Après le discours du 30 mai
Mais le discours du Président De Gaulle, le 30 mai, change la donne, notamment avec la dissolution de l’Assemblée nationale : la contestation syndicale s’efface totalement derrière « la France parlementaire » qui prépare les élections.
Les courants opposés au mouvement se renforcent également : bagarres entre grévistes et non-grévistes, ainsi qu’agressions de grévistes augmentent. Le patronat tente de hâter la fin du mouvement avec des primes antigrèves, voire des menaces sur les salariés. Casino envoie des équipes pour reprendre les supermarchés occupés. Devant cette nouvelle vigueur du patronat, l’abandon de la CFTC et de la CGT, le PCF qui appelle au calme pour le bon déroulement de la campagne électorale, suite aussi à la lassitude des grévistes, et à leur confiance en De Gaulle aussi pour certains, les grèves s’effilochent après le 30 mai. Les reprises s’enchaînent :
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- le 1er juin, les chauffeurs de cars d’abord dans l’arrière-pays puis sur le littoral
- le 3 juin les parfumeries, les grands magasins, aux TNL
- le 4 juin la Sécurité sociale, le Trésor public, les services hospitaliers, les services municipaux
- les 6 et 7 juin les PTT, la SNCF, EDF-GDF ; dans le secteur privé, ne restent en grève que les Grands Travaux de Marseille et Thorand (secteur du bâtiment)
- Le 7 juin, la CGT, qui a largement mené le mouvement auparavant, lance un appel pour l’arrêt des grèves.
- Le 10 juin passé, il ne reste qu’une faible minorité de travailleurs encore en grève. L’ORTF Côte d’Azur tient la grève jusqu’au 25 juin, donc plus longtemps qu’au niveau national ; dans les supermarchés Casino, la grève est abandonnée le 17 juin lorsque direction rejette toutes les revendications (augmentation des salaires, paiement des jours de grève à 50 %, semaine de 40 ans sur 5 jours, sièges avec dossier pour les caissières, …) ; les établissements Vernier ne reprennent le travail que le 8 juillet après 53 jours de grève. Les évènements du Quartier latin, de Flins et de Sochaux ne provoquent qu’une grève de protestation d’une heure le 13 juin.
Au total, le nombre de salariés en grève dans les Alpes-Maritimes aura été de 120 000, ce qui est plus que durant les grèves de 1936, avec une diffusion dans une palette de catégories socio-professionnelles également plus large, des ouvriers, aux médecins, des fonctionnaires aux artisans.