Dans le sillage d'Ulysse
Classe
Texte
Type de document
Livre
Titre
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Dans le sillage d'Ulysse
Autre(s) titre(s)
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Dans le sillage d'Ulysse : album odysséen
Créateur(s)
Contributeur(s)
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Photographe
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Editeur scientifique et préfacier
Éditeur(s)
Lieu de production
Date
Langue(s)
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Sujet(s)
Couverture spatiale
Format
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PDF
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670.32 Mo
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313 vues
Importance matérielle
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300 p.-1 f. depl.
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26 cm
Provenance
Source
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Université Côte d'Azur. BU Lettres Arts Sciences Humaines. Fonds Henri Bosco
Cote
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BHB 195
Identique à
Droits
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Droits réservés. Nous contacter
Identifiant pérenne
Source(s) utilisée(s)
Description
Victor Bérard est connu pour sa théorie aujourd’hui très controversée selon laquelle L’Odyssée d’Homère serait une transcription de l’expérience et des connaissances nautiques des Phéniciens en Méditerranée. Cette théorie qu’il défend toute sa vie depuis les années 1890 est particulièrement développée dans un ouvrage en deux volumes Les Phéniciens et l’Odyssée (Armand Colin, 1902), dont un extrait est inséré en guise d’introduction de l’album Dans le sillage d’Ulysse.
Fred Boissonnas, photographe reconnu en Europe, prend contact avec Victor Bérard suite à sa lecture des Phéniciens et l’Odyssée pour préparer un voyage en Grèce sur les traces d’Homère. Il lui propose de prendre des photographies d’Ithaque lors de son séjour, pour le deuxième volume des Phéniciens. Une vingtaine de photographies prises par Fred Boissonnas sous les instructions précises de Victor Bérard sont intégrés à ce second volume. Dès 1908, ils forment un projet de collaboration pour un livre de luxe et un volume « populaire » autour de la réédition des Phéniciens et L’Odyssée et la traduction de L’Odyssée menée par Victor Bérard. L’objectif est commercial, mais aussi idéologique : Victor Bérard souhaite faire connaître à nouveau L’Odyssée qui connaît en ce début de siècle un début de désaveu.
Ils organisent leur voyage du 27 juillet au 30 août 1912, au départ de Marseille, pour Gibraltar, puis Ceuta, et l’îlot de Perejil, puis à nouveau de Rome, à Sorrente, en passant par la Sardaigne, Naples, Pouzzoles et la Campanie. Ils font un deuxième voyage du 26 septembre au 14 novembre 1912, en Italie, au Monte Circeo, Naples, Pouzzoles, Cumes, puis embarquèrent en voilier pour les îles de Corfou, Leucade, Céphalonie, Ithaque, puis en paquebot de Patras à Palerme, Djerba et Tunis, via Messine, Stromboli, l’île de Lipari. Pendant ce voyage, Fred Boissonnas prend plus de 2 000 photographies sur plaque de verres, aujourd’hui conservées dans le fonds Victor Bérard – Fred Boissonnas, Centre d’Iconographie de la Bibliothèque de Genève (BGE).
Peu après leur voyage, en octobre 1912, débute la première guerre balkanique opposant états balkaniques et Empire ottoman. Fred Boissonnas se lance dans une entreprise de propagande photographique en lien avec le gouvernement grec. Le projet avec Victor Bérard est différé, encore davantage lorsqu’arrive la Grande Guerre. En 1918, en vrai soutien de la cause de la « Grande Grèce », Fred Boissonnas s’accorde avec le Premier ministre grec Elefthérios Vénizélos pour une série de publications, dont doit faire partie le livre avec Victor Bérard. En attendant les photographies servent d’images politiques et sont en partie montrées à Paris dans une exposition « Visions de la Grèce – La Grèce éternelle », accompagnée d’un cycle de conférences auquel participe Victor Bérard, au moment même de la Conférence de la Paix qui peut être l’occasion de la création territoriale de la « Grande Grèce ». Mais l’instabilité gréco-turque remise à nouveau le projet et Boissonnas pris à la gorge financièrement vend en 1921 à Victor Bérard l’ensemble du fonds photographique de leurs voyages.
Le projet est repris par Alice Bérard après la mort de son mari en 1931 sous le titre de Dans le sillage d’Ulysse, album odysséen, qui pour des raisons économiques et en désaccord avec les idées de Fred Boissonnas se présente sous la forme d’un volume unique ni album de luxe ni format populaire, où 175 photographies sont reproduites en héliogravures sans textes d’accompagnement sur le contexte de leur prise de vue. Elles sont accompagnées d’une préface de Jean Bérard, fils de Victor Bérard, de notes de Victor Bérard remisées en fin de volume, de titres et parfois de citations de l’Odyssée. Fred Boissonnas qui a abandonné ces droits n’y figure pas comme auteur au même titre que Victor Bérard.
Issu des voyages de 1912, Dans le sillage d’Ulysse en est pourtant très éloigné du fait de son histoire éditoriale et de sa composition. Le voyage n’apparaît qu’en sous-texte, dans les notes de l’index accompagnant les photographies en fin de volume décrit ainsi : « Cet Index a été rédigé d'après les notes de Victor Bérard. Le lecteur y trouvera les quelques précisions indispensables à la compréhension des photographies, avec des références aux principaux passages des « Navigations d'Ulysse » qui s'y rapportent. […]». Comme indiqué, c’est à l’ouvrage Les Navigations d’Ulysse (1927-1929), qu’il faut se référer, et dont l’album reprend le plan en 4 parties : « Ithaque et la Grèce des Achéens », « Pénélope et les barons des îles », « Calypso et la mer de l’Atlantide », « Nausicaa et le retour d’Ulysse » en neuf chapitres « Le Royaume des Îles », « Ithaque », « Le Voyage de Télémaque », « Calypso », « Le Royaume d’Alkinoos », » Lotophages et Cyclopes », « Éole et Lestrygons », « Circé et le Pays des Morts », « De Sirènes en Skylla ». Le trajet d’Ulysse est représenté par une carte en fin de volume.
L’ouvrage est donc dans une situation ambigüe entre réel des photographies, la présence du narrateur Victor Bérard dans les notes et toponymies et citations homériques fictionnelles, qui créent des interférences dans la lecture des photographies. Ainsi l’album ne se place dans aucun continuum temporel et spatial, sans chronologie puisqu’on peut croiser en 1912 les personnages d’Homère et que lieux réels et fictionnels se touchent sans se confondre. Les photographies servent de preuves à certaines théories développées par ailleurs par Victor Bérard, mais la concision du format des notes empêche la nuance et le développement des idées. L’album ne se comprend donc pas sans la lecture des autres ouvrages de Victor Bérard.