DEBUSSY, 4000, le 18 février 1986

Classe

Texte

Type de document

fre Tiré à part
fre Rapport et littérature grise

Titre

fre DEBUSSY, 4000, le 18 février 1986

Editeur(s)

fre Ministère de l’Équipement et du Logement, Délégation à la Recherche et à l'Innovation

Date

fre 1988

Lieu de création

fre Paris

Langue

fre fre

Format

fre Fichier PDF
fre 716 Ko

Importance matérielle

fre 6 p.

Est une partie de

fre Mémoire des lieux. Une histoire des taudis

pages

fre 217-222

Source

Université Côte d'Azur. BU Saint-Jean d'Angély. Fonds Véronique De Rudder

Droits

fre Droits réservés

Droits d’accès

Réservés aux chercheurs de l'UNS et de l'Urmis

Identifiant pérenne

Description

Rapport et littérature grise

Annotations

Ce court texte démarre après un préambule où Véronique De Rudder nous informe que ce texte, écrit juste après avoir assisté à la démolition de l’un des immeubles de la cité des 4000 de la Courneuve, ne l’avait pas été en vue d’une publication mais plutôt pour exprimer l’émotion de ce moment. Effacement brutal d’un paysage urbain par la démolition de cette barre de 16 étages « "Pour que naisse un nouveau quartier". Personne n'a le mauvais goût de demander, alors, ce qu'il advient de celui qui existe et qu'on va amputer. Prise entre cette naissance qu'on lui promet et cette mort qu'on lui assène - et qu'on met en scène - la Cité des 4000 a-t-elle encore un présent, une vie qui se déroule, et qui n'en est ni à ses débuts, ni à son terme ? » (p. 219). La destruction du bâtiment prend une valeur symbolique, un exutoire pour se débarrasser (faire littéralement disparaître) d’une politique de l’habitat – ou du moins de certains de ses effets que l’on n’a pas vraiment voulu reconnaître comme tels : « Chargées de tant de vices, de tant de maux, certaines cités font figure de "mal total". Les Minguettes, Les 4000 et quelques autres "encaissent" depuis longtemps une dévalorisation qui, quand elle vise le bâti, atteint les habitants, et quand elle concerne les habitants, s'attaque au type d'habitat . . . Stigmatisées tour à tour, et finalement, simultanément, sur les plans urbain, architectural, économique, esthétique, social, culturel, et ethnique, et jusqu'au dégoût d'elles-mêmes, ces cités n'ont plus, en effet, qu'à disparaître de notre vue… » (p. 219). Au-delà de l’émotion, ce que dit cette destruction radicale de la barre Debussy, c’est l’échec de la politique de la résorption de l’habitat insalubre des années 60 et de celle de l’intégration des populations immigrées, mais c’est aussi la négation des aménagements que celles-ci ont réussi à organiser dans ces taudis modernes. « J'ai vu sombrer quelques quartiers, et en particulier d'assez près Chalon, à Paris. Je suis relativement avertie des méthodes par lesquelles on rend invivables des bouts de ville qu'on ne tolère plus, et où l'agression finale peut ainsi apparaître comme une action salvatrice. Je ne présenterai pas les 4000 ou Chalon comme des Eden, ni Debussy comme un paradis perdu. Il n'a jamais, sans doute, fait bien bon y vivre. Mais enfin, ce n'était pas non plus l'enfer, et les gens qu'on y rencontrait n'ont jamais cessé de parler : de ce qui leur convenait et de ce qui les dérangeait, de ce qui leur plaisait et de ce qui leur déplaisait. Leurs opinions, leurs jugements, leurs espoirs et désespoirs, pourquoi n'ont-ils jamais pu être perçus autrement que comme du bruit ? » (p. 221)