Né à Izé en Mayenne, dans un milieu très modeste, Frédéric Lefèvre est orphelin de mère à 2 ans puis de père à 5 ans. Il est recueilli par une vieille tante dévote et est remarqué par le curé du village qui lui apprend le grec et le latin et le fait entrer au petit séminaire de Mayenne. Il quitte le séminaire et la Mayenne après son baccalauréat et rejoint Paris en 1912 où il exerce divers métiers. Il entre ainsi dans la maison d’édition « La Renaissance du livre » où il fait connaissance notamment du poète Henri Casanova, puis est rédacteur en chef de petits feuilles « L’Ecouen-Nouvelles » et « Le cri de la banlieue » où il adopte le nom de Frédéric Lefèvre. En 1914, il est mobilisé comme simple soldat, accompagné de livres : il écrit notamment l’essai « La Jeune Poésie Française » qu’il fait publier en 1918. En 1916, il s’installe à Montmartre où il vit jusqu’à sa mort. Actif dans l’animation du quartier, il lance avec Jules Depaquit et Maurice Hallé la « Foire aux croûtes » pour soutenir les artistes. Il fréquente les milieux littéraires montmartrois, rencontre Francis Carco, Charles-Louis Philippe, Pierre Mac Orlan, Roland Dorgelès… Après la guerre, il devient professeur dans une école privée. En 1919, il fait paraître « Le Mépris sauveur ». Il collabore à de nombreuses revues littéraires, notamment « L’Intransigeant ».
En 1920, il publie des feuilletons dans le journal officiel de la toute nouvelle « Commune libre de Montmartre », « La Vache enragée », dirigé par Maurice Hallé, dans lequel sont publiés le dadaïste Marcel Arland, les écrivains prolétariens Henry Poulaille et Tristan Rémy… Il est ensuite secrétaire de rédaction de « L’Homme libre » qu’il quitte pour créer, le 21 octobre 1922, avec Maurice Martin du Gard et Jacques Guenne, « Les Nouvelles littéraires » dont il est le rédacteur en chef de 1922 à sa mort en 1949 et pour lesquelles il écrit une chronique d’entretiens qui devient célèbre, « Une heure avec … ». « Les Nouvelles littéraires » publient Breton, Aragon, Carco, Giraudoux, Kessel, Mac Orlan, Mauriac, Montherlant, Radiquet, Romains, Bernanos… Il voyage en Europe et donne des conférences sur la littérature et le monde intellectuel français. Il milite contre la guerre et diffuse l’idée des Etats-Unis d’Europe. En 1940 Frédéric Lefèvre quitte Paris, après avoir sabordé « Les Nouvelles littéraires » qui ne réapparaissent qu’en 1945, pour vivre sous le pseudonyme de Fernand Laforgue dans un petit village du Cantal.