Charlot, Edmond (1915-2004)

Classe

Personne

Forme retenue

fre Charlot, Edmond (1915-2004)

Autres formes du nom

fr Edmond Charlot

Identifiant de la personne dans un référentiel externe

Nom de famille

fre Charlot

Prénom(s)

fre Edmond

Langue

fre

Nationalité

fr

Genre

fre masculin

Identifiant pérenne

Date de naissance

fre 15 février 1915
1915-02-15

Date de mort

fre 10 avril 2004
2004-04-10

Lieu de naissance

Lieu de décès

Portrait, représentation de la personne

Collègue

fre Le 26 juin 1943, André Gide rencontre le général De Gaulle à El Biar et est évoqué l’intérêt de créer une revue de la France libre. André Gide, qui séjourne alors à Tunis chez Jean Amrouche, qui a déjà l’expérience d’avoir codirigé le supplément littéraire de « La Tunisie française » de novembre 1940 à juin 1942, désigne celui-ci pour tenir le projet. Comme éditeur, le nom d’Edmond Charlot s’impose puisqu’il est alors l’éditeur de la France libre en tant que directeur du service des publications du commissariat à l’Information du gouvernement provisoire. Le 27 juillet, Amrouche est donc appelé à Alger et nommé au cabinet du directeur de l’Information, Henri Bonnet. Dans le même temps, Amrouche est chargé de la publication d’un recueil d’André Gide, « Attendu que… » chez Edmond Charlot, et devient donc de fait l’un des responsables éditoriaux de la maison d’édition, aux côtés de Camus et Philippe Soupault. Le 28 février 1944 est créée la société civile L’Arche, dont Charlot est le responsable des opérations financières et matérielles d’édition, le gérant poste à haut risque, André Gide est le patronage intellectuel et Jean Amrouche le directeur de publication de la revue avec Jacques Lassaigne. Fin novembre 1944, Charlot transfère sa maison d’édition à Paris, suivi par Jean Amrouche et la SARL L’Arche. Même si « L’Arche » se développe grâce au réseau de Jean Amrouche, les éditions Charlot y placent leurs auteurs, Gabriel Audisio, Albert Camus, Henri Bosco, parmi tant d’autres, et y font publier les pré-originales et de fréquentes recensions de leurs ouvrages à paraitre. Mais dès le début de 1946 au moins, la situation de la maison d’édition est fragilisée et Jean Amrouche commence à reprocher à Charlot de ne pas faire ce qui faut pour la diffusion de la revue ; certains auteurs se plaignent de ne pas être payés. D’une autre part, Paulhan et la NRF l’incite à abandonner Charlot et transférer la publication de L’Arche à Gallimard. Le 12 août 1947, Charlot et son directeur financier Charles Poncet se retirent. C’est Jean Amrouche qui s’occupe de liquider la société, de licencier le personnel ; la revue s’arrête. Mais il s’accroche pour sauver la maison d’édition Charlot dont il est le nouveau gérant à partir du 12 décembre 1947. Il tente pendant trois ans de monter un plan de redressement, de redémarrer « L’Arche » et publie encore des livres au nom des Editions Charlot. Mais les derniers auteurs, notamment Jules Roy et Albert Camus réclament leurs dus et se retirent de la maison d’édition. En mai et juin 1950, il tente encore de mettre Gallimard dans l’affaire, en vain et le nom de Charlot disparaît définitivement de la scène parisienne.

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fre Charlot, Edmond (1915-2004)

Description

Né à Alger le 15 février 1915, Edmond Charlot suit au Grand Lycée d’Alger puis à la faculté des lettres de l’université d’Alger les cours du professeur de philosophie Jean Grenier, qui à partir de son désir de devenir libraire, lui inspire la vocation de libraire-éditeur. A 21 ans, le 3 novembre 1936, Edmond Charlot ouvre au cœur d’Alger la librairie des Vraies Richesses, du nom d’un des romans de Jean Giono, son mentor. Déjà en mai, il s’est lancé dans l’édition en faisant paraitre « Révolte dans les Asturies », la pièce d’Albert Camus, son condisciple au lycée et à l’université, et de la troupe du jeune « Théâtre du travail », interdite par la municipalité d’Alger, puis un recueil de René-Jean Clot, ami d’Albert Camus, « L’Annonciation à la licorne », et un livre de Jean Giono « Rondeurs des jours ». Ses amis de lycée et de la faculté des lettres d’Alger seront ses auteurs et ses clients aux « Vraies richesses », à la fois librairie d’achat et de prêt, maison d’édition, galerie d’art… La clientèle se compose d’enseignants, d’artistes et de jeunes écrivains parmi lesquels Max-Pol Fouchet, Jules Roy, Albert Camus bien sûr… En 1937 parait le premier livre d’Albert Camus, « L’Envers et l’Endroit », suivi en 1939 de « Noces ». Jean Grenier lui confie « Santa-Cruz et autres paysages africains ».
C’est aussi sous son égide que se développe le mouvement de pensée méditerranéiste, et de « nouvelle culture méditerranéenne » pour reprendre le titre de la conférence d’Albert Camus en février 1937. Gabriel Audisio qu’Edmond Charlot publie en 1938, marque très fortement la jeune génération d’écrivains de la « bande à Charlot » (Jules Roy, préface à Michel Puche, « Edmond Charlot éditeur », Domens, 1995) par son ouvrage « Jeunesse de la Méditerranée » (1935, Gallimard) et Jules Roy en fera « notre père à tous » (1976). Edmond Charlot lance d’ailleurs sa première collection sous le titre « Méditerranéennes » et plus tard la revue « Rivages », « revue de culture méditerranéenne », qui ne tient que deux numéros en décembre 1938 et février 1939 avant d’être interdite. Y travaillent outre Camus, Jean Hytier, Claude de Fréminville, Gabriel Audisio et Jacques Heurgon et y paraissent Jules Supervielle, Eugenio Montale, Emmanuel Roblès.
Pendant la guerre, Alger est le lieu d’exil des écrivains français et Edmond Charlot devient « le héraut des lettres françaises résistantes » au point de se retrouver en prison quelques jours début 1942, après que son autrice l’Américaine Gertrude Stein a déclaré à la Radio nationale avoir « un éditeur à Alger très dynamique et résistant. ». Sa librairie est le point de rencontre entre écrivains français exilés, écrivains étrangers et écrivains français d’Afrique du Nord. A partir d’Alger, Charlot fait circuler les livres de ces écrivains vers l’Europe et la France occupée. A partir de novembre 1942 et du débarquement allié en Afrique du Nord, Charlot est mobilisé au service des publications du commissariat à l’Information du gouvernement provisoire tout en poursuivant son rôle de « l’éditeur de la France en guerre ». Il publie jeunes auteurs inconnus comme des écrivains de renom coupés de la métropole et de nombreux étrangers. Il gère la revue d’André Gide, assisté de Jean Amrouche, qui remplace la NRF ne pouvant plus paraître, « L’Arche » où publient Jacques Maritain, Georges Bernanos, Antoine de Saint-Exupéry, …
Avec son catalogue enrichi par cette activité de guerre, en décembre 1944, après sa démobilisation, il tente l’aventure éditoriale à Paris. Et connaît de vifs succès avec « Le Mas Théotime » d’Henri Bosco qui remporte le Prix Renaudot 1945 et « La Vallée Heureuse » de Jules Roy (Prix Renaudot 1946), puis « Les Hauteurs de la ville » d’Emmanuel Roblès (Prix Fémina 1948).
S’il encourage ces écrivains et artistes à faire des allers-retours à Paris et lui-même transfère sa maison d’édition à Paris, c’est pour faire exister l’Algérie à Paris. En 1946, la maison d’édition est à son apogée avec 68 titres publiés avec deux nouvelles collections, 26 traductions et les trois livres les plus engagés sur l’Algérie, Cathala, Roblès et Tubert, plus une dizaine de rééditions et une dizaine de numéros de la revue « L’Arche ». Mais la concurrence éditoriale des maisons parisiennes bien en place, des défections d’auteurs et la surcharge financière de ces succès l’obligent à déposer le bilan. Déjà en 1947, il laisse la gérance à Jean Amrouche, et « L’Arche » s’arrête au second semestre. En 1949, de nombreux auteurs ont repris leurs droits pour aller chez des maisons concurrentes parisiennes et en 1950 le fonds parisien est soldé et repris par d’autres éditeurs. Entretemps, en 1949, il ré-ouvre une nouvelle librairie à Alger « Rivages » où il expose de nombreux artistes et il continue de publier notamment Emmanuel Roblès. Malgré les troubles nationalistes à partir de 1954, Charlot n’avait jamais quitté Alger avant le plasticage de sa librairie par l’OAS les 5 et 15 septembre 1961. Il reste à Alger encore jusqu’en octobre 1962 comme directeur des informations de la radio France 5 d’Alger. Il poursuit après l’indépendance de l’Algérie sa carrière radiophonique à l’ORTF : entre 1963 et 1966, il produit des disques sur différents écrivains dont Albert Camus. Après cela, il continue de cultiver le dialogue méditerranéen, en exerçant des postes culturels officiels à Alger, à la direction du service des échanges culturels où il a été appelé pour établir « un lien de confiance et d’amitié entre cette ambassade [française] et les milieux intellectuels et universitaires de l’Algérie nouvelle », puis aux centres culturels français à Izmir et à Tanger jusqu’à sa retraite en 1980. Il s’installe alors à Pézenas dans l’Hérault, pour y fonder une nouvelle librairie « Le Haut Quartier » et recréer avec l’imprimeur-éditeur Jean-Charles Domans, la collection « Méditerranée vivante ».

Ressources liées

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