En 1913, Marcel Pagnol crée à Marseille la revue « Fortunio », avec quelques amis et bientôt Jean Ballard. En 1919, après avoir été interrompu par la guerre, la parution de « Fortunio » reprend sous la direction de Jean Ballard, et sa ligne prend de la distance par rapport au Félibrige et par rapport à Paris. Ce changement de ligne conduit à un nouveau nom en 1925, les « Cahiers du Sud ». La revue s'oriente vers la poésie sous l'influence du poète surréaliste très lié à Paul Eluard, André Gaillard, et notamment la poésie surréaliste de Joe Bousquet, Paul Eluard, Antonin Artaud, Michel Leiris, Henri Michaux. André Gaillard conçoit un premier numéro spécial « La Poésie et la critique » en 1929. En parallèle, les « Cahiers du Sud » sont en relation avec la revue « Chantiers » de Joë Bousquet à Carcassonne. A partir de 1930, les « Cahiers du Sud » sont l’organe des deux groupes, ce qui conforte son autonomie tant par rapport à Paris que par rapport au régionalisme.

La revue se veut un lien entre des pôles culturels et intellectuels des deux rives de la Méditerranée et au-delà, privilégiant l’identité méditerranéenne plutôt que marseillaise, provençale ou languedocienne, particulièrement explorée dans des numéros spéciaux sur "L'Islam et l'Occident", "Le Génie d'Oc et l'homme méditerranéen", des collaborations avec Louis Brauquier et Gabriel Audisio. Durant la Guerre, la revue, avec l'appui d'écrivains réfugiés à Marseille, André Breton, André Masson, Simone Weil, René Daumal, se veut espace de contestation à l'idéologie nationaliste et xénophobe. En 1945, la revue est relancée avec un comité de rédaction comprenant des anciens comme Léon-Gabriel Gros, Alex Toursky, Jean Tortel et de nouveaux membres comme Jean Lartigue et Pierre Guerre, accueille de nouveaux collaborateurs plus jeunes, comme Albert Camus ou Jean-Paul Sartre, abandonne la mensualité et les numéros spéciaux pour des "frontons", qui abordent un plus grand nombre de sujets. Le dernier numéro est publié en 1966.