Conflits et intégration dans les quartiers populaires

Classe

Texte

Type de document

fre Tiré à part

Titre

fre Conflits et intégration dans les quartiers populaires

Contributeur(s)

Bassand, Michel
Leresche, Jean-Philippe

Editeur(s)

fre Peter Lang

Date

fre 1993

Lieu de création

fre Berne

Langue

fre fre

Format

fre 2 Fichiers PDF
fre 322 ko
fre 1,22 Mo

Importance matérielle

fre 10 p.
fre 10 p.

Est une partie de

pages

fre 113-128
fre 113-128

Source

Université Côte d'Azur. BU Saint-Jean d'Angély. Fonds Véronique De Rudder

Droits

fre Droits réservés

Droits d’accès

public

Identifiant pérenne

Description

chapitre d'ouvrage

Annotations

Dans cet article Véronique de Rudder, sort la question immigrée de la singularité pour la réintroduire dans des rapports sociaux de domination de la société industrielle et post-industrielle articulés dans des rapports inégaux de classes, de sexe, d’âge ou d’origine. Le traitement politique de la question immigrée rabattue sur un problème de la ville s’inscrit pour l’auteure dans la continuité historique de traitement des “classes dangereuses” où les ouvriers du 19ème siècle ont été remplacés par une autre catégorie d’exclus, d’inintégrables : les immigrés, à leur tour stigmatisés tout autant que les espaces de la ville où ils sont relégués. Appartenant à la nouvelle classe dangereuse, l’immigré incarne « désormais un personnage de la dramaturgie sociale, dont les contours objectifs et la réalité sont moins importants que le rôle qu'il est censé tenir. Une série d'approximations en chaîne, et de condensations, le constituent en « figure sociale" : celle, in fine, de la part de la population à laquelle est attribuée une origine « non européenne », singulièrement post-coloniale, et plus précisément encore maghrébine. » (p.117). Dans le même temps le cantonnement des plus démunis dans des aires dévalorisées de la ville a toujours fait l’objet d’une extrême attention de la part des pouvoirs publics voire d’une extrême surveillance rendant moins compte d’une stricte exclusion mais plutôt d’une « exclusion dans l’inclusion » . « Le stockage des pauvres a donc toujours été assorti d'un encadrement social, aujourd'hui nommé « accompagnement par les institutions de normalisation (équipements sanitaires, éducatifs, policiers, services sociaux divers ...) dont la tâche est de réduire l'extériorité des populations concernées par le redressement de leurs conduites et la constitution de dépendances institutionnelles, le tout ensemble étant censé former du « lien social ». (p. 115). Cette observation pose tout autrement, bien sûr, la question de l’intégration de ces populations toujours suspectées de résister à l’assimilation. Elle dévoile, dans les faits, deux conceptions de l’intégration qui entrent en conflit : « Les couches sociales dominantes tentent d'imposer une intégration faite de soumission, de réforme des conduites, de conformité à leurs modèles et d'intériorisation de leurs valeurs. Tandis que les couches dominées revendiquent une reconnaissance en légitimité, un élargissement des champs de leur intervention, une égalisation de leurs chances et de leurs droits. » (p. 115). Mais surtout, la coexistence entre autochtones et immigrés donne lieu à des modes de cohabitations diverses et ne peut se réduire à un système binaire où les seules expressions seraient conflit ou intégration. Véronique de Rudder reprend les données empiriques des cinq quartiers étudiés avec Michelle Guillon et Isabelle Taboada – Porte de la Muette ; le Triangle de Choisy ; Aligre ; l’Îlot Chaslon ; les 4000 de la Courneuve – pour en souligner la diversité des modes de relations entre conflit et intégration. Elle en conclue une nouvelle hypothèse à vérifier par d’autres enquêtes : « La plupart des situations sont en effet à la fois conflictuelles et intégratives, selon des modalités variables qui dépendent autant de la morphologie sociale des populations en présence que des circonstances et des objets de leurs relations. De ce point de vue, il semble que les relations fonctionnelles, quelles qu'elles soient (emploi, rapports marchands ... ), porteuses d'interaction concrète et en quelque sorte « obligée '" peuvent permettre d'éviter le clivage ethnique, quand le seul voisinage - qui n'est guère porteur de rôles sociaux ou économiques, et généralement privé de médiations formelles - semble très sensible aux conjonctures et situations de crise, notamment pour ce qui concerne la manipulation des catégories ethniques. » (p. 125). L’auteure conclut sur l’ethnicisation des rapports sociaux comme expression de ce qui s’appelle « conflit ethnique » dont elle distingue deux niveaux : le premier renvoie à un sentiment de perte d’hégémonie et de déréliction du « petit blanc » qui ne peut que rejeter l’autre. Le deuxième rend compte d’une peur d’assimilation à plus défavorisé que soi et conduit à réifier de la distance sociale dans un mouvement de protection de soi.

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