Né en 1907 dans le village de Rovigo dans les environs d’Alger, Jules Roy appartient à une famille très modeste de petits colons, ce qui ne lui laisse que peu de choix de carrière : il débute donc par une carrière sacerdotale, suivant des études secondaires au séminaire Saint-Eugène d’Alger. Il commence à y écrire des études et critiques dans des petits journaux religieux, puis dans « La Jeunesse catholique », et dans des revues comme « La Revue de Paris » et « La Presse libre d’Alger » où il est près de trouver un emploi lorsqu’en 1927, il doit effectuer son service militaire. Il quitte donc le séminaire pour l’armée dans laquelle il choisit de rester, en passant par l’Ecole de Saint-Maixent, puis l’infanterie, avant d’intégrer en 1935 l’Armée de l’air. D’abord encouragé par les algérianistes autour de René-Louis Doyon, rencontré à Paris, il entre ensuite par le biais de Montherlant, en contact avec Armand Guibert et Jean Amrouche en Tunisie. Montherlant qui collabore aux « Cahiers de Barbarie » d’Armand Guibert alors que Jules Roy rend compte de ses œuvres en Algérie, leur conseille de se rapprocher et les deux se rencontre au Larzac en juillet 1936.
En 1938, il est nommé capitaine aviateur et s’installe à Chartres. En 1940, il passe en Afrique du Nord avec l’ensemble de l’aviation française. Admirateur de l’Action française et de Charles Maurras dans sa jeunesse, il publie en 1940 « La France sauvée par Pétain », où il expose ses opinions en faveur de Vichy, opinions dont il reviendra après avoir lu « Le Fil de l'épée » de Charles de Gaulle. Fin juin 1940, il est à Alger et y poursuit ses collaborations avec Armand Guibert et surtout Jean Amrouche et la revue « Quatre Vents », puis « La Tunisie littéraire ». Dans les mêmes années 1940-1941, il fréquente régulièrement à Alger la librairie d’Edmond Charlot, « Les Vraies Richesses », se tournant ainsi vers l’Ecole d’Alger rassemblée autour de cet éditeur et rencontrant Albert Camus. Ayant participé aux combats aériens de 1940 et 1941, puis après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord en novembre 1942, à la bataille d’Angleterre en tant qu’officier de l’Armée de l’Air, il en tire ses premières œuvres publiées : « Trois prières pour un pilote » dans la « Tunisie littéraire française » animée par Amrouche et Guibert, rééditées par les éditions Charlot dans « Chants et prières pour les pilotes » en 1942, puis son ouvrage rédigé entre 1936 et 1941, « Ciel et Terre » paru toujours chez Charlot en 1943, avec un avant-propos d’Armand Guibert. Sa carrière d’écrivain, inattendue, s’affirme ensuite dans les revues « L’Arche » et « Fontaine ». Entre 1946 et 1947, il dirige chez Charlot la collection qui reprend le nom de son ouvrage, « Ciel et Terre » dédiée aux récits d’aviateurs de la guerre. Il y publie en 1946, –encouragé par Pierre-Jean Jouve, une des voix de la résistance intellectuelle avec lequel il travaille dans les revues « L’Arche » et « Fontaine » –, « La Vallée heureuse », qui raconte les bombardements sur la Ruhr et l’infime chance d’en réchapper des pilotes, mais aussi le sens métaphysique et la foi de cette victoire, récit récompensé par le Prix Renaudot.
Après avoir été à la tête des Services d’information de l’Armée de l’air, il sert en Indochine comme colonel, mais démissionne en 1953 en exposant son désaccord avec la politique française en Indochine après la bataille de Bien Bien Phu dans « La Bataille dans la rizière ». En 1954, il reçoit le Prix littéraire Prince Pierre de Monaco. Il voyage beaucoup et devient journaliste avant de s’établir dans l’agriculture dans les Pyrénées. S’il se préoccupe alors peu du destin de l’Algérie, la mort d’Albert Camus en janvier 1960 provoque un électrochoc et le retour vers l’Algérie où il rend visite à son ami Edmond Charlot à Alger en 1960 et rassemble de la documentation pour son cycle romanesque « Les Chevaux du soleil », paru dix ans plus tard, et traitant vertement de l’Algérie coloniale. Il fait surtout paraître durant l’année 1960 un cri de révolte anticolonialiste « La Guerre d’Algérie », refusé par tous les éditeurs français excepté René Julliard. L’Algérie reste alors un des sujets récurrents des écrits de Jules Roy, et notamment dans de nouvelles collaborations avec Edmond Charlot dans la nouvelle maison d’édition de ce dernier « Le haut quartier », avec notamment en 1982, « A propos d’Alger, de Camus et du hasard ». En 1978, il s’installe à Vézelay et continue d’écrire romans et récits autobiographiques marqués par l’introspection et la méditation.