Bosco, Henri (1888-1976)

A son arrivée au Maroc en 1931, Henri Bosco est affecté au lycée Gouraud comme professeur de lettres classiques, enseignement qu’il poursuit jusqu’au 1er juillet 1945, avant de prendre sa retraite anticipée après avoir reçu le Prix Renaudot, au 1er septembre 1946. En octobre 1942, il est chargé en plus de la classe de Rhétorique supérieure – l’équivalent d’une classe préparatoire aux grandes écoles de nos jours. De ce travail qu’il qualifie d’« usine », il se plaint fréquemment, par exemple dans les lettres qu’il échange avec François Bonjean : « enfin, tellement fatigué au Lycée, cette année, que maintenant je subis une dépression violente et j’ai des moments de véritable torpeur » (4 juillet 1942). C’est que, comme le dit Madeleine dans une autre lettre aux Bonjean de janvier 1942, « [il] porte en lui toute une série de livres et je voudrais le voir aussi vite que possible libéré de l’administration pour qu’il puisse consacrer son temps à son œuvre. Je souffre de le sentir tenu par des cours et des corrections de devoirs ». Néanmoins ses élèves l’estiment comme en témoigne en 1988 un ancien élève, Hubert Delapierre : « Je conserve d'Henri Bosco le souvenir d'un professeur qui nous faisait bien travailler sans pour autant nous imposer une autorité plus ferme qu'il n'était nécessaire […] Au programme de français de 5e, cette année-là, nous avions à étudier "Les Plaideurs". Pour rendre son cours plus vivant, Henri Bosco aurait aimé nous voir réaliser une mini-scène qui aurait été installée sur son bureau avec des personnages que nous aurions confectionnés et qui nous auraient permis de jouer quelques scènes ou fragments de scènes, un peu comme à « Guignol ». Mais devant notre incapacité à réaliser ce qu'il avait souhaité, il avait dû renoncer à son projet. […] Je me souviens également des dictées-fleuves (jamais corrigées !) qu'il nous a fait faire, en les improvisant, à la fin du dernier trimestre. Il savait nous tenir en haleine par un texte où le mystère tenait une place prépondérante et il nous faisait regretter d'arriver si tôt en fin de cours, en dépit des crampes que nous ressentions dans la main droite à force d'écrire ! […] »