Fils d’un armateur à Saint-Vaast-la-Hougue, professant des opinions laïques et marxistes, Max-Pol Fouchet grandit successivement à Paris pendant la guerre, puis à Bruxelles où son père installe la famille, après avoir eu les poumons brûlés par les gaz pendant la guerre et avoir été ruiné. Max-Pol Fouchet a une enfance solitaire où il cultive son imagination nourrie des récits d’un cousin officier des guerres coloniales entendus à Paris. La famille part pour l’Algérie en 1923, qui offre de meilleures conditions pour la santé de son père, mais où celui-ci meurt en 1929. En 1930, au moment des célébrations du centenaire de la conquête de l’Algérie, Max-Pol Fouchet, souhaitant adhérer au Parti socialiste - Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), crée la section algérienne des Jeunesses socialistes dont il devient le secrétaire fédéral. Il crée le journal « Non ! » après avoir déjà animé un journal au lycée d’Alger, « L’Os à Moelle » où il avait publié des biographies poétiques. Au lycée d’Alger, il est ami avec Albert Camus, qui s’occupe du Mouvement Amsterdam-Pleyel pour la paix et qui s’inscrit au Parti communiste. Ils échangent livres et idées, sont bouleversés ensemble par la découverte d’« Ulysse » de James Joyce, et publient ensemble dans la revue « Sud ». En 1933, Max-Pol Fouchet décide de travailler dans le monde des ouvriers qu’il défend, comme peintre en bâtiment, puis comme mousse sur un cargo, sans interrompre ses études de lettres. De retour à Alger, étudiant en licence, il est pion à l’école Lavigerie, institution religieuse pour les mauvais élèves expulsés des autres lycées dont les conditions de vie misérables lui apportent une affection pulmonaire. Il est envoyé au sanatorium de Saint-Hilaire-du-Touvet où il rencontre Emmanuel Mounier, fondateur de la revue « Esprit ». Au sanatorium, outre la définition d’une nouvelle vision du socialisme « personnaliste et communautaire » qu’Emmanuel Mounier lui permet de publier dans « Esprit », il écrit les trois textes d’« Histoires saintes » pour accompagner un album de lithographies de son ami d’Alger René-Jean Clot publié par Baconnier en 1934. En 1936, de retour à Alger, il devient adjoint du Musée national d’Alger auprès de Jean Alazard, avec qui il publie en 1938 le « Catalogue des peintures et sculptures du Musée d’Alger », et où il sera nommé conservateur adjoint en 1938. Il fréquente l’Ecole d’Alger autour du libraire et éditeur Edmond Charlot, qui publie son recueil de poèmes « Simples sans vertu » en 1937, mais se tient à distance, ne se reconnaissant pas, en tant que Normand, dans l’esprit « pied noir ».
Il se passionne tout de même pour l’Islam et la condition réservée aux musulmans sur laquelle il publie une enquête dans « Esprit ». C’est l’époque du Front populaire et de l’enthousiasme, vite douché par la décision de Léon Blum de ne pas faire intervenir la France en Espagne. Max-Pol Fouchet décide alors de donner sa démission du Parti socialiste. En 1937, il obtient une bourse d’études en Grèce et part pour l’Ecole française d’Athènes où il participe aux fouilles archéologiques entre Itéa et Delphes, suite auxquelles il publie ses premiers textes archéologiques dans les « Cahiers du Sud ». En 1938, il publie le recueil « Vent profond ». Il consacre son mémoire d’études supérieure à « Toulouse-Lautrec et le japonisme en France ». A partir de 1939, il prépare l’agrégation d’histoire et est chargé de cours à la Médersa, l’école formant les fonctionnaires d’origine indigène, où il se lie d’amitié avec Mostefa Lacheraf.
Charles Autrand qui vient de créer la revue de poésie « Mithra » lui en confie la publication et la revue devient « Fontaine ». En 1940, dans son numéro 10 de juillet, la revue lance l’appel à la résistance, l’éditorial proclamant « Nous ne sommes pas vaincus », et publiant les textes sans équivoque de Pierre Jean Jouve, Louis Parrot sur Federico García Lorca, Pierre Emmanuel, André de Richaud, Gabriel Audisio. « Fontaine » est la revue de la résistance en pleine lumière, en plus des publications clandestines auxquelles Max-Pol Fouchet participe, de même qu’il est en liaison avec les organisations de la Résistance en Algérie. En 1942, il se lance pleinement, après la mort de sa femme dans un naufrage, dans la résistance en partant en mission en France occupée, pendant laquelle il rencontre Eluard qui lui confie le manuscrit de son poème « Liberté » qu’il publie dans le numéro 22 de « Fontaine ». Les jours de « Fontaine » sont néanmoins comptés, visée par le régime de Vichy et s’il prépare un numéro spécial « Poètes et écrivains des Etats-Unis », celui-ci ne pourra paraître qu’après le débarquement américain en Afrique du Nord en novembre 1942, auquel il participe en faisant diversion auprès du directeur vichyste de l’Information. Il avait déjà été missionné auparavant par la Résistance pour suivre les faits et gestes, comme « professeur » de littérature française, de l’officier allemand qui dirigeait la commission d’Armistice d’Alger. Après cette libération de l’Algérie, la publication de « Fontaine » reprend en publiant les textes des écrivains français se trouvant dans les pays alliés, le contact étant coupé avec les écrivains du territoire français toujours occupés. « Fontaine » en tant que revue des lettres libres, aux côtés des revues « l’Arche » de Jean Amrouche et « La Nef » de Robert Aron, est parachutée par la RAF dans les maquis. A Londres à l’été 1943, Max-Pol Fouchet parle à la BBC, tout comme l’équipe de « Fontaine » a une émission hebdomadaire à « Radio-France » qui émet vers la métropole. En octobre 1944, Max-Pol Fouchet s’installe à Paris pour y établir « Fontaine » et il est nommé au conseil directeur du Comité national des Ecrivains. Il assure à la demande d’Aragon la chronique littéraire des « Lettres françaises ». De 1945 à 1947, « Fontaine » continue de paraître à Alger, et à Paris à partir du printemps 1945 ; s’y ajoutent également des éditions, mais les difficultés financières s’accumulent et la revue cesse de paraître en janvier 1948.
Après cela, Max-Pol Fouchet travaille pour diverses publications et à partir d’octobre 1948, il voyage beaucoup pour donner des conférences, aux Etats-Unis en 1948, 1949, 1952, 1953, 1955, en Afrique septentrionale et à Madagascar en 1950-1951, en Amérique latine et aux Antilles en 1952, 1953 et 1955, en Inde en 1956, et publie suite à ces voyages des ouvrages d’anthropologie, notamment en 1955 « Terres indiennes » accompagnées de ses photographies. De 1950 à 1960, il occupe un poste de professeur à l’American University Center de Paris, tout en se lançant dans l’aventure de la télévision naissante : en 1953-1954, il crée avec les anciens collaborateurs de « Fontaine » Pierre Desgraupes et Pierre Dumayet, l’émission de critique littéraire « Lectures pour tous », puis avec le producteur Jean Thévenot l’entretien hebdomadaire « Le Fil de la vie » qui devient de plus en plus politique, notamment autour de l’abolition de la peine de mort ou autour de la guerre de l’Algérie et de l’usage de la torture, se positionnant clairement pour l’indépendance du pays, ce qui lui vaudra mal à partir avec le ministère de l’Information et s’interrompt en 1958 car il refuse une censure préalable à l’enregistrement. En 1959, il crée une nouvelle émission de télévision « Terre des Arts », et il reçoit en 1961 pour son œuvre télévisuelle le Grand Prix du jury de la critique de télévision. Il réalise de nombreux films documentaires sur l’art et les pays dans lesquels il voyage. Il participe aux évènements de Mai 68 à Paris en prenant une grande part dans la grève de l’ORTF en tant que président du Syndicat des producteurs de télévision, ce mène à la fin de son émission « Terre des Arts ». Après une émission quotidienne sur Radio-Luxembourg, il revient à la télévision française comme participant à l’émission hebdomadaire « Italiques ».