Logement et ségrégation

Classe

Texte

Type de document

fre Tiré à part
fre Article

Titre

fre Logement et ségrégation

Editeur(s)

fre Caisse nationale d'allocations familiales

Date

fre 1979

Lieu de création

fre Paris

Langue

fre fre

Format

fre Fichier PDF
fre 1,36 Mo

Importance matérielle

fre 7 p.

Est une partie de

fre Informations sociales, n° 9-10. Immigration, la métamorphose

pages

fre 52-59

Source

Université Côte d'Azur. BU Saint-Jean d'Angély. Fonds Véronique De Rudder

Droits

fre Libre de droit

Identifiant pérenne

Description

Les immigrés en France sont logés, dans l'ensemble dans de mauvaises conditions que ce soit sur le marché privé, dans le secteur du logement social ou dans les foyers d'entreprise. La pénurie de logements bon marché est en cause, mais aussi la discrimination sous toutes ses formes; la position restrictive de certaines municipalités quant à l'installation de travailleurs étrangers dans leur commune accroît la concentration dans certains quartiers et le phénomène d'exclusion sociale.
Dès cet article écrit en 1979 sur la ségrégation résidentielle des immigrés, isolés ou en famille, Véronique de Rudder avance l'idée que les immigrés font l'objet d'une discrimination intentionnelle de la part de l'Etat. Discrimination que le système entretient à tous les autres paliers de la vie sociale, tant par l'administration que par le laisser faire du marché libéral : « C'est sur le marché du logement social et dans les logements fournis par les employeurs que la dépendance est la mieux organisée: cités de transit et foyers sont les lieux d'un contrôle social omniprésent par l'intermédiaire des règlements, des gestionnaires et du travail social, et les familles étrangères en HLM sont aussi souvent l'objet d'une attention particulière de la part des services sociaux. On observe donc une tendance à la répartition des rôles entre le marché privé qui, faiblement contrôlé, réalise concrètement l'infériorisation des immigrés, et le marché social qui, tout en maintenant partiellement l'infériorisation, tend à instaurer la dépendance sociale. » (p. 59) Elle passe ici d'une analyse du racisme comme une perception des immigrés à leur endroit associé à la crainte d'un "rejet social", à une analyse où le racisme et les discriminations – qu'elle qualifiera un peu plus tard de racistes – font système en vue d'exploiter au mieux les forces de production et de reproduction des populations immigrées et de leurs descendants, en particulier quand ceux-ci viennent des pays ex-colonisés. « Ainsi, le fonctionnement libéral et les mécanismes de la loi de l'offre et de la demande dans un contexte de pénurie amènent des situations explosives sans cesse renouvelées où interviennent de nombreux acteurs sociaux (pouvoirs locaux, organisations politiques ou syndicales, associations d'immigrés ou de solidarité, divers courants de l'opinion publique parfois relayés par les massmedia, etc.) et qui ne peuvent être résolues qu'avec négociations, au coup par coup. D'autre part, une trop grande infériorisation des migrants peut renforcer les préjugés négatifs à leur égard, préjugés qui servent jusqu'à un certain point le maintien de la main-d’œuvre étrangère dans sa situation socio-économique. [...] L'ordre public suppose que les immigrés se comportent dans la vie quotidienne comme les ouvriers français. Outre que cela se heurte à la volonté de conservation de leur identité culturelle de la part d'un bon nombre de migrants, c'est en opposition avec la perpétuation des fonctions économiques de la migration. Plus que d'intégration, c'est d'« invisibilité » sociale qu'il s'agit. Les immigrés sont censés se comporter comme des Français, tout en continuant de leur être socialement et économiquement inférieurs, et cela d'autant plus que l'on attend de leurs enfants qu'ils remplissent les mêmes fonctions qu'eux-mêmes. » (De Rudder, 1979 : 59)
article