6 H Ê- 3 >3 H JULES BELLEUDY Préfet de Vaucluse Frédéric MISTRAL Elève da Gollège Royal d'Avignon (1842-184.7) 4 4> tDISCOTJlRS "S» «s® pponotieé à la 4" Disttfibutioîi des Pldx du 4 Iryeée d'Hvlgnon 444 le 31 tJUiïlet 1907. 4. 4. 4. !.. VAISON, éditeur -G" Mesdames, Messieurs, Si la vie scolaire en Allemagne, que M. le professeur Fournier vient de nous révéler, d'un style alerte, vous a si vivement intéressés, peut-être ne serez-vous pas indifférents à la vie scolaire d'un de vos anciens au Collège royal d'Avignon. Quelques-uns des élèves qui, avant vous, ont usé leurs culottes sur ces bancs sont devenus illustres. On a dû souvent vous les donner en exemple. Je ne recommencerai pas. J'écarterai de vous et de moi toute exhortation au travail, toute homélie, tout conseil, superflus pour des jeunes gens laborieux comme vous l'êtes tous, je le suppose du moins. J'espère vous rendre attentifs aux pages que, dans ses Mémoires et Récits, Frédéric Mistral consacre aux études qu'il fit dans notre ville. Avant d'y venir, il avait été l'élève de M. Donat dans l'ancien monastère de St-Michel-de-Frigolet. Singulier chef d'institution, ce M. Donat ! Il « grapillait des élèves » soit en acceptant le payement en nature de la pension : charges de blé,, barraux de vin, cannes d'huile, soit en devenant le client du menuisier et de l'épicier qui lui confiaient leur progéniture. Il avait ainsi, dit Mistral, résolu le problème de la banque d'échange. Quel tableau nous fait l'auteur des Mémoires de cette école, de son chef toujours en course pour se procurer de l'argent, du personnel enseignant qui ne manquait jamais de prétexte pour abréger la durée de la classe, de la procession bachique de St-Marcelin à Boulbon, où l'on allait faire bénir les bouteilles et où l'aumônier Talon, sous le dais même, se montra titubant ; des écoliers qui tantôt réparaient les murs en pierres sèches, tantôt rôdaient par les vignes, furetaient dans les grottes à la recherche de la chèvre d'or, ou ramassaient des morilles, tendaient des pièges aux oiseaux, escaladaient, glissaient, dégringolaient si bien que les parents ne pouvaient leur tenir assez de vêtements et de chaussures.