La revue Aguedal

Parue de 1936 à 1944, la revue Aguedal est éditée par la Société des Amis des Lettres et des Arts, créée par Henri Bosco avec pour siège social sa villa 14, avenue de Marrakech, à Rabat. La revue est dirigée par Henri Bosco et Christian Funck-Brentano. Elle a des représentants permanents à Tunis et Alger, pour une diffusion dans tout le Maghreb à partir de Rabat.

Régulière jusqu’en 1940, avec une belle expansion, elle est interrompue volontairement par Henri Bosco en juin 1940.

Quand il décide en 1943 de la relancer, il se heurte malheureusement à de nombreuses difficultés tant matérielles qu’intellectuelles, ayant perdu ces collaborateurs. Il arrête définitivement la publication le 10 décembre 1944, après le dernier numéro le « Tombeau de Max Jacob ».

La profession de foi de la revue la place comme un outil pour maintenir la part de l’esprit qui a créé le Maroc, et faire entendre sa voix spirituelle. Son nom est déjà tout un programme comme l’écrit Léopold Justinard dans sa rubrique « Propos du Chleuh » :

Aguedal, mot berbère vient de la racine « gdl », signifiant garder et protéger, s’applique à la culture du Maghreb.

 

Voici d’ailleurs ce qu’en dit Henri Bosco dans une lettre à Gabriel Germain datée du 7 octobre 1942 :

« Pouvez-vous m’envoyer de petits comptes-rendus. Tout ce que vous écrirez d’africain sera le bienvenu, car j’espère à recomposer la Revue qu’avec des textes « africains » et surtout « marocains ». - Ce sera notre marque. »

Elle publie des chroniques littéraires, musicales, artistiques, donnant une vision très riche de la vie culturelle, spectacles, expositions, conférences notamment à Rabat et à Casablanca, des articles et des extraits d’œuvres d’amis tels que François Bonjean, Gabriel Germain, Gabriel Audisio, Henri Pourrat, Noël Vesper, Dr J.-C. Mardrus, Camille Schuwer, Jean Amrouche, Jean Grenier, Armand Guibert….

Henri Bosco y publie ces textes, dont des extraits de L’Âne Culotte en 1936, et quantité d’articles sous son nom ou sous divers pseudonymes : Innocent Ier, II et III,  Gabriel Jamarti, Eugénie Barboche, Louis Daoult, Jacques Braud, Maurice Lelong…

Voici ce qu’en dit Henri Bosco dans une lettre à Jules Roy du 12 décembre 1942[1]

« Je devrais avoir honte, car, sans vous en rien dire, je publiais dans Aguedal  (toujours annoncé, enfin renaissant) votre Chant vengeur, libre des chaînes. Les épreuves sont corrigées, le fascicule fume sous les presses, et déjà l’odeur du papier (vulgaire hélas ! car on nous a réduits à la qualité la plus vile) s’exhale de Casablanca, à travers l’Empire. Le N° vêtu d’une couverture éclatante partira pour un hasardeux voyage vers la Noël. Je le juge honorable, et aux antipodes de Fontaine. Le ton en est plus viril, la pensée plus droite, la fantaisie moins libre, le style plus sobre, et surtout plus français. Car enfin… Mais n’entamons pas de polémiques. Désormais je compte sur vous. Nous voulions, et voulons plus que jamais, être Africains. »

 

Et plus tard, le 17 février 1943

« Mais Allah ! est plus savant ! Loué soit-Il ! Lui, sait ! - Et on peut même affirmer qu’il n’y a plus que Lui qui sache ! C’est pourquoi Il est un grand recours, mon refuge, mon appui.

 Il faut avoir un tel appui, pour se risquer de nos jours, à lancer à travers le public une revue comme Aguedal, où rien ne flatte les passions immédiates, et qui n’a d’ambition que de maintenir une petite chandelle de l’esprit, au milieu d’un tourbillon, d’un cyclone, d’un raz-de-marée. »[2]

Accéder à la revue

Accès par année

1936

1937

1938

1939-1940

1943

1944

 


[1] Henri Bosco, "Lettres à Jules Roy 1942-1969", éditées par Claude Girault, dans Cahiers Henri Bosco, numéro 25, 1985, page 125. Disponible en ligne sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9762558q/f127.item
[2] Henri Bosco, "Lettres à Jules Roy 1942-1969", éditées par Claude Girault, dans Cahiers Henri Bosco, numéro 25, 1985, page 128. Disponible en ligne sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9762558q/f130.item