, ce que deviennentles axes des plis qui affectent le Dévonien et qui sont recouverts en transgression par l'Ouralien sur le flanc oriental de la haute chaîne du Tien-ma-chann et du Wan-song-chann au-dessus de Po-shi. La carte montre qu'ils traversent le Tié-tchen-'ho avec une direction N. N. E. entre Lou-fong-ts'ouen et l'extrémité nord de la plaine de Po-shi, pour aller l'un après l'autre finir en biseau contre la faille de Lou-nan. Sans être accompagnés de charriages, ils accusent d'intenses refoulements dans la région de Si-eul où les couches d'une façon générale sont très fortement relevées ; Si-eul se trouve dans l'axe d'un puissant anticlinal occupé par du Dévonien inférieur gréso-marneux et flanqué de Dévonien moyen. La ligne ferrée traverse cet anticlinal très peu obliquement et se trouve presque parallèle à la direction des plis, ce qui est une circonstance désastreuse dans des terrains aussi meubles pourvus de versants d'une raideur extra¬ ordinaire répondant à la rapidité avec laquelle a été creusée la vallée ; les éboulements y sont constants et d'une amplitude considérable. Ce grand anticlinal, comme je viens de le dire, finit en biseau contre la grande fracture de Lou-nan. S. — Région de charriages entre la faille de Mong-ti-tsen et la fracture du lac de Tch'eng-kiang : Toute la région montagneuse qui borde à l'est la profonde fosse du lac de Tch'eng-kiang et qui est portée sur la carte chinoise sous le nom général de Wou-tsa-chann est le théâtre de mouvements tectoniques très importants que nous allons chercher à décrire aussi clairement que possible. La Carte géologique montre la trace d'un pli-faille qui, sur une longueur de 30 km. environ, enferme complètement un long affleurement cambrien qui court avec une direction N. N. E. entre Mong-ti-tsen et Sin-tchai et plus au N. entre Tsin-long-kai et Ké-ma-tsin ; et quel que soit le point par lequel on aborde cet affleurement, on le voit reposer en discordance tectonique sur des terrains plus récents. Coupe menée de l'extrémité sud du lac de Tch'eng-kiang à Mong-ti-tsen. — Si l'on part de Lou-khi, à l'extrémité du lac de Tch'eng-kiang et qu'on se dirige vers le S. E. ou l'E. S. E., on s'élève sur les cal¬ caires ouraliens plongeant modérément vers l'O. S. O. On rencontre ensuite une épaisse masse de labra- dorite >2 reposant directement sur l'Ouralien par ablation locale des calcaires permiens pendant l'émersion du Permien supérieur ; mais un peu avant de franchir les crêtes de 2.4oom- environ, qui surplombent le lac, on rencontre les grès moscoviens /i, de l'horizon inférieur, grès très micacés grossiers, soit sableux,-soit en psammites fissiles, qui reposent sur les labradorites >2, puis en continuant la descente, on passe près de Fein-chouéi-lin sur les marnes schisteuses cambriennes qui semblent continuer une série régulière et reposent sur le Moscovien ; puis lorsqu'on a franchi le ruisseau de Fein-chouéi-lin, on traverse un chaînon entièrement formé de Cambrien dans lequel cet étage dessine un synclinal ; les couches se relèvent en sens inverse au voisinage de Mong-ti-tsen et le pendage très rapide devient alors O. N. O. En gravissant le versant abrupt oriental de la vallée de Mong-ti-tsen, on voit ce Cambrien s'appuyer par un contact anormal sur la labradorite permienne qui repose elle-même sur les calcaires permiens à Dolioli- nes ; il en résulte que l'ensemble de cette série offre : i° une lame de Moscovien gréseux reposant sur l'Ouralien, 20 une lame épaisse de Cambrien reposant à l'ouest sur ce Moscovien, à l'est sur le Permien supérieur, de sorte que la lame moscovienne s'étire sous le Cambrien. II y a là un charriage manifeste, 284 J. Deprat, Géologie générale offrant deux écailles superposées ; les figures 120 A et B (atlas) montrent cette structure qui subit de légères variations, en ce sens que dans A le Cambrien repose directement à l'est sur le calcaire permien et que dans B la labradorite *2 est supprimée à l'ouest ; ce sont simplement des étirement locaux. Coupe menée de rentrée du déversoir du lac de Tch'eng-kiang à Siao-tou-san . — Cette seconde coupe va nous donner le clef du problème. La lig. 99 (atlas) montre la structure de la région. Partons du lac de Tch'eng-kiang au point où prend naissance le déversoir à 'Hai-keuou et traversons les crêtes parallèles qui séparent le lac de la profonde vallée de Tsin-long-kai ; le chemin suivant d'abord un ravin profond permet d'excellentes observations. On recoupe au début du Cambrien argilogréseux à Ptychoparia, complètement déformé, contourné, brisé, formant une lame plongeant vers l'O. N. O. ; sous cette lame s'enfonce, avec le même plongement, une lame de calcaire moscovien h,a à Fusu- linelles formant topographiquement une barre ; sous cette barre plonge une nouvelle écaille cambrienne disloquée dans sa structure intime et chevauchant encore une lame étroite de calcaire h,a à Fusulinelles très écrasée ; sous cette lame, on trouve ensuite une épaisse masse de Cambrien formant les hauteurs de 2.050 m en moyenne qui bordent le torrent de Tsin-long-kai; ce Cambrien argilo-gréseux est formé d'une série de plis aigus écrasés les uns contre les autres, hachés de plans d'interruptions, faisant buter les couches entre elles de façon incohérente ; cette masse forme une nouvelle écaille d'une épaisseur énorme sous la¬ quelle s'enfonce de nouveau du calcaire moscovien au fond de la vallée du torrent de Tsin-long-kai ; on tra¬ verse ensuite un grand anticlinal dont l'axe est occupé par du Moscovien /z,6 de l'étage des grès supérieurs normalement recouverts par le calcaire h, qui, dans le flanc oriental du pli, se renverse de façon à déverser l'anticlinal vers le S. E. ; on s'élève sur le flanc oriental de la vallée ; puis on trouve, reposant en discor¬ dance tectonique sur le Carboniférien moyen, de nouvelles couches cambriennes ; de l'autre côté de cet affleurement cambrien qui n'est que le prolongement de celui que nous avons rencontré entre Mong-ti-tsen et Fein-chouéi-lin dans la coupe précédente, on trouve de l'Ouralien à Néoschwagérines ; on constate dès lors que le Cambrien se relie directement par-dessus la vallée du torrent de Tsin-long-kai aux affleurements en écaille du versant ouest de la vallée dans les conditions qu'indique la figure 99 (atlas) et le Carboni¬ férien moyen n'apparaît ainsi dans la vallée de Tsin-long-kai que grâce à une fenêtre d'érosion pratiquée à travers une écaille cambrienne de charriage superposée. La région est formée en résumé d'une série de lames cambriennes, alternant avec des lames de calcaire moscovien, le tout étant poussé vers l'E. S. E. J'estime que l'amplitude des charriages a pu atteindre une vingtaine de kilomètres, l'origine des nappes se trouvant sans nul doute dans la fosse d'effondrement du grand lac de Tch'eng-kiang. 11 est incontestable que ces nappes se sont étendues sur une surface déjà très travaillée par l'érosion et sur des plissements antérieurs décapités, par ce seul fait que l'écaillé inférieure cambrienne repose sur des terrains d'âge très différent selon les points. Ainsi, si l'on suit la limite de la trace du plan de charriage du long recouvrement qui passe entre Mong-ti-tsen et Fein-chouéi-lin et à l'est de Tsin-long-kai, on le voit tantôt reposer sur l'Ouralien supérieur, tantôt sur le Permien inférieur ou moyen, tantôt sur la labradorite V Cette structure en écailles se poursuit sur toute la rive orientale du lac de Tch'eng-kiang; entre 'Hai-keuou et Houéi-chouéi-tang, elle est très accusée et comme l'indique la Carte géologique les seuls terrains représentés sont le Cambrien et le, Carboniférien supérieur, le Cambrien reposant normalement sur ce dernier. J'ai donné une coupe perspective (fig. 12 atlas) montrant le chevauchement de Cambrien plissé au maximum, sur le calcaire à l'entrée de la cluse de 'Hai-keuou ; partout, il offre dans le Yun-nan oriental cette structure typique de lames de Cambrien argilo-gréseux charrié, représentée par une accumulation de lames composées elles-mêmes d'une infinité de petites écailles irrégulières dans lesquelles la compres¬ sion a plissé les lits argileux ou gréseux minces en petits V couchés, empilés, aux branches rapprochées. Cette structure a rendu les couches d'une fragilité extrême et le plus souvent le moindre coup de marteau entraîne un notable écroulement de matériaux. L'érosion marche actuellement avec une rapidité fantastique dans ces terrains dans lesquels la profondeur et la longueur des barrancos croissent si vite que l'aspect d'un flanc de vallée se transforme dans l'espace d'une seule saison des pluies ; les pentes rapides sont recouvertes par suite de ces écroulements constants d'accumulations de fragments de schistes marneux qui rendent un bruit de tessons de poterie lorsqu'on marche dessus. Cette région d'écaillés est traversée par des fractures orientées O. N. O. qui sont à peu près normales à l'orientation des plis et se greffent sur les grandes fractures qui ont donné naissance à la zone des lacs. Géologie structurale 285 A l'est de l'extrémité nord du lac de Tch'eng-kiang, cette allure de charriage se reconnaît encore dans la bande de Gambrien inférieur argilo-gréseux qui passe avec une direction générale N. N. E. par le village de Siao-tang. Ce Cambrien repose anormalement à l'ouest sur le Moscovien gréseux qui borde la plaine de Tch'eng-kiang et offre un pendage très rapide vers le S. O. Près de Siao-tang, un contact anormal montre le Cambrien très violemment plissé appuyé sur le Moscovien gréseux ; de l'autre côté de cette bande cambrienne dans laquelle se trouve la bifurcation du chemin dont une des branches se dirige vers Houéi-chouéi-tang et l'autre vers Siu-kia-tou et qui offre de beaux gisements de Trilobites, on voit le Cambrien reposant anormalement ici aussi sur le calcaire ouralien. Ensuite en descendant vers Siu-kia- tou par le sentier muletier, on recoupe transversalement les axes des plis et les complications de la tecto¬ nique se débrouillent très facilement; on observe une série d'ondulation aux axes parallèles, formant les accidents secondaires d'un anticlinal dont la retombée se fait sur Siu-kia-tou ; qu'interrompt une nou¬ velle faille au voisinage du thalweg de la vallée du Tié-tchen-'ho et qui s'observe nettement près de Pai-le-tsen. Les axes des différents plissements que je viens de décrire offrent toujours l'orientation N. N. E. ou N. E. La fig. 104 (atlas) montre comment les différents plis sont recoupés par la faille de Pai-le-tsen ; cette structure de plis orientés N. N. E. ou N. E. et nettement biseautés par les grandes fractures est générale dans toute la région paléozoïque. e. — Plis entre la faille de Lou-nan et la faille de Pai-le-tsen: La faille de Pai-le-tsen se poursuit avec une direction presque N. S. à peine inclinée sur l'est le long de la rive orientale du lac de Iang-tsong, et au sud de Tang-tche, elle rejoint la fracture du lac en faisant un angle de 1350 environ avec sa direction première. Elle se confond ensuite, au delà de la dépression de Tang-tche avec la grande faille principale des lacs orientaux qui s'étend des environs de Tong-'hai jusque clans la direction de Tong-tchouan-fou soit sur une longueur de 280 km. reconnue. Entre cette cassure et celle de Lou-nan non moins importante nous retrouvons au N. de Lou-fong-ts'ouen une série de plissements relayant ceux que nous avons vu traverser obliquement la vallée du Tié-tchen-'ho dans la région de Si-eul ; ces plis orientés N. N. E. et N. E. sont interrompus par les failles qui les biseautent. Relayant au nord l'anticlinal de Si-eul déjà décrit, un autre anticlinal traverse le Tié-tchen-'ho dans la boucle de Lou-fong-ts'ouen ; le cours inférieur du Lou-nan-'ho s'allonge à peu près suivant la direction de cet axe ; ce pli offre des retombées normales de Dévonien inférieur très épais ; un synclinal à relèvement périphérique des couches formant un pli très puissant lui succède au N. offrant dans ses flancs réguliers le Dévonien moyen tout entier; l'axe du synclinal est occupé par le Dévonien supérieur. L'anticlinal à noyau cambrien du Lou-nan-'ho et le synclinal à noyau de Dévonien supérieur qui lui correspond sont biseautés par la laille de Lou-nan, de telle façon que du sud au nord le Cambrien, le Dévonien inférieur, le Dévonien moyen, puis le Dévonien supérieur qui occupe l'axe du synclinal viennent l'un après l'autre buter obliquement contre le Permien supérieur du plateau de Lou-nan. M. Lantenois a traversé le synclinal vers son extrémité N. N. E. au voisinage de la faille de Lou-nan et l'a figuré dans la fig. 1 de sa planche de coupes en couleurs (Mission géologique et minière du Yun-nan méridional). Au nord un nouveau système de plis, mais infiniment plus compliqué relaye le précédent, système qui, faisant abstraction des grandes fractures de Pai-le-tsen et de Lou-nan est en réalité le prolongement N. N. E. de la bande d'écaillés de la rive orientale du lac de Tch'eng-kiang qui reparaît au delà de la dé¬ pression faillée de la plaine d'Yi-léang. Une coupe passant par Ta-koua, Siao-'houng-po et la plaine d'Yi— léang,offre les caractères suivants; contre la faille de Lou-nan,on observe clans la région de Ta-koua une large bande de Cambrien formé en majeure partie par les marnes roses kRedlichia sinensis . ce Cambrien est complètement contourné, plissé en plis étroits accumulés offrant les phénomènes ordinaires de lamina¬ ge et d'écrasement que nous avons tant de fois décrits ailleurs (voir la partie droite de la fig. 100 de l'atlas); vers l'ouest, la compression diminue un peu et au lieu d'une multitude de plis étroits empilés, on observe un pendage général vers l'ouest-nord-ouest, les marnes schisteuses restant cependant très plissotées. En¬ tre Hoang-i-tien et Siao-'houng-po on voit, reposant sur le Cambrien une lame de Dinantien formée de marnes et de grès micacés en minces lits alternants, très fossilifères et que j'ai décrite dans la partie traitant de la Stratigraphie, ce Dinantien offre le même pendage que le Cambrien auquel il est superposé ; 286 J. Deprat, Géologie générale à l'ouest le Cambrien reparaît recouvrant complètement le Dinantien ; la série semble tellement continue que si le Dinantien n'était pas fossilifère, on croirait, par suite du parallélisme des assises, que l'ensemble est régulier tandis qu'on se trouve en présence d'une lame de Dinantien charriée sur le Cambrien et recouverte elle-même par le Cambrien de façon anormale ; au delà du village de Siao-'houng-po, vers l'ouest, la structure reste aussi compliquée: une lame formée de Moscovien à sa base et de Dinantien recouvrant le Moscovien chevauche le Cambrien de Siao-houng-po ; à l'ouest une lame de calcaire mos¬ covien supérieur fi, de l'horizon de Chouéi-tang, interrompu par une faille qui occasionne à travers les calcaires une légère dénivellation avec variations sans intérêt dans le pendage. Tout cet ensemble, de la plaine d'Yi-léang à Ta-koua plonge avec une remarquable régularité vers l'O. N. O., il y a là un des plus remarquables systèmes d'écaillés superposées qui se puisse voir, et d'autant plus intéressant qu'avec un examen superficiel, on pourrait se croire en présence d'une série à peu près normale. C. — Zones plissées parallèles au N. O. de la zone de fracture des lacs orientaux. A l'ouest de la zone de fracture des lacs orientaux qui limite la bande des plis compliqués que nous venons de décrire et où les chevauchements et les charriages jouent un si grand rôle, vient une série de faisceaux de plis à peu près parallèles, orientés N. N. E. ou N. E. d'une façon générale et montrant une tendance à l'incurvation vers l'ouest à mesure que l'on avance dans cette direction ; à l'ouest du méridien de Yun-nan-lou cette tendance s'accuse de plus en plus et dans le Yun-nan occidental, les axes s'orien¬ tent à l'ouest pour remonter ensuite au N. O. Dans toute la région comprise entre la bande des lacs orien¬ taux et le haut Fleuve Bleu, les plis ne cessent de s'accumuler ; leur intensité est plus ou moins considérable, mais nulle part on n'observe une région tranquille. 11 est assez difficile d'établir une limite entre les différents zones plissées parallèles, car elles passent toutes de l'une à l'autre. La chose est pourtant nécessaire pour la commodité de la description, mais est nécessairement arbitraire. «. — Plissements de la zone des lacs : Une première zone de plis 011 le Carboniférien moyen joue un grand rôle dans la partie méridionale se dessine à l'ouest du lac de Tong-'hai. Ces plis, provenant d'un faisceau O.-E. dans le Yun-nan occidental, offrent une direction générale S. O.-N. E. dans la région de Si-wo, puis à la hauteur du lac de Kiang-tchoan (Sing-yun-hou) et du lac de Tch'eng-kiang (Fou-sien- hou) ils se rapprochent de plus en plus rapidement du N. N. E. L'incurvation se fait donc nettement sentir. Si l'on mène une section à travers cette bande de plis depuis Si-wo jusqu'à la zone faillée de Tong-'hai, on constate,comme on peut le voir dans les coupes générales (à la fin de l'atlas),que cette région est formée de plis de grande envergure, du reste très accusés, aux pendages rapides parfois, mais dessinant de grandes bandes synclinales et anticlinales parallèles ; les axes synclinaux sont généralement calcaires et occupés par les horizons du Moscovien supérieur (calcaire fi,, à Sp. mosquensis, horizons de Chouéi-tang fi, ou de Lo-a-tien fi2) et de l'Ouralien inférieur (horizons kFusulina brevicula, à F. tchengkiangensis et à F. kat- taensis) ; les axes anticlinaux sont occupés par les grès du Moscovien inférieur ou moyen, en général très déblayés par l'érosion, de sorte que les bandes synclinales forment dans le paysage de longues barres en saillie, d'altitude égale, entre lesquelles, le Moscovien gréseux est ciselé en collines surbaissées,aux sommets arrondis, séparées par des ravins au thalweg étroit (toujours l'opposition déjà si souvent indiquée des formes de maturité et des formes de jeunesse). L'allure des plis est bien dessinée sur la Carte géologique par la disposition même des bandes de terrain. Une première bande synclinale passe à l'ouest du bassin de Kouan-in, occupée par les calcaires mos- coviens et ouraliens inférieurs ; cette bande longe la rive méridionale du lac de Tong-'hai; elle est disloquée par des failles appartenant au groupe des fractures des lacs et orientées parallèlement aux plis. A cette bande correspond une grande zone anticlinale gréseuse entre elle et Pou-nai-chan. M. Lantenois qui a traversé cette bande sur la route de Tong-'hai à Si-wo, écrit : « Strates très variables de direction et de pendage », ceci est très vrai, et si dans l'ensemble les couches moscoviennes formées par les grès fi,fi Géologie structurale dessinent une zone anticlinale, les accidents secondaires très multipliés compliquent localement cette struc¬ ture d'ensemble. Cette bande anticlinale se poursuit vers le N. N. E., mais entre le Ki-lo-hou et le Sing- yun-hou ou lac de Kiang-tchoan l'axe se divise et une bande synclinale s'intercale entre les deux axes anticlinaux provenant de la bifurcation. De ces trois plis qui prennent ainsi naissance, le plus orientai haché par les Tailles parallèles qui prolongent au sud le lac de Tch'eng-kiang, comme le montre la Carte géologique se décompose en une série de bandes parallèles effondrées ; il disparaît dans la région de Lou- khi dans l'axe du lac de Tch'eng-kiang. Le synclinal né de la bifurcation de l'axe anticlinal passe entre les deux fosses des lacs de Kiang- tchoan et de Tch'eng-kiang, en partie effondré latéralement à l'O. dans la dépression du lac de Kiang- tchoan parallèle à l'axe des plis ; sur son flanc oriental, il est décomposé en compartiments allongés paral¬ lèles effondrés par les failles prolongeant la fosse du lac de Tch'eng-kiang ; Taxe du synclinal est occupé par les calcaires à Schwagerina princeps ; au N. N. E. le synclinal est tranché en biseau par la rive orien¬ tale du lac de Tch'eng-kiang. Le troisième pli, Taxe anticlinal occidental, s'interrompt brusquement à la rencontre de l'extrémité méridionale du lac de Kiang-tchoan qui se substitue à lui ; il reparaît au delà pour former les collines arrondies de grès moscovien h,b qui flanquent à l'ouest la plaine de Kiang-tchoan, la retombée est de l'an¬ ticlinal borde également la dite plaine ; il en résulte que le lac de Kiang-tchoan, et la plaine qui le prolon¬ ge au N. et qui représente la zone abandonnée par les eaux lors de l'abaissement de niveau du lac, occupe l'emplacement d'une partie d'une voûte anticlinale effondrée. Plissements de la rive occidentale du lac de Tch'eng-kiang. (Voir coupes de la fig. 120 atlas partie gauche). — Au N. de Kiang-tch'oan, la structure se complique,-les plis se resserrent et sont brusquement interrompus par des failles presque transversales, de parcours modéré, mais provoquant une assez forte dénivellation, et orientées O. N. O., failles formant un réseau croisé à 6o° environ avec les fractures qui ont donné naissance à la grande dépression du lac de Tch'eng-kiang. Dans la région de Min-hin, on retrouve, dans les montagnes qui bordent le lac, le prolongement de Taxe anticlinal des grès moscoviens de Kiang-tchoan mais ici encore on observe une bifurcation d'axes anticlinaux et 011 obtient alors : à Test un anticlinal étroit dans les grès moscoviens h,b, anticlinal normal flanqué à Test de labradorites puis de calcaires à Fusulines /i3 ; une faille, qui longe la rive de très près, provoque la disparition rapide des cou¬ ches à pendage oriental très prononcé sous les eaux du lac, en certains points la faille elle-même est recouverte par l'eau et ce sont les roches éruptives V ou les grès h,b sous-jacents qui forment le rivage ; ces conditions provoquent la formation d'une rive excessivement haute et escarpée ; la pente du lac étant donnée par le pendage très rapide des calcaires ouraliens, il en résulte que la profondeur de ce dernier est immédiatement considérable. Cette structure de la rive occidentale du lac de Tch'eng-kiang, offrant par suite de la coexistence des failles qui forment un double réseau et de l'importance des plis une allure complexe que la seule description ne saurait suffisamment éclaircir, je donne dans la fig. 103 (atlas) le dé¬ tail des accidents et l'orientation exacte des couches. Cette bande anticlinale à axe moscovien gréseux qui longe le lac est relayée à l'ouest par un étroit synclinal à axe calcaire ouralien qui prend naissance, grâce à la bifurcation de Taxe anticlinal de Kiang- tchoan et qui forme les sommets calcaires qui surplombent le lac de Tch'eng-kiang; à l'ouest encore un nouvel axe anticlinal, également formé degrés moscoviens /;, b passe entre le synclinal précédent et la piste de Kiang-tchoan à Tsin-ning. Ces différents plis sont orientés presque S. N. à peine inclinés vers N. N. E. Entre Min-hin et Li-tchang une faille verticale avec dénivellation assez forte, orientée O. N. O., vient se greffer sur la faille de bordure occidentale du lac ; les plis précédents se retrouvent au delà de cette faille et viennent aboutir successivement au lac, coupés par la dénivellation qui lui a donné naissance (fig. 103 atlas et Carte géologique). Synclinal du Tien-chann. — Une autre faille parallèle interrompt au N. de Lou-tchang les axes précédents ; au delà les relayant vers le N. N. E apparaît le beau synclinal suspendu de calcaire ouralien du Tien-chann (V. fig. 40 atlas). La photographie A (planche VII) montre nettement le recourbement des couches calcaires du synclinal dont le flanc occidental donne naissance à la haute crête aiguë du Tien-chann. Le parcours de ce synclinal est très court et presqu'immédiatement aux environs du village 288 J. Deprat, Géologie générale de Tien-chann qui porte le nom de l'aiguille, il est interrompu par la profonde dépression du lac ; ce pli est donc compris entre deux fractures dont la plus méridionale le recoupe transversalement, tandis que celle du lac qui se confond avec la rive la biseaute à 450 à peu près. La partie gauche de la figure 120 (atlas)montre nettement dans les quatre coupes parallèles l'allure des plis depuis Kiang-tchoan jusqu'au Tien-chann. j3. — Région de Si-wo, Sin-hin et plis entre le lac de Tcheng-kiang et le lac de Kouen-Yang : Il suffit de se reporter à la Carte géologique pour constater la régularité de la longue bande synclinale formée de calcaires ouraliens qui s'observe dans les environs de Pou-nai-chan entre Tong-'hai et Si-wo. Cette bande qui succède aux plis précédents va se terminer contre la faille du Tien-chann. Parallèlement à celle-ci, on retrouve dans la région de Sin-hin une monotone série de grands plis, plus ou moins accidentés de dislocations locales, mais très accusés, M. Lantenois qui a effectué le trajet de Si-wo à Kouen-yang, a bien remarqué cette allure. Il s'exprime ainsi : « Coupe IX. (Coupe de Yen-ho-kai à Eul-kai) : On y voit le calcaire carbonifère occuper deux larges synclinaux qui sont séparés par un anticlinal formé par le terrain gréso-schisteux inférieur au calcaire. — Les synclinaux sont à large courbure ; les anticlinaux présentent au contraire des strates serrées et font penser à des éventails composés, ils ont été fortement démantelés par l'érosion ». C'est bien en effet ainsi que se présentent ces plis et les calcaires carbonifé- riens s'étageant du Moscovien supérieur aux calcaires ouraliens /15 y occupent les axes synclinaux (Voir les coupes générales en couleurs à la fin de l'atlas). On peut dès lors, entre la bande synclinale du Pou- nai-chan et Kouen-yang, soit sur une largeur de 32 km, considérer les plis suivants: i° Anticlinal du Tong-chann au S. E. de Sin-hin, formée par la série gréseuse moscovienne h,-h,b avec l'intercalation des calcaires à Fusulinelles h,a ; 20 le synclinal calcaire de Sin-hin offrant une série complète allant des calcaires h,, à Spirifer mosquensis aux calcaires /14 à Fusulina Kattaensis ; c'est à la base des couches calcaires que se trouve la couche de houille de Siao-che-kiao. Au N. E. nouvel anticlinal de grès mosco- viens, puis grand anticlinal du Tien-po-chann et du Hai-pao-chann, coupés à peu près suivant la route de Sin-hin à Kouen-yang par une faille importante qui a donné naissance aux dépressions de Sin-kai, et surtout au beau bassin alluvionnaire de Sin-hin et Pe-tchen. Des dislocations secondaires s'y intercalent, comme le synclinal calcaire au N. E. de Pe-tchen, d'une dizaine de kilomètres de longueur. A l'O. de la faille, au N. O. du bassin de Sin-hin,les calcaires moscoviens supérieurs et ouraliens in¬ férieurs dessinent un vaste synclinal bordé au N. O. par l'anticlinal du Long-tong-chann dont la retombée nord occidentale s'enfonce sous le synclinal de Eul-kai. Nous poursuivrons ultérieurement l'étude dans cette direction ; voyons auparavant ce que deviennent les plis précédents vers le N. N. E. Dans l'ensemble, ils dessinent la même courbure que ceux qui les circonscrivent au sud dans la région de Tong-'hai. Ils arrivent du Yun-nan occidental avec une orientation O. E. puis s'incurvent et dans les environs de Sin-hin la direction est franchement N. E. Elle passe au N. N. E. dans les chaînons montagneux entre l'extrémité méridionale du lac de Kouen- yang et l'extrémité nord du lac de Tcheng-kiang ; mais là l'allure des plis se modifie complètement. Si nous reprenons l'anticlinal du Tong-chann et que nous le suivions bien au-delà, dans cet étranglement entre les deux lacs, nous voyons le pli se renverser peu à peu, tandis que l'axe principal se décompose en une série d'axes anticlinaux secondaires et le tout se couche complètement vers l'est-sud-est. Comme on peut s'en rendre compte en consultant les coupes de la figure 120 (atlas), il y a déjà tendance à un mouvement sem¬ blable de renversement dans les plis qui longent le lac de Tcheng-kiang sur sa rive occidentale et dans le Tien-chann, cette tendance au déversement vers l'est-sud-est s'accuse nettement en même temps que les plissements s'accentuent par comparaison avec ce que l'on observe au sud dans la région de Kiang-tchoan. Dans le Tien-chann, à l'O. de la plaine de Tch'eng-kiang, exactement dans les chaînes entre cette plaine, qui représente une zone abandonnée à l'heure actuelle par les eaux du Fou-sien-hou et Tsin-ning le ren¬ versement atteint son maximum et on observe une série de plis couchés parallèles, mais sans charriage ni étirement d'aucune sorte. La figure 101 (atlas) qui est une coupe perspective montre très bien cette struc¬ ture ; aux synclinaux calcaires correspondent des abrupts, tandis que les anticlinaux couchés qui les sépa¬ rent sont formés par les grès moscoviens et constituent des paliers ou des pentes. Vu du sud, des environs de Lou-tchi par exemple, cet ensemble se dessine admirablement ; les hauteurs sont complètement dénu¬ dées et la succession des anticlinaux gréseux de teinte rouge alternant avec les synclinaux calcaires gris clair ou blancs se détache de façon frappante. Géologie structurale 289 2. La figure 102 de l'atlas montre comment cette zone de plis formés de termes carbonifères vient en contact, par l'intermédiaire de la faille d'Eul-long-si-chou, qui est elle-même un prolongement de la grande fracture des lacs, avec le Cambrien de la région clu Pai-long-chann. Vers l'est le Cambrien s'étend largement en formant de hauts chaînons arrondis, séparés par des vallées extrêmement profondes, au thalweg étroit à pente raide ; il est extrêmement plissé, et rempli de dislocations innombrables à court trajet ; la fracture d'Eul-long-si-chou a abaissé le Carboniférien au niveau du Cambrien ; à Eul-long-si-chou, c'est le Dinantien qui bute contre le Cambrien sla, tandis qu'au col de Si-yang-tang c'est la partie supérieure du Moscovien qui entre en contact brusque avec l'Ordovicien. e. — Plis de la région de Yun-nan-fou et du haut bassin du Niéou-lang-'ho : Dans la région de Yun-nan-fou, les plis prennent une amplitude beaucoup plus grande et en même temps plus de régu¬ larité et des pendages moins accentués. Une grande faille orientée vers le N. N. E. scinde en deux parties cette région ; elle a donné naissance à la grande dépression du lac de Kouen-yang; la fig. 119 (atlas) montre le processus de formation de cette dépression par l'effondrement en bloc d'un vaste palier de la pénéplaine Géologie structurale antérieure aux failles du Pliocène supérieur. A l'ouest de cette fracture, que nous appellerons ligne de frac¬ ture de Kouen-yang du nom du lac auquel elle a donné naissance, un vaste pli synclinal à pendages modérés vient terminer en falaises les calcaires de son flanc oriental tranché par l'effondrement du lac qui, dans les abrupts du Si-chann a donné naissance à des à-pics élevés du plus bel effet ; ce pli est oblique par rap¬ port à la ligne de fracture du lac qui, comme c'est à peu près la règle au Yun-nan, biseaute le pli. Aux environs de 'Hai-keuou ou sont les affleurements de charbon, le Moscovien supérieur affleure au bord du lac, puis se termine rapidement dans la fracture; il est surmonté par l'Ouralien et le Permien inférieur et moyen calcaire qui viennent également tour à tour se faire couper en biseau par la faille. Vers le N. O. le Permien supérieur gréseux occupe l'axe du synclinal dans la région de Ngan-ning. A l'ouest de Yun-nan-fou le pli synclinal se dessine clairement. Des environs de Yun-nan-fou, on voit du reste très bien, le synclinal en question venir aboutir en biseau à la dépression, les lignes tectoniques se dessinant très nettement. A l'est de Yun-nan-fou s'étend une vaste aire d'affleurements calcaires formant le plateau de Tsi-tien et la région de Pan-chiao ; les plissements y sont assez bien dessinés ; ce sont des mouvements anticlinaux et synclinaux assez réguliers, sans exagération, sans déversement, et c'est grâce à cette relativement faible amplitude des plis et à une érosion médiocre à l'air libre (l'écoulement souterrain se faisant depuis extrêmement longtemps d'une façon définitive et la plupart des vallées étant des vallées mortes) que les terrains inférieurs à la série des calcaires moscoviens supérieurs n'affleurent pas. Dans la vallée de Pan-chiao se dessine un axe anticlinal important qu'occupent les grès du Moscovien supérieur que M. Leclère avait rapportés au Permien ; cet anticlinal est brusquement interrompu aux environs de Iang-lin par l'importante fracture que nous avons vu au sud couper en biseau la partie occi¬ dentale de l'anticlinal du Ta-ing-chann et qui donne ici naissance à la vaste dépression effondrée de Iang-lin ; de sorte que la direction du pli qui est ici à peu près N. E. est recoupée par cette dislocation qui est en ce point presque N. S. Plis renversés à ÏE. S. E. du Yo-liang-chann. — Au delà de la fracture en question s'étend une zone affaissée dans laquelle l'ancien lac quaternaire de Iang-lin, aujourd'hui vidé par le Niéou-lang-'ho et réduit en partie à de grands marécages, le reste étant cultivé en rizières, a accumulé des sédiments lacustres et fluvio-lacustres ; après une interruption d'une dizaine de kilomètres causée par la dépression, on voit reparaître l'axe anticlinal moscovien formé par la série des grès /i,6; mais ici, il est fortement renversé vers le S. E. et accompagné de dislocations importantes. La fig. 107 (atlas) qui représente une coupe perspective de la partie orientale du Kia-li-tang ou bassin de Iang-lin montre comment ce pli et le synclinal qui le relaie au N. O. émergent du manteau d'alluvions et de marais. J'ai donné dans la fig. 108 de l'atlas, quatre coupes parallèles prises dans cette région et qui permettent de suivre dans leur trajet les plis qui la constituent ; avant de décrire ces plis, on doit indiquer que paral¬ lèlement à la fracture de Iang-lin passe à l'est à quinze kilomètres environ le prolongement de la grande fracture d'Eul-long-si-chou, elle-même prolongement de la fracture des lacs orientaux. A l'est de cette faille c'est uniquement du Cambrien excessivement plissé qui affleure dans le Long-pai-chann et le Yao- litig-chann et cette fracture met ici en contact avec une forte dénivellation ce Cambrien et la série moscovienne, ouralienne et permienne qui forme les plis que nous allons décrire, ces derniers étant par suite de leur orientation normale voisine de N. N. E. coupés en biseau à la fois à l'est et à l'ouest par les deux grandes fractures qui les interrompent. L'ensemble du chaînon montagneux placé entre la dépression de Iang-lin et les dépressions étroites et allongées de Sin-kai-tseu et de Siun-tien-tchéou est un des exemples intéressants de la complication des rapports entre la structure orographique et la structure tectonique au Yun-nan; l'importante déni¬ vellation causée par les deux fractures parallèles provoque la formation d'un ensemble montagneux allongé N. S. dans lequel la direction générale est N. S., mais dans ce massif la direction des plissements est à peu près N. N. E. Ils sont donc obliques par rapport à la direction générale du massif ; mais au point de vue orographique un nouvel élément de complication apparaît ; une série de crêtes parallèles aux plisse¬ ments et sculptées à la faveur des torrents guidés par les directions d'érosion plus faciles dans le sens de l'allongement des plis, décomposent la masse montagneuse principale en arêtes N. N. E.. Si l'on analyse les choses au fond, la véritable direction orographique est aussi bien donnée par les grandes fractures, qui 202 J. Deprat, Géologie générale ont permis la formation des grandes vallées, que par les orientations des plis ; il suffit dans le cas qui nous occupe et que nous avons déjà du reste examiné page 38 de se rendre compte que l'importante rivière du Niéou-lang-'ho emprunte tantôt une vallée de fracture qui le fait couler du S. au N. tantôt une vallée parallèle aux plis. Il y a donc superposition de deux directions montagneuses due à la superposition de deux mouvements tectoniques d'ordre très différent : les plissements d'abord, les grandes fractures ensuite. Ceci posé, examinons pour elle-même la structure de la zone plissée qui s'étend au sud-est du bassin de Iang-lin dans la région du Fong-wou-chann. Coupe passant par Ma-fan. — Nous retrouvons ici la prolongation des plissements que nous avons décrits dans la région de Cheu-tze-'ho et qui prolongent l'axe anticlinal du Ta-ing-chann par décompo¬ sition de son axe en axes secondaires ; ces axes passent à l'est du bassin de Iang-lin en subissant de for¬ tes dislocations. La coupe A de la fig. 108 (atlas) passant par le village de Ma-fan, montre la structure suivante : à l'est de la fracture des lacs, que nous appellerons ici fracture de Siun-tien pour préciser, du nom de la grande dépression linéaire à laquelle elle donne naissance, le Cambrien très plissé en plis étroits à charnières aiguës bute contre la faille ; à l'ouest de celle-ci apparaît un synclinal très disloqué dans lequel les calcaires permiens n très disloqués et décomposés comme le montre la coupe en plis secondaires accentués et contournés supportent une grosse série de labradorites et de tufs >2 formant synclinal ; à l'ouest ce synclinal se renverse peu à peu vers le S. E. et un brusque plan d'étirement amène près de Ma- lan l'énorme série des grès rouges h,b moscoviens à reposer sur le flanc renversé du synclinal. Coupe par le sommet du Yo-liang-chann. — Comme le montre la coupe B de la fig. 108 (atlas) le pli vient se terminer en biseau contre la faille de Siun-tien, le contact s'établissant toujours avec le Cambrien plissé ; le Niéou-lang-'ho a frayé ici sa vallée dans l'axe anticlinal des grès qu'il a déblayés. Le flanc sud-est de l'anticlinal est supprimé, ce pli renversé vers le S. E. offrant en effet son axe de grès rouges moscoviens h,b poussé par faille sur les labradorites permiennes , son flanc nord-ouest est formé par une série régulière de Moscovien calcaire, d'Ouralien également calcaire formant l'escarpement delà crête du Yo-liang-chann qui surplombe si pittoresquement la belle vallée du Niéou-lang-'ho. La perspective fig. 107 (atlas) montre nettement l'allure de l'anticlinal renversé du Yo-liang-chann. Un synclinal au flanc N. O. renversé, dont l'axe est occupé par les labradorites >2 succède au N. O. à l'anticlinal ; comme lui, puisqu'il traverse en biseau la masse laissée en saillie par les deux fractures de Iang-lin et de Siun-tien, il se trouve interrompu brusquement par ces deux lignes de discontinuité. Très en arrière une écaille de Cambrien vivement plissé chevauche ces dislocations ; je reviendrai sur ce point. Si nous suivons vers le N. N. E. l'axe synclinal du massif du Yo-liang-chann, nous le voyons dans les coupes C et D. de la fig. 108 (atlas) se rapprocher de plus en plus de la vallée fracture du Niéou- lang-'ho au nord de Sin-kai-tseu et chaque horizon du flanc normal est disparaître successivement à l'ouest de la faille contre elle, tandis que le côté oriental de la vallée est occupé par le Cambrien plissé du Yao-ling-chann. Dans la coupe D, nous remarquons en outre que du côté est de la faille de Siun-tien- tchéou un pli-faille pousse avec étirement une écaille dinantienne plissée en synclinal, sur le Cambrien plissé (fig. 17 et coupe D, fig. 108 atlas) ; vers l'extrémité nord de la plaine de Sin-kai-tseu le pli-faille en question vient se heurter contre la faille de Siun-tien. Si nous recherchons maintenant ce que devient le synclinal du Yo-liang-chann plus au nord encore, dans la région de Siun-tien-tchéou, nous voyons l'axe du synclinal occupé par les labradorites *2, excessivement puissantes ici, venir disparaître à son tour le long de la grande dépression faillée de Siun-tien, et en arrière le flanc renversé vers le S. E. du pli aboutir à son tour contre la faille près de Siun-tien, mais ici la dénivel¬ lation occasionnée par la grande fracture N. S. n'est pas extrêmement forte et le même synclinal reparaît à l'est de la fracture dans le haut massif du Fong-wou-chann ; les directions orographiques coincident ici avec la direction tectonique, l'interruption du synclinal par la dépression fracturée permet d'en observer une coupe excellente (fig. 109 atlas) ; de Siun-tien, on peut dessiner le vaste recourbement des assises permien¬ nes ployées en synclinal couché vers le S. E. et auquel correspond au N. O. un anticlinal renversé sur ce synclinal ; j'ai déjà décrit en détails la stratigraphie de cette région. L'axe du synclinal du Fong-wou- chann se poursuit longuement vers le N. E., la vallée du Niéou-lang-'ho s'aligne parallèlement, le fleuve quittant la dépression taillée de Siun-tien-tchéou à hauteur de cette ville pour s'engager dans une direc¬ tion coincidant avec l'orientation des plis. Géologie structurale 293 3°. — ZONE DES PLIS AU NORD DE YUN-NAN-FOU ET DE SIUN-TIEN-TCHÉOU Nous abordons ici une zone de plis parallèles, où les refoulements se montrent souvent intenses, où le dévers vers le sud-est est général ; ces plis se dessinent nettement sur la Carte géologique par la simple direction des bandes de terrain ; mais la continuité de ces plissements est interrompue par les prolonge¬ ments des grandes fractures de Iang-lin et de Siun-tien-tchéou et de longs contacts anormaux qui sont des plans de charriage et d'étirement compliquent beaucoup la situation. Cette zone de plis couchés est largement chevauchée dans la région du Fleuve Bleu par la grande nappe provenant du charriage de l'ex¬ trémité méridionale du Leang-wang-chann (') sur les plis de l'arc yunnanais. Comme il est impossible de la décrire d'une seule pièce, on peut chercher à la subdiviser grâce aux grands contacts anormaux parallèles aux plis. Plissements au sud-est du contact anormal passant par Ma-la-ly, Kin-gnia-tsuen et Siao-long- tan. — Dans cette vaste région qui s'étend entre Yun-nan-fou et le haut Fleuve Bleu la structure géné¬ rale des aires de plissements rappelle ce que nous avons observé dans la région méridionale : des zones suc¬ cessives sont bordées chacune au sud-est par une bande de plis extrêmement accentués et en mêmes temps l'aire plissée qui s'étend en arrière est poussée en bloc sur la zone de plissements parallèles qui lui tait suite au sud-esl. Un de ces grands contacts anormaux prend naissance au nord de Yun-nan-fou, passe par Ma-la-ly au sud du groupe montagneux que les Chinois désignent sur le nom de Pou-tcho-channavec une direction N. E., puis à l'ouest du Kouo-ma-chann remonte vers le N. N. E. jusqu'à sa rencontre avec le Tchang-hi-'ho et au delà traverse avec une direction N. E. l'énorme ligne de séparation du Liou-chou-'ho et du Tchang-hi-'ho, haute de 3500m- environ dont les crêtes escarpées forment le Kong-chann. On suit ainsi cette ligne de dislocation sur une largeur de 130 Km. environ. D'abord entre cette ligne de contacts anormaux et la zone de plis précédemment étudiée on voit, au nord de Yun-nan-fou se dessiner sur la carte une série de plis parallèles dans laquelle les axes des syncli¬ naux sont occupés par la labradorite h, tandis que les anticlinaux sont généralement formés par le cal¬ caire carbonifère, mais un peu plus au nord, aux environs de Tse-men-long, l'ensemble des terrains se relève, et c'est le Moscovien gréseux h,b qui affleure dans les voûtes anticlinales démantelées ; au nord de Tse-men-long ce sont des terrains plus inférieurs encore qui apparaissent c'est-à-dire le Silurien supérieur et le Cambrien, l'Ouralien paraissant transgressif directement sur le Silurien. Ces plissements forment de très longs anticlinaux et synclinaux, étroits par rapport à leur longueur, qui se bifurquent parfois, offrant en somme une structure assez régulière ; la pénéplanation antérieure aux fractures pliocènes les a puissamment décapités. La bande de terrains siluriens qui, d'autre part, est limitro¬ phe du contact anormal interrompant cette zone aux environs de Ma-la-ly est au contraire excessivement plissée, de sorte qu'il y a superposition directe de terrains disloqués antérieurs au Carbonifère et ayant été fortement plissés pendant le Moscovien, et de terrains carbonifériens moins disloqués bien que formant des plissements très marqués. Mais en progressant vers le N. E., on voit tout ce faisceau de plis subir des dislocations de plus en plus fortes ; d'abord une tendance générale au déversement vers le S. E. se fait sentir de plus en plus. Dans la région du lac Tche-hou-kiang l'ensemble rencontre le prolongement nord de la grande faille du lac de Kia-li-tang ou bassin de Iang-lin ; mais de l'autre côté de cette faille (qui, selon ce qu'on observe géné¬ ralement au Yun-nan, biseauté les plis, suivant un angle qui est ici d'environ 450), c'est-à-dire à l'E., la même structure reparaît avec une complication plus grande même. Pour résumer l'ensemble de cette structure, je donne une coupe prise de la plaine de Siun-tien-tchéou aux environs du Tche-hou-kiang. Elle offre les dislocations suivantes : d'abord, contre la dépression frac¬ turée de Siun-tien, dans la chaîne de hauteurs qui bordent cette dépression linéaire, nous trouvons (fig. 110, (1) En dehors de la carte. •M J. Deprat, Géologie générale atlas) le prolongement N. N. E. du synclinal du Yo-liang-chann que nous connaissons déjà ; à ce synclinal correspond au N. E. un anticlinal dans les calcaires ouralo-permiens, mais cet anticlinal qui se déverse fortement au S. E. est brusquement interrompu par une faille derrière laquelle s'étend la large dépression semée de collines de Houéi-so ; l'allure des couches dans cette région montre qu'on est en présence d'un grand anticlinal complètement couché ; le Cambrien qui en forme le noyau étant superposé aux grès ordoviciens à Bothriolepis vers l'est, tandis que vers l'ouest, dans les hautes collines qui séparent la dépression de Houéi-so du Tché-hou-kiang, la série redevient normale et les grès ordoviciens reposent normalement sur le Cambrien comme le montre du reste la coupe, détaillée au point de vue stratigraphique, de la fig. 20 (atlas). Le Silurien forme donc un vaste pli couché qui, en somme, n'est que le noyau du pli similaire qui chevauche le synclinal du Yo-liang-chann et c'est l'affaissement oriental qui a scindé ce pli en deux parties, amenant les calcaires ouralo-permiens de la tête du pli en contact avec le Silurien en noyau. Au N. O. aux collines cambriennes s'élevant constamment en pente assez rapide, mais par une suite de mouvements arrondis, succède brusquement une barre calcaire très abrupte formée de calcaires permiens moyens à Doliolines qu'un contact anormal sépare nettement, et avec discordance marquée, des grès ordoviciens à Bothriolepis. Ces calcaires appartiennent au flanc normal d'un synclinal étroit, poussé en bloc sur l'anticlinal silurien et fortement renversé vers le S. E. Le déversoir du Tché-hou-kiang qui sort du lac à 'Hai-houéi s'écoule comme je l'ai déjà montré (p. 39) par l'axe de ce synclinal entaillé en gorge très profonde et occupé par les labradorites >>2. Structure en écailles dans le bassin supérieur du Tchang-hi-'ho : Au N. O. et au N. du Tche- hou-kiang, c'est-à-dire dans la partie haute du bassin du Tchang-hi-'ho les dislocations atteignent une complication considérable dans les hautes masses du Kong-chann, de l'A-wang-chann et du Kouo-ma-chann où les contacts anormaux se multiplient. Entrer dans la description minutieuse des écailles de charriages qui s'empilent dans cette région m'est impossible et je me contenterai de résumer mes notes et surtout de donner des coupes plus parlantes qu'une description forcément confuse. Au N. O. du pli synclinal déversé vers le N. O. par où s'échappe le déversoir du Tche-hou-kiang réapparaît le Cambrien excessivement plissé qui forme une large bande, accompagnée également par la masse des grès ordoviciens à Bothriolepis puissamment développés dans toute cette région. Toute une série de contacts anormaux parallèles, voisins de la direction N. E. se succèdent ensuite au N. La vallée extrêmement profonde du Tchang-hi-'ho permet heureusement par les énormes surfaces dénudées et les abrupts qu'elle présente sur ses flancs très élevés, de se rendre compte des accidents tectoniques multipliés. Une série d'écaillés allongées vers le N. N. E. et qui sont le produit de la rupture de plis couchés à la charnière, se superposent avec un pendage très rapide ; elles sont en général formées de labradorite h d'Ouralien, de Permien à Doliolines et de Cambrien, les calcaires dessinant des barres escarpées, tandis que les bandes cambriennes sont profondément entaillées par cirques de réception torrentiels aux parois croulantes et d'une grande hauteur. Les coupes A et B de la fig. 11 1 (atlas) montrent nettement la structure en écailles cle cette région et comment ces écailles sont souvent la conséquence de la rupture de la charnières de plis. Du reste, dans la val¬ lée du Tchang-hi-'ho, on observe de grands plis isoclinaux dans lesquels les étirements ont supprimé par¬ fois simplement une partie du flanc d'un pli ; d'autres ne sont pas affectés de ruptures et sont complets. Ainsi cette région se présente comme formée d'une série isoclinale dans laquelle l'exagération du mouvement orogénique a provoqué la rupture fréquente en écailles se chevauchant vers le S. E. Les formations qui ont été affectées par ces dislocations sont souvent très écrasées, surtout les lames cambriennes argilo-gréseuses écrasées entre les masses calcaires permiennes ou les grosses masses de grès cambriens inférieurs st et de grès ordoviciens à Bothriolepis qui forment des assises puissantes. Zone plissée entre le contact anormal par Ma-la-ly et Siao-long-tan et le front de charriage de la nappe du Kin-cha-kiang. — La zone de plis que nous venons de décrire est chevauchée par le long contact anormal signalé précédemment, en arrière duquel apparaît une bande de terrains caractérisée par l'importance des labradorites et basaltes du Permien supérieur, bordée au N. O. par une ligne de disloca¬ tions très considérable qui jalonne le front de charriage de la grande nappe du Kiao-ting-chann que tra¬ verse le Kin-cha-kiang. Géologie structurale Plissements entre Tien-houé et Lou-lan : Une région de plissements accentués mais sans excès, lormant une série d'anticlinaux et de synclinaux à retombées normales, à parcours allongé, se bifurquant parfois, caractérise le pays situé entre Tien-houé et Lou-lan. En partant de cette dernière localité et en se dirigeant vers le N. par la route muletière, on quitte le synclinal de Lou-lan dont l'axe est occupé par les grès rouges permiens. La carte montre ensuite une succession d'anticlinaux occupés par les grès moscoviens h,b et de syn¬ clinaux occupés par les calcaires moscoviens et ouraliens et à la descente sur Cheng-cha, permiens. De Cheng-cha à A-ti-tseu, les labradorites dessinent un vaste synclinal large de 8 km. environ, très peu accen¬ tué et accompagné sur son fond d'ondulations peu sensibles. Plus au N. entre A-ti-tseu et Tien-houé la série calcaire ouralo-permienne reparaît et se plisse en une série d'ondulations prononcées formant des synclinaux et anticlinaux parallèles, sans déversement. Au N. nous allons voir les plis se compliquer tout à coup davantage dans la région de La-ni-tang. Plis entre Tien-houé et la limite sud de la nappe du Fleuve Bleu : Nous abordons ici une des plus intéressantes parties du Yun-nan oriental au point de vue tectonique. Poursuivons l'examen de la région au N. de Tien-houé. J'ai indiqué dans la fig. i 13 (atlas) la coupe des terrains entre Tien-houé et Tou-mou-nyi. Du manteau calcaire ouralo-permien, plissé aux environs de Tien-houé ainsi que nous venons de l'indiquer et que cela est figuré dans la partie gauche de la fig. 113 (atlas) se dégage l'Ordovicien gréso-marneux entre Tien-houé et La-ni-tang, bien visible le long de la vallée du Pa-tzeu-'ho. Cet Ordovicien à peu près horizontal entre Tien-houé et le brusque coude à angle droit que décrit tout à coup le Pa-tzeu-'ho près de Jai-kou-chan repose sur le Cambrien qui, aux environs de La-ni-tang, forme une série excessivement épaisse (se reporter à la fig. 18, atlas) avec une direction de pendage générale S. S. E. qui se décompose en réalité en une série de plis en forme de petits monoclinaux. Au col de La-ni-tang (2.650 m.) se trouve la clef de voûte d'un anticlinal à retombées normales, entièrement formé dans sa partie découverte par le Cambrien; de l'autre côté du col, c'est-à-dire au N. N. O,, l'axe des plis s'infléchissant ici fortement de façon à se rapprocher de la direction O.-E., on redescend sur la retombée cambrienne jusqu'au ravin de Ta-tsouen-tzeu, dont le revers nord montre une épaisse série dinantienne gréso-marneuse reposant sur le flanc N. N. O. de l'anticlinal de La-ni-tang en discordance tectonique, le contact s'établissant ici entre la série gréso-calcaire inférieure géorgienne et le Dinantien, avec suppression de toute la partie supérieure du Cambrien inférieur et de l'Ordovicien. Le Dinantien forme donc une écaille à pendage N. N. O. poussée sur le Cambrien ; en arrière de cette bande dinantienne, une autre écaille parallèle formée de Cambrien la chevauche à son tour , cette lame cambrienne formée par les schistes marneux roses fissiles à Redlichia chinensis Walcott, est très plissée sur elle-même. Dans la région de Lao-chou-to cette lame s'enfonce comme le montre la figure 113 (atlas) sous le synclinal à très faible courbure d'entre Tou-mou-nyi à Lao-chou-to, dont l'axe est occupé par l'énorme masse des labradorites, basaltes et tufs subordonnés. Du côté sud le synclinal chevauche la lame cambrienne de Lao-chou-to, mais ce sont les calcaires ouralo-permiens qui sont poussés sur elle, les termes intermédiaires, notamment le Dinantien argilo-gréseux h{.iV étant supprimé. Au contraire au N. N. O. la série des terrains reparaît complète (en tenant compte bien entendu des lacunes stratigraphiques décrites déjà : V. p. 99) et au synclinal à faible courbure succèdent des plis très accusés, aux pendages proches de la verticale. La fig. 32 de l'atlas montre nettement la structure très plissée de la région de Tou-mou-nyi et de Chou-kou qui, malgré cela, serait relativement simple si les lacunes stratigraphiques ne compliquaient son étude. Les calcaires carbonifériens supérieurs qui forment le synclinal à axe vertical à charnière aiguë entre Tou-mou-nyi et Chou-kou reposent manifestement en transgression sur une zone déjà plissée pendant le Moscovien et fortement érodée avant leur dépôt ; la fig. 32 (atlas) est tellement explicite qu'il paraît inutile de s'étendre davantage sur ce point. A l'ouest de Chou-kou, derrière la haute barre calcaire s'élevant à 3.600 m. et surplombant le grand ravin de Tou-mou-nyi passe le plan de charriage de l'énorme nappe du KJn-cha-kiang, parallèlement à l'axe des plis que nous étudions. Disparition des plis précédents sous la nappe du Kin-cha-kiang. — Ceux-ci se dirigent vers le N. E., J. Deprat, Géologie générale avec tendance à se rapprocher de la direction O. E., mais dans le haut massif du Kiao-ting-chann, ils dis¬ paraissent sous la nappe le plan de charriage décrivant ici une courbe dont la concavité est tournée vers le nord. Plissements dans la région du Wou-long-'ho et du Pou-tché-'ho. — Si nous suivons dans leur cour¬ se vers le N. E. les plis formés par les termes carbonifériens moyens et supérieurs et permien entre Lou-lan et Tien-houé, nous les verrons s'accentuer davantage, puis se renverser peu à peu vers le S. E. tandis que les axes se redressent peu à peu vers le N. E. Dans la région de Wou-long, le renverse¬ ment est complet, et en même temps les axes diminuent de nombre et entre Wou-long et Tchang-hi, on n'observe plus qu'un gigantesque synclinal couché, dont l'axe est occupé sur 12 km. de largeur en ligne droite par la formidable accumulation des labradorites et des basaltes du Permien supérieur, accompa¬ gnés de tufs abondants, de cinérites et localement de diabases. Il y a là une des plus puissantes séries de labradorites paléozoïques que l'on puisse étudier. Le synclinal offre un flanc renversé N. O. complètement couché. J'en ai observé un bel exemple dans la région de Wou-long, si grandiose par les énormes escar¬ pements de calcaires ouraliens et permiens qui surmontent les vastes pentes sculptées dans les labrado¬ rites ; au premier abord, on ressent l'impression que les calcaires sont supérieurs à la masse des labrado¬ rites, tandis que c'est l'inverse qui se produit et ces dernières plongent complètement sous les hautes montagnes calcaires ouralo-permiennes du Wou-long-chann. J'ai cherché à démontrer clairement ce fait très important dans la coupe représentée fig. 114 (atlas), dans laquelle, l'impression première serait que les calcaires sont stratigraphiquement supérieurs aux labradorites permiennes, tandis qu'elle est le résultat d'une anomalie tectonique. Si on suit le contact des calcaires et des labradorites, on observe dans beaucoup d'endroits avec une très grande netteté ce renversement complet des calcaires ouralo-permiens sur les labradorites ; par exem¬ ple au col de Tsouen-tien-pô, qui permet de passer de la vallée du Wou-long-'ho dans celle du Pou- tché-'ho ; dans la vallée du Pou-tché-ho, sous le col, des parois abruptes entaillées par des ravins normaux à l'axe des plis montrent ce fait avec toute la clarté désirable. La fig. 115 (atlas) offre une coupe typique à cet égard, prise près du pont qui traverse le Pou-tché-'ho au-dessous du col de Tsouen-tien-pô. Le flanc renversé de ce vaste synclinal se complique en arrière par l'adjonction de Garboniférien moyen formé de grès, quartzites rouges, arkoses rubanées et poudingues qui, sur une grande longueur, s'enfonce sous la nappe du Kiao-ting-chann, cette bande qui repose sur les calcaires ouraliens à Fusulina brevicula en série renversée offre elle-même dans la région du Pou-tché-'ho un accident secondaire la plissant sur elle-même et amenant dans un mince pli couché le Dinantien à former une longue bande d'affleurements argilo-gréseux étroits ; sur le versant O. du Pou-tché-'ho, près du village de ce nom ceci s'observe facile¬ ment sur le sentier de Lao-tchang, dans la dure montée entre Pou-tché-'ho et la pagode de Kouan-in. Près de celle-ci, un retour du Dinantien se fait, enfermant les grès moscoviens dans un étroit anticlinal cou¬ ché ; cette nouvelle bande dinantienne est chevauchée par le contact anormal de la grande nappe du Kiao- ting-chann sous laquelle, elle disparaît par endroits, formant au contraire ailleurs, comme le montre la Carte géologique un mince liséré irrégulier le long du plan de charriage. Pour la compréhension de la structure compliquée que nous décrivons, il sera bon de se reporter aux grandes coupes figs. 169 et 170 de l'atlas. Dans la partie inférieure du cours du Liou-chou-'ho, entre la profonde coupure où passe cette rivière et Tong-tchouan-fou, en dehors des failles radiales qui découpent la région, les dislocations restent considérables et prolongent celle que nous venons d'examiner dans la région de Pou-tché-'ho, mais les deux grandes fractures N. S. qui passent à l'ouest de Tong-tchouan-fou interrompent la continuité des plis. La ligne de contact anormal qui sépare la nappe du Kiao-ting-chann delà zone synclinale qu'elle chevauche se dirige au-delà de Pou-tché-'ho directement vers le nord et passe un peu à l'ouest du confluent du Liou-chou-'ho et du Kin-cha-kiang. A l'est de cette ligne la zone synclinale de la région du Wou-long-'ho et du Pou-tché-'ho se prolonge par Tong-tchouan-fou. Un anticlinal à noyau moscovien gréseux borde ce synclinal à l'est et recoupe obliquement la vallée du Tché-ki-'ho. Ces plis à grande envergure sont peu disloqués. Ainsi l'ensemble des plis que nous venons de décrire forme un arc de cercle à faible courbure, dans lequel la direction N.E. passe peu à peu au N. N. E. vers Tong-tchouan-fou et au contraire tend à passer à Géologie structurale la direction E. O. au-delà du Pou-tou-'ho (déversoir du lac de Kouen-yang). Ces plis sont largement chevauchés par la nappe du Kiao-ting-chann que nous allons décrire maintenant. IV. — Zone charriée du Kiao-ting-ehann 11 me reste maintenant à examiner la nappe puissante qui chevauche la zone des plis précédents. Elle est délimitée par un important contact anormal qui décrit dans le massif du Kiao-ting-chann une courbe grossièrement concentrique au cours du Fleuve Bleu (ou Kin-cha-kiang, dénomination locale). La trace du plan de charriage passe dans la région du bas Pou-tou-'ho avec une direction transversale à celle de cet affluent du Fleuve Bleu, près du village de Ta-tzeu, puis il s'infléchit vers le S. E. longeant le revers sud-occidental des énormes à-pics calcaires du Kiao-ting-chann ; ensuite il remonte avec une direction N. N. E. puis S. N. le long du Pou-tché-'ho. On a vu dans la partie stratigraphique de ce mémoire que tout ce qui dans les environs de la vallée du Kin-cha-kiang se trouve enfermé à l'intérieur de cette ligne de contact anormal, est formé par un puissant complexe de phyllades, quartzites, grès écrasés, schistes marneux laminés dans lesquels j'ai pu établir la présence du Cambrien, de l'Ordovicien et probablement du Dinantien et des grès moscoviens. J'ai montré que dans cette région les bouleversements étaient tels et les écrasements si considérables qu'il est inutile de chercher à y établir des divisions très précises et qu'il fallait se borner à y considérer un complexe de terrains et à le pourvoir d'une notation compréhensive. Tout cet ensemble est intensément plissé, en dehors du charriage qui a poussé cette zone sur les plis méridionaux et la figure 116 (altas) offre le détail des dislocations de la zone charriée entre Lo-suy et Ta-me- chau. La zone charriée en question est profondément entaillée par des vallées d'une profondeur colossale, d'abord celle du Kin-cha-kiang, puis celles de ses profonds affluents comme le Pou-tou-'ho, de sorte que les plissements peuvent être étudiés facilement sur les gigantesques parois des ravins. On se rend ainsi compte des prodigieux refoulements qui ont affecté toute cette masse ; j'ai donné comme exemple la figure 19 (atlas) dans laquelle les contournements des couches du complexe cambro- ordovicien-dinantien ont été dessinées d'après nature. Les plans d'étirement, les plis-failles, sont innombrables dans cette masse et il est inutile de chercher à en faire le détail ; il est à peine utile d'ajouter que la recherche d'axes synclinaux ou anticlinaux serait chose illusoire dans une région qui se présente comme une masse de terrains prodigieusement contournés. J'ai déjà indiqué que cette énorme masse est surmontée par la puissante série des calcaires ouraliensj et permiens formant le dernier terme de la série stratigraphique et constituant ainsi un complexe plissé d'é¬ paisseur considérable ; ces calcaires sont vigoureusement plissés, mais une discordance qui n'est point due à une lacune d'ordre tectonique récente, mais se rapportant au contraire au mouvement orogénique mos- covien indique deux superpositions de plissements, et en dehors de toute considération de charriage, la nappe du Kiao-ting-chann offre les indices d'un premier plissement antérieur au dépôt de l'Ouralien puis les plissements postérieurs ont repris l'ensemble. Il suffit de consulter les figures 19 et 117 de l'atlas pour se rendre compte de ce fait, exprimé également dans les figures 169 et 170 le l'atlas. C'est cette série de calcaires ouralo-permiens qui, partout dans la région du Fleuve Bleu, donne nais¬ sance aux gigantesques escarpements qui surplombent les vertigineuses vallées, se montrant régulièrement comme couronnement du complexe cambro-ordovicien-dinantien ; c'est elle qui constitue la série de rem¬ parts énormes qui forme la masse du Kiao-ting-chann, lorsqu'on la contemple du col de Ta-fong-keuou (fig. 16 texte). Il arrive fréquemment que les calcaires se trouvent par suite d'action tectoniques pincés en lames plus ou moins écrasées dans le complexe gréso-schisteux ; c'est le cas au N. O. du col de Ta-fong-keuou, mais dans ce cas, il est facile de voir que la discordance entre les calcaires du complexe ouralo-permien et le complexe gréso-schisteux inférieur est une discordance franchement d'ordre tectonique. Les phénomènes d'écrasement s'observent constamment dans toute cette région ; les bancs de calcaire 298 J. Deprat, Géologie générale cambrien par exemple se présentent en général en lentilles dans lesquelles la structure bréchoïde est constante. Je crois avoir suffisamment indiqué les caractères généraux de cette zone. Je vais maintenant indiquer de façon rapide comment cette importante région charriée se comporte vis-à-vis de la région sur laquelle elle est poussée. Coupe dans la vallée du Pou-tou-'ho. — Près du village de Ta-tzeu, le plan de charriage est forte¬ ment relevé et s'enfonce rapidement vers le N. La masse du complexe gréso-schisteux et des phyllades cambro-ordovicien-dinantien, fortement plissé et contourné est poussé en masse sur la surface des calcaires ouraliens appartenant aux faisceaux plissés de la région de Tou-mou-nyi. Ces calcaires forment de gigantesques falaises surplombant le Pou-tou-'ho sur la rive droite ; le village de Ta-tzeu installé à 2.130 m. d'altitude sur une étroite corniche surplombant le Pou-tou-'ho (qui porte ici le nom de Ki-tou-'ho) se trouve sur les calcaires, mais il est entouré de placages de lambeaux aux couches contournées appar¬ tenant à la base de la nappe et que l'érosion a laissés çà et là ; au-dessous du village et au N. l'ensemble de la masse charriée recouvre définitivement les calcaires de la zone des plis extérieurs à la zone charriée. Cette région est d'un pittoresque et d'une sauvagerie extraordinaires, l'érosion rapide due aux mouvements épéirogéniques récents, a provoqué la sculpture des versants en arêtes aiguës, descendant avec une rapidité Considérable vers les thalwegs. Coupes dans la région du Pou-tché-'ho, aux environs de Ta-me-ti. — Je crois qu'une description aussi détaillée qu'on pourrait la donner n'ajouterait rien aux renseignements que donnent les grandes coupes fig. 169 et 170 (atlas). Elles montrent de façon très claire comment s'effectue le contact de la région charriée et de la zone plissée qui lui fait suite au S. E. et à l'E. et la façon dont la région synclinale du Wou-long-'ho et du Pou-tché-'ho s'enfonce sous elle dans la région de Lao-tchang. Direction des plis dans la zone charriée du Kiao-ting-chann. — La zone charriée du Kiao-ting- chann est, nous venons de le montrer, entièrement plissée ; mais ces plissements, s'ils sont souvent incohé¬ rents dans des points localisés, sont au contraire dirigés d'une façon décisive vers le N. E. Je montrera plus loin l'importance de ce fait pour la compréhension de la structure générale de la région et de l'origi¬ ne du mouvement de charriage. Cette orientation générale est très nette pour qui cherche un point de vue élevé ; par exemple, depuis les sommets du Kiao-ting-chann, l'œil voit les alignements calcaires du complexe ouralo-permien de la nappe s'orienter dans cette direction. COUP D'ŒIL GÉNÉRAL SUR LA DIRECTION ET L'ALLURE DES PLIS AU YUN-NAN Faisant complètement abstraction du rôle des failles radiales, cherchons maintenant à dégager de cette analyse les grandes lignes d'orientation des plis. Nous avons vu que des mouvements orogéniques d'âge très différent étaient superposés au Yun-nan oriental ; je ne reviendrai pas sur ces faits exposés en détail antérieurement. Il est difficile, sinon impos¬ sible de chercher à séparer les lignes directrices des plissements moscoviens et permiens des directions d'âge himalayen, les mouvements orogéniques de cette phase qui ont été certainement les plus importants se sont simplement superposés à ces derniers en les exagérant. 10 Zone de bordure des massifs anciens du Haut-Tonkin prolongement de l'élément chinois sud-orien¬ tal. — Elle comprend uniquement des termes paléozoïques. Serrée entre Mong-tseu et la région de Lao- kay à Ma-li-po, elle offre des plis puissants, énormes isoclinaux, occupant le bassin du Nan-ti, écrasés contre le massif cristallophyllien et primaire du Haut-Tonkin, avec laminages intenses. Les axes tectoni¬ ques, pourvus dans le Nan-ti d'une direction N. N. E., s'infléchissent fortement à l'est, au nord de Ma-li-po, moulant ainsi le grand massif tonkinois. 20 Plis de la région triasique sud-orientale. — Les dépôts triasiques forment au sud et à l'est de Mong- tseu une bande orientée N. N. E.-S. S. O. — En se dirigeant vers le Tonkin, la direction générale des plis paraît s'incurver de façon à devenir d'abord N. S., puis S. S. E. et enfin S. E. dans la région de la Rivière Géologie structurale a99 Noire où les dépôts triasiques ont été reconnus. Au contraire, en s'éloignant de Mong-tseu vers le N., la ban¬ de de terrains triasiques forme une zone de plis très disloqués qui s'incurvent vers le N. E. Toujours resser¬ rée entre Mien-tien et Mong-tseu, elle se dilate largement vers le N. E., vers le Kwéi-tchéou. Les plis sont très accusés dans cette zone, les plis couchés, les charriages locaux, les failles d'étirement y sont plus fré¬ quents que les plis normaux qui sont l'exception. Le sens du déversement là où la compression du géosyn¬ clinal triasique offre son maximum est indifférent (région de Mong-tseu). Il se fait au contraire vers le sud- est, c'est-à-dire dans la direction du massif ancien du Haut-Tonkin, dans la région entre Kwang-si-tchéou et Kai-hoa. 3° Zone palèozoique occidentale. — Cette vaste région qui s'étend largement à l'ouest vers Ta-li- fou, ne contient pas trace de terrains secondaires. I. — Elle est en contact avec le géosynclinal triasique oriental par une longue ligne de contacts anor¬ maux, surtout failles radiales, s'étendant des environs de Lin-ngan à la région de Mi-leu par Pong-pou ; mais dans la région de 'Hoa-keuou c'est par une zone de charriages que s'effectue ce contact, et on voit se former là une bande de bordure carboniférienne excessivement plissée sous laquelle s'enfonce nettement la région triasique. En arrière de cette bande plissée apparaît une zone tranquille où les couches paléozoï- ques calcaires (Dévonien moyen et supérieur, Ouralien et Permien) sont plissées en grands anticlinaux sur¬ baissés offrant de remarquables plateaux karstiques et dans lesquels parfois la clef de voûte démantelée laisse apparaître du Dinantien en boutonnières. II. — En arrière, c'est-à-dire à l'ouest s'étend une région de hautes chaînes montagneuses, extrême¬ ment tourmentée que j'ai appelée zone du Tié-tchen-'ho, déjà vivement plissée pendant le Moscovien, re¬ prise par les mouvements orogéniques permiens et enfin puissamment disloquée par les mouvements hima- layens qui y ont fait naître d'importants charriages (Région du Wou-tsa-chann). La direction générale est N. N. E., mais au sud, il y a dans la région de Si-wo une incurvation lente tendant à amener les plis dans la direction est-ouest. III. — En arrière encore, entre la zone des lacs et le haut Fleuve Bleu les mêmes faits se répètent, alternance des zones de plis normaux et de zones violemment plissées, en écailles superposées, les secon¬ des formant la bordure méridionale ou sud-orientale des premières et chaque zone chevauchant en général la zone qui se trouve au sud par des plans de charriage dont la trace forme sur la carte de longs parcours. Cette large bande de plis, orientée N. N. E. dans la région de Tong-tchouan passe au N, E. au N. de Yun-nan-fou, entre cette ville et le Fleuve Bleu et peu à peu s'incurve vers l'ouest vers Yao-tchéou (j) pour remonter vers le nord-ouest dans la région de Ta-li-fou d'après les observations de Von Loczy et dessinant ainsi au N. du Yun-nan un vaste arc à convexité tournée vers le sud. 4° Masse charriée du haut Fleuve Bleu. — Dans la concavité de l'arc précité, et jalonnant à peu près la boucle du haut Fleuve Bleu, on voit apparaître à l'ouest de Tong-tchouan-fou une puissante zone de charriages dirigée vers le sud, dans le massif aux cotes considérables du Kiao-ting-chann. Les plis de la troisième zone disparaissent entre Ki-tou et Pou-tché-'ho sous cette masse, énorme complexe de termes paléozoïques. En résumé comme le montre la coupe schématique fig. 118 (atlas), le Yun-nan oriental entre les mas¬ sifs du Haut-Tonkin et le haut Fleuve Bleu offre : i° une bande de terrains paléozoïques plissés moulant les massifs haut-tonkinois, 2° une bande de terrains triasiques formant une zone de plis serrés écrasés dans la région de Mong-tseu entre elle et l'aire paléozoïque occidentale. Cette dernière la chevauche dans la région de Mi-leu, 'Hoa-keuou. Ailleurs, le contact s'établit par fractures 30 Une grande aire paléo¬ zoïque occidentale offrant un faisceau de plis N. N. E. dans la région des lacs, s'incurvant peu à peu vers l'ouest, d'une part, puis vers le nord-ouest dans le Yun-nan occidental, en formant une série de bandes plissées qui se chevauchent graduellement vers le sud et le sud-est. Dans la concavité de ce grand arc plissé s'enfonce la vaste masse charriée du haut Fleuve Bleu. L'ensemble du Yun-nan oriental présente donc, en résumé la structure suivante : La région a reçu un effort de refoulement gigantesque vers le sud. On peut la décomposer par la (i) En dehors de la Carte, à l'O. N. O. de Yun-nan-fou. Roo J. Deprat, Géologie générale pensée en une série de zones tectoniques présentant chacune tour à tour une apparence relativement tran¬ quille saut au voisinage de la zone que la précède immédiatement vers le sud et où se sont produits des chevauchements considérables. La poussée a été particulièrement forte dans la région du Fleuve Bleu où nous voyons le massif énor¬ me du Kiao-ting-chann extrêmement écrasé qui paraît avoir été entraîné d'un seul bloc sur les terrains sous-jacents. L'état de dislocation intense clans lequel se trouve cette masse laisse supposer qu'elle a été elle-même laminée par le déplacement relatif des monts du Yung-ling chann, (prolongement sud du Kouen-lun) qui auraient agi à la façon des Dinarides sur les Alpes. Dans cette vue hypothétique, le Kiao-ting-chann représenterait pour nous les nappes alpines, la plus grande partie du Yun-nan oriental serait l'homologue du Vorland alpin, mais d'un Vorland qui aurait subi lui-même un mouvement de poussée très intense. RELATIONS DES PLIS YUNNANAIS AVEC LES FAISCEAUX ASIATIQUES ENVIRONNANTS. Pour comprendre cette structure générale de l'architecture yunnanaise antérieurement à la période de lormation des grandes fractures, il est nécessaire de rechercher comment les faisceaux plissés yunnanais se comportent vis-à-vis de ceux qui forment les directrices tectoniques dans les régions asiatiques envi¬ ronnantes. Sys cLcl, Kwe.n, Ltu-ig et cLu. Tslst Ccng Cf-lczsrri; Ane yUJ-U-IZZSÏCLÎ'S T^cLLsce-OLLu sctudansTLXZrTT^btgcùg boncLune. cte L'é.L&rnjen£. s uni - onln.rUzaZ T^olLscgcz/u, oLll fVfé Kong o o se terminant près de Siao-tang- tche ; le Niéou-lang-'ho a emprunté cette dépression faillée sur tout son parcours et s'en échappe en face de Siun-tien-tchéou par une vallée parallèle au plissement dans le Fong-wou-chann, par conséquent vers le N. E. Un seuil étroit sépare la dépression linéaire de Siun-tien-tchéou d'une autre semblable qui lui fait suite, longue d'environ 10 km- et rigoureusement dans le prolongement de la précédente, la plaine de Sin- kai-tseu, parcourue également par le Niéou-lang-'ho qui passe de la dépression de Iang-lin dans celle- ci par la vallée de Ta-kouang-ti parallèle aux plis du Yo-liang-chann. Le Niéou-lang-'ho comme je l'ai déjà indiqué, utilise donc alternativement des vallées parallèles aux plissements et d'autres parallèles aux fractures. Au sud de la vallée fracture de Sin-kai-tseu, la faille quitte tout à coup sa direction nord-sud et oblique vers le S. S. E. en occasionnant dans la région de Si-yang-tang et d'Eul-long-si-chou de grosses dénivellations mises en lumière dans les fig. 38 et 102 (atlas) et les différentes coupes de lafig. 108 (atlas).— Le côté est de la faille est généralement bordé par le Cambrien ou l'Ordovicien de la région du Long- pai-chann, tandis qu'à l'ouest ce sont les différents termes carbonifériens qui viennent en contact avec ce Cambrien ou l'Ordovicien, comme le montrent les coupes précitées. Dans la région d'Eul-long-si-chou, au pied des grands escarpements dans lesquels se trouvent les mines, la faille s'incurve vers le S. E. vers le col de Ta-ta-kai par où passe le chemin des mines de charbon à K'o-pao-ts'ouen ; c'est généralement, le Carbonilerien moyen supérieur (calcaires à Sp. mosquensis ou bien calcaire de Chouéi-tang) qui vient en contact avec le Cambrien. Au col de Si-yang-tang, le contact se fait entre le Moscovien et les couches ordoviciennes à Dionide formosci ; en tous cas la dénivellation entre les deux lèvres de la faille est toujours très grande ; dans le cas où le Cambrien à Recllichia sinensis vient en contact direct avec le Moscovien supérieur, en tenant compte des plissements, on peut admettre, en considérant qu'ici le Dévonien n'existe probablement pas en profondeur, par suite d'abrasion et en le défalquant par conséquent, on peut, dis-je, admettre une dénivellation minimum de 1.000 m. ; il y a évidemment plus de distance verticale entre la partie supérieure du Moscovien et le Géorgien, mais les plis étant très accusés, par suite du pen- dage des couches ce n'est pas cette distance théorique qui doit être envisagée. La faille reprend ensuite une direction très voisine de l'orientation N. S., inclinée seulement de Géologie structurale quelques degrés vers l'est et forme un abrupt qui donne naissance à la rive occidentale du lac de fracture de Iang-tsong long de 14 km., large de 3 en moyenne, fosse aux bords escarpés, occupée par une eau claire, très profonde ; la carte montre nettement l'allure typique de cette fosse presque rectangulaire, aux rives parallèles plongeant rapidement dans l'eau ; les plis viennent se terminer en biseau contre cette zone de fracture si nette. Dans le panorama (planche II) dessiné depuis la rive orientale du lac, on se rend nette¬ ment compte du passage de la faille au pied de la chaîne du Ta-ing-chann et de l'énorme dénivellation produite. La fig. 105 (atlas) montre l'allure des cassures dans la région du lac de Iang-tsong et j'ai réuni dans la fig. 106 (atlas) quatre coupes montrant bien que le lac et ses abords constituent une zone de fractures. La cassure principale reparaît au sud du lac, elle traverse le massif du Lo-tchang-chann en conservant cette direction voisine de N. S. et vient aboutir à l'extrémité N. du lac de Tcheng-kiang. Mais ici la fracture principale se décompose en un champ de fractures qui ont donné naissance à cette autre belle fosse de 38 km. de long bordée de sommets abrupts, aux rives escarpées, qui s'appelle le Fou- sien-'hou ou lac de Tch'eng-kiang, et aux rives si remarquablement voisines d'être rectilignes sur de longs parcours. La Carte géologique et la Carte tectonique montrent nettement comment sur la fracture principale se greffent des cassures N. O. rejointes elles-mêmes par d'autres fractures N. N. E. parallèles à la cassure principale et qui sont des échos de celle-ci. J'ai réuni dans la figure 120 de l'atlas, quatre coupes qui montrent l'allure de fosse, de dépression engendrée par des fractures, du lac de Tch'eng-kiang. L'abrupt causé par l'effondrement est souvent très important, comme dans les magnifiques escarpements de Hou- cheu-ngai, hauts de 800 m. environ à pic sur le lac (phot. planche XIX). L'extrémité sud du lac de Tch'eng-kiang est prolongée par des cassures rapprochées parallèles qui découpent le Carboniférien moyen et supérieur en bandes juxtaposées ; la plus longue de ces failles qui représente le prolongement précis de la grande fracture que nous suivons depuis le haut Yang-tseu se continue avec la même direction S. S. E. dans le pays entre les extrémités sud du lac de Tch'eng-kiang et nord du lac de Tong-'hai et vient longer celui-ci, nouvelle cuvette d'effondrement, sans écoulement aérien, dont les eaux se perdent dans des passages souterrains dans lesquels les fractures jouent le rôle de drains; la fracture s'incurve ainsi autour de la rive sud-orientale du lac de Tong-'hai en prenant une direction N. O. puis elle se prolonge après un parcours de près de 300 km. dans le Carboniférien moyen plissé du Hoang- long-chann, en n'offrant plus qu'une dénivellation peu importante qui fait qu'on perd sa trace qui ne pourrait être relevée que par une étude très minutieuse et peu en rapport avec les résultats qu'elle fournirait. 4» Fractures parallèles a la zone de cassure des lacs. — Des fractures moins importantes comme parcours et qui sont en quelque sorte des répliques de la grande cassure des lacs orientaux s'observent à l'est, biseautant les plissements d'entre la région des lacs de Iang-tsong et de Tch'eng-kiang et le cours nord-sud du Tié-tchen-'ho. Faille de Pai-le-tsen : La première que j'ai appelée faille de Pai-le-tsen par suite de la grande net¬ teté avec laquelle ou l'observe près de ce village n'est qu'un rameau de la grande cassure des lacs dont elle se détache près d'Eul-long-si-chou. — Elle se dirige ensuite vers le S. S. E. en longeant les hauteurs cam- briennes qui séparent la plaine de Tang-tche, prolongement nord de la dépression du lac de Iang-tsong, de la vallée d'Yi-léang, et conjointement avec la cassure principale des lacs, elle détermine entre le bord oriental faillé du Ta-ing-chann et les hauteurs cambriennes à l'est de K.'o-pao-ts'ouen une zone effondrée, occupée du reste aussi par des hauteurs cambriennes que j'ai dessinées dans le panorama (planche II). Au S. S. E. de Tang-tche, cette cassure rencontre une faille S. E. qui limite au N. la chaîne des brachyanti- clinaux formés de Carboniférien moyen et supérieur et de Permien que j'ai décrits page 289 et qui forment la plus grande part des plis de la rive orientale du lac de Iang-tsong; cette nouvelle faille N. N. O. tronque ainsi obliquement l'extrémité nord de la chaîne des brachyanticlinaux en mettant en contact la labradorite permienne et le Cambrien ; puis les deux failles, celle de Pai-le-tsen et la faille oblique greffée sur la dépression de Iano--tsong se confondent en une seule comme le montre la Carte tectoni¬ que et après un court trajet vers le S. E. ; la cassure unique fait un coude brusque et reprend la direction primitive S. S. O. voisine de N. S. parallèle à la cassure principale des lacs, en mettant en contact le Cam¬ brien de la région d'Yi-léang à l'est et le Carboniférien d'âge différent suivant les points, à l'ouest. A la 3o8 J Deprat, Géologie générale hauteur de Siu-kia-tou la faille très visible biseaute toujours les plis N. E. ou N. N. E.; elle est surtout admirablement nette près du village de Pai-le-tsen ; mais ici elle ne met plus en contact que du Moscovien gréseux h,b à l'est avec de l'Ouralien /?3 à Fusulinci regularis et F. breviculci à l'ouest. Elle a simplement provoqué ici l'effondrement du flanc d'un anticlinal dans sa partie centrale, comme le montre nettement l'excellente coupe que l'on peut relever en descendant du faite du Wou-tsa-chann sur Siu-kia-tou par la route de Tch'eng-kiang, coupe que j'ai donnée fig. 41 (atlas) et déjà décrite dans la partie stratigraphique page 119 et qui me dispense de m'étendre davantage sur ce point. La faille de Pai-le-tsen se termine à une dizaine de kilomètres au sud après un parcours total d'une soixantaine de km. environ. Par rapport aux gigantesques lignes de fractures que nous avons déjà décrites et à celles qui nous reste à étudier, la faille de Pai-le-tsen offre une importance relativement faible. Faille d'Yi-léang : Peu importante également par sa longueur est la faille d'Yi-léang. Elle prend naissance au N. N. E. d'Yi-léang dans le Long-pai-chann, donne naissance à la longue dépression d'Yi- léang, ancien fond lacustre linéaire allongé à peu près N. S., puis après avoir traversé le Pa-ta-'ho entre Kéou-kai-tzeu et Ti-chouéi, elle passe avec une direction N. S. dans le San-tai-chann, en faisant buter le Carboniférien de la région de Siu-kia-tou contre l'extrémité sud-ouest du grand synclinal dont l'axe est occupé par le Dévonien supérieur et qui est parallèle au N. O. au cours de la rivière de Lou-nan. Faille de Ninh-tehéou et de Chéou-tin-tehao : La première qui prend naissance aux environs de Ke-ma-tsin dans le Wan-song-chann au S. S. E. de Tsin-long-kai offre des dénivellations relativement peu importantes : elle se dirige au S. S. O. par Sin-tchai, passe entre Tou-la-houé et Mong-ti-tsen, en mettant simplement en contact les labradorites permiennes \ avec la partie supérieure des calcaires oura- liens à Néoschwagérines, ce qui dans la région équivaut à une dénivellation de 250™ environ. La même faille se poursuit au N. O. de Ninh-tchéou, en obliquant franchement vers le S. O. et, se rapprochant de la partie méridionale de la faille des lacs, passe au sud du lac de Tong-'hai. Une autre faille de court trajet, très nette dans ses effets passe dans l'axe du synclinal ouralopermien du Tien-ma-chann, en faisant buter comme je l'ai déjà indiqué (page 280) les calcaires permiens moyens à Doliolines du flanc est du synclinal, avec les grès moscoviens h,b. Parallèlement à cette faille, on observe deux petites cassures auxquelles la formation de la dépression de Ninh-tchéou ne paraît pas être étrangère. Je renverrai le lecteur à la coupe A de la fig. 97 (atlas) où le rôle de ces failles se manifeste de façon précise. 50 Fracture de Lou-nan. — Cette grande cassure qui est du plus grand intérêt par sa longueur, les fortes dénivellations qu'elle occasionne et sa netteté est un des principaux accidents de ce genre du Yun- nan oriental et peut, par son importance, rivaliser avec la grande cassure des lacs ou la fracture Tou-tza A-mi-tchéou que nous décrirons plus loin. M. Lantenois l'avait déjà observée dans la région de Lou-nan même et avait reconnu son existence. Nous avons pu la suivre sur toute sa longueur et tracer ainsi son par¬ cours sur la carte. — En réalité, nous ne la connaissons pas entière, car elle paraît se poursuivre au N. de la route de Ma-long-tchéou à Yi-long et nous l'avons abandonnée un peu au N. ; elle paraît se prolonger vers la frontière du Kwéi-tchéou et du Sseu-tchoan ; en tous cas, nous l'avons personnellement reconnue sur une longueur de 240 km- environ. — Nous avons tracé la fracture de Lou-nan sur notre carte depuis une douzaine de kilomètre au N. de Ma-long-tchéou jusqu'aux environs de Lin-ngan. Depuis le point où nous la considérons, mais qui n'est pas son point d'origine, puisque nous ne l'avons pas entièrement sui¬ vie, cette fracture se dirige d'abord par So-lo-wan entre Ma-long et Yi-kou-sseu avec une direction S. S. O. en mettant largement en contact le Permien calcaire inférieur ou moyen avec le Cambrien très plissé à l'ouest. Les conditions restent les mêmes jusqu'à la traversée par la faille de la branche E. O. du Pa-ta- 'ho qui porte le nom de Si-chann-ta-'ho. Entre Ho-mo-tchan et Ta-koa, un peu au sud du fleuve la faille se complique d'une réplique latérale à l'ouest, enveloppant complètement un casier de Moscovien gréseux, puis elle continue son parcours vers le S. S. O. Elle met alors en contact les différents terrains du synclinal cambro-dévonien dirigé E. O.-N. E. qui passe entre le Lou-nan-'ho et la plaine d'Yi-léang ; la Carte géologique montre nettement comment les termes successifs des deux flancs du synclinal viennent l'un après l'autre buter contre le Permien supérieur gréseux rouge /•„, de la région de Lou-nan ou contre les poudingues. Géologie structurale M. Lantenois ayant traversé la faille de Lou-nan dans l'itinéraire d'Yi-léang à Lou-nan avait reconnu déjà ce bel accident si net (i) seulement, je ne crois pas qu'il soit exact de la considérer là comme étant peut-être le résultat d'un double pli comme M. Lantenois a cru devoir le faire par suite de l'aspect des strates qui se rebroussent à l'ouest de Lou-nan de part et d'autre de la faille, et que c'est une laille au sens strict du mot, une faille radiale, en éliminant la notion de pli-faille. Les coupes E et F de la figure 122 (atlas) montrent à l'est de Lou-nan deux sections successives parallèles du nord au sud montrant l'une leDévonien inférieur du l'autre le Cambrien à Redlichia sinensis s^a en contact avec les poudingues permiens supérieurs r,,. A partir de cette région, la faille de Lou-nan se poursuit vers le S. S. O. avec des caractères énergi- quement accusés ; vers Oua-tse, puis Ta-tsuen, elle forme un escarpement caractéristique dont le regard est tourné vers l'est et que l'œil suit facilement. Les conditions restent identiques dans la région de Lou-khi où elle affaisse largement le Permien à l'est dans les conditions montrées par la coupe D de la fig. 122 (atlas) et par la coupe fig. 51 de l'atlas. Elle passe ensuite entre Che-mo et Po-shi avec une direction voisine de N. S. en mettant en contact le Dévonien de la région de Po-shi avec le pli de Wéi-téou-chann formé d'Ouralien et de Permien ; passant à peu près par l'axe du synclinal, elle met successivement en contact les différentes formations du syncli¬ nal depuis l'Ôuralien à Neoschwagerina craticulifera Schwager jusqu'à la labradorite permienne ff11' occupe l'axe du synclinal ; ceci est nettement montré par la Carte géologique. Reprenant la direction S. S. O. la fracture de Lou-nan traverse le Tié-tchen-'ho au sud de Po-shi près de Je-chouéi-tang en mettant en contact les calcaires du Dévonien moyen de Si-tché-yi avec le Carboniférien supérieur calcaire à Fusulina multiseptata Schellwien. La faille se coude ensuite dans une direction voisine de N. S. à l'est de Mo-kou, en disloquant le Dé¬ vonien inférieur et moyen déjà puissamment plissé comme nous l'avons déjà indiqué ; puis elle reprend la direction S. S. O. franche entre Lao-yun et Wou-lou-si-chou, oblique ensuite de nouveau vers une direc¬ tion très voisine de nord-sud à l'ouest du lac de Tsin-chouéi-tang en mettant en contact le Dévonien moyen et les calcaires ouraliens h-, à F usulina multiseptata dans les conditions indiquées par les figs. 43 et 94 (atlas) et la coupe A de la fig. i22*(atlas). — Elle donne ensuite naissance au bord faillé occidental du bassin de Mien-tien et se redresse vers le S. O. pour former le rebord méridional du bassin à écoulement sous-terrain de Lin-ngan, en mettant en contact encore ici l'Ouralien à F usulina multiseptata ou à F. incisa avec le Dévonien moyen. La faille de Kéou-kai citée par M. Lantenois sur la route de Lin-ngan au Fleuve Rouge n'est pas autre chose que le prolongement de la grande fracture de Lou-nan. Puis elle rencontre au N. O. de Kéou-kai la fracture de Chih-ping dirigée N. O.-S. E. c'est-à-dire parallèlement au cours du haut Fleuve Rouge dont cette dernière est très rapprochée. — H y a donc au sud de Lin-ngan intersection entre cette immense fracture du réseau N. N. E. qu'est la faille de Lou-nan et l'important réseau N. O.-S. E. que nous étudierons ensuite. J'ai donné dans la figure 122 (atlas) une série de coupes parallèles destinées à montrer les valeurs différentes de la dénivellation suivant les points le long de la faille de Lou-nan. Les deux coupes les plus éloignées sont distantes de 130 km. En tous cas la dénivellation entre les deux lèvres de la faille est toujours très considérable. 6° Fracture de Lan-nin-tsin. — Parallèlement à la fracture de Lou-nan existe une autre faille impor¬ tante que nous appellerons avec M. Lantenois, qui l'a reconnue près de Lan-nin-tsin, du nom de cette localité. Comme la faille de Lou-nan, celle de Lan-nin-tsin qui vient probablement d'un point situé beau¬ coup plus au N. N. E. a été suivie par nous des environs de Ma-longjusqu'aux environs de Lan-nin-tsin où elle se termine progressivement. (i) Il s'exprime ainsi à cet égard : « Le trait le plus caractéristique de cette coupe, et vraiment frappant à première vue est le contact anormal de Lou-nan, qui dessine sur le terrain une ligne droite de démarcation très nette dirigée N. N. E. entre le Permien à l'est et le Dévonien à l'ouest. Le contact des deux terrains s'effectue visiblement selon une surface quasi verticale, de part et d'autre de laquelle les strates se rebroussent. — Il est certain que nous sommes ici en présence d'une véritable faille.» (Mission géol. et minière du Yun-nan, op. cit., page 46). J. Deprat, Géologie générale Elle met d'abord pendant longtemps en contact avec une dénivellation assez faible le Permien supé¬ rieur de la région de Lou-léang et les calcaires permiens inférieurs et moyens ; puis comme la faille de Lou-nan à laquelle elle est d'abord parallèle et dont elle n'est séparée que par une dizaine de kilomètres, elle franchit le Si-chann-ta-'ho en mettant en contact le Dévonien moyen, sur lequel le Permien supérieur gréseux rouge est souvent transgressif, avec ce même Permien gréseux r,,, ou avec les calcaires artins- kiens ; j'ai donné dans la lig. 33 (atlas) une coupe montrant à l'est de Tien-sen-kouang les grès et marnes rouges permiens supérieurs placés en contact par une faille presque verticale contre les calcaires à Strin- gocéphales givétiens. La faille de Lan-nin-tsin se poursuit ensuite toujours vers le S. S. E. presque rectiligne, admirable¬ ment nette ; aux environs de Mao-chouéi-tong, après avoir mis le Dévonien moyen et les calcaires artinskiens en contact pendant quarante kilomètres, elle amène ensuite les labradorites >.2 contre ce même Dévonien moyen ; par endroits c'est avec les calcaires du Permien moyen à Doliolina lepida que se fait ce contact ; c'est dans ces conditions que la faille passe un peu à l'ouest du village de Lan-nin-tsin ; puis insensiblement la dénivellation causée par elle diminue et à quelques kilomètres au S. S. O. de Lan-nin- tsin, elle n'est plus perceptible. Ainsi entre les grandes cassures de Lou-nan et de Lan-nin-tsin, une longue fosse d'affaissement abaisse le Permien au niveau du Dévonien et même du Cambrien entre ces deux fractures grossièrement parallè¬ les, mais à l'est, l'abaissement devient de moins en moins considérable et disparaît, la faille provo¬ quant une dénivellation de plus en plus grande vers le N. N. E. ; à l'ouest au contraire l'affaissement per¬ siste le long de la faille de Lou-nan dont le parcours est autrement considérable que celui de la faille de Lan-nin-tsin bien que nous avons déjà reconnu cette dernière sur près de 100 kilomètres. 70 Failles de bordure de la région triasique. —Ici encore nous nous trouvons en présence de failles à long parcours ; mais au lieu de fractures généralement simples comme les grandes cassures de Lou-nan et de Lan-nin-tsin, on observe de longues failles, souvent parallèles, qui se rejoignent suivant des angles aigus. Failles parallèles dans la région de Tehao-koua : Dans la région de Tchao-koua passent de gran¬ des fractures parallèles. L'une se trouve à l'ouest du village, l'autre passe à l'est de Tchao-koua, derrière les dernières maisons du village. La dénivellation qu'offrent ces cassures alignées, franchement S. S. E. est faible et les grès rouges et les marnes du Permien supérieur étant discordants sur le Dévonien moyen, met¬ tent en général ces deux niveaux en contact ; on observe près de Tchao-koua un bassin à écoulement sou¬ terrain, dépression comprise e'ntre ces deux failles ; la figure 27 (atlas) dans sa partie droite montre très clairement la structure de cette région et comment elle est constituée par des bandes parallèles affaissées. Un peu au sud de Tchao-koua, ces mêmes conditions persistent ; la faille de Tchao-koua et celle qui court à l'est passent avec la même direction dans la région de Chouang-long-tsin en affaissant le Dévonien moyen par bandes parallèles en échelons vers l'est-sud-est comme le montre lafig. 123 (atlas); entre Tchao- koua et Chouang-long-tsin, le Permien supérieur gréseux se trouve abaissé à l'ouest tout le long de la faille de Tchao-koua de façon très nette et en contact constant avec le Dévonien moyen. Hoa-tong-ehann : Si on considère la Carte géologique, on constate que les failles qui enserrent la bande des affleurements du Dévonien moyen depuis Tchao-koua jusqu'à Chouang-long-tsin, se prolon¬ gent vers le S. S. O. en se rejoignant au sud du massif du Hoa-tong-chann. Rien n'est plus curieux que cette haute masse du Hoa-tong-chann, bordée à l'est et à l'ouest par des fractures qui l'ont laissée isolée, en saillie entre la grande dépression du Trias affaissé à l'est et la fosse de Ho-i à l'ouest ; elle offre des versants escarpés et se signale de loin à l'attention par la raideur de ses pentes et son isolement. La sec¬ tion transversale (figure 26 (atlas) montre nettement sa structure. Au N. N. E. elle se rattache directement à la zone de plateaux de Mo-tou-tsin. Le Hoa-tong-chann représente donc en quelque sorte une presqu'île, si l'on peut s'exprimer ainsi, de Dévonien formant un bec resté en saillie entre deux zones affaissées qui se rejoignent à son extrémité méridionale. Au delà, la faille unique qui résulte de la réunion des deux groupes de cassures que nous venons d'examiner se dirige vers le bassin de Mi-leu par Ta-chouéi-tang ; j'ai montré déjà comment elle disloque le Trias moyen et le Trias inférieur. — La dénivellation apparaît ici comme relativement faible. Géologie structurale Nous atteignons ainsi le bassin de Mi-leu, effondré entre de hautes zones plissées calcaires et encom¬ bré de dépôts du Pliocène supérieur, d'accumulations fluviolacustres et de loess du début du Quater¬ naire ; la faille que nous suivons actuellement préside à sa formation, concurremment avec une autre Iracture franchement N. N. E.-S. S. O. qui limite le bassin à l'ouest; les deux failles se réunissent, puis une nouvelle bifurcation a lieu ; donnant naissance à une fracture qui se dirige directement vers le S. S. O. et à une seconde au trajet tourmenté qui dirigée d'abord vers le S. E. ; s'oriente ensuite à peu près N. S. (c'est par cette fracture que le Mi-leu-'ho s'échappe de la dépression). Une autre grande fracture dont je ne connais pas l'origine, qui limite à l'est la partie méridionale du bassin de Mi-leu vient rejoindre la dernière près de Tchou-yuen. On obtient alors, comme le montrent la Carte géologique et la Carte tectonique deux failles qui abaissent en bandes parallèles la région paléozoï- que située à l'est du Tié-tchen-'ho vers l'orient ; la dernière et la plus importante, celle que j'appelle faille de Pong-pou est un type de faille d'effondrement des plus remarquables que l'on puisse rencontrer. On suit pendant près de qolo11., de Kwéi-tien au N. de Tchou-yuen une longue dépression jalonnée de grands bassins fermés, limitée à l'est par le « regard » formidable qui domine la région triasique affaissée le long de la région paléozoïque. Je crois qu'aucune description ne peut être plus éloquente que la photo¬ graphie B de la planche XV1I1 montrant l'abrupt des calcaires carbonifériens limités par un contact rectiligne avec la zone triasique effondrée à leurs pieds. Cette belle faille se suit vers Kwéi-tien avec la plus grande facilité, sans arrêt ; on voit nettement le contact des calcaires carbonifériens et des terrains triasiques placés en contre-bas. J'ai déjà montré le rôle prépondérant qu'elle joue au point de vue des relations économiques dans cette partie du Yun-nan (p. 14). Près de Kwéi-tien, la faille de Pong-pou et sa voisine qui lui est parallèle à l'ouest se subdivisent en un réseau de multiples cassures anastomosées, dispersées dans le calcaire ouralien qu'elles abaissent en échelons successifs vers l'est, vers la région triasique. Ce champ de fractures multiples paraît dû à la rencontre dans cette région du réseau de fractures N. E. du Pa-ta-'ho à l'est d'A-mi-tchéou. La fig. 124 de l'atlas montre cette structure progressivement effondrée vers l'est à Kwéi-tien. La Carte géologique montre d'une façon particulièrement nette le rôle de la grande Iracture de Pong- pou et la façon dont elle abaisse vers l'est l'ensemble de la région triasique. 8° Réseau des fractures N. O. et N. E. de la région de bordure méridionale de la zone triasique. — Un réseau de fractures extrêmement intéressant s'observe à l'est d'A-mi-tchéou. Une série de cassures orientées N. E.-S. O. parcourt la région triasique en affaissant le Trias sur lui-même, effondrant ainsi par endroits le Trias supérieur le long du Trias moyen. Une autre ligne de cassures zigzaguantes, mais dont la direction générale est identique, limite nettement la région triasique entre la région de Wou-tseng- tchéou et Hé-ou-tchin. La présence d'un autre réseau S. E. a compliqué la situation en effondrant au milieu des terrains paléozoïques des paquets de Trias supérieur ou moyen. Cette disposition compliquée est assez intéressante pour mériter que nous nous y arrêtions. Failles localisées dans la région triasique au Sud du Pa-ta-'ho : Examinons d'abord les failles localisées dans la région triasique. Elles sont à peu près parallèles aux plissements, mais comme elles sont rectilignes et qu'au contraire les axes des plis sont sinueux, comme nous avons eu l'occasion de le constater maintes fois, elles les recoupent fréquemment. Une première cassure que j'appellerai faille de Lo-pou, longue de 25 km., N. O.-S. E., parcourt d'abord la région du Trias supérieur au N. du Pa-ta-'ho, avec faible dénivellation mettant en contact simplement des horizons différents du Trias supérieur ; puis elle traverse le Pa-ta'-ho et dans la région de Lo-pou, la dénivellation augmentant, elle abaisse le Prias moyen au niveau du Trias supérieur, puis au S. O. de cette localité, elle se perd dans le Trias supérieur. Beaucoup plus intéressante est la faille que j'appelle faille de Pei-hoa-tseu. Orientée également N. E.- S. O., elle court en ligne directe pendant près de 26 km- jusqu'aux environs de Pei-heuou, en offrant alors peu d'importance et en mettant en contact seulement des terrains triasiques supérieurs variés. Elle lait en¬ suite des zig-zags nombreux entre Pei-heuou et Lou-sa-pien dans la région de Pei-hoa-tseu en mettant en contact brusque les différents horizons du Trias supérieur qu'elle pénètre en dents de scie, en enfonçant dans ce dernier des coins de Trias moyen calcaire à Caenothyris vulgaris. La faille est dans cette région 3l2 J. Deprat, Géologie générale d'une netteté parfaite ; le regard tourné vers le N. O. offre de beaux miroirs de friction ; il est en général caractérisé par un abrupt qui ne dépasse pas une quarantaine de mètres, mais est excessivement bien indiqué comme le montre la figure 125 (atlas) prise près de Pei-hoa-tseu qui montre les marnes noriennes affaissées le long du Trias moyen t,,. J'ai donné un petit carton (fig. 13, texte) montrant le rôle de la faille de Pei-hoa-tseu aux envi¬ rons de ce village et de Lou-sa-pien et la façon dont elle recoupe les plissements. Au sud de Lou-sa- pien, inflexion brusque vers le S. S. O. ; plus près même de N. S.. La Carte géologique montre comment cette fracture abaisse le Trias supérieur ici encore, le long de la haute masse calcaire du Trias moyen plissé du plateau de Ma-tche-lchai et de Hou-li-tchéou ; M. Lantenois qui l'avait observée dans le par¬ cours d'A-mi-tchéou à Tse-tsou l'avait reconnue comme faille et dénommée faille de Sin-chin-tchai. Elle vient rejoindre près de Ta-t'a le prolongement de la faille d'A-mi-tchéou que nous étudierons plus loin, en mettant en contact par une faible dénivellation les marnes ti à Pseuclomonotis illyrica Bittn. avec les calcaires t,, à Caenothyris vulgaris Schloth. ; la faille est extrêmement nette aux environs de Ta-t'a où les marnes ti très contournées, sont plaquées contre la surface verticale des calcaires découpés à l'emporte- pièce. Grande faille de bordure méridionale de la région triasique supérieure : Cette cassure (faille de Tse-tsou) est du plus grand intérêt, car elle limite exactement la région du Trias supérieur au S. S. E. Très loin d'être orientée en ligne droite, elle est formée d'une série de lignes brisées qui font pénétrer le Trias supérieur en coins dans la masse de calcaires permiens. J'ai commencé à l'étudier au sud de Wou- tseng-tchéou. Dirigée d'abord vers le S. O. elle se coude à angle droit à l'est du grand coude du Pa-ta- 'ho pour reprendre ensuite sa première direction jusqu'aux environs de Che-ngai-tchai. Le contact entre la région du Trias supérieur et les calcaires permiens est partout d'une netteté parfaite. J'ai pris comme exemple de ce contact par fracture la photographie B de la planche XVI qui montre clairement à l'ouest (à gauche) la masse des marnes gréseuses carniennes affaissées le long des calcaires permiens ri selon une surface quasi verticale. Près de Che-ngai-tchai la faille de Tse-tsou forme une série de coudes brusques ; elle se dirige d'abord soudainement à 90° de sa direction générale S. O. sur une longueur de 4 km., puis se recourbe de nouveau à angle droit pendant 800 m. et reprend la direction N. O., toujours à angle droit, formant ainsi dans la masse des calcaires permiens un long et étroit couloir dans lequel sont affaissées en paquets incohérents les marnes à Halobies carniennes ; l'érosion a naturellement exercé son action sur ces terrains plus meubles que les calcaires, en laissant de part et d'autre ces derniers former un cul-de-sac aux parois verticales le long desquelles est plaqué le Trias supérieur effondré ; la fig. 126 (atlas) montre dans une coupe transversale l'allure de ce coin de Trias supérieur enfoncé par les coudes de la faille dans la masse des calcaires permiens. La Carte géologique montre ensuite comment la faille décrit une ligne brisée tout à fait irrégulière dans la région de Tcheng-tchai, Ta-tchai, Fei-tze et lang-tsi-kiou. J'ai montré dans la fig. 14 du texte, en donnant le détail des plissements dans cette région, comment ces zig-zags recoupent les plis du Trias supérieur. A partir du coude qu'elle décrit à 1 km. environ au S. E. de lang-tsi-kiou, la faille de Tse-tsou se dirige avec rectitude vers le S. S. O. en limitant par son plan presque vertical le massif du Ming-kien-chann au nord. J'ai déjà indiqué dans la description des aspects régionaux du Yun-nan oriental, la différence totale engendrée dans la topographie entre les calcaires permiens formant dans le Ming-kien-chann de hauts pitons et les formations du Trias supérieur. Ce contraste est indiqué très nettement dans la photo¬ graphie A planche XV et dans la figure 2 page 11. Dans la région de Tse-tsou la faille est encore accusée parle creusement de l'énorme dépression sans écoulement au fond de laquelle se trouve ce village, et les ravins qui y aboutissent montrent clans les conditions les plus parfaites la surface quasi verticale des calcaires blancs à Spirigerella grandis le long desquels, sur une hauteur énorme, on voit s'affaisser le Trias supérieur formant synclinal renversé vers le S. E. et coupé brusquement par la fracture. Au col de Tou-pi les conditions d'observations ne sont pas moins nettes : le ravin creusé au contact Géologie structurale 010 des calcaires permiens et du Trias supérieur montre très bien comment la région triasique est abaissée par rapport à la région permienne. Près du col de Tou-pi la faille de He-ou-tchin vient se greffer à 6o° sur la grande faille de Tse-t.sou, abaissant à l'ouest le Trias moyen le long du Permien calcaire du Ming-kien-chann, de sorte qu'au delà la région du Trias supérieur déplacée par la faille de Tse-tsou est mise en contact avec le Trias moyen calcaire t,, de l'anticlinal de Ouang-pe-pe. Au N. O. de Ta-t'a, la faille de Tse-tsou rencontre la faille de Pei-hoa-tseu qui l'arrête après un par¬ cours total d'environ 90 km. Réseau croisé des failles de la région de Ta-hu-tehai, Tehong-ho-yun, Ta-li-tang, Sin-tien : Un district faillé très intéressant se montre à l'est de Tchong-ho-yun ; une série de fractures parallèles N. O. affaissent le Trias moyen sur une vaste surface entre deux failles croisées, l'une parallèle à la faille de Tse- tsou, l'autre aboutissant sur celle-ci avec une direction conjuguée et appartenant au réseau de cassures N. O. La rencontre de ces deux grandes fractures a occasionné la production d'un champ de cassures multi¬ ples conjuguées. Ce vaste domaine de Trias moyen bien nettement délimité sur la Carte géologique se mon¬ tre ainsi effondré au milieu du Permien moyen calcaire. Deux failles parallèles rapprochées, orientées N. O. et qui se raccordent près de Té-la-ki enfoncent au sud-ouest de Tchong-ho-yun un étroit coin de Trias moyen dans le Permien calcaire. Il serait véritablement fastidieux de décrire successivement le trajet de chacune des nombreuses failles qui découpent cette région et le lecteur se fera une idée tout aussi exacte des faits en se reportant à la partie sud orientale de notre Carte géologique et en consultant les figures 78, 79 et 80 (atlas) qui montrent le Trias moyen calcaire effondré en plateaux successifs en échelons vers la grande masse calcaire paléozoïque, vers le S. E. En résumé, si nous jetons un coup d'œil d'ensemble, nous voyons la région du Trias supérieur du Pa- ta-'ho largement effondrée le long de la faille de Tse-tsou contre le Permien inférieur et moyen calcaire. Une autre fracture parallèle que j'appellerai faille de Pou-la-mi court malgré des zig-zags à angle droit, paral¬ lèlement à la faille de Tse-tsou, c'est-à-dire vers le S. O. en abaissant le Trias moyen de la région Pou- la-mi, Ta-li-tang le long de cette même bande permienne, mais du côté sud-est, en sorte que le Permien forme une étroite bande restée en saillie entre la zone de Trias supérieur effondrée du Pa-ta-'ho et la zone également effondrée de Trias moyen que de nouvelles failles N. O.-S. E. abaissent par échelons jusqu'à la rencontre de la faille de Ta-hu-tchai, le plaquant contre une muraille de Permien en pitons calcaires, suivant une fracture S. E. J'ai montré dans le dessin fig. 2 (texte) la brusque différence de topographie qu'engendre la brutale juxtaposition du Trias moyen et du Permien calcaire et je renverrai le lecteur à la description de cette région donnée au début et aux figures 2, 3, 78, 79 et 80 de l'atlas pour prendre une idée de l'allure des plateaux de Trias moyen effondré en paliers. Réseau des fractures voisines de la direction N. O.-S, E. et champ de cassures de la région de long-tseu Les grandes fractures orientées franchement N. O.-S. E. ne s'observent que dans la partie méridiona¬ le du Yun-nan oriental. Groupe des fractures des monts de Ko-tiéou : Un premier groupe bien défini s'observe parallèle¬ ment au Fleuve Rouge. La fracture la plus méridionale que j'appellerai fracture de Chih-ping, donne naissance à la longue dépression lacustre de Chih-ping, orientée N. O. qui se prolonge au sud de la dépression de Lin-ngan à la formation de laquelle elle participe; elle rencontre dans cette région l'extré¬ mité méridionale de la grande cassure de Lou-nan, puis continue son trajet avec la même direction à travers le massif des monts de Ko-tiéou. Une autre fracture importante, exactement parallèle à celle-ci prend son point d'origine sur le prolon¬ gement sud de la faille de Lou-nan au N. E. du croisement de cette cassure avec celle de Chih-ping; et, 3i4 J. Deprat, Géologie générale se dirigeant vers le S. E. en se tenant à une distance de celle-ci variant entre 12 et 15 km. elle limite au N. le massif de Ko-tiéou le long duquel viennent ainsi effondrés : le bassin de Mien-tien, les bassins intermédiaires entre ce dernier et le bassin de Mong-tseu et enfin limite la bordure de celui-ci au S. O. par un long abrupt. J'ai déjà indiqué la constitution topographique de cette zone l'aillée et je renverrai le lecteur à mes descriptions (page 17). Direction de la chaîne de Ko-tiéou normale aux plis: Cependant, j'insisterai sur le fait très important que par suite de l'existence de ces grandes cassures N. O. et de l'effondrement de la région des bassins de Mien-tien à Mong-tseu la direction orographique est normale à celle des plissements. De Lin-ngan au Nan-ti les mouvements montagneux dessinent une longue masse N. O.-S. E. mais ceci est dû uniquement à l'effondrement nord-ouest d'une part, au creusement de la vallée du Fleuve Rouge de l'autre, et les axes des plissements interrompus brusquement au N. E. par la zone affaissée recoupent la direction orographique en se dirigeant vers le S. S. O. La Carte géologique est très explicite à cet égard. Grande fracture de bordure O. du bassin de Mong-tseu : Il me reste pour terminer l'étude du réseau des fractures du Yun-nan oriental à examiner la grande cassure qui, des environs d'A-mi-tchéou, vient aboutir à la région du Sin-chiem où je l'ai abandonnée. Au N. d'A-mi-tchéou la faille de Pong-pou qui appartient au réseau N. N. E. se termine par un champ de fractures provoquant la production d'une série d'indentations qui, sur le plan de la carte, fait s'interpéné¬ trer le Trias moyen et la région paléozoïque ; une grande fracture se détache de ce réseau près du con¬ fluent du Lin-ngan-'ho et du Pa-ta-'ho, et passe avec une direction N. S. sur le bord occidental de la vallée d'A-mi-tchéou, affaissant la région située à l'est et 011 domine le Trias supérieur par rapport à la zone du Si-chann occupée uniquement par le Trias moyen ; en réalité, cette fracture d'A-mi-tchéou représente le prolongement de la grande cassure de Pong-pou ; au sud d'A-mi-tchéou la faille s'incurve lentement vers le S. E. et près de la station de Ta-t'a, elle se croise avec la faille de Pei-hoa-tseu déjà décrite ; ce point de Ta-t'a est intéressant par ce fait qu'il est un point de convergence de fractures. Après Ta-t'a la grande faille s'incurve vers l'est en mettant en contact le Trias moyen de l'anticlinal de Ouang- pe-pe avec le calcaire permien qui forme un lambeau à l'ouest de Jang-kan-tchai. La même fracture s'oriente ensuite vers le S. S. E. aux environs de Ta-tchouang où M. Lantenois avait déjà admis l'existence d'un contact anormal en ces termes: «Nous avons vu plus haut que le calcaire de Ta-tchouang semble être séparé des grès schistes de Ni-ou-ke par une faille. — Le calcaire de Ta-tchouang serait donc entouré, au nord et à l'ouest, par une grande faille ou un grand pli faille courbe ». Il faut à mon sens, retenir seulement la notion de faille, dans le sens de fracture. La faille de Ta-tchouang se prolonge ensuite à la base des escarpements du Léi-kong-chann en limitant nettement la bordure du vaste bassin effondré de Mong-tseu, et en biseautant les vigoureux plissements calcaires que l'on voit si bien de la plaine, dessiner leurs contours sur la paroi rapide. Entre Ta-tchouang et Mong-tseu Pi-che-tchai, la faille se dédouble : la fracture la plus directe qui forme la limite du bassin effondré se masque sous les dépôts tertiaires ; la cassure la plus orientale qui prend rapidement une direction parallèle à celle de sa congénère abaisse, entre le bassin deMong-tseu et la grande masse permienne du bassin du haut Nan-ti, une bande de calcaire de Trias moyen 1,, en sorte que de ce côté la bordure du bassin de Mong-tseu se trouve effondrée en échelons. La faille se coude ensuite pour reprendre une direction N. N. E.-S. S. O., passe près de He-Iong- tan (connu par les Européens sous le nom de station de Mong-tseu Dragon-noir) et amène la ligne des pitons de calcaire ouralien d'entre Tche-ts'ouen et la plaine de Mong-tseu à limiter cette dernière à la hauteur de Si-ngan-so par suite de l'enfouissement des couches du Trias moyen sous les formations qua¬ ternaires de la dépression de Mong-tseu. La faille rencontre ensuite près de Ho-kou-tchai la fracture qui limite au sud-est, le bassin de Mong-tseu et bordant la masse montagneuse de la région de Ko-tiéou qui porte ici le nom général de Tiéou-hoa-chann. Le bassin de Mong-tseu se termine ainsi en pointe vers le S. E. entre ses failles limites. Une petite bande fracturée de faible parcours s'abaisse parallèlement à la précédente ; elle est formée d'une bande de Trias moyen limitée ainsi de toutes parts par des cassures à l'ouest de Tche-ts'ouen. Géologie structurale 3i5 Faille de He-ou-tchin : Appartenant au réseau des cassures N. O.-S. E. une l'aille qui se greffe sur la grande taille de Tse-tsou abaisse entre la faille d'A-mi-tchéou et la grande masse permienne du Ming- kien-chann la zone de Trias moyen de l'anticlinal de Ouang-pe-pe. J'ai déjà eu l'occasion en décrivant ce pli de montrer comment la taille de 'Hé-ou-tchin est normale au pli et comment elle affaisse l'extrémité méri¬ dionale de celui-ci en mettant en contact Trias moyen et calcaire permien et je renverrai à la lig. 78 (atlas) qui exprime ce fait. En résumé, dans la région d'A-mi-tchéou et de Mong-tseu, le fait de la rencontre des deux grandes zones de fractures N. N. E. ou N. E. et du réseau N. O. provoque une perturbation considérable dans la direction de certaines fractures comme celle d'A-mi-tchéou, de telle façon que la faille offre une allure très zigzagante, tendant à prendre tantôt l'une des directions principales, tantôt l'autre. VUE D'ENSEMBLE DU RÉSEAU DE FRACTURES DU YUN-NAN ORIENTAL ET RELATIONS AVEC LES RÉGIONS VOISINES Ainsi, en dehors des plissements, le Yun-nan oriental offre un riche réseau de fractures. Ees fractures du réseau N. S. et N. N. E. ont en général une extension considérable; j'ai reconnu celle des lacs sur 300 km. de longueur et je n'ai pas observé sa terminaison vers le N. N. E. Je n'ai pas vu non plus se ter¬ miner dans cette direction les puissantes cassures de Lou-nan et d'A-mi-tchéou à Tchao-koua par Mi-leu. Je ne mets pas en doute que ces fractures ne se prolongent au Sseu-tchoan et dans la partie nord du Kwéi- tchéou ; et je me trouve dans cette opinion en concordance avec les vues de Bailey Willis lorsque cet auteur s'exprime ainsi : « The Alps of eastern Tibet, the Yung-ling, tower above the lowlands of Ssi-ch'uan in wonderful grandeur to an extreme altitude of 7.000 meters. We have no délinite knowledge of the physiographic aspects ofthis great mountain face, but in one respect it differs markedly from the southern front of the Himalayas, with which it may naturally be compared. The rivers that drain the Himalayas How directly across the range, after the manner of conséquent streams, which have developed at right angles to the trend and been extended by headwater érosion in conséquence of a combination of favouring conditions. The rivers of the Tibetan Alps, on the contrary, flowed southwest between high ranges, which direct them in courses diagonal to the lines of shortest descent toward the basin of Ssï-ch'uan. They thus have the character of streams which are conséquent upon a folded or faulted surface and take their own way down the axial lines of the major dépressions. There is thus reason to regard this slope as being composed of successive upwarps or fault-blocks, which lie en échelon and sink at their southeastern ends to the lowland of Ssï-ch'uan. The character is expressed in the contours which deline the slope north of latitude 30° and about the meridian of 1030 east ». (Research in China. Vol. II. Pag. 112). II me paraît que les grandes cassures du réseau N. N. E. appartiennent à ce grand système de failles ou flexures qui paraît traverser en écharpe cette partie de l'Asie, et d'après leur direction les failles du Yun-nan oriental parallèles à celles des Alpes du Seu-tchoan doivent selon toutes probabilités aboutir, d'après leur direction à la région méridionale du bas Sseu-tchoan au S. S. E. de Tchong-king, et même au S. si l'on admet, ce qui est bien supposable, que conservant la même direction, les failles plus orienta¬ les comme la grande cassure de A-mi-tchéou à Tou-tza par Pong-pou se prolongent jusqu'aux basses ter¬ res sseu-tchoanaises en passant sur la frontière du Yun-nan et du Kwéi-tchéou. Le fait que les fractures comprises entre la direction N. S. et la direction N. E. franche forment ainsi une sorte d'éventail dans le Yun-nan oriental trouve son explication immédiate dans ce que les directions des cassures ont, en quelque sorte, été influencées par les plissements antérieur, et partant de ce principe 5 on verra qu'il existe une sorte de liaison entre les orientations des divers faisceaux de plis au Yun-nan telle que les montre la petite carte fig. 15 (texte) et les différentes fractures comprises dans ce secteur. Quant aux cassures franchement N. O.-S. E., elles se poursuivent au Tonkin d'une part où elles ont déjà été reconnu par divers auteurs (Jourdy, Lantenois), et de l'autre vers le haut Fleuve Rouge. Je con¬ sidère que nos données à leur sujet sont actuellement trop peu nombreuses pour permettre de préciser 316 J. Deprat, Géologie générale leur rôle dans la structure de l'Asie méridionale et il est nécessaire pour cela d'attendre que nos connais¬ sances sur la péninsule indochinoise se soient largement complétées et que le Yun-nan occidental soit à son tour exploré en détail comme nous l'avons fait pour le Yun-nan oriental. L'activité séismique au Yun-nan Pour clore le chapitre relatif aux faits concernant les mouvements tectoniques, il me paraît utile de résumer l'ensemble de nos connaissances actuelles sur la situation du Yun-nan au point de vue des séismes. Le Yun-nan est une région séismique, mais l'intensité des secousses paraît varier beaucoup avec les différentes régions. L'ensemble est pénéséismique, mais certaines régions, comme celle que traverse la ligne ferrée sont soumises à des secousses sévères comme je vais en donner la preuve. Depuis longtemps déjàle Yun-nan était considéré comme une région de séismicité reconnue ('), mais d'intensité inconnue ; et en cela elle n'échappe point à la règle qui veut que les régions récemment plissées d'une façon puissante soient soumises à l'instabilité séismique ; tout se réunit pour entrainer l'instabilité : plissements puissants himalayens, gigantesques fractures pliocènes, mouvements épirogéniques récents (2). L'année 1909 a été marquée dans la partie située entre Yun-nan-fou et la vallée du Fleuve Rouge par une période ou l'activité séismique s'est montrée assez intense pour provoquer des secousses ruineuses dans l'aire pléistoséiste, justement traversée parle chemin de fer. J'ai déjà donné quelques détails à ce sujet (2). Période de mai à octobre 1909. — Le 11, fortes secousses à io1' 30"' et 1 ih du soir ; la visite de la ligne ferrée le lendemain matin montre dans la région de Sui-kia-tou la plate-forme hachée par les blocs tombés des à-pics; la tête du tunnel 333 est emportée, des murs sont détruits. Le 12 mai, à I2h 40"', nouvelle secousse ; des agents en tournée voient s'abattre des blocs entre les kilomètres 326 et 325. A 2'1 iom, nouvelle secousse faisant crouler des blocs sur iJcm de long. Jusqu'à Si-eul, toutes les têtes de tun¬ nels sont crevassées ; à Si-eul, le réservoir de la gare est fendu fortement ; les bâtiments de la gare sont très endommagés. Nouvelles secousses à 6U 20'11, 711 02™ ; une très forte à 81' 33™. Le 13, longue secouSse à 6h 45"1 du matin ; à ce moment la situation est la suivante : le village de Siao-ho-keuou détruit; à Si-eul, la plupart des maisons se sont écroulées ; il y a des morts et des blessés. A Po-shi, les secousses ont été également violentes ; les deux tiers des maisons et pagodes sont démolis ; les bâtiments européens de la construction ont beaucoup souffert; le long de la ligne ferrée des remblais sont abîmés, le pont du kilomè¬ tre 307, 946 est très fissuré ; celui du 319 a des décollements dans la maçonnerie des tympans ; un aqueduc est très atteint ; la gare de Po-shi est très endommagée. Puis, toujours le 13, les secousses se multiplient : à 9h 22m, 1 ih 45"' (faibles), 1211 02'", 2'' 46"1, 311 52™ (longues). Le 14, à 5h 1 i,n du matin, 511 12"1 (très violen¬ tes), 511 30"' (forte et longue), 71' o8m, 81' 08"1, 8h 42'" (longues). Le 15 mai, dernières secousses. A Si-eul, il n'y a plus que trois maisons intactes. Il y a ensuite une accalmie. Le Ier juillet, une secousse à 7'1 30"1 du ma¬ tin achève le réservoir de Si-eul et le bâtiment des voyageurs et fait rouler de nombreux blocs sur la voie. Le 23, nouvelle secousse violente à ioh 15"'. Dans la nuit du 26 au 27, une secousse sévère provoque l'écroulement du mur en retour amont du pont du kilomètre 319, 898. Ensuite, il y aune phase de tranquil¬ lité. En septembre, une forte secousse se produit le 8, à 6h 58™, et le 10, une violente à 6h 45™ qui brise, entre Po-shi et Lou-fong-ts'ouen, les témoins placés sur les ouvrages en surveillance. La série des se¬ cousses se termine par une dernière le 27 octobre. (4) Montessus de Ballore Géographie séismologique Armand Colin, Paris 1906, p. 194. (2) J. Deprat. L'activité seismique clans le Yun-nan méridional en 190p. Comptes Rendus Acad. Sciences 28 novem¬ bre 1910. (3) D après d'anciennes données la ville de Tch'eng-kiang aurait jadis été totalement détruite par un séisme et rebâtie ailleurs, là où elle est actuellement. Géologie structurale 'UNNAN FOU o! Ncj/a n//t/ ng TcfiencfK/anp^ c-ncPeS/u P/aTto u ■S0-" de L [àfuFJo n uv / / / S°-nc/eNouo7souz\ \ ' t n J KiangTchoan ° o SiWo, h'nhTchéou >S0-VeS/rche> o CheMo / p oPonq Pou S -"depSiunKicn Sseu 'S°-nc/e/l Milchèou i S °-nc/eMonc/7seu /PiChélchai MONG TSEU®, Fig. 15 bis. — Isoséistes des ébranlements séismiques pendant 1 annee 1909. — — Lic/n ejferrée t fl Isoséistes \l \ Fractures prrn- cipa les N.JV.E. e7itre A-Mi -Tohéou, Lmimu' .318 J. Deprat, Géologie générale Les indications nombreuses que j'ai recueillies dans toute la région, à une très grande distance de la zone éprouvée, m'ont permis de dresser la Carte des isoséistes (voir la figure i5bis texte) en employant les degrés de l'échelle Mercalli. On y constate que l'aire pléistoséiste, où les secousses ont été véritable¬ ment ruineuses, se trouve dans la région de Lou-fong-ts'ouen à Po-shi. J'y ai constaté moi-même la production de nombreuses petites failles à rejet atteignant une dizaine de centimètres dans la région de Nouo-tsou. Cette partie du Yun-nan est traversée par le Pa-ta-'ho, coulant au fond de canyons profonds entaillés dans le Dévonien moyen formé de bancs calcaires et de calcaires marneux extrêmement fissurés où les vibrations marginales s'exercent au sommet des à-pics avec la plus déplorable facilité, au grand dommage de la ligne ferrée qui passe dans le thalweg sous les à-pics. J'ai pu déterminer avec précision la position exacte de l'accident géologique qui cause ces mouve¬ ments séismiques. La petite Carte ci-contre montre que l'aire ébranlée affecte la forme d'une ellipse allon¬ gée à peu près N. N. E. Or, j'ai décrit plus haut, (pages 306 et 308) deux fractures très importantes dans cette région. L'une est la grande fracture des lacs, exactement jalonnée par les grands lacs de fracture de Iang-tsong, Tch'eng-kiang et Tong-'hai ; on a vu que j'ai pu suivre cet important accident beaucoup plus au nord jusque vers le haut Fleuve Bleu sur une longueur de plus de 300km- Une fracture parallèle à la pré¬ cédente coupe le Pa-ta-ho au-dessus de Siao-long-tan, puis passe à l'est de Po-shi pour gagner avec une direction N. N. E. comme celle de la fracture des lacs, la région de Lou-nan. C'est celle que nous avons appelée faille de Lou-nan. On constate sur la figure que les premières isoséistes sont nettement serrées autour de cette faille et que l'ensemble s'allonge exactement dans sa direction. Il se produit donc dans cette région un mouvement d'ensemble de tout un voussoir de l'écorce compris entre les deux grandes fractures, mais, comme le montre la disposition des isoséistes, avec un mouvement de bascule, puisque la faille orientale a joué fortement, tandis que la fracture des lacs ne parait pas avoir rejoué sensiblement. La région séismique considérée ici est excessivement plissée ; des charriages s'y montrent ; les plis hercyniens et himalayens s'y superposent ; elle se trouve, en outre, à la jonction de la grande aire paléo- zoïque occidentale, poussée comme je l'ai montré antérieurement sur un grand géosynclinal triasique oriental ; si l'on ajoute une série de grandes fractures N. N. E, souvent même N. S. on se rendra compte que cette zone se trouve dans les conditions d'instabilité les plus grandes. Pour compléter ces données, j'indiquerai qu'au mois de janvier 1911, alors que j'explorais la région située à l'est de la fracture de Lou-nan, j'ai nettement entendu à plusieurs reprises, par un ciel parfaitement pur et ne pouvant par conséquent être attribués à un phénomène métorologique, des retumbos qui n'ont été accompagnés d'aucune secousse perceptible. Depuis, une seule faible secousse s'est produite le 1e1' mai 1911. Mais il est à craindre que la faille orientale ne joue de nouveau f1). Je me permettrai de faire ici une remarque, c'est qu'avant d'établir des travaux aussi importants que la ligne ferrée du Yun-nan, il serait vivement à souhaiter que des observations séismologiques fussent faites. Nous venons cle voir que la ligne ferrée traverse dans sa plus mauvaise partie la région épicentrale des séismes. Nous devons donc exprimer le souhait que l'Indochine et le Yun-nan puissent être le siège d'observa¬ tions séismologiques. Notre Colonie est complètement dépourvue d'appareils séismographiques et il serait du plus haut intérêt que des séries continues d'observations puissent y être faites. (') De nombreuses secousses dont plusieurs très fortes ont été ressenties dans la région épicentrale de Po-shi depuis le mois de janvier. De plus un autre foyer d'ébranlement s'est révélé par une violente secousse dans la région de Mong-tseu. (Note ajoutée pendant l'impression). Physiographie 4e Section. — Physiographie Introduction nécessité de recourir a la notion du « mouvement épélrogenique » pour expliquer les traits actuels du relief asiatique et extension de cette notion au yun-nan Dans les chapitres précédents nous venons de montrer l'établissement des lignes directrices de plissements et du réseau des failles. Mais, si au point de vue purement tectonique nous y trouvons des faits nouveaux et intéressants, il nous faut reconnaître que cette étude ne peut en aucune façon expliquer les traits géographiques principaux du Yun-nan oriental. Deux caractères principaux doivent frapper d'abord l'observateur ; j'ai déjà eu l'occasion d'insister à cet égard au début de ce Mémoire. Tout d'abord, la juxtaposition cle formes topographiques jeunes,récentes, témoignant d'un creusement rapide dans des vallées très profondes aux versants escarpés, et de formes mûres, adoucies autant que faire se peut dans les régions de sommets, témoignent de cycles d'érosion très différents. D'autre part un fait très important est celui-ci : d'une façon générale les directions orogra¬ phiques ne coïncident pas avec les directrices des plissements et si quelquefois les cours d'eau ont pu localement dans leur travail d'érosion être guidés par la direction des plis rencontrés en profondeur, ceci ne revêt qu'un caractère local et dont l'exception fait ressortir davantage l'indépendance des directrices tectoniques et de la sculpture actuelle dans la plupart des cas. Comme le fait remarquer justement Bailey Willis Ç) les directrices des plissements, les « leitlinien », indiquent la structure générale du continent asiatique et à ce point de vue leur étude, que Suess a poussée aussi loin que possible, a fourni des résultats qui restent entiers au point de vue tectonique, mais qui, au point de vue morphologique, sont complètement incapables de rendre compte des grands traits du relief actuel. Dans une région où les synclinaux correspondent aux dépressions et les anticlinaux aux lignes de hauteurs, on peut admettre une relation de cause à effet entre les plissements et les directions orographi¬ ques. Mais au Yun-nan, il n'en est pas du tout de même et il nous faut chercher une toute autre cause aux altitudes énormes, aux formes mûres des régions hautes et à la jeunesse des vallées qui les entaillent. C'est ici que nous allons recourir à la notion des « mouvements épéirogéniques » que les géologues et morphologistes américains ont su rendre si féconde et dont M. de Martonne surtout s'est fait en France le protagoniste heureusement inspiré. Avant d'entrer dans le détail des descriptions qui montreront la nécessité de recourir à une telle interprétation, je rappellerai comment dans les régions asiatiques d'autres géologues et géographes ont reconnu l'obligation de s'affranchir de cette notion des lignes directrices et de recourir à celle des mou¬ vements épéirogéniques récents, par rapport aux mouvements orogéniques du milieu du Tertiaire, puis¬ qu'il faut les attribuer au Quaternaire, non pas le plus ancien, et admettre même qu'ils n'ont pas achevé actuellement leur œuvre, selon toutes probabilités. p) Bailey Willis, Research in China Vol. II, p. 117. 320 J. Deprat, Géologie générale Suess a envisagé déjà dans son monumental ouvrage de 1'Antlit\ cler Ercle, des faits témoignant de vastes mouvement d'ensemble du continent asiatique, mais il a choisi l'explication des mouvements « eusta- tiques», celle du changement de niveau des mers. Richthofen dans son grand ouvrage sur la Chine indique la structure du Chan-toung que Bailey Willis nous a montré récemment être une pénéplaine, comme étant celle d'une région aplanie par l'érosion, mais par abrasion marine ('). V. Loczy (2) a insisté sur la structure des régions de hauts sommets dans le Sseu-tchoan tibétain et le Yun-nan tibétain, en montrant l'allure particulière des hauteurs aux pentes aplanies dont la surface topo¬ graphique recoupe obliquement des couches très plissées ; ces surfaces d'érosion séniles dont l'altitude atteint 4.000 m. sont séparées par des gorges d'une profondeur énorme. Les détails donnés par Von Loczy nous ont permis de reconnaître la même succession de faits dans tout le Yun-nan et les Alpes tibétaines. Nous savons par Sven Hedin que malgré la hauteur énorme des sommets du plateau tibétain, dans des régions où l'altitude atteint 5.000 m., la différence de hauteur ne dépasse pas 1.000 m. entre les sommets et les vallées (3). Davis et Bailey Willis, le premier au Turkestan, le second dans la Chine septentrionale ont pu, en constatant la généralité de faits analogues dans les régions qu'ils ont étudiées, préciser le caractère de ces observations et montrer que dans l'interprétation dès reliefs asiatiques actuels, on ne peut échapper à la nécessité de recourir à l'intervention des mouvements épéirogéniques. M. de Martonne (4), dans une analyse des travaux de Davis et de Bailey Willis, remarquable de clarté, a résumé les données principales recueillies par Davis et ses compagnons, données montrant que le Tien-chan et le Fergana faisaient partie d'une vaste pénéplaine à la fin du Tertiaire, pénéplaine résultant d'une érosion très prolongée avec nivel¬ lement de tous les accidents tectoniques. Puis un soulèvement en bloc a provoqué le relief actuel ; ce soulèvement, type de mouvement épéirogénique, était accompagné de gauchissements provoquant la formation de bassins ou de bombements, avec accompagnement de failles, ou simplement de flexures marginales « limitant parfois les blocs soulevés, dont le rebord est attaqué vigoureusement par l'érosion en y creusant des gorges sauvages séparées parfois par des crêtes étroites. La continuation du soulèvement jusqu'à une époque récente est attestée par le ravinement des terrasses en dépôts accumulés parles torrents au pied de la montagne ». (De Martonne). — Les figures de Davis montrant les formes du Tien-chann, par exemple dans le Boural-bas-taou, sont typiques à cet égard et je montrerai plus loin qu'au Yun- nan, on observe des types topographiques exactement semblables. Les photographies rapportées par A. Stein du Kwen-lun et du Pamir sont également suggestives (5). Les panoramas qu'a publiés la Royal Geographical Society montrent des plateaux réguliers de 4.000 à 5.000 m. d'altitude, entaillés par de formidables vallées profondes de plusieurs milliers de mètres. Une des plus caractéristiques est celle qui représente une vue prise au S. de Khotan, sur la vallée du Yoroun- gach et qui représente nettement une région plissée, rabotée par une pénéplanation intense et entaillée ensuite profondément par les cours d'eau à la faveur du lent relèvement de la région. Nous verrons que la structure du Kiao-ting-chann dans le Yun-nan septentrional, entaillé par la gorge profonde de 3.000 m. du Kin-cha-kiang, aux affluents torrentiels séparés par des crêtes étroites, est tout à fait comparable, comme le montrent mes photographies, à celle illustrée par Stein. Oestreich (6) a rapporté du Haut-Indus et du Cachemire des observations qui montrent l'existence de régions transformées en surfaces séniles et qui ont été soulevées à une hauteur énorme en même temps que s'approfondissait puissamment le réseau des vallées. (*) China, t. n, p. 233-36. (2) In Szechenyi. p. 828. (3) Scientific résults of a journey through Central Asia, t. IV, pl. 70 et 71 et ici, t. IV, chap. XXIII, Orography oj the tibetan highlands. , 6 ( ) La Géographie, t. XXIII, 1911, p- 43-58. (5) Mountain panoramas from the Pamirs and Kwen-lun, Roy. Geogr. Soc. Londres 1908. (6) Betrachtungen ilber die Hochgebirgsnatur des Himalaya, Verh. XVI d. Geogr. Nurernb, 1907, p. 4450, et Die Taler des nordwestlichen Himalayas, Pet. Geogr. Mit. Erganzunsheft, n° 155 (1907). Physiographie 321 Mais les données les plus complètes ont été apportées par Bailey Willis à la suite de son exploration dans la Chine septentrionale et centrale et il a pu apporter une précision très complète dans l'étude des cycles d'érosion dûs aux mouvements récents. Je crois utile, étant donné que nous aurons à comparer étroitement nos données avec celles de cet auteur, de résumer rapidement les beaux résultats du savant américain ; mais comme ce résumé a déjà été fait par Bailey Willis lui-même dans le 2° volume de Research in China et qu'on ne saurait le présenter mieux que l'auteur lui-même ne l'a fait, je me permets d'inter¬ poler ici le passage de Bailey Willis relatif à ces conclusions générales : vol. Il, Systematic Geology, (p. 98-99): « Warping, that is, nearly vertical déplacement of différent parts of the surface to unequal amounts and often in opposite directions without dislocation, has been a général effect of diastrophism, especially during the later Tertiary and Quaternary. And the displacements have been so conditioned in time and place as to give raise to cycles of érosion which can be distinguished in the plains, plateaus, ranges, and rivers of the continent. They have been described in the physiographie study ol'the districts through which we passed, as présentée! in Volume I. Then the surface is analyzed, the development of streams is traced, and the interaction of diastrophic movements which érosion is presented. The climatic factor is also recognized applied to aid in fixing the date of initial loess déposition. Four phases are distinguished : the first or oldest is a peneplain, a very ancient and also very aged form, which is known from various parts of northern Asia, and a remnant of which we named from its pré¬ servation in the highestdome ofthe Wu-t'ai-chann, the Pei-t'ai form, developped during the Pei-t'ai cycle. The next younger is a surface of mature érosion, which replaced any older features in rnost of the areas we saw. It is a surface of moderate relief, characterized by wide valleys and hi 11 s rarely a thousand feet high. It is typically developped near Tang-hién, Chï-li, and we call it the T'ang-hién stage. The third phase was one of aggradation in north China, the time of the early loess deposits. The moderate relief of the preceding stage was to a notable extent buried beneath de Huang-t'u, a formation consisting of wind-sorted waste from the deserts of central Asia, whence the dust was brought chiefly by rivers. The partly buried hills along the western margin of the Great Plain of eastern China, afford an illus¬ tration of the aspect of Chï-li, Shan-si, and northern Shen-si at the time. The great mountain ranges had not attained their présent height. Attributing the desert waste to the climatic changes from Tertiary to Pleistocene, which may have becorne effective in late Pliocene to the extent observecl, we assign this phase to that time and to the opening ofthe Pleistocene. We designate it the Hin-chou stage, after the Hin-chou loess basin in Shan-si. The fourth and présent physiographie stage we named for North China the Fon-ho, from the river ol that name, which, though older than the Fon-ho epoch, still flows through the Shan-si among characteristic features of that stage. For South China, where the physiographie relations are somewhat différent, we applied the name Yang-tzi to what is very nearly or precisely the same time division. It is an epoch of very decided moutain growth in China ; and if, as I believe, the principal continental upwarp ol central Asia is largely of the same date, it is the time of one ofthe most remarkable diastrophic movements ol which we have knowledge. It appears to fall chiefly within the Quaternary, but may extend back into the Pliocene. The typical features are warped and faulted surfaces, which resuit from downward and upward movements of adjacent masses that underlie basins and graben or constitute plateaus and mountain ranges. The amount of sculpture is relatively slight, but great canyons like the Yang-tzi gorges have been eut by antécédent rivers ». Bailey Willis a étendu ces considérations à toute l'Asie centrale et orientale. Nous allons montrer comment à propos du Yun-nan, elles trouvent leur application et nous chercherons quelle relation, on peut établir entre les cycles d'érosion au Yun-nan et ceux de la classification du savant américain. J. Deprat, Géologie générale Les cycles d'érosion dans le Yun-nan oriental depuis les plissements himalayens Ancienne pénéplaine tertiaire posthimalaYenne : La phase de plissement himalayenne a été suivie d'une longue époque de calme pendant laquelle la pénéplanation de la région a été poussée à un degré considérable. Tout le Yun-nan a été fortement arasé et transformé en une surface d'érosion très avancée qui recoupe complètement les plis tertiaires ; dans les régions environnantes, en Birmanie, on reconnaît une grande surface de dénudation ancienne dans des plateaux fortement plissés ; dans le Tibet oriental, il en a été de même d'après les indications données par V. Loczy sur la région qu'il a traversée autour de Ta- tsien-lou. Cette ancienne pénéplaine tertiaire dont la formation a commencé au Yun-nan après les grands mou¬ vements orogéniques himalayens n'est plus représentée que par des surfaces isolées. Suivant le système em¬ ployé par Bailey Willis pour la Chine septentrionale et centrale, j'appellerai d'un nom particulier chaque cycle pour plus de commodité dans la description et j'emploierai dans le cas présent le terme de pénéplai¬ ne et cycle du Kiao-ting-chann, du nom de la grande masse montagneuse située entre le Pou-tou-'ho et le Pou-tché'-ho qui offre dans sa partie supérieure les traces très nettes de cette vieille pénéplaine. Cycle d érosion antérieur aux fractures plioeènes : Cette ancienne pénéplanation posthimalayenne a été suivie d'un cycle d'érosion prolongé qui y a creusé des vallées dont les restes apparaissent surtout à l'hetire actuelle sous forme de seuils ou de crêtes allongées ; en beaucoup de points, ce cycle a été poussé assez loin pour détruire les restes du cycle du Kiao-ting-chann. Ses traces montrent des vallées très mûres, aux versants tout à fait adoucis ; ces vallées ont pu prendre parfois une extension assez grande pour for¬ mer de véritables pénéplaines locales renfermant encore de rares hauteurs peu accentuées comme dans le cas du Tsouéi-wéi-chann, ou du Wou-tsa-chann. J'appelle ce cycle : cycle du Tsouéi-wei-chann, du nom de la région de collines de Trias supérieur du Pa-ta-'ho à l'est d'A-mi-tchéou toute d'altitude si remar¬ quablement égale, formant des hauteurs aux sommets rectilignes et horizontaux comme le montre la figure. Période de fracture : Cette seconde période d'érosion provoquant une phase nouvelle de maturité fut interrompue brusquement par une période caractérisée par des affaissements de la région sur d'énormes surlaces, le long de lignes de fractures extrêmement puissantes, fractures qui disloquèrent les vallées et les surlaces aplanies du cycle duTsouéi-wei-chann. Nous avons vu comment cette période de fracture donna naissance aune série nombreuse de lacs linéaires, en général allongés N. N. E. et s'alignant sur de consi¬ dérables longueurs et formant des losses en chapelet jalonnant le parcours des grandes fractures. 11 est incontestable qu'une telle topographie n'a pu prendre naissance que dans une région peu élevée et d'altitude assez régulière. Cycle d'accumulation de Lin-ngan : A la période de fractures succède une longue ère de tranquil¬ lité, pendant laquelle l'érosion s'appliquant à dégrader les irrégularités causées dans la topographie parla période de fracture précédente et à reprendre et achever l'œuvre du cycle du Tsouéi-wéi-chann accu¬ mule dans les dépressions linéaires de considérables quantités de dépôts fluvio-lacustres, avec formation de loess typique. Les conditions climatériques étaient alors telles que Bailey Willis les a indiquées pour l'époque de la formation du loess dans la Chine nord-occidentale f1). Comme le fait remarquer cet auteur, (') « Believing that, toward the close of the Tertiary, there was a notable change of climate resulting in pronounced aridity in the interior of Asia, we find therein a sufficient explanation for the destruction of the végétation and the removal of mantle of decayed rock. The change is thought to have been one from a mild moist climate to cold arid climate. Glaciation is excluded by the absence of ary deposits, such as would undoubtely have remained as records if glaciers had developed far beyond the high mountain ridges in which they are now found. The degree of dessication is thought to have been sufficient to give the wind that power which it now possesses as a sorting agent, in those régions where végétation does not clothe the ground The degree of aridity essential to efficiency of wind action is not inconsistent with the continuance of constant streams in larger water-sheds ». (Research in China Vol. I. Part. I page 247). Physiographie 3a3 le degré d'aridité essentiel pour permettre le transport par le vent, qui a joué un grand rôle dans la forma¬ tion des dépôts des grandes dépressions lacustres, n'est pas incompatible avec la constance de l'action de cours d'eau comme agents de transports ; ces conditions se trouvent encore pleinement réalisées à l'heure actuelle au Yun-nan où pendant une partie de l'année, de novembre à lin mai en général, le degré de sécheresse est extrême et le vent journalier transporte en masses les poussières provenant de la décompo¬ sition des sols argileux meubles, tandis qu'en été les pluies torrentielles continues pendant un laps de temps suffisant, rendent importants les torrents qui s'en vont aux dépressions. Pendant un séjour d'été au Yun-nan, j'ai vu s'édifier en trois mois sur les bords du lac de Iang-tsong des cônes de déjection torren¬ tiels avançant dans le lac, cônes qui n'existaient pas en juin à la fin de la saison sèche et étaient édifiés à la fin de septembre. J'imagine que les conditions devaient être peu différentes pendant le cycle d'accumula¬ tion du début du Quaternaire et ce qui se passe actuellement, sauf le degré d'amplitude des phénomènes en question, beaucoup plus considérables évidemment autrefois comme le montre l'épaisseur des dépôts de transport accumulés dans les dépressions. J'ai appelé ce cycle, cycle de Lin-ngan parce que ce bassin montre au N. de belles accumulations de dépôts de transport. Soulèvement épéirogénique et eYele du Kin-cha-kiang : La phase précédente de tranquillité qui correspond au début du Quaternaire est remplacée par une phase complètement différente et qui décide de l'allure actuelle du relief au Yun-nan ; elle est caractérisée par un mouvement général de surélèvement en masse, accompagné de production de flexures ; quelques-unes des failles pliocènes jouent de nouveau, mais avec un rôle de ligne de moindre résistance qui permet aux blocs de se réajuster. C'est cette période qui permet au Yun-nan d'atteindre son altitude actuelle et en même temps le réseau hydrographique s'établit ; les affluents des grands cours d'eau captent les lacs, les vident totalement ou partiellement; l'érosion attaque vigoureusement le rebord des escarpements qui limitent les grands voussoirs des régions déplacées verticalement. C'est pendant ce temps que se creusent les vallées énormes qui entaillent la surface du Yun-nan et du Tibet oriental et dont la vallée du Kin-cha-kiang (haut Fleuve Bleu) est le type; c'est la période de formation des canyons. Je montrerai par les études locales que cette phase se décompose elle-même en phases successives séparées par des intervalles de stabilité comme le montrent les cycles successifs qui inscrivirent leur action sur les parois des vallées. DESCRIPTIONS LOCALES Je vais maintenant passer à la description locale du relief des régions permettant les observations les plus caractéristiques, de façon à étayer les données précédentes sur des faits dûments établis. I. — Région traversée par le Kin-cha-kiang, entre le confluent du Pou-tou-'ho et le Pou-tché-'ho. Cette partie du Yun-nan oriental offre des altitudes considérables et il est très remarquable de constater que les régions élevées offrent des lignes de sommets véritablement monotones contrastant avec la profondeur fantastique des vallées, aussi bien du Kin-cha-kiang lui-même que de ses affluents ; la dis¬ section de la région est poussée très loin dans le sens de la verticale, et en même temps le réseau hydro¬ graphique est très développé, de sorte que les hautes lignes de sommets sans caractère sont séparées par de nombreuses vallées très profondes, aux versants instables rendant longue et difficile la circulation. Cycle du Kiao-ting-chann. — Les restes de cette antique pénéplaine sont très peu nombreux, l'érosion du cycle suivant l'ayant fait généralement disparaître. Un reste bien net existe dans le massif du 324 j. Deprat, Géologie générale Kiao-ting-chann, dont la hauteur s'élève à 4.000 m. Je donne une figure (fig. 16 texte) des lignes de som¬ met de cette région culminante entre le Pou-tché-'ho et le Pou-tou-'ho, dominant de 3ioom. le fond de la vallée du Kin-cha-kiang, dessin fait d'après un groupe de photographies malheureusement brisées. La Mcussif du. KU10 Tûig Cfiarw (4ooom~ 1 Fig. 16. —- Formes séniles dans le massif du Kiao-ting-chann. a Cycle du Kiao-ting-chann — b Cycle du Tsouéi-wéi-chann. surface du cycle du Kiao-ting-chann se laisse reconnaître dans la ligne de sommets de ce massif, remar¬ quablement plane et découpée par l'érosion actuelle par des gorges étroites qui sont souvent des coupu¬ res verticales ; cette surface horizontale décapite les plis très nets qui affectent les calcaires. Au sud du Kiao-ting-chann toute trace de cette pénéplaine post-himalayenne est complètement supprimée par le cycle suivant. Au N. du Kiao-ting-chann, sur la rive gauche du Kin-cha-kiang, on ne trouve pas non plus de traces nombreuses de l'étage du Kiao-ting-chann, mais seulement des sommets qui en approchent. J'ai cherché dans la fig. 127 (atlas) à synthétiser l'ensemble des lignes du paysage aux alentours du confluent des deux grands canyons du Kin-cha-kiang et du Pou-tou-'ho en supprimant les détails de façon à faire res¬ sortir de façon frappante le contraste entre les canyons aux formes si jeunes et les formes des sommets si réguliers comme altitude. Or, dans ces sommets dont l'altitude moyenne est de 3.400 m., il n'y a plus à rechercher la pénéplaine du Kiao-ting-chann, complètement supprimée par le cycle du Tsouéi-wéi- chann et seuls quelques sommets comme le Ta-luen-chann ou les crêtes éloignées du Mou-yo-chann s'en approchent. Mais ainsi, d'une façon générale le cycle du Kiao-ting-chann est réduit dans toute cette région à des restes peu considérables. Cycle de Tsouéi-wéi-chann. — Il est mieux conservé. D'une façon générale, il est très disséqué dans cette région et ne présente plus de larges surfaces sans entailles profondes. Dans le massif du Kiao- ting-chann, sur la rive méridionale du Kin-cha-kiang, il forme de longues crêtes à section arrondie, dont la ligne est médiocrement inclinée et qui montrent un stade de maturité très avancé et l'existence de vallées excessivement larges séparées par des lignes de sommet d'altitude faible qu'on peut admettre ne pas avoir dépassé une altitude de 400 à 500 m. La figure 160 (atlas) représente un levé d'une partie de la région nord du Kiao-ting-chann ; on y voit la régularité des crêtes arrondies ; restes du cycle de Tsouéi-wéi-chann dont les restes forment des lignes de séparation des bassins torrentiels, à section de profil très arrondi, lignes dont la forme douce est due au peu de dureté des schistes cambriens. La fig. 128 (atlas) montre aussi comment au-dessus des gorges profondes du Kin-cha-kiang et de ses affluents, on trouve les vallées mûres de.l'étage du Tsouéi-wéi- chann qu'entaillent profondément les premières. En certains points, le travail érosif du cycle du Kin-cha- kiang a été assez puissant pour faire disparaître à leur tour les traces du cycle de Tsouéi-wéi-chann, comme ces dernières ont pu détruire les restes de la pénéplaine du Kiao-ting-chann. Cycle du Kin-cha-kiang. — J'ai donné dans une série de photographies des exemples de la remar¬ quable vallée du Kin-cha-kiang dans la région de Mo-lou-tchang. Dans la fig. 129 (atlas), on voit comment Physiographie 3a5 les vieilles vallées dn cycle de Tsouéi-wéi-chann sont profondément entaillées par les formidables gorges du Kin-cha-kiang, gorges dont la profondeur verticale atteint actuellement 2.300™- environ au-dessus du thalweg des vallées du cycle de Tsouéi-wéi-chann ; il faut donc admettre cette conclusion qui découle nécessairement de l'observation des faits, qu'entre la fin du cycle de Tsouéi-wéi-chann et le moment pré¬ sent le haut Fleuve Bleu a dans cette région approfondi son lit de 2.300 ™-, hauteur qui représente la déni¬ vellation existant entre le thalweg actuel à 910™- sous Mo-lou-tchang et l'ancien fond de vallée de Tsouéi- wéi-chann à 3.200™- environ. Or, ce creusement s'est donc effectué entre la fin du Pliocène et l'époque actuelle, surtout pendant le Quaternaire récent, puisque le début de cette période fut un stade d'accu¬ mulation. Mais ici, l'érosion postérieure a été trop puissante pour laisser des traces des dépôts d'accumula¬ tion de sorte que nous ne retrouvons pas de traces du cycle de Lin-ngan dont les produits sont déblayés depuis longtemps, tandis que nous les trouverons bien conservés dans les dépressions lacustres formées à la faveur des fractures. Le cycle du Kin-cha-kiang n'a pas été rigoureusement continu et les vallées successives emboîtées montrent que le mouvement épéirogénique qui a relevé la région et causé l'approfondissement rapide du réseau hydrographique et la formation des canyons n'a pas été absolument continue mais séparée par des phases, courtes d'ailleurs, de stabilité. Comme toutes ces vallées successives ont des parois raides et que l'instabilité des couches très disloquées du complexe cambrien-ordovicien-dinantien de la zone charriée provoque un rapide écroulement des versants, il arrive que un ou plusieurs des cycles secondaires de cet étage peuvent être détruits par les cycles postérieurs ; mais d'une façon générale les diverses périodes de reprise de creusement et de la courte phase de stabilité qui a suivi chacune d'entre elles est nettement indiquée. Par exemple, près de Mo-lou-tchang une section transversale de l'ensemble de la vallée du Kin- cha-kiang est tout à fait instructive (fig. 129 atlas). La partie supérieure de la vallée montre les pentes très faibles d'une vaste vallée du cycle du Tsouéi-wéi-chann ; ensuite s'étagent les vallées secondaires suc¬ cessives admirablement marquées, au nombre de cinq, jusqu'au thalweg actuel. La raideur des versants ■ est la règle dans chacune de ces vallées successives, ce qui provoque un contraste frappant avec les formes arrondies du cycle de Tsouéi-wéi-chann si typiques (phot. A pl. VIII). La photographie A pl. III est une photographie de la vallée du Kin-cha-kiang en amont du ravin de Mo-lou-tchang ; les différents cycles secondaires de l'étage du Kin-cha-kiang sont nettement marqués sur le flanc droit de la vallée. Terrasses à i20m. — Un fait très intéressant est la présence de terrasses apparaissant dans des élargissements du lit du fleuve, à 120™. d'altitude ; ces terrasses formées de conglomérats et de sables indiquent une phase d'accumulation de dépôts torrentiels encombrant la vallée, mais cette phase fut probablement de très courte durée, car malgré la quantité de matériaux accumulés sur une épaisseur énorme, on peut admettre qu'un temps très court fut suffisant pour les amonceler lorsqu'on voit à l'heure actuelle avec quelle rapidité se forment les monstrueux cônes de déjection torrentiels qui encombrent les vallées affluentes. Du reste ces terrasses du Kin-cha-kiang correspondent nettement à d'anciens cônes de déjection que le fleuve a recoupés ensuite profondément, ce qui a amené la production de terrasses incli¬ nées suspendues au-dessus du fleuve à une hauteur moyenne de 120™ pour le rebord de la terrasse ; ces terrasses se trouvent à l'entrée des ravins torrentiels affluents. J'en ai donné un autre intéressant exemple dans la photographie A planche VIII ; cette dernière a été prise à Mo-lou-tchang même, depuis la terrasse de la petite fonderie de cuivre ; cette photographie montre les énormes à pics hauts de plus de 2.000™ du canyon en aval de Mo-lou-tchang ; le Kin-cha-kiang est très en contre-bas, invisible au fond de la gorge ; l'observateur se trouve dans le ravin de Mo-lou-tchang, affluent du grand fleuve ; au premier plan, on remarque les débris d'une terrasse inclinée plaquée contre la paroi du ravin ; ici encore nous sommes en présence d'un lambeau de la partie haute d'un cône de déjection du cycle IV. La succession des faits s'explique d'elle-même ; à la fin du cycle IV la vallée du Kin-cha-kiang était encombrée par d'énormes cônes de déjection remontant dans des vallées torrentielles affluentes ; le cycle actuel V a amené un nouveau creusement et le fleuve a recoupé profondément les amas torrentiels, suivant le processus indiqué par la fig. 130 (atlas) et apparent même sur la photographie A pl. III ; les affluents suivant le mouvement de descente du Kin-cha-kiang ont recoupé les cônes édifiés par eux-mêmes et les ont même déblayés en grande partie, laissant parfois de simples placages comme celui de Mo-lou-tchang ou au J. Deprat, Géologie générale contraire laissant les cônes bien conservés comme celui de la photographie B planche III et simplement tronqués par le fleuve principal. Le mouvement de creusement a été poussé assez loin pour que le Kin- cha-kiang ait pu entamer le substratum rocheux sous le cône, creusant ainsi un canyon étroit comme celui qu'on observe en aval du torrent de Mo-lou-tchang. La dernière gorge, n° V est en pleine voie de creusement à l'heure actuelle ; semé de formidables rapides, le lit du Kin-cha-kiang est loin d'être régularisé et présente une succession de biefs à fort courant cependant, mais lents à côté des rapides tels que celui qui est représenté par la photographie A, pl. III. Les vallées successives montrent nettement un emboîtement vers l'ouest dans la vallée précédente ; cet emboîtement est caractérisé par un canyon étroit aux parois verticales s'engageant dans la vallée antérieure au contraire un peu élargie. Entre le débouché du Kien-chang et le confluent du Liou-chou-'ho le fleuve offre toujours une étroitesse étonnante ; j'ai mesuré 55 m. de large seulement sous Mo-lou tchang ; il ne faut pas oublier que le Kin-cha-kiang a déjà à son actif en ce point près de 2.000 km. de parcours ; mais cette étroitesse est compensée par la vitesse du courant qui, en dehors des rapides, est de 3 m. à la seconde; la profondeur pouvant être évaluée en moyenne à 15 m. le fleuve, pour une largeur de 55 m. seulement, offre donc un débit d'environ 2.475 mètres cubes à la seconde, c'est-à-dire très supérieur à celui de la Seine dans ses crues maximum ; or, j'ai observé le Kin-cha-kiang au mois de mars, c'est-à-dire après cinq mois de saison sèche ; il était donc à l'étiage. Les niveaux de crue maxima sont bien marqués et m'ont paru devoir atteindre normalement 10 m. au-dessus de l'étiage ; le fleuve ne pouvant se répandre à droite et à gauche monte rapidement entre ses versants abrupts. Affluents torrentiels. — Le Kin-cha-kiang reçoit deux grands affluents principaux dans la région qui nous occupe, le Liou-chou-'ho et le Pou-tou-'ho ou déversoir du lac de Kouen-yang, et des affluents torrentiels à parcours réduit. Je m'occuperai d'abord de ceux-ci. Ils onts suivi le mouvement d'approfon¬ dissement rapide du Kin-cha-kiang ; leur âge est naturellement différent ; les uns ont débuté à un moment où d'autres n'avaient pas encore commencé à se former, mais d'après leurs profils j'admets que la majorité de ces courts torrents à parcours d'une dizaine de kilomètres au plus, souvent beaucoup plus courts, ont débuté avec le creusement du cycle II du Kin-cha-kiang ; ils sont très nombreux, très rapprochés et sépa¬ rés par d'énormes crêtes aux versants rapides, ce qui fait que la circulation est presque impossible le long du fleuve. J'ai donné des photographies qui montrent clairement l'allure de ces affluents torrentiels ; la phot. B pl. VIII montre la base du ravin de Mo-lou-tchang vue de la côte 2.025 ; la phot. B pl. IV montre une crête de séparation de deux torrents, vue prise de Yao-poun-tzeu. Cette photographie montre un ensemble de faits intéressants : on y remarquera d'abord les crêtes aiguës du dernier plan, découpées dans la surface ancienne du cycle de Tsouéi-wéi-chann ; puis les restes de la vallée du cycle I du Kin- cha-kiang se dessinant en crêtes adoucies de part et d'autre de la vallée ; au-dessous la pente rapide du grand contrefort du 2e plan montre la vallée II ; l'encaissement est tellement prononcé que les derniers cycles ne sont pas visibles non plus que le thalweg du Kin-cha-kiang ni du torrent affluent. Il me paraît intéressant de rapprocher cette photographie de certaines de celles que Stein a prises dans le Kwen-lun : que l'on compare et on sera frappé de cette même allure des crêtes découpées par l'érosion dans un cycle ancien ; la forme des sommets dominants est la même avec la même allure des gorges formidables, profondes de plusieurs milliers de mètres comme dans le cas des gorges du Nissa et du Yoroungach ; les figures 127 et 128 de l'atlas où j'ai indiqués seulement les grands traits du paysage rappellent également cette structure. Les mêmes causes ont engendré les mêmes effets et à des distances énormes le continent asiatique montre des faits identiques. Je n'insisterai pas sur le côté pittoresque de ces splendides gorges qui, malheureusement, seront tou¬ jours d'un accès très difficile et où, étant donné la rapidité avec laquelle les versants se démolissent, il sera toujours extrêmement difficile d'établir les voies de communication, assez inutiles du reste à moins que l'exploitation des mines de cuivre ne prennent un jour une extension qui n'est guère à prévoir. Je vais examiner rapidement la manière d'être de quelques grands affluents de la rive méridionale du Kin-cha-kiang dont j'ai fait une étude particulière, le Liou-chou-'ho et le Pou-tou-'ho. Physiographie II. — Cycles d'érosion dans le bassin du Liou-chou-'ho Nous allons reconnaître partout des laits semblables à ceux que nous venons de signaler. Prenons le Liou-chou-'ho à sa source, au lac de Tche-hou-kiang, il s'encaisse immédiatement à la sortie du lac dans un synclinal de Permien qui le conduit à la grande zone de fracture prolongeant dans le nord du Yun-nan oriental la zone de cassure des lacs orientaux, puis il s'engage dans cette fracture et la suit jusqu'à son confluent avec le Kin-cha-kiang à l'ouest de Tong-tchouan. Si l'on s'élève de part et d'autre sur les flancs de la vallée excessivement profonde aux parois abruptes, on observera comme dans la vallée du Kin-cha- kiang une série de vallées élémentaires emboîtées, dont l'ensemble offre une profondeur considérable et dont l'allure en forme de canyon est la règle ; mais où qu'on aborde la partie supérieure des à-pics, on débouche invariablement, souvent après de très difficiles escalades sur les versants si raides, sur des lignes de sommets monotones, plates et tabulaires dans le cas où ce sont les bandes calcaires ouralo-permiennes qui affleurent, et en forme de dômes ou longues croupes si ce sont des bandes cambriennes ou de labrado- rite. Ces lignes de sommets pourtant très élevées puisque dans le Kong-chann, le Ta-sin-chann, l'altitude se tient aux environs de 3.200 m. sont entaillées par d'énormes ravins séparés par des crêtes étroites; nous retrouvons dans les longues croupes des sommets les restes du cycle du Tsouéi-wéi-chann entaillé par les profondes gorges du cycle du Kin-cha-kiang. A mesure que le Liou-chou-'ho s'avance vers le nord, il s'encaisse de plus en plus et aboutit au Kin-cha-kiang entre des lignes de crête de 3.500 m., appartenant au cycle du Tsouéi-wéi-chann ou montrant parfois elles-mêmes des crêtes surbaissées approchant vers la cote 3.500"!. de la pénéplaine du Kiao-ting-chann. Les affluents du Liou-chou-'ho que j'ai pu étudier très en détail, offrent en général des sections mon¬ trant admirablement les vallées successives emboîtées. La vallée du Tchang-hi-'ho notamment offre de bonnes coupes. On observe régulièrement à la partie supérieure les longues croupes, restes du cycle du Tsouéi-wéi-chann entaillées par des ravins colossaux, des cirques de réception torrentiels aux parois étonnamment rapides, croulantes, et en général, un gigantesque cône de déjection au sortir du goulet. Cônes de déjection. —La vallée du Tchang-hi-'ho entre Tien-cha etTchang-hi, mériterait d'être appelée la vallée des cônes, tellement ils sont nombreux et puissants ; en général, ils débordent latérale¬ ment l'un sur l'autre. La figure 8 (texte) donne une idée précise de l'abondance de ces formations. Le voya¬ geur qui traverse cette région ne peut manquer d'être frappé de la puissance et de la rapidité de l'érosion dans cette région. Ici une observation d'un grand intérêt se présente ; on constate que beaucoup de ces énormes cônes de déjection sont entaillés fortement par le torrent qui leur a donné naissance et qui s'y est creusé une gorge profonde d'une vingtaine de mètres ou davantage, et en même temps que le Tchang-hi-'ho aussi recoupe profondément ces cônes ; or, nous retrouvons ici les mêmes phénomènes que dans la vallée du Kin-cha- kiang et ce sont les cônes du cycle IV qui sont ainsi entaillés par la vallée principale et par l'affluent même qui leur a donné naissance, et ce qui est significatif, c'est de voir combien est grande par ailleurs la fraîcheur du cône de déjection ; on constate ainsi avec évidence que le creusement de la gorge qui entame le cône est de formation relativement très récente. La fig. 8 (texte) montre au premier plan un cône entamé par son propre torrent, et au milieu de la figure la base d'un autre cône dont toute la partie supérieure a été déblayée par le Tchang-hi-'ho. A côté de ces cônes qui correspondent au cycle IV de l'étage du Kin- cha-kiang, on observe d'autres cônes dont l'édification se poursuit à l'heure actuelle et qui sont entaillés par le cours d'eau ; même, régulièrement, à la sortie de la gorge à pente rapide creusée dans des cônes du cycle IV s'étale un nouveau cône en formation. Ces faits sont du plus haut intérêt, car ils montrent qu'à l'heure actuelle le Yun-nan est en pleine voie d'érosion et la démolition rapide des parties élevées s'accomplit partout à la fois. La vallée du Wou-long-'ho, autre affluent du Liou-chou-'ho montre aussi près de Wou-long un déve¬ loppement superbe des cônes d'érosion des cycles IV et V, ce dernier étant le cycle actuel. 3a8 J. Deprat, Géologie générale Un des plus intéressants affluents du Liou-chou-'ho est le Pou-tché-'ho. Dans son cours supérieur en amont du village de Pou-tché-'ho, il débute par un ravin très profond ouest-est aux parois rapides, puis sous le col de Tsouen-tien-po, il tourne brusquement et coule du sud au nord pendant assez longtemps ; au nord du col, près de Pou-tché-'ho on distingue admirablement les vallées successives emboîtées : dans la fig. 131 (atlas), j'ai calqué exactement les lignes maîtresses d'une photographie 1 3 X 18 ; on voit les val¬ lées II, III et IV; la vallée I et le cycle du Tsouéi-wéi-chann sont plus hauts en dehors de la figure ; quant au cycle V de l'étage du Kin-cha-kiang, il est en aval et la figure 131 (atlas) montre seulement la gorge de raccord du cycle IV avec le cycle III, bordé par une remarquable terrasse en pente douce ; cette figure offre la particularité d'un grand cône de déjection très surbaissé occupant l'axe de la vallée et sur lequel divague le Pou-tché-'ho avant d'atteindre un joli petit lac qui barre la vallée ; ce fait complètement acci¬ dentel est dû à un énorme éboulement de 400™- de haut, long de 6oom- environ, cubant environ 9 millions de mètres qui a complètement bouché la vallée à hauteur de Pou-tché-'ho ; un lac de barrage s'est installé et le torrent trouvant là un niveau de base inattendu y a édifié aussitôt un delta torrentiel. Mais là n'est pas le principal intérêt de cette figure et de la région qu'elle représente. On remarquera au dernier plan le col de Tsouen-tien-po, qui à la côte, de 1.830m.., correspond exactement comme profil au cycle II du Kin-cha-kiang ; or, dans le prolongement de la branche nord-sud du Pou-tché-'ho, au sud du col de Tsouen-tien-po se trouve la vallée du Wou-long-'ho, alignée aussi à peu près nord-sud ; les vallées du cycle II de l'étage du Kin-cha-kiang du Wou-long-'ho et du Pou-tché-'ho sont exactement dans le prolongement l'une de l'autre, mais à hauteur de Wou-long, le Wou-long-'ho prend tout à coup la direction N. E. parallèle aux plis pour rejoindre le Liou-chou-'ho, tandis que le Pou-tché-'ho au pied du col de Tsouen-tien-po se coude tout à coup vers l'ouest pour prendre sa source dans un ravin escarpé. Dès lors, la genèse des faits apparaît très clairement (voir la figure 162 atlas) : pendant le cycle II le Wou- long-'ho passait directement par le col de Tsouen-tien-po qui représente le fond de la vallée II, dans la vallée du Pou-tché-'ho qui ne faisait ainsi qu'une avec la sienne ; pendant le cycle III le Wou-long-'ho fut capté en amont de ce qui est actuellement le col de Tsouen-tien-po par un affluent du Liou-chou-'ho parallèle aux plis, qui l'a dérivé, et en aval un affluent latéral du Pou-tché-'ho est devenu la vraie rivière de ce nom; l'approfondissement des deux cours d'eau continuant rapidement ensuite le col de Tsouen- tien-po a formé un verrou de plus en plus élevé, une cloison haute et étroite interceptant l'ancienne axe de vallée et qui offre toujours avec précision le profil de l'ancienne vallée II ; nous assistons donc nettement à un phénomène de capture effectué à la fin du cycle II de l'étage du Kin-cha-kiang. Plus au nord le Pou-tché-'ho avant de rejoindre le Liou-chou-'ho s'approfondit rapidement, offrant des cônes de déjection torrentiels de dimensions énormes, inusitées dans les chaînes que nous sommes ha¬ bitués à connaître et les cônes alpins feraient souvent pauvre figure et par leur nombre et par leurs dimen¬ sions auprès de leurs semblables de la région qui nous occupe. Ici encore nous retrouverons, à hauteur de Lao-tchang des cônes appartenant au cycle IV entaillés par le cycle V et d'autres appartenant à ce dernier ;• la vallée en ce point devient impraticable et tous les sentiers, du reste toujours très mauvais et dangereux, doivent s'établir sur des cycles plus anciens aux pentes plus douces. De Ta-me-chann, un excellent point d'observation permet d'embrasser nettement l'ensemble des caractères de la région. A l'est, on voit s'allonger parallèlement les longues croupes régulières du cycle de Tsouéi-wéi-chann cotant 3.200 m. séparant le Wou-long-'ho du Liou-chou-'ho. Sur leurs flancs, on distingue nettement les différents niveaux de l'étage du Kin-cha-kiang ; le niveau 11 forme entre les vallées du Wou-long-'ho et celle du Pou-tché-'ho une longue croupe arrondie sculptée dans les labradorites : aux pieds de l'observateur, la gorge du Pou-tché-'ho s'ouvre béante, encombrée d'énormes cônes de déjection ; à l'O., au contraire on voit se dresser beaucoup plus haut la ligne rocheuse à surface régulière de la vieille pénéplaine du Kiao-ting-chann, autour de laquelle rayonnent de longues croupes presque horizontales de l'étage du Tsouéi-wéi-chann, et enfin un peu au-dessus du point d'observation situé à 2.050™., à son niveau et au-dessous s'étagent les cycles du Kin-cha-kiang, aux parois de plus en plus abruptes à mesure que l'on gagne les thalwegs des torrents, la forme canyon type terminant régulièrement la partie inférieure des vallées ; en même temps le nombre de vallées secondaires est multiple et cela, joint à leur profondeur montre une dissection avancée de la région, et si rapidement poursuivie que malgré l'époque relativement récente où elle a débuté, la.surface mûre a été tellement travaillée déjà que les Physiographie 029 points où l'on peut observer une surface plane de quelque étendue, reste des vieilles pénéplaines, sont exceptionnels. III. — Cycles d'érosion dans le bassin du Pou-t'ou-dio. La vallée du Pou-t'ou-'ho complète les observations précédentes. Ce cours d'eau sert de déversoir au lac de Kouen-yang. Il coule dans une direction presque nord-sud et depuis son confluent avec le Kin- cha-kiang jusqu'à sa sortie du lac de Kouen-yang, il a exactement en ligne droite 170 km- en ne tenant pas compte des sinuosités, du reste peu accusées, que décrit la rivière. Une coupe transversale de la vallée du Pou-t'ou-ho un peu en amont du confluent avec le Kin-cha- kiang est très suggestive et montre comment la vallée du Pou-t'ou-'ho a évolué en suivant fidèlement les vicissitudes de celles du Kin-cha-kiang ; la figure 132 (atlas) montre l'allure de canyon excessivement profond offert par la vallée. A la partie supérieure des à-pics se dessine la surface aplanie du cycle de Tsouéi-wéi-chann ; au-dessous s'étagent les vallées successives du cycle du Kin-cha-kiang, aux ver¬ sants de plus en plus rapides jusqu'au canyon étroit terminal ; ce dernier, par lequel la rivière aboutit au Kin-cha-kiang, se termine à l'amont dans le fond étroit et aux versants rapides, mais cependant un peu plus larges, de la vallée IV. Il offre dans sa partie terminale des chutes et des rapides. Le confluent du Pou-t'ou- ho et du Kin-cha-kiang est une des choses les plus imposantes qui se puisse voir ; les deux gorges se ré¬ unissent à l'extrémité de la vertigineuse arête du Sa-wong-chann et leur profondeur est telle que sauf depuis quelques points de la vallée du cycle II les thalwegs sont invisibles. La photographie A pl. IV montre nettement le canyon de base et les vallées emboitées IV et III aux versants prodigieusement rapides, atteignant 40 °/o de pente dans la vallée III et 47 °/o dans la vallée IV sur le flanc est. En amont du confluent du Ki-t'ou-'ho et du Pou-t'ou-'ho la gorge V disparaît et la vallée offre alors l'allure représentée par la photographie C pl. VIII ; le thalweg est installé dans la vallée du cycle IV. Les vallées affluentes du Pou-t'ou-'ho présentent toute cette forme remarquable, avec leurs pentes d'une rapidité énorme ; si l'on remonte ces vallées étroites on les voit se terminer dans le massif du Kiao- ting-chann par de profonds bassins de réceptions torrentiels aux parois presque verticales, extrêmement étroits, tandis qu'au-dessus s'étalent les formes presque horizontales des vieilles vallées du Tsouéi-wéi- chann ; il en résulte que le chemin qui suit le Pou-t'ou-'ho est très difficile, soumis à des dénivellations énormes, car, obligé le long de la rivière de se maintenir à une grande hauteur sur le flanc de la vallée du cycle H, les pentes.des cycles inférieurs étant beaucoup trop rapides, il doit, soit contourner les têtes des ravins latéraux, soit les franchir par des descentes brusques et longues, sur des versants en voie d'écrou¬ lement constant. Je prendrai comme exemple le passage du Ki-t'ou-ho à Ki-t'ou ; le sentier qui part de la cote 2.000 à He-pou descend sur 1.500 m. en projection horizontale au fond du ravin de Ki-t'ou à 990 m. et remonte de suite sur 3 km. à la côte 2.270 à Ta-tzeu ; la photographie D pl. VIII montre le ravin de Ki-t'ou ; elle indique également la forme abrupte des têtes de ravins entaillés au fond de la photographie dans le cycle de Tsouéi-wéi-chann. Le torrent de Tou-mou-nyi offre à un haut degré ce caractère de vallées torrentielles creusées par une érosion puissante et rapide ; les ravins dont l'ensemble constitue ce torrent, entaillent profondément les restes du cycle de Tsouéi-wéi-chann. La photographie B pl. X a été donnée pour montrer ce fait : elle offre au dernier plan la surface calcaire du cycle de Tsouéi-wéi-chann profondément entaillée par le ravin de Chou-kou qui se transforme en canyon au-dessous du village. Le canyon de Hou-tsou, dont la photo¬ graphie C pl. V est une représentation, montre un canyon typique entaillant la surface horizontale du cycle de Tsouéi-wéi-chann dans la masse des calcaires ouraliens du Wou-long-ma. La photographie E pl. VIII est aussi très caractéristique : elle montre l'aval du canyon de Tou- mou-nyi dont le thalweg est invisible, surplombé par d'énormes à pics : au second plan la gorge du Pou- t'ou-'ho ne montre pas non plus sa partie inférieure trop encaissée ; de l'autre côté de la vallée une crête régulière appartenant au cycle I du Kin-cha-kiang sépare la gorge du Pou-t'ou-'ho de celle du Kin-cha- 33o J. Deprat, Géologie générale kiang qui coule de l'autre côté dans une gorge aussi profonde limitée au dernier plan par des hauteurs offrant les restes du cycle de Tsouéi-wéi-chann et des sommets tendant à s'approcher du cycle du Kiao- ting-chann. Si on suit le cours du Pou-t'ou-'ho en le remontant vers l'amont, on voit peu à peu disparaître les vallées les plus anciennes et le thalweg de la vallée du cycle IV se maintenir au contraire jusqu'au lac de Kouen- yang et la capture de ce dernier s'effectuer par cette vallée ; la disposition des vallées antérieures s'explique de façon très simple : la vallée du Pou-t'ou-'ho, avant le début des mouvements épéirogéniques était déjà esquissée dans le cycle I de l'étage du Kiao-ting-chann, survint la phase de soulèvement épéirogénique ; le cours d'eau se mit alors à entailler son lit, suivant en cela le mouvement du Kin-cha-kiang ; mais la surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann fut complètement déformée à partir de ce moment par les mouve¬ ments épéirogéniques, le mouvement de surélévation maximum se faisant sentir surtout vers le nord, avec accompagnement de gauchissements et de déplacement de voussoirs en verticale, dus au jeu nouveau des anciennes failles relevant de plus en plus les longs blocs montagneux vers le nord ; il en résulte la produc¬ tion d'une longue ligne de pente générale vers le sud, contre laquelle le Pou-t'ou-'ho venait prendre sa source, traversant ensuite la région élevée au N. pour rejoindre le Kin-cha-kiang ; c'est grâce à ce mé¬ canisme que le fleuve peut, coulant ainsi en sens inverse de la pente générale du Yun-nan entailler des gorges de plus en plus profondes vers le sud, tandis que vers le nord'sa tête de source avançait vers le sud, se trouvant sans cesse à une altitude déplus en plus basse jusqu'au moment où pendant le cycle IV, il rencontra la vaste dépression fracturée du lac de Kouen-yang et la vida en grande partie. Il y eut donc un double mouvement à envisager dans la formation de la vallée du Pou-t'ou-'ho : d'une part, le lent mouvement épéirogénique avec relèvement maximum (1) dans la région du Kin-cha-kiang, faisant naître une pente générale vers le sud, d'autre part l'approfondissement rapide du Kin-cha-kiang dans cette ré¬ gion de relèvement maximum et par suite l'approfondissement concomitant du Pou-t'ou-'ho dont les vallées les plus anciennes se terminent successivement vers l'amont, le fleuve prenant sa source en des points de plus en plus bas vers le sud jusqu'à sa rencontre avec le lac de Kouen-yang ; cette jonction opérée, la tête de source a naturellement rencontré son point maximum d'avancée. En résumé le Pou-t'ou- 'ho comme le Liou-chou-'ho coule en sens inverse de la pente générale du Yun-nan, ce qui explique la profondeur croissante* des vallées vers le nord, étant donné que l'altitude augmente, tandis que le thalweg s'approfondit. Pour éclairer cette question, je renverrai à la carte hypsométrique et à la fig. 133 (atlas) dans laquelle j'ai cherché à montrer le mécanisme de la formation des vallées successives du Pou-t'ou-'ho et la capture du lac de Kouen-iang pendant le 4e cycle de l'étage du Kin-cha-kiang. Affluents du Pou-t'ou-'ho. — Parmi les affluents du Pou-t'ou-'ho, il en est deux qui présentent des données particulièrement intéressantes. D'abord le Ta-mi-lo-ho ; cette rivière prend sa source aux envi¬ rons de la cote 2.700 tout près du Kin-cha-kiang qui coule en contre-bas à 930m- près de Lu-na-ka, puis il coule vers le sud, dans une vallée qui s'approfondit rapidement, parallèlement au Pou-t'ou-'ho, mais en sens contraire exactement, les crêtes du Téou-tse-chann, et du Tchouan-chann l'en séparant seules, puis il décrit un angle brusque après 40 km. de parcours presque N. S., en tournant au S. E. et rejoint le Pou- t'ou-'ho par une vallée cluse près de Lou-k'uian, bien après être passé à W'ou-ting-tchéou. Nous sommes ici en présence d'une rivière dirigée d'abord suivant la pente générale provoquée par le mouvement épéi¬ rogénique et conséquente à cette pente, captée par un affluent latéral du Pou-t'ou-ho ; la carte hypsomé¬ trique montre d'une façon très claire l'allure de cette vallée et sa curieuse disposition parallèle et inverse de celle du Pou-t'ou-ho. Le Pa-tzeu-'ho qui prend sa source aux environs de Cheng-cha, offre une série de vallées qui, dans la partie basse du cours d'eau, montrent des. profils transversaux accusant comme dans les cas précédents un inégal développement pour chacune d'elles, la plus élevée et la plus ancienne étant le plus large et offrant les pentes les plus faibles, tandis qu'entreIai-kou-tchan et le Pou-t'ou-'ho, la rivière s'encaisse dans de pro¬ fonds canyons formant les cycles plus bas et plus récents ; mais dans l'ensemble de son cours le Pa-tzeu- (') Cette expression de relèvement maximum concerne bien entendu seulement le Yun-nan oriental, car le mouvement épéirogénique a soulevé bien davantage la région un peu au N. O. dans les Alpes tibétaines. Physiographie 331 ho se montre tout à fait disparate. Il coule d'abord dans une large vallée aux versants très doux, où se multiplient les villages, dans le large fond de vallée aux basses collines de 'Hai-tzeu, puis traverse par une gorge étroite un seuil près de Siao-choui-tin et coule de nouveau dans la large vallée de Tien-houé, où dans les grands fonds aplanis, il a creusé une petite gorge récente et peu profonde. Au-delà de Tien-houé; il s'encaisse brusquement et par des canyons profonds, il gagne le Pou-t'ou-'ho en descendant par des rapides et des cascades qui l'abaissent de près de 300™- sur 15 km. L'examen des cotes est très typique : pendant 40 km., la rivière coule à travers les fonds de vallée plats de 'Hai-tzeu et de Tien-houé en se main¬ tenant entre les cotes 2.200m à Cheng-cha et 2.020m à Tien-houé, tandis qu'il descend ensuite de la cote 2.020m à 1960™ à Jai-kou-chan sur 7 km. et de 1.960™ à 1680 m.sur 15 km. seulement de parcours. On re¬ marquera en consultant la carte qu'à Jai-kou-tchan le Pa-tzeu-'ho se coude à angle droit, mais que le tron¬ çon inférieur est prolongé vers l'ouest par une gorge profonde, très différente du tronçon supérieur, on se rend compte dès lors de la succession des faits suivants: tandis que le Pou-t'ou-'ho approfondissait son lit, la région de Tien-houé et de 'Hai-tzeu formait un grand bassin fermé situé à un niveau plus élevé dont les versants prenaient l'allure surbaissée qui les caractérise, versants aboutissant vers la cote 3.000™ à de lon¬ gues croupes régulières et à des surfaces mûres du cycle de Tsouéi-wéi-chann ; pendant ce temps, le tron¬ çon actuel inférieur du Pa-tzeu-'ho poussant sa source vers l'amont creusait profondément les gorges de Jai-kou-chan en envoyant vers le sud un petit affluent qui, pendant le cycle IV de l'étage du Kin-cha-kiang fit la capture de la dépression de Tien-houé dont elle draina les eaux, constituant ainsi le Pa-tzeu-'ho actuel dont s'expliquent la forme disparate du profil longitudinal, la différence complète dans les sections transversales du cours inférieur et du cours supérieur et le coude à angle droit près de Jai-kou-chan. Le fragment de carte en levé régulier (fig. 161 atlas) montre le point de capture et le coude brusque du Pa- tzeu-'ho. Si nous jetons maintenant un coup d'œil d'ensemble sur la vallée du Kin-cha-kiang et de ses affluents et sur la région dans laquelle ils coulent, nous voyons, surtout en nous aidant de la Carte hypsométrique, que les altitudes vont en croissant régulièrement et fortement du sud au nord et qu'en sens inverse les vallées s'approfondissent ; la carte hypsométrique indique parfaitement cette allure, et si par la pensée, on supprime les vallées, on voit l'aire des cotes avoisinant 4.000™. montrer les restes de l'antique pénéplaine du Kiao- ting-chann, les aires des cotes entre 2.500™ et 3.500™ dessiner un vaste plan incliné vers le sud dû au relèvement lent vers le nord pendant les grands mouvements épéirogéniques quaternaires, mouvement qui donna à l'ancienne surface pliocène de l'étage de Tsouéi-wéi-chann cette forme de plan incliné. IV. — Bassin du Pa-ta-'ho. Il est logique, après avoir étudié le bassin du Kin-cha-kiang, de s'adresser à l'autre grand cours d'eau qui traverse le Yun-nan oriental et joue le rôle de niveau de base pour toute la région comprise entre le bassin de Mong-tseu et Yi-léang. Toute cette région appartient à une zone d'altitude plus basse que celle que nous venons d'étudier ; nous n'y retrouverons pas de traces de la pénéplaine du Kiao-ting-chann, par contre les traces du cycle de Tsouéi-wéi-chann sont extrêmement abondantes, mais s'observent à des cotes très différentes, ce qui n'étonnera pas, si l'on se rappelle que le Yun-nan a été découpé vers la fin de ce cycle, après avoir été raboté par une surface d'érosion, par un jeu de puissantes fractures qui ont donné naissance à une série de compartiments allongés parallèles N. S. ou N. N. E. qui ont abaissé certaines parties de cette surface d'érosion par rapport aux autres, et lors des mouvements épéirogéniques quaternaires cette région quoique portée à une forte altitude, a été moins soulevée que la région du Kin-cha-kiang, puisque 33a J. Deprat, Géologie générale l'amplitude du mouvement vertical positif augmentait du sud au nord ; en même temps les anciennes frac¬ tures ont rejoué, mais inégalement, de sorte que, comme nous l'avons dit tout à l'heure, les surfaces du cycle de Tsouéi-wéi-chann s'observent à des niveaux différents, de plus des surfaces de gauchissement comme celle qui jalonne la vallée du Kiou-kiang à Kouan-in et qui limite au sud le 'Hoang-long-chann ont pris naissance. Je rappellerai d'abord que le cours d'eau appelé Pa-ta-'ho d'une façon générale par les Européens est appelé par les Chinois Si-chann-ta-'ho, dans le segment de Lou-léang à Yi-léang, Tié-tchen-'ho d'Yi- léang à son confluent avec le Lin-ngan-'ho et à partir de là Pa-ta-'ho. Nous allons étudier chacun de ces segments l'un après l'autre : mais auparavant, il est nécessaire de poser le principe que l'ensemble de cette rivière est formée de tronçons disparates qu'une série de captures a constitué peu à peu ; ainsi s'explique que dans les différents tronçons le nombre de cycles inscrits sur les parois des vallées ne soit pas semblable. Si le lecteur veut bien se reporter aux esquisses figures 177 et 178 (atlas) il se rendra faci¬ lement compte de la raison. On verra ainsi que pendant le cycle III de l'étage du Kin-cha-kiang le Yun-nan était occupé par une série de bassins privés d'écoulement vers la mer, remplis par des lacs innombrables installés dans les zones de fractures effondrées qui découpaient la surface de l'étage de Tsouéi-wéi-chann ; à la fin de ce cycle a commencé la capture de ces dépressions alignées N. S. dans le parcours du Tié-tchen-'ho actuel. Sin-ehaRR-ta-'ho : Si par exemple, nous considérons la région pendant ce cycle III nous verrons que la longue plaine N. S. d'Yi-léang était remplie par un lac dans lequel aboutissait le segment actuel du Pa- ta-'ho dénommés parles chinois Si-chann-ta-'ho, dont la vallée beaucoup moins profonde qu'actuellement s'étalait avec des versants peu inclinés sur la large surface du cycle du Tsouéi-wéi-chann qui, de part et d'autre, s'est assez bien conservé clans la région de Ta-hi-ti : les coupes figures 27 et 29 (atlas) montrent comment entre Ta-hi-ti et Tchao-koua le cycle de Tsouéi-wéi-chann persiste dans les larges surfaces presque planes que l'on retrouve aussi entre Ta-hi-ti et Tien-sen-kouang (phot. B pl. VI et A et B pl. V). Le fragment d'itinéraire 158 (atlas) montre aussi cettent topographie spéciale, faiblement ondulée qui représente l'érosion des affluents du Si-chann-ta-'ho pendant tout le temps où la dépression d'Yi-léang lui servit de niveau de base, et où on retrouve les premiers cycles de l'étage du Kin-cha-kiang. Tié-tcheR-'ho : Pendant que la dépression d'Yi-léang servait de base au Sin-chann-ta-'ho, le chapelet de petits lacs de Pou-tchao-pa, Siun-kien-sseu, Po-shi étaient alimentés par de petits cours d'eau nord- sud, creusant pendant une période prolongée, se rapportant aux premiers cycles de l'étage du Kin-cha- kiang de larges vallées à pentes assez faibles, sculptées clans la surface antérieure de l'étage de Tsouéi- wéi-chann. Pa-ta-'ho: Pendant ce même cycle III la tête de source d'une rivière orientée vers l'ouest et constituée par le segment actuel du Pa-ta-'ho atteignait la région du Tsouéi-wéi-chann, sculpté en vaste vallée aux versants très faibles, où nous avons pris le type de l'étage du Tsouéi-wéi-chann; ici cette surface d'érosion très mûre se trouvait affaissée par la faille de Pong-pou à l'est de celle-ci de sorte que la surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann se trouve là abaissée de 3501m. environ par rapport à sa position dans les chaînes actuelles entre le Tié-tchen-'ho et la faille de Pong-pou, où elle se trouve normalement à 2.0001m. tandis que dans le Tsouéi-wéi-chann même elle n'est qu'à 1.6501m. ; seulement, il ne faut pas oublier que pendant les mouvements épéirogéniques quaternaires, la faille de Pong-pou a certainement rejoué, non plus comme faille d'effondrement, mais au contraire comme plan de glissement dans le relève¬ ment du vaste bloc paléozoïque situé à l'ouest. RéuRioR des 3 segmeRts préeédeRts : Pendant les cycles IV et V de l'étage du Kin-cha-kiang l'ap¬ profondissement dû au mouvement de soulèvement général s'accentua ; c'est le moment de la formation des canyons du Kin-cha-kiang et du Pou-t'ou-'ho, etc. ; la tête de source du Pa-ta-'ho capte le bassin lacustre de Pou-tchao-pa, en même temps que se dissèque profondément la surface du cycle de Tsouéi- wéi-chann dans le Tsouéi-wéi-chann même, réduisant cette surface à des arêtes parallèles arrondies, des « serres », ceci nettement indiqué par la figure 1 (texte); en même temps les autres bassins, de Siun- kien-sseu, de Po-shi se rejoignent et le cours d'eau alimentant le bassin de Po-shi rejoint la dépression Physiographie 333 d'Yi-léang et la vide, dès lors l'ensemble du Pa-ta-'ho est constitué avec ses tronçons disparates et l'explication des directions à angle droit des différents segments entre eux se précise ; en réalité les dénominations différentes de Si-chann-ta-'ho, Tié-tchen-'ho et Pa-ta-'ho correspondent à trois sections dont l'histoire est indépendante pendant la première partie du cycle du Kin-cha-kiang et étroitement liée pendant la fin de ce cycle et ensuite jusqu'à l'époque actuelle. A partir cle ce 3e cycle se constituent les canyons du Si-chann-ta-'ho, devenu le segment est-ouest du Pa-ta-'ho, ceux du Tié-tchen-'ho ; jusqu'à ce moment les lacs d'Yi-léang, etc., étaient niveaux de base du creusement de la région ; leur réunion par le Pa-ta-'ho fait de ce dernier le nouveau niveau de base et comme il s'approfondit, les anciens affluents des dépressions devenus les siens suivent naturellement ce mouvement comme le montrent les coupes de la fig. 139 (atlas). Nous allons examiner maintenant plusieurs sections de la vallée telle qu'elle est constituée actuellement. Profil de la vallée du Tié-tchen-'ho dans la région de Po-shi.—J'ai donné dans les figs. 138 et 139 A et B de l'atlas des profils parallèles de la vallée du Tié-tchen-'ho. Ils montrent d'abord une surface d'érosion placée à l'altitude moyenne de 2.200m, extrêmement monotone, formant de grandes surfaces faiblement accidentées; si l'on restaure, ce qui est facile, le profil primitif, on voit que ce profil qui est celui de l'étage du cycle de Tsouéi-wéi-chann caractérise une phase de maturité très avancée, de vallées très larges, aux faibles versants, aux reliefs très peu saillants ; la différence entre les fonds des dépressions et les sommets ne devant pas excéder 300 m au plus. Cette vaste surface de maturité est tranchée par la vallée profonde du Tié-tchen-'ho ; mais l'entaille faite ici dans la vieille pénéplaine de Tsouéi-wéi-chann est inférieure en profondeur à celles que nous avons rencontré dans la région du haut Yang-tzeu et de ses affluents méridionaux, Pou-t'ou-'ho et Liou-chou-'ho, ce qui est logique, puisque ici l'ampleur du mouvement épéirogénique a été moindre ; néanmoins la vallée du Tié-tchen-'ho ne laisse pas d'atteindre à Po-shi une profondeur de 1. ioom au-dessous du niveau du cy¬ cle de Tsouéi-wéi-chann, ce qui est déjà considérable. Si l'on considère cette vallée dans une section quel¬ conque entre Siu-kia-tou et Po-shi, on observera régulièrement en quittant le bord de la surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann une série de vallées superposées à versants de plus en plus raides, pour arriver au can¬ yon inférieur ; ce dernier est le canyon au vrai sens du mot, car généralement ses parois sont verticales. La descente de la crête sur Siu-kia-tou en venant de Tch'eng-kiang est très démonstrative. En sortant delà plaine de Tch'eng-kiang qui représente une partie de la surface de l'étage du Tsouéi-wéi-chann effondrée entre les fractures qui ont donné naissance à la fosse du lac, on atteint à 2.ioom d'altitude une zone de sommets arrondis sculptés dans la labradorite ou dans les grès moscoviens et qui représente les débris du cycle de Tsouéi-wéi-chann à un niveau plus élevé par suite du jeu des failles ; en quittant cette surface de maturité, le sentier descend brusquement sur un versant de plus en plus rapide jusqu'au canyon terminal entre Pai-le-tsen et Siu-kia-tou ; dans les cycles les plus inférieurs la raideur des versants rend la descente mauvaise. 11 résulte de cette structure que tous les chemins qui s'élèvent du fond de la vallée du Tié-tchen-'ho ont d'abord à accomplir une montée très dure et en général détestable, pour arriver à la partie supérieure dans des vallées plus ouvertes et enfin sur la surface ancienne facile, du cycle de Tsouéi-wéi-chann. La vallée du Tié-tchen-'ho s'offre ainsi comme une gigantesque coupure nord-sud entaillant la vieille surface de la pénéplaine du Tsouéi-wéi-chann. Celle-ci, telle que nous l'avons représentée dans les coupes A et B de la fig. 139 (atlas), forme toute la partie supérieure de la région montagneuse entre la zone de cassure du lac de Tcheng-kiang, le Tié-tchen- 'ho et le Kiou-kiang ; sa monotonie, augmentée par le fait qu'elle est fréquemment occupée par d'énormes affleurements de calcaires ouralo-permiens, est interrompue par des vallées d'une étroitesse considérable, telles que la vallée du torrent de Tsi-long-kai-'ho ou celle de l'émissaire du lac de Tcheng-kiang, vallées dont la partie inférieure forme d'étroits canyons aux parois presque verticales souvent même verticales, extraordinairement resserrés, dans lesquels on peut distinguer deux vallées superposées, l'étroit couloir de base parfois à peine plus large aux aplombs qu'au thalweg, et une autre vallée à versants rapides super¬ posée au-dessus de laquelle s'étend la monotone surface de l'étage de Tsouéi-wéi-chann, tout ceci montre avec évidence une surface ancienne entaillée par des cours d'eau qui ont approfondi leur vallée avec une rapidité très grande. 334 J. Deprat, Géologie générale Dans la fig. 138 (atlas), j'ai tracé le profil transversal de la vallée du Tié-tchen-'ho un peu au-dessous de son confluent avec le Kiou-kiang et passant par conséquent par les deux vallées. La succession des vallées emboitées est très nette et se passe de commentaires. Je donne diverses photographies pour corroborer cette exposition : la* photographie B planche IX représente une vue de la vallée du Kiou-kiang un peu avant son confluent avec le Tié-tchen-'ho dans la plaine de Po-shi : on y distingue nettement au fond le canyon étroit où coule la rivière ; une seconde vallée aux versants très rapides le surmonte portant à sa base, au-dessous du canyon, des rizières en escalier ; au-dessus un palier offre un cycle antérieur, occupé par de nombreuses rizières sur une surface plane ; ce cycle offre un versant beaucoup moins incliné ; un quatrième aux versants plus ouverts encore le surmonte, extrêmement net à l'avant dernier plan, au fond de la photographie ; (ces quatre cycles corres¬ pondent aux quatre derniers cycles du Kin-cha-kiang, c'est pourquoi sur la coupe fig. 138 (atlas), je les ai désignés de II à V) ; enfin les crêtes qui bordent la vallée ne sont autre chose que la bordure de la pénéplaine de l'étage du Tsouéi-wéi-chann. Dans la même planche la photographie B montre une vue de la vallée du Tié-tchen-'ho à Po-shi, prise depuis le Wéi-téou-chann sur le chemin de Che-mo à Po-shi; elle montre surtout nettement l'allure régulière de la surface d'érosion sénile du cycle de Tsouéi-wéi- chann au dernier plan, de l'autre côté de la vallée, constituant la région montagneuse du Tien-ma-chann et du Wou-tsa-chann. On distingue assez mal à cause de la distance les cycles inférieurs de l'étage du Kin- cha-kiang, seul le premier cycle du Tié-tchen-'ho, correspondant au cycle II du Kin-cha-kiang est bien visible aux pieds de l'observateur ; le versant assez peu rapide se terminant en fond de vallée très doux rabote les calcaires dévoniens marneux semés de petits lacs sans écoulement ; à gauche, un ravin apparte¬ nant au dernier cycle (actuel) l'entaille et s'approfondit rapidement. Les flancs de l'ensemble des vallées, aussi bien du Tié-tchen-'ho que du Kiou-kiang sont entaillés par de profonds ravins latéraux appartenant aux derniers cycles, j'ai donné la photographie A planche X comme un typique exemple : on remarquera, en effet, au dernier plan les entailles qui forment des canyons étroits découpant en blocs énormes le versant ouest de la vallée du Kiou-kiang ; la même photographie montre par la présence du barranco de date récente visible à droite de la figure avec quelle force l'érosion travaille actuellement le Yun-nan. Région a l'ouest du Tié-tchen-'ho au sud de Po-shi, et bassin du Kiou-kiang. — Le Tié-tchen-'ho au-delà de Po-shi coule avec des caractères identiques à ceux que nous avons indiqués précédemment, le caractère de canyon étroit pour le dernier cycle de l'étage du Kin-cha-kiang, s'accentue de plus en plus et acquiert une importance particulière entre Je-chouéi-tang et le confluent avec le Lin-ngan-'ho ; la rivière coule alors au fond d'une gorge verticale, au-dessous de laquelle les cycles de plus en plus anciens de l'étage du Kin-cha-kiang s'étagent en donnant des vallées de plus en plus ouvertes, et le contraste est véritablement curieux lorsqu'on s'élève du fond des gorges pour gagner les régions plus élevées, pour déboucher sur la surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann qui, dans cette région, montre avec la plus remar¬ quable évidence l'état d'aplanissement de vastes surfaces avec des reliefs faibles. Environs de Ki-tse-tehong : Au point de vue de l'étude du cycle de Tsouéi-wéi-chann dans cette région, de l'allure profonde et des versants rapides à l'ouest de cette section du Tié-tchen-'ho, je ne crois pas que l'on puisse faire de meilleures observations que dans toute la région s'étendant dans le Yun- long-chann ; si l'on s'élève sur les cotes d'altitude maxima aux environs de 1 -950m, on voit autour de soi la région découpée en une infinité de longues crêtes parallèles, de « serres » sculptées dans le Cambrien et le Dévonien inférieur argilo-gréseux, toutes de même altitude, de sorte que l'impression première est qu'à une certaine distance, par un effet de perspective, la région paraît plane, peu accidentée, tandis que si on circule tant soit peu, on constate qu'au contraire les ravins sont multipliés à l'infini dans cette surface qu'ils ont profondément disséquée. Toute la région de Mo-kou, Ki-tse-tchong est bien typique à cet égard ; le chemin circule sur de longues crêtes arrondies d'altitude égale, puis brusquement le voyageur voit s'ouvrir à ses pieds un ravin très profond débutant par une pente modérée qui, brusquement, s'accentue pour don¬ ner une vallée au profil transversal en V aux branches resserrées; la figure 140 (atlas) montre un exemple de cette structure bien typique qu'exprime également le fragment de carte en levé régulier (fig. 156 atlas) Il en résulte que les sentiers doivent descendre au fond de ces ravins pour remonter de l'autre côté d'une quantité égale et leur ramification à l'infini rend, étant donné leur profondeur, la circulation assez longue. Physiographie 335 Gomme ailleurs, l'ancienne surface de Tsouéi-wéi-chann rabote complètement des plissements complexes (V. ante p. 22). Région entre le Kiou-kiang et le bassin de Lin-ngan. — A l'ouest de la région que nous venons d'étu¬ dier les traces de la pénéplaine du Tsouéi-wéi-chann persistent sous la forme de bandes parallèles N. N. E. d'altitude à peu près égale, aux environs de la cote 2.000 m. Nous devrons encore ici nous répéter en indi¬ quant que les vallées qui l'entaillent offrent une succession de vallées aux versants de plus en plus raides à mesure que l'on approche du thalweg et se terminant toutes par un canyon à la base comme on l'observe par exemple dans les environs de Gha-tchong : j'ai déjà montré comment parmi ces vallées qui sont en gé¬ néral gouvernées par l'orientation des plis, les unes coulent vers le N. N. E. vers le Kiou-kiang, les autres vers le bassin de Lin-ngan ; leurs vallées étant parallèles. Bassin du Kiou-kiang. — Le bassin du Kiou-kiang ou Po-shi-kiang se montre aussi formé de parties raccordées dans son cours inférieur. Un des points les plus intéressants s'observe dans la partie moyenne de son cours, dans la région de Kouan-in où il traverse une vaste dépression encombrée de dépôts du Pliocène supérieur et quaternaires, graviers, dépôts sableux, argiles en lentilles et loess. Dépression de Kouan-in : Un profil transversal de la vallée du Kiou-kiang dans la région de Kouan- in montre des faits très intéressants ; la section menée du nord au sud montre d'abord au nord de la rivière une région de sommets d'altitude égale formant la région du 'Hoa-tong-chann, entaillée de vallées conséquentes en forme de ravins étroits et profonds, tributaires du Kiou-kiang ; l'altitude moyenne et de 2.000 m ; c'est l'ancienne surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann ; comme dans la région de Ki-tse-tchong le creusement des cours d'eau, a donné aux moindres ravins une forme typique, caractérisée par l'étroi- tesse et la rapidité ou la verticalité des versants contrastant vivement avec la forme mûre de la surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann ; de Tchong-ho-pou, on peut se rendre très nettement compte de la vitesse avec laquelle l'érosion a creusé les ravins affluents du Kiou-kiang. Au sud du Kiou-kiang, on retrouve la surface du Tsouéi-wéi-chann, mais à un niveau moins élevé de 200m. environ de sorte que la dépression de Kouan-in apparaît comme un point de flexure produit pendant les mouvements épéirogéniques ; M. Lantenois avait eu l'impression d'une dislocation en ce point et y avait vu la possibilité d'une faille appartenant au réseau général des fractures du groupe de celles de Lou-nan par exemple ; il y a bien, en effet, une dislocation à peu près est-ouest, mais elle a soulevé la ré¬ gion nord par rapport à la région sud et apparaît comme une flexure accompagnant le mouvement de sou¬ lèvement. Du reste, que l'on se reporte à la carte hypsométrique et on verra cette flexure nettement indi¬ quée par la démarcation au N. du bassin de Kouan-in de la teinte des cotes inférieures à 2 .ooom et de celles qui lui sont supérieures. Cette flexure s'est produite sur la bordure nord d'une zone faible représentée par une large dépres¬ sion du cycle de Tsouéi-wéi-chann, dépression dans laquelle le cycle d'accumulation de Lin-ngan est représenté par une masse d'une épaisseur énorme de formations alluvionnaires formées de couches de sables, graviers, alternant avec des bancs épais de loess. La fig. 141 (atlas) montre comment l'érosion pendant l'étage du Kin-cha-kiang a creusé une vallée de plus en plus étroite en profondeur dans cette épaisse formation ; les torrents latéraux ont à leur tour disséqué cette masse en'y creusant d'énormes bar- rancos très ramifiés, aux parois verticales, en voie d'agrandissement et d'écroulement ; ces barrancos très typiques et la vaste surface de dépôts quaternaires dans lesquels ils sont entaillés, rappellent tout à fait les formes analogues des bassins de loess de la Chine nord-occidentale, certains de ces barrancos atteignent une profondeur de 50 a 6om ; leurs parois se découpent en pyramides aiguës, en crêtes, qui offrent une certaine résistance, malgré leur aspect d'instabilité ; mais, en réalité, les progrès de l'érosion sont infini¬ ment rapides et avec chaque saison des pluies des modifications profondes apparaissent dans les formes de ces ravins dont les têtes gagnent rapidement vers l'ouest. A la sortie du bassin de Kouan-in, le Kiou-kiang s'encaisse dans de hautes gorges rocheuses dont le profil est donné par la fig. 142 (atlas) et dont les cycles successifs correspondent aux quatre derniers du Tié-tchen-'ho et par conséquent aux mêmes cycles du Kin-cha-kiang. La photographie A pl. XIV montre dans les derniers plans une grande étendue de plateaux du cycle de Tsouéi-wéi-chann au milieu desquels, on aperçoit la section transversale de la vallée du Kiou-kiang, 336 J. Deprat, Géologie générale les premiers plans montrent une série de bosses ondulées sculptées dans les grès moscoviens, dont les som¬ mets correspondent au cycle le plus ancien du Tié-tchen-'ho, séparées par les ravins plus récents à profil assez ouvert des cycles III et IV, avec la base des canyons peu profonds, mais étroits du cycle actuel, que l'on ne distingue pas dans la photographie. Segment du Pa-ta-'ho a l'E. d'A-mi-tchéou. — L'étude du bassin du Pa-ta-'ho, c'est-à-dire du segment qui, au N. E. d'A-mi-tchéou, se dirige vers l'est, puis vers le N. E. comporte d'abord l'étude de la vallée du Pa-ta-'ho lui-même, celle de son grand affluent le Pa-tien-'ho, celle du Lin-ngan-'ho et enfin celle du bassin d'effondrement de Mong-tseu. Vallée du Pa-ta-'ho dans le Tsouéi-wéi-ehann : La vallée du Pa-ta-'ho, au delà du confluent avec le Lin-ngan-'ho va nous offrir une série de faits corroborant tout ce que nous avons étudié jusqu'à présent. Le fleuve débouche hors de la région paléozoïque près de Kwéi-tien. Or, un profil pris en ce point (fig. 143 atlas) nous montrera à la partie supérieure la surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann et au-dessous trois vallées superposées, la première étant assez largement ouverte, la seconde offrant des versants très inclinés, mais un ancien fond de vallée plat formant une terrasse sur laquelle s'élève la localité de Kouéi- tien et plus bas un étroit canyon aux parois quasi verticales. Le fleuve coulant sous Kwéi-tien à la cote i .068 m, le fond de la première vallée superposée au canyon se trouve à 1.2oom et celui de la suivante, la plus ancienne, à 1.460 m environ, tandis qu'on aborde le cycle de Tsouéi-wéi-chann à la cote 1.742 m. Le dessin figure 145 (atlas) montre l'allure si nettement dessinée de la terrasse de Kwéi-tien, reste de l'avant dernier cycle. Cycle de Tsouéi-wéi-ehann dans la région du Pa-ta-'ho : On remarquera qu'ici le cycle de Tsouéi- wéi-chann, apparaît à l'altitude de 1.740 m et non plus aux environ delà cote 2.000 m comme dans toute la région de Po-shi, Ki-tse-tchong, etc.. Or, si nous nous reportons à la Carte géologique et à la Carte tectonique nous verrons, ainsi que cela a été longuement décrit dans la partie tectonique de ce Mémoire, que la fracture de Pong-pou marque un abaissement considérable cle la région triasique du Pa-ta-'ho ; d'autre part au sud-est de puissantes lignes de fractures abaissent cette même région le long de celle paléozoïque bordière du Tonkin ; l'âge de ces fractures étant postérieur au cycle de Tsouéi-wéi-chann, ce dernier dans la région qui porte ce même nom, a été effondré entre les deux grandes zones de cas¬ sures. J'ai représenté dans la figure 144 de l'atlas, l'allure actuelle du modelé dans toute cette région triasique en y plaçant les failles ; la façon dont la pénéplaine du cycle de Tsouéi-wéi-chann, a été décom¬ posée en voussoirs plus ou moins abaissés apparaît clairement et on se rend compte de la grande différence de niveau qui existe entre cette vieille surface dans la région des hautes collines de Trias supérieur de Tsouéi-wéi-chann et dans la région paléozoïque à l'ouest de la grande fracture de Pong-pou ; la partie droite du même dessin montre la pénéplaine disloquée en compartiments successivement abaissés vers l'O. le long du Ming-kien-chann, région restée en saillie comme la région paléozoïque occidentale. Dans le Ming-kien-chann même, au sud de Tchong-ho-yun, on retrouve les traces absolument nettes du cycle de Tsouéi-wéi-chann dans toute la région de pitons calcaires ouralopermiens et si cette région apparaît comme ciselée en profondes dolines et hauts pitons juxtaposés, on remarquera qu'un plan hori¬ zontal posé sur elle, reposerait très régulièrement sur tous ces pitons dont l'ensemble des sommets repré¬ sente la vieille pénéplaine en ce point. On remarquera comme le modelé du cycle de Tsouéi-wéi-chann est différent suivant les formations géologiques dans lesquelles il a été sculpté : dans le Trias supérieur, les restes de cette surface de matu¬ rité sont représentés par les longues collines ou les bosses arrondies de Trias supérieur, dans le Trias moyen calcaire ce sont des plateaux à peine ondulés ; dans l'Ouralien et le Permien ce sont d'innombrables pitons calcaires juxtaposés. J'ai donné de cette région un certain nombre de photographies choisies destinées à appuyer les des¬ criptions précédentes par des documents précis. La photographie A pl. XV, montre au premier plan les grandes bosses arrondies formant la partie supérieure du système des vallées du cycle du Kin-cha-kiang ; les gorges les plus récents étroites et profondes ne se laissent même pas soupçonner ; aux derniers plans à gauche, on distingue les plateaux en échelons de la région de Ta-hu-tchai et à droite, la surface primitive 2- f ? : Physiographie 337 de la pénéplaine ciselée en pitons par l'érosion postérieure de la région ouralopermienne du sud de Tchong- ho-yun. On se rend compte ainsi de l'affaissement du cycle de Tsouéi-wéi-chann vers la gauche c'est-à- dire vers le N. O. Dans la photographie A pl. XVI, j'ai donné un exemple de la sculpture de la surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann en croupes arrondies régulières que séparent de nombreux ravins disséquant cette surface et aboutissant par une pente rapide aux vallées principales très profondes. — La photogra¬ phie B de la même planche montre au dernier plan une longue ligne horizontale se rapportant à la surface de Tsouéi-wéi-chann, l'avant dernier, le versant d'une des premières vallées du Pa-ta-'ho et les profon¬ des vallées des derniers cycles aux pentes très rapides des affluents de cette rivière ; au premier plan, la photographie montre un exemple de barranco récent. Cycles du Kin-eha-kiang : Au-dessous de la pénéplaine de Tsouéi-wéi-chann, je n'ai observé dans la région du Pa-ta-'ho au N. E. d'A-mi-tchéou que trois vallées superposées au maximum : le profond canyon de base, une vallée plus ancienne à versants rapides et une troisième vallée beaucoup plus ouverte aboutissant au cycle de Tsouéi-wéi-chann, tandis qu'à 75 km. en amont, dans la région de Po-shi, on n'observe pas moins de cinq cycles superposés. Cette anomalie apparente s'explique facilement si on considère que l'ensemble du Pa-ta-'ho avec ses trois segments est en réalité disparate et que pendant le creusement dans le segment du Tié-tchen-'ho en amont de Po-shi, pendant les premiers cycles de l'étage du Kin-cha-kiang, la tête du segment Pa-ta-'ho n'avait pas encore atteint le Tsouéi-wéi-chann en remon¬ tant vers l'ouest ; la surlace de Tsouéi-wéi-chann est plus basse de 300 111 environ que dans la région de Po-shi et lorsque le segment du Pa-ta-'ho-capta le Tié-tchen 'ho, celui-ci avait déjà une histoire beaucoup plus longue que celle du Pa-ta-'ho ce qui explique le plus grand nombre de cycles d'érosion à l'amont dans le Tié-tchen-'ho, qu'à l'aval clans le Pa-ta-'ho. En aval de la région que nous décrivons ici, le Pa-ta-'ho à l'est de Wou-ts'eng-tchéou s'encaisse en canyons clans des massifs calcaires ; je ne m'en occuperai pas ici, n'ayant pas parcouru cette région qui appartient au Kwang-si. J'ai dit plus haut que les affluents du Pa-ta-'ho offraient une remarquable raideur de pente dans leur partie inférieure avoisinant le thalweg; le thalweg lui-même est un ravin étroit ou un canyon, et l'appro¬ fondissement de la vallée principale a été si rapide que pour suivre sont mouvement de descente ces affluents n'ont pas eu le temps de régulariser leur profil longitudinal et sont encombrés de cascades dans la partie moyenne et inférieure de leur lit, telle la superbe chute de Féi-tse que forme le cours d'eau descendant de Tchong-ho-yun ; coulant à surface des calcaires paléozoïques au sud de Féi-tse, il rencontre la grande faille de bordure de la région du Trias supérieur près de ce village et s'engageant dans les schistes argilogréseux de ce dernier horizon il les affouille profondément ce qui produit sur l'emplace¬ ment même de la faille une différence de niveau de trente mètres que le torrent saute en cascade. La photographie B pl. XV montre la vallée la plus récente du Pa-ta-'ho au-dessous de Tchong-tchai. Bassin du Pa-tien-'ho. — Cet affluent de rive gauche du Pa-ta-'ho vaut d'être étudié un peu en dé¬ tail, bien que les données que présentent cette étude soient intimement liées à celles du Pa-ta-'ho. Dans sa partie inférieure, au sud de Pong-pou, rien d'important à signaler ; encaissé dans une gorge profonde le Pa-tien-'ho se comporte exactement comme le Pa-ta-'ho ; mais à partir du point où il sort de la plaine de Pong-pou les conditions changent : au lieu de couler dans une vallée profondement encaissée le Pa-tien-'ho se déroule dans la large dépression de Pong-pou et de Tchou-yuen dont nous avons déjà donné les caractères ; cette longue dépression forme un ancien fond de lac établi dans l'effondrement de la surface du Tsouéi-wéi-chann le long de la fracture de Pong-pou ; sous le nom de Si-chouéi-'ho, le Pa- tien-'ho traverse pour entrer dans celte dépression de Tchou-yuen et de Pong-pou un seuil montagneux calcaire au-delà duquel à l'amont, il circule dans la vaste dépression de Mi-leu, ancien lac pliocène et quaternaire, dans les dépôts duquel, il a creusé actuellement une gorge assez profonde ; ainsi depuis son entrée dans le bassin de Mi-leu jusqu'à son confluent avec le Pa-ta-'ho, le Pa-tien-'ho se montre formé de segments disparates soudés entre eux maintenant par une suite de captures ; l'affluent du Pa-ta-'ho au sud du bassin de Pong-pou lit la capture de ce bassin qui, à son tour, vida celui de Mi-leu, ceci s'effectuant pendant le cycle IV de l'étage du Kin-cha-kiang ; pendant le cycle actuel le Pa-tien-'ho creuse sa gorge dans les dépôts du lac de Mi-leu qu'il avait vidé. 338 J. Deprat, Géologie générale Le bassin de Mi-leu représentant, jusqu'au moment où il fut vidé par le cours d'eau d'aval dont les tronçons soudés firent le Pa-tien-'ho, le niveau de base de la région située entre Mi-leu etTou-tza, il en ré¬ sulta que pendant que le cours inférieur du Pa-tien-'ho se constituait peu à peu en aval du bassin de Mi-leu, avant que celui-ci fut capté, les cours d'eau qui y aboutissaient, creusaient, pendant la plus grande partie de l'étage de Kin-cha-kiang, des vallées qu'ils purent modeler largement et qui rejoignent par transitions très lentes la surface sénile du cycle de Tsouéi-wéi-chann dans la région de Ta-kouang-fein et de Tou-tza. Si nous prenons un profil transversal du Mi-leu-'ho ou cours supérieur du Pa-tien-'ho à hauteur de Je-chouéi-tang, entre Ta-chouéi-tang et la région de 'Hoa-keuou, on observe d'abord la surface ancienne du cycle de Tsouéi-wéi-chann sculptée en mamelons ou en croupes à section arrondie séparées par des vallées moyennant ouvertes, mais dans la partie avoisinant le thalweg la raideur des versants devient très forte et la vallée la plus basse apparaît fortement encaissée (voir figs. 5 et 146 de l'atlas), de façon que l'opposition entre les formes récentes très jeunes d'aspect du cycle le plus récent et celles de la surlace de Tsouéi-wéi-chann est nette. Si on remonte le Mi-leu-'ho vers l'amont au-delà de Je-chouéi-tang, on voit peu à peu la vallée récente s'atténuer et disparaître, de sorte que dans la partie supérieure du bassin du Pa-tien-'ho, on n'observe que de larges vallées, bien esquissées, dans lesquelles un seul cycle de l'é¬ tage du Kin-cha-kiang est visible; l'altitude du thalweg est alors de 1.750 m dans la région de Ta-kouang- fein, tandis que les cotes des croupes séparatrices des vallées larges et arrondies et qui représentent les restes du cycle de Tsouéi-wéi-chann ne dépassent pas 250 m. ; le type de canyon ou de vallée encaissée n'existe plus dans cette région. Ainsi le Pa-tien-'ho dans son ensemble se montre formé de tronçons très disparates et la caractéristi¬ que principale réside dans le fait que les vallées du bassin supérieur, c'est-à-dire des tributaires du bassin de Mi-leu, se terminent à l'ouest par des versants très doux en se confondant peu à peu avec la surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann, et que le cycle récent caractérisé par le type canyon ou vallée très encaissée ne se poursuit que sur une distance relativement faible en amont du bassin de Mi-leu ; ceci est dû à ce que la capture du bassin de Mi-leu ne s'effectua que fort tard, vers la fin de l'étage du Kin-cha-kiang ; comme ce bassin servait de niveau de base, les tributaires du dit bassin n'ont pu approfondir leur lit que depuis une époque géologique peu éloignée correspondant à la fin du cycle IV du Kin-cha-kiang ; par contre la rapi¬ dité du creusement pendant le cycle V a été excessivement grande comme le montre le profil de la vallée du Mi-leu-'ho à Je-chouéi-tang. Ce cycle V se retrouve très accusé dans le bassin de Mi-leu dont les dépôts quaternaires sont profondément entaillés par le cours d'eau et ses affluents. Sculpture de la pénéplaine du Tsouéi-wéi-chann à l'ouest de la grande fracture de Mi-leu à Tehao-koua : A l'est de cette ligne de fracture, la surface mûre du Tsouéi-wéi-chann fut abaissée par rapport à la région occidentale comme nous l'avons vu plus au sud dans la région de Kwéi-tien, Pong- pou, etc. Nous venons de voir comment le Pa-tien-'ho et ses tributaires ont ciselé cette surface ancienne en vallées larges à leur partie supérieure et passant à des canyons ou des gorges étroites aux abords du bassin de Mi-leu en amont de ce dernier et en aval. Mais à l'ouest de la ligne de fracture les conditions sont très différentes et ceci est dû à ce que ce sont d'une façon générale d'énormes masses calcaires qui forment la région comprise entre la zone de fractures et la vallée du Tié-tchen-'ho ; dès lors l'érosion s'est comportée pendant l'étage du Kin-cha-kiang de façon tout à fait différente ; de courts tributaires du Pa-tien-'ho ont creusé des gorges torrentielles dans le rebord faillé qui sépare la partie est affaissée de la surface du Tsouéi-wéi-chann, de la partie ouest restée en saillie, correspondant à la région paléozoïque d'entre 'Hoa-keuou et la vallée du Tié-tchen-'ho. La cluse de 'Hoa-keuou en est un bel exemple (fig. 157 atlas). Si, quittant le rebord faillé de la région paléozoïque, on aborde la région calcaire qui s'étend entre la faille de Lou-nan et celui-ci, on observe une topographie tout à fait différente .; la surface ancienne du Tsouéi-wéi-chann n'est plus sculptée en vallée ; ce n'est plus qu'une grande surface irrégulière, formée de dolines et de pitons arrondis dans les grandes bandes de calcaires dévoniens, ouraliens et permiens, criblée de gouffres, sans vallée offrant un parcours de quelque importance et l'érosion est trop insignifiante pour que l'ensemble ait pu s'éloigner de la surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann, de sorte que l'on peut dire que celle-ci a subsisté en se modifiant simplement en région karstique criblée de gouffres d'absorption. La Physiographie 33g phot. A pl. XI montre un exemple de la sculpture des calcaires dans cette région. Vue de loin, cette vaste zone de calcaires offre une régularité remarquable sur laquelle nous avons déjà appuyé (fig. 3, texte). Lorsqu'on cherche à se rendre compte de la cause efficiente du manque absolu des vallées dans cette grande zone calcaire pourtant entraînée comme tout le Yunnan dans le vaste mouvement épéirogénique qui a provoqué ailleurs dans les vieilles surfaces de maturité le creusement de formes de vallées si jeunes, on le trouve dans la constitution même de cette zone. Les vastes étendues calcaires qui la constituent, fortement diaclasées ont, dès le début des mouvements épéirogéniques, vu disparaître les eaux dans les gouffres, les pertes innombrables, et, ces mouvements s'accentuant les eaux n'ont fait que gagner de plus en plus en profondeur, creusant ainsi un réseau hydrographique souterrain très important, et de plus en plus profond, tandis que la surface elle-même où les eaux se perdaient immédiatement ne subissait que des transformations insignifiantes. Dans d'autres conditions stratigraphiques, par exemple si la masse calcaire n'avait eu qu'une faible épaisseur et qu'en profondeur les eaux souterraines eussent rencontré des horizons plus meubles, il aurait pu se faire qu'à la longue la couverture calcaire eut pu s'effondrer et des vallées se constituer, mais il n'en est rien : cette région toute entière est formée sur une formidable épaisseur par des calcaires comprenant le Dévonien moyen et supérieur, du Moscovien et de l'Ouralien, le Permien inférieur et moyen, directement superposés, c'est-à-dire formant sur les terrains cambrien et dévonien inférieur une épaisseur qu'on ne peut évaluer à moins de 3.000 111, il est facile dès lors de concevoir que le réseau hydrographique souterrain coule encore à l'heure actuelle en plein calcaire. Du reste, sur toute la longueur du rebord faillé qui longe la région triasique abondent les résurgences pourvues du nom de Siao-long-tane ou Ta-long-tane suivant leur importance. Certaines ont un très gros débit comme celle qui fournit la rivière de 'Hoa-keuou. Dans certains cas, la réapparition au jour des eaux infiltrées sur les plateaux calcaires d'entre Po-shi et Mi-leu se fait en dehors de cette zone calcaire en pleine région triasique ; elles sortent alors par des frac¬ tures les ramenant d'une grande profondeur sous forme de sources chaudes comme celle de Je-chouéi-tang par exemple, au N. E. de Mi-leu. Bassin du Lin-ngan-'ho. — Les mouvements verticaux épéirogéniques de la deuxième partie des temps quaternaires ont provoqué la constitution de l'intéressant cours d'eau qu'est le Lin-ngan-'ho. Bien qu'ayant décrit déjà cette région, je donnerai rapidement les caractéristiques de cette rivière. Le Lin-ngan-'ho sort du lac de Chih-ping, lac de fracture orienté N. O.-S. E. et par la large vallée de Sseu-kiao, il gagne le bassin de Lin-ngan encombré d'alluvions pliocènes et quaternaires ; il s'échappe comme le montre la figure 17 (texte) du bassin de Lin-ngan par un tunnel naturel perforant les calcaires Fig. 17. — Pertes du Lin-ngan-'ho et drainage des bassins pliocènes et quaternaires de Chih-ping, Lin-ngan, Mien-tien, Pan-tché-'hoa. Les aires couvertes de hachures verticales indiquent les lacs vidés. 3/|0 J. Deprat, Géologie générale dévoniens moyens de la bande qui sépare le bassin de Lin-ngan de celui de Mien-tien. 11 reparaît dans celui-ci par une résurgence après une faible dénivellation; il serpente dans le bassin de Mien-tien en en¬ taillant fortement les dépôts pliocènes supérieurs et les alluvions formées de sables et de graviers accom¬ pagnés de loess qui encombrent ce bassin ; puis disparaît dans le massif calcaire à l'est de Mien-tien, re¬ paraît pendant 800 111 pour disparaître une nouvelle fois dans les mêmes calcaires (calcaires ouraliens /17 et li-a à Fusulina multiseptata et Fusulina incisa) dans la magnifique grotte de Ien-seu-tong. Il reparaît 2 km- plus loin dans une gorge profonde qui le conduit à la vallée d'A-mi-tchéou par où il gagne le Pa-ta-'ho. Le Lin-ngan-'ho fournit un des plus beaux exemples de la constitution d'une rivière au moyen de tronçons épars. La succession des faits qui ont présidé à leur soudure est la suivante : les bassins de Lin- ngan, Chih-ping, Mien-tien, etc., que traverse le Lin-ngan-'ho, ont pris naissance lors de la production des grandes fractures qui découpèrent la surface de maturité du cycle de Tsouéi-wéi-chann ; le cycle d'accu¬ mulation que nous avons appelé cycle de Lin-ngan se déroule, ensuite les bassins fermés produits le long des grandes fractures, notamment de la grande cassure N. O. de Chih-ping s'encombrent d'abord de dé¬ pôts lacustres formés dans des conditions tranquilles, puis de dépôts de transports, dans lesquels le loess joue un rôle important, qui s'accumulent sur une grande épaisseur. Les mouvements épéirogéniques se produisent ensuite ;un affluent du Pa-ta-'ho capte le plus oriental des bassins lacustres ; aussitôt, les captures se produisent de lac en lac, mais par des conduits souterrains; à mesure que chaque dépression se vide, aussitôt après l'évacuation complète des eaux la rivière qui traver¬ se le bassin et qui fait partie intégrante du nouveau cours d'eau en formation, creuse rapidement les forma¬ tions quaternaires et pliocènes, donnant naissance à la vallée qui les entaille fortement comme on l'observe nettement dans le bassin de Mien-tien. Un fait est très caractéristique : en examinant chacun des bassins dans l'ordre où il a été capté par le Lin-ngan-'ho à mesure que ce dernier progressait vers l'amont, on remarque que les dépôts des bassins situés le plus en aval sont les plus creusés ; au contraire dans le bassin de Lin-ngan, l'avant dernier de ces bassins vers le N. O., les dépôts quaternaires sont moins disséqués par l'érosion que dans le bassin Mien-tien qui lui fait suite en aval et enfin le bassin de Chih-ping, le dernier capté puisque le plus éloigné vers l'amont, est encore largement occupé par les eaux à l'heure actuelle ; en même temps la profondeur des vallées et la rapidité des versants augmentent dans les tronçons aval ainsi que le nombre des cycles d'érosion tandis que l'inverse s'observe vers l'amont. Le Lin-ngan-'ho est ainsi un bel exemple de cours cl'eau formé de tronçons successifs, dont l'âge est très différent, les tronçons aval étant beaucoup plus âgés que les tronçons amont. Bassin de Mong-tseu. —Nous avons montré dans l'étude tectonique que le bassin de Mong-tseu forme une dépression effondrée entre fractures ; nous compléterons ceci en y considérant une portion de la surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann effondrée entre les grands plateaux du haut Nan-ti et le massif de Ko-tieou ; comme la plupart des autres dépressions l'aillées du Yun-nan le bassin de Mong-tseu fut occupé par un lac et pendant le cycle d'accumulation de Lin-ngan qui suivit les effondrements qui décou¬ pèrent en blocs d'altitude irrégulière la surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann, il fut rempli parles dépôts de la fin du Pliocène et du début du Quaternaire. Cette grande dépression offre le fait intéressant d'avoir été ensuite tributaire du Fleuve Rouge pendant une partie de l'étage du Kin-cha-kiang, tandis qu'il est actuellement tributaire du Pa-ta-'ho par le Lin- ngan-'ho, c'est-à-dire que ses eaux s'écoulent dans une toute autre direction. A la fin du cycle d'accumulation de Lin-ngan commence au Yun-nan, (nous venons de le voir dans maintes descriptions locales), la série des cycles du Kin-cha-kiang. Avec cette période de creusement s'esquisse la vallée du Fleuve Rouge, qui débute par une vallée large, à versants inclinés en pente douce au-dessous de laquelle s'échelonne une série de vallées élémentaires parvenues à un inégal développe¬ ment de la plus ancienne à la plus récente, c'est-à-dire à la plus basse, et correspondant dans leur ensem¬ ble de façon très remarquable à la série des cycles quaternaires du Kin-cha-kiang (1). (') Il est intéressant de faire ressortir que tout ce que nous venons de décrire s'applique au Haut-Tonkin dans lequel existe, je le montrerai dans une étude ultérieure, la plate-forme du Tsouéi-wéi-chann prolongeant celle du Yun-nan, mais s'abaissant graduellement vers le golfe du Tonkin; de plus, on retrouve dans le Haut-Tonkin et le long de la vallée du Fleuve Rouge les cycles quaternaires du Kin-cha-kiang. La vallée du Fleuve Rouge, ainsi que celle de la Rivière Noire et de la Rivière Claire sont des vallées uniquement quaternaires. Le réseau hydrographique tonkinois est donc aussi jeune que le réseau yunnanais. fferô; Yunnan Fou Marais TouanTchaï Plaine cultivée de Ifoni-Tou -Ti inondée à la saison des pluies >-ïlouKoimgClm FsiangFïfo ûeifîj Nord \Macjneticjue ckju éd./ SinTckaï Fig. 18. — Cette figure montre comment la plaine de Houi-tou-ti communiquait jadis avec la plaine de Touan-tchai, tandis que celle-ci à son tour évacuait ses eaux par un affluent du Tcha-tien-'ho à l'ouest. Les modifications ultérieures ont transformé les plaines de Houi-tou-ti et de Touan-tchai en bassins fermés à écoulement souterrain. En 1911, la communication s'est rétablie naturellement par suite des inondations qui ont noyé la ligne ferrée dans la plaine de Houi-tou-ti. La carte montre comment il suffirait d'un léger approfondissement artificiel au col situé au N. O. de la plaine de Houi-tou-ti en A et d'un autre en B à l'issue de la plaine de Touan-tchai pour régulariser l'évacuation des eaux et supprimer l'inondation annuelle dans la plaine de Houi-tou-ti. Physiographie ù/|l Or, pendant les premiers cycles de creusement de la vallée du Fleuve Rouge, un affluent de gauche de ce cours d'eau, installé dans l'axe de ce qui est aujourd'hui la vallée du Sin-chiem, mais coulant à un niveau beaucoup plus élevé capta le lac de Mong-tseu en remontant vers l'amont; l'ancien passage du cours d'eau est bien visible actuellement au S. S. E. cle Si-ngan-so où une brèche dans laquelle sont nettement marqués les anciens cycles d'érosion ouvre le bassin de Mong-tseu sur la vallée du Sin-chiem et correspond aux plus anciens cycles aux versants en pente douce de cette vallée. Plus rien ne passe actuellement par cette brèche, ancien émissaire du lac de Mong-tseu vers la vallée du Fleuve Rouge, bien nette sur la carte hypsométrique. Les cycles plus récents débutent plus bas avec la rivière elle-même, et la tête de source du Sin-chiem se trouve en contre-bas de la brèche devenue un col par où on passe de la dépression du Mong tseu dans le Sin-chiem. Moi's LuoKay Echelle RISo.ooo 342 f. Deprat, Géologie générale Une partie des eaux du bassin de Mong-tseu s'engloutit dans des pertes au nord de la plaine de Mong- tseu aux environs de Pi-che-tchai. L'ensemble du bassin se décompose en plusieurs paliers abaissés par des failles masquées sous les alluvions ; le bassin de Tong-tchouan par exemple fait géologiquement partie intégrante du bassin de Mong-tseu ; les eaux, qui, au moment des crues, l'inondent parfois sur une superfi¬ cie considérable s'écoulent par des pertes ; toutes ces eaux circulent souterrainement et vont sortir par des résurgences dans le cul de sac que forme la vallée d'A-mi-tchéou ; dans sa partie méridionale une de ces résurgences très nettes se trouve dans le ravin au-dessous de Ta-t'a. Le bassin de Mong-tseu est donc devenu avec le temps un tributaire du Pa-ta-'ho, par le Lin-ngan-'ho (*)• Comme les lacs à tendances marécageuses qui forment au N. de la plaine de Mong-tseu sont demeurés en réalités niveaux de base de la région entourant le bassin de Mong-tseu, l'influence de l'élévation rapide de la région n'a pu se faire sentir nettement, ce qui explique que les bords escarpés des massifs à l'est et au sud-ouest du bassin de Mong- tseu soient peu entaillés par des gorges torrentielles de quelque importance. Depuis un certain temps le bassin de Mong-tseu est demeuré un bassin fermé, tandis que les autres lacs du Yun-nan oriental entrant tous dans le système d'un cours d'eau quelconque voyaient leurs contours faillés et escarpés attaqués vive¬ ment par l'érosion des derniers cycles. V. — Région des plateaux du haut lan-ti La région de hauts plateaux calcaires qui s'étend entre la haute Rivière Claire et le bassin de Mong- tseu, est encore une région karstique sans écoulements aériens nombreux ; la plupart des cours d'eau y ont un parcours restreint et disparaissent dans des pertes ; plusieurs résurgences ramenant leurs eaux apparaissent sur la bordure du bassin de Mong-tseu ; telles sont les résurgences des environs de 'He- long-tane, celle qui se trouve entre Pi-che-tchai et Tong-tchouan (2). D'une façon générale, ces résurgences sont pauvrement alimentées durant la saison sèche et donnent au contraire un débit énorme pendant les pluies d'été. Toute cette surface d'absorption par pertes s'est comportée comme la région entre la faille de Lou- nan et la zone de fractures de la région triasique décrite plus haut ; calcaire comme elle et sur une épaisseur énorme, elle a vu se constituer de bonne heure dans sa masse un puissant réseau hydrographique souterrain qui a gagné en profondeur avec le soulèvement lent de la région, trouvant ses issues soit vers le bassin de Mong-tseu, soit vers le Pa-ta-'ho ; c'est encore une partie de la surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann, mais non effondrée et circonscrite par des cassures ; la surface actuelle ciselée en dolines et en curieuses régions de pitons dont la photographie A planche XI donne une idée, se rapproche malgré tout beau¬ coup de la surface ancienne du Tsouéi-wéi-chann sculptée en plateau karstique. (') Une observation du plus haut intérêt m'a été communiquée récemment par M. l'Ingénieur Niflis. Il a remarqué qu'à l'ouest de Touan-tchai existe un ancien point d'écoulement des eaux de la région de Ta-tchouang vers le Lin-ngan-'ho par un émissaire ancien. A une époque peu éloignée, les eaux du bassin de Mong-tseu s'écoulaient d'abord dans un bassin fermé au nord, puis pas une coupure au S. de Touan-tchai, elles passaient dans le bassin de Ta-tchouang d'où elles gagnaient la rivière de Tsi-kou et de là le Lin-ngan-'ho. Ceci ne se produit plus actuellement de façon normale, mais en 1911, des inondations considérables rétablirent partiellement l'ancien état de choses et l'ancien lac intermédiaire placé entre celui de Mong-tseu et celui de Ta-tchouang se remplit, coupant la ligne ferrée pendant plusieurs mois sur plusieurs kilomètres de longueur entre Ta-tchouang et Pi-che-tchai. M. Niflis, par une solution très élégante, a fait le projet d'évacuer les eaux du lac par l'ancien exutoire de la plaine de Touan-tchai dans le Lin-ngan-'ho en creusant l'ancien lit et de dégager ainsi la ligne ferrée qui fut avec imprévoyance placée lors de la construction dans un bassin fermé que, toutes les circonstances géologiques indiquaient comme devant être fatalement inondé sur plusieurs kilomètres. 0 C'est une de ces résurgences qui a provoqué en partie pendant l'été de 1911 le rétablissement du lac entre Piche- tchai et Tong-tchouan, sur une superficie de 12 kmq. environ. Le fait se produit à des intervalles assez éloignés mais est bien connu des Chinois qui disent que ce lac se forme à chaque saison de pluies exagérée comme celle de 1911. Physiographie 343 L'ensemble a été assez fortement bombé par les mouvements épéirogéniques et la surface, si l'on ne tient pas compte des accidents tels que dolines et pitons offre en grand l'allure d'un bouclier irrégulier dont certaines parties sont portées à 3.000 m et même localement un peu au-dessus, dans le Ming-kien- chann et entre le Nan-ti et la Rivière Claire. Dans le Ming-kien-chann s'esquissent quelques larges vallées d'un cycle ancien, actuellement sans écoulement. Dans cet ordre, une des plus intéressantes s'observe sur la bordure du Ming kien-chann, au voisinage de la faille de Tse-tsou : c'est une curieuse vallée dont le thalweg est complètement remplacé par une série de gouffres juxtaposés s'ouvrant au milieu d'entonnoirs de grandes dimensions; à l'ouest dans le prolongement de l'axe de cette vallée morte s'ouvre la vaste cuvette sans écoulement visible de Tse- tsou, formée dans le Trias supérieur au contact de la faille. J'ai donné fig. 147 (atlas) un profil longitudinal de cet intéressant accident facile à étudier parle chemin de Tse-tsou à Tchong-ho-yun, et fig. 166 (atlas) le levé de cette même vallée. Les cycles récents aériens y sont visiblement remplacées par l'installation d'un drain souterrain tributaire du Pa-ta-'ho. Au voisinage de la région paléozoïque, on voit les affluents du Pa-ta-'ho attaquer profondément par des têtes de vallées étroites et aux versants rapides les terrains triasiques. La ligure 153 (atlas) en est un bon exemple. Ainsi dès que l'on franchit les limites très nettes marquées par les failles qui circonscrivent la région paléozoïque calcaire, on trouve une topographie complètement dissemblable de part et d'autre, les cycles de l'étage du Kin-cha-kiang étant remplacés dans celle-ci par un important réseau souterrain. Vallée du Nan-ti. —Bien que nous n'ayons pas à nous occuper du Fleuve Rouge dans cette étude nous devons dire quelques mots d'un de ses affluents, le Nan-ti qui, prenant sa source dans la région de plateaux située entre la Rivière Claire et le bassin fracturé de Mong-tseu, va se jeter dans le Fleuve Rouge exactement à la frontière tonkinoise, entre 'Ho-keuou etLao-kay. Le Nan-ti corrobore complètement tout ce que nous avons observé ailleurs. Il témoigne dans les der¬ niers cycles de l'étage du Kin-cha-kiang d'une érosion excessivement rapide. La partie supérieure des versants offre d'anciennes vallées à pente faible appartenant aux cycles les plus anciens, qui aboutissent à la surface de Tsouéi-wéi-chann ; à partir du 3e cycle la profondeur des vallées emboîtées devient très con¬ sidérable, en même temps que la raideur des versants atteint son maximum ou même passe au canyon dans les cycles inférieurs, c'est-à-dire les plus récents. Les affluents latéraux eux aussi présentent des carac¬ tères semblables et ont dû poursuivre le Nan-ti dans son rapide mouvement de descente entailler leurs vallées en gorges impraticables en forme de couloirs verticaux d'une profondeur énorme. Dans la vallée du Fleuve Rouge à Lao-kay tout montre une érosion précipitée se prolongeant encore à l'heure actuelle, les vallées superposées y sont très nettes et les affluents méridionaux tonkinois aussi bien que ceux qui, sur l'autre rive, descendent du Yun-nan, témoignent de cette vitesse et de cette puissance de l'érosion dans les derniers cycles de l'étage du Kin-cha-kiang que l'on peut retrouver dans la vallée du Fleuve Rouge. Le Nan-ti n'échappe pas au processus de captures successives qui ont engendré la plupart des cours d'eau actuels yunnanais de quelque importance. 11 prend sa source sur le grand plateau qui sépare le bas¬ sin de Mong-tseu de la vallée de la Rivière Glaire et coule à la surface de ce plateau entre des pitons cal¬ caires avec une direction est-ouest ; il coule alors dans une vallée encore très peu indiquée, entaillée dans la surface même du cycle de Tsouéi-wéi-chann, puis il s'infléchit vers le sud-est dans la dépression de Mi-la-ti, ancien bassin pliocène de la surface du Tsouéi-wéi-chann, vaste surface plane dans laquelle il s'est entaillé un canyon très intéressant en aval de Mi-la-ti, profond seulement d'une dizaine de mètres, mais tellement encaissé qu'on ne peut même pas soupçonner sa présence à moins de se trouver sur ses bords, puis la rivière s'engage, avec une pente rapide dans une vallée calcaire en forme de canyon profond dans laquelle, il disparait par une perte, la perte de Lo-chouéi-tong ; il reparaît dans la même vallée à un niveau un peu plus bas et s'encaisse de plus en plus jusqu'à Lou-kou-tchai où brusquement, il descend en cascades une dénivellation subite de près de 500 mètres; il gagne alors de là le Fleuve Rouge à Lao-kay par une vallée décomposée en cycles dont les derniers sont profonds et comme je l'ai dit plus haut, à pentes d'une raideur extrême ou en canyons ; cette vallée comme celle du Fleuve Rouge, comme celles du Yun- nan, qu'elles soient tributaires du Pa-ta-'ho ou du Kin-cha-kiang sont actuellement soumises au travail de 344 J. Deprat, Géologie générale régularisation des versants qui s'accomplit avec une rapidité et une intensité énorme et on s'explique les difficultés que rencontre la ligne ferrée pour se maintenir sur ces versants ('). Le Nan-ti descend ainsi d'un plateau d'une hauteur moyenne de 2.000 m- jusqu'à Lao-kay par bonds successifs. Le canyon de la région de Mi-la-ti appartient au dernier cycle ; il est donc de constitution très récente et résulte de la capture récente de la dépression de Mi-la-ti dont les eaux s'écoulaient autrefois vers les vallées supérieures des cycles anciens du Nan-ti par un drain souterrain ; l'approfon¬ dissement du tronçon aval a été tellement rapide, le Nan-ti devant suivre le mouvement de descente verti¬ cale du Fleuve Rouge, que la formation du tronçon supérieur étant récente le cours d'eau n'a pas eu le temps encore de régulariser sa pente et offre des segments séparés par des hauteurs de chute, très importantes dans le cas des cascades de Lou-kou-tchai. Je bornerai à ces quelques aperçus les données sur le Nan-ti, présentées seulement pour compléter ce que nous avons dit au sujet des cycles de creusement de l'étage du Kin-cha-kiang au Yun-nan. J'y reviendrai dans une autre étude sur les cours d'eau du Haut-Tonkin, auxquels il se relie étroitement comme histoire ; le Nan-ti vaut au point de vue de l'étude des cycles une monographie détaillée. VI. — Les lacs orientaux et leurs émissaires J'étudierai pour terminer la région des grands lacs orientaux actuels et je chercherai à déterminer les époques auxquelles ils ont été capturés par le Tié-tchen-'ho. Les vallées des émissaires sont très instructives à cet égard. Je rappellerai sans insister, des détails suffisants ayant déjà été donnés plus haut, que les grands lacs yunnanais orientaux sont installés sur le parcours de grandes fractures qu'ils jalonnent ; ils représentent ainsi des fosses découpant l'ancienne surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann qu'on retrouve nettement à des niveaux différents autour de ces lacs. L'histoire des émissaires de chaque lac offre de petites différences dans le détail, chacun se raccor¬ dant à une section différente du Tié-tchen-'ho qui est lui-même formé, comme nous l'avons montré plus haut, de tronçons disparates soudés postérieurement ensemble. Lac de Iang-tsong et son émissaire. — J'ai déjà donné plus haut les caractéristiques de ce beau lac, je n'y reviendrai pas. Comme il offre un intéressant groupement de formes, j'ai donné une esquisse de ses traits principaux représentant une vue prise depuis la rive orientale. J'ai montré déjà ailleurs que ce lac était bordé à l'ouest par une fracture très importante : ceci apparaît bien dans le dessin planche 11 qui montre la rive escarpée plongeant avec une pente très rapide, souvent voisine de la verticale dans les eaux du lac. — On aperçoit à droite du panorama de la planche II une longue crête montagneuse très élevée, le Ta-ing-chann, cotant en moyenne 2.8oom ; on remarquera l'allure monotone de cette longue crête. — A gauche au lond du lac, on voit encore un massif élevé, dont la forme est particulièrement régulière, constituant une ligne horizontale; c'est le Lo-tchang-chann qui sépare les lacs de Iang-tsong et de Tch'eng-kiang ; d'une hau¬ teur moyenne de 2.900™ environ, ces deux longues crêtes représentent le cycle de Tsouéi-wéi-chann ; entre elles, on remarquera une longue ligne de crêtes arrondies formant le dernier plan au milieu et s'éten- dant du col de Chouéi-tang au Lo-tchang-chann ; c'est encore la surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann, mais affaissée entre des failles qui la placent à un niveau plus bas (à 2.200™ environ) que la ligne des som¬ mets du Ta-yng-chann et du Lo-tchang-chann resté en saillie entre les régions affaissées ; cette ligne de sommets offre des caractères de maturité et même de sénilité complète entre la plaine de Yun-nan-fou et la fosse du Iang-tsong-hai ; l'observateur, pour prendre un exemple, ne peut manquer d'être frappé de la forme tabulaire ou arrondie des calcaires de chaque côté de la ligne ferrée, avant la descente sur la plaine de Yun-nan-fou. (!) Si on avait pu gagner, en se développant du côté de Lao-kay, la partie supérieure de la vallée qui présentent des- pentes plus faibles, la voie ferrée aurait mieux tenu. Physiogaphie 345 Continuant l'examen du panorama vu de la rive est du lac, nous observerons une série de bassins de réceptions sculptés dans la surface faillée et effondrée par échelons du Tsouéi-wéi-chann et nous remar¬ querons que les goulets de ces bassins aboutissent non pas au lac même, mais à une certaine hauteur tou¬ jours la même au-dessus du lac, tandis qu'au-dessous, la pente rapide ou l'abrupt est étroitement entaillé par une fissure étroite qui, souvent, n'arrive pas au lac même. Relevons simplement ici ce fait que nous expliquerons plus loin. Si, maintenant nous examinons la rive orientale du lac, et les hauteurs qui la séparent de la fosse d'Yi- léang placée très en contre-bas, nous constaterons que ces hauteurs, sculptées dans le Cambrien, offrent une grande régularité d'allure, leur altitude étant d'environ 2.200m. Dès lors une vue d'ensemble des environs du lac nous montrera la surface ancienne du Tsouéi-wéi- chann fortement abaissée à l'est où elle est représentée par de longues crêtes arrondies, abaissée également à l'ouest, tandis qu'au S. dans le Lo-tchang-chann, et au N. O. dans le Ta-ing-chann elle demeure à un niveau beaucoup plus élevé et dans l'aire du lac lui-même forme un voussoir complètement effondré par. rapport à tous les autres. Poursuivant l'examen du lac nous observerons sur son pourtour des terrasses étagées, l'une est cons¬ tante à la cote de 60m au-dessus du lac ; elle forme des méplats, des bosses arrondies qui offrent une belle netteté aux environs de l'entrée du déversoir situé au coin N. E. du lac près de Tang-tche, et une autre à 20 m au-dessus du lac ; ces méplats représentent d'anciens niveaux du lac. Ces terrasses sont ac¬ tuellement découpées par les énormes barrancos qui entaillent profondément la rive orientale et s'élèvent très haut le long des crêtes, progressant avec une rapidité inconcevable ; la route de Iang-tsong à Tang- tche est sans cesse rejetée par eux vers les crêtes ; j'ai vu la tête cle l'un d'eux progresser de près de 20 111 vers l'amont dans une seule saison d'été, tandis qu'à la base, au bord du lac s'édifient des cônes de déjection torrentiels qui, dans une seule pluie d'orage, s'agrandissent visiblement. Ayant posé ainsi les caractères du lac de Iang-tsong, examinons maintenant l'émissaire qui emmène ses eaux vers le Tié-tchen-'ho dans la dépression d'Yi-léang. Cet émissaire sort du lac par le coin N. E. ; il traverse par une petite vallée le seuil cambrien qui le sépare de la plaine de Tang-tche, traverse celle-ci qui est un ancien petit fond lacustre et s'engage ensuite dans la gorge de K'o-pao-ts'uen pour déboucher après un parcours de 5 km. près de Tao-houéi-in dans la plaine d'Yi-léang où il va rejoindre le Tié-tchen-'ho. Or, son cours présente dans cet espace de très intéres¬ santes particularités. Son profil est très dissemblable d'après les points où on l'observe. J'ai réuni dans la fig. 148 (atlas) quatre sections transversales, prises, l'une avant le débouché en plaine d'Yi-léang, à envi¬ ron 1 km. à l'amont, la seconde B avant le commencement du grand canyon ; la troisième C passe par le grand canyon lui-même et la dernière à l'entrée même de la gorge, à K'o pao-ts'uen. Or, dans ces profils nous remarquons d'abord la surface du Tsouéi-wéi-chann aux environs de la cote 2.ooom : la figure A nous offrira au-dessous 5 vallées superposées aux versants de plus en plus rapides, s'étageant entre les cotes i.56om- et 1900 environ, cette dernière représentant le fond du premier cycle ; en remontant à l'amont, le second profil nous montre la vallée supérieure, le cycle V s'atténuant tandis que les versants du cycle IV se raidissent davantage et tendent à la forme canyon, les autres vallées restant largement ouvertes, mais elles sont plus élevées, le fond de la vallée III par exemple étant aux environs de i.730m- tandis que dans la fig. A, il était à 1.680. Dans la fig. C prise plus en amont et passant par le grand canyon la gorge par lequel débute la vallée IV dans la fig. B est devenue complètement canyon aux parois verticales et la vallée III également ; les photographies D et E de la pl. V donnent une idée nette de ce canyon pittoresque, entaillé dans les calcaires cambriens ; en même temps les versants de la vallée II accentuent fortement leur pente ; le fond de cette vallée se trouve à i.84om- au lieu d'être à 1.750 environ, comme dans la section B d'aval, enfin la quatrième section prise à l'entrée des gorges, à K'o-pao-ts'uen nous montre le début de la gorge III et les vallées II et 1. Nous constatons ainsi que la capture de la dépression de Tang-tche et du lac de Iang-tsong a été accomplie pendant le cycle III. Les vallées supérieures 1 et II furent creusées pendant que le lac d'Yi-léang servait de niveau de base au segment du Pa-ta-'ho appelé Si-chann-ta-'ho, quand ce dernier fut capté par le Tié-tchen-'ho pendant le cycle III, l'affluent qui sert en ce moment de déversoir au lac de Iang-tsong, creusant de nouveau vivement par l'amont capta le lac en approfondissant son propre cours en gorge étroite que les cycles IV et V plus récents ont approfondi vers 346 J. Deprat, Géologie générale l'aval ; ainsi s'explique la présence de l'étroit canyon des cycles III et IV ; le cycle V n'a pas encore atteint le canyon qu'il est destiné à approfondir davantage encore. Dès lors nous trouvons l'explication immédiate de ces débouchés de bassins de réception à une assez forte hauteur au-dessus du lac ; ils atteignaient directement le lac pendant les cycles I et II, mais au mo¬ ment de la capture pendant le cycle III, les eaux du lac s'abaissèrent brusquement le long des parois abruptes ; cet abaissement se poursuivit pendant le cycle IV (un nouvel abaissement aura lieu quand la gorge V atteindra le lac à son tour) ; et les débouchés des petites vallées tributaires largement ciselées à versants doux pendant le cycle III s'ouvrirent à vide au-dessus du lac ; certaines ont entaillé de nouveau une gorge étroite pour atteindre ce niveau de base abaissé. En même temps, cet abaissementdu lac a pro¬ voqué le creusement énergique par des gorges torrentielles des parties restées en saillie de la pénéplaine Tsouéi- wéi-chann f1) et le panorama montre les caractéristiques crêtes étroites qui découpent le long- versant rapide du Ta-ing-chann limité en bas par la fracture des lacs je ne puis m'e npêcher de faire remarquer l'étroite analogie qui existe entre les figures de W. M. Davis montrent les formes du Tian-chann, par exemple le Boural-bas-taou, et ce type de plateau régulier disséqué sur sa bordure par des ravins séparés par des crêtes étroites. La même structure s'observe du reste tout autour de la dépression du lac de Iang-tsong, dans la bande de hauteurs cambriennes arrondies qui le séparent de la dépression d'Yi-léang. Ainsi la capture du lac de Iang-tsong date du cycle III de l'étage du Kin-cha-kiang. Groupe des lacs de Tch'eng-kiang et de Kiang-tchoan. — De même que pour le lac de Iang-tsong, les données géographiques ont été assez largement traitées pour que je n'y revienne pas. Je rappellerai d'abord ce fait que j'ai déjà indiqué, à savoir que pendant le Quaternaire ancien les deux lacs de Kiang- tchoan et de Tch'eng-kiang communiquaient largement par l'est de Kiang-tchoan, ne formant en réalité qu'un grand lac en deux parties parallèles et je renverrai à la fig. 5 du texte et à la fig. 177 de l'atlas qui expriment ce fait. Tout autour de ces lacs, on retrouve les traces de la pénéplaine de Tsouéi-wéi-chann, plus ou moins bien marquées, c'est-à-dire plus ou moins respectées par le travail des cycles postérieurs de l'étage du Kin- cha-kiang (2). Après les effondrements àtravers cette surface de maturité, effondrements qui provoquèrent la formation des fosses lacustres, le cycle d'accumulation de Lin-ngan les remplit partiellement de dépôts de transport, puis la faune à Margarya s'y installa du reste comme dans les autres lacs yunnanais. Le Tien-tchen-'ho se constituait alors en vallée fluviale continue, les différents tronçons se soudant et des affluents latéraux prenant naissance ; un de ces affluents en amont de Po-shi a donné la profonde vallée du Tsin-long-kai-'ho ; un autre, né comme elle, pendant le troisième cycle de l'étage du Kin-cha-kiang remonte vers le lac de Tch'eng-kiang-, le capte à 'Hai-keuou vers la fin du cycle III, et s'approfondissant rapidement, abaisse considérablement le niveau du lac, séparant complètement en deux lacs bien distincts les dépressions des lacs de Tch'eng-kiang et de Kiang-tchoen jadis réunies. J'ai donné (fig. 150 atlas) une section transversale de la vallée de l'émissaire en aval de 'Hai-keuou ; cette vallée s'encaisse consi¬ dérablement et le cycle Y aboutit en canyon étroit à la vallée du Tié-tchen-'ho entre Lou-fong-ts'uen et Siu-kia-tou. Cet abaissement du niveau du lac de Tch'eng-kiang est bien marqué par des terrasses analogues à celles que j'ai décrites sur le pourtour du lac de Iang-tsong. Les plus anciennes, formant des méplats ou souvent des bosses arrondies par l'érosion des cycles suivants et à 60 m. au-dessus du lac représentent le cycle III; la photographie B pl. XIII en montre un exemple ; un autre très remarquable s'observe entre Liou- mo et Min-hin sur la rive occidentale ; d'autres à l'O de Lou-khi. Au cycle IV appartiennent les terrasses qui, dans les points 011 la rive n'est pas abrupte, bordent le lac en s'étageant entre 15 et 20 m. et dont la photographie A pl. VII montre un excellent exemple; la vaste plaine de Tch'eng-kiang en forme du cul de sac qui termine au N. le lac et qui constitue la riche étendue d'alluvions couverte de rizières dans (') Il ne faut pas perdre de vue le fait important que l'allure de la surface monotone du cycle de Tsouéi-wéi-chann dans le Ta-ing-chann ou le Lo-tchang-chann ne correspond pas du tout aux plissements intenses arasés par elle. (7) Je renverrai pour la constatation de ce fait aux photographies B pl. VI, B pl. VII et C pl. XIII. Physiographie 347 laquelle s'élèvent la ville de Tch'eng-kiang et les nombreux villages qui l'entourent l'orme un long plan très légèrement incliné dont la partie supérieure appartient au cycle IV, tandis que la partie avoisinant le lac appartient aux cycles V et dernier; la photographie B pl. VII montre l'aspect de ce fond de lac évacué actuellement par les eaux. Cet abaissement du niveau du lac paraît se poursuivre encore actuellement ; dans les villages de la plaine de Tch'eng-kiang on m'a affirmé que des points couverts encore normalement par l'eau du lac à l'étiage, il y a trente ans (!) étaient actuellement cultivés en rizières et nombreux sont les vieillards qui affirment le fait qui est très probable en effet. L'abaissement du lac de Tch'eng-kiang, jouant le rôle de niveau de base à la suite du cycle 111a pro¬ voqué, nous l'avons dit la séparation définitive en deux lacs distincts du groupement qu'ils formaient au¬ paravant ; en même temps,il a pro voqué le creusement d'affluents torrentiels sur les bords du lac de Tch'eng- kiang ; un de ces affluents, recoupant en cluse le chaînon séparant les deux lacs a creusé rapidement une gorge profonde les réunissant pendant le cycle IV de l'étage du Kin-cha-kiang, et pendant le cycle V il a approfondi encore sa vallée en passant au type canyon ; j'ai donné (fig. 150 atlas) une section transversale montrant les deux vallées superposées ; la photographie B pl. VI montre avec une particulière netteté les deux profils successifs, ainsi que dans les derniers plans de l'autre côté du lac la vieille surface du Tsouéi-wéi-chann. Ainsi par le canyon-cluse de 'Hai-men-kiao la communication s'est rétablie de nou¬ veau entre le lac de Tcheng-kiang et celui de Kiang-tchoan, mais dans des conditions tout à fait différentes. La photographie G pl. XIII montre une partie de l'extrémité nord du lac de Kiang-tchoan ; on distingue clairement dans les plans du fond les profils successifs de vallées appartenant aux cycles an¬ ciens de l'étage du Kin-cha-kiang entaillant la surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann elle-même bien nette et aux cycles plus récents dus à l'approfondissement des vallées affluentes par l'abaissement du niveau du lac. Les abaissements successifs du lac sont remarquablement marqués, outre les cycles successifs d'éro¬ sion, par les placages à Margarya conservés clans des points favorisés comme clans la grotte de 'Hai-men- kiao. Lac de Tong-'hai. — Le lac de Tong-'hai offre également une série de niveaux successifs montrant un abaissement considérable du niveau du lac, affirmé également par les alluvions à Margarya qu'on observe encore à 50 m. d'altitude. La brèche qui offre un passage à la route de Mong-tseu montre un ancien exutoire du lac de Tong-'hai vers le Kiou-kiang pendant le cycle IV ; mais depuis longtemps l'écoulement ne se fait plus que par des drains souterrains, le lac se perdant dans de nombreux gouffres absorbants qui tendent à amener sa transformation en marais. La profondeur actuelle ne dépasse pas 8 m. Lac de Kouen-yang. — Le lac de Kouen-yang offre des données identiques. Je crois qu'il serait superflu de m'étendre ici dans la description des terrasses successives si admirablement dessinées sur la rive orientale de cette belle nappe d'eau. La fig. 19 (texte) est certainement beaucoup plus éloquente que toute description. J'y ai figuré les différentes terrasses s'étageant du cycle II au cycle V entre Tchen-kong et Tsin-ning-tchéou. Les plus récentes de ces terrasses, parfaitement planes, offrent encore une fraîcheur de contours particulière. J'ai donné dans l'atlas deux profils de la rive orientale du Kouen-yang-'hai, pris entre Tchen-kong et Tsin-ning-tchéou et orientés E. O. On y voit clairement les traces des abaissements successifs du niveau du lac par suite de la capture de ce dernier par lePou-t'ou-'ho (figs. 134 et 135 atlas) et la correspondance des terrasses et des cycles successifs de ce dernier correspondant à ceux du Kin-cha-kiang s'affirme. L'abaissement progressif du niveau du lac a, naturellement, retenti sur ses affluents, de sorte que dans ces derniers, on retrouve encore admirablement nets les cycles successifs du Kin-cha-kiang à partir du (!) Le lac de Tch'eng-kiang est sujet à des crues régulières d'été d'environ 1 m. La photographie A pl. VI montre le lac à son niveau le plus bas ; à la fin de l'été l'eau arrive au mur en pierres sèches à gauche de la photographie. Le lac de lang-tsong aussi du reste est susceptible d'élever son niveau d'une façon à peu près égale. J'y ai constaté pendant l'été de 1911 une crue exceptionnelle de 1 m. 30. Le trop plein s'écoule ensuite en trois mois et les lacs sont à l'étiage vers fin janvier. 3/|8 Deprat, Géologie générale Fig 19. — Terrasses successives du lac de Kouen-yang, montrant les cycles successifs de 1 etage du Kin-cha-kiang. Je bornerai ici les descriptions locales destinées à prouver la formation récente des reliefs yun-nanais par des mouvements épéirogéniques récents ; je crois que l'interprétation de ces. données ne peut laisser de doutes. io Km,. cycle II. J'ai donné clans l'atlas deux perspectives (fig. la vallée du Tsin-ning-'ho. 136 A et B) très explicites à cet égard, prises dans COMPARAISON AVEC LES CYCLES D'ÉROSION INDIQUÉS PAR B. WILLIS DANS-LA CHINE SEPTENTRIONALE Je chercherai maintenant à coordonner les résultats obtenus au Yun-nan dans la classification des différents cycles d'érosion avec ceux de Bailey Willis clans la Chine septentrionale. Physiographie 349 10 Cycle de Kiao-ting-eharm et cycle de Péi-tai : Bailey Willis a montré clans le Wou-tai-chann la présence d'une surface d'érosion découpée elle-même par les érosions plus récentes et que l'on peut considérer comme s'étant étendue sur toute l'Asie centrale. Nous considérons notre surface ancienne du Kiao-ting-chann de la région du Kin-cha-kiang comme l'équivalente de la fin du cycle cle Péi-tai dans le temps. 2° Cycle de Tsouéi-wéi-ehartn et cycle de Tang-hién : Dans la surface d'érosion ancienne soule¬ vée de Péi-tai, on trouve les traces d'un cycle très développé, à vallée mûres, qui peuvent faire disparaître le cycle de Péi-tai. B. Willis l'a appelé cycle de Tang-hién ; il est considéré comme appartenant au Plio¬ cène, probablement supérieur ; notre cycle de Tsouéi-wéi-chann en paraît nettement l'équivalent. go Cycle de Hin-ehou et cycle de Lin-ngan : B. Willis distingue dans la Chine septentrionale une phase « of aggradation » qui est le moment du dépôt du loess. Les reliefs modérés de l'étage précédent sont enterrés sous l'accumulation des dépôts cle cailloutis et de limon du loess. Elle correspond à l'ouver¬ ture des temps pleistocènes. Dans la région yunnanaise nous considérons comme équivalente la période du cycle d'accumulation de Lin-ngan, moment de remplissage des dépressions produites par les fractures pliocènes. 40 Cycle de Fori-ho et cycle du Kin-cha-kiang : C'est le moment de surélévation définitif de l'Asie, des grands mouvements épéirogéniques. Il prend naissance pendant le Quaternaire et détermine le creuse¬ ment des grandes vallées et des canyons du Fon-ho dans la Chine du Nord, du Yang-tzeu clans la Chine moyenne. Au Yun-nan, c'est le moment du creusement des formidables gorges du Kin-cha-kiang, du Pa- ta-'ho, du haut Fleuve Rouge et de ses affluents (Nan-ti, Sin-chiem), de la capture des grands lacs pendant la seconde partie de la période (de notre cycle III au cycle V et récent) ; c'est le moment du développement cle gorges torrentielles à facettes triangulaires attaquant les escarpements des compar¬ timents faillés. Je considère qu'il y a identité entre les cycles de Fon-ho et du Kin-cha-kiang. J'arrive donc dans une région asiatique éloignée de la Chine du'nord aux mêmes conclusions que B. Willis dans celle-ci. Pour résumer clairement l'ensemble des faits décrits dans ce chapitre, je les groupe dans le tableau suivant : 35o J. Deprat, Géologie générale PERIODES GÉOLOGIQUES ÉTAGES DE LA CHINE DU NORD (B. WILL1S) ÉTAGES DU YUN-NAN CARACTÉRISTIQUES DE CES ÉTAGES AU YUN-NAN Fin du Miocène et pre¬ mière moitié du Plio¬ cène au Yun-nan. Etage de Péi-tai. Etage du Kiao-ting- chann. Surfaces séniles portées à une altitude consi¬ dérable à l'ouest de Tong-tchouan dans le massif du Kiao-ting-chann (4.000m ). Deuxième partie du Pliocène. Etage de Tang- hién. Etage du Tsouéi-wéi- chann. Cycle très développé en vallées mûres, sou¬ vent réduit à des croupes allongées. La sur¬ face du Tsouéi-wéi-chann est découpée en voussoirs allongés effondrés par le réseau des grandes failles. Période des fractures. Formation de dépressions effondrées en cha¬ pelet et dépôts lacustres. Premiers temps pléisto— cènes. Etage de H in¬ chou. Etage de Lin-ngan. Cycle d'accumulation de cailloutis, loess, etc., dans les bassins effondrés formés pendant la période de fractures succédant au cycle de Tsouéi-wei-chann : remplissage des fosses deMi-leu, Lin-ngan, Mong-tseu, Kouan-in, etc. Faits se produisantpen- dant la plus grande partie des temps pléistocènes et ac¬ tuels. Etage de Fon-ho. Etage du Kin-cha-kiang mouvements épéirogéniques et formation des hauts reliefs actuels Cycle I. Creusement des larges vallées supérieures du Kin-cha-kiang et de ses affluents ; des vallées supérieures du Si-chann-ta-ho, du Tié— tchen-'ho. Cycle II. Creusement des vallées encore larges, mais à versants plus rapides II du Kin-cha-kiang et de ses affluents, des courtes vallées ancien¬ nes entaillant la surface mûre du cycle de Tsouéi-wéi-chann et aboutissant aux lacs à un niveau supérieur au niveau actuel ; vallée 11 du Si-chann-ta-'ho et de ses affluents, du Tié-tchen-'ho et de ses affluents. Cycle III. Continuation du creusement de la vallée du Kin-cha-kiang et de ses affluents ; capture du Wou-long-ho par le Liou-chou-'ho ; con¬ tinuation du creusement du Si-chann-ta-'ho, du Tié-tchen-'ho ; formation du Pa-ta-'ho et réunion des 3 segments à la fin du cycle en une seule rivière. Constitution d'un réseau souterrain dans les calcaires. Physiographie 35i periodes géologiques étages de la chine du nord (b. willis) étages du yun-nan caractéristiques de ces étages du yun-nan Faits se produisant pen¬ dant la plus grande partie des temps pléis— tocènes et actuels. Etage de Fon-ho Etage du Kin-cha-kiang mouvements épéirogéniques et formation des hauts reliefs actuels Cycle IV. Commencement de la formation des canyons dans le Kin-cha-kiang et ses affluents ; for¬ mation de grands cônes de déjection. Capture de la dépression de Tien-houé par le Pa- tzeu-'ho au canyon de Jan-kan-tchai. Réunion définitive des segments du Si-chann- ta-'ho, du Tié-tchen-'ho et du Pa-ta-'ho ; capture du lac de Kouen-yang par le Pou- t'ou-'ho ; des lacs orientaux par les affluents du Tié-tchen-'ho ; vidage complet des dé¬ pressions de Pong-pou, Mi-leu, Lin-ngan, Mong-tseu, Kouan-in ; constitution du Pa- tien-'ho et du Lin-ngan-'ho ; le bassin de Mong-tseu cesse d'être tributaire du Fleuve Rouge ; formation des gorges du Kiou-kiang; formation à la fin du cycle du canal de com¬ munication du lac de Tch'eng-kiang et du lac de Kiang-tchoan naguère groupés en un lac. Approfondissement du réseau souterrain dans les régions karstiques. Cycle V. Approfondissement de tous les canyons en gorge verticale terminale des émissaires de lacs qui offrent une vallée récente étroite et for¬ mant généralement un étroit canyon ; nouvel abaissement du niveau des lacs. Approfon¬ dissement du réseau souterrain dans les régions karstiques. # # * Ainsi la conclusion qui se dégage de l'ensemble de ces faits est que les grandes altitudes yunnanaises sont dues aux mouvements épéirogéniques quaternaires. J'ai montré que le réseau hydrographique actuel qui a creusé les énormes vallées s'est installé sur une surface complètement régularisée et parvenue à un grand degré de maturité à la fin du Pliocène. Le réseau des vallées est souvent indépendant des plisse¬ ments que des cycles d'érosion postérieurs aux mouvements himalayens orogéniques et antérieurs aux mouvements épéirogéniques quaternaires avaient rabotés complètement ; nous avons montré que cepen¬ dant le réseau hydrographique dans son mouvement rapide d'enfoncement dans une région en voie de surélévation en bloc est gouverné parfois par les directions de plissements anciennes, mais fréquemment aussi par les grandes cassures pliocènes et nous avons vu certains cours d'eau emprunter tantôt des vallées parallèles aux plis, tantôt les grandes cassures; le Niéou-lang-'ho en fut un bon exemple. Les grands reliefs yunnanais sont donc jeunes, les réseaux hydrographiques également ; on ne peut que s'étonner devant la puissance de l'érosion qui a pu pendant une seule partie des temps pleistocènes creuser de formidables vallées comme celle du Kin-cha-kiang et devant ce fait que ce phénomène Centre de Documentation sur l'Asie du £ud-Est et le Monde Indonésien EPHE VIe Section BIBUQTHÊQ^ i j. Deprat, Géologie générale grandiose ait pu se diviser lui-même en cycles successifs si nets ; et pourtant devant l'observation maté¬ rielle des faits, il est impossible d'échapper à cette conclusion (1). Nos résultats concordent complètement avec ce que nous ont appris W. M. Davis et Bailey Willis qui, dans d'autres parties du continent asiatique, ont les premiers, démontré la nécessité de recourir à l'ex¬ plication des mouvements épéirogéniques quaternaires pour expliquer le relief actuel des régions qu'ils ont étudiées. Le Yun-nan se rattache donc intimement à l'ensemble de l'Asie centrale et septentrionale. Il est certain que les méthodes d'études morphologiques que les savants américains ont introduites dans l'analyse du relief asiatique seront désormais indispensables pour arriver à la compréhension de ce relief et que, par dessus tout domine la notion des mouvements épéirogéniques-récents sans lesquels ainsi que l'a fort net¬ tement exprimé M. de Martonne « ces formes (topographiques) ne sont pas compréhensibles » ; au con¬ traire elle éclaire d'un jour tout nouveau l'évolution physique du grand continent. Jointe à la conception des lignes directrices au point de vue tectonique telle que Suess nous l'a tracée, elle devra guider un nouvel esprit de recherches auxquelles nous espérons avoir apporté notre contribution. (>) En Indochine où le Pliocène se montre plissé (Yên-bay), on constate les mêmes faits que dans la Chine méridionale. Tout au Tonkin prouve l'existence de mouvements de surélévation récents auxquels sont entièrement dus les réseaux hydro¬ graphiques actuels sculptés dans une surface sénile, avec leurs vallées jeunes (Rivière Noire, Fleuve Rouge, etc.) contrastant avec les formes mûres des sommets. Au même ordre de phénomènes se rattachent les plages soulevées du Thanh-hoa, portées actuellement jusqu'à u km. à l'intérieur des terres et contenant des espèces vivant en ce moment dans le golfe du Tonkin. Cette observation est intéressante à noter parce qu'elle montre que le mouvement général d'émersion continue. Index alphabétique des noms MONTAGNES A-wang-chann . . .... E 5 Ki-chann » D 14 A-yéou-chann. .... F '5 Ki-ling-chann G 20 Ki-pan-chann 1-1 13 Kiao-ting-chann D 3 K.ien-chann (dehors de la carte au N. du Fleuve Bleu) Kien-ngai-chann G 18 Kiéou-'hoa-chann F '9 .... D Koa-pang-chann B 3 Chang-chann. 8 Kong-chann F 4 Chao-ta-keuou .... E 11 Kouan-in-tseu (col de) C 12 Che-'hoa-chann. .... F 13 Kouo-ma-chann E 6 Che-pai-tchai-chann .... F 16 Che-yun-chann . . .... E 15 Chéou-téou-chann .... c I 2 Chouéi-tcheng-chann .... G 17 Chouéi-tsiuen-chann .... F 18 Lao-kiun-chann H '9 Lao-ya-chann F 9 Le-chann G 15 Léang-wang-chann D 7 Eul-lo-chann .... G 18 Léi-kong-chann G 18 Lo-tchang-chann D 11 Long-chann B G Long-ma-chann B 3 Long-pai-chann F 9 Long-tong-chann B 12 Long-yuen-chann D 8 Fong-wou-chann .... F 6 Lou-fong-chann G 16 .... D 2 Lou-tou-tou-tang I 16 Fou-tsai-chann .... F 3 Ma-chann I 11 'Hai-pao-chann 12 Ma-téou-chann 1 '7 'Hoa-chann .... F '5 Ma-ngan-chann B 3 'Floa-so-chann .... F 11 Ma-ngan-chann F. 2 'Hoa-tong-chann .... H 11 Ming-kien-chann G 17 'Hoang-long-chann .... C G Mou-yo-chann D i 'Hong-chann 8 Houo-chann .... E '5 Na-hiong-chann F 1 Ngai-eul-chann D 18 Kan-yun-chann ...... D '5 Ngai-yng-chann E H Kang-long-chann .... B 14 Ngao-téou-chann G M 4 354 J. Deprat, Géologie générale Pan-long-chann. ... D 11 Pan-long-chann H 13 Pe-tsin-chann G 11 Pe-yun-chann E 19 Po-tche-chann E 3 Pou-tcho-chann D 6 Sa-wong-chann. . San-tai-chann . San-tai-chann . . Se-fan-king-chann Si-chann. . . . Si-chann. .... Si-chann . . . . Siao-chann . . . C 3 F 12 D 5 E 1 B <3 C 10 F 17 E 2 Ta-fong-keuou (col) Ta-ho-chann Ta-ing-chann Ta-kouéi-chann Ta-kouéi-chann Ta-leang-chann (en dehors de la carte au N. du Fleuve Bleui Ta-luen-chann Ta-me-chann (en dehors de la carte) .... Ta-sing-chann Tai-'hoa-chann Tche-chann Tchong-'ho-chann Tchouan-chann D 3 F '7 E 9 D 2 G 11 B 3 E 5 C 10 G '7 F 7 C 5 E 10 Téou-tse-chann. . . . Tien-chann Tien-ma-chann. . . . To-yi-chann Tong-chann Tong-chann-long-tsiuen. Tou-tchou-chann . . . Tsao-tseng-chann. . . Tsin-eul-chann. . . . Tsin-long-chann.. . . Tsouéi-wéi-chann. . . C 4 C 1 2 E H H 1 2 C 13 D '5 F 10 H 12 C 9 B 8 G 17 Wan-song-chann '3 Wou-long-chann E 4 Wou-long-ma 3 Wou-tchan-chann H 18 Wou-tsa-chann E 12 Wou-tse-chann F '9 Ya-ping-chann H 19 Yao-ling-chann . F 17 Ye-po-chann C 2 Ye-ya-chann F 9 Yo-liang-chann F 8 Yo-nan-chann E 7 Yong-ko-chann E 2 Yu-l'ong-chann D 17 Yun-long-chann D 17 Yun-ling-chan (Grosse chaîne plus connue sur le nom d'Alpes du Sseu-tchoan). ... FLEUVES ET LACS Chan-kin-'ho Chih-ping (lac de) (hors de la carte au N. O. de Lin-ngan-fou) Fleuve-Rouge D Fleuve-Bleu ou Kin-cha-kiang C Fon-sien-hon (ou lac de Tch'enh-kiang) ... D '3 l9 3 12 Hong-chouéi-kiang et Nan-pan-kiang (noms du Pa-ta-'ho dans la partie comprise entre Wou-tchéou et Wou-lo-tchai et située hors de la carte) . Iang-tsong-'hai (lac), lang-lin (lac de). . . E E 10 Index 355 Kouen-yang-'hai ou Tien-che (lac) C 10 Pou-tou-'ho B 8 Ki-tou-'ho C 3 Pa-tzeu-'ho G 4 Kia-li-tang ou lac de Iang-lin E 8 Pou-tche-'ho. . . . E 2 Kin-cha-kiang (haut Fleuve Bleu ou Yang-tseu). D 2 Kwei-long-'ho F 7 Kiou-kiang (ou Po-shi-kiang) D '5 Ki-lo-hou ou lac de Tong-hai D 14 Kiang-tchoan (lac de) ou Sing-yun-hou . . . . D >3 Kiou-tzai (lac de) I '7 Sai-kang-'ho E '7 Si-chann-ta-'ho G 10 Si-tchai-'ho G '4 Sin-chiem affluent du Fleuve Rouge au Sud de Mong-tseu . . .... Sing-yun-hou ou lac de Kiang-tchoan. . . . D 13 Li-'hai ou lac de Ta-touen F 18 Lin-ngan-'ho F 1 7 Long-tchang-kiang B 3 Long-tong-chouéi F I 0 Lou-nan-'ho F 11 Liou-chou-'ho F 5 Ta-mi-lo'-ho C 7 Ta-yng-'ho D 7 Tang-chouan chouéi F '7 Tchang-kiao 'liai F 18 Tchang-hi-'ho E 4 Tche-ki-'ho G 2 Mi-leu-'ho G 13 Tié-tchen-'ho E 12 Tong-haï (lac) ou Ki-lo-hou D 14 Tche-hou-kiang ou Tsin-chouéi-tang (lac). . E 6 Tch'-eng-kiang (lac de) ou Fou-sien-hou. . D 12 Tien-che ou Kouen-yang-'hai ou lac de Yun- nan-fou C 10 Na-moun-nou-'ho J Ta-touen (lac de) ou Li-'hai F 18 20 Tsin-ning-'ho C 11 Nan-ti H •9 Nan-ti G 18 Niéou-lang-'ho F 7 Wou long-'ho E 4 Pa-ta-'ho G 16 Pa-tien-'ho G 16 Pé-cha-'ho .... F 18 Pé ki-'ho G 16 Péi-'ho H '9 Yi-ko-ho (partie supérieure du cours de la Po-shi-kiang ou Kiou-kiang E H rivière de Mi-leu (hors de la carte). . . . Pou-tchang-'ho G 10 VILLES ET VILLAGES A-ki-i F 13 Cha-ho-tang G 4 A-mi-tchéou F '7 Cha-hou-tsou G 4 A-peu. 20 Cha-kiou-lé G 14 A-peu-tsoun .... H 19 Cha-ko (hors de la carte N. E. de Tong- A-san-tchai G G chouan-fou) A-ti-tseu . . . D 5 Cha-kou-lou G 16 An-yan . . . . E 5 Cha-nin-ke-tchang E 16 Ao-oua-tchai G 16 Cha-pa D 16 | jf 356 J. Deprat. Géologie générale Cha-pa G Cha-pa-keuou D Cha-tang F Cha-tchong D Chai-kia-tsouen . E Chan-hiou A Chan-keuou E Chann-tchai E Chann-tchai E Chann-tchai. ... G Chan-tia-hin. C Chan-tsa D Chan-tsouen D Chang-che-mi-tchao F Chang-ha-tang E Chang-sin-ka B Chao-ho-pou ........... F Chao-kia-tsou E Che-lu-tsen. F Che-mo F Che-mo G Che-ngai-tchai H Che-ngai-tchai F Che-pai-fang F Che-pa-tchai F Che-pan ou Touan-sin-chao G Che-pan-keuou G Che-tchai F Chein-kein E Chein-kia-thao D Chen-ka- E Cheng-cha D Chen-kan-tzeu C Cheu-tseu-ho E Cheu-tzé-ho. D Chi-kan-chao G Chi-li-pou-tang. . . G Chi-long F Chi-pou-tien I Chi-tchong D Chia-téou-tchai G Chian-chann C Chian-tsai D Chian-yan F Cho-tang C Cho-po-tou F Chou-chou-tong G Chou-kou C Chou-kou-miao D Chouan-tcheu E Chouang-long-tsin H Chouang-tsou-chao D Chouéi-kouan. . D Chouéi-tang. . E Chouéi-tang G Chouéi-teo.. E Chouéi-tien _ G Chouéi-tin-tchao E Chouéi-tsin .... G Chouéi-lei-tchong I Chouéi-tien. . G '9 >5 7 16 7 '4 H '4 16 16 9 6 7 '3 9 i i 7 8 ■'7 i3 '5 16 18 17 '4 10 '5 '3 5 '5 5 6 4 9 4 H '9 13 19 5 20 '3 5 7 9 6 ■9 3 9 5 11 9 9 10 '3 18 20 '4 '3 20 20 Chouen-kin-tchai Da-tseng Da-tseu Eul-kai Eul-long-si-chou Fa-kin-yé Fa-houé Fa-tchi,. . Fang-kouan-in Féi-tsé.. Féi-tsé.. . . Fein-chouéi-lin Fou-ta-tsi Fong-keuou-chao Fong-wang-chan Fa-tsouen . 'Hai-houéi 'Hai-houéi. 'Hai-keuou 'Hai-keuou 'Hai-keuou 'Hai-men-kiao 'Hai-men-kiao 'Hai-tong 'Hai-tzeu 'Hé-kou-pa 'Hé-long-tan 'He-mo He-ni-tsin He-ou-tchin He-pou He-tchin-sao He-teou-tsouen Heu-tien Héou-kia-tsin Index 357 Hi-tcha-long . . F 10 I-tai-lé .... H 16 Hi-tsao-tseu . . D 12 Ian-da-kou D 5 8 Hia-lo-tsuen G 11 Ian-kai-tseu. . C Hing-gni (ville du Kwéi-tchéou) . Ian-kai-tseu. . C 8 Ho-houé-tsao-tzeu C 3 Ian-'hai-tseu D 12 Ho-i C 3 Ian-tien E '7 Ho-i . . H 11 Iang-eul-tsen . C 12 Ho-kao . . F 8 Iang-lin E 8 'Ho-kien-ke . ... . C 12 Iang-pé .... F 18 'Ho-kou-tcha . . F 19 Iang-tsi-kiou . . H 16 'Ho-mo-tchan . • G 10 Iang-tsong . . . . . E 11 'Ho-ni-keuou 13 Iang tsong-kai E 11 'Ho-si . . C H lao-teou (village entre le Fleuve Rouge et 'Ho-tao-tsouen • . . E 7 Mong-tseu) 'Ho-tein . . E '4 Ie-chou-ti. F 20 'Ho-tien-ouan . . D 12 Ie-ma-tchai F 11 'Hoa-jou . . D '5 Ie-ma-tchouang . . . . . • D 16 'Hoa-le-tsuen . . C 1 2 Ien fen tchouang . E 18 'Hoa-keuou . . G '3 Ien-ho-kai. . . . . . B 14 Hoang-i-tien 10 Ien-seu-tong . E 17 Hoang-kia-ding . . E 2 D 5 Hoang-ko-yu . . . D 16 Im-pan-chan . E 6 Hoang-li-tsuen D 7 In-tsie-tsouen . D '3 Houang-tou-po . . D 10 I-ngao-san H 16 Hong-chouéi-tao . . B 14 Hong-cha-kiou G 14 Hong-chai G >9 Hong-tou-tong . . F 5 Hou-an-ko , . G 13 Hou-cheu-ngai . . D '3 Hou-kia-tsouen ... . . E 10 Jai-kou-chan . Hou-li-cheou . . G 17 11 D 4 Hou-lou-keuou . . H Jan-liou-tsin .... E 14 " Jan kan-tchai G I 7 Hou-ouan >4 Je-chouei-tang-tsouen Je-chouéi-tang . . Hou-pou-pé Hou-tsiuen . . . . H . . F 17 8 E G 5 13 Hou-tzou. . . C Je-ou-tseu E 12 3 Jen-tia-po .... D Houa-tien . . . . F 7 15 'Houang-kia-tsou . . F 7 Jou-koun-tchai E >4 Houang-li-cheu . . c 4 Houang-tou-po. . . . G 7 Houang-toun-po . . H 20 Houang-tsao-pou . . E 11 Houang-tsou . . E 8 Houéi-long-sa . . F 7 Houéi-so . . F 6 Ka-kou H 20 Houéi-chouéi-tang . E 12 K.a-k.011 H 20 Houi-tou-ti. 18 Kai-'hoa-fou (préfecture à l'est de Mong-tseu Houn-chin-ngai . . E '4 dans la partie haute du bassin de la Rivière Claire) (hors de la carte) Kai-ki . . C 4 Kan hai-tzeu . . . E 5 K.an-ho; C 3 Kan-kao-tchi E 3 Kan-kéou-san. G '3 Kan-nan-kuan. D 10 I-an-kouang . . D 15 Kan-tchoun G 13 I-ia-tang . . E 4 Kao-en-po. G 16 I-ko-pou . . F 18 Kao-kao-cha . D 5 I-ta-pang (vers) . . D 6 Kao-ko-ma .... F 11 1 wan-tchai . . F '7 K.ao-tao-tchouang. . D '7 358 J. Deprat, Géologie générale Kao tchao-tsoui F 10 Kwéi-tsin. D 9 Kao-tchoun G 13 Kouen-in-sa . . E 3 Kao-wei-lin H 7 Kouen-lou . ... E 15 Kao-tien-tsao G 15 Kouen-non-tien . . F 16 Kao-tsin D 12 Kouen-sao-kao. ... .... D 3 Kao tzai G 15 Kouen-yang-tch C 11 Kaou-pi-tchai G 15 Koun-hoa-tang. ... E 17 Keo-tou-ti F 15 18 Kwang-à-tchéou (hors de la carte, à trente ki¬ Kéou-kai D lomètres à l'E. de Mi-léu) Keu-ni E 5 Kwang-nang (en dehors de la carte) .... Ke-ma-tsin E 1 3 Kwéi-yang, capitale du Kwéi-tchéou. Khi-ti G '3 Kwéi-lang-sa F 7 Ki-tou C 3 Ki-tou-tsin G 2 Ki-touen-tsen E 14 Ki-tsé-tchong E 16 Kia-ke F '5 Kia-tang-nang G 3 Kiang-kia-tchouang D 14 La hou-la. . C 4 Kiang-tch'oan .D 13 La-ni pang H ■9 Kiang-tso F 7 La-ni tang D 4 Kiéou-kai • C 15 La-po G 2 Kiéou-tieou-chann (recherche minière à l'extré¬ La-pou C 9 mité S. E. du lac de Iang-tsong) .... E 10 La-tang-fang G 1 Kin-chouéi-kiao F 7 La-li-'hé. E '5 Kin-gnia-tsuen E 5 Lai-tché-chao G '3 Kin-ki-tchaï D '7 Lai-tseu G ■4 Kin-tso-kou G 3 Lan-ni-pé F '7 Kio-lo-tchao G '3 Lan-nin-tsin F 1 2 Kio-pou-chao D 11 Lan-tien D '3 Kiou-djai G 16 Lan-tchin F 10 Kiou-tzai I 1 7 Lan-yin B 8 Ko-hi-heu G 11 Lang-hi-tchai G 15 Ko-tiéou E l9 Lang-kia-in D 11 Ko-kou H '9 Lao-tchang E 3 Ko-kou-cha D 6 Lao-chou-to C 4 Ko-kou-to (vers) D 6 Lao-hâi-kai F 8 Ko-ma E 7 Lao-hai-kai. . . D 7 Ko-kou-tsen (village entre Tien-sen-kouang et Lao-ka. ...... D 5 Ta-hi-ti non marqué sur la carte). G 10 Lao-ka-ka D 7 Ko-yi-ho G 11 Lao-kai E 5 Koa-kouan-in. D 16 Lao-li-tsin . E 1 3 Kong-chann F 5 Lao-lou-kouan A H Kong-chou-tchang F 18 Lao-ma-kai F >7 Kou-hou-a G 17 Lao-mou-tchong H 19 D 5 Lao-ouai-tchang. F 12 Kou-niou-kiang G 3 Lao-tchai E '3 Kou-tcha . E '7 Lao-tchai H 20 Kou-tchang D 7 Lao-tchang E 3 Kou-tchen E 5 Lao-tong-tsouen G 19 Kou-tchi-kai. . . H '9 Lao-tsin-chou F 12 Kou-ti-pa-tsien I 19 Lao-wa-tong (recherche minière près de Chouéi- Kou-tien-fong E 3 tang) Kouan-in. ... C 12 Lao-yun .... E 16 Kouan-in. D 16 Leng-chouéi-keuou D 16 Kouan-nan-in D 12 Leng-chouéi-keuou H 10 Kouang-chang C 12 Li-chao-tsouen F 8 Kouan-ping tien.. D 15 Li-hang-cha F '5 Kouang-ni po . . D •3 Li-kin . . C 9 Kwéi-tien ... . . ... F 16 Li-tchang D 12 Kouéi-tou .... . . D '7 | Li-tchang-in . . D 16 ! Index 35Q Li-tchia-tchai G 19 Li-tia-ouen E 4 Li-tseu-ping C 9 Liang-yu-tien H 19 Lien-tong-tsin E 8 Liéou-kiai-tseu C 11 Lin-ngan D 17 Liou-chang-ping E) Liou-chou-ho F 6 Liou-ki-po D 17 Liou-mo E) 13 Liou-tia-pa F 7 Lo-a-tien G 10 Lo-chouéi-tong E) 14 Lo-kan-san E 13 Lo-lo-tchong ou San-tchai-long-tchong. E 14 Lo-lo-tchong E 18 Lo-pa C 5 Lo-pa-koa E 13 Lo-pou G 16 Lo-pou-'ho C 5 Lo-sé-tang E 17 Lo-san-pou E) 14 Lo-suy E) 3 Lo-tcha-tchoung E 16 Lo-ya F 13 Lo-yen-tsouen E 7 Loan-tou-chao G 14 Long-long E) 14 Long-tan-tsouen C 9 Long-tan-sin F 16 Long-tang G 13 Long-tao-kai D 9 Long-toung. F 1 Long-tsi-chou F Lou-fong-chann G 13 Lou-fong-tsouen E 12 Lou-ka E> 6 Lou-kai F 2 Lou-ki . . E> 13 Lou-ki F 13 Lou-kouen-tsouen F 9 Lou-koung-chao F 18 Lou-k'uian-hién, ville située un peu en dehors de la carte à 60 km. environ au N. N. E. de Yun-nan-fou Lou-léang H 9 Lou-méi G 11 Lou-na-kou D 5 Lou-na-tsen F 12 Lou-lan - • E) 7 Lou-nan F 11 Lou-sa-pien. G 16 Lou-tchai-tchong D 12 Lou-tchi E 14 Lou-tchoung E) 12 Lou-yen-san 1 20 Louang-chen-ngao G 14 Long-kiang-tsin G 2 Long-tao-tchai F 18 Lu-na-ka B 3 Ly-kouan-in F Ma-che-kai G Ma-fan E Ma-ga-tchao E Ma-ngan-chin F Ma-houan-keou G Ma-i (village entre le Fleuve Rouge et Mong- tseu) Ma-ka-tchai H Ma-kai-tse H Ma-kai-tseu D Ma-kia-ouan .... d Ma-la-ly D Ma-li-chou G Ma-li-ouan I Ma-lo-ka. , D Man-hao (localité située hors de la carte, au bord du Fleuve Rouge à 40 km. au S. de Mongtseu à vol d'oiseau) Ma-long-tch'eou H Ma-psa-in G Ma-tche-tchao G Ma-tia-in F Ma-tien-chann. . . F Ma-tien-tseu G Ma-touan F Ma-san-chan FI Ma-tsao-keuou F Ma-tsuen E Mai-ti-sin E Mao-che B Mao-chouéi tong G Man-la-siao-tchai FI Mao-tchei-fou D Mao-tien-tsin F Me-ly-tsouen C Meï-kia-in F Mi-la-ti .... G Mi-leu G Mi-mi-ti. H Mi-tchou-long F Mi-to-sa F Mien-tien E Ming-hin D Min-tiou H Min-hin D Mo-chien-tsin F Mo-kai-tzeu D Mo-kou E Mo-kou-sin-hin E Mo-lo-pan G Mo-lou H Mo-lou-pé G Mo-lou-tchang. D Mo-mo-tse H 20 '9 >5 '4 7 16 20 5 7 10 17 10 8 20 15 '9 1 3 12 6 '3 11 18 '3 13 8 10 '9 13 20 7 16 '7 12 1 8 8 '3 5 '5 16 16 16 16 2 20 -f 36o J. Deprat, Géologie générale Mo-pé-tchong. E Mo-pon-tchong F Mo-ti-yen. F Mo-tou-tsin H Mong-ti-tsen E Mong-tseu G Mou-kou-ti I Mou-poun-tseu E Mou-pi-kai H Na-kou-tchi D Na-moun-ko J Na-tsao-chua G Nan-chouei-keuou E Nan-lou F Nan-tchai F Nan-tchen B Nan-tchouang D Ngan-ning B Ngan-pien-chao E Ngao-tseu. E Ngao-tseu G Nin-ko-pa G Ni-tsou-ka E Ninh-tchéou D Niou-pon-tse E Niou-poung I Niou-poung I Niou-tou-tchai H Ni-ou-ké. . . G Ou-poun-tchai D Oua-tse F Ouan-li-tchai H Ouan-san-tzai E Ouan-tei-pei H Ouan-teuou G Ouang-pé-pé G Pa-cha-chao F Pa-cha-pou D Pa-li-pou F Pa-long-tchin D Pa-mao-tseu H Pa-pei-tsi E '4 '3 10 11 H >9 20 3 •9 7 20 15 13 12 17 H 17 10 17 5 13 '9 4 14 i 20 20 '9 '7 '7 12 '9 '7 '9 14 '7 5 17 8 6 10 4 Pa-tiao-tso Pa-tieou-sen Pai-le-tsen Pan-chiao . ..... Pan-chiao ou Siao-tang-tché Pan-tché-houa Pan-tchi-hua Pan-kian-kiao (pont de). Pé-hoa-tseu Pé-leu-hou Pé-tchen Pé-tsuen . Péi-fang-wan . Péi-hai . Péi-heuou Péi-kia-chan . Péi-kia-tsouéi . Péi-mou-kong. Péi-po . Péi-ta-si Péi-tchou-tien. Péi-tchouang . Péi-tsen. . Peu-kiao Peu-kou-ti . Peu-niou-tan . Pi-ki-kouan. . Po-cha. . . Po-shi . . Po-tio. . . Pou-li-sou . Pou-nai-chan. Pou-san. Pou-tao-tsuen Pou-tou-'ho. Pou-tse-ti. . Pou-tchao-pa. Pou-yi-tao . E 4 D 5 G '5 E 12 D 9 F 7 F 18 G 19 F i9 G 16 E 6 E 8 D 5 D 15 C 13 E 12 G 2 D 5 G 16 F 6 F 7 G 20 D 16 H 20 I 20 D 5 D 9 I 11 I 20 I 20 C 10 F 7 E 14 A H E 9 G _i5 C 9 G 15 H 16 F 1 B H E l7 G 11 E 3 B 3 C 6 G 20 F 16 G *9 Sa-tio E Sa-yen-ho E San-té-pé F San-pan-tchiao F San-kia F San-kiang F 6 3 '7 7 '3 '4 Index 361 San-kin-tsouen San-kiou-tang San-oué San-tao-chou San-tao-ho San-tcha-tien San-tchai San-tchai-long-tchong ou Lo-lo-tchong. San-tseu Sao-fang Sao-hai-tzeu. ......... Sao-keu Sao-lo-tso.. Sao-pa Sao-pa Sao-pou Sao-ti-hai Sao-ki-tchai Seu-tia-kai. Si-hai-pien. Si-ka-ly. Si-tsa Si-tchouang (nom cité par M. Leclère dans la plaine de Ling-ngan). Si-yang-tang, ou Tsin-chouei-keuou. . Siao-kouei-in Siao-long-ouang-miao Siao-long-tia Sia (o) houéi-chan Sia (o) tien-oué. . Sia (o) tzo-lo Siao-lo-tsie Siao-chao Siao-chao .... Siao-chang-toung Siao-che-ki Siao-che-kiao Siao-choui-tin Siao-he-tou Siao-kai. Siao-kai. . Siao-kan-tia. . Siao-kao-tsouen. Siao-ko-lo . Siao-kouéi-lou. Siao-lan-tin. . Siao-li-tsin. Siao-long-tan . Siao-long-tan. Siao-long-tan. . G >3 G 2 E 1 7 F 12 F 5 C 11 1 20 E 14 D 10 G 2 E 6 J 20 B 3 D 14 G 2 F 12 G >5 E '4 D 1 2 C 12 F 11 E 5 E 1 E 13 F 10 D '3 D 5 F 7 D 16 G 15 F 9 F 10 D 12 F 8 H '7 D 5 G 13 F 13 F 10 C 9 F 1 D 1 3 C '3 D 5 F H E 13 E 5 F 10 B H C 14 G 15 B 8 G '5 D !7 E 18 D 11 F 4 G 16 F 16 Siao-mo-kou-long Siao-pou-tou Siao-pou-tseu Siao-sin-tien . . Siao-tang-tché ou Pan-chiao Siao-tang-po Siao-ti. . Siao-tia-tchouang Siao-tou-chan Siao-tou-kao Siao-tou-keuou Siao-tou-san Siao-toun-tan-tchouang Siao-tsao-tseu Siao-tseu. Siao-tsin-oan. Siao-tsouen-tzeu .... Siao-wou-tang. Sié-si-fé Sien-kien-ying Sien-kieng ... Sien-mou-tchao Sin-chao Sin-chien Sin-chouéi-kéou Sin-fang Sin-fang Sin-hin. Sin-kai. Sin-kai. Sin-kai (village du bord du Fleuve Rouge entre Man-hao et Mong-tseu) ... ... Sin-kai-tseu Si-ngan-fou Sin-pa Sin-tchai Sin-tchaR Sin-tchai. Sin-tchai . . Sin-tchai Sin-tchai Sin-tchai Sin-tchouan Sin-tien-tsuen. Sin-tchao . Sin-tien. Sin-tien-pa Sin-tien-l'ong Sing-tou-tsin Sin-tsouen Sin-tsouen Sin-tsouen-so Sin-sao Siun-tien-tchéou . . Si-wo So-lo-wan Song-ming-t. (tchéou). . . ...... Sou-tan-tsouen Sou-kai. Sou-kia-tchouang. Soun-li-tchou E 13 G 2 D 15 G ■3 7 E 12 D •3 D 16 G 12 F 6 F 10 E 13 E 14 F 7 D 15 D 15 D F 5 1 F I 13 D 14 G 20 D 16 G 12 G 20 F 9 C 12 D '7 B '3 C 12 E 11 F 8 G '9 F '9 G 12 D '3 D 14 E '7 E •7 E p '3 1 B i D I O 14 G I I D 17 1 16 E 3 E 3 G 2 G '3 C 5 D '7 G 14 F 7 B 14 G 7 E 8 F 10 D 16 E 11 H 11 IK: J. Deprat, Géologie générale Soun-tseu-yuen. . . . E 12 Sseu-kia. ....... ... F '4 Sui-long-tien . . ... . E 19 Sui-tien . E 12 Ta-chao. D Ta-chao. C Ta-che-chann. Ta-cheng-keuou F Ta-chouéi-tang G Ta-chouéi-tang G Ta-choui-tin D Ta-chouéi-tsen E Ta-ha-tchao H Ta-hi Ta-hio-sou E Ta-houang-tien. E Ta-houen C Ta-hu-tchai Ta-hien D Ta-hi-ti G Ta-ing Ta-ka-la. E Ta-keuou- C Ta-kiao G Ta-koa F Ta-kouang-fein H Ta-kouang-ti. Ta-li-chau Ta-li-fou. (Grosse préfecture duYun-nan occi¬ dental à environ 350 km. à l'O. N. O. de Yunnan-fou) Ta-li-ping (village sur le Kiou-kiang) à l'Est de Cha-pa Ta-li-tang. Ta-li-chou Ta-lo-ko-sseu Ta-lo-tsie. . . D 16 C 8 D 15 F 10 G 3 G 13 D 6 E 13 H . 7 C H E 14 E 5 C 8 I '7 D >3 G 10 D 17 E 15 C 11 G 1 F 10 H 11 F 8 E 3 Ta-lou-pié . Ta-lou-tsen. Ta-long-ouar Ta-mé-chau. Ta-mé-ti. . Ta-mou-tien. Ta-ma-ti. . Ta-pan. I 16 H 11 E 78 E >3 E 13 F 5 F '5 F H E 16 D 11 D 12 E 3 G 12 E 5 D '3 E 4 D •3 D '3 E 11 E '3 F '3 H '9 Ta-san-pé Ta-sin-kai Ta-si-ké. Ta-si-t.ou-chang Ta-si-tsouen La-sin-mao Tatchai. Ta-tchouang Ta-tien-fan Ta-to. . Ta-tong-tchang Ta-touen. Ta-tsai-ti. Ta-tsai-tso Ta-tsouen-tzeu Ta-tsuen Ta-tzeu Ta-wou-tchai Ta-yao-tchai Tai-tchong Tai-tou-po Tan-voun-zai.. Tang-fang Tang-fang Tang-keou Tang-tche Tao-jouei. Tao-ta-tchin Ta-yao-tchai Tcha-ho. Tcha-long Tchan-chan Tchang-hi Tchang-kia-tchai. Tchang-tchao . Tchang-tchong Tchao-hai-tzeu Tchao-koua Tchao-nin-tchai Tchao-pao-tchoung Tchao-ta-tsouen Tchao-to. . Tchao-tsi-tsin Tche-ki. Tche-kia -in Tche-ko-pou Tche-la-pai Tche-pai. . Tche-peu-ngi Tche -pou-tchai Tche-tien. . Tch'eng-kiang Tch'eng-kong . Tch'eng-kong-pou Tchi-li-tchao Tchin-tao-hin Tchin-tia-in Tchong-ho-yun Tchong-ho-pou Tchong-pei Tchong-tchai I Tchong-tchai.. i 20 Tchong-tchang j? ^ Tchong-tsouen. py y Tchong-wei G 15 Tchou-yuen G 15 Tchou-hing-fou, (ville du Yun-nan occidental, entre Yun-nan-fot» et Ta-li-fou en dehors de la carte) Tchoua-men-keuou E 16 Tchouan-wang-so D 16 Tchouen-tsen . G 19 Tchong-ko-lo G 15 Tchoun-tchai E 14 Tchoun-tchai.. .......... G 16 Tchoung-tchai H 11 Te-rnie G 2 Teou-tang G 19 The-la-ki H 17 Thin-hou E 6 Tia-long F 9 Tien-cha E 6 Tien-chann D 12 Tien-chong F 17 Tien-houé D 5 Tien-ko-tchou E 13 Tien-pan C 12 Tien-sen-kouang G 10 Tien-sin F 15 Tien-so E 10 Tien-sou F 13 Tien-tsie-kouang D 14 Tin-tcheu D 13 Tso-houéi-yin E 11 To-ki F 13 To-lo-pa E 4 To-ma-koun G 2 To-ti-chong H 19 To-yi-chou C 12 To-yi-chou H 20 Tong-'hai D 15 Tong-san B 14 Tang-tche E 10 Tong-tchouan-fou F 1 Tong-tsouen G 19 Tou-chang F 4 Tou-kia-houan F 10 Tou-kia-tchoan E 18 Tou-kouang-tang F 7 Tou-lao-houé E 14 Tou-mou-nyi C 3 Tou-ouang-tchouang E 12 Tou-pi E 13 Tou-pi G 17 Tou-lai-tsen G 13 Tou-tou-pe G 19 Tou-tza 1 10 Tou-tsen C 9 Touan-lien. . C 9 Touan-sin-chao ou Che-pan. G 10 Touan-tang G 10 Touan-tchai . F 18 dex 363 Touan-tsen py ,, Touen-kai (marché) g 4 Touen-touen-ho p y Toui-pou g 2 Toun-chang g ,<5 Toun-san-tchouan p y Toun-san-tzai py , y Tsai-kai-tseu g 9 Tsa-tien p , g Tsao-tien g IO Tsao-'hai-pan-kiao g 7 Tse-men-long py y Tse-men-long g 8 Tse-pou-ti p 20 Tseng-lang-pou pp y Tsi-hoa-touan. g 13 Tsi-kay p ,8 Tsi-po h 20 Tse-tsou g 17 Tsi-tsou-keu pp ,9 Tsiang-chouéi-ti p ,8 Tsin-chouéi-tang g ,y Tsin-long-kai g Tsin-chouéi-keuou ou Si-yang-tang. . . . p 9 Tsin-ning. , G 11 Tsin-chouéi-tang g 19 Tsin-choui-tang F 16 Tsin-si-keuou pp j 1 Tsin-tseu H 20 Tsing-chouéi-ho D 9 Tsiou-tsiao-keuou D 12 Tso-houéi D 13 Tso-houéi-in F 10 Tsou-ch'ang. G 3 Tsou-ch'ang-kou G 3 Tsou-yao-tsouen. F 8 Tsouen-tien-po. E 4 Tsouen-tse-po H 19 Tsouen-tsouen D 9 Tsuan-pao-tsouen. F 5 Tuong-houé E 8 Tsé-kou-lou H 20 Tsé-kou-ma H 20 Tsé-ma-tchong H 19 Tsé-mou-ti H 20 Tsé-pin H 20 Tsé-tong H 20 Va-té B 3 Vo-kiu-tsen F 1 Wang-kouang-tsi E 4 Wang-li-tchai . F 18 Wang-tchan-lao. E 3 364 J. Deprat, Géologie générale Wan-wou-ta. . Wéi-téou-chann. . Wou-ts'eng-tchéou, (hors de la carte, à 70 km. environ à l'E. N. E. d'Ami-tchéou) . Wou-lou-si-chou Wang-tang Wou-t'ing-tchéou (au N. O. de Yunnan-fou en dehors de la carte) Wang-tang. Wang-tang F 15 E 18 F 14 E 4 G 7 F '5 H 7 E 16 E 16 D 15 Y-ché G Y-pou-tchi 1 Ya-chang-kiu. . . F Ya-kou-tang F Ya-kéou-tchai. G Ya-kou-tchai G 20 '3 20 1 5 20 16 Ya-ma-tchai Ya-tsou-tang. Yan-téou . Yang-kai. . Yang-kin. . Yang-kouan. Yao-kéou. . Yao-poun-tzeu Yao-tchai. . Yao-yen-sen Yé-king. Yen-lan. . . Yen-sen. Yi-kou-sseu. Yi-léang. . Yi-long. Yi-pou-young. Yi-ta-fé. . Yi-tchi-péi . Y-tchong. . Yo-men-ko. You-chou-tang. Y u-houang-touang Yunnan-fou. Yun-tong-tchéou (ville du Yunna bassin du Haut-Mékong). Yunnan-y (ville sur la route de Yu Ta-li-fou) cide ta n-fou G 17 G .4 F 20 E 7 E 7 D 15 B ■3 D 2 F 8 H 20 E 2 E l9 H. 2° G 7 F 10 F 8 I 20 H '9 H '9 J 20 B 2 G 3 D ■9 C 9 GARES H A-mi-tchéou Chouéi-tang . E Dragon-noir ou 'He-long-tan Je-chouéi-tang E '7 10 H Kéou-kiai-tseu F Ko-kou ... H Ko-pao-tsouen E La-ha-ti (station de la ligne ferrée entre Lao- kay et Péi-tchai) Lo-chouéi-tong H Lou-kou-tchai H Lou-fong-tsouen E Mongt-seu Pi-ché-tchai . Nouo-tsou 11 19 >9 20 1 2 '3 Index 365 Pei-tchai I Po-shi E Pou-tou-tsing I Ta-t'a (La tour). 20 '4 20 Si-eul . . . . E 13 Si-tche-yi ....... . . . . E '5 Siao long-tan ... F 16 Siu-kia-toû . . F 12 Siun-kien-sseu . . F 16 17 Tche-tsouen Ta-tchouang. Tcheng-kong Ti-chouéi . G 18 G '9 D IO E 11 Wang-tang. Yi-léang. Yunnan-fou. F C 20 10 9 % Table des matières Préface VII lPe Partie. — Géologie générale Avant propos IX Introduction XI ire SECTION. — APERÇU GÉOGRAPHIQUE i Généralités ; i Vue d'ensemble i Observations sur les conditions générales du modelé 3 Région de Mong-tseu 7 Région de Mi-Ieu à l'est de la grande zone de fractures d'A-mi-tchéou à Tchao-koua 10 Région paléozoïque de Po-shi au sud du parallèle de Yun-nan-fou, entre la région du Pa-ta-ho et la région triasique de Mi-leu 16 Région paléozoïque des lacs 27 Région paléozoïque comprise entre le parallèle de Yun-nan-fou et le Kin-cha-kiang .... 35 2e SECTION. — STRATIGRAPHIE 43 Historique 43 Généralités 44 -v. Chapitre i. — Terrains cristallophylliens 45 1 Chapitre II. — Groupe paléozoïque 47 Système silurien 47 Cambrien . • 47 Cambrien au S. O. de Po-shi 47 Cambrien au N. O. de Po-shi entre le Tie-tchen-'ho et le lac de Tcheng-kiang 49 Le Cambrien dans la région d'Y-léang, Ko-pao-tsouen, Tang-tche, Ta-koa, Eul-long-si-chou . 52 Le Cambrien dans les bassins du Nieou-lang-'ho du Liou-chou-'ho et du Pou-tou-'ho ... 55 Cambrien de la nappe du Kiao-ting-chann 58 Classification des horizons cambriens 59 Comparaison du Cambrien yunnanais et des couches du même âge en Asie 59 Ordovicien 62 Ordovicien de la nappe du Kiao-ting-chann 63 Relations de l'Ordovicien yunnanais avec celui d'autres régions 64 Gothlandien 65 Relations du Silurien supérieur yunnanais et des régions asiatiques voisines 66 Essai de synchronisation des assises siluriennes de l'Asie méridionale 67 Système dÈvonien. 69 Faciès des dépôts dévoniens yunnanais 69 Le Dévonien dans la région de Lin-ngan 73 Le Dévonien inférieur et moyen dans le Yun-long-chann 74 Le Dévonien dans la région du Tie-tchen-'ho entre Siun-kien-sseu et Je-chouei-tang .... 75 Le Dévonien dans la région de Po-shi 77 Le Dévonien dans la région de Lan-nin-tsin et de Ta-me-ti 86 Le Dévonien dans la région de Lou-nan 89 Considérations sur les variations de faciès dans le Dévonien yunnanais 93 Relations du Dévonien yunnanais avec celui des diverses régions asiatiques 94 Affinités du Dévonien yunnanais 368 J. Deprat. Géologie générale Système carboniferien 97 Dinantien 97 A. — Grès et marnes bariolés à Spirifer subconicus [h 1) 98 B. — Schistes marneux à Productus undatus (hua) et Calcschistes à Productus striatus (hub) . 99 C. — Horizon des schistes marneux à Productella spinulosa (/2111) 101 D. — Horizon des calcaires noires à Clionetes papilionacea (/ziv) 101 E. —Calcaire de Tou-mou-nyi à Martinia glabra (h\) 101 Résumé de la succession des dépôts dinantiens au Yun-nan 102 Rapport des dépôts dinantiens du Yun-nan avec ceux des régions asiatiques environnantes. . 103 môscovien 195 Distribution des dépôts moscoviens au Yun-nan 106 Principales divisions du Moscovien Yunnanais 106 Région à l'O. du Tié-tchen-'ho • 107 Le Moscovien entre Lin-ngan et Kouan-in 107 Région entre la vallée du Kiou-kiang et le Ki-lo-hou 108 Le Moscovien entre Si-wo et le lac de Kouen-yang 112 Le Moscovien dans la région du lac de lang-tsong et de Iang-lin 113 Région à l'E. du Tie-tchen-'ho 120 Région de Lou-nan, Tien-sen-kouang, à l'E d'Yi-léang. 121 Le Moscovien au N. de Yun-nan-fou 122 Parallélisme des affleurements moscoviens dans les diverses parties du Yun-nan et abrasion ante- ouralienne de la région à l'E. du Tie-tchen-'ho 123 Parallélisme des assises moscoviennes dans le Yun-nan oriental 124 Plissements et pénéplanation pendant la fin du Moscovien et le début de l'Ouralien 125 Comparaison des dépôts moscoviens dans les différentes parties du Yun-nan 125 Comparaison des dépôts moscoviens du Yun-nan et des régions asiatiques environnantes. . . 126 ourallen 128 Région à l'O. de la chaîne du Tié-tchen-'ho 129 Région de Yun-nan-fou, pourtour du lac de lang-tsong, Eul-long-si-chou, Iang-lin .... 133 L'Ouralien transgressif dans la zone des plissements moscoviens du Tie-tchen-'ho 135 Région à l'E. de la zone de plissements moscoviens du Tie-tchen-'ho 143 L'Ouralien entre le parallèle de Yun-nan-fou et le Kin-cha-kiang 144. Résumé de la repartition des différents horizons ouraliens au Yun-nan et des différentes trans¬ gressions 144 Essai de synchronisation des assises ouraliennes au Yun-nan. 145 Affinités de l'Ouralien yunnanais 146 Comparaison des dépôts ouraliens du Yun-nan oriental et des régions asiatiques environnantes. 149 Essai de synchronisation des dépôts carbonifériens d'Asie au S. du continent de l'Angara. . hors texte Système permien 153 Vue d'ensemble 153 Concordance au début de la période 153 Discordance de la fin du Permien supérieur 153 Région de Lin-ngan 154 Permien à l'E. du bassin de Mong-tseu 155 Le Permien entre le Tie-tchen-'ho et la région faillée de Pong-pou et Tchou-yuen 156 Le Permien dans la région de Lou-nan, Lo-a-tien, Tien-sen-kouang 163 Le Permien au N. du parallèle de Yun-nan-fou 164 Affinités du Permien yunnanais 168 Comparaison des dépôts permiens du Yun-nan et des régions asiatiques environnantes. ... 171 Essai de synchronisation des assises permiennes du Yun-nan et des autres parties de l'Asie et de Russie (hors texte) Chapitre. III. Groupe mèso^oïque 175 Système triasique 175 Généralités 175 Localisation du Trias dans le S. E. du Yun-nan oriental 175 Etages triasiques représentés dans le Yun-nan oriental et leur répartition. 176 Discordance du Trias inférieur sur le Paléozoïque 177 IlilÉssal m Sli'iinl Table des matières 36t) série e0trias1que \-j-j Le Trias inférieur dans la région de Mi-leu et Tchou-yuen 177 Bande werfénienne de Mi-leu à Tou-tza 178 Bande werfénienne de Tchou-yuen 178 Le Trias inférieur dans la région de Mong-tseu et A-mi-tchéou 183 Remarques sur l'attribution des terrains précédents au Trias inférieur 184 série mesotriasique j g 5 Généralités ^5 Le Trias moyen à l'O. d'A-mi-tchéou 187 Le Trias moyen au N. et au S. d'A-mi-tchéou 190 Le Trias moyen autour de Mong-tseu 192 Le Trias moyen des plateaux de Tchong-ho-yun et Ta-hu-tchai 194 Le Trias moyen entre la grande faille de bordure du Ming-kien-chann et la fracture d'A-mi- tchéou, Pong-pou, Tchou-yuen 195 Le Trias moyen au N. et au N.-E. de Mi-leu 199 Observations sur la classification des assises précédemment décrites 200 Faune du Trias moyen du Yun-nan oriental et du Yun-nan occidental et comparaisons avec les faunes similaires d'Europe 203 série néotriasique 204 Localisation des affleurements du Trias supérieur 204 Constitution lithologique des dépôts du Trias supérieur 204 Coupe du Trias supérieur de Tou-pi à Niou-ké 205 Série renversée du Trias supérieur de Tsé-tsou 207 Coupe du Trias supérieur entre Cha-kou-lou et Lo-pou 208 Coupe du Trias supérieur entre Tchong-ko-lo et Che-mo 209 Région de Ta-yao-tchai, Che-ngai-tchai, Tchong-tchai 210 Autres points intéressants de la région du Trias supérieur 212 Observations sur la classification des assises du Trias supérieur au Yun-nan 214 Résumé relatif à la sédimentation des horizons successifs du Trias dans le Yun-nan oriental. . . 215 Comparaison des dépôts triasiques du Yun-nan oriental et des régions asiatiques environnantes. 216 Dépôts continentaux attribués au Rhétien . 218 Chap,tre IV.-— Dépôts tertiaires et pleistocènes 220 Chapitre V. —• Notice pétrographique et chimique sur les roches moscoviennes et permiennes du Yun-nan oriental. 228 Syénite augitique de Vo-men-ko • 229 Diabase augitique du pont du Pou-tché-'ho sous le col de Tsouen-tien-po 229 Gabbro diabasique andésitique de la vallée du Pou-tche-'ho 230 Andésite de Wou-lou-si-chou 231 Basalte doléritique, andésitique, augitique sous le col de Tsouen-tien-po 232 Basalte doléritique à tendances ophitiques entre Ta-tzeu et Chou-kou 233 Basalte andésitique d'entre Tou-mou-nyi et Lao-chou-to 234 Basalte doléritique de Tchang-hi. . 234 Tuf de Wou-long 235 Résumé relatif aux roches éruptives 235 i • ' - ' . • Chapitre VI. — Renseignements miniers 238 Mines de charbon 238 Mines de lignite 238 l:.y ' • . • Mines de houille. 238 i -.v- ' ' " . • •• ■ t . _ ' • I. — Houilles moscoviennes 239 IL — Houilles du Trias inférieur 239 III. — Houilles du Trias moyen 243 IV. — Houilles du Trias supérieur- • 244 ^7° J. Deprat, Géologie générale Mines métallifères 245 Etain 245 Plomb, antimoine, arsenic 246 Fer. 246 Or 246 Cuivre 247 Sel et gypse 250 3e SECTION. — GÉOLOGIE STRUCTURALE 251 Introduction 251 Différentes périodes de plissement au yun-nan 252 Mouvement post-cambrien 252 Mouvements dévoniens probables dans la région de la boucle du Kin-cha-kiang 253 Mouvements carbonifériens 254 Affaissement et transgression progressive durant la fin du Moscovien, l'Ouralien et l'Artinskien. 255 Mouvements appartenant à la fin du Permien 255 Mouvements mésozoïques 257 Mouvements tertiaires et quaternaires 257 Mouvements orogéniques et épéirogéniques au Yun-nan du Cambrien à l'heure actuelle. . . 258 Analyse des plissements du Yun-nan-oriental 260 I. — Zone de bordure du massif ancien du haut-Tonkin 261 II. — Dislocations de la zone triasique 261 III. — Région paléozoïque occidentale 272 i° Zone de contact de la région triasique plissée et de la région paléozoïque occidentale. 272 2° Allure des plissements de la région paléozoïque occidentale du Yun-nan oriental. . 274 a. Bande comprise entre la faille de Lou-nan et la région triasique 274 b. Zone plissée entre la faille de Lou-nan et la zone de fracture des lacs 277 c. Zones plissées parallèles au N.-O. de la zone de fracture des lacs orientaux. . . 286 30 Zone des plis au N. de Yun-nan-fou et de Siun-tien-tchéou 293 IV. — Zone charriée du Kiao-ting-chann 297 Coup d'œil général sur la direction et l'allure des plis au Yun-nan 298 Relations des plis yunnanais avec les faisceaux asiatiques environnants 300 Conséquences de l'orientation des lignes de plissement au Yun-nan . . . . 303 Le réseau des fractures dans le Yun-nan oriental 303 Réseau des fractures comprises entre les directions N. S. et N. E.-S. 0 304 Réseau des fractures voisines de la direction N. O.-S. E. et champ de cassures de la région de Mong-tseu 313 Vue d'ensemble du réseau de fractures du Yun-nan oriental et relations avec les régions voisines. 315 L'activité séismique au Yun-nan 316 4e SECTION. — PHYSIOGRAPHIE 319 Introduction 319 Nécessité de recourir à la notion du mouvement épéirogénique pour expliquer les traits actuels du relief asiatique et extension de cette notion au Yun-nan . 319 Les cycles d'érosion dans le Yun-nan oriental, depuis les plissements himalayens 322 Région traversée par le Kin-cha-kiang entre le Pou-tou-'ho et le Pou-tché-'ho 323 Cycles d'érosion dans le bassin du Liou-chou-'ho 327 Cycles d'érosion dans le bassin du Pou-tou-'ho. . . 329 Bassin du Pa-ta-'ho 331 Région des plateaux du haut Nan-ti 342 Les lacs orientaux et leurs émissaires 344 Index alphabétique des noms 353 ? I -I Planche I | Ravins sculptés dans le massif du Kiao-ting-chann, pendant le cycle du Kin-cba-kiang (Quaternaire). On remarquera principalement la profondeur énorme des vallées et la raideur des pentes. Au premier plan, ravin de Siao-tien-fang, complètement creusé dans les schistes lustrés (Cambrien et Dinantien du complexe de la nappe charriée du Kiao-ting-chann). Les plans lointains, d'une altitude moyenne de 4.000 m., formant la masse du Kiao-ting-chann et constitués par les calcaires ouralo- permiens dynamométamorphiques, représentent les restes du cycle du Kiao- ting-chann (Tertiaire). '■ - ; 1 r ' t; v' fi; fï - - ...... ' .Y PLANCHE II _ ' ... . .;. ... • ' " . in . ' ' ■ t.-':' . ' . ' ■ ' ' " ' ' fSfa _. - li& ■ : . I II il :SS8 Planche II Vue du lac de Iang-tsong prise depuis l'angle N. E. Lé lac orienté presque N. S., a 14 km. de longueur et une moyenne de 3 km. de largeur. On remarquera d'abord la longue crête du Ta-ing-chann au fond à droite, cotant environ 2.800 m., à l'allure monotone, très escarpée, disséquée par des ravins limités par des crêtes étroites et dont la ligne de crête b représente le reste du cycle de Tsouéi-wéi-chann. A gauche, à l'extrémité du lac, on voit une autre ligne de sommets, le Lo-tchang-chann représentant également la surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann. Entre ces deux crêtes, sur la rive opposée à l'observateur, on distingue des lignes de som¬ mets. arrondis étagées en échelons de moins en moins hauts vers le lac et qui représentent une série de bandes affaissées vers la fracture du lac. — Noter éga¬ lement les bassins de réception sculptés dans la vieille surface du cycle de Tsouéi-wéi-chann appartenant au cycle IV de l'étage du Kin-cha-kiang. — Noter aussi les terrasses étagées visibles sur le pourtour du lac, à 6om. (cycle III) et 20 m. (cycle IV). — La figure montre encore d'énormes barrancos attes¬ tant la puissance de l'érosion actuelle. s,a Cambrien argilo-gréseux à Redlichia séparé à droite par la grande fracture des lacs de la haute chaîne du Ta-ing-chann. — hb Moscovien supérieur gréseux. — /i3.9 Ouralien. Planche III Fig. A. — Vallée du Kin-cha-kiang (haut Yang-tseu), à Mo-lou-tchang. Le fleuve a entaillé son lit dans le complexe des schistes lustrés de la nappe charriée du Kiao-ting-chann. On distingue nettement sur la photographie les vallées successives appartenant aux différents cycles de l'étage du Kin-cha-kiang. Le Kin-cha-kiang a ici une allure complètement torrentielle. Fig. B. — Vallée du Kin-cha-kiang entre Mo-lou-tchang et Niéou-tchang-ping. On remarquera au mi¬ lieu de la photographie la belle terrasse appartenant à lavant-dernier cycle. IV de l'étage du Kin-cha-kiang et le canyon du cycle V. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUNNAN ORIENTAL J. DEPRAT : Géologie générale. Mém. Serv. géol. de l'Indo-Chine. Vol. I ; F'asc. 1. — Planche III. Clichés Deprat. Photocollogr. Mémin, Arcueil (Seine). ■ • .■•-.■ • ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ "s ?• ■ ',..0: . . •; . ■ . • ' •■ - V- . ' ■ , .• : ' '• ' / " ■ ■ . ' ' . ■ ■ ' I ' ■ . PLANCHE IV ' ■a'CI * i- iM! Planche IV Fig. A. — Vallée du Pou-tou-'ho (déversoir du lac de Kouen-yang) un peu en amont de son confluent avec le Kin-cha-kiang. Ce dernier passe au pied des grands sommets du fond dans le plan de la photographie. La figure montre les cycles IV et V de l'étage du Kin-cha-kiang. On remarquera la raideur des versants dans le cycle IV et le canyon du cycle V, tout au fond de la vallée. Fig. B. — Vallée du Kin-cha-kiang vue de Yao-poun-tzeu. La profondeur de la vallée est telle que le fleuve n'est pas visible. On remarquera l'allure monotone des crêtes, restes de la topographie pliocène du cycle de Tsouéi-wéi-chann. La photographie mon¬ tre au 2e plan les pentes des vallées des cycles II et III de l'étage du Kin-cha- kiang. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUNNAN ORIENTAL J. DEPRAT : Géologie générale. Mém. Serv. géol. de l'Indo-Chine. Vol. I; Faso. 1. — Planche IV. Photocollogr. Mémin, Arcueil (Seine) Clichés Deprat. Planche V Fig. A. — Calcaires ouraliens ruiniformes à Neoscli. craticuliferci près de Ho-mo-tchan. Fig. B. — Aiguilles de calcaires ouraliens à Sch. princeps découpés par l'érosion près de Che-pan. Fig. C. — Canyon près de Hou-tzou. Les personnages au ier plan cheminent sur les schistes gréseux cambriens à Redlichia chinensis. La paroi opposée du canyon est formée par les grès ordoviciens supportant les calcaires transgressifs carbonifères à Fusulines. • Fig. D. — Canyon-cluse servant de déversoir au lac de Tang-tche. La ligne ferrée de Yun-nan-fou passe à droite. Fig. E. — Autre point du même canyon entaillé en cluse dans les calcaires, les grès et schistes gréseux (à pendage faible en ce point) du Cambrien. Fig. F. — Gorges entaillées près de Tien-cha dans les calcaires ouraliens en discordance tectonique avec les grès cambriens qui forment le fond des gorges. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUNNAN ORIENTAL J. DEPRAT : Géologie générale. Mém. Serv. géol. de l'Indo-Chine. Vol. I; Faso. 1. — Planche V. > 'S ' "7 s _. ; ■ gg ■ Planche VI Fig. A. — Rives du Fou-sien-hou ou lac de Tch'eng-kiang, près de Li-tchang. Les grands contreforts des premiers plans sont formés par les calcaires ouraliens, de même que l'aiguille du fond. Les collines plus basses, aboutissant au lac et qui l'entourent, appar¬ tiennent aux grès psammites du Carboniférien moyen et aux coulées de labra- dorite altérée. Fig. B. — Déversoir du Sing-yun-hou ou lac de Kiang-tchoan, entaillé dans le calcaire à Fusulines ouralien. Au second plan, nappe du lac au-delà de laquelle s'étendent les lon¬ gues crêtes arrondies des masses gréseuses du Carboniférien moyen, à couches de charbon dePe-tchen, et qui appartiennent au cycle pliocène du Tsouéi-wéi- chann. On remarquera les deux cycles superposés du déversoir indiqués par une rupture de pente des plus nettes et appartenant aux phases IV et V de l'étage du Kin-cha-kiang. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUNNAN ORIENTAL J. DEPRAT : Géologie générale. Mém. Serv. géol. de l'Indo-Chine. Vol. I; Faso. 1. — Planche VI. Clichés Deprat. Photocollogr. Mém in, Arcueil (Seine). M Planche VII Bords du lac de Tch'eng-kiang à Lou-tchang. Au premier plan, calcaires à Fusulines ouraliens. Derrière le village, labradorite en coulée reposant nettement sur les calcaires du petit promontoire, qui plongent en sens inverse du lac. Au fond, aiguille de Tien-chann, formée par les calcaires ouraliens en synclinal fortement redressé, contre lesquels s'appuie la masse des labradorites. (Voir coupe fig. 40 atlas). Plaine de Tch'eng-kiang, produite par le retrait partiel du lac. Au 2e plan, collines gréseuses du Carboniférien moyen. Les crêtes du fond sont constituées par les calcaires ouraliens du Lo-tchang-chann, et forment les restes de la pénéplaine pliocène du Tsouéi-wéi-chann. j: il ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUNNAN ORIENTAL J. DEPRAT : Géologie générale. Mém. Serv. géol. de l'Indo-Chine. Vol. I; Fasc. 1 — Planche VII. ; ■ IV | In 11 H ! 1 : « > li X m ) ! ■ . Àtî . r I: J ; xpy- > ' ' . • - . A PLANCHE VII! • /■ - • ' Planche VIII Fig. A. — Maturité des hauts sommets dans les schistes lustrés très plissés-(cycle du Tsouéi-wéi-chann). (Altitude de 3.200 à 3. 700").). Vue prise dans le massif du Kiao-ting-chann (zone charriée). Fig. B. — Ravin de Mo-lou-tchang, affluent du Kin-cha-kiang, profond de 1.500m., entaillé dans les schistes lustrés cambriens et dinantiens, clela zone charriée. En face, les gigan¬ tesques escarpements surplombant le Kin-cha-kiang sont calcaires. Noter l'étroitësse du thalweg. (Cycles du Kin-cha-kiang). Fig. C. — Vallée du Pou-tou-'ho (déversoir du lac de Kouen-yang), près de Ki-tou. Type de vallée à approfondissement rapide. Cycle IV de l'étage du Kin-cha-kiang (Quaternaire). Fig. D. — Vallée de Ki-tou dans les schistes lustrés de la zone charriée. Au fond, pic de 4.000 m. appar¬ tenant au massif du Kiao-ting-chann. Fig. E. — Vue prise près de Tou-mou-nyi. Au ier plan, schistes gréseux cambriens. Les grands escar¬ pements du 2e et du 3e plan sont entaillés dans les grès de la partie supérieure du Silurien et du Carbonilerien inférieur. Les crêtes du fond, entre lesquelles coule le Kin-cha-kiang profondément encaissé, sont formées par les schistes lustrés, et les calcaires de la zone charriée. Les restes du cycle de Tsouéi- wéi-chann apparaissent sous forme de « ridge » séparant les vallées. Fig. F. — Ravin affluent du Kin-cha-kiang entaillé dans le complexe des schistes lustrés, entre Lo-suy et Tchao-'hai-tseu. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUNNAN ORIENTAL J. DEPRAT : Géologie générale. Mém. Serv. géol. de l'Indo-Chine. Vol. I; Faso. 1. — Planche VIII. Clichés Deprat. F Photocollogr. Mémin, Arcueil (Seine). '1 - -V: Il l ^js§ - ' . 4 I ■ . ... ;...... ■ .. i ■ «$1 « 1 ipffWS.ssfp - - \v "s V- ■ iiSlil 8P;.K# ■ h mm ■ ■ ; ■ . ■ i Si Il i- fi . ! wamm y 1 * Planche IX Fig. A. — Panorama de la région de Po-shi pris du Wéi-téou-chann. Au ier plan, calcaires à Rh. pugnus (Dévonien supérieur), couverts d'une végétation frutescente. Au 2e plan, bande à modelé caractéristique des calcaires marneux (Dévonien moyen) appartenant au cycle III de l'étage du Kin-cha-kiang, entaillée par les ravins appartenant au cycle V. On remarquera les étangs sans écoulement, particuliers à cette zone. On devine, au-delà, la plaine d'effondrement de Po-shi. Au fond, haute chaîne de 2.500m. en moyenne, formée d'une façon générale de Dévonien in¬ férieur et moyen recouvert en discordance par les calcaires ouralo-artinskiens, dont la ligne de crête représente le reste du cycle de Tsouéi-wéi-chann. Fig. B. — Au ier plan, vallée du Kiou-kiang, affluent du Tié-tchen-'ho. L'observateur est placé sur les schistes cambriens fossilifères de 'He-mo. De l'autre côté delà vallée, calcaires du Dévonien moyen formant un bourrelet arrondi après lequel, on aperçoit l'an¬ cien fond de vallée beaucoup plus élevé, occupé actuellement par des rizières. Le déplacement latéral de l'axe de la vallée est remarquablement net. Les grandes pentes de la haute chaîne sont formées par la série du Dévonien infé¬ rieur et du Dévonien moyen très plissés, recouverts transgressivement par la série des calcaires à Productus et à Fusulines formant les crêtes supérieures qui appartiennent au cycle pliocène du Tsouéi-wéi-chann. Les cycles successifs de creusement du Kiou-kiang appartenant à l'étage du Kin- cha-kiang offrent ici toute la netteté désirable. Planche X Fig. A. — Formes d'érosion aux environs de Po-shi. Rivière du Kiou-kiang au 1e1' plan. Au 2e plan, calcaires du Dévonien moyen partiellement recouverts d'argiles de décalcifica¬ tion entaillées de barrancos profonds (V. à droite de la figure). Au fond, calcaires du Dévonien moyen entaillés de cluses étroites, appartenant aux derniers cycles de l'étage du Kin-cha-kiang et entaillant profondément l'ancien cycle de Tsouéi-wéi-chann. Fig. B. — Village de Hou-tzou et fond de vallée dans le massif du Kiao-ting-chann. Aux premiers plans, schistes argileux cambriens sculptés en pente rapide, alternant avec un banc calcaire du même âge. Au fond, cirque entaillé dans la masse des calcaires dinantiens et ouraliens formant les grands escarpements embrumés, d'altitude variant de 3.700 a 4.000 ni. Formes jeunes sculptées dans la région sénile du massif du Kiao-ting-chann et appartenant aux cycles de l'étage du Kin-cha-kiang. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUNNAN ORIENTAL J. DEPRAT : Géologie générale. Mém. Serv géol. de l'Indo-Chine. Vol. I; Faso. 1. — Planche X. A Clichés Deprat. Photocollogr Mémin, Arcueil (Seine) : . ■ iir< '.t. '■■■'' :■■> ' ' PLANCHE Xi Planche XI Modelé caractéristique dans les calcaires permiens de Tou-pi. On remarquera la constante régularité d'altitude des pitons calcaires représentant l'ancienne pénéplaine pliocène du cycle de Tsouéi-wéi-chann, ravivée actuellement par une érosion nouvelle par l'absorption des eaux dans un puissant réseau hydrographique souterrain. Le vallonnement au premier plan représente un ancien thalweg actuellement transformé par la production de nombreux gouffres d'absorption. Type de région karstique près de Mo-chien-tsin, sculptée dans les calcaires du Dévonien supérieur du niveau à Rhynchonella (Pugnax) pugnus, Spirifer curvatus, etc. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUNNAN ORIENTAL J. DEPRAT : Géologie générale. Mém. Serv. géol. de l'Indo-Chine. Vol. 1; Faso. 1. — Planche XI. Clichés Deprat. B Pholocollogr. Mémin, Arcueil (Seine). Y Planche XII Fig. A. — Plaine d'Y-léang (Yi-liang) et le Tié-tchen-'ho. Grande plaine d'alluvions sableuses. Au fond, bande de hauteurs cambriennes. Fig. B. — Allure du plateau dévonien dans la région de Ta-hi-ti. Fig. C. — Gorge torrentielle dans les schistes gréseux cambriens et dinantiens entre Hou-tzou et Tou- mou-nyi. Au fond, crêtes calcaires. (Massif du Kiao-ting-chann). Fig. D. — Rapides du Kin-cha-kiang, à Mo-lou-tchang. Remarquer la dimension des galets que roule le fleuve. Les profils des derniers cycles de l'étage du Kin-cha-kiang se dessinent nettement. Fig. E. — Collines de grès rouges moscoviens et de tufs labradoritiques anciens près de Ma-fan. Fig. F. — Sommets calcaires près de Tchang-hi. La pente sur laquelle se dressent les pins, est formée d'éboulis de basalte andésitique qui constituent les affleurements jusqu'au pied des hauts pitons de calcaire carbonifère, curieusement modelés. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUNNAN ORIENTAL J. DEPRAT : Géologie générale. Mém. Serv géol. de rindo-Chine. Vol. I; Fasc. 1. — Planche XII. Planche XIII Fig. A. — Bords du lac de Tch'eng-kiang à Lou-tchang. Les hauteurs qui bordent le lac sont formées de grès bariolés carbonifériens moyens. Les calcaires ouraliens à Fusulines interviennent dans les hauteurs du fond. Au fond à droite, massif du Lo-tchang- chann, au profil monotone, reste du cycle de Tsouéi-wéi-chann. Au premier plan, un Chinois dans la posture de repos habituelle à tous les Extrêmes-orientaux. Fig. B. —- Modelé arrondi des calcaires ouraliens. Extrémité sud du lac de Tch'eng-kiang. Fig. C. — Fond septentrional du lac de Kiang-tchoan, entièrement entouré dans la figure par les grès et les calcaires du Carboniférien moyen. Les profils des cycles successifs sont net¬ tement indiqués. Au fond, ligne de crête représentant le reste du cycle de Tsouéi-wéi-chann. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUNNAN ORIENTAL J. DEPRAT : Géologie générale. Mém. Serv. géol. de l'Indo-Chine. Vol. I; Faso. 1. — Planche XIII «aflgS ■ i ilWiilHr"*- ''' '■ i&du.M:: ****** Clichés Deprat. Photocollogr. Mérriln, Arcneil (Seine). , m ' PLANCHE XIV , J - Planche XIV Fig. A. — Modelé typique des grès micacés bariolés près de Kouan-in. Tout à fait aux derniers plans, au milieu de la figure, calcaires ouraliens. Vue prise du chemin de Cha-tchong à Kouan-in. L'ensemble montre les formes mûres de la pénéplaine du Tsouéi- wéi-chann ravivées par l'érosion. Fig. B. — Chaîne de 2.500 m. entre Po-shi et Ninh-tchéou. (Revers de Po-shi). Le premier plan de hau¬ teurs est formé par le Dévonien inférieur et moyen. La ligne de crête est occupée par les calcaires ouraliens. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUNNAN ORIENTAL J. DEPRAT : Géologie générale. Mém. Serv géol. de l'Indo-Chine. Vol. I; Faso. 1. — Planche XIV. » ' M ■■ . ■ ■ i ■ ■ i •' ' v V ' , ' '■'■■■■• ■ , ' -v/ ^V; V-,v ■ :: . : :■ ' ' I <• Planche XV Fig. A. — Ancienne pénéplaine du cycle de Tsouéi-wéi-chann ravivée par l'érosion qui se comporte dif¬ féremment dans les divers termes géologiques. Le premier plan et les hauteurs couvertes de pins du 2e et du 3e plan sont formés parles grès schisteux du Trias supérieur. A gauche et au fond, calcaires du Trias moyen butant par faille (au milieu de la photographie) contre le massif de pitons permiens de Tchong-ho- yun le long desquels ils sont affaissés. Fig. B. — Cycle récent du Pa-ta-'ho à Tchong-tchai, entaillé dans les grès et les schistes du Trias su¬ périeur. Planche XVI Sculpture des grès argileux du Trias supérieur entre Che-mo et Tchou-yuen. Formes séniles du cycle de Tsouéi-wéi-chann attaquées par l'érosion. Grande faille près de Che-ngai-tchai, mettant en contact les calcaires permiens de droite avec les grès et marnes du Trias supérieur bien visibles dans le grand barranco voisin de la faille. Au fond de la photographie profil sénile du cycle de Tsouéi-wéi- chann. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUNNAN ORIENTAL J. DEPRAT : Géologie générale. Mém. Serv. géol. de l'Indo-Chine. Vol. I; Faso. 1 — Planche XVI ■■K-ï'V. Photocollogr. Mémin, Arcueil (Seiue), Clichés Deprat. Planche XVII Fig. A. — Gorge du Kin-cha-kiang à Mo-lou-tchang, sculptée pendant les derniers cycles de l'étage du Kin-cha-kiang. Lambeau d'une terrasse du cycle IV au premier plan. Fig. B. — Chaînes entre Ninh-tchéou et Po-shi. Alternance de synclinaux calcaires ouraliens et de zones anticlinales gréseuses moscoviennes. Au fond, crêtes de 2.500 m. de calcaires ouralo-arkinskiens. A gauche en bas, bassin fermé de Ninh-tchéou. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUNNAN ORIENTAL ! J. DEPRAT : Géologie générale. Méra. Serv. géol. de l'Indo-Chine. Vol. I; F'asc. 1. — Planche XVII. ' Planche XVIII Fig. A. — Paysage karstique, dans les calcaires artinskiens entre Long-tan et A-ki-i. Les gros mouve¬ ments montagneux de droite sont formés de calcaires à Fusulines. Au dernier plan, la chaîne de hauteurs monotones de gauche est formée de calcaires appar¬ tenant au Dévonien supérieur; elle appartient au cycle du Tsouéi-wéi-chann. Fig. B. — Grande fracture de Kwéi-tien à la plaine de Mi-leu. Plaine d'effondrement de Pong-pou. Chaîne de calcaires permiens nettement limités par la fracture qui les met en contact avec le Trias moyen en partie masqué par les alluvions récentes. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUNNAN ORIENTAL J. DEPRAT : Géologie générale. Mém. Serv. géol. de l'Indo-Chine. Vol. I; Fase. 1 — Planche XVIII. mmm ■ . X: PLANCHE XIX . Planche XIX Vue panoramique prise depuis le sentier de Fein-chouéi-lin à Lou-khi montrant trois lacs : lac de Tch'eng- kiang ou Fou-sien-'hou au premier plan (superficie 285 km(t) ; au deuxième plan, au milieu de la figure, on aperçoit une partie du Sing-yun-'hou ou lac de Kiang- tchoan et la cluse par laquelle ce lac s'écoule dans le Fou-sien-'hou ; au fond à gauche on aperçoit également une partie du lac de Tong-'hai ou Ki-lo-'hou indépendant du groupement précédent. Au second plan à droite, escarpements de Hou-cheu-ngai, dominant le lac de 800 m. Dessin de M. le Commandant Dussault. Mém. Serv. géol. de l'Indo-Chine. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU YUNNAN ORIENTAL J. DEPRAT : Géologie générale. Vol. I; Faso. 1. — Planche XIX. Photocollogr. Mémin, Arcuei] (SeiDe). . ' smi: - w- ïïB: -'ffi5!®!* Planche XX Fig. i. — Labradorite moscovienne. Tien-chann, rive occidentale du lac de Tch'eng-kiang. Magma microlitique dépourvu de phénocristaux. Les fins inicrolites visibles dans la préparation appartiennent à un Labrador Ab5 An6. Roche de coulée, x 15- — 2.— Andésite ; Permien supérieur. Cheng-cha. Magma microlitique d'Oligoclase-Andésine, avec Titanaugite. Matière vitreuse interstitielle, x 15- — 3. — Andésite ; Permien supérieur. Wou-lou-si-chou. Magma microlitique à'Oligoclase-Andésine seuls bien visibles dans la prépara¬ tion, avec Titanaugite, Ilménite, Sphène, Olivine accessoire. Roche de coulée X 15- — 4. — Même roche offrant localement de gros microlites d'Andésine avec beaucoup de matière vitreuse englobant de fins et rares microlites d'Oligoclase-Andésine. X 15- — 5. •—■ Tuf basaltique très riche en matière vitreuse. Permien supérieur ; Wou-lou-si-chou. x 15. — 6. — Basalte andésitique entre Tou-mou-nyi et Lao-chou-to. Permien supérieur. Phénocristaux d'Andésine-Labraclor, Microlites d'Oligoclase-Andésine. Matière vitreuse. La photographie laisse mal distinguer les microlites d'Augite et d'Olivine. x 15- — 7.— Basalte doléritique ; Permien supérieur. Tchang-hi. Microlites de Labrador, Titanaugite, Ilménite, Magnétite, Olivine. Grandes plages de Titanaugite. Il n'y à*pas de phénocristaux de feldspath. Roche de coulée x '5- — 8. — Tuf basaltique, Permien supérieur. Près de Tchang-hi. x 15- — 9. — Basalte doléritique ; Tchang-hi. Permien supérieur. Accident feldspathique formé de gros microlites d'Andésine. x 15- — 10. — Basalte doléritique à tendances ophitiques sous le col de Tsouen-tien-po. Grandes plages de Titanaugite violacé, Olivine, Ilménite, Spliène, Magnétite. Gros microlites d'Oligoclase-Andésine souvent englobés par le Titanaugite. Roche de coulée, x 15. — 11. — Basalte doléritique entre Ta-tzeu et Chou-kou. Grandes plages de Titanaugite violacé ; Olivine en grains arrondis ; Plagioclase en grands phénocristaux d'Andésine, microlites d'Andésine-Oligoclase, Tita¬ naugite, Olivine, Magnétite, Ilménite. x 15- — I2- — Tuf de labradorite. Dans les grès moscoviens de Tien-chann. x 15. ETUDE GEOLOGIQUE J. DEPRAT DU YUNNAN ORIENTAL Géologie générale Mém. Serv. géol. de l'Indo-Chine Planche XX Photocollogr. Mémin, Arcueil (Seine). Clichés ,T. Deprat. ™ ni J :1 v f|prJ $00$ r '" ^wfc;.' . ■ / " ■' „ ' . , ■ w,® . -• ' m . sfT- m. * 'l ,V S» ' . . ' * ■ §ga| "; l'-.'Vg ' v?;i| m ■ ': ">*■" ' ■ ■ - >Ji -: ' * . •-.••«■ r,! ■ ; JR - . ... • :■: ".V,>•.' ■èM Wm :%§i ;. vrV,. ■• ' :v -- \ , , • - • ■ - ' : ' ' ' ..i.jfv:- ■: M?y ....... :' .. ... :.. ; . . 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