Le vote et les résultats

Malgré 21, 6 % d’abstention (1,7 % de plus qu’au niveau national) au premier tour, la participation est forte pour des législatives, ce qui prouve un électorat mobilisé, qui n’a été pas réceptif aux mots d'ordre anti-élections des gauchistes et d'une partie de l'extrême-droite.

La droite gaulliste et giscardienne connaît une forte poussée dans le département : l'UDR gagne au premier tour 4,3 % de voix par rapport aux élections législatives de 1967 et les RI 6,6 %.

Le PCF résiste bien en passant de 21,5 % à 25,6 % par rapport en 1967, contrairement au niveau national où le PCF perd en moyenne 2 %. Cela s’explique par le tissu social peu ouvrier du département, les ouvriers se détournant massivement du PCF au niveau national. Le centrisme des notables locaux n'est plus que la 3ème force politique après l'UDR et le PCF. A gauche, la FGDS s'est effondrée, perdant 35 % de ses suffrages de 1967. Ses électeurs ne lui pardonnent pas la position de François Mitterrand et se détournent vers le PSU, qui, lui, progresse de 3,9 % et fait ses meilleurs scores là où la gauche non communiste ne présente pas de candidats. Mais cette progression est surtout dû au fait que contrairement à 1967, le PSU présente un candidat dans chaque circonscription et plus seulement dans une sur six. L’opposition non communiste est globalement affaiblie.

Au premier tour, malgré la forte poussée des Républicains indépendants et de l’UDR, la majorité présidentielle n’est majoritaire que dans une seule circonscription. Au soir du 30 juin, cette majorité récolte 4 sièges sur six.

A la veille du second tour déjà, trois circonscriptions sur six sont acquises à l’UDR avec les désistements de Francis Palmero pour éviter la victoire du communiste André Vanco (4ème circonscription), de Pierre Pasquini (UDR) en faveur d’Olivier Giscard d’Estaing (RI) (5ème circonscription) et avec l’avance considérable de Pierre Ziller dans la sixième circonscription.

Les confrontations incertaines des 1ère, 2ème et 4ème circonscriptions font augmenter les votes blancs et nuls surtout lorsqu’il s’agit d’un duel gaulliste contre communiste. Ces bulletins blancs ou nuls proviennent d’électeurs centristes, ce qui amène à nuancer l’idée selon laquelle au niveau national, les centristes se sont tournés vers le gaullisme après les évènements, et s’explique par la force conservatrice que représente le centrisme local, à la fois fortement antigaulliste et anticommuniste. De l’autre côté, un nombre important d’électeurs de gauche au premier tour se sont reportés vers un centriste, un gaulliste ou s’est abstenu, comme le montre le report de voix très imparfait entre les deux tours. Les électeurs de la FGDS dans les trois circonscriptions où elle a présenté des candidats ne se sont pas reportés vers le PCF, au contraire des électeurs du PSU. De même, les électeurs de la FGDS dans les duels gaulliste-communiste ont préféré voter blancs ou s’abstenir, de la même manière que les électeurs centristes.

Dans la première circonscription, le communiste Virgile Barel est réélu, faisant le plein de voix de gauche et du PDM. Le vote gaulliste s’y stabilise, Virgile Barel perd tout de même 3,4 % de suffrage par rapport à 1967 du fait de la montée du gaullisme.

Dans la seconde circonscription, au premier tour, Jacques Médecin perd 7,2 % de son électorat, qui se reporte vers l’UDR qui progresse de 6,4 % et vers la FGDS. Au second tour, dans l’affrontement de Jacques Médecin et son adversaire gaulliste Jean Cerez, le pourcentage des suffrages du gaulliste tendent à rejoindre ceux de Jacques Médecin, qui est tout de même réélu. Le communiste Fr. Lombardi ne bénéficie d’aucun report de la gauche au second tour.

Dans la troisième circonscription, au premier tour, le Républicain indépendant Fernand Icart demeure en tête malgré une grosse perte de suffrages, et se retrouve face au centriste Général de Benouville, et au communiste Virgile Pasquetti. Les voix de la FGDS (qui avaient représenté 4,57 % au premier tour) se reportent surtout sur le Républicain indépendant, élu avec 43,5 % des voix.

Dans la quatrième circonscription, le maire de Menton et député sortant, centriste, Francis Palmero connaît comme Jacques Médecin une énorme baisse de suffrages, plus importante encore, de 13,2 %, ce qui coïncide avec la hausse de 11 % du candidat gaulliste Emmanuel Aubert. Contrairement à la 2ème circonscription, l’électorat se reporte donc vers l’UDR. En effet, le candidat de la FGDS est ici moins modéré, la crainte du communisme est plus forte et Aubert s’est déjà présenté aux législatives de 1967. Au deuxième tour, c’est le candidat gaulliste qui remporte le siège, bien que de nombreux électeurs de la gauche n’aient pas suivi l’appel au vote gaulliste de Francis Palmero et se soient reporté sur le candidat communiste André Vanco.

Dans la cinquième, le PCF reste stable, mais la poussée vers la droite est bien là au profit des Républicains indépendants et de leur candidat Olivier Giscard d’Estaing. Au deuxième tour, les voix du centriste Roger Lefrançois se répartissent à 50,8 % en abstention ou bulletins nuls, 28,2 % pour le candidat UDR et 20,8 % pour le candidat communiste. Olivier Giscard d’Estaing est facilement élu avec 66,7 % des voix.

Dans la sixième, l’unique candidat de la majorité présidentielle, le gaulliste Ziller frôle l’élection dès le premier tour avec 45,2 % des voix. Il est élu au second tour avec 50,2 %, alors qu’il ne bénéficie pas de reports de voix centristes, le candidat PDM M. de Fontmichel se maintenant au second tour où il obtient sensiblement le même nombre de voix qu’au premier. A nouveau ce sont les voix de la FGDS qui au lieu de se reporter sur le candidat communiste R. Maurel, se sont reportées à 64,7 % sur le candidat gaulliste.

A l’issue de ces législatives, pour la première fois, la majorité présidentielle dépasse les 50 % dans le département, de peu (50, 8 %), mais loin devant les 34,2 % qu’elle avait fait au premier tour des législatives 1967. Elle dépasse la gauche (34,2 %) et les centristes (14,7%). Le raz-de-marée gaulliste a bien eu lieu.