Guénon, René (1886-1951)

Classe

Personne

Forme retenue

fre Guénon, René (1886-1951)

Autres formes du nom

fre René Guénon
fre Yahiâ, Sheikh Abdel Wâhed
fre Yahia, Abdel Wahed
fre Abdel Wâhed Yahiâ

Pseudonyme(s)

fre Palingénius, T.
fre Le Sphinx

Identifiant de la personne dans un référentiel externe

Nom de famille

fre Guénon

Prénom(s)

fre René

Langue

fre

Nationalité

fr

Genre

fre masculin

Identifiant pérenne

Date de naissance

fre 15 novembre 1886
1886-11-15

Date de mort

fre 7 janvier 1951
1951-01-07

Lieu de naissance

Lieu de décès

Portrait, représentation de la personne

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fre Guénon, René (1886-1951)

Description

Né à Blois en 1886, dans une famille catholique, René Guénon reçoit à l’école élémentaire l’enseignement philosophique d’Albert Leclère, futur professeur à la faculté de Fribourg, spécialiste des présocratiques, dont le rejet du monde de la science qui s’arrêterait à l’étude des phénomènes et l’idée d’une décadence de l’esprit à partir des socratiques semblent avoir influencé René Guénon dans sa conception intellectuelle du monde. Jusqu’en 1928, il fréquente à Blois l’abbé Ferdinand Gombault, avec qui il partage un très fort rejet critique de la pensée philosophie allemande et de l’orientalisme allemand et une grande méfiance vis-à-vis de la confusion entre spirituel et certaines idées extra-spirituelles comme les apparitions et le spiritisme, ce qui le tient éloigné du mysticisme chrétien. Installé à Paris, il fréquente entre 1905 et 1908 les milieux occultistes et se fait initier au martinisme, un ordre maçonnique dirigé par la figure de Vincent Encausse dit Papus et aux ordres paramaçonniques liés : si finalement René Guénon rejette l’occultisme et ces loges sans héritage spirituel authentique, et envisage même d’écrire un ouvrage contre ce courant spirituel, c’est par leur biais qu’il rencontre les maîtres orientaux qui orientèrent sa vie. Il fonde une revue, « La Gnose » (novembre 1909 - février 1912) : cette revue se veut la suite de la revue « La voie », parue d’avril 1904 à mars 1907 et fondée par Matgioi (Albert de Pourvourville, officier colonial initié au taoïsme au Tonkin entre 1887 et 1891) et Léon Champrenaud, qui l’introduit au soufisme. Par Matgioi, qui publie en 1905 « La Voie métaphysique » et en 1907 « La Voie rationnelle » où figurent une traduction du Tao-të king de Lao Tseu, René Guénon prend donc connaissance de la métaphysique extrême-orientale. En parallèle, il reçoit l’enseignement oral d’hindous, et d’un maître de l’advaita védânta, la forme non-dualiste — qui ne distingue pas l’âme individuelle de la totalité Brahman — de la philosophie indienne āstika. Guénon considérera toujours l'hindouisme comme la tradition la plus proche de la Tradition primordiale (identifiée explicitement par Guénon au Sanâtana Dharma de l'hindouisme) et la doctrine du maître du VIIIe siècle, Adi Shankara comme la formulation la plus pure de la métaphysique. En 1910, il rencontre également le peintre suédois Ivan Aguéli (1869-1917) : celui-ci a passé plusieurs années au Caire où il a été initié au soufisme sous le nom d'Abdul-Hâdi par le Sheikh Abder-Rahman Elish El-Kebir (1845-1922), fondateur de la tarîqa shâdhilite. René Guénon reçoit son enseignement et son initiation soufie sous le nom d'Abdel Wâhed Yahiâ (« serviteur de l'Unique »). Aguéli transmet l’importance doctrinale du grand maître soufi andalou, Ibn Arabi, à Guénon, qui y voit une unité complète avec la doctrine d’Adi Shankara. A partir de 1909, René Guénon publie dans « La Gnose », sous son pseudonyme de Palingénius, une série d'articles intitulés « Le Démiurge » où apparaît sa maîtrise de la métaphysique orientale et en particulier, des textes d'Adi Shankara, puis entre 1910 et 1912, une grande partie du « Symbolisme de la Croix » et de « L'homme et son devenir selon le Vêdânta » ; en 1915, sa correspondance fait état d’un premier état non publié de son troisième ouvrage majeur « Les États multiples de l'être ». Ainsi dès 1915, les trois œuvres capitales de la pensée guénonienne sont rédigées et l’essentiel de celle-ci est fixée.
En juillet 1912, René Guénon se marie à Blois, dans son milieu familial très catholique, et semble revenir au catholicisme, alors qu’il est à ce moment inscrit dans une loge maçonnique officielle et soufi. Il participe même à la revue catholique, « La France antimaçonnique », sous le pseudonyme du Sphinx : il y défend en fait, contre la franc-maçonnerie politique, une réforme de la franc-maçonnerie pour revenir à la « tradition » initiatique et en faire le pendant ésotérique de l’Eglise catholique. Dans sa volonté de renouveau de la tradition occidentale et de réforme de l’« élite spirituelle » occidentale, il entend s’appuyer sur ces deux seules institutions où la tradition aurait été conservée, cette franc-maçonnerie renouvelée et l’Eglise catholique. Il participe aussi entre 1925 et 1927 à la revue « Regnabit », représentative des milieux catholiques intéressés par les symboliques chrétiennes et ésotériques. Réformé pendant la guerre, il rencontre à la Sorbonne où il suit une licence de philosophie, Noële Maurice-Denis, et par son intermédiaire, Jacques Maritain et le milieu néo-thomisme avec lesquels il débat longuement des limitations de la mystique chrétienne par rapport à la métaphysique orientale.
Il se lance sur la scène publique après l’armistice de 1918 dans le but dans cette période choquée de provoquer le renouvellement spirituel de l’Occident. En 1919, il se réinstalle à Paris et en 1921, il fait paraître son « Introduction générale à l’étude des doctrines hindoues », où il critique les méthodes de l’orientalisme académique, incapables d’atteindre le sens intérieur des textes sacrés du fait de l’incompatibilité de pensée entre Orient et Occident, et expose les notions fondamentales pour la compréhension des doctrines hindoues, présentées comme la tradition la plus proche de la Tradition primordiale. Son ouvrage obtient un grand retentissement et est jugé dès 1923 comme un « classique » par René Grousset, et plus tard comme « capital » par André Malraux. Mais il provoque la rupture définitive avec les néo-thomistes et Jacques Maritain. En 1924, il publie son deuxième ouvrage majeur « Orient et Occident » où il s’en prend au dogme de la supériorité occidentale, Occident ayant dévié de la connaissance spirituelle, qui doit accepter de faire appel à la spiritualité et aux intellectuels orientaux, et suggère de transformer le système colonial en système d’association. Il s’inscrit dans la polémique entre d'un côté néo-thomistes et une partie de l’Action française défendant un redressement de l’Occident par le retour au catholicisme, et de l'autre, le courant des « Appels de l’Orient », représenté notamment par Romain Rolland, Jean Grenier, … Du côté néo-thomiste, son livre obtient néanmoins le soutien de Léon Daudet qui « dirigeait » la vie littéraire de l’époque, et de l’autre côté, il est apprécié par Romain Rolland et le milieu autour de lui et de la revue "Europe" ; de même son idée de connaissance supra-rationnelle intéresse les milieux artistiques d’avant-garde, en particulier le surréalisme et Antonin Artaud. René Guénon entre dans la vie mondaine et reçoit chez lui, impressionnant ses visiteurs par ses connaissances, son polyglottisme et son caractère. En 1925, dans « L’Homme et son devenir dans le Védânta », il résume la doctrine du Védânta tout en établissant des rapprochements avec le christianisme, le taoïsme, la kabbale, l’hermétisme, l’islam pour montrer la concordance des enseignements « traditionnels ». Il mobilise également ces différentes traditions dans « Le Roi du monde » en 1927 : il y développe son idée d’un centre spirituel du monde qui conserverait en dépôt la tradition primordiale, qu’il localise en Orient. Mais ce livre fait aussi état d’une rupture entre lui et son guru hindou, contrarié de la révélation des secrets initiatiques opérée par Guénon. Atteint par cette rupture, très critiqué et rejeté par le monde universitaire après ce livre et après la publication de « La crise du monde moderne » en 1927, où il rejette le nationalisme — dans ces mêmes années, il se rapproche et collabore avec les internationalistes, soucieux de développer une union européenne et fonde en 1925, un groupe secret, l’ « Union Intellectuelle pour l'Entente entre les Peuples », travaillant à cette union européenne d’inspiration chrétienne et ultramontaniste dans la lignée de Joseph de Maistre — , veuf en janvier 1928, renvoyé de son emploi au Lycée catholique de Blois en la même année, déçu du catholicisme quand il est congédié de sa participation à la revue « Regnabit », car il refuse de reconnaître la primauté du Christ sur la Tradition, René Guénon n’en fait pas moins beaucoup d’émules autant dans le milieu des Editions Rieder, comme François Bonjean, Emile Dermenghem ou Ananda Coomaraswamy, d’origine tamoule qui devient un de ses collaborateurs les plus importants, lui fournissant beaucoup de documentation notamment sur l’hindouisme et influençant sa vision d’abord négative du bouddhisme, que parmi ses élèves à Blois.
En 1929, il est appelé à collaborer à la revue du « Groupe indépendant d'études ésotériques de Paris », « Le Voile d’Isis » dont il élabore la ligne éditoriale et qui devient la tribune de ses idées et prend en 1936 le titre d’« Études traditionnelles ». Le 5 mars 1930, abandonnant l’idée de faire du catholicisme le point d’appui du renouvellement de la spiritualité occidentale devant le refus de l’Église d’accepter de n’être qu’une tradition parmi d’autres, il quitte la France et s’installe au Caire, d’abord pour trois mois dans le but de rechercher et faire publier des manuscrits soufis, puis définitivement. Il y vit à proximité de l’université al-Azhar et fréquente le cheikh Salama Hasan al-Radi, créateur de la Hamidiyya, une branche réformée de la confrérie soufie Châdhiliyya dont René Guénon avait reçu l’enseignement. René Guénon apprend l’arabe dialectal, écrit en arabe dans la revue « Al-Maarifah », se marie en 1934, et vit en musulman au Caire, ne fréquentant plus les milieux francophones, jusqu’à sa mort en 1951. Comme à Paris, il partage ses idées dans des discussions spirituelles, sans avoir de disciple ni diriger d’école, et ne donne plus signe de vie en France, si ce n’est des articles dans « Le Voile d’Isis », peu suivi. Dans un monde en grand bouleversement, où l’unité et la spiritualité perdent leur place face à l’idéologie, il n’est plus d’actualité, déconseillant à ses émules l’engagement pour la recherche d’un enrichissement spirituel personnel après l’échec de son souhait de renouvellement spirituel général. Dans ces écrits à partir des années 1930, il se concentre alors sur le développement d’une base doctrinale solide et propose la voie initiatique comme chemin spirituel. Il fait paraître ses deux principaux écrits doctrinaux « Le Symbolisme de la Croix » en 1931 et « Les États multiples de l’être » en 1932, et sous forme d’articles publiés ensuite dans les « Aperçus sur l’Initiation » en 1946 et « Initiation et Réalisation spirituelle » en 1952. Alors qu’il insistait auparavant sur la concentration et la préparation doctrinale pour l’élévation métaphysique, il explique comment réaliser cette métaphysique et atteindre cet état d’existence qu’est la Tradition et le chemin initiatique à suivre. En 1946, dans « La Grande Triade », il développe sa théorie sur la place de l’homme dans le monde, non centrale au sens individuel, mais cruciale car « médiateur » vers le transcendant, développant un humanisme où l’homme ne se couperait pas de sa tradition spirituelle. Il a encore de l’influence via ses articles dans « Études traditionnelles » sur un réseau d’intellectuels cherchant une voie entre le communisme et l’Action française et les tendances conservatrices, appliquant sa doctrine au domaine des arts (Mircea Eliade, Jacques Masui, …), le théâtre (Antonin Artaud), la science (Jean Fiolle, Ludovic de Gaigneron et le Mercure de France), son influence encourage écrivains et intellectuels à explorer l’hindouisme et le soufisme, jusqu’à la création de groupes initiatiques soufis « guénoniens » sous la direction de Frithjof Schuon. Il est également un ferment de réflexion intense pour la Résistance intellectuelle de la France occupée, comme pour Max-Pol Fouchet, Simone Weil, René Daumal, …, adhérant à la possibilité d’une connaissance supra-rationnelle et la valorisation de l’Orient, et de manière générale à l’opposition radicale entre la spiritualité guénonienne et l’idéologie nazie et vichyste. Avec l’influence de l’existentialisme sartrien après la guerre, qui n’offre aucune place à la spiritualité, l’influence guénonienne se retrouve réduite tout en survivant par le biais par exemple d’André Gide. Sa mort le 7 janvier 1951 provoque une onde médiatique, de nombreux journaux français mais aussi francophones d’Égypte lui rendant hommage.

Ressources liées

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Dermenghem, Émile (1892-1971) Biographie Personne
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