EXPOSITION COLONIALE INTERNATIONALE PARIS 1931 INDOCHINE FRANÇAISE SECTION ECONOMIQUE /'i INSPECTION GENERALE DES MINES ET DE L'INDUSTRIE 'W- L'INDOCHINE ÉCONOMIQUE HANOI IMPRIMERIE DEXTRÊME-ORIENT î 931 > sUm '$ >* WsgÊÛÊgÊtsSiïÊ , If , !#®l8#!liS gMWWWHBy jsi : ■•■■■■ . Me GHïT M ■ EXPOSITION COLONIALE INTERNATIONALE PARIS 1931 INDOCHINE FRANÇAISE SECTION ECONOMIQUE INSPECTION GENERALE DES MINES ET DE L'INDUSTRIE L'INDOCHINE ECONOMIQUE Mb T CENTRE DE DOCUMENTATION ET DE RECHERCHES SUR L'ASIE DU SUD-EST ET LE MONDE INDONESIEN BIBLIOTHEQUE HANOI IMPRIMERIE D'EXTRÊME-ORIENT 193 1 . L'INDOCHINE ECONOMIQUE INTRODUCTION Situation géographique L'Indochine française occupe la partie orientale de la péninsule dont le Siam et la Birmanie constituent les parties centrale et occidentale. Elle est comprise entre les 9e et 233 degrés de latitude nord et les 100" et 107° degrés de longitude est. Ses frontières terrestres confinent par le nord à la Chine du sud (provinces du Kouang-Toung, du Kouang-Si et du Yunnan) ; par le nord-ouest à la Birmanie; par l'ouest au Siam. Elle est baignée au sud-ouest par les eaux du Golfe du Siam, à l'est par la Mer de Chine méri¬ dionale. On peut traduire ses traits principaux en la comparant à un S, dont la partie centrale est formée par la Chaîne Annamitique et dont la boucle infé¬ rieure correspond au delta du Mékong et la boucle supérieure au delta du Fleuve Rouge, centres vitaux de l'activité économique. Constitution politique Politiquement, l'Indochine française est constituée par l'union de cinq pays qui sont, du nord au sud : le Tonkin, puis l'Annam à l'est et le Laos à l'ouest, ensuite le Cambodge et enfin la Cochinchine. On y rattache le territoire de Kouang-Tchéou-Wan, cédé à bail à la France par la Chine en 1899 et qui est placé sous l'autorité du Gouverneur général. La Cochinchine est une colonie, l'Annam et le Cambodge, des pays de protectorat; le Tonkin, pays de protectorat nominal, et le Laos, partie co¬ lonie, partie protectorat, ont des régimes spéciaux. - 6 — L'installation des Français en Cochinehme remonte à 1862. Le protectorat sur le Cambodge fut établi en 1 863 à la demande du Roi Norodom, menacé par le Siam ; ce dernier pays dut, en 1907, rétrocéder à la France la province cambodgienne de Battambang, où se trouvaient notamment les ruines d'Angkor. Le protectorat sur l'Annam et le Tonkin fut imposé en 1883 au roi d'Annam Tu-Duc. Enfin le Laos, formé de provinces non unifiées et dépendant plus ou moins étroitement des souverains de l'Annam et du Cambodge, fut occupé pro¬ gressivement par les Français et administré par eux à partir de 1899. Organisation administrative a) Organisation des pays de l'Union. En Cochinehme, l'administration française est directe; elle a à sa tête un Gouverneur. Auprès des rois de l'Annam, du Cambodge et de Luang-Prabang, la France est représentée par un Résident supérieur dont les arrêtés donnent force exécutoire aux décisions prises par le souverain. L'autorité du roi de Luang-Prabang ne s'étend qu'à une partie du Haut- Laos. Le Résident supérieur qui réside en dehors du royaume de Luang- Prabang, à Vientiane, administre directement le reste du Laos. Au 1 onkin, avant l'arrivée des Français, l'autorité du rori d'Annam s'exer¬ çait par l'intermédiaire d'un vice-roi ; la vice-royauté a été supprimée en 1897 et le Résident supérieur agit depuis lors comme délégué permanent du souverain annamite. Les chefs d'Administration locale, Gouverneur ou Résident supérieur, sont secondés par des administrateurs des Services civils, placés à la tête des provinces. En pays de protectorat, ces fonctionnaires contrôlent immé¬ diatement les autorités indigènes et disposent de la force armée locale (garde indigène). Les chefs d'Administration locale ont, en principe, sous leur autorité, les chefs des. Services techniques locaux, même si ces services, comme les Douanes et Régies, les Postes et Télégraphes, etc... sont orga¬ nisés pour des fins générales. Ils sont assistés en Cochinehme d'un Conseil colonial élu, appelé à voter le budget local, et, dans les autres pays, d'un Conseil de Protectorat ayant un rôle consultatif et une composition variable suivant les pays. Au 1 onkin , en Annam et au Cambodge, a été 'en outre créé, par le décret du 4 novembre 1928, un Conseil des intérêts français économiques et financiers, composé de membres élus et appelé à émettre des avis, purement consultatifs, sur les mesures intéressant la vie économique et financière du pays. Ce Con¬ seil se réunit une fois par an sur convocation du Résident supérieur en session ordinaire, et peut également être convoqué en session extraordinaire. Les chefs d'Administration locale arrêtent, pour faire race aux dépenses des services publics, un budget local, alimenté par des impôts directs, qui doit, en principe, se suffire à lui-même, sauf à recevoir des subventions du budget général lorsque les circonstances les rendent nécessaires. b) Organisation du Gouvernement général. A la tête de l'Union Indochinoise est placé un Gouverneur général dé¬ positaire des pouvoirs du Président de la République, qui réside à Hanoi ou à Saigon. 11 est secondé par un haut fonctionnaire portant le titre de Secrétaire général de l'Indochine et par les chefs des Services généraux, chargés seulement, en principe, de fonctions d'inspection et de contrôle. Le Gouverneur général est assisté en outre du Grand Conseil des intérêts économiques et financiers de l'Indochine et du Conseil de Gouvernement, le premier créé, le second réorganisé par le décret du 4 novembre 1928. Le Grand Conseil, composé d'élus des diverses assemblées locales fran¬ çaises et indigènes et de quelques notabilités désignées par le chef de la Colonie en dehors des fonctionnaires en activité de service, constitue, auprès du Gouverneur général, la représentation directe des intérêts des divers pays et des différentes races groupés dans 1'Umon Indochmoise. Il a des attribu¬ tions consultatives en toutes matières économiques et financières et déliibé- ratives en matière d'emprunt et d'impôts indirects. En cas de non approbation d'une proposition de l'Administration soumise à ses délibérations, le Grand Conseil peut être appelé à délibérer une deuxième fois. Si, après cette seconde consultation, la délibérât:on du Grand Conseil n'est pas approuvée par le Gouverneur général en Conseil de Gou¬ vernement, il est statué par un Comité de conciliation composé, sous la pré¬ sidence du Gouverneur général, de trois membres du Grand Conseil désignés par cette assemblée et de trois membres du Conseil de Gouvernement dési¬ gnés par le Gouverneur général. Le Grand Conseil se réunit une fois par an en session ordinaire sur la convocation du Gouverneur général et peut être en outre convoqué en session extraordinaire. Le Conseil de Gouvernement, composé de hauts fonctionnaires, civils et militaires, français et indigènes, du député de la Cochinchine et des délé¬ gués au Conseil supérieur des Colonies de l'Annam, du Tonkin et du Cambodge, est le Conseil privé du Gouverneur général, qui est tenu à le consulter, avant de prendre sa décision, sur les catégories d'affaires, notam¬ ment d'ordre financier, désignées par le législateur colonial. Ce Conseil tient au moins une session par an pour l'établissement du budget général. En dehors des sessions, les affaires importantes de la compétence de ces divers conseils sont soumises à des commissions permanentes pnses dans leur sein. SOL — CLIMAT — POPULATION Sol Résumé géographique. — Le caractère dominant de la géographie hu¬ maine de l'Indochine est un contraste particulièrement accentué entre les régions élevées, fort étendues, mais généralement boisées ou incultes et par suite faiblement peuplées, et les parties basses, deltas et autres plaines côtières d'une altitude de quelques mètres seulement, qui sont beaucoup moins vastes, mais, intensément cultivées, nourrissent les neuf dixièmes de la population totale. Le haut pays Indochinois offre un relief aux formes jeunes : chaînes de montagnes d'altitude presque toujours modérée, mais séparant des vallées profondes, où coulent des fleuves au cours torrentiel ou coupé de rapides; épanouissements de vallées ou plateaux rares et peu étendus. Si on laisse de côté les médiocres montagnes des Cardamomes et de Païlin qui bordent le golfe de Siam, le système orographique de l'Indochine se compose essentiellement de la Chaîne annamitique qui, allongée du sud- est vers le nord-ouest, occupe presque tout le pays compris entre le moyen Mékong et la côte de la mer de Chine, tous deux parallèles à sa direction, et du très large massif où elle vient se perdre au nord et qui, première assise des montagnes de l'Asie-Centrale, couvre tout le Haut-Laos, le nord de l'Annam et la plus grande partie du Tonkin. Atteignant la mer au sud et à l'est par des contreforts qui morcellent l'habitat côtier des Annamites en autant de casiers de relations jadis dif¬ ficiles, la chaîne principale présente, avec, d'ailleurs des sommets dépassant 3.000 mètres sous la latitude de Quang-Ngai, une continuité et des hauteur et largeur minima assez grandes pour constituer entre les peuples établis sur les rivages de la mer de Chine et dans la vallée du Mékong, une barrière autrefois à peu près infranchissable. Mais ni cette chaîne qui offre des cols de quelques centaines de mètres, d'altitude seulement, ni surtout ses contreforts n'opposent d'obstacles très sérieux à la construction de routes, « automobilables » et de chemins de fer; et l'on trouverait sans doute — to — peu d'exemples aussi frappants de l'influence de la technique européenne des communications sur la géographie humaine que la transformation, déjà com¬ mencée, de l'Annam et du Bas-Laos par l'ouverture récente de la route côtière qui relie le Tonkm et la Cochinchine et de celles qui traversent la Chaîne annamitique, et par la construction en cours des chemins de fer qui les doublent. Quelques plateaux fertiles (Darlac, Pleiku, Boloven) qui prolongent la chaîne vers l'ouest sont ou seront ainsi, en outre, rendus accessibles à la colonisation européenne. Le massif septentrional n'offre pas les mêmes facilités. Si ses points culminants — un peu plus de 3.000 mètres entre le Fleuve Rouge et la Rivière Noire — ne sont pas plus élevés, la hauteur de ses cols et de ses plateaux (Hua-Phan, Tran-Ninh) qui s'étalent à 1.200 ou 1.500 mètres au-dessus du niveau de la mer, la direction nord-ouest — sud-est des vallées qui le découpent au nord et surtout sa grande épaisseur s'opposent à l'éta¬ blissement économique d'une voie de pénétration assurant aux plaines étroites de Vientiane et du Haut-Mékong un débouché vers le nord-est sur le golfe du Tonkin. Au contraire, l'hydrographie du Haut-Tonkin est favorable à la mise en communication des provinces méridionales de la Chine avec la mer. L'un des traits frappants de l'Indochine du nord est le parallélisme, à la direc¬ tion nord-ouest — sud-est, des lits de nombreux cours d'eau et, des chaînes encaissantes, qui s'observe depuis la basse Rivière Claire au nord et qui se poursuit au sud vers le Mékong. La plus importante et aussi la plus rectihgne de ces vallées, celle du Fleuve Rouge, mène droit au Yunnan, et si la rapidité du cours de ce fleuve en rend la navigation difficile en dehors de la plaine terminale, son lit ouvre à la voie ferrée l'accès de la base des hauts plateaux yunnanais. De même, les rivières dont la réunion forme, au nord du Fleuve Rouge, le Thai-Binh, conduisent vers le nord-est, c'est-à-dire dans une direction toute différente, au pied de cols bas livrant un passage aisé dans le bassin moyen de la rivière de Canton. La route de Lang-Son, ville qui appartient déjà à ce dernier bassin, est particulièrement facile : elle est suivie par une voie ferrée donnant à l'un des plus importants districts du Kouang-Si son meilleur débouché vers la mer. A l'opposé, le puissant Mékong, qui, à son entrée au Laos, a pourtant déjà parcouru depuis les hauts plateaux tiibétams la mo.tié de son long cours (5.150 kilomètres) reste, en amont de Vientiane, d'une navigation difficile; et même entre cette ville et le Cambodge,' une rupture de charge est imposée aux chaloupes à vapeur, par les chutes de Khône toute l'année, et par certaines rapides d'amont durant la saison des basses eaux. Aussi les provin- — il —■ ces du Haut-Laos tendent-elles à chercher une issue vers la plaine du Ménam, fleuve de Bangkok, assez peu éloignée du Mékong et desservie par une voie ferrée. Quant au pays de Vientiane, adossé aux montagnes de l'Indochine française, il voit s'étendre devant lui l'immense plaine siamoise de la rive droite du grand fleuve, séparée du bassin du Ménam par une ride étroite qu'a franchie depuis longtemps le ranl venant de Bangkok et avan¬ çant rapidement vers le moyen Mékong. En raison du coût élevé du trans¬ port sur celui-ci, seule la voie ferrée projetée pour relier à la mer de Chine le bief de Vientiane permettra de lutter avec quelque efficacité contre les effets économiques de ces circonstances naturelles défavorables. Les régions riches rizicoles n'appellent iti, malgré leur importance, qu'une brève description. La plus peuplée d'entre elles, qui groupe avec une densité extraordinai- rement élevée plus du tiers des habitants de l'Indochine, est le delta tonkinois du Fleuve Rouge et de son satellite le Thai-Binh. La plus vaste et la plus productive, qui nourrit un autre tiers de la popu¬ lation et fournit la partie la plus grande, de beaucoup, des exportations de riz, est formée du delta du Mékong et de son médiocre acolyte Indochinois, le Donnai', delta qui couvre la Cochinchme presque entière, et les basses plaines du Cambodge, bordant le Mékong et les Grands lacs : à signaler ici la régulation du niveau du Bas-Mékong due à l'existence de ces réser¬ voirs naturels, qui, par le Tonlé-Sap, courte voie d'eau à courant de sens variable les reliant au Grand fleuve, s'emplissent à la fin de la saison des hautes-eaux en limitant l'amplitude des crues de celui-ci, et ralentissent au contraire en saison sèche la baisse de ses eaux en y déversant leur trop- pi enn. Enfin, près du dernier tiers de la population de l'Indochine s'égrène le long de la côte de la mer de Chine, autour de l'embouchure des fleuves qui arrosent les divers casiers du pays d'Annam, cours d'eau de faible longueur, mais néanmoins d'un volume important dans leur partie basse en raison de l'abondance des pluies sur tout ce versant de la Chaîne annami- tique. Aperçu géologique. — La structure géologique de l'Indochine offre quel¬ ques traits qui sont d'intéressants facteurs de sa géographie économique. Avant de décrire rapidement les principaux terrains sédimentaires non métamorphiques, il faut mentionner leur substratum cristallophyllien de mi¬ caschistes et de gneiss qui affleure en de nombreux points au Tonkin et en Annam, et au contact desquels a été temporairement exploité, sur la rive gauche du Fleuve Rouge, un gisement de graphite. — 12 — Au cours de l'ère primaire, le pays a été fréquemment, sinon générale¬ ment, recouvert par des mers ou bras de mer plus ou moins profonds. De ces temps lointains datent notamment les puissants massifs calcaires, d'âge variable, dont un exemple pittoresque est donné par les îles rocheuses de la baie d'Along et qu'on utilise comme pierre à chaux ou à ciment; c'est d'autre part au contact ou dans les anfractuosités de tels calcaires que se sont formés ou déposés les calamines (minerais oxydés de zinc) et les phos¬ phates de chaux exploités au Tonkin et aussi, pour les seconds, au Cam¬ bodge. Après cette grande extension des mers primaires, coupée d'ailleurs de ré¬ gressions, les eaux mailines commencent à se retirer définitivement à l'époque triasique : la formation, d'âge au plus rhétien, des remarquables gisements de charbon, d'ordinaire anthraciteux, de l'Annam et surtout du Tonkin, qui témoigne de l'existence proche de terres couvertes de végétaux, est l'un des épisodes de cette évolution. Avec l'époque hasique, qui marque l'aube des temps jurassiques de l'ère secondaire, se manifestent les dernières traces, d'ailleurs assez rares, des dépôts marins en Indochine. Cette exception mise à part, jurassique et crétacé marins y sont inconnus : après le lias, l'Indochine est demeurée définitivement et complètement émergée, et l'on n'y rencontre plus que des sédiments d'eau douce. Tel est le cas des grès, rapportés à l'ère secondaire, dont les couches horizontales et épaisses, agricolement pauvres, portent la forêt clairière re¬ couvrant la plus grande partie de la vallée du Bas-Laos et du Cambodge. L'ère tertiaire est représentée par de petites cuvettes de- formations la¬ custres, qui offrent parfois des gisements de lignite exploitables. A l'ère quaternaire enfin se rapportent de puissantes formations alluvion¬ naires dont les plus jeunes sont aussi les plus intéressantes : ce sont les terres des deltas, ou plus généralement du bas-cours des fleuves, qui, arrosées par les copieuses pluies tropicales et, en outre, irriguées ou inondées pé¬ riodiquement, produisent les abondantes moissons de riz, bases de l'économie indochinoise. Parmi les roches cristallines, l'on citera, en raison de leur intérêt écono¬ mique, les granités, d'âge généralement ancien, à l'auréole de certains des¬ quels appartiennent les gisements d'étain du Haut-Tonkin et du Laos et dont d'autres sont sans doute les roches mères des saphirs recueillis par lavage d'alluvions dans le sud-est du Cambodge, — les péridotites plus récents du Nord-Annam dont les produits d'altération (serpentines) contien¬ nent de la chromite, minerai de chrome exploitable au moins dans les résidus de leur désagrégation, — et surtout les basaltes de la décomposition desquels - i3 — tirent leur origine des terres noires et des terres rouges, généralement réputées pour leur fertilité ; les dernières, en particulier, sont recherchées pour la plantation des arbres à caoutchouc, des caféiers, des théiers. Sous les climats tempérés, l'action des agents météorologiques — eau chargée d'acide carbonique, oxygène de l'air — fait subir d'ordinaire aux roches cristallines basiques la décomposition kaohnique, qui produit des silicates d'alumine hydratés, élément essentiel d'argiles d'ailleurs riches en fer à un degré d'oxydation variable. Sous les tropiques grâce à quelque facteur propre aux climats chauds ou du moins plus actif, les réactions chi¬ miques sont plus complètes : la silice tend à se séparer de l'alumine et à disparaître ainsi que d'autres éléments solubles, de sorte que le terme ultime de cette décomposition dite latéritique serait une association d'alumine et d'oxyde ferrique hydratés, à l'état colloïdal. Les oxydes ainsi séparés se réagglomèrent parfois en une cuirasse latérique, dont un exemple, riche en silice, est fourni en Indochine par le bienhoa, pierre qu'on rencontre en abondance près de la localité cochmchinoise de ce nom et qui est fréquente dans certaines alluvions anciennes rendues par elle impropres à la culture. Mais, au voisinage même des basaltes, l'asso¬ ciation des deux types de décomposition donne une terre douée, quand les circonstances sont favorables, de qualités physiques et chimiques remarqua¬ bles : sa pauvreté en argile la laisse meuble et poreuse; néanmoins, grâce à la présence de ce peu d'argile et des oxydes hydratés également colloïdaux, elle retient l'humidité; enfin, elle contient, lorsqu'elle n'a pas été trop délavée par les .pluies à la suite d'un déboisement ou épuisée par la culture, des éléments minéraux assimilables, provenant de la roche éruptive mère, qui sont de première importance (acide phosphorique, potasse). Ces basaltes et les terres rouges qui en dépendent sont particulièrement abondants dans le sud-est de l'Indochine (est de la Cochinchine, plateaux de Djiring, du Darlac, de Pleiku, du Boloven), mais ils se rencontrent jus¬ que dans les provinces les plus septentrionales de l'Annam. On rapporte à l'époque quaternaire les éruptions d'où ils proviennent : au reste, si les ap¬ pareils volcaniques encore aisément reconnaissables sur le sol propre de l'In¬ dochine sont éteints, l'éruption sous-mamne qui, en 1923, a fait apparaître temporairement un îlot de cendres dans le prolongement même de l'arc des coulées basaltiques, à une centaine de kilomètres de la côte du Sud-Annam est venue attester l'existence encore toute proche de foyers d'activité vol¬ canique. La tectonique de l'Indochine, c'est-à-dire l'ensemble des rapports de position entra ces divers terrains et roches engendrés par les mouvements de — 14 — l'écorce terrestre, est fort compliquée et on n'en esquissera ici que quelques traits généraux, d'intérêt économique ou géographique. Les formations anciennes, jusqu'au lias, ont été phssées dans toute l'In¬ dochine et même, parfois, au Tonkin et dans le Haut-Laos, décollées et charriées les unes au-dessus des autres dans un ordre contraire à leur suc¬ cession chronologique. La mise au jour, par ces accidents, des terrains anciens dans le nord de la péninsule et la fréquence des fractures qui les intéressent conditionnent heureusement l'abondance des gisements métalli¬ fères; d'autre part, l'intensité des phénomènes de plissement qui affectent les gisements de charbon triaso-rhétien, dans les zones les plus troublées n'est pas sans compliquer l'exploitation, notamment, des veines de charbon mi-gras et gras, formées quelquefois en chapelet et souvent redressées jusqu'à la verticale. L'on relève, dans les directions des plissements et des charriages, deux orientations dominantes à s'en tenir aux traces manifestes aux yeux mêmes du géographe. Certes, quelques rides anticlinales ou vallées synclmales mises à part, le relief actuel n'est pas l'expression directe des déforma¬ tions de'jadis; mais toute érosion nouvelle, s'exerçant sur la tranche même arasée et aplanie de couches redressées, entame surtout celles d'entre elles qui sont les moins résistantes, ainsi que les zones de contact anormal, et révèle, par cette sculpture, la direction même des plis. L'une de ces deux orientations principales, qu'on attribue à des mouve¬ ments de la fin de la période triasique, est celle des deux arcs sud-ouest, nord-est du Mékong (bief frontière de la Birmanie, bief aval de Luang- Prabang), de l'arc parallèle de son affluent le Nam-Hou et du cours supé¬ rieur de certaines rivières du Tonkin. L'autre direction, perpendiculaire à la précédente, est celle qui est bien marquée par la vallée sud-est nord-ouest du Fleuve Rouge où le plisse¬ ment a été particulièrement énergique, et qu'on observe depuis la vallée de Cao-Bang au nord, jusqu au bief du Mékong à l'amont de Thakhek, au sud : des plissements intenses ainsi dirigés ont eu lieu au cours de l'ère primaire, puis après le dépôt des bassins houillers. Depuis le début du secondaire, l'Indochine émergée n'a plus connu, en général, de plissements, réserve faite pour ceux, de faible amplitude et toujours de la direction du Fleuve Rouge, dont témoignent les petits bassins ligriitifères. En revanche, les déplacements verticaux de l'écorce, générateurs proba¬ bles des transgressions et régressions marines antérieures, n'ont point cessé. Leur continuation, jusqu'à une époque toute récente et peut-être même jusqu'aux temps actuels, est nécessaire pour expliquer en particulier la jeu- nesse du relief des montagnes îndochinoises, contrastant avec 1 'âge1 ancien de terrains qui, s'ils n'avaient été surélevés par des mouvements bien pos¬ térieurs à leur formation, eussent été depuis longtemps arasés au niveau de la mer par l'érosion. Climat L'Indochine française comprise entre le huitième degré de latitude nord et le trop'que du Cancer a un climat tropical, caractérisé par l'élévation de la température (1) (moyenne annuelle d'envuron 26 degrés) qui varie très peu ou relativement peu de l'été à l'hiver et par l'abondance des pluies (hauteur annuelle de l'ordre de deux mètres) qui sont concentrées dans la saison où le vent souffle de la mer et rares dans la saison dite sèche où il souffle de terre. La température moyenne varie assez peu dans la zone intertropicale : par contre le contraste des saisons froide et chaude s'accroît rapidement quand on s'éloigne de la région équatoriale. Observations de la période 1907-1929. villes latitl 1 de tempérât ohls moyenne température maximum température minimum Saigon Phnom-Penh Ilué 1 10° 47 1>1° 35 16° 26 27,6 27,4 25,1 40,0 40,5 39,5 17,7 15,0 10,5 Hanoi 21° 2•■ 23,9 42,8 5,6 P Paris 48° 49 10,4 38,4 — 15,4 . Durant l'hiver boréal, le vent souffle du continent asiatique vers la zone équatoriale plus chaude : c'est la mousson du nord-est dont l'infléchisse¬ ment sur le méridien est dû à l'action déviante de la rotation terrestre. Abor¬ dant normalement la côte du Centre-Annam, elle 1 arrose de pluies abon- (I) Les maxima de température relevés en Indochine paraîtront assez peu supérieurs à ceux qu'on note dans certains pays tempérés, à Paris, par exemple. Mais il ne faut pas oublie! que, pour apprécier les effets physiologiques d'un climat, il est nécessaire de tenir compte de la persistance des fortes chaleurs et, également, d autres facteurs, principalement 1 humi¬ dité relative, dont l'accroissement, entiavant l'évaporation respiratoire et cutanée par laquelle le corps tend à se refroidir, équivaut à une élévation de température. — i6 — dantes entre novembre et janvier. La mousson naturellement sèche au Ton- kin où elle souffle de terre, l'est également dans le bassin du Mékong (Laos, Cambodge et Cochinchme), qu'elle n'atteint qu'affaiblie et débarrassée de son humidité par les précipitations qui ont eu lieu sur le versant oriental de la Chaîne annamitique. Pendant l'été boréal, une dépression se forme sur les plateaux de l'Asie centrale soumis à un échauffement spécialement prononcé. Les vents pro¬ voqués tendent, en raison du mouvement de rotation de la terre à s'enrou¬ ler autour du centre de la dépression en spirale, dans le sens inverse de celui des aiguilles d'une montre : cette mousson d'été, qui souffle du sud- ouest dans l'Océan Indien et le Golfe du Siam s'infléchit vers le sud-est dans les mers de Chine. Venant de la mer, elle provoque, de mai à octobre, des pluies abondantes dans tout le bassin du Mékong et dans l'extrême sud de l'Annam. De même, soufflant du sud-est dans le golfe du Tonkin, elle détermine en ce dernier pays une saison des pluies à peu près de même durée. En Annam, où la direction de la mousson s'écarte peu de celle de la côte son action est monns régulière; la saison des pluies d'été y est plus tardive, ne débu¬ tant franchement que vers le mois de septembre et se relie à celle des pluies d'hiver souvent plus violentes. Hauteur de pluie mesurable en mm. (Année moyenne de fa période 1907-1929). MOIS SAIGON PHNOM-PENH HUÉ HANOI Janvier 17 6 173 24 Février 3 10 78 36 Mars • 16 44 105 47 Avril 41 ai 52 90 Mai 212 129 110 218 Juin 339 155 80 268 Juill.et 309 180 82 321 Août 284 167 116 355 Septembre . ... 345 223 357 269 Octobre 280 261 649 105 Novembre , 113 131 729 48 Décembre 62 45 372 28 Année 2.022 1.432 2.903 1.809 — 17 — Population i Aucun recensement véritable n'ayant jamais été effectué en Indochine, on ne possède sur la population indochinoise que des données assez grossières. Le nombre global des habitants est évalué à vingt millions environ, ce qui, pour une étendue de 740.000 kilomètres carrés, correspond à une densité de vingt-huit habitants par kilomètre carré. Superficie et population évaluée en 1926 des divers pays de l'Indochine. PAYS SUPERFICIE (1.000 km2 NOMBRE d'habitants (milliers) HABITANTS par km2 Annam Cambodge Cochinchine Laos • Tonkin Indochine entière 148 181 05 231 115 5.600 2.500 4.100 850 7.400 38 14 70 4 • 64 740 20.500 28 Dans un même pays, la densité de la population varie beaucoup suivant les provinces; au Tonkin par exemple, elle passe de moins de dix habitants au kilomètre carré dans certains territoires montagneux de la frontière chi¬ noise à plus de trois cents dans les provinces du delta. L'Indochine présente une grande diversité ethnographique. Trois peuples principaux, d'homogénéité d'ailleurs inégale, l'habitent : l'Annamite, le Cambodgien et le Laotien. Mais sans parler des étrangers d'immigration récente, on y rencontre aussi de nombreuses peuplades secondaires différant des précédentes et entre elles par l'aspect, la langue et les moeurs. Le tableau suivant fournit un ordre de grandeur de l'importance des divers groupes ethniques : — 18 — Population de l'Indochine suivant le groupe ethnique en 1926. GROUPE ETHNIQUE EFFECTIF (milliers) PROPORTION pour mille Européens 35 2 Sujets ou protégés français : Annamites 15.000 731 Muong 200 10 . r Laotiens Thaï ) > Autres 500 24 700 33 Man 100 5 Meo 100 5 Indonésiens 800 39 Cambodgiens 2.400 110 Autres ....•••• 300 15 Sujets étrangers : Chinois 400 20 Indiens .. • 10 — Total 20.500 1 000 Parmi les Européens, sont compris les Français originaires des vieilles colonies, les métis d'Européens, les Japonais, les Philippins et d'une ma¬ nière générale, toutes les personnes de statut européen. La population européenne active était en 1929 de 20.000 personnes envi¬ ron, dont 8.000 militaires et 5.000 fonctionnaires civils. AGRICULTURE, ELEVAGE, FORETS, PECHERIES. INDUSTRIE Agriculture t L'Indochine est un pays essentiellement agricole. Produits alimentaires. — Sa principale culture demeurée presque entière¬ ment aux mains des indigènes est celle du riz, aliment fondamental de la population, et, en outre, la plus importante des marchandises d'expor¬ tation. Les semis de riz en terre sèche ne servent qu'à la nourriture des popula¬ tions clairsemées de la montagne. Mais toutes les plaines irrigables, où se concentre la population, sont occupées par des rizières du type habituel, champs inondés où sont repiqués les jeunes plants. Au Tonkin et en Annam, où la saison sèche est relative¬ ment peu sévère, beaucoup de rizières portent chaque année deux moissons, chacune d'ailleurs assez pauvre; en raison de la densité extrêmement élevée de la population, surtout dans certaines provinces du delta du Fleuve Rouge, peu de grain reste disponible pour la vente au dehors. Dans les pays de l'ouest et du sud, où le régime régulier des moussons fait alterner une saison d'été humide et une saison d'hiver sèche en opposition bien tranchée, ni n'est fait annuellement qu'une récolte, en hiver, dont la richesse dépend de l'abondance des pliiies au cours de l'été précédent, mais est toujours assez grande, dans le delta du Mékong, pour fournir un fort contin¬ gent à l'exportation : on sait que les trois pays — Birmanie, Siam, Indo¬ chine française — qui possèdent les plaines basses des grands fleuves de la presqu'île indochmoise sont les grands exportateurs de riz du monde. Parmi les autres céréales, seul le mai s, qui est cultivé dans toute l'Indo¬ chine donne heu à une production importante et à une exportation notable presque entièrement dirigée vers la France. D autres plantes, dont les graines (haricots et doliques...), les tubercules (patates...) ou les racines (manioc...) jouent un rôle important dans l'ali- — 20 — mentation des indigènes sont cultivées par ceux-ci en terrains non irrigables ou sur les rizières asséchées entre deux récoltes de céréales. La canne à sucre est cultivée sporadiquement par les indigènes dans les plaines des divers pays de l'Union. La cassonade obtenue par les procédés traditionnels de fabrication familiale donne lieu à une exportation notable du Centre-Annam vers la Chine. Des entreprises européennes ont été récemment fondées en Cochmchine et au Cambodge, en vue de l'aménagement et de l'exploitation de grandes plantations de variétés sélectionnées de canne à sucre et de leur traitement pour sucre blanc dans des urines pourvues d'un équipement moderne. Le théier, qui croît à l'état sauvage dans certaines régions montagneuses, est connu depuis longtemps des indigènes, qui le cultivent en Annam et au Tonkin et en préparent les feuilles par des procédés primitifs. De nouvelles plantations, créées par l'initiative et les capitaux français dans les terres rouges des plateaux d'Annam et dotées d'usines bien équi¬ pées, commencent à envoyer en Europe un thé noir de première qualité. Le caféier (Coffea arabica) a été introduit par les planteurs français dans la Moyenne Région du Tcnkin, qui comprend les terres, d'altitude encore médiocre, bordant le delta du Fleuve Rouge. D'autres plantations, d'une assez grande étendue, viennent d'être établies dans les terres rouges du Nord-Annam et du Sud-Annam. Le café, produit de l'espèce particulière¬ ment prisée nommée Moka, alimente la consommation locale, qui se déve¬ loppe même parmi les indigènes, et est en partie exporté en France (Le Havre). Le poivrier, cultivé par des Chinois dans une aire assez étroitement limitée au rivage du golfe de Siam, sur les confins de la Cochinchine et du Cam¬ bodge (province de Kampot et de Ha-Tiên) est un produit d'exportation assez important, qui fournit la majeure partie de la consommation fran¬ çaise. Produits aromatiques, médicinaux, etc... — Les feuilles de bétel et la noix d'arec, fruit d'un palmier très répandu, qui associées à de la chaux, composent un masticatoire d'usage universel en Indochine, et, jusqu'ici encore, le tabac sont entièrement utilisés par la consommation locale. Sont, en revanche, surtout destinés à l'exportation i'am's étoilé, fruits desséchés qui sont fournis par un arbuste, cultivé dans les environs de Lang-Son et qui sont expédiés en France aux fins de distillation pour essence (essence de badiane) ainsi que les cardamomes, fruits desséchés d'arbres du genre Amomum, et la cannelle ou éeorce de cannelluer, qui sont fort prisés des Chinois pour leur parfum et surtout comme toniques; Amomum — 2 1 — et cannellier croissent à l'état sauvage et sont exploités dans la forêt, le premier surtout dans le massif du sud-ouest du Cambodge, le second dans les montagnes d'Annam, mais il sont également cultivés par les populations voisines. Produits oléagineux. — La plus importante des plantes oléagineuses est le cocotier qui, cultivé principalement par les indigènes dans le Sud-A.nnam et en Cochinchine, livre à l'exportation une quantité notable de coprah (amende desséchée de la ncrfix). Puis viennent le ricin (Cochinchine, Tonkin), dont on expédie soit les graines, soit l'huile résultant de leur broyage, et, les arachides et le sésame, exportés surtout à l'état de graines. Produits textiles. — La sériciculture est une petite industrie familiale pratiquée dans toute l'Indochine où le mûrier fournit des feuilles toute l'an¬ née, et où les vers-à-soie fournissent plusieurs pontes. Le cotonnier n'est surtout cultivé que par les indigènes, principalement au Cambodge, sur les berges inondées du Mékong, qui fournissent une fibre estimée, en partie exportée. La filature et le tissage locaux fournissent une fraction notable des cotonnades absorbées par l'Indochine. Le kapok est le duvet garnissant les capsules du kapokier ou faux-cotonnier du Cambodge, arbre cultivé surtout par les indigènes de ce dernier pays; il est utilisé sur place et donne lieu aussi à quelque exportation. Produits industriels. — Le plus important est le caoutchouc, entièrement exporté. L'introduction de l'hévéa, ou arbre à caoutchouc, dans le sud de l'Indochine, est due à l'initiative française; et aujourd'hui encore, au con¬ traire de ce qui se passe en Malaisie et aux Indes néerlandaises, il n'est que peu d'indigènes qui se soient intéressés à sa culture. Les plantations en cours ou récemment créées, dans l'est de la Cochinchine et au Cambodge, triple¬ ront ou quadrupleront la surface maintenant en rapport et pourraient fournir la majeure partie de la gomme actuellement consommée par la France. Une petite industrie indigène fort intéressante, développée au Tonkin, et accessoirement au Cambodge, est celle de la laque, vernis épais, d'une grande résistance mécanique et chimique et susceptible d'un beau poli, qui est utilisé pour revêtir, par une technique assez compliquée, des objets en bois, d'usage courant ou d'art. On prépare la laque à l'aide du latex de certaines espèces d'arbres, dont la plus importante est cultivée dans la moyenne région du 1 onkin. La partie de cette matière première non con¬ sommée sur place est exportée principalement sur le Japon et LIongkong. — 22 — On ne confondra pas avec elle le stick-lac (laque en bâtons) ou gomme laque brute, qui est le produit aggloméré autour des rameaux de certains arbres, de la sécrétion d'insectes diptères vivant en colonies. L'aire de production du stick-lac est limitée, dans le monde, à une zone comprenant les provinces du centre et du nord de l'Inde britannique et les montagnes de la presqu'île indochinoise. On le récolte parfois en forêt, au Laos, mais on l'obtient surtout, dans ce dernier pays et dans le Haut-Tonkm, par la culture des arbres porte-insectes; des indigènes, de Phu-Tho (Tonkm) ont appris, d'ouvriers hindous amenés par un Français, les tours de main permettant de transformer par broyage, lavage et fusion, le stick-lac en gomme laque marchande (button-lac ou macarons noirs, et shelh lac ou minces lamelles blondes). La gomme laque est un isolant électrique de premier ordre, la manière de choix pour la fabrication des disques de phono¬ graphes, etc... Statistiques agricoles. — Le montant de la production indigène est fort mal connu. Les statistiques agricoles sont basées sur la déclaration, non contrôlée, des autorités indigènes locales; elles comportent des erreurs trop fortes pour que leurs variations apparentes d'une année à l'autre recouvrent quelque réalité. Cependant le tableau suivant fait connaître l'ordre de gran¬ deur de la production rizicofe, par pays, pour une année moyenne de la période actuelle; il doit être bien entendu qu'on ne doit attribuer aux chiffres figurant à ce tableau que la valeur d'une très grossière approxima¬ tion. Estimation approximative de la superficie cultivée, de la production en riz et du rendement. (Année moyenne 1925-1929). superficie production rendement production PAYS des en à par tôle rizières riz l'hectare d'habitant 1.000 Ha 1.000 Qx Quin taux Annam 970 10.000 9 2 Cambodge 650 8.000 H 4 Cochinchine 2.300 28.000 12 7 Laos 250 2.500 10 3 Tonkin 1.250 17.000 13 2 Ensemble de l'Indocbine 5.500 65.000 12 3 - 23 — Quant aux produits dont l'exportation est le principal débouché, et c'est le cas de la plupart de ceux des entreprises européennes, le volume de leur production est pratiquement mesuré par celui des sorties d'Indochine. Principaux produits de /'agriculture exportés d'Indochine. PRODUITS 1913 1923 1925 1927 1929 1 l Milliers de tonnes Itiz al dérivés — équivalent en paddy (riz non décortiqué). 1.705,0 1.789,0 2.026,0 2.280,0 1.989,0 ! Maïs 133,0 39,0 57,0 58,0 141,0 Poivre ■ •. . 4,2 3,9 3,8 4,2 3,8 Cardamomes 0,3 0,9 0,7 0,4 0,4 Calé vert 0,2 0,6 0,4 0,4 0,3 Thé 0,4 0,9 1.0 0,8 1,0 Arachides 0,6 0,7 2,4 0,5 0,6 Haricots et doliques 1,9 2,4 1,3 1,5 3,5 Cannelle 0,3 0,5 0,6 0,7 0.6 1 Sucre (cassonnade) 3,9 12,7 2,9 5,2 1,6 Caoutchouc brut 0,2 5,7 8,0 9.6 10,3 Coprah 5,6 12,-5 8,9 9.7 12,5 ' non égrené ,Colon ) , , ? egrene 3,5 3,4 1.4 2,0 1.3 1.4 1,5 2,1 0,6 0,8 Kapok 0,1 0,6 0.6 0,5 0,8 Sésames (graines) 1,2 0.9 1,3 1,8 0,9 Ricin (graines) — 0,1 1.9 1,1 0,3 Huile de ricin 0,6 0,5 0,5 1,1 0,7 Laque 0,1 0,7 0.8 0,9 1,1 Sticklac ou gomme laque brute 0,7 1,2 1,3 1,0 1,3 Gomme laque préparée 0,1 1 0,1 0.1 ■ Hydraulique agricole. — En Indochine, pays dont la culture essentielle est celle du riz, la question de l'irrigation est de première importance. Les travaux d'hydraulique agricole entrepris en Indochine peuvent se classer en trois catégories suivant qu'ils ont pour objet : 1 ° D'irriguer les. terres hautes trop sèches ; 2° De drainer et d'assécher les terres basses inondées; 3°' De protéger au moyen de digues les régions menacées par les crues du Fleuve Rouge au Tonkin. Le tableau suivant fait apparaître l'importance des travaux exécutés en Cochinchine et au Tonkin : 1020 1921 1922 1923 1924 1925 1926 1927 1928 1929 DRAGAGES DE COCHIWCHIN'E t Cubage, dragué chaque année RENFORCEMENT DES DIGUES du Fleuve Rouge ; Cubage exécuté chaque année 1.000 mctres cubes; 7.100 5.600 8.300 8.900 9.300 8.200 2.500 6.800 7.600 8.000 2.000 1.800 900 800 1.300 2.800 1.700 8.900 5.800 6.000 Elevage L'Indochine n'est pas un pays de grand élevage. Elle suffit, cependant, à ses besoins et fait même quelques exportations sur les pays voisins. Les animaux domest ques les plus nombreux sont les volailles, les porcs, les bœufs, de boucherie ou de trait (au Cambodge et au Laos surtout), les buffles, utilisés au labourage et hersage des rizières, qui sont abondants dans toute l'Indochine, les chevaux de selle ou de bât, de petite taille, qui sont produits surtout dans le Haut-Tonkin, au Cambodge et dans le Sud-Annam, et enfin les éléphants, encore utilisés comme porteurs au Cambodge, au Lacs et surtout chez certaines tribus indonésiennes de la Cordillère annamitique. On exporte des volailles et des porcs de Cochinchine sur Singapour, des volailles et quelques buffles du Tonkin sur Hongkong. Les bœufs ont donné lieu à des sorties assez importantes du Cambodge sur les îles Philip¬ pines et sur Singapour. Il faut mentionner enfin, à titre de curiosité, les éléphants qui, très abondants à l'état sauvage dans les forêts de la Cordillère annamitique, sont capturés et domestiqués par certaines tribus Pnong et ex¬ portés en nombre appréciable vers le Siam et la Birmanie où ils sont utilisés notamment à l'exploitation des forêts de teck. — 25 — Forêts L'Indochine possède de vastes forêts couvrant la plupart des régions montagneuses, à l'exception des territoires limitrophes de la Chine, et une grande partie des plaines non irrigables du Cambodge et du Laos. On estime qu'un tiers environ de la surface boisée est constitué par des peuplements intacts et inexplorés. Un second tiers est en voie de disparition ou d'appauvrissement grave, que la déforestation soit due à la destruction au moins périodique, sinon définitive, des arbres, en vue de la culture du riz par ray, ou à leur abatage, en dehors de tout contrôle, pour d'autres fins économiques. Le dernier tiers seul est soumis à une exploitation contrôlée. Mais cette exploitation qui produit environ 90 % du revenu tiré par la Colonie de son domaine forestier, est en fait insuffisamment surveillée. Produits forestiers. — L'un des caractères de la forêt est l'extrême variété des essences. On compte en Indochine plus de 800 espèces botaniques arbo¬ rescentes. Le plus abondant des bols d'oeuvre est le dâu, nom commercial d'un bo is de construction de deuxième ordre, mi-dur et mi-lourd, fourni par diverses espèces du genre dipterocarpus, à croissance assez rapide, et utilisé pour la charpente couverte, la batellerie de rivière, la menuiserie communs. Le teck croît lentement sauf en son jeune âge, dans les forêts du Haut- Mékong, surtout sur la rive siamoise. Ses billes sont évacuées par flottage à travers les rapides du grand fleuve jusqu'au delta; mises à l'eau isolément, elles sont assemblées en radeaux au-dessous des chutes de Khône. C'est un très bon bois, résistant bien aux insectes, que son grain lin, sa faible rétractibihté et son excellente tenue à l'humidité font particulièrement appré¬ cier pour la construction des navires. Le !im est le principal des bois de fer des Annamites : très lourd (densité 0,98) et extrêmement dur — il repousse le clou, — imputrescible, résistant indéfiniment aux insectes, il constitue l'essence de choix pour la charpente, les traverses de chemins de fer, la menuiserie, la grosse ébénisterie. Les forêts indochinoises offrent, en outre, de nombreux bois d'ébénisterie fine (go, trac, loupes d'espèces diverses). La production de bois des forêts indochinoises est piesque entièrement absorbée par la consommation locale. La seule exportation importante est celle du teck provenant en majeure partie du territoire siamois, et expédié par le port de Saigon sur l'étranger, et, accessoirement, sur la France. — 26 — Signalons enfin, après les arbres proprement dits, deux végétaux dont sont utilisés également les tiges ligneuses. Les bambous se rencontrent dan; les plaines habitées en haies de village, mans sont surtout abondants dans la montagne où ils forment des peuplements homogènes et denses dont les plus aisément accessibles sont exploités par flottage. Le bambou joue un rôle essentiel dans la vie des indigènes; élément principal de la construction des cases des paysans, ?! sert en outre à la confection de nombreux objets usuels. L'industrie européenne en fait, au Tonkin, de la pâte à papier. Une petite quantité de bambous Indochinois est exportée, surtout vers la France. Le rotin, liane de la famille des palmiers, remarquable par la ténacité de ses tiges, est abondant dans les forêts indochinoises. Fort utilisé par la petite industrie indigène (amarres, vannerie, meubles légers) il est exporté en quantités notables sur Hongkong. Le charbon de bois est produit en grande abondance et exporté en partie sur la Chine. Ce dernier pays achète également des oléorésines, livrées notamment par des arbres de la famille des Diptérocarpées. L'incision de l'éccrce du « Styrax tonkinense » essence appelée Bo-dè pratiquée sur les individus vivant à assez grande altitude dans le nord de l'Indochine, fournit le benjoin, résme utilisée en parfumerie et en phar¬ macie et exportée en France. Le cu-nâu, matière universellement utilisée par les paysans annamites du nord pour teindre leurs vêtements en brun rouge, est constitué par les tubercules ligneux d'une liane, du genre Dioscorea, qu'on rencontre dans les forêts du Tonkin et du Nord-Annam. On en exporte en Chine. PÊCHE La pêche est une industrie indigène fort active qui fournit aux habitants de l'Indochine une partie importante de leur nourriture. Les rizières submergées et toutes les nappes d'eau stagnantes abondent en poissons et crustacés consommables. Le long des fleuves, des villages entiers, dont certains formés de cases flottantes, ne vivent que du produit des eaux. La pêche en eau douce se pratique en grand au Cambodge, surtout dans le Grand-Lac. Rempli durant la saison des pluies par l'afflux des eaux du Mékong, il couvre alors 10.000 km2, inondant des forêts où le poisson trouve des conditions exceptionnellement favorables à sa reproduc¬ tion. Lorsqu'il se vide en saison sèche, son niveau baisse de huit mètres 27 — environ et sa surface ne compte plus que 3.000 km2, de faible profondeur; le Grand-Lac est alors l'un des champs de pêche les plus productifs du monde et attire des dizaines de milliers d'indigènes. Il livre ainsi chaque année une centaine de milliers de tonnes de poissons, qui sont conservés surtout par dessiccation au soleil. La pêche en mer se pratique sur toutes les côtes de l'Indochine, d'un développement de 2.500 km. et notamment dans le Golfe de Siam. Les explorations de l'Institut Océanographique ont montré la possibilité d'un chalutage à vapeur fructueux, au large des embouchures du Mékong, lorsque 1 arrivée à la mer des poissons provenant du Grand-Lac en décrue provoque la concentration d'espèces carnivores. La pêche maritime fournit un sous-produit digne de mention, le nuoc- mam, condiment liquide qui est obtenu par la fermentation en saumure de certaines espèces de poissons et dont les Annamites font une grosse con¬ sommation. Les produits de la pêche donnent lieu, sous leurs diverses formes, à une exportation considérable à destination de Singapour (poissons secs), de Hongkong (crevettes sèches) et de la France (graisses de poisson d'utilisation industrielle). Industrie L'activité industrielle de l'Indochine est principalement consacrée à 1 ex¬ traction des produits minéraux. Industrie minière. — La plus importante des richesses du sous-sol indo- chinois est la houille. Le principal bassin est celui de la Baie d'Along (Ton- kin) qui produit des anthracites consommés sur place ou exportés en Chine, au Japon et, accessoirement, en France et même au Canada. L'exploitation de ce gisement rencontre des conditions favorables : la situation et l'épaisseur des couches permettent l'extraction d un tonnage important à ciel ouvert ; grâce à la densité de la population du delta tonki¬ nois la main-d'œuvre est abondante; les centres d'extraction, enfin, se trouvent à proximité de ports en eau profonde, naturels ou aménagés : Port- Wallut (Kébao), Cam-Pha, Hon-Gay, Port-Redon (Dông-Triêu). Grâce à d'importants travaux et au développement de l'outillage mécanique, l'ex¬ traction des principales sociétés productrices d'anthracite a été fortement accrue au cours des dernières années. Les mines produisant du charbon gras ou demi-gras (principalement Phan- Mé et Ninh-Binh au Tonkin) sont moins importantes et n'alimentent que la consommation locale. Un excellent lignite est également extrait, notamment à Tuyên-Quang. — 28 — Production de houille en Indochine. ANNÉES ANTHRACITE CHARBON GRAS ou demi-gras LIGNITE a itilliers de tonne S 1913 501 8 — 1-923 1.002 50 5 1924 1.170 60 4 19-25 1.309 48 6 1926 1.246 38 5 1927 1.440 39 7 1928 1.018 34- 15 1929 1.903 39 30 1930 ..... 1.878 '48 29 La plupart des mines de zinc sont concentrées au Tonkin sur la rive gau¬ che du Fleuve Rouge dans la région de Tuyên-Quang, Thai-Nguvên et Bac-Kan ; les plus (importantes sont celles de Cho-Diên et de Trang-Da. Le principal minerai extrait est la calamine (carbonate ou silicate de zinc) ; la teneur moyenne en métal des produits marchands est de 40 % environ. Depuis 1925, l'usine de Quang-Yên transforme une partie de plus en plus importante des minerais produits en métal, exporté presque uniquement au Japon. Production de zinc en Indochine. ZINC métal produit Milliers de tonnes 1913 33,4 15,4 — 1923 30,5 13,0 — 1924 42,6 16,8 0,1 1925 53,0 20,8 1,2 1926 61,5 25,2 1,9 1927 55,2 22,3 1.2 1928 . 52,2 21,5 2,9 1929 47,5 18,8 3,8 1930 38,1 15,9 3,9 MINICRAIS ■extraits ZINC contenu dans les minerais — 29 — Les flancs du massif granitique du Pia-Ouac (Haut-Tonkin) recèlent des filons contenant des minerais d'étain et tungstène : cassitérite (bioxyde d'étain) et wolfram (tungstate de fer et de manganèse). On exploite surtout les éboulis ou alluvions nés de leur désagrégation ; la cassitérite qui en est extraite, d'une teneur voisine de 70 % après préparation, est transformée en majeure partie sur place en un métal dont la meilleure qualité titre 999 0/00. Au Laos, dans la vallée de la Nam-Patène, existe un autre gisement d'étain dont l'exploitation est plus récente; le minerai extrait est une limo- nite stannifère, dont les concentrés contiennent environ 50 % d'étain. Production d'étain et tungstène en Indochine. MINERAIS extraits CONTENU DES MINERAIS Etain Anhydride tungstique ETAIN métal produit Tonnes 1913 197 44 92 — 1923 077 365 77 307 1924 852 472 87 307 1925 ■ 1.068 591 109 327 1926 1.070 ■ 603 99 332 1927 1.279 710 127 312 1928 1.446 763 10-5 262 1929 1.579 839 ■115 304 1930 2.105 1.009 132 288 L'or est exploité notamment à Bong-Miu (Annam) et recherché en divers points. Des gisements de phosphates, inclus dans des roches calcaires, et indivi¬ duellement peu étendus, mais nombreux, sont exploités ou en voie d'aména¬ gement au Tonkin, dans le Nord-Annam, au Cambodge et en Cochin- chine. La production annuelle de phosphate brut est de 20.000 tonnes environ, utilisées par la riziculture locale. Des saphirs sont extraits par une colonie d'origine birmane, installée à Pailin (Cambodge). Industrie de transformation. — Des usines de transformation de produits agricoles sont installées soit sur les lieux de production (distilleries fabriquant de l'alcool de riz à Hanoi et Nam-Dinh au Tonkin, à Battambang au — 30 — Cambodge, etc..., filatures de soie à Phu-Phong en Annam et à Phnom- Penh au Cambodge), soit dans les ports d'embarquement (rizeries et distille¬ ries de Cholon, rizeries de Haiphong). En outre, à proximité des gisements de houille, dans le delta du Fleuve Rouge, fonctionnent de grandes usines d'élaboration de produits minéraux : cimenterie et verrerie à Haiphong, fonderie de zinc à Quang-Yên. Des manufactures diverses ont été enfin établies dans des provinces où abonde la main-d oeuvre ; filature et tissage de soie et de coton à Nam- Dinh, fabrication d'allumettes à Bên-Thuy, etc... TRANSPORTS ET COMMERCE Transports Chemins de fer et tramways. — Les chemins de fer de l'Indochine, à voie d'un mètre et à traction à vapeur comprennent : a) Un réseau d Etat, appartenant au Gouvernement général et exploité par celui-ci et comprenant : — La courte ligne de Saigon à My-Tho (Cochinchine), construite de 188! à 1885; — Les deux sections en service du « 1 ransindochinois », qui doit relier la frontière du Siam à celle de Chme par une voie d'environ 2.600 kilo¬ mètres de longueur traversant le Cambodge, la Cochinchine, l'Annam et le Tonkin, à savoir : De Saigon à Nha-Trang, section construite de 1901 à 1913; De Tourane à Na-Cham, section dont les parties Dôngdang-Hanoi-Vinh et Dôngha-1 ourane, datent de 1902-1908, la petite section terminale Dôngdang-Nacham n'ayant été mise en service qu'en 1921. et l'impor¬ tante lacune centrale Vinh-Dôngha n'ayant été comblée qu'en 1927; — L'embranchement, de la ligne de Saigon à Nha-Trang destiné à desservir la station d'altitude de Dalat, qui est en service sur la section de Phanrang Tour-Cham à l'Arbre broyé (depuis juillet 1928), mais est encore en construction sur le parcours terminal de l'Arbre broyé à Dalat; b) La ligne de Haiphong à Lao-Kay (frontière de Chine) construite de 1899 à 1906 qui est propriété d'Etat mais dont l'exploitation est assurée, avec participation de la Colonie dans les bénéfices, par la Compagnie Fran¬ çaise des Chemins de fer de l'Indochine et du Yunnan. Les chemins de fer du réseau d'Etat ont été construits et équipés par le Service des Travaux publics sur fonds d'emprunts réalisés avec, garantie de l'Etat français. Il en est de même de la ligne de Haiphong à Lao-Kay. Cette dernière ligne est prolongée en territoire chinois par la voie ferrée de Lao-Kay à Yunnanfou construite par la Compagnie des Chemins de fer — 32 — de l'Indochine et du Yunnan avec l'aide du Gouvernement général et exploitée par la Compagnie. Les progrès de l'exploitation des chemins de fer indochinois au cours des années récentes sont mis en lumière par les données qui suivent : Chemins de fer de l'Indochine (y compris la ligne Lao-Kay-Yunnanfou). ANNÉES LONGUEUR moyenne exploitée NOMBRE de. voya.geurs Kilomètres NOMBRE de tonnes Kilomètres RECETTES totales DÉPENSES totales Kms Mill ions 1.000 piastres 1913 2.021 237 55 4.842 3.625 1923 2.075 307 105 7.528 5-905 1924 . •• 2.075 329 119 7.651 6.279 1925 2.075 337 119 8.338 6.519 1926 2.075 369 444 8.306 7.011 1927 2.389 437 129 8.795 8.090 1928 2.395 480 138 9.945 8.474 1929 2.395 483 139 10.072 9.214 Plusieurs lignes de chemins de fer sont actuellement en construction : — La ligne de Ben-Dong-Xo à Lôc-Ninh prolongeant le tramway de Cholon à Ben-Dong-Xo ; — La section Phnompenh-Battambang du Transindochinois, au Cam¬ bodge ; — En Annam, la section Tourane-Nhatrang, dont l'achèvement assu¬ rera la continuité du rail depuis la frontière chinoise jusqu'à Saigon; — Enfin la ligne Tanâp-Thakhek qua, s'embranchant sur le Transindo¬ chinois et aboutissant au Mékong, reliera la grande artere fluviale du Laos aux autres pays da l'Union et à la mer. Quelques lignes de tramways à traction à vapeur ou électrique sont exploitées, en général par des compagnies concessionnaires, dans les villes de Saigon et de Hanoi et dans leurs environs. — 33 — Routes. — La construction d'un système de routes d'un grand déve¬ loppement, constitué essentiellement par une grande artère, courant de la frontière septentrionale du Tonkin à la frontière du Siam, sur laquelle s'embranchent diverses voies traversant la chaîne annamitique et de nom¬ breuses routes d'intérêt local, et par des réseaux secondaires de plaines, parmi lesquels celui de Cochinchine est particulièrement important, est l'une des œuvres principales exécutées en Indochine sous l'impulsion et la direc¬ tion françaises. On distingue admimstrativement les routes en coloniales, locales, pro¬ vinciales ou communales selon que leur entretien incombe aux budgets du Gouvernement général, des cinq pays de l'Union, des provinces ou des communes. La circulation des automobiles, et notamment des roitures de transport en commun utilisées par les indigènes, s'accroît rapidement. Routes (coloniales et locales); automobiles. (Situation au 31 décembre de chaque année). ANNÉES LONGUEUR empigrrée LONGUEUR en terrassement LONGUEUR totale VOITURES de tourisme et camions eu circulation Kilomètres Nombre 1923 11.598 9.338 20.936 6.090 . 1924 12.093 9.386 21.479 8.180 1925 13.173 10.234 23.407 9.120 1926 12.994 9.964 22.958 13.980 1927 13.558 10.535 24.093 15.700 192S 14.220 10.462 24.682 17.000 1929 14.585 9.418 24.003 17.700 N avigation maritime. — L'Indochine est reliée à la France par : 1 " Les lignes postales de la Société des Services contractuels de la Compagnie des Messageries Maritimes, société qui bénéficie d'une garantie d intérêt de l'Etat français et dont l'exploitation est gérée par la dite com¬ pagnie ; — 34 — a) Ligne postale rapide à passagers du Japon, de Marseille à Yokohama, qui touche l'Indochine à Saigon (périodicité : quatorze jours dans chaque sens) ; h) Ligne postale à passagers d'Indochine, de Marseille à Haiphong, par Saigon et Tourane (périodicité : vingt-huit jours dans chaque sens). 2° La ligne de paquebots mixtes (marchandises et passagers) de la Com¬ pagnie des Chargeurs Réunis : des ports du nord de la France à Haiphong via Saigon et Tourane (périodicité : vingt-huit jours dans chaque sens) ; 3° Les lignes libres de cargos de la Compagnie des Messageries Mari¬ times et de la Compagnie des Chargeurs Réunis. Indépendamment des relations assurées par la ligne postale du Japon, les deux principaux ports de la Colonie, Saigon et Haiphong, sont reliés aux pays voisins d'Extrême-Orient par diverses lignes postales (à passagers) régulières de navigation, qu'exploitent des compagnies locales subvention¬ nées, à savoir : De Saigon à Singapour, tous les quatorze jours dans chaque sens, en correspondance avec les malles étrangères d'Europe; De Saigon à Java, tous les vingt-huit jours dans chaque sens; De Saigon à Bangkok, tous les vingt-et-un jours ; De Haiphong à Hongkong, tous les cinq à six jours en moyenne, en correspondance avec les malles étrangères d'Europe; Ou quelques sociétés d'armement étrangères : de Haiphong à Hongkong, de Réam (Cambodge) à Bangkok, de Saigon à Java; Et enfin par des lignes de cargos plus ou moins régulières (ligne française de Saigon aux ports de la Chine du Sud, p. ex.). Parmi les services maritimes n'intéressant que les seuls ports indochinois, doit être mentionnée la ligne postale subventionnée de la Compagnie des Messageries Maritimes de Saigon à Haiphong, via Qui-Nhon et Tourane, qui assure dans le premier de ces ports la correspondance des paquebots de la ligne postale Marseille-Yokohama, dans les deux sens. L'Indochine possède deux grands ports maritimes en rivière, Saigon et Haiphong; trois ports en eau profonde, Hon-Gay, Cam-Pha (tous deux réservés à l'embarquement des charbons) et Ban-Goi ; un port en rivière avec avant-port en eau profonde, Tourane, et un certain nombre de ports côtiers secondaires fréquentés par la navigation au cabotage : Bên-Thuy, Qui-Nhon, Nha-Trang, Phan-Rang et Phan-Thiêt en Annam ; Ha-Tiên en Cochinchine ; Kep et Réam au Cambodge. - 35 — ANNÉES VAPEURS entrés an Indochine TONNAGE des marchandises entrées et sorties (navigation au long cours) Nombre Tonnage total à Saigon à Haiphong 1.000 tonneaux 1.000 tonnes 1913 1.128 2.345 1.600 500 1923 1.551 3.429 1.528 620 1924 1.378 3.405 1.513 683 1925 1.317 3.731 1.818 681 1926 1.446 3.784 1.978 819 1927 1.476 4.012 2.053 739 1928 1.472 4.573 2.230 801 1929 1.492 4.529 1.860 877 Navigation fluviale. — Les fleuves, rivières et canaux du Bas-Tonkin et de la Basse-Cochinchine sont parcourus par de nombreux bateaux à itiné¬ raires réguliers, dont la plupart assurent des services postaux subventionnés. La ligne de navigation fluviale qui a de beaucoup le plus grand développe¬ ment est celle qui dessert le Mékong depuis Luang-Prabang (Haut-Laos) jusqu'à la latitude de Saigon, qu'elle rejoint par l'un des nombreux canaux de la Cochinchine. Malheureusement, si le port de Pbnom-Penh est acces¬ sible même aux cargos de mer de tonnage moyen, qui y embarquent du riz, le Haut-Cambodge et le Laos ne peuvent être atteints que par des bateaux de faible tirant d'eau. Les chutes de Khône, à l'entrée du Laos, obligent toute l'année à un transbordement qui se fait par voie ferrée. Des bateaux à appareil moteur puissant peuvent, durant les hautes-eaux d'été, remonter de Khône à Vientiane sans rupture de charge ; mais aux basses-eaux, cer¬ tains rapides infranchissables nécessitent des transbordements. En amont de Vientiane ne circulent régulièrement que des pirogues à moteur. Postes, Télégraphes et Téléphones. — Les Postes, Télégraphes et Télé¬ phones constituent en Indochine un monopole d'Etat, dont les recettes et les dépenses sont incorporées au budget général. Le déficit d'exploitation est dû à la multiplicité des bureaux à faible rendement créés dans l'intérêt de la population indigène, au prix de certains transports postaux exécutés par automobiles, à la longueur et au coût élevé d'entretien des lignes télégraphiques. — 36 — Les opérations postales et télégraphiques, qui se répartissent entre le service intérieur, le service franco-colonial, le service intercolonial et le service international sont de même nature que dans la Métropole. Postes, Télégraphes et Téléphones. années nombre de bureaux ouverts mandats intérieurs émis (Montant) télégraphe (service intérieur) téléphone recettes totales des P. T. T. Longueur lu réseau Nom lire de mots (télé¬ grammes privés) Longueui du réseau Nombre des abonnés Millions de piiislres 1.000 km Millions 1.000 km Milliers Millions de piastres 191.3 314 9 10,3 10,7 0,5 0,8 0,9 1923 372 36 16,8 15,5 2,5 2,9 1,9 1924 375 39 17,0 16,7 3,2 3,4 2,2 1925 386 42 17,0 17,1 3,7 4.3 2,3 1926 398 38 17,0 15,1 4,4 •5,1 2,9 1927 398 39 17,0 16,8 4,4 5,4 3,3 1928 400 39 17,8 15,4 4,5 6,1 3,9 1929 414 41 17,8 16,1 5,4 6,9 4,1 Abstraction faite de quelques lignes terrestres, d'un médiocre trafic, la liaison télégraphique de l'Indochine avec l'extérieur est assurée par le câble sous-marin de la Compagnie anglaise « Eastern Extension Australia et China Telegrah C" » qui relie le Cap Saint-Jacques (Cocbinchine) à Hong¬ kong et à Singapour. Le trafic Indochinois de ce câble a été fortement réduit par la concurrence de la télégraphie sans fil. La difficulté d'établissement et d'entretien des lignes télégraphiques ter¬ restres, le développement des côtes, l'élo.gnement de la Métropole et l'ab¬ sence de liaisons avec celle-ci par un câble français constituent en Indo¬ chine des circonstances favorables au développement de la radiotélégraphie, surtout pour les relations avec la France. Le Service Radiotélégraphique du Gouvernement général exploite ( 1930) dix sept stations dont sept destinées au service intérieur, neuf cotières, chargées de la liaison avec les navires traversant les mers qui baignent l'Indo¬ chine, et une à grande portée, celle de Hanoi, qui assure, par ondes courtes, des communications régulières avec la France (Pontoise), le Japon, Shang¬ hai, Hongkong, Macao, Yunnanfou, — 37 - Trafic télégraphique extérieur. NOMBRE DE MOTS ÉCHANGÉS (départ et arrivée) NOMBRE DE MOTS ANNÉES en transit avec la France avec les autres pays caille T. S. F. câbile T. S. F. cable T. S. F. Milliers rie mots 1923 768 176 1.C23 27 908 _ 1924 ■ 684 434 1.784 47 737 1926 593 442 2.064 101 906 2 19.26 .. 678 576 1.864 131 1.004 70 1927 741 611 1.787 120 907 - 95 1928 512 833 ' 1.695 228 827 111 1929 438 1.003 1.644 327 733 134 Mais la situation radiotélégraphique la plus importante d'Indochine est le Centre radiotélégraphique de Saigon, propriété de l'Etat indochinois, exploitée en régie pour le compte de celui-ci par son constructeur la Compa¬ gnie générale de T. S. F. Ce centre, constitué tout d'abord par un poste à ondes longues d'une puissance exceptionnelle, puis muni tout récemment (1929) de postes à ondes courtes dirigées de très grande portée, assure la liaison fadiotélégraphique directe de la Colonie avec la France (Pontoise), Madagascar, la Nouvelle Calédonie, Tahiti, les Indes néerlandaises, les Iles Philippines, Hongkong, Changhai, le Japon et les Etats-Unis et, depuis avril 1930, la liaison radiotéléphonique avec la France. Commerce Commerce extérieur. — Fe commerce extérieur de l'Indochine est avant tout un commerce maritime : les relations avec la Métropole ou l'étranger ont lieu par l'intermédiaire d'un petit nombre de ports, qui concentrent presque tout le trafic. L'activité commerciale le long des frontières terrestres, fort étendues, est généralement très médiocre et, sous réserve d'une exception importante, ne donne naissance à des transactions notables qu'entre le Siam et le Faos français; l'absence d'un cordon douanier empêche d'ailleurs d'en évaluer - 38 - avec précision le .volume. Le point d'exception est la station frontière de Lao-Kay, sur la voie ferrée de Haiphong à Yunnanfou, par où passent presque toutes les marchandises qu'échange le Yunnan non seulement avec l'Indochine française, mais, ce qui est beaucoup plus important, avec Hongkong, la Chine du sud et les pays d'outre-mer, et qui représentent la quasi totalité du commerce extérieur de cette province chinoise. Commerce extérieur spécial de l'Indochine. ANNEES 1913 1923 i 1925 1926 1927 1928 1929 1930 EXPORTATION IMPORTATION Millions de piastres 123 108 180 180 210 230 230 230 230 180 180 140 150 170 210 200 230 180 La part de la France et de ses colonies, qui est voisine de 50 %, en valeur, dans les importations indochinoises, s'avère beaucoup plus faible en ce qui concerne les exportations (moins d'un quart du total), celles-ci se dirigent pour la plus grande part vers les pays voisins d'Extrême-Orient : Chine, Japon, Indes néerlandaises, Philippines soit directement, soit par l'intermédiaire des entrepôts de Hongkong et Singapour. Cette situation est due à ce que l'Indochine, en dehors des huiles minérales provenant d'Amérique ou des Indes néerlandaises, et de certalmes marchandises d'ori¬ gine chinoise, réclamées traditionnellement par le consommateur indigène, importe principalement des objets fabriqués (tissus, métaux ouvrés, machines, automobiles) que la Métropole peut lui fournir, tandis que la nature même de ses principales productions (riz, poisson salé, houille), lui assure en Extrême-Orient une clientèle que la France ne peut songer à remplacer soit parce qu'elle n'est pas consommatrice de ces produits, soit parce que les charges de fret, rendent pratiquement impossible, pour certaines marchan¬ dises pondéreuses, le transport d'Indochine en France. Toutefois, l'activité récente d'entreprises européennes a eu pour résultat de créer en Indochine — 39 - une production destinée plus spécialement à la consommation européenne et en particulier à la Métropole (caoutchouc, minerais métalliques). Le riz fournit à lui seul près des deux tiers (en valeur) des exportations de l'Indochine. Les principaux produits exportés sont ensuite le caoutchouc, la houille, le maïs, le poivre et les poissons séchés. Exportations d'Indochine. années riz et dérivés caout¬ chouc houille mais poivre poissons séchés Milliers e tonnes 1913 1.286 0.2 331 133 4,2 30 1923 1.339 5,7 689 39 3,9 30 1924 1.230 6,8 723 40 5,0 40 1925 1.520 8,0 701 57 3,8 33 1926 1.597 8,8 889 64 2,8 33 1927 1.666 9,6 1.009 58 4,2 31 1928 1.798 9,8 1.068 128 3,2 31 1929 1.472 10,3 1.350 141 3,8 33 L'Indochine importe principalement des tissus de coton et de soie, des ouvrages en métaux, machines et mécaniques, des huiles minérales, des ouvrages en caoutchouc. Importations en Indochine. huiles acier fils tissus automo¬ bicy¬ pneuma¬ années minérales en de coton de barres écrus coton biles clettes tiques Mill îers de to mes 1913 .... 47 7,1 1,5 9,5 0,1 0,1 — 1923 .... 53 18,1 2,5 7,5 2,0 0,4 0,4 1924 .... 54 13,1 3,0 6,5 2,5 0,4 0,5 1925 .... 57 15,9 3,2 7,9 3,5 0,6 0,5 1926 .... 74 17,0 4,1 il2,4 4,2 1,2 0,5 1927 .... 71 28,7 3,2 10,4 3,9 0,8 0,9 1928 .... 89 11,9 3,3 7,4 3,9 0,8 1,0 1929 .... 93 24,6 2,4 8,4 4,8 0,8 1,2 Commerce intérieur. — Les échanges effectués entre les diverses parties de l'Union mdochinoise et portant sur les denrées produites et consommées localement, de beaucoup les plus importantes, sont difficiles à saisir. En raison de la lacune qui divise en deux tronçons, pour quelques années encore, le réseau des chemins de fer Indochinois, la quasi totalité du com¬ merce du Tonkun et du Nord-Annam (jusqu'à Tourane) avec le Sud- Annam, la Cochinchine et le Cambodge, des provinces de l'Annam non desservies par le rail avec le reste de l'Union indochinoise se fait par l'entre¬ mise du cabotage. » Comme on l'a vu plus haut, dans les diverses régions de l'Indochine, la circulation sur route et la navigation fluviale sont assez actives. FINANCES Monnaie Jusqu'en 1930, l'unité monétaire de l'Indochine était la piastre française de commerce, pièce d'argent du poids de vingt-sept grammes au titre de 0,900, qui contenait donc 24 gr. 3 d'argent fin. E,n veitu du décret du 21 janvier 1875, la Banque de l'Indochine avait le monopole de l'émission, en Indochine, de billets ayant cours légal et pouvoir libératoire, à charge par elle de les rembourser à vue en espèces métalliques d'argent. Monnaie saine en régime intérieur, l'ancienne piastre dont la frappe et l'exportation sous forme métallique étaient interdites, sauf autorisation du Gouvernement, avait, vis-à-vis de l'étranger, le caractère d'une monnaie de papier. Aux fluctuations du change engendrées par celles du marché de 1 argent métallique, venaient s'ajouter celles qui étaient dues à la position de place. Conscient des défauts de ce système et suivant l'exemple du Gouverne¬ ment des Indes Britanniques, le Gouverneur général Maurice long avait, dès 1920, conformément aux conclusions d'une commission monétaire réunie par son ordre à Saigon, proposé l'établissement l'immédiat en Indochine d'un régime monétaire basé sur l'étalon d'or. Ces suggestions furent écartées par le Gouvernement français qui, no¬ tamment, estima impossible d'instaurer dans une colonie française l'étalon d'or avant que la métropole y fût revenue. La loi monétaire française du 23 juin 1928 stabilisant le nouveau franc par rapport à l'or fit tomber cette objection. De plus, la faiblesse de plus en plus accentuée à partir du début de 1929, du marché de l'argent métal, renaît urgente la réforme de la monnaie indochinoise. La convention relative aux opérations préparant la réforme monétaire fut signée le 16 novembre 1929, en même temps d'ailleurs que l'accord touchant le renouvellement du privilège de la Banque de l'Indochine qui, après avoir été le 1 1 décembre — 42 — 1929, approuvé par l'Assemblée générale des actionnaires de la Banque, n'a reçu qu'en mars 1931 la sanction du Parlement. La convention du 16 novembre 1929, indépendamment des clauses tech¬ niques qui réglaient la prise en charge par le Gouvernement général et la réévaluation, pour le compte de ce dernier, de l'encaisse métallique et des avoirs extérieurs de la Banque de l'Indochine, prévoyait essentiellement l'ins¬ tauration, dès qu'auraient été réalisées certaines conditions de sécurité moné¬ taire, d'un régime transitoire, caractérisé par la stabilité de fait du change en devises-or de la piastre indochinoise et destiné à en préparer la stabilisa¬ tion définitive et légale : la Banque s'engageait à acheter ou à vendre des francs au comptant ou à vue, en Indochine, pour les besoins normaux du marché, à des cours ne s'écartant pas de plus de 1 % en plus ou en moins, du taux de base qui lui serait notifié par le Gouvernement français, au moment où la stabilisation de fait serait décidée par celui-ci. Cette décision fut prise dans les premiers jours de janvier 1930 et le cours de base de dix francs fut notifié à la Banque de l'Indochine. Le stock d'or et de devises-or dont disposaient le Gouvernement général et la Banque de l'Indochine, déjà suffisant en janvier 1930 pour assurer la couverture de la circulation fiduciaire indochmoise, fut accru dans les mois suivants. Le 31 mai 1930, les conditions d'une stabilisation définitive et légale étant apparues remplies, le Président de la République signa un décret fixant la définition légale de la piastre à 655 milligrammes d'or au titre de 0.900, soit l'équivalent de dix francs selon la loi du 23 juin 1928. La Banque de l'Indochine, est tenue d'assurer aux porteurs et à vue la convertibilité en or de ses billets. La Banque a la faculté de n'effectuer ces échanges que pour des quantité minima de 50.000 piastres, La proportion de l'encaisse, composée de lingots ou de devises-or, aux engagements à vue de l'Institut d'émission (montant cumulé des billets en circulation et des comptes courants créditeurs) ne peut descendre au-dessous de la limite d'un tiers. Les piastres métalliques existantes, dont un arrêté du Gouverneur général du 3 mai 1930 avait interdit l'importation en Indochine, continuaient pro¬ visoirement à avoir cours légal. Un décret du 12 août 1930 a déterminé les caractéristiques d'une nou¬ velle monnaie métallique d'argent du poids de vingt grammes au titre de 0,900. Des arrêtés du Gouverneur général doivent fixer les conditions dans lesquelles les piastres anciennes seront retirées de la circulation et, le cas échéant, les modalités de frappe de nouvelles monnaies divisionnaires. — 43 - Variations du cours de la piastre depuis la guerre. ANNÉES COURS MOYEN ANNÉES COURS MOYEN en francs en francs-or 1913 en francs en francs-or 1913 1913 2,50 2,39 2,46 2,95 3,60 4,25 6,56 11,57 6,87 2,50 2,41 2,29 2,59 3,25 3,92 4,58 4,19 2,64 1922 6,70 8,46 10.08 11,95 17,01 12,80 12,77 11,46 10,00 2,82 2,69 2,71 2,93 2,82 2,60 2,59 2,32 2,03 1914 1923 1,915 1924 1916 1925 1917 . • • 1926 1918 1927 1919 1928 19-20 1929 1921 1930 Banques Banque d'émission. — La Banque de l'Indochine a, comme il a été indiqué plus haut, le monopole de l'émission en Indochine de billets ayant cours légal et pouvoir libératoire. Son privilège, avant que le Parlement ait approuvé la nouvelle conven¬ tion de novembre 1929, était prorogé périodiquement chaque fois pour six mois. Le siège social de la Banque est à Paris. Ses principales agences en Indo¬ chine sont établies à Saigon, Haiphong, Hanoi, Phnom-Penh et Tourane. Elle possède en outre des succursales, dans d'autres colonies françaises (Nouméa, Papeete, Pondichéry, Djibouti) et des agences à Singapour, Bangkok, Hongkong, Canton, Shanghai, Pékin, Tiên-Tsin, Hankéou et Mongtseu. Le capital de la Banque, de huit millions de francs à l'origine, a été porté à quarante-huit millions en 1910 et soixante-douze millions en 1920. Il va être élevé à cent vingt millions, au cours du premier semestre 1931, conformément aux dispositions de la loi renouvelant le privilège. En dehors de l'émission, la Banque de l'Indochine fait toutes les opéra¬ tions de banque. — 44 - Banque de l'Indochine. (bilan de la succursale de Saigon). lu Avant la stabilisation de la piastre. FIN DU MOIS 1913 — décembre 1923 — 1924 1925 — 1926 — 1927 1928 1929 1930 — ENCAISSE BILLETS (argent) en circu¬ lation COMPTES coi liants créditeurs (Saigon) •Millions do piastres 17,1 32,2 5,0 28,3 28,3 3.1,0 37,3 38,9 48,1 45,0 88,7 93,5 109,4 123,7 129,9 141,9 145,7 146,2 7.0 9.1 12,6 18,3 16,9 18,3 17,1 14,0 2° Après la stabilisation de la piastre. FIN DU MOIS 1930 ENCAISSE "(devisas-or) BILLETS en circu¬ lation COMPTES courants créditeurs (Indochine entière) Millions de piastres juin , 68,1 159,9 32,8 juillet 67,6 148,7 34,9 août 66,5 140,8 38,9 septembre 65,8 136,9 37,9 octobre 64,8 133,5 36,9 novembre 54,9 129,2 33,2 décembre 47,0 121,5 29,9 r4u/res banques. — Les principales banques opérant en Indochine, autres que l'Institut d'émission sont : La Banque Franco-Chinoise pour le commerce et l'industrie au capital de cinquante millions de francs ; — 45 — La Société Financière française et coloniale au capital de quatre-vingt-seize raillions de francs ; La Banque de Saigon au capital de cinquante millions de francs ; Ainsi que des succursales de banques étrangères (Chartered Bank, Hong¬ kong and Shanghai Banking Corporation, etc...). Valeurs mobilières Il n'existe pas encore de bourse de valeurs en Indochine. A défaut de cotations iocales, il est intéressant de suivre la tendance générale des cours des valeurs indochinoise à revenu variable à la bourse de Paris. Depuis la guerre, en effet, le nombre des séries de titres Indochinois cotés à Paris est devenu assez important pour permettre des constatations d'ensemble, ren¬ dues d'autant plus intéressantes que les fluctuations des titres de sociétés exploitant en Indochine ont été souvent très différentes de celles de l'en¬ semble des valeurs françaises. Indices des cours, à la bourse de Paris, des actions de sociétés indochinoises et de l'ensemble des Valeurs françaises à revenu Variable. (base 100 en décembre 1927) 1 ANNÉES ENSEMBLE ries valeurs françaises à revenu variable Indice général Entreprises agricoles Charbon¬ nages Mines métalliques Services publics Banques Divers 1925 63 67 67 65 » 67 68 91 1926 74 99 126 97 » 83 97 112 1927 91 94 99 92 91 85 92 102 1928 131 110 73 118 131 122 133 107 1929 161 106 59 . 99 117 140 130 101 1930 139 66 32 57 44 101 85 69 Il est assez malaisé de connaître, d'une manière complète, le montant des capitaux investis dans les entreprises indochinoises. Cependant toutes les émissions publiques en France et en Indochine doivent faire, préalable- - 46 - ment à toute mesure de publicité, l'objet d'une insertion soit en France au Bulletin des Annonces légales et obligatoires, soit en Indochine au Journal Officiel. Un dépouillement de ces deux publications permet d'avoir une idée satisfaisante sinon du montant absolu des capitaux investis dans les sociétés exploitant en Indochine du moins des variations de l'activité de ces investissements. Emissions publiques des sociétés ayant en Indochine leur siège d'exploitation principal. (Montant effectivement souscrit). ANNÉES CULTURES MINES INDUSTRIE de trans¬ formation TRANS¬ PORTS COMMERCE SOCIÉTÉS immobi¬ lières et banqups ENSEMBLE Millii )ns de frc incs 1924 .... 19,8 15,4 50,1 3,8 27,8 37,5 154,4 1925 .... 85,0 23,6 24,7 11,6 20,8 2,8 168,5 1926 .... 206,4 84,1 70,7 2,8 44,1 67,8 475,9 1927 .... 404,2 63,5 47,7 16,0 46,9 137.1 715,4 1928 .... 72,4 122,0 39,6 19,2 49,6 66,7 369,5 1929 .... 99,8 118,8 58,7 42,0 36,1 250,8 606.2 1930 ... 99,6 78,0 101,3 19,8 33,6 46,4 378,7 Finances publiques Budget général. — Le Budget général groupe les dépenses d'intérêt commun à toute l'Indochine française : arrérages et amortissement de la dette publique, contributions à verser à la Métropole (dépenses militaires et diverses), travaux publics d'intérêt général qui ne sont pas entrepris sur fonds d emprunt, et dépenses des services publics suivants : Gouvernement général et services généraux d'inspection et de contrôle qui en dépendent directement ; Inspection mobile des colonies ; Parquet général et Cours d'appel; - 47 - Administration des Douanes et Régies et des autres contributions in¬ directes ; Administration des Postes et Télégraphes; Etablissements divers d'enseignement public. Le Budget général est alimenté par le produit des droits de toute nature perçus à l'entrée et à la sortie dans toute l'Indochine française, sur les marchandises et les navires, à l'exception des droits consentis au profit des chambres de commerce ou des municipalités ; le produit des régies et des autres contributions indirectes ; les recettes diverses des services dont le fonctionnement est à sa charge. Constituent des Budgets annexes du Budget général : Le Budget du territoire de Kouang-Tchéou-Wan ; Le Budget de l'exploitation des Chemins de fer; Les Budgets des Fonds d'emprunt. Le Budget général est arrêté par le Gouverneur général en Conseil de Gouvernement, après consultation du grand Conseil des Intérêts économi¬ ques et financiers. Il est ensuite approuvé par décret. Les actes modifiant le Budget général en cours d'exécution et les comptes administratifs sont arrêtés et rendus exécutoires dans les mêmes formes. Les taxes et contributions indirectes, autres que les droits de douane, sont établies par le Gouverneur général en Conseil de Gouvernement, après avoir été votées par le grand Conseil des Intérêts économiques et financiers qui possède sur ce point des attributions délibératives, sous la réserve des recours au Comité de conciliation. Les droits de douane à l'importation et les prohibitions d'entrée en vigueur en France sont applicables à l'Indochine. Cependant, des déroga¬ tions au tarif métropolitain peuvent être établies sur la proposition du Gou¬ verneur général. II est statué sur ces demandes de tarification spéciale par décrets, rendus sur la proposition du Ministre des Colonies, après avis conforme des Ministres du Commerce, de l'Agriculture et des Finances et soumis à la ratification du Parlement. - 48 - Budget général de F Indochine. 1913 1923 1924 1925 1926 1927 1928 1929 DEPENSES EFFECTUEES . a; £ Z S.&3 Sr o 12 14 12 7 13 15 16 S O) RECETTES g I 10 15 12 14 14 41 67 66 64 72 88 89 94 Recettes des Douanes Recettes du contri¬ butions indirectes Recettes nettes des régies piastres 9 6 15 11 16 15 10 16 16 9 18 14 15 16 15 24 17 15 26 18 15 28 18 15 SJD — eu tu fi r; h a) 0j C fi S » : « a>' Budgets locaux. — Les divers pays composant le Gouvernement général de l'Indochine possèdent leur autonomie financière. Les budgets locaux pourvoient à toutes les dépenses autres que celles inscrites au Budget général ou aux budgets des municipalités ou des chambres de commerce (ou aux budgets provinciaux) en Annam. Les budgets locaux sont surtout alimentés par les impôts directs : personnel, foncier, patentes, ils bénéficient égale¬ ment du produit de quelques taxes assimilées aux contributions directes et des revenus de leur domaine. Enfin les subventions du Budget général con tribuent pour une large part à leur équilibre. Au Tonkin, en Annam et au Cambodge, le projet de budget, après avoir été discuté devant les conseils locaux à attributions consultatives, est établi par le Chef d'Administration locale en Conseil de Protectorat. En Cochinchine, le budget est voté par le Conseil colonial et arrêté par le Gouverneur en conseil privé. Au Laos, le budget est établi par le Résident supérieur seul. Les impôts, en Cochinchme, sont votés par le Conseil colonial. Au Ton¬ kin, en Annam et au Cambodge, ils sont établis par le Résident supérieur en Conseil de Protectorat, après consultation des conseils locaux. Au Laos, ils sont établis par le Résident supérieur seul. Toutes les délibérations, arrêtés ou ordonnances créant des impôts locaux doivent être approuvés par le Gouverneur général en Conseil de Gouvernement. — 49 - Budgets locaux en 1929. DÉSIGNATION ANNAM Dépenses effectuées .... 10,5 Recettes effectuées (non compris les subven¬ tions). 7,0 Subventions du Budget général 3,6 CAMH0DGE Millions de piastres 12,8 20,7 4,0 18,5 10,9 15,7 1,6 13,7 0,7 3,8 2,3 3,2 Budgets provinciaux. — Ces budgets ont été supprimés en 1912 en Annam, au Cambodge et au Tonkin, ils doivent être rétablis dans ces pays en 1931. Ils n'ont pas cessé d'exister en Cochiinchine. Leurs recettes pro¬ viennent de centimes additionnels, de prestations, de produits affermés, de subventions du budget local. 1200 -1100 - 1000 v> tu c c — TJ S g co o o> m ■o — c E - 150 - 120 - 90 - 80 - 70 w D 2? S " 5 ~ © Q. 0) "O C «j , : O ■ o ai CU w CL E o u fin des années 1M.ARAN PHADHET ^STIJNGTRENG S£NG CAU'l 1 • KOMPONGÎHOM • B.KETHUOT .•CHANTAÔOUN PURSftf KRATIE KOMPONG GHHNANG KO M PO *13 GHAM DALAT« PHUCMPEN^ KOMPONG SPEU SQAl RIEN! Altitude supérieune à 600 mètres. Limites de l'Indo — en in e Ira ngaise. Limites des pays. lemm de exploitation. SACUCU construction. INDOCHINE 120? LLédopravée par ie Service Géographùju& de l'fndocAznes Echelle au i : Z000.000 CENTRE DE DOCUMENTATION ET DE RECHERCHES SUR L'ASIE DU SUD-EST ti Le iwCuMÛE IfyDONtSIEN BIBLIOTHÈQUE p ' <* 4 'WM*;MS0; S?;î WIÈÊÊËÊÈm "V'V v . ,: ■ ■■■■■■ .■■■■".■ ■ , s mmmMM ■ ■■ ; ^ ' , m r SB S S 4- ' " ' : ifPPISll'''''' PPii^ IKS ?-VÏ ï-■ ■•■ ■'■£&$£ >? 1^ 91 $ 'm^mmÉÊÊÈ SmW^m: H •y.-'; i«§# ■ S ■-< r 4\f%0 Éaiʧé T~, *7'* - , - " ? »î K<->: î-W;^ ... .Bw .. , *r ' ifel ■ ". s mffS&k *.-r -- aKSi y^^PPPPPMP .:IS . .v. ■ - ■ ■ v - - v /&&,- - • - ' , „• •' " r , ;■ • •• „ - • ' , .M ... :\'hr . 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