Désignation et origine : production sociale et production savante de "l'ethnique"
Classe
Texte
Type de document
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Tiré à part
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Article
Titre
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Désignation et origine : production sociale et production savante de "l'ethnique"
Créateur(s)
Editeur(s)
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REVEL
Date
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1997
Lieu de création
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Nice
Langue
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Format
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Fichier PDF
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876 Ko
Importance matérielle
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13 p.
Est une partie de
pages
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69-80
Source
Université Côte d'Azur. BU Saint-Jean d'Angély. Fonds Véronique De Rudder
Identique à
Droits
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CC - BY-NC-SA
Droits d’accès
public
Identifiant pérenne
dateCreated
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1996-11
Description
article
Annotations
Cet article fait partie d’un numéro thématique : Mots et migrations. Véronique De Rudder a repris sa communication donnée au colloque de Grasse, novembre 1996. L’auteure commence son propos par la résurgence de la notion d’origine dans les discours comme catégorie pertinente de compréhension du social et ancrage dans les revendications individuelle et collective des minoritaires, un usage dans les plateformes d’action quelques soient les formes que celles-ci prennent (recherches généalogiques, droit à la recherche de ses origines, des racines ). Une quête qui gagne en légitimité tout en arrimant, veut, veut pas, de façon inextricable identité et origine.
La croyance voudrait que cet arrimage soit une réaction au délitement des identités devenues vulnérables dans les sociétés modernes, soumises à la mondialisation, dissimulant par le même coup le « procès idéologique en cours, lequel se caractérise justement par l'agrégation indistincte du présent et du passé, de l'individuel et du collectif, de la provenance et de l'existence » (p. 70) qui vient substantiver les collectivités d’individus et essentialiser les réalités sociales. Or pour Véronique de Rudder le couple identité/origine est au cœur du rapport raciste redonnant à l’origine son sens premier de race. Ce que l’auteure va illustrer avec les enfants des immigrés catégorisés en France comme "deuxième génération".
Véronique De Rudder analyse les enjeux contenus dans cette désignation "deuxième génération". Il s’agit pour elle de masquer « le statut assigné à cette génération de gens nés ou socialisés en France : former, à son tour, par hérédité ou héritage, une nouvelle génération d’immigrés ». (p. 72) assurant ainsi une continuité à la fois généalogique et de statut social. Ici l’ethnicisation est le processus ascriptif par lequel des individus sont renvoyés à une "extériorité d’origine" d’ordre naturelle ou culturelle. Et cette assignation se fait par généalogisation soit un processus de naturalisation de leur dite "extériorité d’origine" qui fait la marque de la différence. Et la dénomination "beur" reprise par les concernés eux-mêmes ne changent rien à l’affaire. « La "génération beur" est devenue une figure sociale plus ou moins emblématique, directement inscrite dans les classements et les enjeux de classements sociaux : celle d'une nouvelle "classe dangereuse" , dont la dangerosité même se fonde et se renforce dans le procès d'ethnicisation dans lequel elle est prise. »(p.75).
Mais ce processus que jusqu’ici l’auteure qualifiait d’ethnicisation, en glissant des référents "immigrés", "deuxième génération" à "beurs", est aussi passer à un autre rapport social, celui de la racisation que l’auteure voit s’illustrer dans le slogan Blacks-Blancs-Beurs rappelant non sans signification que Black et Blanc sont des couleurs produites dans le contexte du racisme colonial. Et cette racisation s’opère, nous dit Véronique De Rudder, « dans la jonction entre une perception raciste "spontanée" (…) et la naturalisation-sacralisation de la nationalité, qui en vient à distinguer les "vrais Français" des autres. (p. 75).
La troisième partie du texte vient interpeller la responsabilité des sciences sociales dans la production politique et médiatique des catégories ethnicisantes et, a fortiori, racisantes. Au final, les chercheurs, trop prudents, reste également en deçà du débat laissant aller bon train l’arrimage idéologique entre identité et origine. Alors que l’identité de tout un chacun, indépendamment ou avec l’origine (qui d’ailleurs peut être totalement romancée, inventée) se construit sur la base d’un répertoire à de multiples entrées (sociales, économiques, familiales, religieuses, etc.). Si l’étude – de par leur usage - des catégories ethnicisantes et racisantes est un terrain miné, le.la chercheur.e ne peut néanmoins s’y soustraire. Le travail du sociologue est de déconstruire ces catégories ne serait-ce qu'en dévoilant le contexte et les enjeux de leur émergence.
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