Guérin, Maurice de (1810-1839)
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Maurice de Guérin fait partie des affinités littéraires d’Henri Bosco, qui possède dans sa bibliothèque plusieurs volumes des œuvres de Maurice de Guérin et notamment l’édition des œuvres complètes établie en 1947 par Bernard d’Harcourt. Il le découvre vraisemblablement autour de sa vingtaine et en lit les œuvres durant toute sa vie. Ainsi, lors de son voyage à Paros en Grèce en juillet 1963, il lit « Le Centaure », comme l’indique une lettre au directeur de l’Institut français d’Athènes, M. Ehret, du 30 juin 1963 : « Je comptais à loisir y lire quelques pages de cette bibliothèque itinérante que j'ai apportée avec moi (professeur impénitent) - et j'avais fait grand fond sur le "Centaure". Mais cet animal fabuleux avait beau galoper dans ma tête, celle-ci, vidée par Hélios, ne me renvoyait pas d'échos. Et cependant : "... Quelquefois les aigles du Mont Olympe traversaient le haut du ciel et s'évanouissaient dans les constellations reculées ou sous les bois inspirés. L'esprit des dieux, venant à s'agiter, troublait soudainement le calme des vieux chênes..." J'ai le ferme espoir que, rentré chez moi, en Provence, ces admirables cadences me parleront à nouveau. » Et effectivement, inspiré de ce voyage, naîtra « Le Récif », tout empreint de la puissance tellurique et la communion cosmique décrites dans « Le Centaure », qu’Henri Bosco analysait en 1942, dans un article intitulé « Puissance de la terre dans Maurice de Guérin » (dans « Cahiers du Sud », volume 29, numéro 249, août-oct. 1942, pages 283-289.). Dans cet article, Henri Bosco en parlant autant de lui que de Maurice de Guérin — qui se disait dans « Le Cahier vert » « en correspondance avec l’âme de la nature » — met en avant leur convergence sur le sacré, sur la communication entre l’homme et la puissance du divin. « Le Centaure » de Maurice de Guérin « fils de la terre » est une personnification de ces énergies telluriques de l’invisible chtonien cher à Bosco, qui est au cœur de ses romans « Le Rameau de la nuit », « L’Antiquaire », « Le Récif » ou « Une ombre » : « Cette magie puissante n’est pas simplement, semble-t-il, l’effet d’une vision troublée par l’interposition des ombres. Mais, issue du fluide secret qu’exhale l’être de la terre, en même temps qu’elle donne une forme insolite aux créatures végétales et en détache une âme, elle atténue les limites humaines, en brouille les lignes subtiles et saisit notre moi, jusqu’alors opposé au monde, si dangereusement qu’elle aspire en elle, dans l’immense Tout souterrain » écrit-il dans cet article de 1942. Puissances secrètes de la nuit, influence du christianisme, résonance du paganisme, sont des thèmes communs aux deux poètes.
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