L'obstacle culturel. La différence et la distance
Classe
Texte
Type de document
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Tiré à part
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Article
Titre
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L'obstacle culturel. La différence et la distance
Créateur(s)
Editeur(s)
fre
Anthropos
Date
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1985-07-12
Lieu de création
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Paris
Langue
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fre
Format
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Fichier PDF
fre
2,05 Mo
Importance matérielle
fre
28 p.
Est une partie de
pages
fre
23-49
Source
Université Côte d'Azur. BU Saint-Jean d'Angély. Fonds Véronique De Rudder
Identique à
Droits
fre
CC-BY-NC-SA
Détenteur des droits
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Association pour la recherche de synthèse en sciences humaines
Droits d’accès
public
Identifiant pérenne
Description
L’article est écrit dans le contexte où l’immigration est constituée comme problème social et enjeu politique. Véronique De Rudder se livre à une critique argumentée des travaux ayant focalisé sur la culture des immigres comme principal obstacle à leur intégration, oubliant la prépondérance des obstacles structurels qu’impose la société d’accueil. Le texte est écrit dans le contexte de l’émergence toute récente de minorités et de celle de demande reconnaissance consacrée par la marche des Beurs à l’hiver 1983/84. Ainsi, 30 ans avant l’attentat contre le journal de Charlie Hebdo en 2015, l’article livre déjà l’analyse des conditions qui ont permises que germent en France les errances identitaires des adolescents d’aujourd’hui. Transposant, entre autres l’analyse de Goblot sur la constitution des frontières de classe par les bourgeois, elle montre comment l’identité culturelle nationale par les rappels incantatoires à l’identité et aux valeurs est érigée en frontière infranchissable pour ceux qui sont assignés dans des cultures autres.
En 1985, Véronique De Rudder souligne que « le maintien des immigrés dans une situation économique et sociale infériorisée, la discrimination prolongée et structurelle (…) la résurgence d’une expression politique nationaliste et xénophobe, et l’affaiblissement de la censure sociale sur l’expression individuelle du racisme qui l’accompagne … amène des réactions de révolte, mais aussi d’auto-organisation chez ceux qui en sont victimes » (p. 28-29). Dans un contexte, qui au-delà de la question de l’immigration, s’avère un contexte de crise économique, il y a « risque, en effet, de rendre moins praticables aux immigrés deux grandes voies de l’intégration sociale : la promotion professionnelle et, surtout l’identification de classe. » (p. 29).
Cet article de 26 pages est particulièrement intéressant parce qu’il pose bien la dynamique dans laquelle, en France, sont engagées les relations interethniques entre la population majoritaire et les groupes minoritaires (minorisées) qui sont constitués des individus descendants des populations ex-colonisés – principalement du continent africain.
Son point de départ interroge le pourquoi, quand et le comment la société française en est arrivée à considérer l’immigration comme le pôle négatif des tensions propres à toutes les sociétés (inclusion vs exclusion, homogénéité vs hétérogénéité intégration vs marginalité, cohésion vs fragmentation). Autrement dit, pourquoi la figure de l’immigré cristallise les peurs sociales et comment la culture en est arrivée à en être le principal vecteur, oubliant que l’intégration relève d’abord et avant tout, du structurel . Rappelant les travaux des sciences sociales qui depuis le début du 20ème siècle ont pris pour objet les trajectoires des immigrés dans les sociétés industrielles, Véronique y traite des deux modèles décrits et utilisés par les majoritaires pour entretenir la différenciation – l’échelle hiérarchique qui pose la marque de l’assimilationnisme colonial et la distance culturelle qui, par un pseudo relativisme culturel, masque un ethnocentrisme naturalisant – et une impossible intégration puisque qu’en même temps il faudrait qu’elle soit cohérente avec la possibilité de penser la diversité (p.46).
On comprend comment la culture par les manipulations dont elle est l’objet, vient subrepticement pervertir (infiltrer) des rapports et des relations sociales de classes. L’enjeu réel des rapports sociaux nous dit Véronique « est un jeu complexe d’inclusion et d’exclusion (ou auto-exclusion), d’auto-définition et d’assignation identitaire, d’intégration et d’extériorisation » (p. 46). Ce qui se joue dans les rapports entre majoritaire et minoritaires n’est pas tant l’opposition entre des (deux) cultures mais bien plutôt une opposition entre « une réalité culturelle et une réalité politique » (p. 26) Les premiers se définissant comme une entité politique (d’où la possibilité d’en appeler à l’identité nationale) structurée en classes. Les minoritaires sont pour leur part renvoyés à une culture et une tradition (vidée de tout sens politique y compris comme forme de résistance politique à la pression de la société majoritaire).
En 1985, Véronique De Rudder souligne que « le maintien des immigrés dans une situation économique et sociale infériorisée, la discrimination prolongée et structurelle (…) la résurgence d’une expression politique nationaliste et xénophobe, et l’affaiblissement de la censure sociale sur l’expression individuelle du racisme qui l’accompagne … amène des réactions de révolte, mais aussi d’auto-organisation chez ceux qui en sont victimes » (p. 28-29). Dans un contexte, qui au-delà de la question de l’immigration, s’avère un contexte de crise économique, il y a « risque, en effet, de rendre moins praticables aux immigrés deux grandes voies de l’intégration sociale : la promotion professionnelle et, surtout l’identification de classe. » (p. 29).
Cet article de 26 pages est particulièrement intéressant parce qu’il pose bien la dynamique dans laquelle, en France, sont engagées les relations interethniques entre la population majoritaire et les groupes minoritaires (minorisées) qui sont constitués des individus descendants des populations ex-colonisés – principalement du continent africain.
Son point de départ interroge le pourquoi, quand et le comment la société française en est arrivée à considérer l’immigration comme le pôle négatif des tensions propres à toutes les sociétés (inclusion vs exclusion, homogénéité vs hétérogénéité intégration vs marginalité, cohésion vs fragmentation). Autrement dit, pourquoi la figure de l’immigré cristallise les peurs sociales et comment la culture en est arrivée à en être le principal vecteur, oubliant que l’intégration relève d’abord et avant tout, du structurel . Rappelant les travaux des sciences sociales qui depuis le début du 20ème siècle ont pris pour objet les trajectoires des immigrés dans les sociétés industrielles, Véronique y traite des deux modèles décrits et utilisés par les majoritaires pour entretenir la différenciation – l’échelle hiérarchique qui pose la marque de l’assimilationnisme colonial et la distance culturelle qui, par un pseudo relativisme culturel, masque un ethnocentrisme naturalisant – et une impossible intégration puisque qu’en même temps il faudrait qu’elle soit cohérente avec la possibilité de penser la diversité (p.46).
On comprend comment la culture par les manipulations dont elle est l’objet, vient subrepticement pervertir (infiltrer) des rapports et des relations sociales de classes. L’enjeu réel des rapports sociaux nous dit Véronique « est un jeu complexe d’inclusion et d’exclusion (ou auto-exclusion), d’auto-définition et d’assignation identitaire, d’intégration et d’extériorisation » (p. 46). Ce qui se joue dans les rapports entre majoritaire et minoritaires n’est pas tant l’opposition entre des (deux) cultures mais bien plutôt une opposition entre « une réalité culturelle et une réalité politique » (p. 26) Les premiers se définissant comme une entité politique (d’où la possibilité d’en appeler à l’identité nationale) structurée en classes. Les minoritaires sont pour leur part renvoyés à une culture et une tradition (vidée de tout sens politique y compris comme forme de résistance politique à la pression de la société majoritaire).
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Racisme, antiracisme, étranges, étrangers | Texte |