Enfant unique d’un boulanger fournissant l’aristocratie aixoise et fervent catholique et de la fille d’un graveur sur or et dessinatrice d’indiennes, Joachim Gasquet suit l’enseignement du collège catholique, et commence à composer des poésies dès l’âge de treize ans. Par l’intermédiaire de son condisciple Joseph Maurras, frère de Charles Maurras, il obtient des encouragements de ce dernier. En 1889, il entre au lycée Mignet, rencontre à Aix le poète Emmanuel Signoret (1872-1900) et fait publier son premier poème « Les Mystiques », sous le nom de J. Clozel, envoyé à Léon Deschamps, créateur de la revue « La Plume ». En 1891, avec son ami Marius André, il crée sa première revue littéraire « La Syrinx », qui n’a que quelques numéros et peu d’abonnés, mais qui lui permet de dire non à Normale sup et de s’inscrire en licence de philosophie, inspiré par à son professeur Georges Dumesnil. En 1893, après une période de libertinage, il demande en fiançailles Marie Girard, félibresse et filleule de Mistral, femme idéale honorée par Marius André. Les fiançailles durent trois ans, étroitement surveillées par Mistral. Le mariage a lieu à Saint-Rémy le 23 janvier 1896 en présence de nombreux Félibres. Le couple installé d’abord chez les Gasquet accueille ses amis tel Marc Lafargue ou Edmond Jaloux, pour discuter philosophie, poésie, politique aussi, Joachim Gasquet s’entourant d’anarchistes. Il compose des revues littéraires, « Le Mois dorés » (1896-1898) et « Le Pays de France » (1899-1902 env.) où il fait paraître des poèmes de Paul Valéry, des textes de Mistral, d’Emmanuel Signoret, d’André Gide. Du symbolisme de sa première revue, il a évolué vers le naturisme qui exalte la vie et la beauté des paysages, entrant en relation avec Bouhélier et Le Blond et participant à leur « Revue naturiste ». Par son dynamisme, il fédère autour de lui toutes les tendances, de Maurras aux admirateurs de Mallarmé comme Valéry et Mauclair et des Provençaux liés au Félibrige comme Edouard Aude et Xavier de Magallon. En 1896, il rencontre Cézanne par l’intermédiaire son père Henri Gasquet, qui avait été le condisciple de Cézanne au pensionnat Saint-Joseph. Sa rencontre avec Cézanne renforce son sentiment d’amour pour sa terre de Provence et il participe au Félibrige.

En 1902, le couple Gasquet, avec le père de Joachim, s’installe à Eguilles, à dix km d’Aix, où Joachim, cessant de publier des revues, écrit poèmes, essais, romans inachevés. En 1901, il publie son premier recueil « L’Arbre et les vents » d’inspiration virgilienne, en 1906 un second « Les Chants séculaires », inspiré par la Grèce antique dont Maurras fait l’apologie. En 1904, il adapte pour l’actrice du Français Marguerite Moreno « Les Bacchantes » d’Euripide sous le titre de « Dionysos », monté au Théâtre antique d’Orange, puis à Paris. Cette adaptation qui reçoit les éloges de la presse parisienne et un grand succès devait être suivie de deux autres pièces, « Omphale » et « Déméter », mais en 1906, Joachim perd ses deux grands-mères et son père, puis en août, décède le père de Marie Gasquet, Marius Girard, puis le 23 octobre, leur grand ami Cézanne. A la fin de l’année, Joachim accepte de prendre la direction du journal nationaliste et satirique parisien « Le Témoin » avec le caricaturiste Iribe, et les Gasquet s’installent à Paris. Après « Le Témoin » qui au bout de 7 mois cesse de publier, Joachim Gasquet écrit pour de nombreuses revues « Le Gil Blas », « Les Arts », « Comoedia », « Le Lynx », « Le Banquet », et à partir de 1910 , « L’Action française » de son ami Charles Maurras, qui le pousse vers le nationalisme et le monarchisme. Marie Gasquet fait par ailleurs publier un recueil des poésies de son mari « Les printemps » en 1909. Le couple participe à la vie mondaine parisienne et Joachim Gasquet fait l’intermédiaire entre de riches amateurs de peinture et ses amis artistes. A partir de 1912, il écrit également des compte-rendu d’expositions de peinture dans la revue « Le Feu », et participe à l’organisation du Salon de Mai à Marseille avec les peintres Alfred Lombard et Pierre Girieud, écrivant le catalogue où se révèle son talent de critique d’art. A cette période, il se lance aussi dans l’écriture de sa biographie de Cézanne qui paraît en 1921 deux semaines avant sa mort.

En 1914, il est mobilisé comme garde-frontière dans un des forts des Alpes-Maritimes, puis rapidement se porte volontaire pour rejoindre le front de l’Est jusqu’en 1916. Il est décoré et nommé sous-lieutenant porte-drapeau. En 1916, il tombe malade de dysenterie et fait le tour des hôpitaux militaires, il y travaille à son ouvrage « L’art vainqueur ». C’est aussi l’année de la rupture entre Joachim et Marie Gasquet, qui prend son indépendance et commence à écrire elle-même. Joachim tente de repartir au front mais est finalement affecté à l’état-major au bureau de la censure. Son état de santé ne s’améliore pas et il va de rechute en rechute. Après la guerre, il reste à Paris, alors que Marie est retournée à Saint-Rémy où elle écrit et publie et commence à être reconnue. En juillet 1920, il se lance dans une nouvelle collection de poésie « La Pléiade », où il rassemble des poèmes de ses amis, Anna de Noailles, Charles Maurras, Edmond Jaloux, Xavier de Magallon, Paul Valéry et dont seuls trois ou quatre volumes paraissent avant sa mort.