La cohabitation pluriethnique et ses enjeux

Classe

Texte

Type de document

fre Tiré à part
fre Article

Titre

fre La cohabitation pluriethnique et ses enjeux

Editeur(s)

fre Université de Bruxelles

Date

fre 1993

Lieu de création

fre Bruxelles

Langue

fre fre

Format

fre Fichier PDF
fre 204 Ko

Importance matérielle

fre 21 p.

Est une partie de

fre Critique régionale, n ° 18

pages

fre 68-90

Source

Université Côte d'Azur. BU Saint-Jean d'Angély. Fonds Véronique De Rudder

Droits

fre Droits réservés

Droits d’accès

fre Réservé aux chercheurs de l'UNS et de l'Urmis

Identifiant pérenne

Description

Cet article a également été publié dans la revue Migrants-formation en 1990. Il constitue une synthèse des travaux empiriques et leurs analyses sur la cohabitation entre autochtones et immigrés en milieu urbain de la France métropolitaine. Véronique De Rudder y fait un rappel critique des informations fallacieuses qui circulent dans la société française (via les canaux médiatiques et politiques) quant aux relations supposées de conflits entre population autochtone et population immigrée dans les espaces urbains à partir d’un certain seuil (jamais clairement définis d’ailleurs et pour cause !). Elle rappelle que loin de toujours générer des conflits et des tensions, les situations de cohabitation pluriethniques sont autrement plus diversifiées et complexes : « la qualité des relations entre autochtones et immigrés est liée à une série de facteurs, parmi lesquels l’aspect quantitatif ne parait ni le seul, ni même le plus important » (p. 2). Les analyses des situations de cohabitation pluriethnique ne peuvent pas non plus uniquement renvoyer dos à dos les populations prises à partie puisque celles-ci sont elles-mêmes prises dans une trame de relations et des visions qui les dépassent tout en s’imposant à elles. La notion de seuil pas plus que celle de différences, fussent-elles culturelles, religieuses ou sociales, ne suffisent à expliquer les conflits, les collaborations ou tout autre modalités que prennent les relations au quotidien : « les recherches actuelles, comme d’ailleurs celles menées antérieurement aux Etats-Unis, tendraient plutôt à montrer que les tensions et les conflits de cohabitation s’accroissent, justement, au moment où s’amenuisent les différences sociales et culturelles qui maintenaient une distance entre les uns et les autres. » (p. 3). L’auteure propose ici son approche théorique de la question. Il faut, dit-elle travailler au niveau des quatre dimensions qui interfèrent et influencent les modes de cohabitation pluriethnique : Le niveau le plus macro d’abord qui est celui des rapports sociaux interethniques dont la structure détermine des rôles de classements et de distribution, puis ensuite au niveau des relations sociales interethniques qui sont perméables à la structure et aux représentations qui lui sont attachées et c’est là que les études empiriques devraient examiner les conditions qui conduisent ou pas à "l’ethnicisation" des relations sociales. Viennent ensuite le niveau des représentations réciproques des groupes, liées aux idéologies qui accompagnent l’histoire et, enfin, celui des représentations de la coexistence elle-même. Cette proposition théorique a des allures de programme mais l’auteure ne poursuivra pas vraiment elle-même dans ce sens dans la mesure où ses travaux post 1990, seront désormais davantage orientés d’une part vers un effort considérable de rédaction des apports des travaux sur les relations interethniques, notamment dans les articles nombreux qu’elle écrira pour la revue Pluriel dans la série Vocabulaire des relations interethniques, et d’autre part vers une analyse du racisme, ancrée dans des travaux désormais davantage liés à la sphère du travail. L’article poursuit sur les divers enjeux que représentent l’immigration selon qu’elle est vue comme une ressource sociale ou culturelle, d’une utilité fonctionnelle, ou comme un danger. Il s’achève sur les exemples empiriques de cohabitation en dévoilant 5 formes : L’occupation différentielle lié à une complémentarité de classe entre bourgeois.e.s et employé.e.s du 16ème arrondissement de Paris; l’entrecroisement dans la quartier du marché d’Aligre à Paris ; L’ethnicisation des relations sociales dans les immeubles stigmatisés des 4000 de La Courneuve ; la territorialisation commerciale et les résistances à l’enclavement ; enfin, l’enclavement ethnique (forme de ségrégation rare en France) que représentait l’ilot Chalon du 12ème arrondissement avant que la spéculation immobilière y mettent "bon ordre" montrant d’ailleurs que « l’espace apparemment autonome de la réserve foncière s’est révélé être un espace entièrement soumis » (p. 20).
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