René Schwob (1895-1946) est un écrivain et critique d'art français d’origine juive converti au catholicisme. Il fut en contact avec de très nombreuses personnalités du monde des lettres et des arts (Jacques Maritain, Emmanuel Mounier, Samivel, André Gide, Valéry Larbaud, Marie Laurencin, Céline, Jeanne Bergson, Chagall, Andrée Viollis, etc.)
Né dans une famille juive d'origine alsacienne installée à Paris, il abandonne rapidement la pratique des rituels religieux par manque de foi. En 1914, il s'engage dans un régiment d'infanterie, qui est rapidement décimé en septembre, alors qu'il est lui-même gravement blessé, blessure qui le fait souffrir toute sa vie. Après la guerre, après un passage dans l’industrie, à Strasbourg, il se présente au concours du commissariat de la marine, fait pendant un an son stage à Brest, puis part en Extrême-Orient. En 1926, il est rapatrié en France à cause de sa blessure de la guerre, et lors du voyage, contracte une pleurésie. Il s'engage à devenir catholique s'il échappe à la mort. Il est baptisé en novembre, mais sa quête ne s'achève pas avec ce baptême, car la véritable adhésion aux dogmes essentiels et la grâce lui manquent. Après avoir subi une opération importante, il s'isole au pays basque. Il entre dans la pratique des confessions et des communions quotidiennes pour atteindre non pas seulement la volonté de croire mais le bonheur de croire, la Révélation de la nature divine. Sa révélation passe par l'Eucharistie.
De retour à Paris après cette conversion, il écrit des ouvrages d'art : « Le Portail royal » sur la cathédrale de Chartes ou « Les Profondeurs de L'Espagne », sur les œuvres de Greco, de Goya ou du Tintoret. Il voyage à Lourdes, en Terre sainte en 1933 et 1934, puis à Rome, chaque lieu étant une étape de son « Itinéraire d'un Juif vers l’Église » qu'il retranscrit dans ses nombreux récits autobiographiques. Dès 1933, il souhaite entrer dans les ordres et alterne, entre ses voyages, des séjours dans sa maison de Vence et au couvent de Passe-Prest à Saint-Paul-de-Vence. Mais la défaite de 1940 ne lui permet pas de réaliser son projet de suivre le séminaire et de devenir prêtre. En 1942, lorsque le sud de la France est lui aussi occupé par les Allemands, il trouve refuge avec l’aide et la protection de l'évêque de Nice, Mgr Rémond, au sanatorium du clergé du Thorenc, sous l’habit et sous le nom de l’abbé Sorbier. Il se soumet à la vie de séminariste « avec une discipline et une ponctualité admirables », devait dire Mgr Rémond, qui ajoutait : « Sa vocation s’affirma chaque jour davantage. Seule la maladie l’empêcha de recevoir les ordres. » Après la libération, en juin 1945, il entre en clinique à Nice, puis à Toulon où il subit plusieurs opérations. Le 27 janvier 1946, il meurt à Vence après avoir été ordonné la veille par Mgr Rémond.