La cohabitation pluri-ethnique. Espace collectif, phénomènes minoritaires et relations sociales
Classe
Texte
Type de document
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Tiré à part
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Article
Titre
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La cohabitation pluri-ethnique. Espace collectif, phénomènes minoritaires et relations sociales
Editeur(s)
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L'Harmattan
Date
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1982
Lieu de création
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Paris
Langue
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Format
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Fichier PDF
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907 Ko
Importance matérielle
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10 p.
Est une partie de
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Pluriel, n° 31
pages
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37-54
Source
Université Côte d'Azur. BU Saint-Jean d'Angély. Fonds Véronique De Rudder
Identique à
Droits
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Droits réservés
Détenteur des droits
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Éditions l’Harmattan
Droits d’accès
public
Identifiant pérenne
Description
Il s’agit d’un texte charnière sur plusieurs plans. Il prend acte de la transformation de la migration de travail en migration de peuplement, dans un contexte sociétal, rappelons-le, d’arrêt de l’immigration déclaré depuis 1974 et où les Français ont découvert, quelque peu ébahis que leur pays n’avait pas, de facto, eu qu’une immigration de travail – organisée comme une circulation permanente d’une force de travail jamais destinée à s’installer : « En France, la représentation dominante chez les nationaux, comme chez les migrants eux-mêmes, est celle d'une immigration temporaire de main-d’œuvre. Les immigrés sont juridiquement écartés de l'ensemble national et les questions sur les minorités ont été d'autant moins posées que les intéressés eux-mêmes ne pouvaient se percevoir comme une part d'une population dont ils étaient, et se voulaient, exclus. Aujourd'hui, l'arrivée à l'âge adulte des "secondes générations" nées en France, dans un contexte favorable aux revendications identitaires, provoque un double mouvement : la décision de rester en France, que ces jeunes considèrent au mépris des définitions juridiques - comme leur pays, et le refus de l'assimilation en tant que "disparition" pure et simple. » (p.42). De ce fait l’intérêt se déplace de l’entreprise à la cité et en particulier vers l’habitat et l’espace public. La France va devenir, à l’instar des USA une société "pluri-ethnique" et les recherches nombreuses qui en proviennent peuvent aider à fonder un programme de recherche sur la dynamique des relations interethniques au niveau local. « Les usages pratiques de la nationalité, de l'ethnicité, de l'appartenance culturelle sont-ils en train de se modifier en France et vont-ils acquérir une autonomie relative plus importante qu'auparavant ? Quel est, aujourd'hui, et quel sera demain leur rôle spécifique dans les rapports sociaux, en particulier dans les situations de cohabitation ? Une évolution "à l'américaine" est-elle possible, compte tenu des ressemblances et divergences que nous venons d’évoquer ? » (p.40). Face à ces phénomènes complexes et multidimensionnels, la transposition des modèles d’analyses américains n’ont rien d’évident. Il faut effectivement combler la faiblesse de la recherche française dans ce domaine, ce que proposent les deux auteures au travers d’une enquête empirique dans l’espace urbain : « nous nous intéressons aux participations propres des différents groupes sociaux et ethniques à l'espace collectif urbain et en particulier, aux caractéristiques expressives et relationnelles de ces pratiques» (p. 38). L’espace urbain y apparaît comme le produit « d’appropriations collectives plus ou moins différentielles qui se règlent sur divers modes » (p. 46)
Après une section qui revient sur la situation Etats-Uniennes versus France des phénomènes minoritaires, Véronique De Rudder et Isabelle Taboadda-Leonetti font ici des propositions théoriques et méthodologiques à partir desquelles nous pouvons voir émerger le champ sociologique des relations interethniques – au carrefour de la sociologie des migrations et de travaux théoriques sur le racisme (p.41) – tel que Véronique De Rudder le défendra très explicitement en 1991 . L’article ouvre un chantier sur des concepts qui seront par la suite développés : la notion de minorité ethnique (phénomène minoritaire) – qui, au-delà de la définition classique de minorités nationales, peut se dessiner en France dans les années à venir par diverses formes de « participation sociale à la vie de la cité à travers des pratiques urbaines qui impriment dans l’espace le refus de l’invisibilité » (p. 53) –, de différence et de distance, celle d’espace migratoire symbolique qui lie les immigrés à leur pays d’origine – sur les plans économiques, sociaux et interpersonnels (p.44-45) – et propose des méthodes de recherche appuyées sur l’anthropologie sociale. Il montre la faible efficacité des notions d’assimilation et d’intégration au profit d’une vision plus complexe des évolutions possibles des relations entre "autochtones" et "immigrés". Quatre hypothèses typologiques de la cohabitation pluriethnique dans une pratique urbaine de l’espace collectif sont explorées – l’entrecroisement ; l’occupation différentielle ; l’exclusion ou refus de cohabiter qui mènent aux enclavements ; l’intégration de la différence – et seront illustrées dans l’étude de trois quartiers de Paris . Dans cet article important les deux auteures abordent également la question des expressions identitaires et celles des relations "inter-ethniques" qui sont conceptualisées comme deux faces d’une même réalité qui façonnent les pratiques sociales de l’espace habitat en France : « l'affirmation identitaire se situe dans le cadre des relations à l'Autre, lequel assigne les frontières du "non soi". Inversement, les avatars des relations inter-groupes suivent le mouvement des acteurs en présence dans leur effort de différenciation ou d'assimilation » (p.46).
Après une section qui revient sur la situation Etats-Uniennes versus France des phénomènes minoritaires, Véronique De Rudder et Isabelle Taboadda-Leonetti font ici des propositions théoriques et méthodologiques à partir desquelles nous pouvons voir émerger le champ sociologique des relations interethniques – au carrefour de la sociologie des migrations et de travaux théoriques sur le racisme (p.41) – tel que Véronique De Rudder le défendra très explicitement en 1991 . L’article ouvre un chantier sur des concepts qui seront par la suite développés : la notion de minorité ethnique (phénomène minoritaire) – qui, au-delà de la définition classique de minorités nationales, peut se dessiner en France dans les années à venir par diverses formes de « participation sociale à la vie de la cité à travers des pratiques urbaines qui impriment dans l’espace le refus de l’invisibilité » (p. 53) –, de différence et de distance, celle d’espace migratoire symbolique qui lie les immigrés à leur pays d’origine – sur les plans économiques, sociaux et interpersonnels (p.44-45) – et propose des méthodes de recherche appuyées sur l’anthropologie sociale. Il montre la faible efficacité des notions d’assimilation et d’intégration au profit d’une vision plus complexe des évolutions possibles des relations entre "autochtones" et "immigrés". Quatre hypothèses typologiques de la cohabitation pluriethnique dans une pratique urbaine de l’espace collectif sont explorées – l’entrecroisement ; l’occupation différentielle ; l’exclusion ou refus de cohabiter qui mènent aux enclavements ; l’intégration de la différence – et seront illustrées dans l’étude de trois quartiers de Paris . Dans cet article important les deux auteures abordent également la question des expressions identitaires et celles des relations "inter-ethniques" qui sont conceptualisées comme deux faces d’une même réalité qui façonnent les pratiques sociales de l’espace habitat en France : « l'affirmation identitaire se situe dans le cadre des relations à l'Autre, lequel assigne les frontières du "non soi". Inversement, les avatars des relations inter-groupes suivent le mouvement des acteurs en présence dans leur effort de différenciation ou d'assimilation » (p.46).
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