Grèves et revendications des travailleurs

Le 13 mai, la grève générale est donc assez peu suivie dans le secteur privé. Le poids du tertiaire et la faiblesse de l’implantation syndicale explique qu’il y ait peu d’arrêts de travail spontanés. Dès le début du mois de mai cependant, les ouvriers Sud-Aviation à Cannes, tout comme ceux de Bouguenais, mènent des actions régulières de grèves, dans le conflit qui agite toute l’entreprise sur le temps de travail. Le 15 mai, les premiers à se lancer dans les Alpes-Maritimes sont les établissements Vernier à la Trinité. Dans ces deux cas, des conflits sont déjà en cours dans les entreprises.

Dans la région, le mouvement commence vraiment le 17 mai, après que les principaux syndicats aient communiqué leur position dans la journée : un communiqué national de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) déclare « appuyer et soutenir toutes les actions que les travailleurs engageront pour la construction d’un société démocratique », et appelle à l’extension des grèves ; Force ouvrière appelle à la poursuite des grèves et des occupations d’usines ; la CFTC est opposée aux occupations, mais soutient les grèves.

Les syndicats s’accordent sur six revendications, même s’ils ne s’accordent pas sur leur ordre d’importance :

  • Augmentation des salaires
  • Mesures concrètes assurant la sécurité de l’emploi et la garantie de ressources
  • Réduction du temps de travail sans perte de salaire
  • Avancement de l’âge de la retraite à 60 ans
  • Abrogation des ordonnances de la Sécurité sociale
  • Extension des droits et libertés syndicales

 

Dans le mouvement, très peu de revendications politiques : seuls les cheminots lors de leur premier meeting en gare de Nice insiste sur le « remplacement du gouvernement autoritaire au service des monopoles par un gouvernement démocratique ». De nombreux tracts soulignent ce caractère apolitique, se concentrant sur les revendications professionnelles. Cette différence avec les manifestations aux slogans antigaullistes s’explique car seuls les syndicats les plus radicaux participent aux manifestations alors que les modérés les boycottent.