Troisième enfant de François de La Tour du Pin Chambly de La Charce, lieutenant d’infanterie descendant de René de La Tour du Pin Gouvernet et de Brigitte O'Connor, descendante du marquis de Condorcet, Patrice de la Tour du Pin est orphelin de son père, tué à la Bataille de la Marne à trois ans, Il est élevé avec sa sœur et son frère aîné par sa mère et sa grand-mère entre Paris et le Gâtinais. Il suit des études à l’établissement d’enseignement catholique Sainte-Croix de Neuilly, où il écrit ses premiers poèmes et compose avec son cousin Louis d’Hendecourt son premier recueil, « Lys et violettes », au lycée public de Janson-de-Sailly en 1928-1929, puis suit des études de lettres, droit et sciences politique à l'École libre des sciences politiques à partir de 1930. Le 1er juillet 1932, il publie son premier poème « Enfants de Septembre » à la « Nouvelle revue française » avec le soutien de Jules Supervieille, mais la NRF ne lui permet pas de publier de recueil : en 1933, il publie à compte d’auteur aux éditions de la Tortue « La Quête de joie » écrit en 1930 à 19 ans qui reçoit un accueil enthousiaste et le fait remarquer d’André Gide, Louis Aragon, Henry de Montherlant…
Il fait paraître ensuite dans la collection des « Cahiers de Barbarie » d’Armand Guibert à Tunis, « L’enfer » (1935) et « Le Lucernaire » (1936), puis le recueil « Une somme de poésie : le Don de la Passion » chez les « Cahiers des poètes catholiques » (1937), les « Psaumes » chez Gallimard en 1938, « La Vie recluse en poésie » chez Plon en 1938 et « Les Anges » en 1939 à nouveau à Tunis avec Armand Guibert dans le cadre de sa maison d’éditions Monomotapa. Toute ces oeuvres et les suivantes sont marquées par son choix de vivre en « reclus de poésie » dès l’adolescence : à travers le réel et une nature mystérieuse qu’il aime explorer dans le Gâtinais, il cherche la Joie du Christ et à travers le poème il donne un corps verbal à la beauté secrète du monde habité par la puissance créatrice de Dieu.
Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier le 17 octobre et est interné en Allemagne pendant trois ans, années qui seront les plus prolifiques en poèmes de sa vie. En 1946, il publie le premier volume d’« Une Somme de poésie », qui rassemble tous les écrits antérieurs et des inédits. En septembre 1960, il quitte le Gâtinais et abandonne la solitude pour s’installer à Paris avec sa femme et leurs quatre filles, pour participer dans le cadre de la Commission liturgique de traduction suite au concile Vatican II qui prend la décision de la fin de la messe en latin pour la messe en langues vernaculaires, à la traduction française du Missel romain. Seul laïc permanent, il contribue à la traduction de l’« Ordo Missae », des 1 200 oraisons, des 90 préfaces et des 4 prières eucharistiques, du rituel du mariage et du « Psautier liturgique œcuménique ». Il compose par ailleurs des hymnes pour la liturgie des heures, parues en revue en 1967, puis dans « Prière du temps présent » en 1972. Il publie encore en 1970 « Une lutte pour la vie » récompensé du Grand Prix catholique de littéraire et en 1974, un recueil de 90 psaumes de sa composition, « Psaumes de tous mes temps ». Entre 1972 et 1975, il procède à la révision de l’ensemble de sa « Somme de poésie » pour laquelle il refond de nombreux textes, dont l’édition définitive revue et corrigée paraît chez Gallimard de manière posthume en trois tomes de 1981 à 1983 comprenant tous les textes publiés de son vivant sauf « Pépinière de sapins de Noël » (1957) et une « Veillée pascale » inédite.