Issu d’un milieu modeste, timide et bot, Albert Marquet se réfugie dès l’enfance dans la pratique du dessin, avec le soutien de sa mère qui décide en 1890 de partir avec son fils à Paris pour lui permettre de s’inscrire à l’Ecole des Arts décoratifs. Albert Marquet y rencontre Henri Matisse, qu’il suit à l’Ecole des Beaux-Arts où ils profitent tous deux de l’enseignement d’Aimé Morot et de Gustave Moreau de 1895 à 1898. Ils fréquentent le Café Procope le cours privé de Fernand Cormon et l'académie privée Camillo, croisant André Derain, Maurice de Vlaminck…, et partagent ainsi dix années de bohême artistique et de pauvreté, pendant lesquels leur apprentissage les amène à aller contre les règles académiques et à créer le mouvement fauviste. A partir de 1901, Albert Marquet expose aux Salons des Indépendants et à la galerie de Berthe Weill. D’esprit indépendant voire réfractaire à toute autorité, comme le montre son rapprochement avec les milieux libertaires des années 1890-1900, Albert Marquet suit cependant rapidement son propre chemin pictural. A partir de 1905, il découvre avec ses amis fauvistes la Côte d’Azur, séjournant à Saint-Tropez, Nice, Menton, Cassis, Agay, Marseille… A partir de ces années-là, il commence également à être reconnu : il vend trois toiles à l’Etat et il signe un contrat d’exclusivité avec la galerie Drouet en 1905 qui le met à l’abri financièrement ; et voyage beaucoup.

Après la Première Guerre mondiale pendant laquelle il est réformé et qu’il passe majoritairement à Marseille, après l’année 1919 où il tombe souvent malade ce qui le mène à Séjourner à Nice aux côtés de Matisse, il décide en 1920 d’aller s’installer temporairement sous le soleil d’Algérie. A Alger, il fait la connaissance d’une jeune fille pied-noir, Marcelle Martinet, qui lui sert de guide, dans la ville et la Casbah d’Alger, lors d’un circuit de deux semaines dans le Sahara, puis l’année suivante dans les villes et oasis nord-sahariennes, Laghouat, Ghardaïa et le Mzab, Biskra, Touggour, puis en 1922, jusqu’en Tunisie. Ils se marient à Alger le 10 février 1923 et se fixent à Paris. Marcelle gère la carrière de son mari, négociant les contrats, organisant les expositions ou les ventes, et partage avec Albert le besoin de voyager, en Tunisie, au Maroc, en Norvège, en Roumanie, en Suède, en Italie, en URSS en 1934. Pendant près de vingt ans, de 1923 à 1939, et sauf en 1931 et 1938, les Marquet prennent leurs quartiers d'hiver en Algérie : Marquet peint alors Alger, les monuments, les paysages, et surtout le port et la baie. En juin 1940, ils quittent Paris car potentiellement menacés après qu’Albert Marquet a signé l’affiche de protestation des artistes et intellectuels contre le nazisme, et passeront les 4 années suivantes à Alger, où ils accueillent les gens de passage, André Gide, Antoine de Saint-Exupéry, Henri Bosco, … Durant toute la guerre il refuse d'être exposé à Paris, et notamment au Salon des Tuileries pour lequel était exigé un certificat de « non-appartenance à la race juive ». Fin 1943, il offre des tableaux pour une exposition de soutien à la Résistance, et en janvier 1945, pour une vente aux enchères au profit des membres de « Combat ». Au sortir de la guerre, il adhère au Parti Communiste Français. Il meurt à Paris en 1947 d’un cancer.