Né dans une famille bourgeoise dont l’aisance est affectée par la mort prématurée de son père, Roger Lannes manifeste très vite le goût des lettres et de la poésie qui le fait entrer à la rédaction du quotidien « La Presse » en 1933. Avec Jacques Nielloux, il crée en 1935 une première revue de poésie « Les Feuilles vertes », puis en 1936, avec son ami Jean Fraysse, rencontré à « La Presse », il crée « Les Feux de Paris ». En 1937, il lance avec Jacques Nielloux et Jean le Louët, « Les Nouvelles Lettres Françaises ». A ce moment-là, il fait déjà partie des familiers de Max Jacob, qui a préfacé en 1934 le numéro de « L’Année poétique » qui lui est consacré. Fin 1937, il entre également dans l’entourage de Jean Cocteau via la vicomtesse de Noailles. Il publie ses premières plaquettes de poèmes en 1935, « Signe de reconnaissance », puis « la Nuit quand même » et « Les Voyageurs étrangers » en 1937 qui reçoit le Prix de l’Académie Mallarmé. Il écrit également dans ces années-là son premier roman « Argelès ou la solitude », qui ne sera publié par Robert Denoël qu’en 1943 du fait de la guerre. Après la faillite de « La Presse », il rejoint la rédaction de « La Liberté », puis la rédaction de la station de radiodiffusion Paris-Mondial dirigée par son ami Jean Fraysse, où il tient la chronique littéraire et artistique « La vie à Paris ».
Mobilisé en 1939 au service de météorologie militaire, après l’armistice de 1940 et un passage à Vichy, il regagne Paris en novembre 1941 où il entre à la Direction générale du cinéma puis devient secrétaire du commissaire général à l’Education et aux Sports, le colonel Pascot. En 1942, il publie son premier roman « La Peine capitale », qui lui vaut un feuilleton d’André Rousseaux dans le « Figaro littéraire » et des compliments de Max Jacob ou Henri Mondor. Il écrit dans les mêmes années le recueil de poèmes « Le Temps d’en finir », publié en 1945 et le roman qui sera publié en 1947 sous le titre « Les Gémeaux ». A la Libération, il revient comme journaliste au « Parisien libéré » et il assure la chronique « les Spectacles de Paris » dans la revue « Fontaine ». Jean Cocteau lui demande d’écrire la présentation en tête du volume des « Poètes d’aujourd’hui » de l’éditeur Pierre Seghers qui lui est consacré et qui paraît en 1945. En 1947, il publie également un autre essai sur un poète, « Appel à Paul Valéry », plaquette rassemblant ses conférences prononcées à l’Institut océanographique de Monaco. La même année paraît son roman « les Gémeaux », un échec à cause de la faillite de l’éditeur Janin, ce qui l’affecte beaucoup et le pousse à démissionner de la revue « Fontaine » et du « Parisien libéré ». Sollicitant François Mauriac, il entre au « Figaro » et obtient une chronique mensuelle au « Figaro littéraire » ; la « Revue des deux mondes » lui offre une rubrique de critique cinématographique, sur la danse et le music-hall. Il écrit une tragédie « Icare ou les Taches du soleil » pour Jean Marais, qui est jouée le 18 septembre 1949 à la Radio française d’Etat. Victime d’une crise d’hypertension alors qu’il est en voyage en Italie pour écrire un ouvrage pour les Editions Paul Morihien, à partir de 1951, son état se dégrade en maladie chronique ; en 1955, il part s’installer en Suisse pour sa santé, dans une situation financière difficile et vit grâce à l’aide de ses amis et de la Société des Gens de Lettres. Il travaille alors à deux grandes œuvres, « Les Appartements privés » dans une ambition voisine des « Confessions » de Jean-Jacques Rousseau, et le « Poème de la maladie » qui paraît dans la « Nouvelle revue française » quelques jours avant sa mort en 1982.