Thomas Child était un photographe anglais, connu pour ses photographies de Pékin prises dans les années 1870-1880. Il est l'auteur de plus de 200 clichés, qui se limitent à Pékin et ses environs immédiats ; Child n'a jamais photographié d'autres endroits de la Chine ou d'autres pays d'Asie. Son témoignage est capital pour la connaissance de l'histoire de la ville à la fin du XIXe siècle. Il n'était pas un photographe professionnel ; Child travaillait avant tout à Pékin comme gas engineer pour le compte de l'Imperial Maritime Customs Service, emploi qu'il occupa de 1870 à 1889. Son travail de photographe ne peut toutefois être qualifié d'amateur ou de passe-temps, car il avait pleinement conscience du potentiel commercial de ses photos et disposait de son propre studio attenant à sa maison, qui lui permettait de compléter ses revenus. Ne s'agissant pas de sa principale source de revenu, Terry Bennet qualifie Thomas Child de photographe semi-professionnel. Sans son travail pour l'Imperial Maritime Customs Service, son studio pourrait être considéré comme le premier studio professionnel de Pékin. Sa vie est connue grâce au travail de Colin Osman et de Terry Bennett dont nous synthétisons ici l'enquête.

Avant de partir en Chine, Thomas Child travaille comme gas engineer pour le compte de la Crystal Palace Gas Company. Il s'intéresse alors déjà à la photographie, qu'il pratique sur son temps libre. En mai 1870, il passe un entretien et est choisi pour occuper un poste de gas engineer à Pékin, au service de l'Imperial Maritime Customs Service (bien que contrôlé par le gouvernement chinois, ce service employait dans les faits beaucoup d'étrangers, notamment des Britanniques). Il a alors 29 ans et signe un contrat de travail de cinq ans qui l'amène à quitter sa femme et ses enfants (qui le rejoignent en Chine deux ou trois ans après) ; il n'oublie d’emmener dans sa valise son matériel photographique.

Les premiers mois, Thomas Child est très occupé par son travail et l'apprentissage du chinois. Ce n'est qu'en mars 1871 qu'il ressort son appareil photographique. Il a alors conscience qu'il n'existe aucun studio dans la ville (bien que des photographes amateurs soient présents) et que la demande pour des photographies existe ; c'est le début de son activité secondaire de photographe commercial. Il photographie dans son studio les étrangers de passage, des officiels chinois et propose aussi à la vente des vues de Pékin. Dans son journal intime et ses lettres à sa femme, dont une partie ont survécu jusqu'à nos jours, il décrit avec précision (jusqu'en 1873) son activité de photographe et ses rencontres avec d'autres photographes professionnels (comme D. K. Griffith ou John Thomson) et amateurs. Après 1873, il ne mentionne plus la photographie dans son journal, mais on sait qu'il continue à la pratiquer et à vendre des clichés jusqu'à son départ en 1889.

Ses photos sont notamment parues en son temps dans quelques numéros des journaux illustrés Far East, The Graphic et The Illustrated London News. On ne sait pas si Thomas Child vendait des albums dans son studio ou se contentait de distribuer des photos à l'unité. Les négatifs de la plupart de ses clichés sont signés et datés ("Thomas Child", "T. Child", "Thos. Child", "T. C."), ce qui facilite l'identification de son œuvre, même si Terry Bennett affirme qu'il faut se méfier des dates indiquées. Ces dernières ont pu être modifiées quand Thomas Child réorganisait son catalogue, elles ne correspondent pas forcément à la date de prise de vue originale.

Après 20 ans passés en Chine, enrichi dans un certaine mesure par son double travail, il retourne en 1889 avec sa famille en Angleterre et prend sa retraite à Londres. Il meurt accidentellement d'une chute le 27 mai 1898, à 57 ans.