Né en 1858 dans une famille de vieille noblesse française, orphelin à l'âge de six ans, Charles de Foucauld est élevé par son grand-père maternel, le colonel Beaudet de Morlet. Il intègre l'école spéciale militaire de Saint-Cyr en 1876, puis en 1878 l'École de cavalerie de Saumur. Il se distingue pendant ses études par son indiscipline, puis après la mort de son grand-père en 1878, par sa vie dissolue. Affecté au 4e régiment de hussards, il est envoyé à Sétif en Algérie française en 1880, mais il est radié pour avoir emmené sa concubine, l’actrice Marie Cardinal. Mais il demande sa réintégration pour participer aux opérations de pacification où est engagé son régiment, d’abord en Tunisie contre la tribu des Kroumirs, puis dans le Sud-Oranais contre le soulèvement mené par le Cheikh Bouamana où il les rejoint.

Fin 1881, il est en garnison à Mascara en Algérie, où, assagi de sa vie de débauche, il mûrit le projet d’un voyage en Orient. Il démissionne de l’armée et s’installe à Alger, où il rencontre le conservateur de la bibliothèque et géographe Oscar Mac Carthur et lit les anciens géographes, les récits d'explorateurs... Il part entre 1883 et 1884 en voyage à Tanger, Tétouan, Fès, Meknès, Mogador, ... Accompagné de Aby Serour et muni d'instruments de mesure, il recueille données de topographie, latitude et longitude, mais aussi le récit de rencontres, établissant 3 000 km d'itinéraires, le tout publié en 1888 dans "Reconnaissance au Maroc, 1883-1884" avec atlas. Cet ouvrage majeur apporte une vision nuancée dans l'opposition entre bled el-makhzen et bled es-sibla et la division entre Arabes et Berbères, plus linguistique qu'ethnique.

En 1886, il se convertit sous l'influence de l'abbé parisien Henri Huvelin et il entre chez les moines trappistes le 16 janvier 1890. De 1890 à 1896, il est Frère Marie-Albéric, trappiste à Notre-Dame du Sacré-Cœur d'Akbès (Syrie). En quête d’un idéal encore plus radical de pauvreté et de pénitence, il se fait ermite en 1897, en Palestine, où il écrit ses méditations. En 1901, il reçoit l'ordination et prend le nom de Frère Charles de Jésus, petit frère du Sacré-Cœur de Jésus, et s’établit dans le Sahara algérien à Béni-Abbès, puis en 1905 à Tamanrasset, dans le Hoggar. Obligé d'apprendre la langue touarègue, dont il publie le premier dictionnaire bilingue français-touareg, il consacre la fin de sa vie à l'écriture d'une œuvre linguistique publiée de manière posthume. Il est assassiné le 1er mai 1916 devant son ermitage, et il est très vite considéré comme un martyr chrétien, notamment avec la publication de sa biographie par René Bazin en 1921.