Maritain, Jacques (1882-1973)
Classe
Personne
Forme retenue
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Maritain, Jacques (1882-1973)
Autres formes du nom
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Jacques Maritain
Identifiant de la personne dans un référentiel externe
Nom de famille
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Maritain
Prénom(s)
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Jacques
Langue
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Nationalité
fr
Genre
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masculin
Identifiant pérenne
Date de naissance
Date de mort
Lieu de naissance
Lieu de décès
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Maritain, Jacques (1882-1973)
Description
Elevé dans un milieu anticlérical et républicain, baptisé dans l’Eglise réformée, Jacques Maritain est élève au lycée Henri-IV où il rencontre en 1898-1899, Ernest Psichari, avec qui il développe une amitié homophile. Il étudie la chimie, la biologie et la physique à l’Université de la Sorbonne, où il rencontre en 1901 Raïssa Oumançoff, immigrée russe juive, qu’il épouse le 26 novembre 1904. L’enseignement de la Sorbonne empreint de scientisme les déçoit dans leur recherche existentielle. Charles Péguy à qui le couple se confie l’encourage à suivre les cours d’Henri Bergson au Collège de France, pendant lesquels en 1901-1902, ils déconstruisent le scientisme et apprennent le « sens de l’absolu ». En 1905, Jacques Maritain est reçu à l’agrégation de philosophie. Sous l’influence de Léon Bloy, que les Maritain rencontrent pour la première fois le 25 juin 1905, le couple reçoit le baptême catholique le 11 juin 1906, en même temps que Véra Oumançoff, la sœur de Raïssa qui vivra à partir de décembre 1906 avec eux. Fin 1906, ils s’installent à Heidelberg où Jacques Maritain étudie la biologie sous la conduite d’Hans Driesch dont la théorie néo-vitaliste proche des conceptions de Bergson l’influence. A l’inverse, Raïssa découvre l’œuvre de saint Thomas d’Aquin sur la recommandation de leur conseiller spirituel, le Dominicain Humbert Clérissac ; Jacques Maritain y découvre à son tour la confirmation de nombreuses de ses idées. Il s’éloigne ainsi de Bergson qu’il critique durement dans son premier ouvrage publié en 1913 « La philosophie bergsonienne : études critiques ». Du thomisme, Jacques Maritain se tourne ensuite vers Aristote puis vers la néo-scolastique. Sa philosophie inspirée d’Aristote et de saint Thomas d’Aquin se veut une philosophie chrétienne fondée sur l’expérience et la raison, indépendante de la foi mais en accord avec elle. Il défend la philosophie comme reine des sciences, chargée de corriger les erreurs des autres sciences, qui ne traitent que de la matière et sont donc secondaires. Il vise à actualiser la pensée du thomisme et la mettre en accord avec le XXe siècle.
A partir d’octobre 1912, il enseigne la philosophie au collège Stanislas, puis en juin 1914, il occupe la chaire d’histoire de la philosophie moderne à l’Institut catholique de Paris. En 1913, il rencontre Charles Henrion, Louis Massignon, puis fréquente Charles Péguy et correspond avec Charles Maurras avec qui il partage le combat face à la république anticléricale mais sans partager le nationalisme ni l’antisémitisme du fondateur de l’Action française. En 1916-1917, il enseigne au Petit Séminaire de Versailles ; il est chargé en 1917 d’écrire une série de manuels pour les universités catholiques et les séminaires, pour laquelle il ne publie qu’un seul ouvrage « Eléments de philosophie » en 1920. La même année, il fonde avec Henri Massis et Jacques Bainville, la « Revue universelle », nationaliste et catholique, proche de l’Action française, où dans les pages philosophiques, il poursuit son travail pour la renaissance thomiste et travaille à la conversion catholique. En 1919, les Maritain commencent à organiser chez eux les réunions du « Cercle des études thomistes », haut lieu de leur influence apologétique et de leur travail de conversion, en particulier auprès des Juifs.
En 1922, il publie « Antimoderne », qui condamne la démocratie libérale de la IIIe République, et qui va constituer le programme des intellectuels convertis en soulignant le monolithisme du catholicisme, son intransigeance et son immutabilité. En 1926, alors que le Vatican émet des mises en garde contre l’Action française, il essaie de jouer le médiateur auprès de Charles Maurras à qui il a dédicacé en 1924 ses « Réflexions sur l’intelligence ». Jacques Maritain tente de justifier auprès de Maurras la position de Rome en publiant « Primauté du spirituel, pourquoi Rome a parlé » (1927) et « Clairvoyance de Rome » (1929), position qui est très mal vécue par Maurras et l’Action française qui refuse de reconnaître l’autorité spirituelle du pape. C’est la rupture et Jacques Maritain condamne l’Action française : comme il l’écrit pendant la Seconde Guerre mondiale dans son journal : « je m'accuserai toujours comme d'une impardonnable légèreté d'avoir fait crédit pendant quelque temps à un mouvement dont les sophismes politiques ont à leur base le mépris de l'Évangile. Aujourd'hui plus que jamais je bénis l'intervention libératrice de l'Église qui, en 1926, a dénoncé les erreurs de l'Action Française [...] j'ai tâché de dégager les traits d'une politique chrétienne authentique et d'établir, à la lumière d'une philosophie de l'histoire et de la culture, la vraie signification de l'inspiration démocratique et la nature du nouvel humanisme que nous attendons. » Dans les années 1930, il encourage Emmanuel Mounier, qui fréquente les cercles thomistes à la villa des Maritain à Meudon à partir de 1928, et la création de la revue « Esprit » en octobre 1932, favorisant la naissance du courant personnaliste (qui met en avant la personne humaine, et développe une vision réaliste de l'homme en alternative à la fois aux individualismes et aux totalitarismes). Il publie en 1936 « Humanisme intégral » qui en approfondissant la réflexion politique et sociale le rapproche de la démocratie chrétienne : entérinant les acquis de la Révolution française et du libéralisme, séparant les sphères temporelles et spirituelles, il prône l’engagement des catholiques dans la politique non par la création de partis confessionnels mais en s’inspirant de la religion dans l’action. En 1933, il est nommé professeur à l’Institut pontifical d’études médiévales de l’Université de Toronto, il enseigne également à Columbia, Chicago et Princeton. En 1939, bloqué en Amérique du Nord par la déclaration de guerre, il prend position contre le régime de Vichy et son antisémitisme, idées qu’il a toujours combattues, depuis son dreyfusisme de jeunesse jusqu’à son philosémitisme dans les années 1930. En 1942, il refuse l’invitation de De Gaulle à participer au Comité national. De 1945 à 1948, il est nommé ambassadeur de France auprès du Vatican. En 1950, il participe à la fondation du Congrès pour la liberté de la Culture. Il enseigne ensuite à nouveau à Princeton dont il devient professeur émérite en 1956. Après le décès de Raïssa en 1960, il s’installe en 1961 chez les Petits Frères de Jésus à Toulouse et devient Petit Frère en 1970. La même année, il publie son dernier ouvrage « De l’Eglise du Christ. La personne de l’Eglise et son personnel » où il rassemble sa pensée de l’Eglise.
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