Né dans une famille de petits commerçants, Marcel Béalu passe son enfance dans la petite de Saumur, où il obtient son certificat d’études, son seul diplôme, avant qu’en octobre 1920, il soit placé comme employé à la sous-préfecture. Il écrit déjà quelques poèmes. En 1921, il est placé aux établissements Victor Boret, grainetier en gros, puis en 1923, à la maison de chapeliers G. Fournier à Romorantin. En 1925, il quitte Romorantin pour Paris où il travaille chez le chapelier Daniel. Il lit beaucoup et la rencontre avec sa future femme, de 13 ans son aînée, Marguerite Kessel, aura une forte influence dans sa formation intellectuelle. Il écrit ses premiers recueils « Poèmes sur un même thème » qui sera publié en 1932, « Esquisse de l’Idole » (1936), « Ecrit sur la ville » (1937). Après son service militaire, il s’installe en 1931 à Montargis où il ouvre sa Chapellerie Marcel, et publie ses premières plaquettes de poésies. Il commence à collaborer avec la revue « Regain » de Pierre Boujut, rencontre Jean Rousselot, René Lacôte et Louis Guillaume, écrit dans des journaux pacifistes. En 1936, il publie avec une préface du président de la Ligue internationale des Combattants de la Paix, Félicien Challaye, un recueil d’articles pacifistes « Les Yeux ouverts ». A la même époque, il lit les poètes romantiques allemands qui l’influencent beaucoup.
En avril 1937, il rencontre à Saint-Benoit-sur-Loire le poète Max Jacob et à partir de là, les deux amis se rencontreront chaque semaine, l’aîné faisant office de maître en poésie pour le plus jeune. Par son intermédiaire également, il rencontre les poètes avec qui il formera à partir de 1941 l’Ecole de Rochefort, Jean Bouhier, Michel Manoll, René Guy Cadou, Luc Bérimont, Jean Follain, ainsi que Jean Cocteau, brisant la solitude de Montargis. Max Jacob l’aide à publier ses recueils suivants, « Pouce », paru en 1938 dans les « Feuillets de l’îlot » avec un avant-propos de Max Jacob, « Cœur vivant » (1941), « L’Île au cri de silence » (1941). Ces trois recueils font état de la découverte en 1938 du surréalisme, même si Marcel Béalu reste indépendant de cette école.
En 1939, il est mobilisé à Angers puis envoyé au centre radio de Montargis mais il est signalé comme anarchiste, du fait d’anciennes collaborations avec des feuilles anarchistes et surtout du fait de son mariage avec une Allemande. Il est envoyé à Saint-Jean-d’Angély, où il est fait prisonnier à la débâcle, envoyé en internement à Bergerac, puis démobilisé et renvoyé à Montargis. Il collabore aux « Poètes casqués » de Pierre Seghers et écrit le recueil « La Mort au bois dormant » sur la guerre. En 1944, Gallimard lui offre un contrat d’exclusivité et publie « Mémoires de l’ombre » qui reçoit des critiques élogieuses. Suivent « L’Expérience de la nuit » et « Journal d’un mort ». En 1945, il vend sa chapellerie, quitte Montargis et s’installe à Avon, près de Fontainebleau, puis à Saint-Germain-en-Laye, recevant ses amis parisiens et fréquentant les librairies et mondanités parisiennes où il rencontre Jean Paulhan, Marcel Arland, … En 1950, il ouvre une librairie à Paris, « Le Pont traversé » en référence à un récit de Jean Paulhan. En 1952, il publie « Ocarina », puis en 1953, « La Bouche ouverte » et en 1952 et 1954, deux « Anthologie de la poésie féminine française depuis le Surréalisme » et « Anthologie de la poésie française du surréalisme à nos jours ». En 1955, il fonde avec René Rougerie les cahiers de littérature « Réalités secrètes » où il publie les œuvres des poètes qu’il apprécie, Julien Gracq, André Pierre de Mandiargues, … jusqu’en 1971.