Fondé au printemps 1942, le Groupe révolutionnaire prolétarien (GRP) regroupe à Paris des militants isolés de différentes tendances, trotskystes, anarchistes ou conseillistes, majoritairement germanophones, réunis contre la nature impérialiste de la guerre et le capitalisme d’Etat de l’URSS. Parmi les résistants du groupe, figurent Pierre Lanneret, Clara et Pavel Thalmann, dans le pavillon desquels le groupe se réunit rue Friant dans le XIVe arrondissement, Anna et Jean Justus, Maximilien Rubel et Roger Bossière… Dans « Combats pour la liberté, Moscou-Madrid-Barcelone-Paris », Clara et Paul Thalmann racontent la naissance du groupe : « Au printemps 1941, il n’y avait encore aucune trace d’un mouvement de résistance quelconque à Paris. Les organisations fascistes françaises, travaillant main dans la main avec les occupants, avaient partout leurs espions dans la population civile. En général, nos visiteurs venaient seuls, mais, afin de passer inaperçus, certains se faisaient accompagner par leur femme ou leur amie. Nous tentâmes de dégager une ligne générale de nos débats houleux et confus et tombâmes d’accord sur trois points : 1.- L’Union soviétique est un nouvel État impérialiste, une société de classes, fondée sur la nationalisation des moyens de production et qui n’est ni socialiste, ni capitaliste dans le sens classique de ce terme ; 2.- La guerre actuelle est une guerre impérialiste à laquelle les révolutionnaires ne peuvent participer, ni d’un côté ni de l’autre : 3.- L’objectif final de la doctrine socialiste est encore valable, mais le mouvement ouvrier tel qu’il existait jusqu’à présent, est mort. Un nouveau surgira des cendres de la guerre et devra chercher sa propre voie, en se démarquant totalement du parti bolchevik. »

Le groupe clandestin, révolutionnaire, anticapitaliste et internationaliste, antifasciste et antistalinien, se réclame du « troisième camp internationaliste » et vise à l’établissement de la « République internationale des conseils ouvriers ». En 1943, dans son manifeste, le GRP affirme que la guerre impérialiste devrait être transformée en guerre civile contre tous les gouvernements capitalistes, le but final étant la république internationale des conseils. Comme mesure pour l’immédiat, le manifeste préconise la propagande et la fraternisation avec les soldats et les ouvriers allemands, la dénonciation des buts impérialistes, le soutien aux revendications économiques des travailleurs, la lutte contre la déportation de travailleurs en Allemagne, organisée par le gouvernement de Vichy et les nazis, et la formation de groupes révolutionnaires dans les usines, premier pas vers la constitution de milices ouvrières et de comités d’usine. Les moyens matériels du groupe sont très faibles, les actions sont donc limitées à l’édition de tracts bilingues, et notamment certains destinés aux soldats allemands. Puis à partir de 1943, il édite le bulletin « Le Réveil prolétarien », dont 16 numéros paraissent jusqu’en janvier 1945. Critiquant les sentiments nationalistes des autres groupes de la Résistance qui se forment, le GRP refuse de collaborer avec eux, échappant ainsi aux infiltrations et arrestations. Au printemps 1944, le GRP se renomme « Union des communistes internationalistes pour la IVe Internationale » (UCI), qui poursuit son activité après la Libération de la France. De 1945 à 1974, le groupe fait paraître une revue théorique « La Flamme », dont les deux derniers numéros montrent que la tendance conseilliste prend le dessus dans le groupe. Le groupe disparaît en 1947.