À propos de la construction d'un objet de connaissance : migrations et relations interethniques

Classe

Texte

Type de document

fre Tiré à part
fre Article

Titre

fre À propos de la construction d'un objet de connaissance : migrations et relations interethniques

Editeur(s)

fre Centre National de Documentation Pédagogique

Date

fre 1992-09

Lieu de création

fre Paris

Langue

fre fre

Format

fre Fichier PDF
fre 783 ko

Importance matérielle

fre 8 p.

Est une partie de

fre Migrants-formation, n° 90, septembre 1992 : La recherche sur l'immigration pour qui pour quoi ?

pages

fre 21-33

Source

Université Côte d'Azur. BU Saint-Jean d'Angély. Fonds Véronique De Rudder

Droits

fre Droits réservés

Détenteur des droits

Centre national de documentation pédagogique

Droits d’accès

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Identifiant pérenne

Description

article

Annotations

Cet article par son objet occupe une place majeure dans la pensée théorique de Véronique De Rudder en ce que pour la première fois – elle écrira d’autres articles postérieurement dont celui de 1997 "Jalons pour la recherche" – elle défend de façon extrêmement argumentée et structurée la nécessité de reconnaitre et promouvoir un objet théorique sociologique que sont l’étude des relations interethniques au-delà de ce qui, à l’époque est convenu d’appeler la sociologie des migrations – ou encore de façon plus réductrice encore la sociologie de l’immigration. Paru dans une revue mineure « Migrants-formation » pour des raisons qui tiennent d’ailleurs à ce dont elle discute ici à savoir le déni social, politique et académique d’un objet qui dérange, qui force à inverser les interprétations les plus communes du fameux « problème de l’immigration », cet article est cependant celui où elle pose le plus clairement les défis que rencontrent les chercheur.e.s qui défendent cet objet et les enjeux qui les accompagnent. L’article est court, composé en 7 sections. Une introduction où elle situe les raisons les plus connues qui ont, en France retardé l’essor de la sociologie des relations interethniques à savoir la difficulté bien française de se percevoir comme un pays d’immigration de peuplement et - de façon connectée - l’ignorance des sciences sociales d’un champ de recherche qui a pourtant fondé la sociologie outre-Atlantique; Si les travaux sur les immigrés produits en France sont néanmoins assez conséquents entre les années 1970-1990 cela tient moins à l’intérêt de développer un objet scientifique qu’à des préoccupations immédiates et concrètes des politiques à avoir des solutions pragmatiques pour traiter des situations qu’ils considèrent problématiques. La section suivante, intitulée « Une situation paradoxale », souligne l’accroissement de la demande sociale sur l’immigration et le peu de considération faites aux recherches. Comme si la recherche, elle-même était suspectée de compromission ; une suspicion témoignant en réalité d’une difficile déprise de la politique quant à la nécessaire indépendance de la recherche. L’auteure traite ensuite de la Migration comme objet d’étude bien au-delà de la description des flux et de l’obsession du comptage. Parce qu’elle est bi-focale – à la fois émigration et immigration – c’est dans cette relation que la migration peut-être un objet des sciences sociales. « Émigrants et immigrants sont auteurs et acteurs de ces relations par la circulation, ou plutôt des circulations qu'ils entraînent ou qu'ils créent. Circulations de personnes ou de groupes, circulations économiques, sociales, politiques, culturelles, symboliques ; ou, pour être moins abstrait : départs, retours, va-et-vient; circulation individuelle, familiale, villageoise ou d'autres formes collectives; réseaux de migration, flux d'argent et de biens de consommation, images et représentations des deux pôles, de soi, des autres, de la migration elle-même ... » (p. 25). L’objet "migration" posé, l’auteure peut défendre celui des "relations interethniques". Inversant la perspective classique, qui fait procéder les relations interethniques des migrations, Véronique De Rudder soutient au contraire que « la migration n'est que très rarement le point de départ des contacts interethniques, elle en est même parfois l’aboutissement comme dans le cas des migrations coloniales et post-coloniales vers les métropoles, pour lesquelles l'inauguration de ces contacts est bien antérieure à l’immigration, puisqu'elle se trouve, historiquement, au moins de façon majeure dans la colonisation, la soumission et l'instauration de rapports sociaux racistes. » (p. 28). Chercher à savoir ce que deviennent les immigrés installés dans la société française et, a fortiori, ce que deviennent leurs enfants, relève bien d’un objet autre que celui de la migration et que l’auteure défend comme étant celui des relations interethniques. Transversal à tous les espaces sociaux, c’est un objet de sociologie générale, qui ne peut se limiter à un seul objet empirique. La sociologie des relations interethniques a vocation à traiter de « tous les faits et rapports sociaux qui tiennent ou ne tiennent pas l'appartenance nationale et/ou culturelle, la construction ethnique ou raciale comme facteurs de différenciation ou de hiérarchisation. Et c'est, précisément, dans l'analyse du poids de la variable ethnique dans ces rapports et relations que réside l'intérêt d'une science des relations interethniques. Cela vaut pour les immigrés comme pour les autochtones, puisque c'est des relations qui les lient qu'il s'agit (l'ethnique ne saurait concerner uniquement les « autres»). » (p. 29).