Lorsque Panaït Istrati quitte la Roumanie, avec son ami Mikhaïl Mikhaïlovici Kazanki, en 1906, vagabondant sans passeport, sans billet jusqu’en 1912, il se rend notamment en Égypte et à Alexandrie. Exerçant de petits boulots, il erre à Alexandrie, notamment à Ramleh, le quartier des riches occidentaux, de casinos et d’hôtels : « Mes jambes lourdes elles-mêmes de tant de bonheur chèrement payé, me conduisaient toujours, en bordure d’Alexandrie, à Ramleh, d’où les palmiers africains contemplent par-dessus la Méditerranée, leurs frères échelonnés sur les Côtes d’Azur, sur les Ramleh européennes. La même mer les caresse ou les rudoie. Le soleil généreux comme nous le connaissons, les baigne des mêmes violents rayons. » (Nerrantsoula). Mais « ce n’est pas à Alexandrie, mais au Caire qu’on se sent vraiment en Égypte » (Méditerranée, lever du soleil) et il descend rapidement vers le Sud. Il retourne à Alexandrie en 1930 pour une tournée de sa femme « Bilili », (Marie-Louise Baud-Bovy), mais il est refoulé à la descente du navire et emprisonné à Trieste. C’est alors qu’il ne lui est plus possible de voyager et de débarquer en Égypte qu’il écrit les récits de ces vagabondages orientaux.
En 1915, zouave dans l'Armée d'Orient, Henri Bosco est blessé et, depuis Moudros, sur l'île de Lemnos, est évacué vers Alexandrie, où il est soigné au collège Sainte-Catherine transformé en hôpital et tenu par les Frères des Écoles chrétiennes. Il évoque la ville et cette rencontre avec ces religieux dont il garda un bon souvenir dans son manuscrit de 1923-1924 "La Chapelle d'Eygalières" :
"Il vit Alexandrie, ville morne, humide, étouffante, avec ses quais anglais qui sentent le pétrole, la laideur de ses maisons closes le dimanche, l'ennui - sous un grand souvenir.
Des ecclésiastiques l'accueillirent affectueusement. Il a même laissé paraît-il, dans leurs cœurs, plus que le bruit d'un nom qui passe."