Sous les quotas, les hommes
Classe
Texte
Type de document
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Tiré à part
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article
Titre
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Sous les quotas, les hommes
Créateur(s)
Editeur(s)
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MRAP
Date
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1981-04
Lieu de création
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Paris
Langue
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fre
Format
fre
Fichier PDF
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1,26 Mo
Importance matérielle
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2 p.
Est une partie de
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Différences, n° 1
pages
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15-16
Source
Université Côte d'Azur. BU Saint-Jean d'Angély. Fonds Véronique De Rudder
Droits
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Droits réservés
Droits d’accès
Réservé aux chercheurs de l'UNS et de l'Urmis
Identifiant pérenne
Description
Cet article publié dans la revue du MRAP donne l’occasion à Véronique de développer sur la notion de quota, corollaire à celle de « seuil de tolérance ».
La discussion s'ancre dans un fait récent de l’instauration d’un quota à Ivry s/ Seine dont la mairie a décidé de limiter à 15% le nombre d’enfants d’étrangers pouvant accéder aux colonies de vacances de la ville alors qu’ils représentent 23% des enfants de moins de 16 dans le commune,. L'article vise à dénoncer le principe de discrimination et de division qui préside à l’application de quotas en France. Véritable politique de production d’inégalités le quota négatif et son avatar qu’est le seuil de tolérance, est une déclinaison opposée à celle des quotas positifs adoptés aux USA dans le cadre de l’affirmative action.
Autrement dit le quota est la traduction en mesure que peut prendre une organisation - ici la mairie d’Ivry-sur-Seine pour répondre aux inquiétudes face à ce que serait son seuil de tolérance... Or cette politique est fatalement discriminatoire, et quand sa base de calcul est l’origine elle est raciste. « Instaurer des quotas pour “ limiter et faire reculer le poids de l’immigration” (selon les paroles du maire) est donc une pratique profondément inégalitaire car elle revient à discriminer les enfants selon leur origine nationale, à entériner, voire aggraver, les effets des conditions d’insertion des immigrés en France; à opposer, enfin, les intérêts des Français à ceux des étrangers alors qu’une unité aurait pu réaliser dans la revendication de moyens suffisants permettant à tous les enfants qui en ont besoin de partir ». (p. 15)
Le reste de l’article lui permet de discuter de l »application de quota aux USA dans le cadre de l’affirmative action. Mais sa position est dans un cas comme dans l’autre défavorable au quota pour deux raisons. La première est que rien ne garantit qu’il permette de réduire le racisme et les discriminations (même sous sa face positive). La deuxième est que l’idée de quota implique une lecture racialisée (voire raciste) de la population; et en cela elle contribue à réifier la race. « "Positif" ou "négatif", le quota pose un problème car il impose un certain type de coexistence à des individus jusque-là séparés les uns des autres. II n’est pas certain que ce soit le meilleur moyen de favoriser la rencontre entre individus qui souvent s’ignorent et ont les uns des autres des représentations stéréotypées. La simple cohabitation ne suffit pas à faire reculer les opinions et les comportements racistes ou xénophobes. Mais l’imposition autoritaire de normes minimales (« quotas positifs ») ou maximales (comme à Ivry ou dans le cas de l’application du prétendu « seuil de tolérance ») peut-elle mieux y réussir ? Des éléments de réponse existent en quelques principes simples: l’opposition à la discrimination: le refus de faire payer aux plus pauvres et aux plus opprimés le prix de leur oppression ; le refus de rompre des solidarités : enfin, le droit, pour les premiers intéressés, à donner leur avis sur les questions qui les concernent » (p. 16)
L’auteure conclue par quelques propositions élémentaires qui devraient constituer le socle d’une véritable politique de lutte contre les discriminations et le racisme. Autrement dit le quota est la traduction en mesure que peut prendre une organisation - ici la mairie d’Ivry-sur-Seine pour répondre aux inquiétudes face à ce que serait son seuil de tolérance... Or cette politique est fatalement discriminatoire, et quand sa base de calcul est l’origine elle est raciste. « Instaurer des quotas pour “ limiter et faire reculer le poids de l’immigration” (selon les paroles du maire) est donc une pratique profondément inégalitaire car elle revient à discriminer les enfants selon leur origine nationale, à entériner, voire aggraver, les effets des conditions d’insertion des immigrés en France; à opposer, enfin, les intérêts des Français à ceux des étrangers alors qu’une unité aurait pu réaliser dans la revendication de moyens suffisants permettant à tous les enfants qui en ont besoin de partir ». (p. 15)
Le reste de l’article lui permet de discuter de l »application de quota aux USA dans le cadre de l’affirmative action. Mais sa position est dans un cas comme dans l’autre défavorable au quota pour deux raisons. La première est que rien ne garantit qu’il permette de réduire le racisme et les discriminations (même sous sa face positive). La deuxième est que l’idée de quota implique une lecture racialisée (voire raciste) de la population; et en cela elle contribue à réifier la race. « "Positif" ou "négatif", le quota pose un problème car il impose un certain type de coexistence à des individus jusque-là séparés les uns des autres. II n’est pas certain que ce soit le meilleur moyen de favoriser la rencontre entre individus qui souvent s’ignorent et ont les uns des autres des représentations stéréotypées. La simple cohabitation ne suffit pas à faire reculer les opinions et les comportements racistes ou xénophobes. Mais l’imposition autoritaire de normes minimales (« quotas positifs ») ou maximales (comme à Ivry ou dans le cas de l’application du prétendu « seuil de tolérance ») peut-elle mieux y réussir ? Des éléments de réponse existent en quelques principes simples: l’opposition à la discrimination: le refus de faire payer aux plus pauvres et aux plus opprimés le prix de leur oppression ; le refus de rompre des solidarités : enfin, le droit, pour les premiers intéressés, à donner leur avis sur les questions qui les concernent » (p. 16)
L’auteure conclue par quelques propositions élémentaires qui devraient constituer le socle d’une véritable politique de lutte contre les discriminations et le racisme.
La discussion s'ancre dans un fait récent de l’instauration d’un quota à Ivry s/ Seine dont la mairie a décidé de limiter à 15% le nombre d’enfants d’étrangers pouvant accéder aux colonies de vacances de la ville alors qu’ils représentent 23% des enfants de moins de 16 dans le commune,. L'article vise à dénoncer le principe de discrimination et de division qui préside à l’application de quotas en France. Véritable politique de production d’inégalités le quota négatif et son avatar qu’est le seuil de tolérance, est une déclinaison opposée à celle des quotas positifs adoptés aux USA dans le cadre de l’affirmative action.
Autrement dit le quota est la traduction en mesure que peut prendre une organisation - ici la mairie d’Ivry-sur-Seine pour répondre aux inquiétudes face à ce que serait son seuil de tolérance... Or cette politique est fatalement discriminatoire, et quand sa base de calcul est l’origine elle est raciste. « Instaurer des quotas pour “ limiter et faire reculer le poids de l’immigration” (selon les paroles du maire) est donc une pratique profondément inégalitaire car elle revient à discriminer les enfants selon leur origine nationale, à entériner, voire aggraver, les effets des conditions d’insertion des immigrés en France; à opposer, enfin, les intérêts des Français à ceux des étrangers alors qu’une unité aurait pu réaliser dans la revendication de moyens suffisants permettant à tous les enfants qui en ont besoin de partir ». (p. 15)
Le reste de l’article lui permet de discuter de l »application de quota aux USA dans le cadre de l’affirmative action. Mais sa position est dans un cas comme dans l’autre défavorable au quota pour deux raisons. La première est que rien ne garantit qu’il permette de réduire le racisme et les discriminations (même sous sa face positive). La deuxième est que l’idée de quota implique une lecture racialisée (voire raciste) de la population; et en cela elle contribue à réifier la race. « "Positif" ou "négatif", le quota pose un problème car il impose un certain type de coexistence à des individus jusque-là séparés les uns des autres. II n’est pas certain que ce soit le meilleur moyen de favoriser la rencontre entre individus qui souvent s’ignorent et ont les uns des autres des représentations stéréotypées. La simple cohabitation ne suffit pas à faire reculer les opinions et les comportements racistes ou xénophobes. Mais l’imposition autoritaire de normes minimales (« quotas positifs ») ou maximales (comme à Ivry ou dans le cas de l’application du prétendu « seuil de tolérance ») peut-elle mieux y réussir ? Des éléments de réponse existent en quelques principes simples: l’opposition à la discrimination: le refus de faire payer aux plus pauvres et aux plus opprimés le prix de leur oppression ; le refus de rompre des solidarités : enfin, le droit, pour les premiers intéressés, à donner leur avis sur les questions qui les concernent » (p. 16)
L’auteure conclue par quelques propositions élémentaires qui devraient constituer le socle d’une véritable politique de lutte contre les discriminations et le racisme. Autrement dit le quota est la traduction en mesure que peut prendre une organisation - ici la mairie d’Ivry-sur-Seine pour répondre aux inquiétudes face à ce que serait son seuil de tolérance... Or cette politique est fatalement discriminatoire, et quand sa base de calcul est l’origine elle est raciste. « Instaurer des quotas pour “ limiter et faire reculer le poids de l’immigration” (selon les paroles du maire) est donc une pratique profondément inégalitaire car elle revient à discriminer les enfants selon leur origine nationale, à entériner, voire aggraver, les effets des conditions d’insertion des immigrés en France; à opposer, enfin, les intérêts des Français à ceux des étrangers alors qu’une unité aurait pu réaliser dans la revendication de moyens suffisants permettant à tous les enfants qui en ont besoin de partir ». (p. 15)
Le reste de l’article lui permet de discuter de l »application de quota aux USA dans le cadre de l’affirmative action. Mais sa position est dans un cas comme dans l’autre défavorable au quota pour deux raisons. La première est que rien ne garantit qu’il permette de réduire le racisme et les discriminations (même sous sa face positive). La deuxième est que l’idée de quota implique une lecture racialisée (voire raciste) de la population; et en cela elle contribue à réifier la race. « "Positif" ou "négatif", le quota pose un problème car il impose un certain type de coexistence à des individus jusque-là séparés les uns des autres. II n’est pas certain que ce soit le meilleur moyen de favoriser la rencontre entre individus qui souvent s’ignorent et ont les uns des autres des représentations stéréotypées. La simple cohabitation ne suffit pas à faire reculer les opinions et les comportements racistes ou xénophobes. Mais l’imposition autoritaire de normes minimales (« quotas positifs ») ou maximales (comme à Ivry ou dans le cas de l’application du prétendu « seuil de tolérance ») peut-elle mieux y réussir ? Des éléments de réponse existent en quelques principes simples: l’opposition à la discrimination: le refus de faire payer aux plus pauvres et aux plus opprimés le prix de leur oppression ; le refus de rompre des solidarités : enfin, le droit, pour les premiers intéressés, à donner leur avis sur les questions qui les concernent » (p. 16)
L’auteure conclue par quelques propositions élémentaires qui devraient constituer le socle d’une véritable politique de lutte contre les discriminations et le racisme.
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