Seuil de tolérance et cohabitation
Classe
Texte
Type de document
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Article
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Colloques, Conférences
Titre
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Seuil de tolérance et cohabitation
Créateur(s)
Editeur(s)
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MRAP
Date
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1984
Lieu de création
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Paris
Langue
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Importance matérielle
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9 p.
Est une partie de
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Actes du colloque du 10 décembre 1983 au Palais du Luxembourg
pages
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24-32
Source
Université Côte d'Azur. BU Saint-Jean d'Angély. Fonds Véronique De Rudder
Droits
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Droits réservés
Droits d’accès
Réservé aux chercheurs de l'UNS et de l'Urmis
Identifiant pérenne
Description
Véronique de Rudder reprend ici sa critique sur la notion de seuil de tolérance même si elle note une baisse certaine de l’engouement pour celle-ci dans les discours, qu’elle souligne comme résultat des critiques faites par les chercheurs, associations et leaders politiques. Cependant, elle en souligne en même temps la persistance dans les pratiques et les normes institutionnelles qui peuvent se traduire sous d’autres vocables comme celui de « quota ». Ces pratiques persistent en raison d’une absence de compréhension des « relations inter-ethniques réelles, telles qu’elles se développent dans les situations de cohabitation » (p. 25) qui dans les faits qu’elle observe sont « multiples, conflictuelles et pacifiques » (p. 25). Un point fort de ce texte est le lien plus serré désormais que Véronique fait entre le racisme et la notion seuil de tolérance, les enjeux qu’elle sous-tend – notamment sur le double jeu qui consiste à la fois à tenir les immigrés à distance et à les empêcher de s’organiser en tant que minorités. Le seuil de tolérance vise à construire la frontière entre un nous supposé homogène et un eux qui ne peut pas en être. Mais elle insiste moins ici sur la notion de seuil que sur les ambiguïtés de la « tolérance ». « On ne tolère jamais que l’insupportable. (…) La tolérance est une faveur que l'on accorde ou que l'on refuse. Ce n'est jamais un droit. » (p. 28). Son explication du racisme contenu dans cette notion n’est pas nouvelle, elle l’avait déjà mentionnée dans ces précédents articles mais c’est ici beaucoup plus explicitement dit comme de l’ordre du racisme institutionnel. « La traduction politique du seuil de tolérance est la dispersion des immigrés. Contrairement aux apparences, la notion ne propose pas une solution à l'alternative acceptation/rejet. Elle en suggère une autre en termes de regroupement/dispersion. (…) ou bien ils vivent entr'eux, dans des zones réservées, qu'on ignorera (par peur, mais aussi par volonté de "ne pas voir"), ou bien ils sont saupoudrés, isolés les uns des autres, comme atomisés dans les mêmes lieux de résidence que les Français, où ils devront disparaître…» (p. 29).
Elle y fait également un premier développement conceptuel sur les catégories sociales comme construits dans des contextes donnés: « Il ne s'agit pas de nier les différences, mais de prendre conscience que celles-ci sont innombrables et multiformes. Le stade premier et ultime de la différence est l'individu... Les classifications que nous opérons - vraies ou fausses, spontanées ou savantes - tentent de mettre de l'ordre dans l'hétérogénéité totale à laquelle nous sommes confrontés. Ce sont des opérations intellectuelles qui sélectionnent certains critères pour rassembler et diviser et, qui, nécessairement, laissent également de côté une multitude d'autres critères. Certaines classifications sont hiérarchiques, d'autres non. » (p. 26)
Elle pointe aussi ce que les observations qu’elle mène avec Isabelle Taboada-Leonetti et Michelle Guillon commencent de modéliser, à savoir que le racisme et les conflits de cet ordre ne sont pas l’apanage des quartiers de cohabitation où, au contraire, des modes de cohabitation se régulent : « Cela ne signifie pas qu'il n'y ait aucun conflit. Bien au contraire, ils sont fréquents, mais ponctuels: l'injure raciste ou le propos insidieux jaillissent ici, peut-être plus souvent qu'ailleurs. Mais, plus souvent qu'ailleurs, aussi, l'accusation de racisme que portera l'immigré pour y répondre sera soutenue par d'autres, Français ou étrangers. Elle en sera d'autant plus infamante. Les rapports Français-immigrés ne cessent pas, dans ces quartiers, d'être des rapports dominants/dominés, mais ils sont englobés dans une relation générale d'inclusion aux entrecroisements multiples, qui limitent les conflits et leur portée. » (p. 32)
Elle y fait également un premier développement conceptuel sur les catégories sociales comme construits dans des contextes donnés: « Il ne s'agit pas de nier les différences, mais de prendre conscience que celles-ci sont innombrables et multiformes. Le stade premier et ultime de la différence est l'individu... Les classifications que nous opérons - vraies ou fausses, spontanées ou savantes - tentent de mettre de l'ordre dans l'hétérogénéité totale à laquelle nous sommes confrontés. Ce sont des opérations intellectuelles qui sélectionnent certains critères pour rassembler et diviser et, qui, nécessairement, laissent également de côté une multitude d'autres critères. Certaines classifications sont hiérarchiques, d'autres non. » (p. 26)
Elle pointe aussi ce que les observations qu’elle mène avec Isabelle Taboada-Leonetti et Michelle Guillon commencent de modéliser, à savoir que le racisme et les conflits de cet ordre ne sont pas l’apanage des quartiers de cohabitation où, au contraire, des modes de cohabitation se régulent : « Cela ne signifie pas qu'il n'y ait aucun conflit. Bien au contraire, ils sont fréquents, mais ponctuels: l'injure raciste ou le propos insidieux jaillissent ici, peut-être plus souvent qu'ailleurs. Mais, plus souvent qu'ailleurs, aussi, l'accusation de racisme que portera l'immigré pour y répondre sera soutenue par d'autres, Français ou étrangers. Elle en sera d'autant plus infamante. Les rapports Français-immigrés ne cessent pas, dans ces quartiers, d'être des rapports dominants/dominés, mais ils sont englobés dans une relation générale d'inclusion aux entrecroisements multiples, qui limitent les conflits et leur portée. » (p. 32)
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