Né en Savoie en 1884, Robert Laurent s’installe en 1887 avec sa famille en Guyane pour le travail de son père, mais suite aux difficultés d’adaptation au climat doit revenir en France avec sa mère, qui meurt en mai 1892. Elle laisse ses deux fils aux soins de son tuteur, l’industriel François Vibert (1846-1912), qui les adopte quand leur père meurt également en Guyane le 18 janvier 1894. L’aventure guyanaise lui laisse malgré tout un souvenir marquant et une grande curiosité dans sa scolarité à l’Ecole Ozanam de Lyon, où il rencontre Mathieu Varille, puis au Lycée Ampère où il rencontre Alphonse Prelle. Il grandit également dans l’influence de son second tuteur, Jean Vernardet, conducteur aux Ponts et Chaussées, grand érudit, qui se passionnait pour l’histoire préhistorique et l’histoire de la Gaule et pratiquait l’épigraphie. Il suit également l’enseignement d’Edouard Herriot au Lycée qui l’oriente vers l’Ecole Normale et lui transmet la culture littéraire classique. Il commence à écrire, publier dans de petites revues, s’intéresse à l’histoire des livres et de l’imprimerie, qui trouve une étape logique dans sa rencontre et de nombreuses collaborations avec l’imprimeur Marius Audin.
Il est admis à l’Ecole normale à Paris en juillet 1903, fait son service militaire et intègre l’Ecole en 1904, où il étudie l’histoire et en particulier l’histoire de la fin de la République romaine. En complément, il fréquente l'École pratique des hautes études, où il suit notamment les cours d’histoire littéraire de la Renaissance d’Abel Lefranc, animateur des études rabelaisiennes. Il sort agrégé d’histoire en 1907 et part ensuite pour l’Ecole française de Rome où il étudie l'industrie à la fin de la République romaine. Il accompagne son condisciple André Piganiol dans les fouilles de Minturnes et de sa région, territoire de la tribu des Aurunques, puis au printemps 1909, dans celles des ruines d’Haïdra en Tunisie. De retour en France, il occupe un premier poste de professeur d’histoire au lycée Rouget-de-Lisle de Lons-le-Saulnier, entre Pâques 1910 et juillet 1911.
Sous-lieutenant de la 8e compagnie du 22e régiment d’infanterie, puis lieutenant de la 6e compagnie en avril 1915, il est blessé autour du 6 octobre 1915 et évacué à Troyes. En janvier 1916, il est affecté à l’Armée d’Orient, à Salonique où il reste stationné jusqu’en octobre 1918. Il est attaché d’abord au ravitaillement civil, puis passe adjoint du sous-intendant Bonnier. Avec Henri Bonnier, il apprend à connaître la Macédoine et sa situation économique, et en prévision de l’après-guerre et de la reprise du commerce international, et avec l’objectif de placer la France en tête de ce commerce, il crée le Bureau commercial et publie de nombreux articles et documents dans le « Bulletin commercial de Macédoine » (septembre 1916-1919). Il crée à Salonique également la « Revue franco-macédonienne », dans l’optique d’améliorer l’image de la Macédoine auprès des Français, puis les « Cahiers d’Orient » à partir de juillet 1918, mais aussi une bibliothèque spécialisée sur la Macédoine. Il présente son analyse des rapports avec la Macédoine au sous-secrétaire de la Marine marchande Bouisson qui lui vaut de participer un temps au cabinet de celui-ci et aux conférences préliminaires de la paix à Spa et d’être délégué de la Commission Economique pour l’élaboration du traité de Versailles en 1919, puis Conseiller au Commerce extérieur.
En automne 1918, il est rentré en France définitivement, en dehors de quelques voyages temporaires par exemple en décembre 1919 au Maroc, ou au printemps 1923 et en 1924 en Egypte, en Syrie, en Palestine, en Turquie et en Mésopotamie, voyages dont il fait le récit dans « L'Orient en mai 1923 » et « Ce que j’ai vu en Orient ». Il s’intéresse toujours à l’Orient par le côté livresque, achetant en 1920 une importante collection de récits de voyages dans le Levant lors de la vente de la bibliothèque des Jésuites, dont il tire ensuite l’anthologie « Routiers, Pèlerins et Corsaires ».
Secondant son père adoptif à la tête de l’entreprise Pétrole Hahn depuis 1911, il lui succède après sa mort en 1912 et développe considérablement l’entreprise avec une politique très sociale. Dans cette optique, il organise et dirige le syndicat de la parfumerie à Lyon. En parallèle, il poursuit des œuvres intellectuelles et de mécénat, comme la restauration du château de Lourmarin, et une entreprise d’inventaire des monuments d’architecture Renaissance en Provence et Comtat Venaissin, qu’il ne peut mener à son terme suite à son décès le 26 avril 1925 survenu après un accident de voiture avec l’éditeur Georges Crès, sur la route de Givors (Loire).