Congrégation catholique masculine dont les membres sont des clercs réguliers appelés "jésuites", fondée par saint Ignace de Loyola, saint François Xavier et les premiers compagnons en 1539 et approuvée en 1540 par le pape Paul III. Dissoute en 1773, elle fut rétablie en 1814 par le pape Pie VII.

L'ordre traîne une très mauvaise réputation, avidité de pouvoir et de richesses, suite à la publication en 1614, par un ancien jésuite portugais du Monita secreta societatis Jesu, faux livre d'instructions jésuites. En France, les jésuites subissent les attaques des jansénistes, gallicans et parlementaires, puis des philosophes de l’Encyclopédie auxquels ils répondent avec leur Journal de Trévoux et leur Dictionnaire de Trévoux. L’"affaire Lavalette" (scandale financier à la suite de la banqueroute du jésuite Antoine Lavalette) constitue une bonne occasion pour Louis XV d'interdire par décision royale la Compagnie et de la bannir de France en 1763-64. Déjà chassés du Portugal en 1759, ils le sont encore d'Espagne en 1767 et du duché de Parme et de Plaisance en 1768. Cette opposition des cours européennes pousse le pape Clément XIV, le 21 juillet 1773, à supprimer la Compagnie de Jésus partout dans le monde. En 1814, la Compagnie est rétablie par le pape Pie VII, mais les attaques continuent tout au long du XIXe siècle. La Congrégation des jésuites cristallise deux caractéristiques de la position anticléricale de la gauche : le gallicanisme qui revendique la puissance souveraine de l’État dans l’ordre temporel et refuse l’autorité universelle de la papauté, revendication ancienne de la France depuis au moins Philippe le Bel, et l’ultramontanisme, opposition de mépris face à l’étranger, représenté par l’Italie, Rome et donc le catholicisme. En France, les jésuites sont bannis à nouveau en 1880, puis en 1901 avec les autres congrégations.