L'inégalité raciste : colloque en hommage à Véronique De Rudder

Classe

Événements

Nom

fre L'inégalité raciste : colloque en hommage à Véronique De Rudder

Date

fre 2015-06-17

Identifiant pérenne

Reprendre la forme retenue

fre L'inégalité raciste : colloque en hommage à Véronique De Rudder

Source

Université Côte d'Azur. BU Saint-Jean d'Angély. Fonds Véronique De Rudder

Description

L’immigration comme domaine de recherche a longtemps fait l’objet en France d’un déni de légitimité alors même que dans le débat public elle devenait de plus en plus surexposée comme « problème » et instrumentalisée par les courants xénophobes. Dans les années 1980 les recherches concernant l’immigration se sont développées dans plusieurs disciplines : sociologie, histoire, géographie. L’attention d’une partie des chercheurs s’est alors focalisée sur les formes d’insertion des immigrés dans la société française. Parallèlement, la question du racisme était traitée principalement par un corpus d’analyses théoriques relevant de la philosophie, de l’histoire et de la psychologie sociale. Par ses travaux de recherche, Véronique De Rudder a contribué à éclairer ce qu’elle qualifiait de « point aveugle » : l’absence d’articulation entre d’un côté la pensée de l’immigration et de l’autre celle du racisme. Plus tard et avec d’autres chercheurs, elle a ancré le racisme dans les pratiques et les rapports sociaux. En tant que rapport social, le racisme s’inscrit dans l’interaction entre une société et ceux qui y sont “récemment” venus, ou qui y sont maintenus en situation d’extériorité (une “frontière intérieure”) au nom de leurs origines, de leur nationalité, de leur culture, de leur religion.

C’est comme rapport social que Véronique De Rudder a analysé le racisme, posant ses jalons théoriques dans le champ des relations interethniques. Dans ses travaux, toujours appuyés sur des enquêtes de terrain, elle a abordé de front la tension entre d’une part un universalisme républicain, idéalement aveugle aux origines et hostile aux discriminations et, d’autre part, les pratiques institutionnelles et ordinaires du racisme « en acte ». Elle a, dans le même temps, interrogé les constructions conceptuelles anglo-saxonnes, afin de construire une problématique contemporaine des relations interethniques appliquée au contexte français et qui permette de sortir de l’alternative universalisme/communautarisme.
La qualité de ses publications, leur caractère innovant, sa culture, son engagement dans divers collectifs scientifiques et militants, ses enseignements inédits, son soutien aux jeunes chercheurs ont fait d’elle une personnalité reconnue dans le monde académique et à l’échelle internationale.
Son décès prématuré laisse un grand vide dans une période de confusion où les questions qu’elle a traitées sont plus que jamais d’actualité.