Ce dossier de notes préparatoires porte un titre ajouté par Madeleine Bosco. De la main d’Henri Bosco sont par contre les trois citations, barrées, qu’Henri Bosco a dû envisager comme exergues avant de choisir trois vers des Perses : en grec, une citation de Phèdre de Platon (XXXVII), suivie de sa traduction et une deuxième citation en français tirée du même dialogue (XXV). Il est question de « descente aux enfers » et de « voyage sous terre », expressions qui correspondent bien à l’itinéraire de Baroudiel dans le magasin des Antiquaires marseillais. Des poèmes et un brouillon de dédicace « A ma femme — pour elle j’ai écrit ce livre » — finalement non intégré au roman final — rappelle la difficulté qu’a eu Henri Bosco à écrire ce roman dans les circonstances où les Bosco ont sérieusement vu arriver leur départ du Maroc en plein bouleversement, renforcées par la maladie de Madeleine Bosco, à Aix, en octobre 1951 et sa longue convalescence, qui ont poussé Henri Bosco à abandonner temporairement l’écriture de L’Antiquaire pour se lancer dans l’entreprise du récit d’enfance, Antonin. Sur un rabat de dossier compris à l’intérieur des notes, apparaît de la main d’Henri Bosco : « Commencé le 9 juin 1951 », mais c’est certainement une date relative au début de l’écriture d’un chapitre, par nécessairement la date de début de travail sur ces notes.
Elles ont dû précéder de peu l’écriture du roman : elles comprennent des listes de mots, procédés habituellement utilisés par Henri Bosco, pour avoir à disposition un vivier d’expressions comme « descendre », « glisser », etc… certaines constituent des rubriques plus précises, « optique », « objets d’église », « météorologie » et figurent également des listes de lieux qui permettent de dresser une carte du désert de L’Antiquaire. Dans l’ensemble figure un prospectus dactylographié des Comptoirs du Tafilalet, qui a inspiré le décor du Comptoir du désert. Enfin, il y a travail important sur les noms de chapitres, et des plans qui élabore la structure du futur récit, des recherches sur les prénoms des personnages. L’ensemble est constellé de dessins griffonnés de visages, de bâtiments marocains, et même un plan schématique des immeubles parcourus par Baroudiel dans sa captivité.
Certaines notes de recherche éclairent les thèmes sous-jacents : il est notamment question d’orphisme, de Perséphone, Dionysos et les mystères, un thème cher à Henri Bosco. Derrière le récit de L’Antiquaire il y a le mythe de Dionysos Zagreus, mort et ressuscité, cité comme « l’âme du monde » (L’Antiquaire, Gallimard, 1954, p. 50).